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SAINT BRUNO
ET
L'ORDRE DES CHARTREUX
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in 2011 with funding from
University of Toronto
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SAINT BRUNO
ET
L'ORDRE DES CHARTREUX
PAR
I.\AWBK F.-Ji. LEFE'BVRE
MEMBRE DE L'ACADEMIE DARRAS
ET DE PLUSIEURS SOCIETES SAVANTES
TOME SECOND
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S
&
PARIS
LIBRAIRIE CATHOLIQUE INTERNATIONALE
DK L'ŒUVRE DE SAINT-PAUL
6, rue Cassette, 6.
M DCCC LXXXIU
H8LY REDEEMER LIBRARV^INDSQR
SAINT BRUNO
ET
L'ORDRE DES CHARTREUX
CINQUIÈME PARTIE
r r
GENERAUX
E fut seulement au XIIe siècle, sous le
gouvernement de saint Anthelme, sixième
successeur de saint Bruno, que le Cha-
pitre Général reconnut le Prieur de Chartreuse,
comme chef de l'Ordre et lui donna le titre de
Général. Jusque-là, les différentes Maisons étaient
indépendantes les unes des autres et avaient leur
administration propre. Toutefois, avant de donner
la biographie des Généraux, de relater les princi-
pales particularités de leur vie et d'esquisser à
1
grands traits les faits importants de leur prélature,
nous nous occuperons des six premiers Prieurs du
Désert de Chartreuse, qui peuvent être considérés
comme les fondateurs de l'Ordre.
Bien souvent, nous n'aurons à enregistrer que les
noms des Généraux, la date de leur entrée au pouvoir
et celle de leur mort ou de leur démission. En-
sevelis dans la solitude, ces pieux Solitaires cher-
chaient à se faire ignorer du monde, et à dérober
à sa connaissance leurs austérités, leurs talents et
leurs vertus, jusqu'au moment où des circonstances
particulières venaient, à leur grand regret, les
mettre en relief. Toute la sollicitude, tous les soins
de ces vénérables Religieux tendaient à maintenir
leur Institut dans son intégrité et à conduire sûre-
ment dans la voie de la perfection les âmes qui
étaient venues se placer sous leur sage et paternelle
direction. Tous, sans aucune exception, furent fidèles
à cette sainte et pacifique mission ; tous se distin-
guèrent par la pureté de leur foi, leur zèle pour
l'observance et leur ardent amour pour l'Ordre.
Leurs efforts furent visiblement bénis du Ciel, et
c'est avec raison que les enfants de saint Bruno
leur attribuent une grande part dans le privilège
dont l'Ordre jouit d'avoir pu traverser huit siècles
sans qu'une réforme ait jamais été nécessaire ;
aussi, peut-on dire de la Chartreuse, comme déjà
nous l'avons fait remarquer : Cartusia nunquam
reformata, quia nunquam deformata.
I.
1084 -- 1089.
SAINT BRUNO.
AINT BRUNO fonda le Monastère du
Désert de Chartreuse, en 1084, et en gou-
verna les Solitaires, jusqu'au moment où le Sou-
verain Pontife, Urbain H, l'appela près de lui dans
la ville éternelle, en l'année 1089. Nous avons vu
que les Chartreux continuèrent, jusqu'à sa mort,
à le considérer comme leur Supérieur, tout en re-
connaissant l'autorité de Landuin que Bruno lui-
même avait choisi pour tenir sa place auprès
d'eux.
II.
DO. M LANDUIN.
1090 — 1 100.
JANDUIN ou Landevin naquit à Lucques, en
J Italie. Disciple de saint Bruno à Saisse-Fon-
taine, il tient le premier rang parmi les six compa-
gnons qui accompagnèrent le futur fondateur des
Chartreux, dans sa retraite au milieu des montagnes
du Dauphiné. Lorsque le Pape appela, près de
lui, saint Bruno, Landuin, à cause de ses vertus
éminentes, fut choisi pour diriger la Communauté
naissante. Toutefois, il ne put remplir cette charge
— 4 —
qu'à l'époque où les Chartreux qui avaient voulu
accompagner Bruno à Rome, se décidèrent, sur les
instances de leur saint Patriarche, à revenir au
Désert de Chartreuse. Landuin soutint ses frères
par ses exemples, sa piété et ses vertus. D'après
quelques auteurs , ce fut lui qui prescrivit à ses
Religieux de réciter, chaque jour, le Petit Office
de la Sainte-Vierge, pour obtenir de la Bienheu-
reuse Mère de Dieu la grâce de persévérer dans
leur vocation.
Envoyé par ses Religieux, auprès de saint Bruno
retiré alors dans l'ermitage de La Tour en Calabre,
Landuin reçut les avis et les conseils du saint fon-
dateur et rédigea, de concert avec lui, les pre-
miers Règlements du nouvel Institut monastique1. A
son retour, traversant l'Italie, il fut saisi et jeté
en prison par les partisans de l'antipape Guibcrt,
parce qu'il refusa de le reconnaître comme chef de
l'Eglise. Délivré par la mort de cet intrus, il fut
recueilli dans une Abbaye voisine où il mourut peu
après, des suites de sa captivité, en novembre 1 100.
L'antique chronique des cinq premiers Prieurs de
Chartreuse rapporte qu'il fut inhumé près du mont
Sérapin, dans le Monastère de Saint-André, voisin
de la forteresse où il avait été renfermé. Il est
' Ms. S. Remigii Rhemensis, de Institutionibus Ord. Gar-
nis, ap. Labbe, Bibliotheca, t. I, p. 63. — Anonymus Maj.
Cartus. ap. Edmundum Martène, t. VI, Vêler, scriptor.
p. 162. — Mabillon , Annal. Benedict. t. V, lib. i.xix.
n. cxxvm. — Dorland, Chronicon cit. lib. IV, cap. 11. —
Dom Pctrcius, Elucidât, cit. lib. IV. — Surius, Vita. SS.
6 octob. — Morozzo, Theatrum chronolog. pars II, 19. p.
— 5 —
considéré comme martyr de sa soumission au Sou-
verain Pontife. Son gouvernement avait duré dix
ans.
III.
DOM PIERRE I.
I IOI — I 102.
I ERRE dit Le Franc était né en Artois, dans
la ville de Béthune ; disciple de saint Bruno
à l'école cathédrale de Reims, il fut un des deux
clercs nobles qui suivirent l'illustre chancelier dans
la solitude de Sèche-Fontaine. Lorsque celui-ci se
rendit dans le Dauphiné, il laissa Pierre Le Franc
pour diriger la Communauté qui s'était formée près
de Molesme. Plus tard, Dom Pierre quitta ce Cou-
vent et se retira au Désert de Chartreuse, où il fut
nommé Prieur après la mort de Landuin, le 4 jan-
vier 1 101 .
Ce vénérable Solitaire n'accepta cet honneur
qu'à regret; il avait un grand attrait pour la
vie contemplative ; tout occupé de Dieu, il ne
pouvait s'astreindre à s'occuper des affaires exté-
rieures du Monastère et s'effrayait de la responsa-
bilité qu'on lui imposait. C'est pourquoi, il supplia
ses frères d'accepter sa démission1. Un an après son
1 Mabillon, ibid. — Dom Henri Kalkar, De ortu et pro-
gressu Ord. Cartus. ap. Ed. Martène, t. VI, Veterum Script.
p. 161. — Anonymus, ut supra. — Morozzo, ibid. p. 20. —
Dom Petreius, ibid. — De Tracy, op. cit. p. 2 36.
— 6 —
élection, il se retira comme simple Religieux dans
une cellule du cloître, en 1 102, et se prépara sain-
tement à la mort .
IV.
DOM JEAN I.
1 102 — 1 1 10.
EAN,néen Toscane, était entré jeune encore
en Chartreuse. Ses talents et ses vertus le
désignèrent comme successeur de Pierre Le Franc.
D'un caractère énergique et sévère, il gouverna
cependant sa Communauté avec douceur et pru-
dence, édifiant ses Religieux par son zèle et sa vi-
gilance. Son âge pouvait laisser espérer de le voir
longtemps au poste que ses confrères lui avaient
confié, mais le Seigneur l'avait jugé mûr pour le
ciel. Il mourut en 11 10, après avoir gouverné le
Monastère pendant huit ans1.
V.
DOM GUIGUES I de CASTRO.
1 1 1 o — 1 i 3 7 .
UIGUES de CASTRO ou du Chastel,dit le
Vénérable, naquit en io83, au château de
Saint-Romain, dans le diocèse de Valence. Jeune
1 Ms. S. Remigii ap. Labbe, ut supra. — Morozzo, ibid.
— 7 —
encore, il abandonna sa position de doyen de l'église
de Grenoble, pour aller s'ensevelir dans le Désert
de la Grande Chartreuse, en 1 107. Ses talents, ses
vertus et sa vive piété engagèrent les Religieux à le
nommer Prieur, trois ans après son entrée dans
la Communauté' ; il e'tait âgé de vingt-sept ans.
La sagesse de son gouvernement montra que le
Saint-Esprit avait présidé à ce choix.
Le traducteur de Dorland dit de Dom Guigues :
« il estoit de noble maison, de grand esprit, plus
grand orateur, et qui est le principal, très grand
en dévotion et saincteté de vie. Il avoit une mémoire
heureuse, ses paroles estoient douces et agréables,
ses sermons fervents et zéleux, sa renommée s'es-
tendant par toutes les belles et rares qualités qu'il
possedoit L'odeur de sa saincteté a donné si
avant que les vallées de Clervaux en ont esté
remplies. »
Nous avons dit quels furent les sentiments de vé-
nération de saint Bernard et de Pierre le Vénéra-
ble pour ce saint Prieur. Vers la fin de Tannée
1 12'3, Dom Guigues eut le bonheur de recevoir la
visite de saint Bernard. Le séjour du célèbre Abbé
de Clairvaux au Désert de Chartreuse causa une
impression de joie si profonde aux Solitaires de
cette Communauté qu'aujourd'hui encore le souve-
nir en reste vivant ; les siècles n'ont pu en effacer
les traces. Pierre le Vénérable vint aussi visiter
p. 20. — Carta. Nous désignons ainsi la magnifique carte des
Généraux, gravée en 164g d'après l'ordre du R. P. Dom
Jean Pé;on.
— 8 —
plusieurs fois Dom Guigues. « Les entretiens que
« j'avais avec Guigues, cet homme incomparable,
— écrivait-il plus tard — m'enlevaient comme
« hors de moi-même. Ses paroles m'enflammaient
« comme si elles eussent été des étincelles sorties de
« sa bouche. Je ne tenais plus à la terre en l'é-
« coûtant et toutes les idées de ce monde s-'éva-
« nouissaient de mon esprit. »
La renommée de sainteté du vénérable Prieur
s'était tellement répandue au loin que Godefroy,
Évêque d'Amiens, vint en 1 1 14 au Désert de Char-
treuse pour se mettre sous sa direction. Fatigué de
l'indocilité de son peuple et des violences que les
nobles exerçaient dans son diocèse, ce pieux Évêque
cherchait la solitude pour s'y appliquer en toute
liberté aux exercices de la vie intérieure. Il fut reçu
au Monastère, avec le respect que méritaient sa di-
gnité et sa vertu. Dom Guigues lui donna une cel-
lule, mais le Concile de Soissons, tenu en iii5,
obligea l'Evêque à retourner à son Siège.
Dom Guigues sut se montrer à la hauteur de sa
position. Sous son administration, l'Ordre des Char-
treux qui devait, dans l'avenir, être si célèbre,
commença à prendre quelque extension. Il n'y
avait que deux Maisons, lorsque Guigues prit l'ha-
bit; à sa mort, trente ans plus tard, on en comptait
déjà quinze. Ces nouvelles fondations avaient be-
soin, pour se maintenir dans'la discipline primitive,
d'un code de lois uniforme; c'est pourquoi le véné-
rable Prieur rédigea, en 1 127, ses Consuctudincs.
Comme nous l'avons déjà fait remarquer, il ne se
— g —
présente pas en législateur, il se contente de rap-
peler les usages en vigueur à la Grande Chartreuse,
usages qui remontaient à saint Bruno et devaient
être la Règle des autres Monastères. A cause de la
sagesse des lois qu'il transmit ainsi aux Chartreux,
on le considère comme le second fondateur de
l'Ordre.
L'habileté du Prieur de Chartreuse ne brilla pa's
moins dans la direction des affaires temporelles que
dans le gouvernement des âmes. Il fit reconstruire
les bâtiments du Monastère renversés, le 3o jan-
vier 1 1 i3,par une avalanche descendue de la mon-
tagne ; dix Moines et un Novice furent ensevelis
sous les ruines du Couvent. Guigues, pour rem-
placer les Religieux qui étaient morts par suite de
cet accident, fit venir quelques Solitaires de TErmi-
tage de Portes. De plus, il établit les nouvelles
constructions dans l'endroit où se trouve le Monas-
tère actuel. Ces constructions furent cependant en-
core en bois, à l'exception de l'église qu'il édifia en
pierres. Ayant changé le Couvent d'emplacement,
il y lit amener, à l'aide de conduits, les eaux de
la fontaine de Saint-Bruno.
La célébrité que les Chartreux acquirent de son
temps ne lui inspira aucun sentiment d'orgueil. Il
s'estima toujours, lui et ses frères, au-dessous des
autres Moines. Loin de regarder son Ordre comme
l'unique asile des vertus du cloître, il montra tou-
jours pour celui de Citeaux une vénération toute
particulière. Ce fut par ses avis que Pons, seigneur
de Lazare, et Etienne d'Obazinc embrassèrent cet
10 —
Institut. « Les Cisterciens, disait-il, tiennent la voie
royale; leurs Statuts peuvent conduire à toute per-
fection. »
Guigues s'est aussi distingue dans la carrière
littéraire. Les bonnes études qu'il avait faites lui
donnèrent l'amour des livres ; il rechercha les meil-
leurs auteurs et les exemplaires les plus authen-
tiques, les transcrivit et eut soin de corriger ce
qu'il trouva de défectueux. Il réunit les lettres de
saint Jérôme et en rétablit le texte, grossièrement
altéré par l'ignorance des copistes ou la malice des
hérétiques. Il écrivit, de plus, un grand nombre
de lettres, dont les plus remarquables ont été adres-
sées à saint Bernard ; à Pierre le Vénérable : à
Hugues, fondateur des chevaliers du Temple ; au
Pape Innocent II, ii3i ; à Hugues II, Evèque de
Grenoble, et au Cardinal Haimeric, chancelier de
l'Église Romaine, i t 3-2. Il composa aussi quelques
traités de spiritualité, entre autres des Méditations
sur la vérité. Plusieurs de ces traités furent im-
primés dans le XVIe siècle, à Anvers, en i55o et
i58q, puis à Paris dans le tome premier du supplé-
ment de la Bibliothèque des Pères. Ces écrits, disait
dernièrement un Religieux de l'Ordre, « ont de tels
traits de ressemblance avec l' Imitât ion, que certains
critiques sérieux ont pu se demander si notre Char-
treux n'était pas enfin l'auteur de ce livre admirable.»
Le Vénérable Guigues nous a laissé, en outre,
une vie de saint Hugues, Evèque de Grenoble, le
protecteur des premiers Chartreux et l'ami de saint
Bruno. Le Pape Innocent II, après avoir, au Con-
1 1
cile de Pisc, en i i3_|., canonise Hugues, écrivit au
Prieur de Chartreuse pour l'engager à écrire la vie
et les miracles du saint Évèque. La lettre, datée de
Pise, est du 22 avril 1 134. Déjà, de hauts person-
nages avaient pressé Guigues de retracer cette belle
vie, mais il s'était toujours excusé, prétextant ses
nombreuses infirmités; toutefois, il ne put résister
à l'autorité de saint Pierre que le Pape avait em-
ployée pour vaincre son humilité.
Les écrits connus de Guigues sont en petit nom-
bre, « mais — disent les Bénédictins, auteurs de
['Histoire littéraire de la France — ils suffisent
pour justifier les éloges qui ont été donnés de tout
temps à la beauté du génie et à l'excellence de la
piété de Guigues. On y aperçoit en effet de très
beaux sentiments, un certain air de noblesse et de
ces traits vifs et perçants que saint Bernard admi-
rait dans les lettres qu'il reçut de lui et dont on ne
voit de traces que dans les réponses de ce saint.
La liberté avec laquelle il s'élève contre les abus
de la Cour de Rome, en écrivant au Cardinal Hai-
meric, montre une âme élevée au-dessus des préju-
gés de son siècle et incapable de déguiser la vérité.
Il fut le seul qui osa blâmer ouvertement l'usage
que faisait le Pape Innocent des armes temporelles
pour la défense de sa cause. » Dans une de ses
lettres au Pape, il dit que les deux ennemis inté-
rieurs que l'homme a le plus à redouter, sont l'or-
gueil et la volupté, vices auxquels il faut opposer
l'humilité et la mortification du corps. N'était-ce
pas l'exemple donné par les Chartreux ?
12
Souvent le saint Prieur écrivait à ses Frères
pour les encourager et les fortifier. Dans une lettre
adressée aux Religieux du Mont-Dieu, il développe
cette pensée : « L'austérité est l'idéal auquel l'hom-
me doit tendre de toutes ses forces pour parvenir
à la félicité. » Dans tous ses écrits, sa morale est
puisée dans les grands principes de la religion. Les
applications qu'il fait de l'Écriture sont fréquentes,
disent encore les Bénédictins, et presque toujours
heureuses.
Les dernières années de la vie de cet illustre So-
litaire furent sanctifiées par de douloureuses infir-
mités, noblement supportées. Dom Guigues suppléa
par son courage aux forces qui lui faisaient défaut,
et mourut en odeur de sainteté, le 27 juillet 1 1 3y,
dans la cinquante-quatrième année de son âge, après
avoir gouverné la Chartreuse pendant vingt-sept
ans ' .
VI.
DOM HUGUES I.
i 1 3 7 — 1 13()
UGUES fut un des disciples les plus remar-
quables du Vénérable Guigues. Formé à la
vie monastique par ce maître expérimenté, il sut
profiter des leçons et des exemples du guide que la
1 Ed. Martène, Veter. scriptor. t. VI, p. 1 63. — Labbe,
Bibliotheca cit. t. I, p. 63g. — Mabillon, Annal. Benedic.
t. Y. lib. LXXI, n. cv. — Dom Inn. Le Masson. Annales
— i3 —
Providence lui avait donné et fut jugé digne de lui
succéder. Morozzo pense qu'il était un des six pre-
miers compagnons de saint Bruno, mais rien ne
vient confirmer cette assertion.
L'ancienne chronique des Prieurs , éditée par
Martène, nous apprend queDom Hugues était d'une
grande sainteté de vie, d'une science remarqua-
ble et d'une doctrine exemplaire. « Cet Hugues,
dit le traducteur de Dom Dorland, estoit austère et
dur à son corps, auquel il n'épargnoit les fouets ni
les verges, mais le chastioit estrangement ; il estoit
maigre de chair, mais en bon point quant à la
douceur de la contemplation. S'il avoit des yeux
estoit pour en faire sortir des fontaines de larmes;
il estoit cependant humble en sa conversation, av-
mable de tous pour sa piété , vénérable pour sa
saincteté, terrible pour son autorité. »
Ce saint Religieux était lié d'amitié avec Pierre
le Vénérable, Abbé de Cluny, qui lui écrivit dans
plusieurs circonstances. Une de ces lettres des
plus affectueuses, datée de 1 1 39, est venue jusqu'à
nous. Hugues gouverna avec sagesse, mais sa pro-
fonde humilité l'engagea à demander avec instance
d'être déchargé du pouvoir qui lui avait été imposé
par sa Communauté. Il désirait se retirer dans la
Cartus, lib. I, cap. m. n. 3. 4. — Dom PétrJius, Elucid. cit.
lib. IV. — Dorland, lib. IV, cap. ni. — Dom Sutor, de Vita
cartus. lib. II, tract. VII, c. 7. — Le Coulteux, Annal. Car-
tus. ms. — Dom Cellier, Auteurs Ecclésiastiques* t. XIV,
p. 3o5. — Hist. littér. de la France, t. XI, p. Gb5. — La
Grande Chartreuse par un Chartreux, p. 48. — De Tracy,
op. cit. p. 236 et sq.
— '4 —
solitude, « /// soli Christo omni cura solutus, ar-
dentiùs inhœreret. »
Sa démission fut acceptée, deux ans après son
élection, en 113g ; il se retira dans le cloître et
vécut encore sept années qu'il consacra à se prépa-
rer à l'éternité '.
VII.
SAINT ANTHELME.
1 i3t) — r i5 j .
ERS l'an 1107, naquit saint Anthelme, que
Ton trouve encore écrit Nanthelme; son père,
Hardouin de Chignin, d'une illustre famille de
Savoie, lui fit donner une instruction en rapport avec
sa naissance. Appelé par Dieu à l'état ecclésiasti-
que, Anthelme fut pourvu de deux bénéfices consi-
dérables, l'un dans la cathédrale de Genève, avec
le titre de prévôt, et l'autre dans l'église de Belley.
Quelque temps après, étant venu visiter les Soli-
taires de Portes, le jeune chanoine fut si touché de
la vie de ces Anachorètes qu'il résolut de quitter le
monde et d'embrasser la vie monastique.
Dom Bernard de Varin, Prieur de Portes, le re-
çut dans son Monastère, mais le Vénérable Guigues
l'ayant prié de lui envoyer Anthelme dont il avait
reconnu le mérite et la sainteté, le jeune Novice se
1 Brev. Hist. Ord. Cartus. ap Martène, t. VI. fol. 176. —
Biblioth. Cluniac. Epist. Pétri Venerab. lib. IV. ord. xxvm,
— Sutor, De vita Cartus. p. 52 et 546. — Dorlandus, op. cit.
lib. IV, cap. îx. — Pétréius, Elucid. lib. IV. — Morozzo,
op. cit. pars II, p. 21 .
rendit au Désert de Chartreuse où il fit Profession.
11 s'adonnait tout entier à la prière, à l'oraison et au
travail des mains, lorsqu'il fut nommé Procureur.
Le naïf traducteur de Dom Dorland nous ap-
prend qu'Anthelme « donna tel exemple de sa con-
versation, qu'il montroit d'estre plus élevé au ciel
que marcher sur la terre, tellement qu'il estoit plus
a admirer qu'a imiter, jeûnant avec tel rigueur
qu'il ne prenoit que le pain et l'eau pour sa ré-
fection ; il estoit en continuelle oraison, dévotion et
méditation Toutes et quantes fois qu'il prioit,
psalmodoit, pensoit aux péchez d'autruy ou aux
siens, l'on voyoit de ses yeux escouler des fon-
taines de larmes Il estoit si assidu à prendre la
discipline et se fouetter de verges et de fouets, que
sa chair demeuroit toujours endommagée et pleine
d'ulcères et de playes. Il fut, nonobstant toute sa
dévotion, esleu Procureur de la Grande Chartreu-
se, meslant tellement Marthe et Marie qu'il ache-
voit l'un et n'oublioit pas l'autre. »
Lorsque Dom Hugues se démit de sa charge, les
Moines élurent Anthelme, en 1 139. Les trois gran-
des vertus du nouveau Prieur furent l'humilité, la
charité et le zèle pour la régularité monastique. Ses
historiens rapportent que dans une grande disette,
il fit ouvrir les greniers du Monastère, distribua
mille florins et vendit même les ornements de l'é-
glise pour soulager la misère des pauvres. « Il n'i-
gnoroit pas, le brave usurier, — dit l'auteur que
nous venons de citer — qu'il falloit accumuler en
double le gain spirituel. »
— if) -
Lorsqu'il n'était que Procureur du Couvent,
Anthelme avait aidé Dom Guigues à reconstruire
le Monastère. Nommé Prieur, il continua l'œuvre
commencée par son prédécesseur, termina l'église,
jeta les fondements de la partie du grand cloître
qui plus tard fut construit dans le style gothique, et
éleva, eni 145, plusieurs édifices qui existent encore.
Dom Guigues avait amené au Monastère les eaux
de la fontaine de Saint-Bruno, à l'aide de conduits
en bois. Anthelme, dès les premières années de
son gouvernement, les remplaça par un aqueduc
en pierre. «Cela — dit Dom Le Masson dans ses
Annales — lui coûta beaucoup de travail et d'argent,
mais il évita de la sorte bien des inconvénients, des
dangers et même des dépenses. »
Un point important attira, dès le principe, l'at-
tention toute particulière du Prieur de Chartreuse.
L'état dans lequel se trouvaient les différentes Mai-
sons, laissait prévoir de graves inconvénients et
des dangers réels pour l'existence de l'Ordre. Tous
les Monastères étaient indépendants les uns des
autres, au temporel comme au spirituel, et ne re-
connaissaient que l'autorité de l'Evèque diocésain.
N'était-ce pas une difficulté insurmontable pour
maintenir l'uniformité de la discipline? Anthelme.
d'après l'avis des personnages les plus éminents de
l'Ordre, réunit à ce sujet le premier Chapitre Géné-
ral, en 1 141. Dans cette assemblée, il fut décidé que
l'on reconnaîtrait comme Supérieur commun, le
Prieur de la Grande Chartreuse. L'Ordre était dès
lors véritablement fondé. Nous avons traite ce su-
— i7 —
jet dans la seconde partie de cet ouvrage, et montré
l'important service rendu aux Chartreux, dans cette
circonstance, par saint Anthelme.
Dans son amour pour la régularité, notre véné-
rable Prieur s'appliqua à maintenir la discipline.
Ayant remarqué que quelques Moines s'étaient re-
lâchés de l'observance primitive, il les rappela aux
Constitutions du bienheureux Guigues et employa,*
pour arriver à ce résultat, la douceur et la sévérité.
Il fut même obligé de chasser quelques indociles
qui lui résistèrent. D'après une lettre de saint
Bernard au Pape Eugène III, on voit que des
Chartreux quittèrent leur solitude pour aller porter
leurs plaintes aux pieds du Souverain Pontife et
rentrèrent dans leur Monastère sans faire aucune
satisfaction au Prieur. «Ceux qui étaient mal sor-
« tis — écrit le saint Abbé — sont encore plus mal
a rentrés : ils sont sortis du Couvent en violant
« leurs Règles et ils n'y reviennent que par orgueil.
« Le Prieur n'a plus de pouvoir; aussi veut-il se
« retirer pour ne pas voir la destruction de son
« Monastère Les réfractaires vous ont été trou-
ce ver dans leur habit régulier et couverts de la
« peau de brebis; l'apparence vous a séduit: faut-
« il s'en étonner ? N'êtes vous pas homme ? J'es-
« père que le véritable Prieur restera Prieur. Nous
« aurions grand sujet de craindre, si ce Prieur
« n'était rétabli dans sa charge, que la régularité ne
« cessât bientôt. »
On ignore ce que décida le Pape, mais Anthelme,
pour lequel s'intéressait si vivement saint Bernard.
— i8 —
se démit de sa charge, cette même année, i 1 5 i , et
se retira à la Chartreuse de Portes. Dom Bernard
de Varin vivait encore; il avait donné sa démission
de Prieur et avait été remplacé par Dom Ber-
nard de Portes, ami de saint Bernard et ancien
Évêque de Belley. Ce Religieux étant mort, le
16 décembre li52, la Communauté, d'après le
désir exprimé par Bernard de Varin, élut saint
Anthelme. L'ancien Général gouverna la Char-
treuse de Portes pendant deux ans et dut donner
sa démission pour retourner à la Grande Char-
treuse où sa présence était jugée nécessaire.'
Le schisme avait éclaté dans l'Église, et on crai-
gnait quelques dissensions dans l'Ordre. Anthelme,
puissamment aidé par un autre Religieux du nom
de Geoffroy, engagea ses frères à se déclarer en
faveur d'Alexandre III, élu selon les formes cano-
niques. L'Ordre des Chartreux fut ainsi redevable
aux conseils d' Anthelme d'avoir, le premier, pro-
mis obéissance au Pape légitime et d'avoir refusé
d'entrer en communication avec l'intrus, Victor IV.
L'Empereur d'Allemagne, Frédéric Barberousse,
ayant su le zèle déployé dans cette circonstance par
l'ancien Général des Chartreux, le prit en telle
aversion qu'il le fit excommunier par l'antipape.
Plus tard, il revint à de meilleurs sentiments et
honora le vénérable Religieux de son estime ; dans
un acte officiel, il l'appelle «Ftdelem nostrum An-
thelmum. » Anthelme sut aussi par sa sainteté se
concilier l'amitié du Roi de France Louis VII qui
vint, vers cette époque, visiter les Chartreux.
— IÇ) —
Les vertus du pieux Solitaire engagèrent, quel-
ques années plus tard, le clergé du diocèse de
Bclley à le demander pour Evêque. Le Pape Alex-
andre III, qui était en France, lui ordonna d'ac-
cepter par obéissance ce Siège épiscopal , et le
sacra lui-même, le jour de la Nativité de la Sain-
te-Vierge, ii 63. Il n'entre pas dans notre cadre
de retracer Tépiscopat de saint Anthelme, disons
seulement qu'après avoir édifié ses diocésains ,
soulagé les pauvres, et sauvegardé les droits de
son Eglise, il mourut en odeur de sainteté le 26
juin 1177. En i63g, Jean Passelaigne, Évèque
de Belley, fit la levée de son corps et le transféra
dans une chapelle construite à cet effet dans la
ville épiscopale1.
VIII.
R. P. DOM BASILE.
t 1 5 1 — r 173.
ASILE, dit de Bourgogne, fit Profession à la
Grande Chartreuse. Quelques auteurs pen-
sent qu'il fut auparavant Moine de Cluny, mais il est
1 Baronius, Martyrol. Roman, t. XII. — Martène, Brevis
Hist. t. XI. p. 1G8. — Anonymus, Vita S. Anthelmi a p. Bol-
land, Acta SS. 2G juin. — Surius, Vita Sanctorum. t. III. —
S. Bernard, Epist. CCLXX . — Sutor. de vita Cartus. lib.
II, tract. III. cap. v. — Dorlandus, lib. IV. cap. vi-vn. —
Pétrdus, Elucid. lib. IV. — Morozzo,p. 21-42. — DeTracy,
op. cit. p. 196 et seq. — Hist. liltér. de la France, t. XIV,
p. tu 2. — L'abbé A. Marchai. Vie de S. Anthelme.
20
plus probable qu'il se rendit directement en Char-
treuse, car entré fort jeune dans. l'Ordre, il fut
nommé Général, à l'âge d'environ vingt-cinq ans.
« Lequel — dit le traducteur de Dorland — parla
prestance de sa doctrine et vertu a été grandement
utile à l'Ordre universel, ayant fait de belles, utiles
et louables Constitutions Tous les Char-
treux Thonorent et le tiennent pour l'une des plus
fortes et meilleures colonnes de leur Ordre; car Ton
n'en trouvoit presque un plus dévot, plus sainct et
plus fervent en la Maison delà Chartreuse. Il estoit
tellement addonné aux lettres qu'il nous a donné
plusieurs beaux livres et entre autres un discours de
la vie solitaire, recommandant avec beaucoup de
louanges le grand profit et utilité que nous apporte
la saincte quiétude. »
Dom Basile ajouta plusieurs règlements aux
Coutumes du Vénérable Guigues ; ce fut aussi sous
son gouvernement que le chant fut introduit dans
les Offices des Chartreux. Quelques auteurs pensent
qu'il coordonna les Constitutions de l'Ordre, telles
qu'elles furent approuvées par le Saint-Siège sous
Innocent III. Ce qui est plus certain, c'est que
dans un Chapitre Général qu'il convoqua, en 1 1 63,
il fut résolu que le Chapitre se réunirait chaque
année et que toutes les maisons de l'Ordre se sou-
mettraient à ses décisions.
Sous songouvernement,-le bienheureux Humbert
comte de Savoie , « fonda à la Grande Chartreuse
une belle Chapelle avec la maison de l'hospitalité
pour les survenants. » Ce prince venait souvent
au Monastère et y vivait dans une solitude com-
plète. Il désirait se faire Chartreux, mais Dom Ba-
sile sut lui faire comprendre qu'il devait sacrifier
ses goûts au bonheur de son peuple.
Ami des livres, ce savant Prieur porta tous ses
soins à accroître la Bibliothèque de la Grande Char-
treuse. Lui-même composa quelques traités ; le,
plus connu a pour titre : Éloge de la vie solitaire.
D'après les Bénédictins, dans leur Histoire litté-
raire de la France, cet écrit a été attribué fort
mal-à-propos à saint Basile le Grand, par quelques
bibliographes. On possède aussi une lettre de Dom
Basile à Pierre IX, Abbé de Cluny, en ii5i. Par
son édifiante et sage administration, ce Général attira
un grand nombre de prêtres et de laïques à la vie
monastique \ il reçut dans l'Ordre Gérard, comte
de Nevers, et le célèbre saint Hugues, plus tard
Évèque de Lincoln. Les talents et les vertus de
Dom Basile lui valurent l'amitié des hommes les
plus éminents de son temps ; ses rapports avec
saint Pierre Maurice et Pierre de Celle sont restés
célèbres.
Dom Basile de Bourgogne mourut, en odeur de
sainteté, le 14 juin 1 173, après avoir gouverné
TOrdre pendant vingt-trois ans ' .
' Dorland, op. cit. lib. IV. cap. xv. — Pétrcius, Elucid.
lib. IV. — Martène, Veter.Scriptor. in Brev. Hist. cit. t. IV,
p. 275. — Sutor, op. cit. lib. II, p. bii. — Bibliot. Cluniac.
Epist. XLI. lib. VI. — Annales Ord. Cartus. lib. II, cap. ix.
fol. 1 3 1 - — Hist. litte'r. de la France, t. IX. p. 120 et t. XIII,
p. .S78. — Bergier. Dict. théolog.
IX.
R. P. DOM GUIGUES II
i iy3 — 1 176 .
UIGUES II était profès de la Grande Char-
treuse. Les Religieux l'élurent Général à cause
de sa grande piété et de ses rares vertus. Ce saint
Solitaire était entièrement livré à la contemplation
des choses du ciel, et par là même peu propre à
gouverner les affaires de la terre. Ce qui fait qu'on
le regardait non comme un homme, mais comme
un ange, et c'est sous ce nom qu'on le désignait
ordinairement.
D'après Dom Cellier et les auteurs de l'Histoire
littéraire de la France, on lui attribue l'ouvrage
qui a pour titre : De quadripartite» exercitio celLv.
« Des quatre exercices de la cellule. » Ces quatre
exercices sont : la lecture, la méditation, la prière
et le travail. Cet ouvrage a été publié à Dijon par
le Père Pierre François Chifflet, en 1657, sous le
titre : Manuale Solitariorum, e veterum Patrum
Cartusiensium cellis depromptum . Il est dédié,
croit-on, à Dom Bavon , Prieur de la Chartreuse
di Witham, en Angleterre. Toutefois, nous de-
vons constater que si ce traité a été véritablement
dédié à ce Prieur, il ne put l'être qu'après l'abdi-
cation de Guigue^, car la Chartreuse de Witham
fut fondée en 11 78, et Dom Bavon ne fut Prieur
qu'après saint Hugues de Lincoln, en 1 1 86.
Dans ce traite, Guigues indique les moyens que
doit prendre un Chartreux pour soutenir et sancti-
fier la solitude : éviter de s'occuper des affaires du
monde, méditer les vérités de la Religion, s'appli-
quer à la prière, et, à certaines heures, s'occuper de
quelque ouvrage manuel. On croit que Dom Guigues
a aussi écrit un traité sur le Chapitre Général, dans,
lequel il démontre l'avantage important que la dis-
cipline régulière en a retiré. Dom Cellier, d'après
un auteur allemand du nom de Fabricius, attribue
encore àce Général un écrit sur la vie contempla-
tive, intitulé : Scala paradisi, scala claustralium,
sire tractatus de modo orandi. « L'échelle du pa-
radis et des cloîtres, ou de la manière de prier. »
Cet ouvrage est imprimé dans les œuvres de saint
Augustin et de saint Bernard.
Guigues II resta peu de temps Prieur de la
Grande Chartreuse. Désireux de retrouver les dou-
ceurs de la solitude, il donna sa démis.c:cn, en
117(5. Cette même année, le Pape Alexandre III
lui envoya une Bulle datée d'Anagni, ie 4 des no-
nes de septembre, par laquelle il prend sous sa
protection l'Ordre des Chartreux, ainsi que leurs
propriétés. La Bulle a pour suscription Guidoni
Priori Cartusiensi, ejusque Fratribus. Dom Gui-
gues mourut en odeur de sainteté, en 1188 '.
1 Anonymus ap. Martène, Vêler. Scriptor. t. VI, p. 176.
— Morozzo, Theat. cit. p. 11. — Tromby, Storia cit. t. IV.
id. app. p. cxu. — Dom Cellier, Auteurs Ecclesiast. t. XXII,
p. 2Q4. — De Tracy, op. cit. p. 249.— Biblioth. des Pères,
t. XXIV, p. I463.
— 24 —
X.
R. P. DOM JANCELIN.
i r y(5 — 1233.
ANCELIN ou Jocelin avait fait Profession
à la Grande Chartreuse, où il était entré
jeune encore. Il a laissé dans l'Ordre le souvenir
de l'humilité la plus profonde, mais cette vertu ne
lui avait pas enlevé l'énergie et l'autorité nécessaires
pour gouverner sagement les nombreux Religieux
qui formaient la famille cartusienne. Son autorité
était telle, dit la Carte des Généraux, qu'il défendit
à un Moine, mort depuis peu, de faire des miracles
à son tombeau, parce que la solitude du Monastère
était troublée par l'affluence des malades qui accou-
raient pour obtenir leur guérison; il fut obéi. Ce
Religieux était le Révérend Père Dom Guigues II.
Ce fait a été rappelé dans l'épitaphe gravée sur le
tombeau de Dom Jancelin, et citée par Morozzo.
Tantce fuit authoritatis, ut defunctum Monachum
A miraculis cessare dicto compulerit.
« Nostre dévot Père, dit Dom Dorland, estoit
parvenu à telle saincteté de vie qu'il estoit réputé
entre l'un de ces anciens Pères du désert. » Assi-
du au travail, il fut toujours détaché des honneurs
et éloigné de toute ostentation. Il gouverna pen-
dant cinquante huit ans : « et cecy avec tant de
prudence et industrie que jamais l'Ordre n'avoit
— 25 —
esté si fleurissant , dont son odeur et renommée
estoit épanduë par tout le monde. » En effet, à
l'époque de sa mort, l'Ordre comptait déjà plus
de cinquante fondations.
Sous son gouvernement, plusieurs Papes accor-
dèrent des privilèges aux Chartreux et confirmè-
rent divers règlements décrétés par le Chapitre
Général. Parmi eux, on compte Alexandre III,
Lucius III, Urbain III, Clément III, Innocent III,
et Honorius III. En 1 195, ce Général fit un accord
avec Guy, Abbé de Citeaux, par lequel il fut déci-
dé qu'aucun Religieux ne pourrait passer de l'un h
l'autre Ordre, sans la permission réciproque des
deux Supérieurs. Dom Jancelin donna l'habit de
Frère Convers à Pierre Frecoldy, père du Pape
Clément IV. Ce Vénérable Prieur mourut en une
sainte vieillesse, le 22 octobre 1233 . Quelques
auteurs lui donnent le titre de Bienheureux ' .
XI.
R.P. DOM MARTIN.
1233 — 1236.
ARTIN était profès de la Grande Chartreu-
se. Doué des plus belles qualités et des plus
nobles vertus, il fut appelé, en 1 233, à succéder à
Dom Jancelin. « Homme docte et personnage
' Brev. Hist. ap. Martène, Veter. Scriptor.t. VI, p. 177.
— 2b —
qualifié en doctrine, saincteté et vertus », il gou-
verna peu d'années les enfants de saint Bruno.
On a dit de lui qu'il avait une humilité particulière,
une charité admirable et une autorité auguste. Il
donna pour armoiries à l'Ordre, un globe d'or,
surmonté d'une Croix entourée de sept étoiles
d'or, sur un champ d'azur ; avec cette belle de-
vise : Stat crux dirni volvitur orbis. « La croix est
stable au milieu des révolutions de ce monde. »
Pendant le XIe et le XIIe siècle, l'Ordre des
Chartreux avait pour armes une simple croix.
Dom Martin la plaça sur le globe du monde et
y ajouta sept étoiles d'or qui devaient rappeler
le songe de saint Hugues, Évêque de Grenoble,
et le souvenir de saint Bruno et de ses six pre-
miers compagnons.
Pendant les quelques années de son gouverne-
ment, Dom Martin travailla avec zèle à la prospé-
rité de l'Ordre ; ce qui fait dire à un des ses
biographes : « Nostre Ordre s'accreut du temps
du Révérend Père Martin, tellement que c'estoit un
commun proverbe qu'au lieu où l'on batiroit une
grange pour les Chartreux , il y auroit bien-tost
un cloistre. » Ce saint Religieux, « après l'expé-
rience de plusieurs belles vertus , » mourut en
1 2 3 6 i . »
— Dorland, lib. IV, cap. xvi.— Pétréius, Elucid., lib. IV. —
Sutor,op. cit. lib. II, tract, ni, cap. v. — Canisius. AAï/7r>"o/o-
gium, .\ des calendes de mars. — Morozzo, Theat. cit. p. 22.
— De Tracy, p. 2 5 1 .
1 Anonymus apud Martène. Veter. Script, t. XI. p. 178. —
-/
XII.
R. P. DOM PIERRE II
i23t5 — 1242.
IERRE II est peu connu; son nom a même
été omis dans les catalogues des Généraux
et dans la Carte de 1649. L'histoire des anciens
Prieurs publiée par Dom Martène, le théâtre
chronologique de Morozzo et la chronique de
Dom Dorland n'en font pas mention. Toutefois,
le Père de Tracy, qui l'omet aussi, constate,
d'après une lettre qui lui a été écrite de la Grande
Chartreuse par Dom Giraud, que Pierre a gou-
verné l'Ordre de 1 236 à 1242. En effet Morozzo
place le commencement de la prélature du succes-
seur de Dom Pierre à l'année 1242, et laisse, par
là même, pressentir que Dom Martin a conservé
le pouvoir jusqu'à cette époque '.
XIII.
R. P. DOM HUGUES II.
1242 — 1253.
UGUES ou Hugon , était Profès de la
Grande Chartreuse. Comme son prédéces-
seur, il ne se trouve pas dans tous les catalogues
des Généraux. La chronique de Dom Pierre Dor-
land, l'ouvrage de Dom Couturier sur la vie car-
Dorlandus, Chron. cit. lib. IV, cap. XVII. — Pétréius, Elu-
cida lib. IV. — .Morozzo, Theatr., p. 22. — De Tracy, p. 221.
1 De Tracy.. op. cit. ut supra. p. :07-
— 28 —
tusiennc et la petite histoire des anciens Prieurs
publiée par Dom Martène le passent sous silence. Il
est cependant nommé dans le manuscrit de Dom
Le Coulteux, dans le théâtre chronologique de Mo-
rozzo et lacartedes Généraux gravéed'aprèslesordres
du Révérend Père Dom Pégon, au XVIIe siècle.
Dom Hugues, au commencement de son admi-
nistration, augmenta les constructions qu'Humbert,
comte de Savoie, avait faites à la Grande Char-
treuse, vers le milieu du XIIe siècle, pour offrir
l'hospitalité aux pèlerins et aux pauvres qui se pré-
sentaient au Monastère. Il ne put terminer son
œuvre, mais elle fut continuée par son successeur,
Dom Bernard de La Tour.
Le Père Délie, dans son histoire de l'état mo-
nastique, rapporte que le Révérend Père Hugues
établit une association de prières entre les Char-
treux et les Moines de la célèbre Abbaye de Saint-
Vaast, d'Arras. La Carte des Généraux nous
apprend aussi que Dom Hugues se rendit recom-
mandable par son recueillement et sa modestie. Il
n'aimait pas à fréquenter les grands du monde, et
quoique le premier de l'Ordre par son autorité et
ses vertus, il en était le plus humble1. Cette humi-
lité fut la cause déterminante qui l'engagea à donner
sa démission, à l'âge de cinquante-trois ans, t 253.
Il vécut encore quelques années au milieu des aus-
térités de. la pénitence, après avoirgouverné l'Ordre
pendant onze ans .
' Dom Le Coulteux, Annales Ordinis Cartusiensis, Ms. ad
— 2Q —
XIV.
R. P. DOM BERNARD de LA TOUR.
1253 — 1258.
ERNARD de La Tour naquit, en Franche
Comté, d'une noble et pieuse famille du
pays. Entré dans l'état ecclésiastique, il reçut le
sacerdoce et montra la plus vive piété. Ses vertus
et ses talents semblaient devoir le conduire aux
honneurs, mais dans son humilité, il désirait
quitter le monde et se donner tout entier à Dieu
dans la solitude. Le clergé et le peuple ayant
voulu le placer sur le Siège archiépiscopal de Be-
sançon, il prit la fuite et vint se cacher à la Char-
treuse de Portes. Découvert et menacé de nouveau
du même honneur, il sortit de France et se retira à
la Chartreuse du Reposoir, près de Genève, où il
fit Profession.
Après quelques années passées dans la solitude
du cloître, Dom Bernard de La Tour fut élu Gé-
néral de l'Ordre. Malgré sa modestie et sa répu-
gnance pour les honneurs, il fut obligé de se rendre
au désir et à la volonté exprimés par les Religieux
de la Grande Chartreuse et prit le pouvoir en 1 2 5 3 .
Le nouveau Général termina l'œuvre commencée
par son prédécesseur et fit exécuter de grands tra-
vaux au Monastère. Saint Anthelme de Chignin
ann. i25o. — Morozzo, Theat rum cit. p. 22. — Carte de 1649.
— Le Père de Tracy, p. 252. — La Grande Chartreuse, par
un Chartreux p. 221.
— 00 —
avait jeté les fondations du grand cloître, Dum
Bernard reprit ce projet et bâtit presque tout entier,
en pierres de taille, cette partie du Couvent. Ne se
laissant pas distraire, par ces travaux, de ce qu'il
considérait comme l'essentiel, il porta tous ses
soins au bien spirituel de ses Religieux et déploya
le plus grand zèle pour le maintien de la discipline.
L'obligation absolue de s'abstenir d'aliments gras
n'avait été imposée, jusqu'alors, par aucun précepte
et n'était considérée que comme un usage véné-
rable; il en fit une loi, de concert avec le Chapitre
Général. L'Ordonnance de 1254 porte que tout
Religieux qui enfreindrait cette loi serait chassé de
l'Ordre.
Dom Bernard de La Tour, comprenant toute
l'importance des Chapitres Généraux, voulut de
nouveau faire approuver cette institution par le
Saint-Siège et obtint à ce sujet une Bulle du Pape
Alexandre IV, datée d'Anagni, le 6 des ides d'octo-
bre 1256. Dans cette Bulle, le Souverain Pontife
confirme solennellement l'institution du Chapitre
Général et lui donne les derniers perfectionne-
ments. L'année précédente , le même Pape avait
accordé deux autres Bulles sur le même sujet, le 4
des calendes de mai et le 5 des ides du même
mois 1255.
Avant de mourir, Dom Bernard eut la conso-
lation de régler avec le Roi de France, Louis IX,
la fondation de la Chartreuse de Gentilly, transférée
quelque temps après dans la ville de Paris. Il s'en-
dormit dans le Seigneur, en 1258, laissant au mi-
D I
lieu de ses frères une grande réputation de sainteté;
il avait gouverné l'Ordre pendant cinq ans '.
XV.
R. P. DOM RIFFIER.
1258 — 1268.
IFFIER,que Ton trouve encore écrit Rifer,
était profès de la Grande Chartreuse. « Hom-
me d'honorable mémoire, docte et versé dans les
lettres humaines et divines, grand en esprit et en bon
conseil,» nous dit Dom Pierre Sutor. Dès qu'il fut
nommé Général, 1258, il s'occupa d'une manière
toute spéciale de réunir et de classer les différents
Règlements et Ordonnances des Chapitres Géné-
raux . D'après le Père Hélyot, ce travail avait été
préparé par le Révérend Père Bernard de La Tour;
il est connu dans l'Ordre sous le nom de seconde
Compilation, ou de Statuta Antiqua. Présentée au
Chapitre Général cette Compilation fut confirmée
en 1 2 5 * ) .
L'année suivante, la princesse Béatrix, fille du
comte Thomas de Savoie et veuve de Raymond
de Provence, offrit au Général des Chartreux
« son château de Échelles avec seigneurie, juri-
diction , revenus et dépendances , » à la seule
1 Dom Le Coulteux, Annales Ms. ad ann. 1257. — Dom
Le Vasseur, Ephemerides Cartusiana* Ms. — Morozzo, op.
cit. p. 2'3. — Carte de 1649. — De Tracv, p. 2 53. — La
Grande Chartreuse par un Chartreux p. 62.
01
condition d'obtenir la faveur d'être inhumée dans
le Monastère de la Grande Chartreuse . Dom
Riffier, malgré les égards et le respect qu'il avait
pour la famille des princes de Savoie, crut devoir
refuser cette offre généreuse, parce que, disait-il,
ce serait agir contrairement aux traditions de l'Or-
dre ; nos Pères nous l'ont défendu et jamais au-
cune femme n'a encore été inhumée à la Grande
Chartreuse.
Sous l'administration de ce Général, les Souve-
rains Pontifes Alexandre IV et Clément IV, qui
avaient une prédilection toute particulière pour les
Chartreux, leur accordèrent de nombreux privi-
lèges. Après avoir gouverné fructueusement l'Or-
dre pendant dix ans, Dom Riffier s'endormit pai-
siblement dans le Seigneur, en 1268 ' .
XVI.
R. P. DOM GÉRARD.
1268 — 1273.
ÉRARD , que quelques auteurs nomment
Géraud, suivit l'exemple de son prédécesseur,
et mit tous ses soins à conserver la plus stricte
discipline parmi ses Religieux . Un de ses biogra-
phes dit, d'après la Carte des Généraux et le récit
1 Brevis Historia Ord. Carias, ap. Martène, ut supra. —
Dom Le Coulteux, Annales, ms. ad. ann. 1260. — Sutor, de
Vita Cartus. lib.I, trac. III. — Morozzo, theat. chronol. p. 23.
— De Tracy, op. cit. p. 254. — La Grande Chartreuse, p. 382.
— 33 -
de Morozzo, que ce Général « s'attira une grande
confiance de la part de ses Religieux, par sa
douceur. Cette vertu, en faisant impression sur
les cœurs, rendit son zèle utile pour l'observation
de la Règle. »
Le Révérend Père Dom Gérard mourut dans les
pratiques de la mortification, en l'année 1273 ; il
avait gouverné l'Ordre pendant six ans ' .
XVII.
1 2y3 — 1276.
R. P. DOM GUILLAUME I.
UILLAUME Fabri, Religieux distingué par
sa science, sa piété et ses vertus, était Prieur
de la petite Chartreuse d'Angion, sur le versant du
Jura, au diocèse de Lausanne, lorsqu'il fut élu Gé-
néral. Il accepta cette charge par obéissance, gou-
verna avec sagesse et donna à tous l'exemple de la
plus profonde humilité . Malgré l'affection que lui
portaient ses Religieux, il désirait ardemment re-
tourner dans sa solitude d'Angion. Ses vœux fu-
rent exaucés, on lui accorda miséricorde en 1276.
Quelques auteurs ont avancé que Dom Guillau-
me Fabri resta au pouvoir jusqu'à sa mort arrivée
en 1278. Pour accepter cette date, il faudrait sup-
primer son successeur : en effet il a été omis dans
la plupart des catalogues des Généraux de l'Ordre.
1 Morozzo, Theairum cit. p. 23. — Carte des Généraux.
— Le Père de Tracy, op. cit. p. 254.
3
— 34 —
Peut-être Dom Guillaume reprit-il le pouvoir après
la démission de Dom Pierre ; nous sommes porté
cà admettre cette hypothèse ' .
XVIII.
R. P. DOM PIERRE III.
[276.
IERREde Montignac n'a guère laissé de tra-
ces dans l'histoire de l'Ordre. Nommé VIIIe
Prieur de la Chartreuse de Glandier, il occupa peu
de temps cette charge et on ignore dans quel Monas-
tère il se trouvait lorsqu'il fut élu Général, en 1276.
Dorland, Morozzo, ainsi que le Gallia Christiana
et la carte des Généraux publiée en 1649 n'en font
pas mention ; toutefois, les archives de la Grande
Chartreuse ne laissent à cet égard aucun doute .
Dom Giraud, Religieux de cette Maison, a signalé
ce Général au Père de Tracy qui l'avait omis dans
sa notice sur les Prieurs de Chartreuse. De plus,
les archives nous font connaître que le Révérend
Père de Montignac donna sa démission, vers la
tin de Tannée 1276 et qu'il mourut le 28 janvier
de l'année suivante. D'après Dom Giraud, la mort
de Pierre de Montignac ne serait arrivée que le
8 février 1277.
Cette différence de date n'a aucune importance.
La difficulté apparaît seulement en considérant
1 Morozzo. Theatrum cit. p. 2 3. — Carte des Généraux
de 1649. — De Tracy. op. cit. p. 25g.
— 35 —
deux autres dates : lin de 127»), démission de Dom
Pierre de Montignac -, commencement de 1278,
élection de Dom Boson. Il y a un écart de près de
deux ans entre la démission du premier et l'élec-
tion du second. Il est inadmissible que l'Ordre des
Chartreux soit resté pendant ce laps de temps sans
Supérieur. Dès lors, ne pourrait-on pas admettre
que Dom Guillaume Fabri, malgré son aversion
pour le pouvoir, se résigna, par obéissance et par
dévouement, à reprendre la charge du Généralat,
dont il ne fut délivré que par la mort, en 1278?
Cette hypothèse expliquerait la date donnée par
Morozzo, le Père de Tracy et la carte des Géné-
raux. Ces auteurs seraient restés dans la vérité,
seulement ils auraient omis de parler de Pierre de
Montignac qui ne gouverna l'Ordre que quelques
mois ' .
XIX.
R. P. DOM BOSON.
1278 — [3 13.
OSON était profèsde la Grande Chartreuse.
En 1272, nous le trouvons à la tète de la
Chartreuse de Saint-Hugon, en Savoie, et il gou-
vernait encore ce Monastère, lorsqu'il fut élu Gé-
néral de l'Ordre. Ses vertus et son mérite le dé-
signaient à cette haute dignité.
1 Sur le R. P. de Montignac Cf. Arch. de la Grande
Chartreuse. — De Tracy, p. 3o8. — Joseph Brunet, Notice
histor. sur la Chartreuse de Glandier. p. i-j.
— 36 —
Après sa promotion au Généralat, Dom Boson,
à cause de sa douceur et de sa sainteté, devint
l'arbitre des personnages les plus distingues de la
contrée et on rechercha de tous côtés sa bienfai-
sante intervention. Malgré les honneurs dont on
l'entourait, il conserva toujours les sentiments de la
plus profonde humilité. Le traducteur de Dom Dor-
land nous apprend qu'il « estoit si grand en mérite,
qu'il obtenoit tout ce qu'il désiroit de Nostre Sei-
gneur et encore qu'il fut sublime et élevé en sainc-
teté de vie, il s'estimoit si peu que rien. »
Une antique chronique de la Grande Chartreuse
rapporte que le Révérend Père Boson faisant cons-
truire une petite chapelle dans le cimetière de la
Communauté, près du caveau où Dom Guigues
avait déposé les restes des anciens Chartreux, un
maître-maçon tomba du haut des échafaudages ;
brisé dans sa chute, il expira à l'instant. Ses com-
pagnons consternés le portèrent à Dom Boson, le
conjurant de le rendre à la vie; celui-ci, les larmes
aux veux, se mit aussitôt en prière, et Dieu exau-
çant la demande de son serviteur, le malheureux
ouvrier se releva sain et sauf et alla reprendre son
travail.
Sous le gouvernement de ce Général, l'Ordre
prit un grand accroissement ; il y eut dix7huit nou-
velles fondations. Dom Martène relate que le Mo-
nastère de Chalais, en Dauphiné. fondé au com-
mencement du XIIe siècle par des Moines Béné-
dictins, fut réuni alors à l'Ordre des Chartreux.
Une mauvaise administration avait réduit cette
-37-
Abbaye à la plus grande détresse ; tous ses biens
étaient aliénés ou hypothéqués en faveur d'Aymar
de Belle vue. Dom Boson parvint à racheter les
propriétés et obtint ensuite l'union à la Grande
Chartreuse.
Malgré sa grande douceur, Dom Boson savait se
montrer énergique pour défendre les domaines de
TOrdre. On rapporte que des étrangers s'étant avi-
sés d'extraire du minerai de fer de la montagne de
Bovinant, qui appartenait aux Chartreux, le Révé-
rend Père, oubliant ses infirmités et son grand
âge, se fit accompagner de ses Religieux et monta à
l'endroit où l'on travaillait, malgré les difficultés de
cette ascension pénible. Les ouvriers étaient en
grand nombre et peu sympathiques aux propriétaires
qu'ils dépouillaient. Dom Boson leur parla d'abord
avec douceur, mais ces paroles bienveillantes ne
produisant aucun effet, il dut montrer plus d'énergie
et les menaça de venir, avec des hommes armés, les
obliger de quitter la montagne. Ces ouvriers, forcés
d'admirer le courage du noble vieillard, et sachant
sans doute que le comte de Savoie et le Dauphin le
chérissaient comme un père, jugèrent prudent de
cesser leur travail et de s'éloigner.
Le Révérend Père était désireux d'abandonner
le pouvoir et de se retirer dans la solitude du
cloître, mais le Chapitre Général, qui trouvait son
administration profitable à l'Ordre, refusa toujours
sa démission et le conserva à son poste pendant
trente-cinq ans. Dans cet espace de temps, il écrivit
plusieurs fois au Pape Clément Y qui avait fixé
— 38 —
sa résidence à Avignon. Dans une de ces lettres, il
supplie le Souverain Pontife de ne pas permettre
que quelque nouveauté fâcheuse s'introduisit dans
l'Église. Le schisme d'Occident venait de se con-
sommer et il était à craindre que la pureté de la foi
n'en souffrit. La renommée de sainteté et de grand
savoir du Général des Chartreux engagea le Pape
à l'appeler au Concile de Vienne qui eut lieu en
1 3 i i, mais le Vénérable Solitaire écrivit à Clément
A' pour s'excuser ; ses infirmités ne lui permettant
pas de se rendre au Concile, il annonçait au Pape
qu'il se ferait représenter par son Procureur.
Dom Boson mourut en odeur de sainteté, en
i3i3. Dorland rapporte, d'après la chronique du
Monastère, que sur le tombeau qui lui fut élevé, « il
creut une herbe, laquelle estant goustée guérissoit
plusieurs maladies, cause pour quoy l'on venoit de
tout costé pour la cueillir. » Canisius et du Saussey
ont inséré Dom Boson dans leur martyrologe, au 4
des nones de mars '.
XX.
R.P. DOM AYMON DAOST.
1 3 1 3 — i32ii.
YMON d'Aost ou d'Aoust, en Valentinois,
au diocèse de Die, était proies de la Grande
Chartreuse; d'après le traducteur de la chronique
1 Chronicon Maj. Cartus. cap. xvi. — DorlanJu>. Chron.
cit. lib. XVI, cap. — xvm. Pétréius, Elucid. lib. IV. — Dom
— $9 —
de Dorland il « estoit homme si docte qu'il pouvoit
donner la leçon aux théologiens, comme montrent
encore pour le présent ses escrits , il estoit plus
grand en la dévotion et saincteté. » Les écrits de
Dom Aymon ne sont pas parvenus jusqu'à nous
et nous ignorons quels sujets le savant théologien
avait traités. Ce Général fit aussi réunir en un volu-
me toutes les Chartes et les Bulles qui concernaient
l'Ordre des Chartreux , mais ce précieux manuscrit
périt malheureusement dans l'incendie qui eut lieu
à la Grande Chartreuse quelques années plus tard.
La chronique publiée par Dom Martène rap-
porte que le Révérend Père Aymon fit rebâtir le
Monastère du Désert de Chartreuse, presqu'entiè-
rement détruit par un incendie au commencement
de mai i32o. Le feu s'était déclaré dans l'apparte-
ment où se trouvaient logés les serviteurs d'Othon
de Grandson venus pour demander l'incorporation
de la Chartreuse de la Lance. Les pertes furent
considérables, surtout en manuscrits, mais le mâle
courage du Général ne défaillit pas au milieu de ces
rudes épreuves. Il se mit à l'œuvre et reconstruisit
en pierres les cellules et les principales obédiences;
grâce aux cotisations de toutes les Maisons de TOrdre
et aux libéralités d'un grand nombre d'Évêques, de
princes et de seigneurs qui se firent un honneur de
venir au secours des Chartreux.
Sutor, de Vita Car tus. p. 217. — Martène, t. VI art. Boson.
— Morozzo, Theatrum cit. p. 23. — De Tracy, op. cit. p. 255.
— Kug. Burnier, Chartreuse de S.- Hugon , p. io3. — La
Grande Chartreuse, p. 259.
— 4o —
Jusque-là le cloître ne contenait que treize ou
quatorze cellules ; Dom Aymon,de concert avec le
Chapitre Général, décida de bâtir ce qu'on a appelé
le second cloître. Cette résolution avait pour but
« de subvenir aux nécessités de l'Ordre qui avait
besoin de sujets pour les nouvelles Maisons. » En
effet les Chartreux continuaient de se répandre dans
toute l'Europe, et sous l'administration de Dom
Aymon, on compte vingt-cinq nouvelles fondations.
Le zèle de cet illustre Général pour sauvegarder
les biens et les droits du Monastère de Chartreuse
nous apparaît dans un fait rapporté par Dom Dor-
land, d'après la vieille chronique de l'Ordre. Lais-
sons la parole au naïf traducteur : «Aymarus( Guil-
laume II de Montbel, d' Entremont) usurpoit des
droits sur les biens et possessions de la Chartreuse,
dont il advint que lorsque l'on célébroit le Chapitre
Général, il envoya ses sergeants pour rompre le
pont de la Chartreuse et faire autre violence. Le
Révérend Père craindant plus grande insolence
faict insinuer au comte de Savove et de Vienne l'af-
fronterie de ce seigneur, désirant en avoir raison ;
mais comme les princes portoient grande affection
à ce seigneur, ils ne firent cas de la complaincte
du Révérend Père. Ce pourquoy il fut contraint de
faire plainte au roy, ce qu'entendant il commanda
au comte d'en faire la vengeance, ou autrement que
détruisant la Maison de Chartreuse, laquelle ils mé-
prisoient, il en feroit une autre plus noble et mieux
bastie. Le Daulphin et le comte craindant perdre
la Maison commandèrent à Avmarus et ses enfants
— 41 —
de marcher vers la Chartreuse la corde au col et se
prosterner aux pieds des Religieux, ce qu'ils firent
ayant auparavant iuré de ne plus prétendre à aucun
droict. » Il est impossible de trouver une preuve
plus convaincante du désir et de l'intérêt que les
souverains et les seigneurs apportaient à posséder
des Chartreux dans leurs Etats ou sur leurs do-
maines.
Depuis longtemps, le Révérend Père Aymon
d'Aost désirait se retirer dans une cellule du cloître
pour se préparer à la mort; ses instances furent si
pressantes que le Chapitre Général accepta enfin
sa démission en i32q. L'année suivante, il remit
son âme entre les mains de Dieu. D'après la tra-
dition, le tombeau de ce Général serait le plus
ancien du cimetière actuel de la Grande Char-
treuse'.
XXI.
R. P. DOM JACQUES DE VEVEY.
1329 — i33o.
ACQUES de Vevey, que plusieurs auteurs
nomment Jacques de Vinay ou de Vivisio,
était né en Dauphiné et avait fait Profession à
la Grande Chartreuse. Lorsque les suffrages des
1 Chronicon cit. ap. Martène, t. VI. Veter.Scriptor.p 204.
— Dorlandus et son traducteur Adrian Driscar, lib. IV, cap.xix
et xx. — Pétréius, Elucid., lib. IV. — Morozzo, op. cit. p. 23.
— Dom Le Coulteux, Abrégé des Annales, Ms. — De Trac .
p. 256. — La Grande Chartreuse, p. '"17 et sq.
— 42 —
Religieux de cette Maison l'appelèrent au poste de
Général, il dirigeait depuis plusieurs années le
Monastère du Val-Sainte-Marie. Son élévation lui
fut si pénible qu'il fit tous ses efforts pour faire
accepter sa démission ; Tannée suivante, il obtint
de rentrer dans une cellule du cloître, comme sim-
ple Religieux. Dom Couturier nous apprend qu'il
était de si grande prudence, discrétion et bon con-
seil, enfin tellement adonné à la contemplation, que
ceux qui lui parlaient, pensaient se trouver en pré-
sence d\m ange.
Dans quelques années, nous trouverons de nou-
veau Jacques de Vevey à la tète de l'Ordre des
Chartreux '.
XXII.
R. P. DOM CLAIR de FONTENAY.
i33o — 1 3 3 (5 .
LAIRde Fontenay naquit en France; il di-
rigeait avec sagesse la Chartreuse de Paris,
lorsqu'il fut appelé à gouverner l'Ordre. Homme
remarquable par sa science, son érudition et son
amour des lettres, il sut donner une noble direction
aux études de ses Religieux. « Il estoit — rapporte
un de ses biographes — doué d'une telle science et
doctrine que l'on disoit ordinairement de luy que
1 Cf. Dom Sutor, op. cit. lib. II, tract, m. cap. vu. — Mo-
rozzo, Theatrum cit. p. 24. — De Tracy, Yiede saint Brun;),
P. 25;.
— 43 —
c'estoit le second clerc du monde. » Sa piété n'était
surpassée que par son humilité; aussi supplia-t-il
longtemps le Chapitre Général d'accepter sa démis-
sion. Cette consolation lui fut accordée, en r336.
Il avait gouverné l'Ordre pendant près de six ans.
Sa mort, précieuse devant le Seigneur, arriva trois
ans après, en i 33q '.
XXIII.
R. P. DOM JACQUES de VEVEY.
1 336 — i3-|.i .
N i33o, Jacques de Vevev, par amour de
la solitude, avait fait accepter sa démis-
sion. Depuis cette époque, il vivait dans une des
cellules du cloitre, édifiant tous les Religieux par
ses vertus. A la mort du Révérend Père Dom Clair
de Fontenay, les Moines de la Grande Chartreuse
élurent de nouveau Dom Jacques ; aucun ne leur
paraissait plus digne et plus capable de les gou-
verner. Forcé, par obéissance, d'accepter cette
charge qui lui semblait si terrible , le nouveau
Prieur offrait chaque année, avec instance, sa dé-
mission ; mais le Chapitre Général refusait tou-
jours d'accéder à son désir.
Dans ces circonstances, Jacques de Yevey crut
pouvoir se permettre une ruse qui lui réussit. Dom
1 Anonvmus ap. Martène, t. VI. Veter. Scriptor. — Dor-
andus. lib. IV, cap. xxi. — Dom Sutor, lib. II. tract. III.
cap. v. — Morozzo. op. cit. p. 24. — De Tracy, p. 257.
— 44 —
Martène nous apprend, d'après l'auteur anonyme
dont il a édité l'œuvre, que ce Général réunit en
Chapitre les Religieux de la Grande Chartreuse et
parvint, à force d'instances, à faire accepter sa dé-
mission de Prieur de la Maison. Par là même il
ne pouvait plus gouverner l'Ordre, puisque le Gé-
néral doit être en même temps Prieur de la Grande
Chartreuse. Ce fait avait lieu, en 1 341, et le Cha-
pitre Général qui suivit décréta qu'il était expressé-
ment défendu d'en agir ainsi dans l'avenir, sans le
consentement de l'Ordre.
Humbert, Dauphin de Vienne, avait Dom Jacques
de Vevey en si grande estime qu'il lui donna pour
sa Maison de Chartreuse une rente de « cent sols
tournois d'argent, monnaie de France de bonne
loi et juste poids » qui devait servir à donner, vers
la fête de la Toussaint à tous les Moines et Clercs
Rendus du Couvent, des habits monastiques et des
pelisses neuves en peau de mouton. La fondation
est datée du lundi, dernier jour de septembre 1 336.
Jusqu'à sa mort, l'ancien Général fut éprouvé
par de grandes infirmités, que Dom Dorland regar-
de comme une punition du Seigneur . « Nostre
Dieu — dit son traducteur — voulant montrer
comme cette importunité lui était désagréable,
l'affligea si cruellement que luyetses frères entendi-
sent assez que le déport de la charge de repaistre
ses ouailles méritoit une punition exemplaire, en
laquelle cependant nostre Prieur estoit constant et
patient ; car estant en cette affliction corporelle, il
ne laissoit, par l'élévation de son esprit, de voler
-45 -
au plus haut de la contemplation, estant de si grand
conseil et discrétion que personne ne venoit à luy,
qu'il ne l'admiroit plustot comme un ange du ciel
que comme un homme vivant sur la terre. »
Dom Jacques de Vevey vécut ainsi quelques an-
nées, au milieu des plus grandes souffrances. Une
pieuse légende rapporte, qu'après sa mort, il fut
placé dans la brillante cohorte des anges qui en-
tourent le trône du Très-Haut. De nombreux mi-
racles eurent lieu sur son tombeau '.
XXIV.
R. P. DOM HENRI POLLET.
i34i — 1346.
ENRI Pollet était né en France et avait fait
Profession dans la Chartreuse de Paris. Il
était Prieur de ce célèbre Monastère, lorsqu'on lui
confia le gouvernement de l'Ordre ; les Religieux de
la Grande Chartreuse l'avaient élu à cause de sa scien-
ce et de sa piété. Dom Pollet remplit cette charge, à
la grande édification de tous ses frères, mais dédai-
gneux des honneurs et sentant sa fin approcher il
parvint à faire accepter sa démission, en 1346.
Quelques mois plus tard, il s'endormait dans la
paix du Seigneur, le 17 septembre, même année.
Le Père de Tracy nous apprend, d'après le ma-
4 Anonymus ap. Dom Martène, t. VI, loi. i5o. — Dor-
landus Chronicnn cit. lib. IV, cap. xxn. — Morozzo, op. cit.
p. 24. — De Tracy, p. 258. — La Grande Chartreuse, p. 2y3.
— 4') —
nuscrit édité par Dom Martène, que le Révérend
Père Henri Pollet, après avoir donné sa démission,
fut de nouveau appelé à diriger la Chartreuse de
Paris. Rien, dans le Theatrum chronologicum de
Morozzo, dans l'ouvrage du Père Délie, ni dans la
carte de 1649, ne vient confirmer ce fait rapporté
par Fauteur anonyme de l'antique chronique des
Prieurs. La mort de Dom Pollet, arrivée quelques
mois après son abdication, laisse pressentir, au con-
traire, qu'avant de paraître devant le Souverain
Juge, il avait désiré se recueillir dans la solitude
et penser au salut de son âme '.
XXV.
R. P. DOM JEAN IL
1 34(5 — e36o.
EAN Birel, que Ton trouve encore écrit Birel-
le,naquit à Limoges. Désireux de se donner
tout entier à Dieu dans la solitude, il quitta le monde,
entra à la Chartreuse de Glandier, où il fit Profes-
sion, et devint, quelques années plus tard, Prieur
de ce Monastère. Il était à la tête de celui de Bon-
ne-Foi, lorsqu'il fut élu Général de l'Ordre.
Homme d'une science remarquable, d'une \ie
admirable et d'une sainteté éminente, Dom Birel
jouissait d'un grand ascendant non seulement près
1 Anonymus ap. Ed. Martène, ut supra, t. VI. — Morozzo
op. cit. p. 24. — Dom Pétréius, Elucid. trad. d'Adrian Dris-
cart, p 3 3 1 — De Tracy, op. cit. p. 258.
— 47 —
de ses Religieux, mais encore près des Évèques
et des Cardinaux. A la mort du Pape Clément VI,
en i35'2, il fut sur le point d'être élevé au Sou-
verain Pontificat. La majorité du Sacré-Collège dé-
sirait son élection, mais le Cardinal de Talleyrand-
Périgord, craignant la sévérité de ce Moine aus-
tère, fit tous ses efforts pour dissuader ses collè-
gues. « Ce Moine — disait-il — ne se soucie de
personne. Pour l'Eglise, il se comporte en guise
de lion fort et courageux. » Les voix se portèrent
sur Innocent VI.
Le nouveau Pape, reconnaissant le mérite du
Général des Chartreux, lui offrit la pourpre cardi-
nalice ; dans son humilité, Dom Jean Birel refusa
toujours d'accéder au désir du Souverain Pontife.
«Mais, mon Père, — disaient parfois ses amis — vous
avez cependant été sur le point d'être Pape. Moi
Pape ! répondait-il avec un doux sourire, je ne suis
qu'un pauvre Moine, je vivrai et mourrai dans mon
cloître et pas ailleurs. » Il était en commerce
de lettres avec Innocent VI, les Cardinaux', les
Evêques, les princes les plus remarquables de son
temps, et travaillait ainsi à la réforme des abus
qui tentaient de s'introduire dans LÉglise. Son zèle
pour la gloire de Dieu et le salut des âmes l'engagea
à écrire, dans diverses circonstances, à de hauts
personnages pour les porter à la pénitence. Sa sain-
teté lui attira la confiance et la vénération des plus
grands seigneurs : Amédée VI, comte de Savoie,
le choisit pour confesseur, tandis que Humbert II,
dernier Dauphin de Viennois, entra selon ses con-
_48-
seils dans l'Ordre de Saint-Dominique, après avoir
cédé ses Etats à Charles, petit-fils de Philippe de
Valois, le 16 juillet 1349, à la condition que les fils
aînés des Rois de France porteraient le titre de
Dauphins. Ainsi fut réunie à la couronne la patrie
des Allobroges et des Voconces, ainsi furent données
au royaume des frontières naturelles et sûres. Le
Révérend Père avait pris une part, au moins indi-
recte, à cette affaire si utile pour la France.
Notre auteur favori, en parlant du « Révérend
et saint Père Jean Birellius, » dit : « C'estoit une
chose admirable en notre sainct qu'il estoit aussi
expert en la vie contemplative que active ; car il
estoit aucunes fois tellement ravy, qu'il ressembloit
plustot à un ange qu'à un homme, mais en après
il descendoit en la campagne de la vie active. » Ce
saint Solitaire poussait la mortification jusqu'à
l'héroïsme. Dom Dorland nous apprend qu'il por-
tait sur la chair un cilice 'beaucoup plus rude que
les autres Religieux de son Ordre. « il estoit plein
de nœux et serré de toute part d'un poil très âpre,
avec des manches comme une chemise pendant
jusques aux genoux. »
Cette vie de pénitence, d'austérités et de sainteté
était si admirable que le célèbre poète Pétrarque
se sert des expressions les plus élogieuses lorsqu'il
parle du Vénérable Général. Il écrivait : « Ita
« ego te stùpens ci venerabundus^religiosissimevir^
« quasi alloquar in te Christum, qui hospes bcati-
« ficus luuin procul dubio pectus inhabitat. Anima
« enim justi sedes est Dei. Jllius est donum, qu'od
— 49 —
inter homines peccatorcs, quibus Orbis abundat,
et Angeîi vitam et Angélicam famam habens per
densissimas tenebras seculi nostri, novum mundo
c sj'dus effulgeas et e Cartusiœ sublimi speculo,
< relut ex Orientalis jugi vertice Lucifer matuti-
< nus irradias.» Ces éloges valurent au chantre de
Vaucluse, les reproches les plus sévères de la part
de l'humble Général.
Pétrarque était entré en rapport avec le Révérend
Père Dom Birel, en venant à la Grande Chartreuse
visiter son frère Dom Gérard. Peu de temps après
cette visite, il écrivait au Général : « Vous m'a-
vez reçu avec une bonté tout exceptionnelle et ac-
cueilli comme un enfant de la maison ; j'étais venu
voir mon frère, Dom Gérard, et croyais n'avoir que
ce seul frère à la Grande Chartreuse, et j'ai vu
bientôt que j'avais un frère dans chaque Religieux
du couvent. » La lettre est datée du 25 avril
1 353 .
Une vie si sainte devait se terminer par la mort
la plus précieuse devant le Seigneur. Dom Jean
Birel rendit sa belle âme à Dieu, le 6 janvier i36o,
fête de l'Epiphanie. Un Chartreux nous a transmis
le récit des derniers moments du peux Général :
« Après avoir reçu les derniers sacrements, il désira
rester seul, et se traînant comme il put à l'oratoire
de sa cellule, il y demeura de longues heures en
oraison, prosterné à terre et versant des larmes
abondantes. Un Frère entendant ses soupirs, entra
tout effrayé pour en connaître la cause et h trouva
presque à l'agonie. La Communauté se rassembla
?0 —
aussitôt; selon l'usage, un des Moines lut à haute
voix la Passion de Notre-Seigneur, que le vénéra-
ble moribond écouta avec le plus grand respect,
ayant assez de présence d'esprit pour reprendre le
lecteur par un signe lorsqu'il faisait quelque faute.
Enfin, lorsque l'on commença les litanies des saints,
le Révérend Père Dom Jean Birel rendit douce-
ment son àme à Dieu. »
Le Pape Innocent VI, ayant appris la mort du
Général des Chartreux, dit en pleurant : « Hélas
le plus sainct Religieux et le plus sçavant clerc du
monde est mort ce jourd'huy. » Au moment de
mourir, ce même Pape disait : « A la mienne vo-
lonté, que mon àme parut si innocente devant Dieu
que l'âme de ce bon Père Jean, laquelle je crois
avoir esté toujours très agréable à Nostre-Seigneur. »
Dorland rapporte que le Cardinal Talleyrand lui-
même fut vivement ému -de la mort de Dom Birel.
Dans sa douleur,il s'écria: « malheur à nous Cardi-
naux qui n'avons voulu avoir un tel Pasteur. Je
Tay défendu et voyla pourquoy malheur à moy
parce que j'ay fait tort à nous tous et grandement
nuit à la Saincte Église. » Peut-on prononcer un
plus bel éloge funèbre? De nombreux miracles eu-
rent lieu à son tombeau, et les Chartreux ie consi-
dèrent comme un saint ' .
1 Brevis Histor. ap. Martène, Amplissima Collectio. t. VI.
— Baluze, Papes d'Avignon, t. I, p. 776. — PJtrarque,
lib. XV, Epist. VIII. — Adrian Driscart, traducteur de Dom
Dorland, liv. IV, chap. xxm. — Pierre Sutor, op. cit. lib. II,
cap. vin. — Raynaldi, Annales, t. XVI, n. 25. — La Gran-
de Chartreuse par un Chartreux. p. 70 et sq.
— 0 ] —
XXVI.
R. P. D. HÉLISAIRE de GRIMOARD.
i36o — 1367.
ÉLISAIRE de Grimoard, que des auteurs
nomment Elzéar Grimoaldi ou Grimaldi,
était issu d'une illustre maison originaire de France.
Son père, baron deGrissac, avait épousé la dame de
Sabran,sœur de saint Elzéar, et de cette union était
né dom Hélisaire. Jeune encore, il s'ensevelit dans
la solitude de la Grande Chartreuse, y fit Profes-
sion, et plus tard lorsque le Pape Urbain V, son
oncle, lui offrit la pourpre cardinalice, il la refusa,
préférant la vie cachée en Dieu au prestige des
honneurs. Au moment où il fut élu Général de l'Or-
dre, dom Hélisaire gouvernait le Monastère de
Bon-Pas, au diocèse d'Avignon.
La vie du saint Prieur ne fut qu'une mortifi-
cation continuelle. «Il fut, — dit le traducteur de
Dorland — de telle austérité et de si grande absti-
nence, qu'il ne s'est trouvé de semblable après
Landuinus, dont aucuns disoient qu'il surpassoit les
bornes de la nature, et estoit cependant tellement
absorbé en son Dieu, qu'il joindoit souvent en
oraison, la nuict avec le jour. Il estoit accoutumé
au milieu des plus grandes froidures de l'hyver de
marcher pieds et teste nues, estant si étrangement
échauffé dii feu divin qu'il ne sentoit les autres
feux Personne ne scauroit conter l'exercice con-
tinuel de ses jeusnes, veilles et abstinences, cause
32
pour quoi ses frères le voyoient souvent et d'esprit
et de corps élevé en Dieu, où il alloit participer
aux plus hauts secrets de son Seigneur, dont re-
tourné à soy, il sembloit estre remply de si grande
iove et allégresse spirituelle, qu'il estoit si oublieux
de soy-mesme que surpassant les autres en chan-
tant, il e'ievoit sa voix extraordinairement aux
louanges de nostre Dieu, dequoy il en concevoit
une grande peine et confusion en soy-mesme, après
que l'office estoit achevé. »
Un fait rapporté par un vieux chroniqueur nous
montre que les affaires du monde lui étaient à
charge et que son seul désir était de vivre inconnu.
Son parent le Cardinal de Mende lui écrivait fré-
quemment. Dom Hélisaire se contentait de ré-
pondre très brièvement et à de rares intervalles sur
un mauvais morceau de papier ou de parchemin.
Le Cardinal s'en offensa et lit dire au Général des
Chartreux que s'il continuait d'en agir ainsi, il ne
lui écrirait plus. « C'est précisément ce que je de-
sire, » se contenta de répondre le vénérable Solitaire.
Cet homme si austère pour lui-même, avait le
cœur rempli de la plus tendre charité pour les
autres; il savait compatir à la faiblesse de ses Re-
ligieux et se montrait, pour tous, de la plus grande
affabilité; il était connu sous le nom de bon Père.
Avant perdu la vue. la seconde année de son élection,
il se servit de ce prétexte pour supplier ses frères
d'accepter sa démission, mais le Chapitre Général
refusa d'accéder à son désir et le maintint dans sa
charge jusqu'au moment où Dieu le rappela à lui.
— 53 —
Dom Hélisaire de Grimoard de Grissac mourut
le 11 juin i 367, après avoir gouverné l'Ordre près
de sept ans. La Carte du Chapitre, en annonçant
cette mort, laissa exceptionnellement de côté la for-
mule officielle et rappela son titre de bon Père.
Elle disait « Obiit bonus Pater, Dommis Helisarius,
Prior Cartusiœ. » Du Saussay place le nom de ce
Général au martyrologe des saints de France1.
XXVII.
R. P. DOM GUILLAUME IL
1367 — 1402.
UILLAUME de Raynald, que quelques au-
teurs écrivent de Raynaud ou Raynaldi, était
originaire de l'Auvergne. Il fit Profession à la Gran-
de Chartreuse et gouvernait le Monastère de Val-
bonne, lorsqu'il fut élevé au Généralat. Ce saint
Religieux porta tous ses soins à maintenir la ré-
gularité dans son Ordre. A cet effet il fit, en 1 3.68,
une nouvelle Compilation des Statuts, connue sous
le nom de Nova Statut a. Ce recueil contient les
Ordonnances décrétées par les Chapitres Généraux
depuis la publication des anciens Statuts.
Dom Guillaume soumit ces Règlements au Sou-
verain Pontife Urbain V, neveu de l'ancien Géné-
ral, Dom Hélisaire de Grimoard. Ce Pape trouvant
1 Anonymus in Brev. Histor. Ord. Cartus. ap. Martène,
t. VI. — Dorlandus, Chronicon cit. lib. IV. cap. xxiv. — Pé-
trJius, Elucid. lib. IV. — Morozzo, Theat. p. 25. — De Tracy,
Vie Je saint Bruno, p. 260. — La Grande Chartreuse, par
un Chartreux, p. 74.
— 54 —
la vie des Chartreux trop austère, voulut y appor-
ter quelques adoucissements, mais Guillaume de
Ravnald crut devoir refuser toutes les dispenses,
que le Souverain Pontife voulait accorder par
affection pour les Chartreux. Ce fut Dom Jean de
la Neuville, Prieur du Couvent d'Avignon, qui,
envoyé vers Urbain V, supplia ce Pontife de ne
rien changer aux Observances et aux Constitutions
de TOrdre. Dans le cours de cet ouvrage, nous
.avons fait connaître les adoucissements que le Pape
voulait apporter à la Règle1.
Sous le gouvernement de Dom Guillaume, le feu
détruisit presque tout le Monastère. Les cellules,
l'église, le cloître et les principaux bâtiments devin-
rent la proie des flammes. .Le Général, voyant qu'on
ne pouvait sauver la Maison, lit tous ses efforts
pour arracher à l'incendie les nombreux manuscrits
qui composaient la bibliothèque du Couvent. «Aux
livres, mes Frères, s'écriait-il, sauvez les livres. »
Pour les Solitaires de Chartreuse, les manuscrits
étaient considérés comme leur plus précieux trésor.
Beaucoup furent cependant brûlés dans les cellules.
Le Pape Grégoire XI, qui avait succédé à Ur-
bain Y et avait hérité de son affection pour les
Chartreux, apprenant ce malheur, envoya aussitôt
à Guillaume de Raynald une somme assez consi-
dérable pour l'aider à rebâtir le Monastère. Ce no-
ble exemple fut suivi par hs Rois de France, de
Navarre et d'Angleterre, et par un grand nombre
1 Voir t. 1, pp. 2o3 et 3 12.
de Cardinaux, de princes, d'Évêques et de seigneurs.
Grâce à ces largesses, Dom Guillaume put com-
mencer les travaux de reconstruction. Cette entre-
prise était considérable, car la Grande Chartreuse
étant devenue le chef d'Ordre de cent cinquante
Maisons, il fallait de grands bâtiments pour loger
les Prieurs et leur suite, au moment du Chapitre
Général. Un appel avait été fait aux différentes
Chartreuses, mais une Ordonnance du Chapitre
de 1378 constate qu"on n'en tenait pas assez comp-
te ; c'est pourquoi il charge les Pères Visiteurs
d'établir une taxe en rapport avec l'état des reve-
nus de chaque Maison. Ces ressources étant encore
insuffisantes, Dom Guillaume se vit dans la néces-
sité d'envoyer quelques Religieux quêter en France,
en Angleterre, en Allemagne et dans la Haute-Ita-
lie. Grâce à ces aumônes, le Général put rebâtir le
Monastère dans de meilleures conditions de solidité.
Dom de Raynald qui avait survécu au Pape Ur-
bain V, mort en i3yo, et au Pape Grégoire XI,
mort en i3y8, eut la douleur de voir le schisme
déchirer l'Église et jeter la division dans son Ordre.
Par suite d'une seconde élection qui, d'après cer-
taines apparences, pouvait paraître légitime, deux
Papes se trouvaient en présence, Clément VII, à
Avignon et Urbain VI, à Rome. Ce dernier fut re-
connu comme chef de l'Église par les Chartreux
Italiens et Allemands; tandis que les autres se sou-
mirent à Clément VII qu'ils considéraient comme
légitimement élu. Les dissidents, sous l'influence du
Pape, ayant refusé de reconnaître Dom Guillaume
— 56 —
pour leur Général, Urbain VI nomma, de son
autorité propre, en i3yo , Dom Jean de Bari ,
Prieur de la Chartreuse de Trisulti, Supérieur avec
le titre de Visiteur général. Quelques années plus
tard, en 1 382, ce Religieux fut élu Général dans
un Chapitre que les Prieurs de son obédience tin-
rent dans la ville de Rome. Dès lors Dom de Bari
établit, dans la Chartreuse de Florence, le siège de
la partie de l'Ordre qui lui était soumise.
Les Chartreux de l'obédience d'Urbain VI tin-
rent, tous les ans, leur Chapitre Général dans diffé-
rents Monastères, à Rome, à Maurbac en Autriche,
à Bologne et dans d'autres Chartreuses. Mais en
i3qi, ils résolurent de tenir à l'avenir ce Chapitre
dans le Monastère de Val-Saint-Jean-Baptiste de
Seitz, au diocèse d'Aquiléja, dans la province de
Cilly: cette Maison étant la plus ancienne de celles
qui reconnaissaient, comme Souverain Pontife, Bo-
niface IX successeur d'Urbain VI.
Dom Jean de Bari étant mort en i3qi, les Char-
treux de son obédience nommèrent pour le rempla-
cer Dom Chrystophe de Maggiani, avec le titre de
Vicaire général. Au Chapitre de l'année suivante, ils
l'élurent Général. Dom Chrystophe qui résidait à
Seitz, occupa ce poste jusqu'à sa mort, en i3(>n<.
Alors les Religieux de Seitz, usant des mêmes droits
que les Solitaires du Désert de Chartreuse, élurent
eux-mêmes leur Général et choisirent pour rem-
plir ce poste un saint Religieux du nom d'Etienne
1 Sur les dispositions dos Chartreux pendant le schisme,
voir t. I, p. 404 à 40').
Maconi, Prieur de la Chartreuse de Milan et an-
cien secrétaire de sainte Catherine de Sienne1.
Pendant ces événements, les Chartreux Français
et Espagnols, ainsi que les couvents qui avaient
reconnu Clément VII, restèrent soumis à Dom Guil-
laume de Raynald. Ce Général, malgré ses démar-
ches, ses lettres et ses prières, n'eut pas la conso-
lation, avant de mourir, de voir la fin du schisme
et le retour sous son obéissance des Chartreux dis-
sidents. Il s'était mis en rapport avec Dom Etienne
Maconi et l'on possède une de ses lettres à son
compétiteur, dans laquelle il traite de la nécessité
de l'union dans l'Ordre [402'. Cette même année,
Dom Maconi avait aussi écrit, sur ce sujet, aux
Religieux de la Grande Chartreuse. Au milieu des
douleurs qui affligeaient le vénérable Général, la
Providence lui avait ménagé de douces consola-
tions; l'Ordre s'était enrichi de quarante-trois fon-
dations nouvelles.
Le Révérend Père Dom Guillaume se vit, vers
la fin de ses jours, sur le point de monter au faite
des grandeurs. Sa science et ses vertus jetaient un
tel éclat, qu'à la mort de Clément VII, en i38i),
un certain nombre de Cardinaux voulurent l'élever
au Souverain Pontificat. Son nom réunit onze voix
sur vingt-six, au premier tour de scrutin, mais le
Cardinal Pierre de Lune, par ses intrigues, lit
échouer cette candidature, et fut lui-même élu.
L'historien anonyme de la Grande Chartreuse
nous apprend, d'après le W'ius chronicon majoris
1 Sur Dom Etienne Maconi. voir t. I. p. 410.
_ 58 —
Cartasiœ, que le Pontife élu voulut au moins ho-
norer de la pourpre son compétiteur. Sur le refus
de Dom Guillaume, le Pape insista, pressa, me-
naça même, mais l'humble Chartreux répondait
toujours : « à mon âge, ce n'est point la pourpre
qu'il me faut, c'est un linceul. »
La réputation de sainteté du vénérable Général
s'était répandue au loin, et au milieu des événe-
ments graves où il se trouvait mêlé, les personna-
ges les plus éminents de l'époque étaient en rap-
ports de lettres avec lui. On possède une lettre de
sainte Catherine de Sienne à Dom Guillaume, mais
cette lettre est antérieure au schisme.
Dom Guillaume de Raynald rendit sa belle âme
à Dieu le i5 juin de l'année 1402, après avoir
gouverné l'Ordre trente-cinq ans l.
xxVin.
. R. P. DOM BONIFACE FERRIER.
1402 — 141 o.
ete
ON I FACE Ferrier, d'une noble maison de
Valence, en Espagne, naquit en [355. Avant
reçu docteur en l'un et l'autre droit, dans
* Brevis Historié ap. Martène, t. VI, col. 2o5. — Le
Coulteux, Annales cit. ms. — D' Achery , Spicilegium, t. VI,
p. 632. — Kalendarium Cartusice Vallis-bonce, p. 843 et sq.
— Doiiandus, Chronicon cit. lib. IV, cap. xxv. — Pétréius
annot. Dorl. lib. IV. — Dom Sutor, de vitet Cartusiana, lib.
II, tract. 111, cap. vu. — Tromby, Storia cit. t. VII, append.
I et II, pp. clxiii, clxvii. — Morozzo, Theat. p. 25-2Ô. —
R. P. Helyot, op. cit. — De Tracy, op. cit, p. 261. — More-
ri, Dicl. Hist. — La Grande Chartreuse, p. 77 et 79.
— ?() —
l'Université de Lérida, il exerça la magistrature
dans sa ville natale. Il acquit bientôt la réputa-
tion de jurisconsulte distingué et se maria selon
le désir de sa famille ; mais Dieu l'ayant frappé
dans ses affections terrestres, en lui enlevant son
épouse et de nombreux enfants, il résolut de se
retirer dans la solitude et de se vouer à l'état mo-
nastique. Son frère, saint Vincent Ferrier, Reli-
gieux de l'Ordre de Saint-Dominique, le confirma
dans ce pieux dessein. C'est pourquoi, après avoir
vendu ses biens, il en distribua le prix aux pau-
vres, ne conservant que ce qui était nécessaire à
l'établissement des deux fils qui lui restaient. Alors
dégagé des choses du monde, il entra chez les Char-
treux de Porta-Cœli, près de Valence, en 1396, à
l'âge de quarante et un ans.
Tout entier à sa nouvelle vocation, il fit bientôt
Profession, reçut les saints Ordres et peu après
fut élu Prieur de sa Maison. « Estant éprouvé —
dit un de ses biographes — et estimé fidel, il par-
vint bien tost au nombre des parfaicts ; car il es-
toit si humble, charitable, grave et dévotieux qu'il
ravissoit tous les autres en admiration de ses ver-
tus. » La renommée de sa sainteté, de sa science et
de sa prudente administration étant connue des Re-
ligieux de la Grande Chartreuse, ils l'appelèrent,
en 1402. quatre ans après sa Profession, à succéder
à Dom Guillaume de Raynald. Dom Boniface diri-
gea avec habileté les disciples de saint Bruno,
« estant — dit un de ses historiens — homme a dex-
tre tant pour le temporel que pour le spirituel. » Il
— bO —
résida cependant peu à la Grande Chartreuse ,
étant très souvent appelé près du Pape à Avignon.
Les circonstances étaient difficiles ; le schisme
continuait, et Benoit XIII, qui avait succédé à
Clément VII, disputait le Pontificat à Grégoire
XII, successeur de Boniface IX et d'Innocent VII.
L'Ordre des Chartreux continuait aussi à être di-
visé et possédait deux Généraux. Ces Religieux
éminemment remarquables par leurs vertus, s'affli-
geaientde cette division, et réunissaient leurs efforts
pour faire cesser cet état de choses. On a conservé
une lettre de Dom Etienne Maconi aux Religieux de
la Grande Chartreuse, dans laquelle il supplie ses
frères de faire cesser le schisme. La lettre est de 1408.
Les avances de Dom Maconi ne furent pas, dès
le principe, couronnées de succès. La désunion pro-
venant uniquement des dissensions qui déchiraient
l'Église, il fallait attendre la tin du schisme. Dès
qu'on apprit la convocation d'un Concile Général
à Pise, Dom Maconi écrivit aux Religieux de la
Grande Chartreuse et les supplia d'envoyer au
Concile deux députés pour s'entendre avec lui
sur la grave question en litige. Cette proposition
avant été accueillie avec bonheur, Dom Jean de
GritVenberg, Prieur de la Chartreuse de Paris, et
Dom JeanTirelle, Prieur de Bourg-Fontaine, furent
envoyés à Pise, où s'était rendu le Révérend Père
Dom Boniface Ferrier en 1490.
Dans le Concile, les deux compétiteurs Benoit
XIII et Grégoire XII furent déposés et Alexandre V
proclamé Pape ; les deux Généraux des Chartreux
— 6i —
avaient déjà renoncé simultanément à leur digni-
té. A la demande des députés, Dom Ferrier, pour
pacifier l'Ordre et le ramener à l'unité, donna par
écrit sa démission. Il en fit part à la Cour pon-
tificale, et tei mina ainsi sa lettre : « Statuisse Car-
« tusiœ Prioratumac Generalatum simul deponere,
« uti per has litteras depono, abdico, iisque ornni-
« no renuncio, in nomine Patris et Filii et Spi-
« ritus Sançti . » En même temps, il engageait son
compétiteur, Dom Maconi, à suivre son exemple.
Ce saint Religieux, qui avait fait lui-même les pre-
mières démarches, accepta avec empressement le
moyen qui lui était offert de rétablir l'union parmi
les Chartreux, et l'on put procéder à l'élection
d'un nouveau Général accepté par les deux partis.
Le 21 avril 1410, le Chapitre Général tint une
séance qui empruntait à la circonstance présente
une solennité tout exceptionnelle. Le Père Scribe
donna lecture de la démission du Révérend Père
Dom Boniface Ferrier, et aussitôt Dom Etienne
Maconi présent à la séance avant déclaré qu'il se
démettait de sa charge, les Définiteurs se rassem-
blèrent pour élire un Général. Dans cette grave si-
tuation, les Profès de la Grande Chartreuse avaient
cru devoir abandonner leur droit d'élection. Les
Définiteurs nommèrent à l'unanimité le Prieur de
Paris, Dom Jean de Griffenberg, l un des deux dépu-
tés au Concile de Pise. Cette élection fut acceptée
avec bonheur par les deux partis, et dès lors la paix
la plus profonde régna dans l'Ordre entier.
Cependant, Benoit XIII qui avait de fréquents
— 62 —
rapports avec Dora Ferrier l'engageait à imiter sa
résistance. Ce prélat n'avait pas accepté la décision
du Concile de Pise et avait écrit à l'ancien Géné-
ral des Chartreux, pour l'engager à rester au pouvoir
sans tenir compte de l'élection du Prieur de Paris;
la lettre est datée du 10 juin 141 o. Malgré ces exci-
tations, rien ne put faire changer la décision prise
par Dom Ferrier. Benoit XIII avait cependant in-
sisté pour l'engager à se considérer toujours comme
le Général de l'Ordre, et à exercer le pouvoir mal-
gré son abdication. Il lui proposait même de lui
donner les autorisations nécessaires à la réunion
d'un nouveau Chapitre Général dans le Monastère
qu'il jugerait convenable, et de contrebalancer ainsi
les décisions prises au dernier Chapitre tenu à la
Grande Chartreuse. Ces lettres sont datées du 18
juin et 26 septembre 1410.. Dans l'espérance de ra-
mener Pierre de Lune à de meilleurs sentiments,
Dom Ferrier resta encore quelque temps auprès
de lui, mais le voyant toujours décidé à la lutte
pour ressaisir le pouvoir et se maintenir sur le trône
pontifical, contrairement aux décrets du Concile de
Constance, il abandonna son parti et se retira dans
la Chartreuse de Porta-Cceli.
On a conservé de Dom Boniface Ferrier de nom-
breux écrits, des lettres, des sermons et divers
traités. En dehors d'un Mémoire célèbre, écrit pour
défendre les droits fort douteux de Benoit XIII, et
dans lequel le Général des Chartreux se laisse entraî-
ner par de nombreuses préventions, on cite surtout
un traité dans lequel il examine pourquoi il y a eu si
— 63 —
peu de Chartreux canonisés. L'ouvrage a pour titre :
Quare Ordo Cartusianorum non habeat multos
sanctos canoni\atos. Parmi les autres ouvrages, nous
trouvons : De ceremontis quibusdam Ordinis Car-
tusiani et de approbatione et confirmai ione Ordinis
Cartusiani à Romana Sede. Enfin une traduction
de la Bible en espagnol.
Dom Boniface Ferrier mourut dans le Monas-
tère de Porta-Cœli, au milieu des pratiques des ver-
tus religieuses, le 24 avril 141 7. Il avait gouverné
une partie de l'Ordre pendant huit ans1 .
XXIX.
R. P. DOM JEAN III.
1410 — ■ 1420.
EAN de Griffenberg, qu'on trouve encore
écrit de Griffemont ou de Frissemont, était
issu d'une noble famille Saxonne. Désireux de se
donner tout entieràDieu, il vint frapper àla porte
de la Chartreuse de Paris, fut reçu dans ce Monas-
tère, y fit Profession et en devint Prieur, quelques
1 Char ta Capituli Gêner alis an. 1407, ap. Dom Innoc. Le
Masson, Annales, lib. II, pars II, n. 10. — Ibid. lib. II, pp.
202, 204, 205. — Martène, t. II, Thesaur. Anecdotar. cap.
lxxi, col. 1484, i53o. — Id. Vêler. Scriptor. t. VII. col.
474. — D. Barthélémy Scalensis, VitaB.Stephani Maconi,
lib. III, p. 192 et sq. — Martène, Nova Anecdotar. t. II, a
fol. i4'35 ad 1534. — Sutor, de Vita Carlits. lib. II, cap.
VII. — Dom Pétréius, Bibliot. Cartus. lit. B, p. 27. — Ano-
nymus ap. Martène. Veter. Script. — Dorlandus, op. cit. lib.
IV. cap. xxvi. — Morozzo, Theatrum cit. pp. 26, 67. —
Moreri. Dict. Hist. — De Tracy, op. cit. p. 263. — La Gran-
de Chartreuse par un Chartreux, p. 94 et sq.
- 64 -
années plus tard. Pendant son Priorat, il fut en-
voyé par l'Ordre au Concile de Pise pour faire ces-
ser la division qui désolait la famille cartusienne.
Dom Jean de Grilïenberg réussit dans sjs démar-
ches et revint à la Grande Chartreuse avec la dé-
mission de Dom Boniface Ferrier et de Dom
Etienne Maconi. Dis lors, le Cnapitre Général put
se réunir, et le 21 avril 1410, les Définiteurs l'élu-
rent Général de l'Ordre.
Le nouveau Prieur de Chartreuse était renom-
mé pour sa charité envers les pauvres, mais la bon-
té de son cœur se montrait surtout dans ses rap-
ports avec ses Religieux. Par sa douceur, sa bien-
veillance et sa prudence il pacifia les esprits et
parvint à faire disparaître les derniers vestiges de
la regrettable scission qui avait divisé l'Ordre pen-
dant près de trente ans. -
Dom Jean de Gritîenberg s'endormit dais la
paix du Seigneur, aux calendes de novembre 1420,
ayant sagement gouverné, pendant l'espace de dix
années '.
XXX.
R. P. DOM GUILLAUME HT.
1420 — 1437.
PRÈS avoir fait Profession à la Grande
Chartreuse, Guillaume de la Motte était
heureux de s'entretenir seul à seul avec Dieu dans
1 Morozzo, Theatrum Chronologicum,p. 27. — DeTracy,
Vie de saint Bruno, p 264. — L'antique chronique des Pri-
65
la solitude et désirait rester simple Religieux ; mais
obligé, par obéissance, d'exercer la charge de Procu-
reur du Couvent, il remplit ce poste important, avec
une douceur, une sagesse, et une habileté si re-
marquables, qu'à la mort de Dom Jean de Grif-
fenberg, en 1420, il fut, quoique déjà fort âgé, élu
Général. Austère pour lui, il était indulgent pour
les autres. Très charitable envers les pauvres, il
était heureux de venir à leur secours. On rapporte
que dans une année de disette, il distribua une
telle quantité de froment et d'argent aux nom-
breux malheureux qui venaient demander des se-
cours^ la porte du Monastère, qu'il conservaà peine
le nécessaire pour la nourriture de ses Religieux.
Pendant sa longue carrière, Dom Guillaume ne
cessa de donner l'exemple de la mortification et de
l'austérité la plus grande. Ce saint Prieur se dis-
tingua, dit le Père Délie, « par son abstinence et
son assiduité à l'Office divin, sans que son grand
âge ou ses occupations extérieures aient été pour
lui des raisons de s'en dispenser. »
Le Révérend Père Dom Guillaume de la Motte
mourut le 18 juin 1437, après un Généralat de dix-
sept ans. L'Obituaire de ia Grande Chartreuse dit
de lui qu'il était un Religieux «de pieuse et illustre
mémoire. » Après sa mort, de nombreux miracles
constatèrent la sainteté de ce vénérable Solitaire l .
eurs de Chartreuse éditée par Dom Martène se termine au
Généralat de Jean de Griffenberg.
1 Dom Pétréius, Annot. Dorland. — Dom Couturier, op.
cit. lib. II, cap. v. — Morozzo, Theat. cit. p. 27. — De Tra-
— b6 —
XXXI.
R. P. DOM FRANÇOIS I.
1437 — 14(53.
SSU d'une noble famille espagnole, de Mur-
viedro, François Maresme prit l'habit mo-
nastique à la Chartreuse de Porta-Cœli. Il vint
à la Grande Chartreuse pour être le coadjuteur du
Révérend Père Dom Guillaume de la Motte, et re-
présenta l'Ordre au Concile de Bàle. Il était Prieur
de Montalégre, près de Barcelone, lorsqu'il fut
élevé au Généralat. On rapporte, qu'à cause de sa
piété et de son érudition, il jouissait d'une grande
influence auprès des Cardinaux. Si on en croit Dom
Pétréius, lors de l'élection du Pape on le mit sur les
rangs comme un des plus dignes, et il obtint dix voix
dans le Conclave. Morozzo qui rapporte aussi ce fait
ajoute: «Sedvir humilitatistenax et pacis Ecclesîœ
amator, tiarœ, cucullam;palatio, désertion; privato,
publicum commod im prcetulit». Le Révérend Père
Dom François Maresme fit tous ses efforts pour main-
tenir ses frères dans la soumission due au Pape
légitime; il vit avec joie l'abdication d'Amédée de
Savoie qui, sous le nom de Félix V, avait été op-
posé à Fugène IV, et salua avec enthousiasme la fin
du schisme et l'élection de Nicolas V.
Pendant la prélature de Dom Maresme, le 3o no-
vembre 1444, la Maison-basse de la Grande Char-
cy. or. cit. p. 265. — La Grande Chartreuse par un Char-
treux, p. 98.
- (>7 —
treuse, autrement dit la Correrie, fut détruite par
un incendie. Le Général mit tous ses soins à répa-
rer ce sinistre et à relever les bâtiments consumés
par le feu. Dans ce but, il eut recours aux Rois,
princes et seigneurs amis des Chartreux, mais, les
largesses des bienfaiteurs ne s'étant pas trouvées en
rapport avec le désastre, il fut obligé de faire
appel à toutes les Maisons de l'Ordre. La Carte
du Chapitre de 1446 portait : « Veuillez continuer,
augmenter même vos aumônes, car le Révérend
Père, livré à ses seules ressources, ne pourrait ter-
miner les travaux. » Deux ans plus tard, une Or-
donnance disait aux Prieurs : « Le Révérend Père
compte sur vous et rien que sur vous » et plus loin,
« nous commandons expressément à tous les Visi-
teurs de faire envoyer des subsides qui consoleront
notre Révérend Père accablé de tristesse en vovant
qu'il doit suspendre les travaux. »
En attendant de mener à bonne fin cette œuvre
importante, Dom Maresme recevait les pauvres
dans le Monastère ; il ne voulait pas qu'ils puis-
sent s'apercevoir de la ruine du bâtiment où on
les accueillait ordinairement. Dans son inépuisable
et affectueuse charité, il traitait les malheureux
non seulement avec bonté, mais avec le respect
le plus touchant. Lorsque, nous apprend l'auteur
des Ephemerides, il donnait une aumône à un
pauvre, il lui baisait la main.
La dévotion de Dom François, envers la Sainte
Vierge, le porta à faire reconstruire, aux confins
de la Grande Chartreuse, une chapelle qui porte
— 68 —
le nom de Notre-Dame-de-Casalibus, en mémoire
des premières cellules que saint Bruno avait élevées
en cet endroit, lors de la fondation de son Ordre.
Cet oratoire tombait de vétusté, le Révérend Père
le fit raser et construisit sur l'emplacement une
autre chapelle en pierres de taille. Cette pieuse
entreprise fut terminée vers la fin de juin 1452, et
Tannée suivante, Y Évêque de Grenoble, Sy boud Alle-
mand de Sichilianne, consacra ce pieux sanctuaire.
On a tracé en quelques mots le plus bel éloge
possible de Dom François Maresme : « Magnum
fecit Ordini nomen cûm suum dédit. » Ce pieux
Général, après avoir gouverné l'Ordre pendant
vingt-six ans, s'endormit du sommeil des justes,
le 1 1 des calendes de février 1463. André du Saus-
say le met au martyrologe des saints de France '.
XXXII.
R. P. D. JEAN IV.
1463 — 1472.
EAN Zeewen van Roesendael,que l'on trouve
encore écrit de Rokvendal ou de Rosendal,
était originaire de Nimègue, en Hollande. Touché
de la grâce de Dieu, il résolut de quitter le monde
pour penser d'une manière plus spéciale au salut
de son àme. Sa vocation le portant à la solitude,
1 Dom Pétréius, in notis Chron. Dort. — Morozzo,77jea-
trum chronologicum, p. 28. — Le Vasseur, Ephemerides
Cartusianœ ad diem xxm januarii. — De Tracy, op. cit.
p. 266. — Carte de 1649. — La Grande Chartreuse par un
Chartreux, pp 98,30)6,422.
- 69 -
il entra chez les Chartreux, fit Profession à Val-
bonne et ne quitta cette Maison que pour prendre
la direction du Monastère du Val-de-Bénédiction,
près d'Avignon.
La sainteté du vénérable Solitaire et L'habile
direction donnée à la Communauté qui lui était
confiée, engagèrent les Religieux de la Grande
Chartreuse à rélire, malgré son grand âge, Prieur
de leur Maison et par là même Général de l'Ordre.
La bonté, la douceur et la piété du Révérend Père
Jean étaient tellement connues de tous qu'on l'appe-
lait le Moine Angélique. Il était âgé de quatre-
vingt-un ans lors de son élection, cependant il sut
gouverner pendant l'espace de neuf ans avec une
prudence et une expérience consommées. La carte
des Généraux dit de lui qu'il possédait l'art de
régner.
Dom Jean Zeewen Van Roesendael s'endormit
paisiblement dans les bras du Seigneur, le 7 des
calendes d'août 1472'.
XXXIII.
R. P. DOM ANTOINE I.
1472 — 148 1.
E à Troyes, en Champagne, d'une pieuse
et honorable famille, Antoine Dellieux se
voua jeune encore au service de Dieu, fit Pro-
1 Dom Pétréius. in not. Chron. Dorl. — Carte des Géné-
raux de 1649. — Morozzo, Theatrum cit. p. 28. — De Tra-
cy, Vie de saint Bruno, p. 260.
fession à la Chartreuse du Val-de-Bénédiction, près
d'Avignon et devint Prieur de cette Maison. Il la
dirigeait depuis quelques années, lorsqu'il fut appelé
à prendre la succession de Dom Jean Zeeven Van
Roesendaei.
Pendant la première année de son Généralat, la
Grande Chartreuse devint de nouveau la proie des
flammes, à la fin d'octobre 1473. Des muletiers
ayant mis le feu à la cheminée de leur salle, l'in-
cendie gagnant de proche en proche réduisit en
cendres la plus grande partie du Couvent et sa belle
bibliothèque. Les Religieux étaient dans la désola-
tion, ils n'avaient aucune espérance d'être secourus:
les princes étaient en guerre les uns contre les
autres, le peuple se trouvait écrasé par les impôts,
et les ressources manquaient au Monastère pour
relever ses ruines.
Dom Dellieux ne perdit pas courage; au milieu
d'un tel désastre il mit toute sa confiance en Dieu
et entreprit les reconstructions. Un appel avait été
fait à toutes les Chartreuses, comme le constatent
les Cartes des Chapitres Généraux de 1474, 147^
et 1476; de plus, un certain nombre de prélats et
de seigneurs avaient envoyé leurs offrandes. Parmi
eux, on cite, en première ligne, Louis XI, Roi de
France, et Marguerite d'York, veuve du duc de
Bourgogne Charles-le-Téméraire.
Les Ephémérides de l'Ordre nous apprennent
quels furent les travaux exécutés par Dom Dellieux:
« Il exhaussa l'église, la couvrit en plomb, répara
la sacristie, restaura la salle du Chapitre, la cha-
pelle Saint-Pierre qui lui est contiguë -, il recons-
truisit presque de fond en comble les chambres des
Provinces qui servent d'hôtellerie et bâtit cinq cel-
lules avec le cloître qui se trouvait devant, le tout
en pierres de taille ; la construction de ces cellules
demanda des travaux considérables : il fallut, pour
trouver un emplacement suffisant et commode, cou-
per dans la montagne et transporter les terres assez
loin à grand-peine et à grands frais. »
Au milieu de toutes ces préoccupations, le Ré-
vérend Père n'oubliait pas les âmes qui lui étaient
confiées. Douéd.'une prudence remarquable et d'une
admirable charité envers tous, il travailla avec zèle
au bien spirituel de ses Religieux, fit germer les
vertus dans leur cœur et sut toujours maintenir la
régularité dans les Monastères soumis à sa juri-
diction. Sa bonté n'excluait pas la fermeté. L'auteur
des Ephemerides Cartusianœ nous en a transmis un
exemple. Galéas Sforce, duc de Milan, avait, par
ses intrigues, fait nommer Prieur de la Chartreuse
de Pavie, Dom Laurent de Ripalta ; le Révérend
Père déposa ce Supérieur élu contre toutes les
Règles et mit à sa place Dom de Lampignano, pro-
fès de Mantoue. Le duc s'en irrita et voulut chasser
les Religieux, mais Dom Antoine Dellieux maintint
sa décision, préférant s'exposer à perdre ce superbe
Monastère plutôt que d'approuver un manquement
à la Règle.
Ghorier, dans son Estât politique du Dauphiné,
fait l'éloge de Dom Dellieux en ces termes : « sa
prudence et sa charité attirèrent tous les yeux sur
/z
luy et le firent admirer des siens et des étrangers.
Le Souverain Pontife, Sixte IV, qui avait su
apprécier les vertus et la sainteté du Général des
Chartreux, le nomma Cardinal. Lorsque cette nou-
velle arriva à la Grande Chartreuse, Dom Antoine
Dellieux venait de rendre sa belle âme à Dieu,
le 14 février 1481, après avoir gouverné l'Ordre
pendant neuf années1.
XXXIV.
R. P. DOM ANTOINE IL
1481 — 1494-
NTOINE du Charne, qu'on trouve encore
appeléde Berno, était Prieur de la Chartreuse
d'Apponay, au diocèse de Nevers, lorsqu'il fut élevé
à la première dignité de l'Ordre. Humble Religieux,
dédaigneux des honneurs, il avait accepté le Géné-
ralat par obéissance; mais dans son cœur il aspi-
rait après l 'heureux moment où il pourrait rentrer
dans sa cellule comme simple Religieux et se pré-
parer à la mort par la méditation, la prière et la
pénitence.
Son gouvernement fut calme et paisible, les évé-
nements politiques n'ayant pas d'écho dans la soli-
tude des Chartreux. La régularité était parfaite et
1 Dom Pétréius, Annot. cit. — Morozzo, Theatrum cit. p. 28.
— Carte des Généraux de 1641) — De Tracy, op. cit. p. 266.
— Dom Le Vasseur, Ephmerid es Cartusiance, ms. — Chorier,
op. cit. t. II, p. 260. et sq. — La Grande Chartreuse par un
Chartreux, p. 99 et sq.
la plus grande ferveur animait tous les Religieux.
Seul, le Révérend Père n'était pas heureux ; tou-
jours il suppliait, sans succès, le Chapitre Général
de lui faire miséricorde. Enfin, dans la Visite de
la Grande Chartreuse qui eut lieu à l'issue du Cha-
pitre de 1494, les Pères Visiteurs, Dom Gérard,
Prieur de Paris, et Dom Henri, Prieur d'Anvers,
se laissèrent persuader par les raisons graves et les
vives instances du Général, et accédèrent à son
désir.
Dom Antoine du Charne, débarrassé des soucis du
pouvoir, revint, comme simple Religieux, dans sa
chère solitude d'Apponay, où il mourut regretté de
ses frères, le 3 mars ôii1.
XXXV.
R. P. DOM PIERRE IV.
1494 — i5o3.
IERRE Roux, de la famille des Roux des
Bettons, du Dauphiné, est plus connu sous
son nom latinisé de Pierre Rufi. Homme d'un talent
remarquable et d'une grande science, il avait pris
ses grades de docteur en droit civil et en droit cano-
nique, lorsque Dieu le conduisit dans la solitude.
Il fit Profession à la Grande Chartreuse, et dès
lors, «il s'appliqua— dit le Père de Tracy — à pra-
tiquer la patience, vertu nécessaire pour se vaincre
1 Morozzo, Theatrum cit. p. 28. — De Tracy, Vie de saint
Bruno, p. 267. — La Grande Chartreuse, cit. p. io3.
— 74 —
soi-même et pour pratiquer une chanté inaltérable
envers le prochain.» Ses vertus le désignèrent au
choix des Solitaires de Chartreuse; il fut élu pour
succéder à Dom Antoine du Charne qui venait de
se retirer à Apppnay. Il gouverna avec zèle et mit
tous ses soins à rendre la Chartreuse prospère tant
au spirituel qu'au temporel. D'une douce et affec-
tueuse piété, il écrivit pour l'édification de ses Re-
ligieux un commentaire sur les psaumes et le Can-
tique des Cantiques; commentaire qui a mérité les
plus grands éloges de la part des contemporains.
Dom Pierre Roux fit exécuter de grands travaux
pour rendre le Désert de Chartreuse plus accessible,
et établir le chemin qui, du Monastère, se dirige vers
le village de Saint-Laurent-du-Pont. Le Désert
paraissait inabordable de ce côté, n'ayant de com-
munications avec la plaine que par un unique sen-
tier étroit et dangereux. Dom Pierre ne recula
pas devant les difficultés presque insurmontables
que présentait ce travail. Aidé par Jean Ode, Frère
Convers de la Chartreuse du Mont- Dieu, il parvint
à réaliser son projet en «arrachant, taillant, brisant
les rochers, ou les faisant sauter avec la poudre. »
Cette route passe à Pourvoi rie, suit les sinuosités
de la montagne et domine le torrent du Guiers-
Mort; elle fut commencée, en 1495, et terminée
sous le Généralat de Dom François du Puy, suc-
cesseur de Dom Pierre.
Dès 1496, le Révérend Père Dom Pierre Roux
avait entamé, avec la Cour Romaine, des négocia-
tions pour rentrer en possession de la Chartreuse
de Calabre, fondée par saint Bruno, mais cette im-
portante négociation n'eut de résultat heureux
qu'après la mort du vénérable Général. Cette mort
précieuse devant Dieu est marquée à l'obituairc de
la Grande Chartreuse, à la date du 27 août i5o3'.
XXXVI.
R. P. DOM FRANÇOIS II.
i5o3 — i52i.
RANÇOIS DU PU Y, était originaire de
Saint-Bonnet-en-Forez. Docteur en droit
civil et en droit canonique, il acquit une grande
célébrité par sa science et son érudition, et laissa la
renommée d'un habile jurisconsulte et d'un éminent
théologien. Avant d'entrer en Chartreuse, il fut
successivement officiai de l'évêché de Valence, en
Dauphiné, et de l'évêché de Grenoble. Lorsqu'il prit
la détermination de quitter le monde pour se re-
tirer dans la solitude, il était âgé de plus de cin-
quante ans. L'Évèque de Grenoble, Laurent Alle-
mand, qui l'estimait et l'aimait, voulut chanter
lui-même la messe de sa Profession, à la Grande
Chartreuse. Dom Dj Puy fut d'abord employé aux
affaires de la Maison, mais, peu après, le Révérend
1 Dom Sutor, de Vita Cartusiana, fol. 239. — Dom Inn.
Le Masson, Annales Car tus. p. 5. — Pétréius, ut supra. —
Carta Capituli Generalis, anno 1497. — Carte des Généraux
de 1649. — Morozzo, op. cit. p. 28. — Le P. de Tracy, op.
cit. ut supra. — La Grande Chartreuse, par un Chartreux,
pp. i5, io3.
- 7<3 -
Père Pierre Roux étant mort, les Religieux qui re-
connaissaient le mérite et les vertus du nouveau
Profès l'élurent Général de l'Ordre, en r5o3.
Aussitôt arrivé au pouvoir, le nouveau Général
s'occupa de maintenir la régularité. Il était défendu
aux femmes d'entrer dans tout Couvent habité par
les Chartreux; pour donner plus de force aux Or-
donnances qui avaient été portées sur ce sujet, il
les fit approuver par le Pape Jules II. La Bulle est
datée du 7 janvier i5o6l. Afin d'empêcher aussi les
séculiers ou autres d'entrer dans les Couvents des
Moniales, le même Pape, par une Bulle du [5 juin
i5o8, menaça d'excommunication les personnes de
l'un et l'autre sexe qui entreraient dans ces Mai-
sons sans la permission du Révérend Père'2.
Dom François du Puy rendit des services signalés
à l'Ordre. Il rétablit la Grande Chartreuse qui avait
eu à souffrir des suites d'un nouvel incendie, en
i5ro. De plus, il rentra en possession de la Char-
treuse de la Tour, en Calabre, passée entre les
mains des Cisterciens. Dom du Puy continua les
négociations commencées par Dom Pierre Roux
et fut dix ans en instance pour arriver à ce résultat.
Le titre abbatial fut supprimé, en i5i3, par une
Bulle de Léon X, en date du 6 décembre1'. Le Pape
y fait un bel éloge des Chartreux, en constatant
qu'il leur rend ce Monastère, « à cause de la sain-
teté de leur vie et de leur zèle pour l'observance
régulière. »
{ Pièces justificatives, n. 28.
-Id. n. 29. — 3 Id. n. 3o.
Le Révérend Père du Puy supplia aussi le Siège
apostolique de reconnaître solennellement les vertus
et la sainteté du fondateur de l'Institut des Char-
treux. Le 19 juillet 1 5 14, Antoine, Cardinal de
Pavie, portait à la connaissance du Général, que le
Souverain Pontife Léon X, accédant aux désirs et
aux vceux qu'il avait exprimés au nom de son Or-
dre, permettait aux Chartreux de rendre dans leurs
églises un culte solennel à saint Bruno. Dom du-
Puy a écrit la première vie du saint Patriarche des
Chartreux qui ait été publiée. Elle forme un vo-
lume in-folio en caractères gothiques, et a été éditée
à Bàle par Amorbach, vers i5i5.
Quelques années auparavant, il avait fait, en col-
laboration avec Dom Grégoire Reisch, une nou-
velle Compilation des Statuts et des Ordonnances
des Chapitres Généraux qui avait aussi été impri-
mée à Bàle, en i5io, après l'approbation par le
Chapitre de i5oo,. Cette édition, petit in-folio en
caractères gothiques, est très recherchée des ama-
teurs, quoique les exemplaires soient souvent dé-
fectueux. Elle contient, en dehors des Coutumes de
Dom Guigues et des Compilations de Dom Rimer
et de Dom de Raynald, cent trente-trois Bulles,
Brefs, Lettres apostoliques et privilèges accordés
aux Chartreux jusqu'en i5o8.
Cet éminent Général est également auteur d'un
Pouillé du diocèse de Grenoble et de plusieurs au-
tres ouvrages d'un grand mérite. D'après Dom Pé-
tréius, le Révérend Père du Puy, qui était très ver-
sé dans la connaissance des Écritures et des Pères
- 78_
de l'Eglise, a composé, à l'imitation de saint Tho-
mas, une chaîne d'or des psaumes : « catena au-
rea super psalmos. » Cet ouvrage a été imprimé
à Paris en un volume in-folio, quelques années
après la mort de l'auteur. Morozzo nous apprend
que ce Général a aussi laissé un volume de lettres.
Dom François du Puy fut un des hommes les
plus célèbres de son temps. En relatant sa mort,
Chorier dans son Estât politique du Dauphiné dit:
« Enfin cet homme infatigable et toujours agissant
tomba, après beaucoup de peines, de soins et d'in-
quiétudes, dans le dernier repos, le mercredy,
17 septembre 1 52 1 . » Il avait gouverné l'Ordre pen-
dant dix-huit ans '.
XXXVII.
R. P. DOM GUILLAUME IV.
i52i — 1 535.
UILLAUME Bibauce, que Ton trouve en-
core écrit Bibauc ou Bibaut, naquit à Thielt,
dans la province de Gueldre, « d'honestes parents.»
Il fit ses études dans l'Université de Louvain, et
jeune encore fut reçu docteur. Ses talents remar-
quables engagèrent le comte de Flandre à le prendre
1 Dom Sutor, de Vita Cartus. lib. II, tract. III, cap. vu.
— Dom Pétréius, Biblioth. Cartus. p. 91. — Id. Annot. Chron.
Dorlandi. — Le P. Helyot, Hist. des Ordres Religieux, t. I,
p. 78. — Morozzo, Theat. cit, p. 28. — Le P. de Tracy, op. cit.
p. 268. — Moreri, Dict. Hist. art. Puy. — La Grande Char-
treuse par un Chartreux, p. 104.
— 79 —
comme gouverneur de ses enfants. Certain de la
protection du prince, il pouvait aspirer aux hon-
neurs, lorsqu'il prit le monde en dégoût et résolut
de se retirer dans la solitude.
Morozzo rapporte la circonstance qui décida sa
vocation. Il professait la théologie à Gand et faisait
son cours en présence d'un grand nombre d'audi-
teurs, lorsque la foudre éclata et blessa grièvement
plusieurs des personnes qui Técoutaient. Frappé de
cet événement, la pensée de la mort se présentant
à son esprit, il lit vœu de, se faire Chartreux. En
i5oo, il se retira à la Chartreuse du Val-Royal près
de Gand, où il fit Profession. Bientôt il fut nommé
Prieur du Mont-Sainte-Gertrude, en Hollande,
puis Visiteur de la province de Teutonie (Flandre
Autrichienne). Ses talents et ses vertus le désignaient
pour un poste plus élevé; en r52i, il fut appelé à
succéder à Dom François du Puy qui venait de
mourir.
Le nouveau Général édifia ses Religieux par sa
piété et son humilité. Il leur montrait l'exemple et
s'efforçait aussi par ses exhortations de les guider
sûrement dans la voie de la perfection. Dom Bi-
bauce a laissé des sermons capitulaires très remar-
quables, où il montre toutes les ressources de son
talent. Ces discours en latin, « Orationes et Con-
cioncs (lapitulares » ont été imprimés, après la
mort de l'auteur, en i53(), par les soins de Dom
Jodoc Herz, Prieur de la Chartreuse d'Erfurt. Ils
furent de nouveau imprimés en 1G10, mais l'édition
la plus complète est sortie des presses de Jacques
— 8o —
Meuri, à Anvers, en 1654. On possède encore de ce
Généra] deux petits poëmes latins, en l'honneur de
saint Joachim, père de la Bienheureuse Vierge
Marie. Us ont été reproduits, à la fin de la vie de
Notre-Seigneur Jésus-Christ par le Chartreux Dom
Ludolphe, dans l'édition in-folio imprimée à Paris,
en i534.
Dom Guillaume Bibauce resta au pouvoir jusqu'à
sa mort arrivée le 24 juillet 1 535. Ses Religieux le
pleurèrent comme un père bien aimé et le considé-
rèrent comme un élu de Dieu. Arnould de Raisse
le met au nombre des saints de la Belgique. La vie
de Dom Guillaume Bibauce a été publiée par Dom
Liévin Ammon, Chartreux du Monastère de Gand1.
XXXVIII.
R. P. DOM JEAN V.
1 535 — 1540.
N 1 535, Jean Gailhard, que Ton trouve en-
core nommé Gilhard et Guillard, Profès de
a Grande Chartreuse, fut élu Général. Par ses con-
seils, il soutint le courage des Chartreux anglais
dans la lutte qu'ils eurent à soutenir contre le Roi
Henri VIII. Nous avons rappelé, dans la quatrième
partie de cet ouvrage, les noms des Religieux
1 Dom Pétréius, an not . cit. — Chronic. Dorlandi. — ïd.Bi-
bliot. Cartus. p. 117. — Morozzo, Theatrum, Chronolog.
p. 29. — Le Père de Tracy. Vie de saint Bruno, p. 271. —
Moreri Dict. histor. art. Bibauce. — Feller, Dict. histor.
— 8i —
qui, alors aimèrent mieux souffrir le martyre
que de se soumettre au décret impie, dit de la su-
prématie. « Vesti candidœ super induent es purpu-
ream, » dit la carte des Généraux.
En souvenir de ces confesseurs de la foi, le Révé-
rend Père Jean Gailhard fit ériger une chapelle dé-
diée à saint Hugues de Lincoln, au-delà des limites
privilégiées de la Chartreuse, en un lieu appelé au-
trefois Javonet. Le Pape Paul III, à la demande de
Dom Jean, accorda à cet oratoire les indulgences at-
tachées à la chapelle de Notre-Dame-de-Casalibus -,
le Bref, daté du 10 des calendes de novembre i5-|o,
n'arriva à la Grande Chartreuse qu'après la mort
du pieux Général. Les femmes, exclues des limites
du Désert, purent par ce moyen participer aux in-
dulgences concédées par les Souverains Pontifes.
La bonté inaltérable de Dom Jean sut lui attirer
la confiance et l'affection àz ses Religieux, mais
cinq ans après son élection, il fut ravi à leur amour.
Mûr pour le ciel, Dieu l'appela à lui le 5 des ca-
lendes de juillet 1540. '
XXXIX.
R. P. DOM PIERRE V.
1 540 — 1546.
IERRE de Marnef, plus connu sous le nom
de Pierre de Leyde, sa ville natale, en Hollan-
de, avait, jeune encore, dit adieu au monde. Il était
{ Morozzo, Theatrum chrouologicum p. 3o. — Dom Pé-
tréius, Elucid. Dorlandi, ut supra. — Dom Innoc. Le Mas-
— 82 -*
venu abriter sa vertu dans un Monastère de Reli-
gieux Augustins, mais comprenant que Dieu rap-
pelait à un genre de vie plus austère, il entra à
la Chartreuse de Notre-Dame-des-Prés, à Neu-
ville, dans le Boulonnais, et y fit Profession. Ses
vertus et ses talents le signalèrent bientôt à ses
supérieurs qui l'envoyèrent remplir le poste difficile
de Vicaire des Moniales de Mont-Saint-Esprit , à
Gosnay, en Artois. Quelques années plus tard, il
fut appelé à succéder à Dom Jean Gailhard, dans
le gouvernement de l'Ordre, en 1540.
Le Révérend Père de Marnef porta tous ses soins
à maintenir la régularité dans les Monastères qui
lui étaient confiés. Les Annales de Dom Innocent
Le Masson font le plus 'grand éloge de ce Général :
Il y est dit qu'il était « Vir rigidœ observant iœ si-
tientissimus. » La Carte des Prieurs de Chartreuse
se sert des mêmes expressions, et lui attribue aussi
l'association de prières établie entre les Chartreux
et les Jésuites. Ces lettres d'association ont été re-
produites, dans l'histoire de la Société de Jésus par
Orlandino, à Tannée 1544.
Cette participation aux prières et aux mérites de
l'Ordre des Chartreux fut accordée à la Compagnie
de Jésus, par le Révérend Père de Marnef, à la
sollicitation de Dom Gérard Kalkbrenner, surnom-
mé Hammontanus, Prieur de la Chartreuse de
Cologne, qui avait voué une grande affection à
saint Ignace et aux bienheureux Pierre Canisius et
son. Annales cit, p. 252. Carte des Généraux de lOrdre . —
De Tracy. op. cit. p. 271.
83
Pierre Le Fèvre. De cette époque, date la fraternelle
alliance qui ne cessa jamais d'exister entre les Char-
treux et les Jésuites. « Douce et puissante alliance,
dit le R. P. Alet, bien faite pour rappeler aux uns
et aux autres que Marthe et Marie sont sœurs, que
la contemplation doit venir en aide à l'action et
en féconder les sueurs. Les fils de la solitude lèvent
les mains sur la montagne, pendant que la milice du
Christ combat dans la plaine : ainsi les bataillons
d'Amalec sont mis en déroute. »
Doni Pierre de Leyde ne resta pas longtemps au
pouvoir ; son Généralat dura à peine six ans. Il
mourut le 6 mai 154b1.
XL.
R. P. DOM JEAN VI.
1 546 — 1 553.
iEAN VOLON, que l'on trouve encore. écrit
JValon, se retira dans la solitude du Désert
de Chartreuse et y fit Profession. On ignore quelles
sont les charges qu'il occupa avant d'être élevé au
Généralat, en 1546. La Carte des Prieurs le repré-
sente comme remarquable par sa science et sa piété;
elle dit qu'il fut « Prudens artifex doquii mystici,
stylo et spiritu sancti Brunonis 71011 absimilis. » Le
1 Dom Inn. Le Masson, Annales cit. — Morozzo, The-t-
trum cit. p. 3o. — Arnould de Raisse, Genesis Cartusiarum
Belgii. — Orlandino, op. c/7. lib. IV. num. 106. — Carte des
Généraux.— De Tracy, op. cit. p. 272.— R. P. Alet. Le bien-
heureux Canisius, p. 60.
- 84 ~
Père de Tracy, dans ses notes sur les Généraux de
l'Ordre, se contente de rapporter qu'il « édifia ses
inférieurs par ses exemples. »
Le Père Jean Volon gouverna l'Ordre pendant
six ans et quelques mois, et remit son àme au
Seigneur, la veille des ides de février i553'.
XLI.
R. P. DOM DAMIEN LONGUANO.
[553 — [554.
AMIEN Longuano, d"une noble famille mi-
lanaise, était Profès de la Chartreuse de Pa-
vie. Il fut nommé successivement Prieur de la
Chartreuse d'Asti, dans le Montferrat, puis de Bo-
logne, en Italie. La prudence et le zèle qu'il avait
déployés dans ces deux postes, attirèrent l'attention
des Religieux de Chartreuse qui l'élurent pour suc-
céder à Dom Jean Volon, en 1 553.
Dom Damien Longuano resta à la tête de l'Ordre,
à peine une année. Le Père de Tracy, d'après la
Carte des Prieurs, dit que « ses mérites et ses vertus
eussent fait souhaiter que son gouvernement n'eût
pas fini si promptement. » Il mourut regretté de ses
Religieux, le i5 février i5542.
1 Morozzo, Theatrum cit. p. 3o. — Carte des Généraux de
1649. — Le Père de Tracy, Vie de saint Bruno, p. 2-3.
2 Dom Pétréius. Annot. Dorlandi. — Morozzo, Theatrum
cit.ut supra. — Carte des Généraux. — Le P. de Tracy. op.
cit. p. 27J.
— 85 —
XLII.
R. P. DOM PIERRE VI.
ï554 — i5<m5.
IMOUSIN d'origine, Pierre Sarde ou Sar-
des, que Ton trouve encore nommé Sar-
dene et Sardel, fît Profession à la Chartreuse
de Notre-Dame-de-Cahors, et peu après,fut nommé
Procureur de cette Maison. En i53o, il occupa la
charge de Prieur de Glandier, puis on l'appela à
diriger Port-Sainte-Marie, près de Riom, en 1 533.
Il était Prieur de Notre-Dame de Cahors, lorsqu'il
fut élevé à la première dignité de l'Ordre, en 1 554.
Ce saint Religieux donna l'exemple d'une rare
dévotion et d'un grand amour pour la solitude. Un
vieux manuscrit de la Chartreuse de Glandier dit,
en parlant de Dom Sarde: «Grand sujet de gloire
pour notre Maison, qu'un Pasteur aussi excellent. »
Sous son Généralat, la Grande Chartreuse eut
beaucoup à souffrir des courses des Huguenots. Ces
hérétiques pillèrent et brûlèrent le Monastère, le
5 juin i562. On attribue ce cinquième désastre aux
fureurs du baron des Adrets qui se trouvait alors à
la tête des bandes Calvinistes de la contrée. Dom
Pierre Sarde, qui avait prévu ce malheur, avait mis
en sûreté les objets les plus précieux du Monastère,
les reliquaires et les vases sacrés, mais n'ayant pu
emporter les manuscrits, les livres, les titres et les
archives, ils devinrent la proie de l'incendie. Lui-
même et ses Moines durent prendre la fuite pour
86
éviter la mort. La Communauté — moins deux
Religieux âgés, qui ne craignirent pas d'affronter
le danger — se réfugia à Favraz et de là se dispersa
dans différentes Maisons de l'Ordre.
Lorsque Dom Pierre Sarde revint à la Chartreu-
se, les murailles calcinées étaient seules debout;
tout le reste avait été la proie des flammes. Dans ces
circonstances malheureuses, tous les Monastères
vinrent au secours de la Maison-Mère. Grâce à leurs
offrandes, le Général put se mettre à l'œuvre pour
réparer le désastre ; mais Dieu ne lui donna pas
la consolation de voir la fin des travaux commencés
sous sa direction. Pendant trois années, le Chapitre
Général ne put se réunir à la Grande Chartreuse ;
en 1 563, les Pères Dominicains de Chambéry of-
frirent leur Maison pour la tenue du Chapitre, tan-
dis qu'en i5Ô4 et i565, il se réunit à Currières.
L'année suivante, les Prieurs purent, les travaux
étant assez avancés, tenir leur Chapitre Général à
la Grande Chartreuse.
Le Révérend Père, brisé par la vieillesse, les fa-
ligues et les soucis, demanda alors qu'on voulût
bien lui donner un Coadjuteur. La Carte du Cha-
pitre Général de cette même année nous apprend
que Dom Bernard Carasse, Prieur du Mont-Dieu
et Visiteur de Picardie « fut élu Coadjuteur et
successeur du Père Général, par Dom Pierre Sarde
lui-même et le Couvent de Chartreuse. »
Dom Bruno Loër, Vicaire de la Chartreuse de
Cologne , dédia au Révérend Père Dom Pierre
Sarde les œuvres, nouvellement éditées, de Dom
- 87 -
Lansperge , savant Chartreux Allemand, mort à
Cologne, en i53q. Morozzo attribue à Dom Pierre
rétablissement d'une association de prières entre
les Jésuites et les Chartreux; nous avons vu que
le Révérend Père Innocent Le Masson, dans ses
Annales, pense au contraire que cette association
eut lieu sous le Généralat de Dom Pierre de Mar-
nef.
Le Révérend Père Dom Pierre Sarde gouverna
l'Ordre pendant douze ans. Il s'endormit douce-
ment dans la paix du Seigneur, le 26 juillet 1 566 *.
XLIII.
R. P. DOM BERNARD II.
i566 -—i586.
OaJ] ERNARD Carasse était originaire de Tar-
agjj bes. Il embrassa la carrière des armes et
commanda un régiment sous le maréchal de Bris-
sac, dans les guerres du Piémont, sous Henri II.
Ses talents devaient lui assurer de grands succès
dans le monde, mais Dieu l'ayant appelé à une
vie plus parfaite, il donna sa démission, suivit les
cours de Sorbonne, prit ses grades en théologie et
1 Galli.i Christîana vêtus, t. IV, fol. 072. — Dom Pé-
tréius, ut supra. — Carte des Généraux de 1649. — Moroz-
zo. Theatrum cit. — Galendarium Domus Glanderii, ms. —
De Tracy, p. 274. — Chorier, Histoire du Dauphiné, t. II,
p. 559 et Estât politique, t. II, p. 259. ap. La Grande
Chartreuse par un Chartreux, p. 107 et sq. — J. Brunet,
Notice sur Glandier p. 54.
— 88 —
fat pourvu d'un canonicat dans la collégiale de
Saint-Benoît. A cinquante ans, désireux de se retirer
dans la solitude, il fit Profession dans la célèbre
Chartreuse de Paris. Dans la suite, il fut nommé
Prieur du Monastère du Mont-Dieu, au diocèse de
Reims et Visiteur de la province de Picardie. Élu
Coadjuteur du Révérend Père Dom Pierre Sarde,
en 1 566, il devint dans cette même année, Général
de TOrdre, à la mort de ce dernier.
Dom Carasse continua les constructions com-
mencées par son prédécesseur, mais dans sa vive
piété, il voulut attirer la protection du ciel sur son
œuvre -, c'est pourquoi, il établit les deux fêtes so-
lennelles de sainte Anne et de saint Joseph. Ges
travaux de restauration* du Monastère ne lui fai-
saient pas perdre de vue le bien spirituel des nom-
breux Religieux qu'il avait à gouverner. Pour éta-
blir une régularité parfaite dans la discipline de
toutes les Maisons de l'Ordre, il fit une nouvelle
Compilation des Statuts. Déjà en 1572, le Chapitre
Général avait décidé que les Coutumes du Véné-
rable Guigues et les Ordonnances, qui se trouvaient
dispersées, tant dans les anciens Statuts que dans
les nouveaux, devaient être réunies et qu'on éli-
minerait les Règlements et les usages tombés en
désuétude ou supprimés par le Chapitre Général,
comme n'étant plus en rapport avec les récents
décrets du Concile de Trente sur la discipline
monastique.
Pendant que Dom Bernard Carasse s'occupait
de ce travail si important pour l'Ordre, quelques
— 8q —
Religieux ayant appris la résolution du Chapitre
Général, présentèrent des réclamations et employè-
rent l'influence des séculiers pour obtenir différen-
tes dispenses des austérités de la Règle. Le Révé-
rend Père et le Chapitre Général se refusèrent éner-
giquement à céder aux novateurs. Ces réclamations
occasionnèrent cependant un retard dans la publi-
cation de la Nouvelle Collection des Statuts. Dom
Carasse avait présenté son travail, en i5y8, et il ne
fut publié qu'en i58i, après avoir été confirmé par
trois Chapitres Généraux et avoir reçu l'assentiment
du Souverain Pontife, Grégoire XIII. Nous som-
mes entré dans des détails plus circonstanciés, sur
ce sujet, dans la seconde partie de cet ouvrage ' .
Le Révérend Père Dom Carasse porta aussi ses
soins à la révision du bréviaire cartusien. De plus,
nous apprend Dom La Pierre, dans ses annotations
de la chronique de Dom Dorland, il fit éditer en
1 585, « les homiliaires de l'Ordre, lesquels estoient
auparavant manuscripts et maintenant par sa dili-
gence sont imprimez à Lion, aux frais et dépens
de la Grande Chartreuse, avec de très belles prin-
tes de Theobaldus Ancélinus. »
Dom Carasse, qui avait une dévotion toute par-
ticulière envers la Sainte-Vierge, fit exécuter, vers
i58o, d'importantes réparations à la chapelle de
Notre-Dame-de-Casalibus, où il aimait à aller sou-
vent prier. L'éloge de ce Général a été retracé par
Morozzo, d'après une lettre d'Etienne de Salazar
' Voir t. I. p. 220.
— 90 —
sur l'Ordre des Chartreux. Ii dit : « Chorum hune
ducit admirabilis quidam et divinus senex, nomine
Bernardus, cognomine Carassus* patriâ Tarbensis,
œtate octogenarius, ardore pietatis sic incensus,
ut chm tôt domesticce administrationis et totius
Reipublicœ cartusianœ negotiis obruatur, non die
non nocte ab aclibus conventualibus abest, perinde
ac si modo in anno probationis et Ordinis tyroci-
nio versaretur. Non victu, non vestitu, sed inde-
fesso labore, animi tranquillitate, modestiâ, justi-
tiâ, œquitatef cœterisque principe dignis virtuti-
bus omnibus prœlucet. » N'est-ce pas en effet très
édifiant de voir ce vieux Général octogénaire assis-
ter à tous les exercices conventuels de jour et de
nuit, prêchant d'exemple par sa soumission à la
Règle. La Carte des Prieurs ajoute un trait à cet
éloge, en disant que dans sa haute dignité il sut
toujours conserver l'humilité la plus profonde.
Le Révérend Père Dom Bernard Carasse s'en-
dormit dans le Seigneur, le 8 septembre i586. Un
témoin oculaire, Dom Nicolas Molin, coadjuteur de
la Grande Chartreuse, rapporte ainsi les derniers
moments de ce saint Religieux. « En i58(5, le Ré-
vérend Père Général, après avoir passé un mois à
Currières pour tâcher de remettre sa santé, revint
en Chartreuse le vendredi 22 août, sentant bien
qu'il était arrivé au terme de sa vie. Il ne voulut
plus s'occuper d'aucune affaire, et, au lieu d'habiter
l'appartement destiné au Révérend Père, il se fit
conduire au cloître, dans la cellule marquée autre-
fois de la lettre D. Le jour de saint Augustin, il
— 9i —
reçut l'extrême-onction ; le dimanche 7 septembre,
ayant remarqué que le révérendissime seigneur
William Chelsolm — ancien Evèque de Dunblane,
en Ecosse, puis de Vaison dans le Comtat-Venais-
sin — avait les veux pleins de larmes, il lui dit :
Réservez vos larmes pour demain, et il disait vrai.
Le lendemain, fête delà Nativité de la Très-Sainte-
Vierge, il envoya Dom Coadjuteur à Notre-Dame-
de-Casalibus pour la saluer en son nom et y dire
la sainte messe. Après le dîner, la Communauté
au sortir de l'église fut admise dans la chambre
du Révérend Père ; il avait conservé toute sa pré-
sence d'esprit et donna sa bénédiction aux Reli-
gieux. Le soir, au moment où Ton sonnait les
Indulgences, il rendit doucement son âme à Dieu. »
Dom Bernard Carasse avait dirigé l'Ordre pendant
vingt ans ' .
XLIV.
R. P. DOM JÉRÔME I.
[586— i588.
SSU d'une famille Italienne, Jérôme Ligna-
no fit Profession à la Chartreuse de Milan
et fut nommé, quelques années après, Prieur de
la Maison de Bologne. Il occupait encore ce poste
1 Dom Pétréius,traduct. d'Adrien Driscart, p. 327. — Dom
Inn. Le Masson, Annales, p. 252. — Le Père Helyot, op. cit.
t. I. — Morozzo, Theat. cit. p. 3i. — De Tracy, op. cit. p.
274. — La Grande Chartreuse, cit. p. 1 1 1 et sq.
— 02 —
lorsqu'il fut élu Général , vers la fin de Tannée
1 586. D'après le Père Délie, ce Religieux d'une
santé délicate ne put supporter le rude climat des
Montagnes du Dauphiné et par là même se trouva
dans la nécessité de donner sa démission qui fut
acceptée, en 1 588-
Les Ëphemerides Cartusianœ, manuscrit conservé
à la Grande Chartreuse, nous ont transmis les cir-
constances qui précédèrent la démission de Dom
Lignano. A la mort du Révérend Père Dom Ca-
rasse, quelques Religieux formèrent le projet de
faire transférer le Général de l'Ordre dans la splen-
dide Chartreuse de Pavie, se préoccupant peu, sans
doute, de déposséder - la Grande Chartreuse de
son plus grand privilège. A la tête du complot se
trouvait Dom Matthias Cortin, Profès du Couvent
de Paris, Vicaire de la Grande Chartreuse. Celui-ci,
pour mieux réussir dans son projet, fit ses efforts
pour faire nommer un Italien, comme Général, et
son choix tomba sur Dom Jérôme Lignano. Il mit
donc tout en œuvre afin de réaliser le plan médité
et intrigua auprès des Religieux de Chartreuse en
faveur de son candidat. Toutefois, malgré ses dé-
marches et ses conseils, la majorité des suffrages de
la Communauté se porta sur un Prieur français,
Dom Jean de l'Escluse.
Sous l'influence de Dom Cortin, Dom Jean Bo-
ette, Profès de Bourg-Fontaine, Prieur de Saint-
Hugon, et Dom Fiacre Billard, Profès de Paris,
docteur de Sorbonne, Prieur d'Aillon, qui prési-
daient à l'élection, prétextèrent quelques vices de
— g 5 —
forme et demandèrent un second tour de scrutin.
Cette fois, Dom Lignano réunit les suffrages, et les
deux présidents confirmèrent l'élection.
Dom Jérôme Lignano ne paraît pas avoir trempé
dans l'intrigue ourdie par Dom Cortin ; mais ne
pouvant se rendre de suite à la Grande Chartreuse,
à cause d'une grave maladie qui le retenait a Bolo-
gne, il nomma comme Vicaire Général de l'Ordre
l'auteur de son élévation au Généralat, Dom Ma-
thias Cortin.
Le projet des conspirateurs étant connu, les Re-
ligieux furent indignés, et lorsque le Chapitre Géné-
ral de 1 588 se réunit, Dom Lignano, dans son
amour pour la paix, se démit de ses fonctions et
demanda à retourner dans la Chartreuse de Bolo-
gne, ce qui lui fut accordé. Pendant le peu de temps
que ce Général fut au pouvoir, il fit imprimer, nous
apprend Dom Pétréius, « in magno folio, » toutes
les hymnes qui sont en usage dans l'Ordre.
Dom Lignano mourut au village d'Epernay, près
d'Entremont-le- Vieux, en Savoie, à quelques lieues
du désert de Chartreuse, lorsqu'il retournait en
Italie, après la tenue du Chapitre Général de 1 588.
Ramené au Couvent, il fut enterré dans le cime-
tière réservé aux Généraux. Morozzo pense que
cette mort arriva le 24 mai '.
1 Dom Pctréius, ut supra. — Dom Le Vasseur, Ephemerides
Cartusianœ, ms. au 19 avril, supplément. — Arch. de la
Grande Chartreuse, Pièces diverses, n. 52. — Eug. Burnier.
Chartreuse de Saint-Hugon, p. 143. — Morozzo, Tlieat.
cit. p 3i. — Le Père de Tracy, op. cit. p. 275.
— Q2 —
lorsqu'il fut élu Général , vers la fin de Tannée
1 586. D'après le Père Délie, ce Religieux d'une
santé délicate ne put supporter le rude climat des
Montagnes du Dauphiné et par là même se trouva
dans la nécessité de donner sa démission qui fut
acceptée, en 1 588.
Les Ephemerides Cartusianœ, manuscrit conservé
à la Grande Chartreuse, nous ont transmis les cir-
constances qui précédèrent la démission de Dom
Lignano. A la mort du Révérend Père Dom Ca-
rasse, quelques Religieux formèrent le projet de
faire transférer le Général de l'Ordre dans la splen-
dide Chartreuse de Pavie, se préoccupant peu, sans
doute, de déposséder - la Grande Chartreuse de
son plus grand privilège. A la tête du complot se
trouvait Dom Matthias Cortin, Profès du Couvent
de Paris, Vicaire de la Grande Chartreuse. Celui-ci,
pour mieux réussir dans son projet, fit ses efforts
pour faire nommer un Italien, comme Général, et
son choix tomba sur Dom Jérôme Lignano. Il mit
donc tout en œuvre afin de réaliser le plan médité
et intrigua auprès des Religieux de Chartreuse en
faveur de son candidat. Toutefois, malgré ses dé-
marches et ses conseils, la majorité des suffrages de
la Communauté se porta sur un Prieur français,
Dom Jean de l'Escluse.
Sous l'influence de Dom Cortin, Dom Jean Bo-
ette, Profès de Bourg-Fontaine, Prieur de Saint-
Hugon, et Dom Fiacre Billard, Profès de Paris,
docteur de Sorbonne, Prieur d'Aillon, qui prési-
daient à l'élection, prétextèrent quelques vices de
— cp —
forme et demandèrent un second tour de scrutin.
Cette fois, Dom Lignano réunit les suffrages, et les
deux présidents confirmèrent l'élection.
Dom Jérôme Lignano ne paraît pas avoir trempé
dans l'intrigue ourdie par Dom Cortin ; mais ne
pouvant se rendre de suite à la Grande Chartreuse,
à cause d'une grave maladie qui le retenait a Bolo-
gne, il nomma comme Vicaire Général de l'Ordre
l'auteur de son élévation au Généralat, Dom Ma-
thias Cortin.
Le projet des conspirateurs étant connu, les Re-
ligieux furent indignés, et lorsque le Chapitre Géné-
ral de 1 588 se réunit, Dom Lignano, dans son
amour pour la paix, se démit de ses fonctions et
demanda à retourner dans la Chartreuse de Bolo-
gne, ce qui lui fut accordé. Pendant le peu de temps
que ce Général fut au pouvoir, il fit imprimer, nous
apprend Dom Pétréius, « in magno folio, » toutes
les hymnes qui sont en usage dans l'Ordre.
Dom Lignano mourut au village d'Épernay, près
d'Entremont-le-Vieux, en Savoie, à quelques lieues
du désert de Chartreuse, lorsqu'il retournait en
Italie, après la tenue du Chapitre Général de 1 588.
Ramené au Couvent, il fut enterré dans le cime-
tière réservé aux Généraux. Morozzo pense que
cette mort arriva le 24 mai L
1 Dom Pctréius, ut supra. — Dom Le Vasseur, Ephemerides
Cartusianœ, ms. au 19 avril, supplément. — Arch. de la
Grande Chartreuse, Pièces diverses, n. 52. — Eug. Burnier,
Chartreuse de Saint-Hugon* p. 143. — Morozzo, Tlieat.
cit. p 3i. — Le Père de Tracy, op. cit. p. 275.
— 94 —
XLV.
R. P. DOM JÉRÔME II.
i588 — i5q4.
N 1540, Jérôme Marchand naquit à Auxi-
le-Chàteau, au diocèse d'Arras ; il eut le
Donneur d'avoir une mère pieuse qui, par ses exem-
ples et ses conseils, sut inculquera son fils les nobles
sentiments qui le dirigèrent jusqu'à la fin de sa
carrière. Après avoir terminé ses études avec suc-
cès, Jérôme Marchand reçut les Ordres, puis se
dévoua pendant quelque temps à l'instruction des
enfants pauvres d'Auxi-le-Château. Appelé à ensei-
gner les humanités au collège d'Abbeville, il con-
nut les Chartreux établis dans les environs, au
faubourg de Thuison, les visita souvent, se sentit
attiré par les attraits de la solitude et demanda
bientôt à être reçu parmi ces pieux Anachorètes.
Agé de vingt-deux ans, Jérôme Marchand prit
l'habit dans la Chartreuse de Saint-Honoré d'Ab-
beville, en i5Ô2. Quelques années après sa Profes-
sion, il fut nommé Procureur du Couvent. Dom
Bernard Carasse, alors Visiteur de la Province de
Picardie, remarqua ce jeune Religieux, et lorsqu'il
fut nommé Général de TOrdre, il l'appela près de
lui. Dom Marchand renouvela à la Grande Char-
treuse son vœu de stabilité, selon l'usage observé
alors, mais aboli ensuite par les Statuts de 1578.
Depuis cette époque, lorsqu'un Religieux est trans-
— cp —
féré dans un autre Monastère, il n'a point voix
au Chapitre.
A la Grande Chartreuse, Dom Marchand fut nom-
mé Procureur. Dans cette charge, nous apprend
le Père Délie, il s'appliqua plus à soulager les pau-
vres et les malheureux qu'à augmenter les biens
dont il avait l'administration. Dans l'obédience de
Vilette et de Saint-Etienne de Crossey, il était con-
sidéré comme le père des pauvres. Dans la lépro-
serie qui était proche, il soignait lui-même, avec
bonheur, les lépreux recueillis dans l'hôpital bâti
près du Monastère, leur disait la messe, les exhor-
tait à la patience et poussait son affection pour
eux jusqu'à les embrasser. Mais, dit Chorier « Le
Père Général Dom Carasse qui eut sujet d'en ap-
préhender les suittes, luy deffendit de les aborder,
à l'avenir, de si prez, et lui recommanda d'accorder
la retenue avec le zèle. »
Dom Jérôme fut nommé successivement secré-
taire du Général, Vicaire et enfin Maître des No-
vices. En i585, on l'envoya à Lyon pour y traiter
de la fondation d'une nouvelle Chartreuse, dont il
fut le premier Prieur. Il occupait encore ce poste,
lorsqu'on l'appela à remplacer Dom Jérôme Li-
gnano. C'était pendant le Chapitre de 1 588. Aussi-
tôt que Dom Marchand connut le résultat du vote,
il se cacha et ne lit part qu'à un seul Religieux du
lieu de sa retraite. Malgré les recherches, on ne put
le découvrir ; mais ayant appris que le Chapitre
Général menaçait d'excommunication quiconque
saurait l'endroit où il se tenait caché et ne viendrait
— qN —
l'émulation des Religieux de la Grande Chartreuse
que le Père Vicaire se trouva dans l'obligation de
faire une visite dans toutes les cellules, afin d'en-
lever certains instruments avec lesquels quelques
Solitaires se donnaient la discipline trop rigoureu-
sement et au détriment de leur santé.
La charité de Dom Jérôme Marchand répon-
dait à sa piété ; il aimait les pauvres, les accueillait
avec bonté, les secourait avec générosité et savait
trouver une parole de consolation pour chacun
d'eux ; de telle façon qu'il en était journellement
assailli et qu'on en voyait toujours à la porte de sa
cellule. Dom Le Vasseur, dans ses Ephemerides,
nous rapporte que « Souvent il appelait quelque
petit mendiant, le faisait mettre à table dans sa
chambre, lui donnait son dîner et se contentait des
croûtes de pain sales et dures qu'il trouvait dans le
bissac de l'enfant. Dom Jérôme lui demandait en-
suite sa bénédiction et lui suggérait en quels ter-
mes il devait la donner : Seigneur mon Dieu, di-
sait le petit pauvre, bénisse; le frère Jérôme Mar-
chand qui est un misérable pécheur. Le Révérend
Père remettait ensuite au guichet les assiettes, bien
vides cette fois, et le Frère dépensier qui connais-
sait la mortification de son Supérieur, s'étonnait
et se réjouissait de voir qu'il eût mangé de si bon
appétit. Dom Jérôme donnait tout ce qu'il avait à
son usage, jusqu'à ses vêtements. »
Parmi les pauvres, ceux pour lesquels il avait
une prédilection plus particulière étaient les lé-
preux : « Leur difformité et l'horreur de cette ma-
— 99 —
ladie estaient des charmes et des appas à sa cha-
rité . » On rapporte qu'un jour il fit entrer un lé-
preux dans sa cellule, le coucha dans son lit et le
soigna en secret. Le Procureur du Couvent, Dom
Nicolas Molin, ayant besoin de parler au Général
et ignorant qu'il était absent, entra dans sa cellule.
Quelle ne fut pas sa surprise de trouver ce malheu-
reux dans le lit de Dom Marchand. Le Procureur
le fit sortir, mais le saint ' Général le rappela aus-
sitôt et le conserva jusqu'à ce qu'il fût guéri.
Ce vénérable Supérieur ne voulait gouverner que
par la douceur, et ses ordres paraissaient plutôt
être une prière qu'un commandement ; aussi ses
Religieux acceptaient-ils, avec reconnaissance, des
avis donnés avec tant de bonté et de bienveillance.
Il possédait le don de toucher les cœurs. Plus d'une
fois, des voyageurs qui étaient venus par curiosité
à la Grande Chartreuse restèrent au milieu des So-
litaires, captivés par les discours et les exemples de
Dom Marchand.
Dieu éprouva, par de grandes peines, la patjence
de son serviteur. Vers la fin de 1 588, la grange de
Chartreusette, la tannerie et la Correrie devinrent
la proie des flammes. A cette nouvelle, Dom Jérô-
me ne se laissa pas abattre, mais adorant les secrets
desseins de Dieu, il se mit à genoux, avec ceux
qui se trouvaient près de lui et récita le Te Deuin
laudamus, afin de louer Dieu aussi bien dans l'ad-
versité que dans la prospérité.
Vers cette époque, la Grande Chartreuse eut beau-
coup à souffrir des exactions des gens de guerre
— 98 —
l'émulation des Religieux de la Grande Chartreuse
que le Père Vicaire se trouva dans l'obligation de
faire une visite dans toutes les cellules, afin d'en-
lever certains instruments avec lesquels quelques
Solitaires se donnaient la discipline trop rigoureu-
sement et au détriment de leur santé.
La charité de Dom Jérôme Marchand répon-
dait à sa piété; il aimait les pauvres, les accueillait
avec bonté, les secourait avec générosité et savait
trouver une parole de consolation pour chacun
d'eux ; de telle façon qu'il en était journellement
assailli et qu'on en voyait toujours à la porte de sa
cellule. Dom Le Vasseur , dans ses Ephemertdes,
nous rapporte que « Souvent il appelait quelque
petit mendiant, le faisait mettre à table dans sa
chambre, lui donnait son dîner et se contentait des
croûtes de pain sales et dures qu'il trouvait dans le
bissac de l'enfant. Dom Jérôme lui demandait en-
suite sa bénédiction et lui suggérait en quels ter-
mes il devait la donner : Seigneur mou Dieu, di-
sait le petit pauvre, bénisse- le frère Jérôme Mar-
chand qui est un misérable pécheur. Le Révérend
Père remettait ensuite au guichet les assiettes, bien
vides cette fois, et le Frère dépensier qui connais-
sait la mortification de son Supérieur, s'étonnait
et se réjouissait de voir qu'il eût mangé de si bon
appétit. Dom Jérôme donnait tout ce qu'il avait à
son usage, jusqu'à ses vêtements. »
Parmi les pauvres, ceux pour lesquels il avait
une prédilection plus particulière étaient les lé-
preux : « Leur difformité et l'horreur de cette ma-
— 99 —
ladie estaient des charmes et des appas à sa cha-
rité . » On rapporte qu'un jour il fit entrer un lé-
preux dans sa cellule, le coucha dans son lit et le
soigna en secret. Le Procureur du Couvent, Dom
Nicolas Molin, ayant besoin de parler au Général
et ignorant qu'il était absent, entra dans sa cellule.
Quelle ne fut pas sa surprise de trouver ce malheu-
reux dans le lit de Dom Marchand. Le Procureur
le fit sortir, mais le saint ' Général le rappela aus-
sitôt et le conserva jusqu'à ce qu'il fût guéri.
Ce vénérable Supérieur ne voulait gouverner que
par la douceur, et ses ordres paraissaient plutôt
être une prière qu'un commandement ; aussi ses
Religieux acceptaient-ils, avec reconnaissance, des
avis donnés avec tant de bonté et de bienveillance.
Il possédairle don de toucher les cœurs. Plus d'une
fois, des voyageurs qui étaient venus par curiosité
à la Grande Chartreuse restèrent au milieu des So-
litaires, captivés par les discours et les exemples de
Dom Marchand.
Dieu éprouva, par de grandes peines, la patience
de son serviteur. Vers la fin de 1 588, la grange de
Chartreusette, la tannerie et la Correrie devinrent
la proie des flammes. A cette nouvelle, Dom Jérô-
me ne se laissa pas abattre, mais adorant les secrets
desseins de Dieu, il se mit à genoux, avec ceux
qui se trouvaient près de lui et récita le Te Deum
laiidamus, afin de louer Dieu aussi bien dans l'ad-
versité que dans la prospérité.
Vers cette époque, la Grande Chartreuse eut beau-
coup à souffrir des exactions des gens de guerre
100
qui occupaient tous les défilés des montagnes. Les-
diguières s'était emparé, pour le Roi de France, des
châteaux des Échelles et de Mirebel, mais il ne put
les conserver; l'année suivante. 1592, le duc de
Savoie les reprit aux Français et les hostilités conti-
nuèrent.N'étant plus en sûreté dans le Désert, Dom
Marchand dut se retirer à la Chartreuse d'Aillon,
en Savoie. Il y passa une partie de l'été de i5o,2,
et ne revint à la Grande Chartreuse qu'au mois d'oc-
tobre ; il ne put jouir longtemps de la paix et de la
tranquillité qu'il espérait y trouver. Un grand mal-
heur vint bientôt éprouver de nouveau la constance
du serviteur de Dieu. Le jeudi, 3i octobre 1092,
veille de la Toussaint, le Monastère fut presque en-
tièrement détruit par un nouvel incendie.
L'auteur anonyme de La Grande Chartreuse
cite, d'après les Ephemerides de Dom Le Vasseur,
certains détails sur la conduite tenue dans cette
circonstance douloureuse par Dom Marchand. Lors-
qu'on vint avertir le Révérend Père que le feu ve-
nait de se déclarer dans le Monastère et menaçait
de prendre des proportions effrayantes, Dom Jé-
rôme « se reniit, non point sur le lieu du sinistre,
mais droit à l'église \ ayant ouvert le tabernacle,
il prit le saint Ciboire entre ses mains et resta age-
nouillé au pied de l'autel, dans le plus profond re-
cueillement. Les Religieux , après avoir travaillé
quelque temps à maîtriser, mais en vain, la violence
de l'incendie, venaient, l'un après l'autre, s'age-
nouiller autour de leur Supérieur et prier avec lui.
Les flammes approchaient toujours : déjà ia toiture
10
de L'église était en feu , bientôt les cordes qui
soutenaient les lampes du sanctuaire et du chœur
furent brûlées et les lampes tombèrent avec bruit
sur le pave ; le Révérend Père comprit à ce signe
qu'il était temps de partir : accompagné de tous
ses Religieux il se rendit en procession à Notre-
Dame-de-Casalibus pour y déposer la Sainte-Eu-
charistie. Lorsqu'il arriva au pré du Cernay, sur
cette éminence qui domine tout le Monastère, Dom
Jérôme se tourna vers la Chartreuse en flammes,
la bénit avec le Très-Saint-Sacrement et pronon-
ça ces simples mais touchantes paroles : Sit no-
men Domini benedictum in sœcula. Il passa toute
la nuit en prière dans la chapelle de Casalibus,
et répétait à chaque instant : Dieu a tout bien
fait, Dieu a tout bien fait, que son saint Nom soit
béni !
« Les Religieux se logèrent comme ils purent
à la Correrie et à Currière, mais le Père Général,
Dom Procureur et Dom Sacristain, s'établirent
au milieu des ruines : Dom Procureur pour être
plus à même de travailler efficacement à réparer
les désastres, le Révérend Père Général et Dom
Sacristain pour représenter la Communauté ; ils
disaient ensemble, aux heures ordinaires, tous les
Offices de jour et de nuit, avec les leçons ex
integro ; ils priaient au nom de toute la Maison et
ne voulaient point , malgré l'absence forcée des
Religieux, que les louanges du Seigneur fussent
interrompues dans l'église de la Grande Char-
treuse. »
— 104 —
lèrcnt de ses yeux, pendant toute la cérémonie. Ce
fut la dernière fois qu'il officia : depuis, ses souf-
frances l'obligèrent à garder la cellule.
Les douleurs que Dom Marchand supportait avec
tant de courage et d'énergie, ne laissaient pas pres-
sentir à ses Religieux que le moment de la sépa-
ration approchait: mais lui, éclairé sans doute par
une grâce divine, voulut se préparer à paraître de-
vant son Dieu. Il demanda le saint Viatique et
quoique perclus de goutte il se leva et reçut à ge-
noux la Sainte-Eucharistie. «A la fin — dit Chorier
dans son Estât politique du Dauphin: — il désira,
comme l'Apôtre, de mourir et d'être avec Jésus-
Christ. Ce violent désir abattit ses forces. Il avait
dit à ses amis, après le Chapitre Général de i5qj,
qu'ils ne le verraient plus, ni lui, d'autres Cha-
pitres Le samedi, dix-septième jour du mois
de septembre, il se mit au lit et ne s'en releva plus.
Néanmoins, ni les Religieux ni les médecins ne
voyaient point en lui de signe de maladie. On ju-
geait bien qu'il n'était pas malade, à moins que la
haine de la vie ne fût sa maladie, et elle l'était. Dieu
l'écouta. Il entra en agonie sans que l'on reconnût
qu'il fut malade et y demeura quarante heures. »
Le Révérend Père Dom Jérôme Marchand s'en-
dormit dans le Seigneur, le 26 septembre i5o,4, à
trois heures de l'après-midi, laissant, au milieu de
ses frères, le souvenir impérissable de ses exemples
et de ses vertus. On a conservé quelques traités sor-
tis de sa plume, entre autres un ouvrage resté ma-
nuscrit qui a pour titre : Exhortation à la pratique
des vertus. Ce traité montre de la part de l'auteur
une connaissance approfondie de la Sainte-Ecri-
ture '.
XLVI.
R. P. DOM JEAN VIL
ID94 — U)00.
EAN Michel de Vesly était originaire de
Coutances. Dégoûte du monde, il vint s'en-
sevelir dans la solitude de la Chartreuse de Paris,
où il fit Profession. « Il estoit d'une très petite taille
et d'une très haute vertu », dit une chronique con-
temporaine. Ses talents et ses vertus le désignèrent
aux suffrages des Chartreux de Paris qui l'élurent
Prieur de leur Maison. Il gouvernait depuis long-
temps ce Monastère, avec une rare prudence, lors-
que la Grande Chartreuse l'appela à prendre la suc-
cession de Dom Jérôme Marchand, en 1 594.
Le nouveau Général continua la restauration du
Monastère commencée par son prédécesseur, et ré-
para, non sans peine, les dégâts occasionnés par
l'incendie de 1592. Les temps étaient difficiles ; la
1 Dom Le Vasscur, Ephemerides Cartusiance, 26 septembre.
— Archives de la Grande Chartreuse, Pièces diverses n. 52.
— Histoire des Antiquités de t 'État Monastique, par le P. Délie.
— Morozzo,o/?. cit. p. 3i. — Carte des Généraux, de 1649. —
Moreri. Dict. histor. art. Marchant. — De Tracy, op. cit.
p. 276 et sq. — La Grande Chartreuse par un Chartreux,
p. 121 etsq. — Chorier, Estât politique du Dauphiné, t. II.
pp. 279. 281 .
— 104 —
lèrent de ses veux, pendant toute la cérémonie. Ce
fut la dernière fois qu'il officia : depuis, ses souf-
frances l'obligèrent à garder la cellule.
Les douleurs que Dom Marchand supportait avec
tant de courage et d'énergie, ne laissaient pas pres-
sentir à ses Religieux que le moment de la sépa-
ration approchait: mais lui, éclairé sans doute par
une grâce divine, voulut se préparer à paraître de-
vant son Dieu. Il demanda le saint Viatique et
quoique perclus de goutte il se leva et reçut à ge-
noux la Sainte-Eucharistie. «A la fin — dit Chorier
dans son Estât politique du Dauphiné — il désira,
comme l'Apôtre, de mourir et d'être avec Jésus-
Christ. Ce violent désir abattit ses forces. Il avait
dit à ses amis, après le Chapitre Général de 1594,
qu'ils ne le verraient plus, ni lui, d'autres Cha-
pitres Le samedi, dix-septième jour du mois
de septembre, il se mit au lit et ne s'en releva plus.
Néanmoins, ni les Religieux ni les médecins ne
voyaient point en lui de signe de maladie. On ju-
geait bien qu'il n'était pas malade, à moins que la
haine de la vie ne fût sa maladie, et elle l'était. Dieu
l'écouta. Il entra en agonie sans que l'on reconnût
qu'il fût malade et y demeura quarante heures. »
Le Révérend Père Dom Jérôme Marchand s'en-
dormit dans le Seigneur, le 26 septembre i5q4, à
trois heures de l'après-midi, laissant, au milieu de
ses frères, le souvenir impérissable de ses exemples
et de ses vertus. On a conservé quelques traités sor-
tis de sa plume, entre autres un ouvrage resté ma-
nuscrit qui a pour titre: Exhortation à la pratique
i or»
des vertus. Ce traité montre de la part de l'auteur
une connaissance approfondie de la Sainte-Écri-
ture '.
XLVI.
R. P. DOM JEAN VII.
094 — IÙOO.
EAN Michel de Vesly était originaire de
Coutances. Dégoûté du monde, il vint s'en-
sevelir dans la solitude de la Chartreuse de Paris,
où il fit Profession. «Ilestoit d'une très petite taille
et d'une très haute vertu », dit une chronique con-
temporaine. Ses talents et ses vertus le désignèrent
aux suffrages des Chartreux de Paris qui l'élurent
Prieur de leur Maison. Il gouvernait depuis long-
temps ce Monastère, avec une rare prudence, lors-
que la Grande Chartreuse l'appela à prendre la suc-
cession de Dom Jérôme Marchand, en 1594.
Le nouveau Général continua la restauration du
Monastère commencée par son prédécesseur, et ré-
para, non sans peine, les dégâts occasionnés par
l'incendie de 1592. Les temps étaient difficiles ; la
1 Dom Le Vasseur, Ephemerides Cartusianœ, 26 septembre.
— Archives de la Grande Chartreuse, Pièces diverses n. 52.
— Histoire des Antiquitésde l'État Monastique, par le P. Délie.
— Morozzo,ojp. cit. p. 3i. — Carte des Généraux, de 1649. —
Moreri. Dict. histor. art. Marchant. — De Tracy, op. cit.
p. 276 et sq. — La Grande Chartreuse par un Chartreux,
p. 12! etsq. — Chorier, Estât politique du Dauphine\ t. II.
pp. 279. 281.
IO»
plupart des Chartreuses de France, d'Allemagne, de
Belgique, de Hollande avaient eu beaucoup à souf-
frir pendant les guerres de religion. Réformés, Lu-
thériens, Huguenots avaient rançonné, saccagé, brûlé
un grand nombre de Chartreuses de ces différentes
contrées; quelques-unes même avaient été détruites
ou supprimées. Dans ces conditions, les offrandes
envoyées à la Maison-Mère avaient été peu impor-
tantes et les travaux n'avaient pu avancer qu"avec
un grande lenteur.
Dom Jean Michel fit un nouvel appel à la charité
de toutes les Maisons de l'Ordre. Une Ordonnance
du Chapitre Général de i5(p s'exprime en ces ter-
mes: « Emus de compassion à la vue des ruines de
la Grande Chartreuse notre mère, nous supplions
tous les Pères Visiteurs et Prieurs d'envoyer des
secours sans tarder plus longtemps. » Cet appel ne
produisit pas l'effet qu'on pouvait en attendre, c'est
pourquoi l'année suivante, le Chapitre Général,
avec l'autorisation du Souverain Pontife, taxa lui-
même chaque Province, tout en faisant la part des
revenus et des nécessités des différentes Maisons.
Les plus imposées, celles de Catalogne et de Cas-
tille, donnèrent quatre cent quarante écus, tandis
que les Monastères de Belgique et de Hollande, rui-
nés par les guerres, ne furent taxés qu'à quarante
écus. La somme totale montait à deux mille écus
par an, et cette taxe fut payée jusqu'en 1604.
Sous le gouvernement de Dom Michel de Yesly,
la Maison de Chalais ayant été réunie à la Grande
Chartreuse, le Révérend Père se trouva dans l'obli-
— [07 —
gation d'augmenter le nombre des cellules du
second cloître. Cette augmentation était devenue
d'autant plus nécessaire que les fondateurs des nou-
velles Maisons demandaient souvent, avec instan-
ce, d'y envoyer des profès du Monastère de Char-
treuse. Toutes ces constructions n'empêchèrent pas
le vénérable Général de s'occuper des intérêts spi-
rituels des Religieux confiés à sa garde; il sut les
diriger sagement dans la voie de la perfection ,
tout en leur donnant lui-même l'exemple de la plus
vive piété. Toujours recueilli en Dieu, malgré les
nombreuses affaires qu'il était obligé de régler et
qui semblaient devoir le distraire de ses saintes
pensées, il n'omit jamais l'oraison , heureux d'ou-
blier la terre pour se donner tout entier au doux
et intime commerce qu'il avait avec le ciel. Un de
ses biographes a fait, en quelques mots, le plus bel
éloge de ce Général : « Il était le plus pieux parmi
les plus savants docteurs. »
Ce saint Prieur a laissé quelques ouvrages, de
spiritualité très remarquables; le plus connu a pour
titre : Exercitia spiritualia triplicis viœpurgativœ,
illuminativœ et unitivee. Ce traité imprimé d'abord
à Lyon, en 1598, fut traduit e.i français et édité
par Dom Jacques Morice, Chartreux de la Maison
de Paris. Deux autres ouvrages du même auteur :
VEnchiridion aliud quotidianorum exercitiorum
spiritualium, et le Decachordum psalterium, furent
aussi imprimés à Lyon, en 1699.
Le Révérend Père Dom Jean Michel de Vesly
remit son àme entre les mains du Seigneur, en
— io8 —
l'année iôoo, après avoir gouverne l'Ordre, pen-
dant près de six ans1.
XLVII.
R. P. DOM BRUNO II.
1 600 — 1 63 1 .
RUNO d'Affringues naquit à Saint-Omer,
en l'année i55o, d'une noble et pieuse fa-
mille. Après avoir terminé ses études avec succès,
il se fit recevoir docteur en droit, étudia la théolo-
gie et embrassa la carrière ecclésiastique. Il obtint
bientôt un canonicat dans l'Église de Carpentras et
y prononça le panégvrique du Pape Grégoire XIII.
Un brillant avenir se présentait devant lui ; l'Évè-
que de Carpentras l'avait nommé son Vicaire Gé-
néral, et il avait droit, à cause de ses talents, d'as-
pirer aux honneurs, lorsque, pour répondre à l'appel
de Dieu, il abandonna toutes ses dignités et vint
chercher le repos et le bonheur dans l'alTreux désert
de Chartreuse. Son Evèque, Jacques Sacrati, qui
avait la plus grande estime pour lui, le présenta lui-
même au Révérend Père Dom Jérôme Marchand.
Dans une conversation particulière avec ce pieux
Général, l'Évèque de Carpentras lui dit : t< Mon
Père, le Postulant que je vous amène sera un jour
votre successeur. » Cette prédiction ne tarda pas
à se réaliser.
1 Dom Pétréius, Annot. cit. — Morozzo, Tlieatrum cit-
p. 3i. — Carte des Généraux, de 1649. — De Tracy, op. cit.
p. 281. — La Grande Chartreuse par un Chartreux, p. [29.
— IOQ —
En 1091, Dom Bruno d'Atîringues fit Profession;
dans cette circonstance solennelle, il changea son
nom de Charles pour prendre celui de Bruno, en
souvenir de l'illustre fondateur de la famille mo-
nastique dans laquelle il venait d'entrer. Deux ans
plus tard, nous le voyons assister au Chapitre Gé-
néral comme Scribe du Révérend Père. En 1594,
il fut nommé Prieur de la Chartreuse d'Avignon.
Sous sa sage direction, la discipline refleurit dans
ce grand Monastère, et les Religieux étaient heu-
reux de posséder un supérieur aussi éminent par sa
sainteté et sa science, mais il; n'eurent pas la con-
solation de le conserver longtemps.
Les quelques années passées par Dom Bruno à
la Grande Chartreuse avaient permis aux Religieux
de ce Monastère d'apprécier son mérite ; à la mort
de Jean Michel de Vesly, ils l'élurent Général, le
4 février 1600. Entièrement dévoué aux intérêts
des Maisons de l'Ordre, le nouveau Général s'oc-
cupa de tout, se rendit compte de tout et entra
dans les plus petits détails. Accessible à tous, in-
dulgent et ferme à la fois, il sut faire aimer et
respecter son autorité. « Quoy qu'il fust fort rigi-
de à soy-mesme, — dit un auteur contemporain, —
c'estoit merveille combien il estoit indulgent à ses
sujets : il avoit pour soy un cœur de juge, et de
mère pour eux, les traittant comme ses enfans tres-
chers et ses frères tres-aimez, avec une mansué-
tude vraiment colombine qui paraissoit en toutes
ses actions et reluisoit particulièrement en ses
veux et son visage. »
— 1 I 0
En toutes choses, Dom Bruno d'Affringues don-
nait l'exemple à ses frères et s'astreignait aux
moindres observances imposées par les Statuts,
mais il n'autorisait aucun de ses Religieux à aller
au delà de la Règle, et les arrêtait dans leur ferveur
immodérée ou indiscrète. L'auteur, que nous venons
de citer, nous apprend que ce Général « n'eust
pas voulu faire la moindre austérité, plus que celles
qui estoient portées par les Constitutions de l'Or-
dre scachant quel préjudice son exemple ap-
porterait à ses inférieurs, s'il ne se tenoit en ceste
juste assiette, se rendant tout à tous pour les gai-
gner et les conserver à Jésus-Christ. En quoy il
observoit et selon la lettre et plus encor selon l'es-
prit, ceste belle leçon que le prince des Apostres
fait aux Pasteurs : « Paissez le troupeau qui vous
est commis, non par contrainte, mais franchement
et selon Dieu, non pour votre advantage, non
comme seigneuriant, mais comme estant de bon
cœur le modèle de vos ouailles. »
Les nouvelles et nombreuses occupations de sa
charge n'empêchaient pas Dom Bruno de trouver
du temps pour l'étude ; aux heures de liberté, il
aimait à s'occuper de littérature et de science : car
il joignait aux vertus du vrai Religieux, la plus
vaste érudition. « Il estoit scavant, nous dit Moré-
ri, dans la jurisprudence civile et canonique, dans
les belles-lettres, dans l'histoire ecclésiastique et
dans les langues. » La bibliothèque de Grenoble
a conservé, en quatre volumes in-quarto manus-
crits, les « Lettres et discours latins et français
— III —
de Dom Bruno d'Affringues, » de i5gg à [626.
Ce savant Religieux était grand admirateur des
chefs-d'œuvre de l'antiquité, et ses ouvrages sont
comme un répertoire de textes grecs et latins fort
ingénieusement adaptés à toute espèce de sujets.
Dom Bruno encourageait aussi ses Moines à cul-
tiver la littérature et les sciences. Le recueil de
ses lettres nous en donne la preuve. Il félicite Dom
Pierre Daens, Vicaire de la Chartreuse de Saint-
Hugon, des hvmnes qu'il a composées en l'honneur
de saint Bruno. Lui-même avait demandé ce tra-
vail, et il n'admire pas moins la beauté des vers
que la promptitude de l'obéissance religieuse de
l'auteur. Une autre fois, il engage Dom Jean Baillv,
Prieur du même Monastère, à étudier Aristote, en
même temps que saint Jérôme, et résout avec une
autorité incontestable cinq doutes suggérés par la
lecture de ces deux auteurs et les idées émises par
Carbon en son Trait: de l'Avarice. Un simple
Moine, Dom Joachim de la Croix, a rencontré dans
ses courses alpestres un insecte qui attire son at-
tention et lui fournit matière à des réflexions phi-
losophiques; il en fait part à son Général qui lui
répond par une longue dissertation sur le sujet.
Dans une autre lettre où il est question d'astronomie,
Dom Bruno montre qu'il connaît le système et les
inventions de Galilée. Rien ne lui est étranger, il
est au courant des découvertes de tout genre qui
furent si nombreuses au commencement du XVIIe
siècle.
Les discours et les lettres de Dom d'Aifringues
1 [2
sont écrits indifféremment en latin ou en français,
mais toujours d'un style pur et élégant. Ces lettres
sont évidemment écrites au courant de la plume,
pour répondre aux questions qui ont été faites, aux
observations qui ont été émises, aux objections qui
ont été posées, et le style n'en a que plus de char-
mes. Un des admirateurs de Dom Bruno constate
que ce Général « manie également bien le latin et
le français. Sous sa plume, nous dit-il, la langue ro-
maine a l'ampleur, l'excellent choix des mots et la
période cadencée du siècle d'Auguste; le français
rappelle par sa grâce naïve les lettres où saint Fran-
çois de Sales épanchait son cœur, en prodiguant
les trésors de sa science.»
En ibi5, le Révérend Père Bruno avait formé
le projet de faire travailler à une histoire générale
de l'Ordre, mais les difficultés de cette vaste entre-
prise l'obligèrent, sans doute, à remettre à plus
tard la réalisation de ce projet qui ne fut repris
que, vers 1680, par Dom Innocent Le Masson.
Son éminente vertu et sa grande science mirent
Dom Bruno d'AtTringues en rapport avec les prin-
cipaux et les plus puissants personnages de son
temps. Les Papes Grégoire XV et Urbain VIII lui
donnèrent souvent des marques de leur estime; le
connétable de Lesdiguières avait pour lui la plus
grande considération. Le Roi de France, Henri IV,
se trouvant à Grenoble, voulut aussi connaître ce
saint et savant Religieux; il vint visiter la Grande
Chartreuse et fut extrêmement édifié de l'érudition,
de la sagesse et de l'humilité du Vénérable Soli-
i i:>
taire. L'illustre Bellarmin a fait, en quelques mots,
un magnifique éloge de Dom Bruno d'Affringues.
« Il est reçu maintenant, disait-il, que l'on prend
le Souverain Pontife parmi les Cardinaux italiens ;
si le Général des Chartreux était italien et Cardinal,
c'est lui sans hésiter qu'il faudrait nommer Pape. »
Charles Emmanuel Ier, duc de Savoie, avait une
affection toute particulière pour Dom d'Affringues,
mais ses amis les plus intimes furent le célèbre pré-
sident Favre et le saint Évêque de Genève. An-
toine Favre entretenait avec le Général des Char-
treux un commerce assidu de lettres et lui deman-
dait toujours conseil sur les affaires importantes
dont il était chargé. Lorsqu'il publia sa célèbre con-
sultation sur le Montferrat, il la lui fit porter par
deux de ses fils, dont l'un, René de la Valbonne,
était président du conseil de Genevois. Chacun était
désireux de connaître la pensée ou de recevoir
l'approbation de l'illustre savant.
Saint François de Sales avait aussi des rapports
fréquents avec Dom Bruno. Dans une de ses lettres
datée du i3 décembre 1611, il lui écrivait: ((Com-
te ment cacheroit-on le feu? Je ne puis non plus
« celer l'extrême affection que j'aye au milieu de
« mon cœur à vous honorer de toute ma force.
« Et chacun croid que réciproquement j'aye le bon-
« heur d'estre grandement aymé de vostre bonté. »
L'Evêque de Genève venait souvent à la Grande
Chartreuse retremper son courage épuisé par un
pénible apostolat. Jean Pierre Camus rapporte à ce
propos un fait qui montre d'une manière éclatante
8
— M4 —
la naïve simplicité et la touchante candeur du pieux
Général. Laissons la parole à l'Évêque de Belley.
« Lorsque le Bien-heureux François y alla, estoit
lors Prieur et Général de tout l'Ordre, Dom Bruno
d'Affringucs, personnage de profonde doctrine et
d'encor plus profonde humilité et simplicité; et qui
n'ayant rien de cette science qui enfle, avoit beau-
coup de la charité qui édifie. Je l'ay cogneu et n'ay
jamais reconneu en lui que douceur, candeur, béni-
gnité, jointes à un scavoir merveilleusement exquis
et qui avoit quelque chose d'infus du ciel et qui
passoit la portée humaine. Il a gouverné ce sainct
asyle un fort long temps avec tant de prudence co-
lombine que sa mémoire y durera en grande béné-
diction. »
« Il reçut nostre Bien-heureux avec un accueil
digne de sa piété, candeur et sincérité dont vous
allez entendre un trait que François eslevoit jusques
aux estoiles. Après l'avoir conduit à une des cham-
bres des hostes, convenables à sa qualité, et s'estre
entretenu avec le sainct Évesque de propos tous cé-
lestes, il se rencontra qu'il estoit quelque feste de
l'Ordre : ce qui obligea ce bon homme à prendre
congé de nostre François, en luy monstrant qu'il
luy eust bien volontiers tenu compagnie jusques à
lneure de son repas et mesme jusques à celle de
son repos; mais qu'il estimoit que sa piété auroit
agréable qu'il préférast l'obéissance au sacrifice de
la civilité et qu'il se retirast en sa cellule à l'heure
ordonnée pour pourvoir lanuict à leurs Matines. »
« Le Bien-heureux François approuva beaucoup
I I .-I
ceste exacte observance; le bon homme s'excusant
encor de la feste d'un sa.inct fort recommandé en
son Ordre. Le congé pris avec tous les eomplimens
de respect et d'honneur qui se peuvent désirer,
comme il se retiroit en cellule, il fut rencontré par
un conventuel des officiers de la Maison, qu'ils ap-
pellent Courriers et ailleurs Procureurs, qui luy de-
manda où il alloit et où il avoit laissé Monseigneur de
Genève. — Je Tay, dit-il, laissé en sa chambre, et
aypris congé de luy, pour me ranger en nostre cel-
lule et aller ceste nuictàMatinesàcausede la feste de
demain. — Vrayement, luy dit cet officier, Père Ré-
vérend, vous vous entendez fort aux cérémonies du
monde ! Et quoy, ce n'est qu'une feste de l'Ordre ?
Avons-nous, tous les jours, en ce désert, des pré-
lats de ceste taille ? Ne scavez-vous pas que Dieu se
plaist aux hosties de l'hospitalité et de la bénéfi-
cence ? Vous aurez tousjours assez de loisirs de
chanter les louanges de Dieu ; Matines ne vous man-
queront pas d'autres fois : et qui peut mieux entre-
tenir un tel prélat que vous? Quelle vergogne pour
la Maison que vous l'abandonniez ainsi seul!»
«Mon enfant, dit le Révérend Père, je croy certes
que vous avez raison et que j'ay mal faict. — De ce
pas il retourna vers Monsieur de Genève, et en le
rencontrant dans sa chambre, luy dit tout froide-
ment : — Monseigneur, j'ay en m'en allant rencon-
tré un de mes officiers qui m'a dit que j'avois fait
une impertinence de vous avoir Laissé seul et que
je ne manquera}' pas de recouvrer Matines une au-
tre fois, mais que nous n'aurons pas tous les jours
— nf) —
un Monseigneur de Genève. Je l'ay cru et m'en suis
revenu tout droit vous demander pardon et vous
prier d'excuser ma sottise; car je vous assure que
ignorans feci ; et que je ne ment pas. — Le Bien-
heureux François fut esbloLiy de ceste notable ron-
deur, candeur, ingénuité, simplicité et me dit qu'il
en fut plus ravy que s'il luy eust veu faire un mi-
racle. »
Après la mort de saint François de Sales, Dom
Bruno écrivit, rapportent certains auteurs, la vie de
l'illustre Évêque de Genève, pour faire goûter au
monde les merveilleux enseignements qu'il avait
recueillis de cette bouche d'or. Cet ouvrage, s'il a
été terminé, n'est pas venu jusqu'à nous.
Sous le gouvernement de ce Général, le Couvent
de Chartreuse fut, en ibii, détruit en partie par
un nouvel incendie. C'était la septième fois, depuis
i32o, que ce célèbre Monastère devenait la proie
des flammes. Mais semblable au phénix de la fable,
toujours il semblait renaître de ses cendres. Dieu
voulait conserver à l'Église et à la société ce foyer
puissant de pénitence, de sacrifice et de répa-
ration.
Dom Bruno d'Affringues, prétextant son grand
âge, insistait auprès du Chapitre Général, pour
qu'il lui fît miséricorde ; mais les membres du
Chapitre refusaient chaque année d'accéder à son
désir. Le 4 février i63i, une attaque d'apoplexie
étant venue lui enlever l'usage de ses membres, le
Chapitre Général se trouva dans l'obligation de lui
donner un successeur. Dom Bruno d'Affrinsues
— ii7 —
mourut Tannée suivante, le 6 mars i632, à l'âge
de quatre-vingt deux ans ; il avait gouverné l'Ordre
pendant trente et un ans.
La Carte du Chapitre Général, en annonçant la
perte si grande que l'Ordre venait d'éprouver, di-
sait: «Nous aurons sans cesse présents devant les
yeux les grands mérites du Révérend Père Dom
Bruno et tout le bien qu'il nous a fait : les peines,
les soucis, les labeurs sans mesure et tout ce qu'il
a souffert pendant plus de trente années. Nous
n'oublierons jamais la manière de gouverner de cet
homme admirable, qui savait tellement allier la dou-
ceur au zèle de l'observance que jamais ses répri-
mandes ne découragèrent, ni sa bonté n'enhardit à
commettre le mal; profondément instruit, il n'est
point de sujet qu'il ne voulût apprendre ; il avait
une si parfaite expérience des affaires qu'il savait
tout prévoir et vaincre toutes difficultés; la sagesse
était sa principale vertu, ou la première de toutes
celles qu'il possédait en si grand nombre. Il nous
est plus facile de les indiquer en général que de les
compter et estimer à leur vraie et juste valeur1.»
1 Archives de la Grande Chartreuse, Pièces diverses n.
55, 58. — Dom Le Vasseur, Ephemerides Cartusiance, 6
mars. mss. — Lettres et discours mss.de Dom Bruno d'Af-
fringues, t. II. — Jean Pierre Camus, Évêque de Belley,
Esprit de Saint François de Sales, part. III, sect. xxxu. —
Collot. L'Esprit de Saint François de Sales, III8 p. ch. xvn.
— Saint François de Sales, lettre ci.xin. — More'ri, Dict.
Histor. — Chorier, Estât politique cit. — Burnier, Char-
treuse de Saint-Hugon. — Gallia Christiana. — Morozzo ,
ut supra. — De Tracy, op. cit. p. 282. La Grande Char-
treuse par un Chartreux, p. 129 et sq.
— 118 —
XLVIII.
R. P. DOM JUSTE PERROT.
1 63 1 — 1643.
USTE Perrot, d'une noble famille origi-
naire de Paris, avait embrassé la carrière
militaire ; mais bientôt dégoûté du monde et fidèle
à la voix qui l'appelait dans la solitude, il vint au
Désert de Chartreuse pour s'enrôler parmi les dis-
ciples de saint Bruno, y fit Profession, et servit
son Dieu avec autant de courage qu'il avait servi
son Roi.
La science et le mérite du jeune Profès engagè-
rent Dom Bruno d'Affringues, qui aimait à s'en-
tourer d'hommes de talent, à le nommer secrétaire
de l'Ordre. Dans ce poste, Dom Perrot montra
tant de sagesse, de prudence et de vertus que les
Solitaires de la Grande Chartreuse le jugèrent digne
de remplacer le Révérend Père Bruno, dont la dé-
mission venait d'être acceptée par le Chapitre Gé-
néral de 1 63 1 .
Dom Perrot continua les constructions commen-
cées par son prédécesseur et agrandit encore le
Monastère de Chartreuse. Sous ce Général, Louis
XIII, Roi de France, fonda, dans le grand cloître,
la chapelle de Saint-Louis, et consacra à cette fon-
dation trente mille livres prises sur ses épargnes
royales, ne réclamant des Chartreux, en souvenir
de sa libéralité, qu'une seule faveur. Ce prince de-
mandait que la messe accordée, vers la fin du XIVe
— M9 —
siècle, par le Révérend Père Dom Guillaume de
Raynald au Roi de France, Charles V, fût dite
dans cette chapelle. Ce fut aussi sous l'administra-
tion de Dom Perrot, en 1640, que l'Évêque de
Toulon, Jacques Danès de Marly, fit reconstruire
la chapelle de Saint-Bruno. On croit généralement
que cet antique et vénérable monument, qui da-
tait de la naissance de l'Ordre, était resté intact
jusqu'à cette époque.
Le Révérend Père Dom Juste Perrot réunit, dit
le Père de Tracy, « trois grandes vertus, la fer-
meté d'esprit dans les adversités, la charité lors-
qu'on l'avoit offensé, le courage lorsqu'il rencontroit
des obstacles à ses pieux desseins. » La Carte des
Généraux ajoute : n Muîtis adversis animo et cor-
pore pressas, patientiâ triumphavii . »
XL1X.
R. P. DOM LÉON TIXIER.
1643 — 1649.
ÉON Tixier ou Texier était né à Felletin,
jpetite ville de la Marche. Appelé à la vie
monastique, il vint frapper à la porte de la Grande
Chartreuse, et quelques années plus tard, fit Pro-
fession dans ce célèbre Monastère. Ce Religieux
1 Carte des Généraux 0^1649. — Morozzo, Theatrum cit.
p. 32. — Le P. de Tracy, op. cit. p. 2SJ. — Chorier, Estât
politique t. l,p.285. — La Grande Chartreuse, par un Char-
treux, p. 1 3 5 .
120 —
appartenait à une famille qui semble avoir été
prédestinée à la vie solitaire ; deux de ses frères
suivirent son exemple et prirent la blanche robe
des Chartreux.
Les vertus et la sainteté de Dom Léon attirèrent
sur lui l'attention de la Communauté, et à la mort
du Révérend Père Dom Juste Perrot, elle le choisit
pour lui succéder, en 1643. Dom Tixier, pendant
les quelques années qu'il gouverna l'Ordre, sut se
faire aimer de tous ceux qui l'approchaient; il laissa
parmi ses frères le souvenir d'une douce et affec-
tueuse piété envers Dieu, d'une grande indulgence
pour ses inférieurs et d'une tendre charité envers
les pauvres.
Le Révérend Père Dom Léon Tixier mourut après
six ans de Généralat, le i3 novembre 1649, au milieu
de grandes douleurs supportées avec une patience
inaltérable *.
R. P. DOM JEAN VIII.
1649 — 1 6y5 .
EAN Pégon, issu d'une famille honorable
de l'Auvergne, naquit en 1590, dans un
petit hameau de la commune de Langeac. Jeune
encore, il dit adieu au monde et désira s'ensevelir
dans la solitude du cloître. S'étant présenté à la
{ Carte des Généraux d ? 1 049. — Morozzo ^Theatrum chron.
ut supra. — De Tracy, op. cit. p. 284.
— 121 —
Grande Chartreuse, en 1611, le Révérend Père
Dom Bruno d'Affringues, qui cependant savait ap-
précier les hommes, crut prudent de s'opposer à
son admission, après l'avoir examiné, parce qu'il ne
le trouvait ni assez instruit, ni assez robuste. Tou-
tefois, ému de la peine manifestée par le jeune
Postulant, et touché de son ardent désir de consa-
crer sa vie à Dieu, parmi les enfants de saint Bruno.
il lui dit : « Vous pourriez, peut-être, avoir quelque
« chance d'être reçu à la Chartreuse de Beaune ;
« elle a été saccagée par les Protestants, sept de
« ses Religieux ont été massacrés, la Maison sort
« à peine de ses ruines et manque de sujets, on ne
« sera pas difficile. Allez voir. » Ainsi congédié
Jean Pégon se présenta et fut accepté dans ce Mo-
nastère. Trente-huit ans plus tard, après avoir
occupé les plus importantes charges de l'Ordre, et
laissé partout la réputation d'un administrateur
hors ligne, l'ancien Postulant, écarté de la Grande
Chartreuse comme peu capable, y rentrait avec le
titre de Général.
Quelques années après sa Profession à la Char-
treuse de Beaune, Dom Pégon fut nommé Prieur
de cette Maison. Il la dirigea quelque temps avec
la plus grande sagesse; mais, malgré son désir de
rester dans ce Monastère où il faisait quelque bien,
il dut se soumettre à la volonté de ses supérieurs.
Le Chapitre Général, qui avait besoin de prudents
administrateurs et de personnages d'une sainteté
reconnue, pour faire refleurir la discipline dans
certains Monastères, l'envoya diriger successive-
— 122 —
ment les Chartreuses de Troyes , du Val-Saint-
Pierre et de Dijon, ensuite le nomma Visiteur des
Provinces de France et de Picardie. A la mort du
Révérend Père Dom Léon Tixier, les Religieux
de la Grande Chartreuse, pleins d'estime pour son
mérite et ses vertus, le choisirent comme Général
de FOrdre, vers la fin de Tannée 1649.
Dom Jean Pégon sut par sa bonté et sa douceur
gagner l'affection de ses Religieux. Tout dévoué au
bien spirituel de son Ordre, il parvint à rétablir
la discipline cartusienne dans un certain nombre
de Maisons qui semblaient se laisser aller au relâ-
chement. Son idéal était la perfection religieuse.
Ami des belles-lettres, il joignait à une vaste éru-
dition, une pureté et une élégance de style qui
donnaient une valeur réelle à ses discours et à ses
écrits. C'est à lui que l'on doit la magnifique Carte
des Généraux de l'Ordre, gravée en 1G49.
L'entretien et la prospérité de la Grande Char-
treuse furent, pour le nouveau Général, le sujet de
soins tout particuliers. Un témoin oculaire, dans
des notes manuscrites sur l'origine et la situation
des Maisons de l'Ordre, nous apprend que « après
tant de malheurs, la Grande Chartreuse est main-
tenant en si bon état que le souvenir seul de ses
pertes lui reste sans aucune marque de ses incen-
dies et des accidents passés, principalement par
.es belles réparations que le Révérend Père Dom
Jean Pégon, gouvernant à présent sagement et heu-
reusement l'Ordre, y a fait faire et prend soin tous
les jours d'augmenter, ayant orné l'église de la
! 2!>
peinture qu'on y voit et acheté les quatre grands
chandeliers qui sont devant le maître-autel. Il a
aussi fait faire les riches embellissements qui sont
à l'entrée de la porte du cimetière*, enfin en plu-
sieurs autres endroits il laisse des témoignages au-
thentiques à la postérité de la sublimité de son gé-
nie et du zèle qu'il a et pour le bien universel
de l'Ordre et pour l'utilité de cette Maison de
Chartreuse ; le bon Dieu le conserve et lui donne
les années qu'il mérite. »
Dom Pégon avait un grand amour de la solitude;
c'est pourquoi , dans le désir de se procurer de
temps en temps quelques jours de retraite, il fit
bâtir, vers 1660, dans la solitaire vallée de Tenai-
sdii, une chapelle en l'honneur de saint Jean-Bap-
tisre et une petite maison où il se retirait chaque
année pour passer quelques jours dans la prière et
la méditation. Là, il oubliait les affaires si nom-
breuses de l'Ordre et ne pensait qu'à Dieu et au
salut de son âme.
Malgré son grand âge, Dom Jean Pégon voulut
toujours s'astreindre aux. austérités de la Règle et
aux obligations de sa charge. La veille de sa mort,
il écrivait encore seul sa correspondance et ne dé-
posa la plume, pour ainsi dire, qu'en rendant le
dernier soupir. Il mourut regretté de ses Religieux,
en l'année 1675.
La Carte du Chapitre Général de 1676 trace en
quelques lignes le portrait de cet éminent Général.
«Nous venons de perdre — dit-elle — le Révérend
Père Dom Jean Pégon, Prieur de Chartreuse; tou-
— 124 —
jours rempli du plus tendre amour pour Notre-Sei-
gneur, il a vécu soixante-cinq années parmi nous,
célèbre par ses vertus de tout genre, surtout par sa
prudence et sa douceur insignes; cher, au-delà de
toute expression à Dieu et à quiconque l'a connu :
pendant vingt-sept années, il a soutenu le monde
cartusien par ses infatigables travaux; enfin, après
nombre de peines endurées pour son Ordre, tenant,
comme un autre Moyse, les yeux élevés vers le ciel
l'espace de deux heures, il est mort à quatre-vingt
cinq ans, doyen d'âge de tous les Chartreux de cette
époque1. »
LI.
R. P. DOM INNOCENT Le MASSON.
1675 — 1703.
NNOCENT Le Masson naquit le 10 mars
1628, d'une famille honorable de Noyon.
Dès l'âge de dix-neuf ans, désireux de se consacrer
entièrement à Dieu, il quitta le monde et vint s'en-
sevelir dans la pieuse solitude du Mont-Renaud,
près de la ville de Noyon. Dans cette Chartreuse,
sous l'habile direction d'un supérieur expérimenté,
le jeune Novice fit, en peu de temps, de grands
progrès dans la piété et la perfection monastique ;
1 Carte des Généraux de 1649. — Morozzo, Theatrum
chronologicum Ord. Car tus. ut supra. — Le P. de Tracy,
op. cit. Remarques sur les Prieurs de la Grande Chartreuse,
p. 284. — La Grande Chartreuse, cit. p. 1 35 et sq.
— 125 —
malgré sa jeunesse, il fut, bientôt après sa Pro-
fession, jugé digne de remplir la charge impor-
tante de Vicaire. Quelques années plus tard, les
Moines du Mont-Renaud l'élurent Prieur de cette
Maison, et le Chapitre Général lui confia la visite
des Monastères de la Province de Picardie.
Les talents, les vertus et surtout les résultats ob-
tenus par la sage et intelligente administration de
Dom Le Masson attirèrent l'attention des Religieux
de la Grande Chartreuse. Aussi, lorsque plus tard
il s'agit pour eux de donner un successeur au Ré-
vérend Père Dom Jean Pégon. ils ne crurent pas
pouvoir faire un meilleur choix, et ils élurent Gé-
néral réminent Prieur de Mont-Renaud, le i5
octobre 1675. Dom Innocent Le Masson était âgé
de quarante-sept ans. Dans cette haute position, les
talents remarquables, dont le Seigneur l'avait doué,
vont apparaître dans tout leur éclat. Entièrement
dévoué à son Ordre, le nouveau Général saura,
dans les circonstances difficiles au milieu desquelles
les événements vont le jeter, déployer une fermeté
de caractère, une énergie et une persistance dignes
des plus grands éloges.
A peine nommé à la première dignité de l'Ordre,
Dom Le Masson eut la douleur de voir le Monastère
de la Grande Chartreuse réduit en cendres pour la
huitième fois. Le jeudi de la semaine de Pâques,
dans la soirée du 9 avril 1676, le Révérend Père
voulant mettre de l'ordre dans ses papiers, brûla
tout ce qui était sans importance; mais le feu ayant
pris à la cheminée de sa cellule, se communiqua
— i2b —
bientôt aux constructions voisines, et dans l'espace
de quelques heures, il ne resta plus du Monastère
que de tristes ruines. L'hôtellerie, les chambres
dites des Provinces, le petit cloître, les deux tiers
du grand cloître et la plupart des cellules étaient
devenus la proie des flammes. Le reste des bâti-
ments eut aussi beaucoup à souffrir de l'incendie ;
l'église en particulier fut fortement endommagée,
la toiture fut entièrement brûlée et une partie des
murs resta calcinée.
Ce désastre n'abattit pas le courage de Do m Le
Masson. De suite, il prit la résolution de rebâtir le
Monastère sur un plan nouveau et de séparer, en
prenant plus d'espace, ces nombreuses construc-
tions, qui, enchevêtrées les unes dans les autres, ne
pouvaient être isolées, en cas d'incendie. Sur les
ruines fumantes de l'ancien Couvent, il traça d'une
main habile les grandes lignes des constructions
qu'il projetait, et aidé par un Frère Convers pos-
sédant quelques notions d'architecture, il rebâtit le
Monastère dans des conditions de solidité et de
grandeur telles que ce Couvent fait encore l'admi-
ration de tous les voyageurs attirés par la curiosité
ou la dévotion dans les sauvages montagnes du
Dauphiné. Avant de commencer son œuvre, Dom
Le Masson avait fait décréter, par le Chapitre Gé-
néral de 1676, uneOrdonnancequi défendait dans les
constructions «tout ce qui est curiejx, superflu et
contraire à la simplicité cartusienne. »
Les travaux commencèrent, en 167J, par le quar-
tier occupé actuellement par le Révérend Père, et
\1-
furent terminés, en 1688, par les pavillons d'Alle-
magne et d'Italie. En douze ans, il avait donc élevé
le vaste bâtiment de l'hôtellerie, le cloître des Offi-
ciers, les chambres des Provinces, c'est-à-dire sept
pavillons avec leurs grands corridors voûtés, leurs
escaliers monumentaux et leurs deux étages. De
plus, il avait fait rebâtir le petit cloître, deux tiers
du grand cloître, ainsi que les cellules dont il avait
porté le nombre de vingt-six à trente-six, et enfin la
porte d'entrée avec les deux corps de bâtiments qui
l'accompagnent. L'église, le Chapitre des Religieux,
la chapelle des morts et une partie des obédiences
avaient été restaurés.
La Grande Chartreuse ne pouvait exécuter ces
grands et dispendieux travaux avec ses seules res-
sources. Le Révérend Père se vit donc dans la
nécessité de demander des secours à toutes les
Maisons de l'Ordre ; et, de même que dans les
autres désastres qui déjà avaient affligé la Maison-
Mère, elles rivalisèrent de zèle et de générosité,
à tel point que Dom Le Masson dut écrire pour les
remercier et, en même temps, refuser les nou-
veaux subsides qu'elles mettaient à sa disposi-
tion.
Malgré les nombreuses occupations que lui ap-
portaient forcément la construction d'un si vaste
Monastère, et les soucis inhérents à la direction
d'un Ordre qui comptait de si nombreuses Mai-
sons, Dom Innocent Le Masson trouvait dans son
étonnante activité le temps de se livrer à l'étude
et de composer différents ouvrages sur les ma-
[28
tières les plus variées. Droit-canon, Écriture-
Sainte, théologie morale, théologie mystique, ascé-
tisme, histoire, polémique, rien ne lui est étranger.
Ecrivain, il veut encore avoir une imprimerie, et
il en établit une qui fonctionne, en 1681, juste au
moment où son activité semble être absorbée par
les grands travaux qu'il fait exécuter sous sa di-
rection.
Disons un mot des différents ouvrages de Dom
Le Masson. N'étant encore que Prieur de la Char-
treuse de Mont-Renaud il avait fait imprimer à
Paris, en i663, un traité de théologie, sous ce titre:
Theologia moralis practica; traité qui mérita les
approbations les plus louangeuses de plusieurs doc-
teurs de Sorbonne. Devenu Général des Chartreux,
il publia en 1676, le Directoire des Novices et ses
Lettres spirituelles, puis, l'année suivante, une
Introduction à la vie religieuse et intérieure; ou-
vrage rempli d'onction et de piété, dont la plus
grande partie est tirée des œuvres de saint Fran-
çois de Sales et du livre de l'Imitation de Jésus-
Christ. Pour que les Chartreux français ne profi-
tassent pas seuls de son travail, il le traduisit en
latin. Quelques années plus tard, en 1688, Dom Le
Masson publia une Interprétation du Cantique des
Cantiques, avec des notes très recherchées; en 1691,
il donna Direction et sujets de méditation à l'usa-
ge des Religieuses Chartreuses; en i6i)5, Direction
pour se forme)' à l'Oraison, et l'année suivante,
La Psalmodie intérieure ou sujets de méditations
sur les Psaumes. Dans cet ouvrage, en quatre vo-
— I2()
lûmes, « après avoir donne le sens littéral, l'auteur y
ajoute — nous dit Moréri — une paraphrase très ins-
tructive et y joint un très grand nombre de sujets de
méditations, qui font assez connaître l'application
avec laquelle il s'était adonné toute sa vie à ce saint
exercice. »
Le plus connu, mais non le plus remarquable
des écrits de Dom Le Masson, a été publié en 1607
et porte pour titre: Vie deMessire Jean d'Arenthon
d'Alex, Evéque de Genève, augmentée d'un livre de
preuves incontestables de la vérité de son ^èle con-
tre le Jansénisme et le Quiétisme. Deux ans plus
tard, il faisait imprimer deux autres ouvrages : La
Psalmodie intérieure sur l'Office de la Sainte- Vier-
ge, et La Psalmodie intérieure sur l'Office des
Morts; enfin, en ijoS-, Sujets de méditations sur
le sermon que fit Notre-Seigneur sur la montagne,
et Pratiques saintes pour se procurer dans la reli-
gion une véritable tranquillité : ce dernier ouvrage
a été publié sans date. N'oublions pas de signaler
un traité sur l'usage de la grâce, selon l'esprit de
l'auteur de limitation, avec ce titre : Enchiridion
salutis operandœ. Tous ces écrits montrent, d'une
manière remarquable, de quelles lumières l'étude de
la théologie, la prière et la méditation avaient su
éclairer l'éminente intelligence de ce saint Reli-
gieux.
L'amour de Dom Innocent Le Masson pour son
Ordre, son zèle pour la régularité monastique, et
sa volonté de travailler au salut de ses Religieux,
l'engagèrent, dès les premières années de son Géné-
9
— i3o —
ralat, à préparer une nouvelle édition des Statuts.
Le Chapitre Général de 1679 avait ordonné la ré-
impression des Statuts publiés sous Dom Bernard
Garasse; mais cette décision ayant soulevé quelque
opposition de la part de plusieurs Religieux, Dom
Le Masson, pour donner plus d'autorité à la nou-
velle Collection, et faire cesser — dit-il dans son ou-
vrage— toute difficulté : « Ad ter minauda litigia ,
quœ Ordini suscitata fuerant, » fit soumettre ce re-
cueil à Innocent XI. Le Souverain Pontife nomma
une Congrégation de Cardinaux pour examiner cette
nouvelle édition et l'approuva par un Bref daté du
27 mars 1688. Toutefois, il y fit quelques changements
sans grande importance; Dom Le Masson les a re-
latés à la fin de ses Annales. Cette édition des Sta-
tuts est augmentée de notes fort curieuses où Fau-
teur donne des explications et des éclaircissements
sur les Règles de l'Institut.
Attentif à tous les besoins spirituels de ceux dont
il avait la direction, cet infatigable Général fit im-
primer, en 1690, une traduction française des Sta-
tuts qui concernent les Frères et les Moniales de
son Ordre. Ces traductions étaient l'œuvre de deux
Chartreux : la troisième partie des Statuts a été
traduite par Dom de Vaucorbeil, et ce qui concerne
les Moniales, par Dom Le Cauchois. D'autre part,
il publia, en i6o,5, un ouvrage sur les Visites et
les Élections, sous ce titre : Praxis Jnris Cartu-
siani in Ëlectionibus et Visitationibus faciendis.
Son zèle s'était même étendu jusqu'à ceux qui
étaient sur le point de paraître devant Dieu ; il avait
l 5 l
donné, en 1 685, un ouvrage intitulé : Directorium
Morientium,ad usum Ordinis Cartusiensis. L'an-
née suivante, il en fit publier une traduction fran-
çaise pour les Moniales et les Frères. Cette traduc-
tion avait été faite par Dom Charles Maurin.
Pour mettre h exécution une Ordonnance du
Chapitre Général de i6i5, Dom Le Masson fit ras-
sembler les documents nécessaires à une histoire
complète de l'Ordre. De plus, la bibliothèque de
la Grande Chartreuse ayant été entièrement dé-
truite dans Tincendie, il fit venir de la Chartreuse
de Portes de nombreux manuscrits et travailla à
reconstituer les archives ; le Chapitre Général de
1687 avait ordonné d'envoyer à la Grande Char-
treuse une copie de toutes les chartes de fondation,
Bulles, privilèges et chroniques des différentes Mai-
sons de l'Ordre. Pour classer ces documents et faire
le travail projeté, Dom Innocent Le Masson ap-
pela près de lui deux savants Religieux, Dom
Charles Le Coulteux et Dom Léon Le Vasseur.
Le premier rédigea les Annales Ordinis Car-
tusiensis, depuis la fondation de l'Ordre jus-
qu'à l'année 141 6 ; tandis que le second écrivait
les Ephemerides Cartusianœ . Dans ce travail ,
Dom Le Vasseur a relaté un abrégé de la vie des
Solitaires les plus distingués par leur sainteté,
leurs vertus, leurs talents ou les services éminents
rendus à l'Ordre. Ces œuvres, remarquables sous
tous rapports, sont restées manuscrites et se trouvent
dans les Archives de la Grande Chartreuse. Dom
Martène nous apprend que le Chapitre Général s'op-
posa à la publication de ces documents. On croit
que le désir des Chartreux de ne pas attirer l'atten-
tion sur leur vie humble et austère fut la principale
cause de cette opposition.
Dom Le Masson, dominé par la pensée de défen-
dre son Ordre attaqué par plusieurs écrivains, dé-
sirait faire connaître l'histoire des Chartreux. C'est
pourquoi il avait eu recours à un savant Religieux
de la Congrégation des Feuillants, Antoine Moroz-
zo, Abbé de Notre-Daine-de-la-Consolation, à Tu-
rin, et l'avait excité à entreprendre ce travail. Ce-
lui-ci fit paraître à Turin, en i68i,une histoire des
Chartreux, sous ce titre Theatrum chronologicum
sacri Ordinis Cartusicnsis.
Cet ouvrage ne répondait pas, sans doute, au but
que s'était proposé Dom Le Masson, car il se mit
lui-même à l'œuvre et commença les Annales 0?~-
dinis Cartusicnsis. On annonçait trois volumes in-
folio. Le premier parut en 1687, mais il ne contient
que les différentes Compilations des Statuts avec
des notes et des éclaircissements, qui ont pour
objet la justification de l'Ordre. Quelques années
plus tard, Dom Le Masson fit paraître le second
volume, divisé en deux parties ; l'une relate les
faits qui concernent le premier établissement des
Chartreux, tandis que la seconde donne l'histoi-
re de l'Ordre depuis sa fondation jusqu'en 11 17.
Le troisième volume ne vit jamais le jour. Le Père
de Tracy, qui écrivait en 1785. nous fait connaître
que de son temps, le second volume était excessive-
ment rare, et il ajoute : « Les oppositions de l'Ordre
I t> 3
firent apparemment brûler ou supprimer les exem-
plaires, ou arrêter l'édition. Un des rares exem-
plaires de ce second volume des Annales existe à
la bibliothèque de la ville de Grenoble.
Les travaux multiples, les vastes projets, les pré-
occupations incessantes du Révérend Père Dom
Le Masson, ne l'empêchaient pas de surveiller les
nombreuses Communautés de l'Ordre. Du fond
de sa cellule, il se rend compte de tout, entre dans
les plus petits détails, prend tous les moyens néces-
saires pour maintenir le bon ordre et faire fleurir
la discipline. La Règle ne lui permet pas de sortir
des limites du Désert de Chartreuse, mais il écrit
sans cesse pour réprimer les abus ; il s'entoure
d'hommes de cœur et d'énergie, et les charge des
missions les plus délicates, dans les Chartreuses
qui réclament ses soins.
Lorsqu'il le juge nécessaire pour le bien, il sait
être sévère, mais toujours sa rigueur laisse apparaî-
trs un grand fond de bonté.
Nous pourrions entrer dans de nombreux détails
sur l'administration de Dom Le Masson ; partout
nous admirerions son activité, sa prudence et sa
fermeté. Considérons plutôt les efforts que fit cet
illustre Général pour empêcher son Ordre de glisser
sur la pente du Jansénisme, où tant de prêtres et
de Religieux se sont laissé entraîner. Cette subtile
hérésie infecta presque tous les Ordres religieux;
les plus austères paraissaient même y avoir le plus
de penchant, à cause, sans doute, des principes
rigides qu'affectaient les coryphées de la secte. Les
— 1 34 —
Jansénistes firent tous leurs efforts pour attirer le
Général des Chartreux dans leur parti. Dom Inno-
cent Le Masson nous apprend dans ses Eclaircis-
sements sur la vie de J. d'Arenthon d'Alex, que
le fameux Nicole vint lui-même, sous un faux
nom, à la Grande Chartreuse pour sonder ses in-
tentions. Le pieux Solitaire ne se laissa pas séduire
et combattit de toutes ses forces 1 'hérésie naissante.
Pour préserver ses Religieux de cette funeste
contagion, le Révérend Père interdit, sans excep-
tion, tous les écrits de la secte et prit même des
mesures coercitives contre quelques Moines qui
s'étaient laissé gagner par Terreur. Un des pre-
miers Règlements ordonnait qu'on lui envoyât, à la
Grande Chartreuse tous les livres jansénistes qu'on
pourrait trouver dans les Maisons de l'Ordre et
lui-même les jeta au feu. Les Jansénistes fort outrés
de cet acte de vigueur s'en vengèrent en répandant
le bruit que c'était précisément en brûlant leurs
livres que le Général des Chartreux avait mis le
feu à son Monastère, laissant ainsi pressentir que
Dieu avait puni, par ce terrible accident, l'action
impie de Dom Le Masson.
Les calomnies des partisans de la secte n'inti-
midèrent pas le vénérable Solitaire; il entra lui-
même dans la lice, en publiant un manuel pratique et
dogmatique sur les questions en litige. Cet ouvrage
dont nous avons déjà parlé, parut sous le titre
d' ' Enchiridion opérandes salut is. « Je le composay,
<c — dit l'auteur lui-même — afin qu'il fût comme
« un antidote que nos solitaires eussent à la main
— i35 —
« pour se garantir des pernicieux effets du poison
« que L'S docteurs jansénistes pourraient leur faire
« prendre en abusant énormément de leur bonne
« foi et de leur crédulité. » La doctrine de Dom
Le Masson fut louée à Rome et reçut l'approbation
des plus éminents prélats de l'Eglise de France.
La controverse du Général des Chartreux avec
Armand-Jean de Rancé, Abbé de la Trappe, eut un
grand retentissement. Dom Innocent avait interdit,
dans son Ordre, un livre de l'Abbé de Rancé :
La sainteté et les devoirs de la vie monastique.
Les tendances de cet ouvrage avaient fait naître
dans l'esprit du Révérend Père de légitimes inquié-
tudes; il pensait que, vu les circonstances du temps
et les attaques portées contre les Chartreux, ce
livre pouvait troubler la conscience, ou exalter l'i-
magination de quelques-uns de ses Religieux. De
plus, les Jansénistes prônant et soutenant l'Abbé de
la Trappe, il crut que cet ouvrage pouvait être
dangereux et il l'interdit dans tout l'Ordre, pour
couper le mal dans sa racine.
La conduite si prudente du Général des Char-
treux souleva les colères de la secte. L'Abbé de
Rancé répondit à cette interdiction par un pamphlet
intitulé : Lettre à un Evêque pour répondre aux
difficultés de Dom Innocent Le Masson , Général
des Chartreux, au sujet des allégations faites de
leurs anciens Statuts, dans le livre de la sainteté
et des devoirs de la vie monastique, 1G89. Cet écrit
s'étant répandu manuscrit, Dom Le Masson, pour
défendre son Ordre publia une brochure qui avait
— IÔO —
pour titre : Explications de quelques anciens Sta-
tuts de l'Ordre des Chartreux, avec des éclaircis-
sements donnés sur le sujet d'un libelle qui a été
composé contre l'Ordre et qui s'est divulgué secrè-
tement. Dans cet ouvrage, le Général des Chartreux
répond aux allégations de l'Abbé de la Trappe ,
critique plusieurs principes extraits du livre d'Ar-
mand de Rancé et cite trente-deux textes, pris dans
les cinq premiers chapitres des Devoirs de la vie
monastique qui lui paraissent outrés et presque
conformes à la doctrine de Cornélius Jansénius.
Richard Simon, sous le pseudonyme de Saint-
Jorre,dit, dans sa Bibliothèque critique^ que Dom
Le Masson a trop, relevé certains endroits du livre
de l'Abbé de la Trappe, mais, ajoute-t-il, « cet
Abbé par ses discours outrés, non seulement con-
tre les Chartreux, mais contre tout l'Ordre monas-
tique, s'était attiré cette réponse. »
Dom Le Masson lutta jusqu'au dernier moment
contre la secte et sauva ainsi de l'hérésie les enfants
de saint Bruno. Moréri rapporte, d'après les Mé-
moires du temps, quela dernière lettre écrite par le
célèbre Général, un peu avant sa mort, était adressée
au Père de la Chaise, confesseur du Roi de France,
pourle supplier de lui procurer le pouvoir de punir
ceux de son Ordre qui seraient soupçonnés de faire
partie de la secte. « Cette lettre, dit-il en terminant,
ne parut qu'après sa mort, et lit beaucoup de bruit. »
Les Jansénistes n'épargnèrent pas Dom Le Mas-
1 Saint Jorro. op. cit. t. I. p.
iy
son. Dans leurs écrits, ils le traitèrent de mauvais
théologien, de faux mystique, etc. « Si, dit Fel-
ler, en se déclarant pour une secte, on peut être
exalté jusqu'aux nues par ses partisans, il faut s'at-
tendre aussi d'être ravalé jusqu'au néant lorsqu'on
se déclare contre. » De nombreux auteurs ont rendu
justice à Dom Le Masson ; ils reconnaissent que
l'amour de son Ordre conduisit toujours sa plume
et que plus il avait d'attachement pour l'Institut
des Chartreux, plus il devait avoir d'ardeur pour
le défendre et en soutenir l'honneur. Le Journal de
Trévoux, de 1704, rapportant l'opinion des con-
temporains, dit : « On ne peut disconvenir qu'il
n'ait été un véritable zélateur de l'ancienne disci-
pline, un pasteur vigilant toujours attentif à écarter
les loups de sa bergerie, enfin un auteur habile, ju-
dicieux et toujours éloigné des nouveautés. »
La prodigieuse activité de Dom Innocent Le
Masson, jointe aux austérités de la Règle, épuisèrent
bientôt ses forces. Il en fit un jour l'aveu àl'Évê-
que d'Annecy, de Rossilion de Bernex. « Ce prélat
— est-il raconté dans sa vie — entreprit, au mois de
juillet 1702, le voyage de la Grande Chartreuse.
Il vouloit s'édifier par la vue des pieux Solitaires
qui mènent une vie plutôt angélique qu'humaine
dans ces montagnes affreuses où ils n'ont de com-
merce qu'avec le ciel. Le saint Ordre des Char-
treux étoit alors gouverné par Dom Innocent Le
Masson qui s'est rendu célèbre par son érudition
et sa piété. Les travaux auxquels il s'étoit livré
pendant le cours de sa vie lui avoient attiré de
— i38 —
fâcheuses incommodités. Voyez, disoit-il à Mon-
seigneur de Bernex, en lui montrant ses jambes
ruinées, voyez où m'a réduit l'excès de travail.
Prenez exemple sur moi et ne vous laissez pas
accabler par la multitude des affaires. Apprenez à
les interrompre quelquefois pour les reprendre
ensuite avec plus d'ardeur et de succès, quand
vous aurez donné quelques moments au repos1. »
L'année suivante, le vénérable Prieur de Char-
treuse mourait des suites d'une attaque d'apoplexie,
le 8 mai iyo3, à l'âge de soixante-quinze ans, après
avoir gouverné l'Ordre pendant vingt-huit ans.
Un Chartreux de Villeneuve nous a laissé, dans
un manuscrit sur les hommes illustres de l'Ordre,
l'éloge de ce Général, si remarquable par sa foi.
son -zèle, ses vertus et ses travaux. «Son savoir —
écrit-il — son génie vaste, son érudition l'ont fait
regarder dans l'Ordre comme une personne qui
lui a fait le plus grand honneur, et il a rempli avec
éclat, dignité et l'approbation d'un chacun, pen-
dant l'espace de trente années, un poste si délicat
et qui demande un si haut mérite, estimé des sa-
vants et des grands, et ayant la confiance de ses
enfants. Il a soutenu son rang avec applaudisse-
ment de tous ses Religieux; on avoit recours à lui
comme à un oracle et il étoit consulté d'un chacun
ainsi que le témoigne sa correspondance. Malgré
ses grandes occupations qui eussent demandé un
homme tout entier, il a toujours trouvé du temps
Boudet, Vie de Mgr.de Rossilion de Bernex, p. 168.
— i ig —
pour se rendre utile à l'Ordre et au public -, ses
ouvrages en font foi. C'est à ses soins que la Grande
Chartreuse doit la beauté et réparation de ses bâ-
timents après l'incendie qui consuma presque toute
la Maison. Il a toujours rendu justice à un chacun
et distingué le vrai mérite : il a été aussi ennemi
implacable des nouvelles erreurs, et il est mort
comme il a vécu, aimé et respecté de tout le
monde et surtout de Mgr le Cardinal Le Camus,
Evêque de Grenoble1. »
lu.
r. p. dom antoine iii
1703 — iy3 1.
NTOINE Grillet de Montgeffond naquit le
2 novembre 1659 au château de Montgef-
fond, dans un petit village du Jura, nommé Vos-
bles . Élevé par une mère chrétienne et pieuse
le jeune de Montgeffond désira de bonne heure' se
1 Archives de la Grande Chartreuse. Pièces diverses, n. 67,
68, 71, 73, 74. — Registre des lettres de 1676 à 1698. Mss. —
Registrum commissionutn pro Visilationibus de 1676 à 1699.
Mis. — Registrum Sententiarum, de 1676 à 1702, Mss. —
Martène, Veter. Script, t. VI, p. i5o. — Id. Voyage littéraire,
p. 252. — Jacques Bernard, Nouvelles de la République des
lettres, mai et juin 1710. — Journal des savants, an. 1703.
— Journal de Trévoux, an. 1704, 1712. — Le P. Helyot,
Préface sur les Ordres Religieux. — Dom Innocent Le
M ass on, Annales. — Eclaircissements sur la vie de J. d'Aren-
tlwn d Alex, p. 55 et 87. — Morozzo, Theatrum, cit. p. i5i.
— Moréri, Dict. hist. — Burnier, Chartreuse de Saint-Hu-
gon, p. 169 et sq. — De Tracy. op. cit. p. 285 et sq. — La
Grande Chartreuse par un Chartreux, p. 140 et sq.
— 142 —
rend Père, rendit l'Ordonnance Qiio \elo> ' spé-
ciale aux sept provinces de France. Il y était dit :
« aucun novice ne sera admis, aucun Religieux ne
recevra les Ordres sacrés et ne sera appelé à diri-
ger les âmes, s'il n'a souscrit premièrement le For-
mulaire d'Alexandre VII et ne s'est soumis de bou-
che et de cœur aux Constitutions des Souverains
Pontifes. Si un Prieur-ajoute la même décision-un
officier, ou un membre de l'Ordre ose les attaquer
ou en appeler, il faudra le traiter comme un rebelle,
un perturbateur de l'Eglise et du repos public . »
L'année suivante, le Chapitre confirma l'Ordonnan-
ce Quo \elo, et la Carte porte : « Nous tenons à
faire connaître à chacun que, non seulement les Dé-
finiteurs, mais tous les Prieurs et le Couvent de
Chartreuse, ont souscrit à cette Ordonnance à l'una-
nimité et sans aucune réclamation. »
Dans le récit de ces tristes événements, prenons
pour guide l'auteur de La Grande Chartreuse ; ce
savant Religieux résume les faits d'après les Ordon-
nances des Chapitres Généraux . « Tous les Char-
treux français — écrit-il — étaient mis en demeure de
se prononcer pour ou contre la Constitution Uni-
genitus. Pleines de respect pour l'autorité suprême
du Chapitre Général, six Provinces souscrivirent le
Formulaire et adhérèrent pleinement soit à la Bulle
Vineam Domini, soit à la Constitution de Clément
XI. Il n'en fut pas ainsi dans la Province de Fran-
ce-sur-Seine où l'on rencontra de nombreuses ré-
1 Pièces justificatives, n. 3i.
— l.p —
clamations, dans un sens ou dans un autre; le théâ-
tre de la lutte devenait dès lors nettement circons-
crit : il n'y avait plus à s'occuper que d'une seule
Province.
« Le Révérend Père Dom Antoine de Montgef-
fond, comme en 1710, voulut connaître au juste la
pensée vraie de chacun, c'est pourquoi en son nom
et au nom du Chapitre il fit l'Ordonnance suivante:
Dans toutes les Maisons de France-sur-Seine, aux
jours où d'après le Statut on lit après None la
Carte du Chapitre Général, le Prieur demandera en
public à chaque Religieux s'il souscrit à l'Ordon-
nance Q110 \elo, c'est-à-dire s'il accepte pleinement,
de bouche et de cœur, le Formulaire, la Bulle et la
Constitution dont il est parlé dans la Carte, et le
vénérable Père Prieur nous enverra en Chartreuse,
à chaque fois, une relation juridique de tout ce qui
aura été dit au Chapitre de sa Maison. Grâce à cette
conduite si prudente, le Chapitre Général de 1725
était à même de procéder en parfaite connaissance
de cause : les Difiniteurs lurent les relations en-
voyées à plusieurs reprises par les Prieurs locaux ;
ils virent les différentes réponses des Religieux ,
purent se rendre un compte exact de l'état des es-
prits et furent effrayés des progrès de l'hérésie de-
puis quatorze ans; ils comprirent sans peine que le
moment était arrivé de frapper un grand coup et
que, dût-on retrancher les membres gangrenés, il
fallait, coûte que coûte, sauver le corps entier .
D'après leurs réponses, on pouvait classer les re-
belles en trois catégories : vingt-six refusaient de
— '44 —
signer les Bulles pontificales, le Chapitre les décla-
ra suspens et interdits, avec menace d'excommuni-
cation s'ils ne viennent à résipiscence; quatorze
avaient eu recours à un appel schismatique , le
Chapitre les excommunie nommément; dix avaient
même retracté la signature qu'ils avaient apposée
au Formulaire longtemps auparavant, le Cïiapitre
les frappe d'excommunication nominale et les prive
de la société de leurs frères . Toutefois, afin de ne
punir qu'à la dernière extrémité, le Chapitre accor-
dait à tous trois mois de réflexion; passé ce temps,
ils encourraient leur peine ipso facto.
« Pour un certain nombre de ces malheureux, la
réflexion n'amena aucun changement; trente passè-
rent en Hollande plutôt que de se soumettre, et,
soutenus parles subsides des Jansénistes de France,
établirent près d'Utrecht une espèce de Chartreuse
mitigée dont nous avons lu les règlements ; le pre-
mier soin de ces Religieux qui, à l'exemple de tous
les Jansénistes ne cessaient de s'élever contre la
morale relâchée, avait été de diminuer notablement
les austérités de la vie Cartusienne ! Le mardi delà
semaine sainte de l'année suivante, i(5 avril 1720.
le Révérend Père Dom Antoine de Montgeffond
leur écrivit la lettre la plus touchante pour les ra-
mener ' , mais elle resta sans effet ; le Chapitre Gé-
néral prononça de nouveau l'excommunication con-
tre ces fugitifs, en leur accordant encore une année
avant de les retrancher de l'Ordre ; quelque-uns
1 Pièces justificatives, n. 32.
— 143 —
revinrent, la plupart eurent le malheur de rester
en Hollande; alors, en 1727, le Chapitre les ex-
communia définitivement et tout lien entre eux et
leurs anciens confrères fut à jamais brisé. Ces me-
sures énergiques produisirent de si bons résultats,
que cette même année 1727, le Chapitre permettait
à la Province de France-sur-Seine de rouvrir ses
noviciats que Ton avait eu la sagesse de fermer de-
puis plusieurs années : l'esprit de la Province était
assez bon pour qu'il n'y eût plus rien à craindre.
« En résumé , il y avait en France , à l'époque
dont nous parlons, soixante-huit Chartreuses : ce
qui représente un total de huit cents Religieux; sur
ce nombre, une cinquantaine se laissèrent entraîner
par les erreurs de Jansénius, et une trentaine envi-
ron refusèrent de se soumettre; sur six cents Con-
vers ou Donnés , on compte un seul Janséniste ,
Dominique Blasel, et parmi nos Religieuses, pas
une seule ! ' »
Un des Chartreux réfractaires retirés à Utrecht,
Dom Jean-Baptiste Cadri, publia une apologie pour
justifier leur révolte et expliquer leur fuite . « Ils
voulaient — disaient-ils — vivre dans la retraite, cou-
cher sur la paille, pratiquer les jeûnes et abstinen-
ces. » Mais, comme le fait remarquer si justement
le journaliste de Verdun qui nous rapporte ce fait :
« ils auront de la peine à se laver de l'abandon de
leur monastères, de la désobéissance à leurs supé-
rieurs et du scandale qu'ils auront occasionné1. »
1 La Grande Chartreuse par un Chartreux, p. 16] et seq.
10
— i4(~> —
Dom Antoine Grillet de Mongeffond mourut le
3i mai 1 73 i , entouré des regrets et de l'affection
de ses Religieux. Pendant son Généralat, il avait
énergiquement maintenu la régularité monastique
et le respect du au Saint-Siège. Son gouvernement
avait duré vingt-huit ans ; il avait été cinquante-
trois ans Chartreux.
Le Nécrologe de la Grande Chartreuse fait Té-
loge de ce Général, en ces termes : « Le Révérend
Père Dom Antoine de Montgeffond était le plus
doux et le plus aimable des hommes : il fut aimé
de Dieu et chéri de ses frères . Il nous gouverna
avec une sagesse, une prudence religieuses qui ne
se démentirent jamais, et avec une parfaite con-
naissance du cœur humain ; sa bonté, sa douceur
étaient vraiment celles d'un père; il a été vingt-huit
ans notre Général, au grand applaudissement de
ceux qui le connurent et qui maintenant encore le
comblent de louanges1. »
LUI.
R. P. DOM AMBROISE CROLLET.
i ;3 1 — 1732.
MBROISE Crollet, originaire de Bourg en
Bresse, abandonna le monde, à l'âge de
vingt-deux ans et vint s'ensevelir dans la solitude
1 Archives de la Grande Chartreuse. — Ordinationes Ca-
pituli Generalis Ord. Cartus. de 1666 à 1788. — Ordinatio
anni 1 7 23 pro septem Provinciis Francice. — Journal de
Verdun de 1726. — De Tracv, op. cit. p. 3oo.
— '17 —
de la Grande Chartreuse où il fit Profession en
1086. Le Révérend Père Dom Antoine de Mont-
gelïond, qui avait su apprécier son mérite, l'ap-
pela, en 1703, au poste de Scribe ou secrétaire de
l'Ordre. Dom Ambroise Crollet exerçait encore cet
emploi lorsqu'il fut appelé à succéder au Général
défunt, le 6 juin 173 1. Le zèle bien connu de Dom
Ambroise, pour la discipline régulière, laissait
pressentir qu'il continuerait avec fermeté l'œuvre de
ses prédécesseurs, mais Dieu l'appela à lui, quelques
mois plus tard.
La mort du Révérend Père Dom Ambroise
Crollet est marquée au Nécrologe de la Grande
Chartreuse, à la date du 21 janvier 1732; il était
âgé de soixante-neuf ans et en avait passé qua-
rante-sept dans l'Ordre1.
LIV.
R. P. DOM ETIENNE RICHARD.
1732 — 1 737 .
TIENNE Richard naquit à Lyon de pa-
rents honorables, en 1667. Appelé par Dieu
à un genre de vie plus parfait, il abandonna le
monde, vint frapper à la porte de la Grande Char-
treuse et fît Profession dans ce Monastère, vers
1696. Quelques années plus tard, en 1700, il fut
envoyé pour diriger la Chartreuse de Vaucluse,
1 Archives cit. — De Tracy, op. cit. Remarques sur les
Prieurs de la Grande Chartreuse, p. 3oi.
[48
dans le Jura. Il resta peu de temps dans ce poste;
le Révérend Père Do m Antoine de Montgeffond,
qui avait reconnu le mérite de cet éminent Reli-
gieux, voulut profiter de son expérience et l'en-
voya dans plusieurs Maisons de l'Ordre, entre
autres à la Chartreuse de Castres pour rétablir la
discipline et remettre les Statuts en vigueur. Le
Chapitre Général le nomma ensuite Visiteur de la
Province d'Aquitaine. Dans ces différentes charges,
Do m Etienne Richard montra un zèle si éclairé et
une entente si remarquable des affaires, qu'à la
mort du Révérend Père Dom Ambroise Crollet,
il fut élu Général de l'Ordre, le 28 janvier iy32.
Dom Etienne Richard s'endormit dans le Sei-
gneur le 3 avril 1737, à l'âge de soixante-dix ans.
après cinq ans et quelques mois deGénéralat '.
LV
R. P. D. MICHEL BRUNIER de LARNAGE.
17.?
/-'/
1758.
ICHEL Brunier de Larnage, né à Vienne,
en i(588, était issu d'une des meilleures fa-
milles du Dauphiné. Ses talents et de puissantes
protections lui présageaient un brillant avenir dans
le monde ; son frère était influent à la Cour, il
gouvernait la Martinique, pour le Roi, en qualité
d'intendant général. Mais le jeune de Larnage, dé-
1 Ibid. ut supra. — Le P. de Tracy, op. cit. pp. 3oi, 3o:
— i49 —
daigneux des honneurs, voulut se donner entière-
ment à Dieu. Entré à vingt-deux ans à la Gran-
de Chartreuse, Dom Michel y fit Profession en
171 1. Quelques années plus tard, il fut envoyé à la
Chartreuse de Prémol pour remplir la charge de
Procureur; puis, le 12 janvier 1732, le Révérend
Père Dom Ambroise Crollet le nomma Prieur de
Saint-Hugon, en Savoie.
Dom de Larnage dut s'occuper des intérêts ma-
tériels de ce Couvent qui étaient en souffrance. Il
s'opposa aux usurpations et aux rapines des habi-
tants de la Chapelle du Bard, en Dauphiné, qui
dévastaient toute la forêt de Saint-Hugon. Animé
d'un vif désir de conciliation, Dom Michel fit de
larges concessions, montra, par des titres irrécusa-
bles, qu'il allait beaucoup plus loin qu'on n'avait le
droit de l'exiger et obtint la promesse qu'on cesse-
raitde dévaster la forêt jusqu'à ce que la justice eût
définitivement statué. Avec l'assentiment du Ré-
vérend Père Dom Etienne Richard, il ne voulut
s'en rapporter à personne du soin des intérêts de sa
Maison, et partit pour Paris, dans l'été de 1736,
afin de soumettre Le conflit à la maîtrise des eaux
et forêts.
L'auteur du Mercure de France qui vit alors
Dom Michel de Larnage, nous a laissé, sur ce Re-
ligieux, l'anecdote suivante. «C'est un usage, que
le corps de musique de l'église métropolitaine et
plusieurs autres bons musiciens et symphonistes
de la ville, se rendent dans l'église des Chartreux
un certain jour de l'été; et à l'issue des Vêpres des
i5o
Religieux, ils chantent en leur présence un motet
en Thonneur du saint fondateur, et quelquefois un
psaume aussi en musique : c'est une manière d'ex-
ercice et de récréation pour les enfants de chœur.
En sortant de l'église, tous ces musiciens trouvent
une ample collation préparée dans une salle de la
Maison. On chanta, le i(5 août iy36, en contre-
point, l'antienne Laudandus Bruno et tout de
suite le Te Deum, à grand chœur. Il y eut une
grande affluence de monde qui remplit toute l'église
et une partie du M*onastère. Cette musique fut exé-
cutée par plus de quatre-vingts personnes, et, avec
grande symphonie de toutes sortes d'instruments,
tymbales, trompettes, hautbois Je me souviens
qu'étant placé dans une des hautes stalles, du côté
opposé à celui du Père Dom Prieur, j'étois auprès
d'un grand Religieux qui me parut plus occupé de
quelques pieuses méditations, que des charmes de
cette musique. Qui m'auroit dit que bientôt ce Vé-
nérable Père seroit élu Prieur de la Grande Char-
treuse, c'est-à-dire, Général de tout ce saint
Ordre Depuis, les motets ont cessé à la Char-
treuse de Paris. J'ignore les motifs et les circons-
tances de cette cessation. »
Le Religieux dont parle le Mercure de France
était Dom Michel de Larnage. Après avoir réglé
les affaires de son Couvent, il retournait à Sairit-
Hugon, lorsqu'il apprit la mort du Révérend Père
Dom Etienne Richard. Comme il entrait à la Char-
treuse de Sylve-Bénite, on lui annonça la nouvelle
de son élection, faite le 10 avril 1 7 3 7 . Cédant, mal-
I D I
gré son humilité, aux vœux de ses frères, au lieu
de retourner à Saint-Hugon, il se rendit immé-
diatement à la Grande Chartreuse.
Le nouveau Général se rappelant, sans doute, la
foule qui se trouvait à la Chartreuse de Paris pour
entendre le motet des enfants de chœur de la ca-
thédrale, défendit ces réunions . Les enfants de
chœur continuèrent d'aller chanter chez les Char-
treux de Paris, mais le grand appareil de musique
fut supprimé. « Il n'est pas surprenant — dit le
Père de Tracy — que Dom de Larnage ait éloigné,
d'une église de Solitaires, ces musiques qui se font
avec tant de tumulte et où la curiosité attire plus
que la dévotion. » Le continateur du Père Helyot,
qui rapporte aussi ce fait, ajoute : a Plut à Dieu que
Dom de Larnage vint mettre un peu de réforme
dans quelques églises de Paris, où aujourd'hui on
l'attend en vain de ceux qui devraient prescrire une
tenue décente aux musiciens. »
Dom Michel Brunier de Larnage était remar-
quable par la noblesse de son esprit et la bonté de
son cœur. Il avait une taille élevée, des traits for-
tement accentués, /le regard bienveillant, mais cette
douceur qui prenait sa source dans la charité n'ex-
cluait en rien la fermeté. Après avoir saintement
gouverné pendant vingt et un ans, il mourut re-
gretté de ses Religieux, le ier octobre iy58, à l'âge
de soixante-dix ans.
1 Mercure de France, décembre 1741, p. 2834. — Dict.
des Ordres Religieux. — Eugène Burnier, L.i Chartreuse
de Saint-Hugon. p. 216. — De Tracy, op. cit. p. 3o2.
1.12
LVI.
R. P. DOM ETIENNE BICLET.
[753 — 1778.
TIENNE Biclet, originaire de Lyon, na-
quit le 5 mars 1703. Ayant quitté le monde
pour se consacrer à Dieu, il vint au Désert de Char-
treuse et y iit Profession. Sa science et son entente
des affaires engagèrent le Révérend Père Dom Mi-
chel de Larnage à le choisir pour Scribe ou secré-
taire de l'Ordre, en 1748. Il occupait encore ce
poste à la mort de Dom Michel, quand les suf-
frages des Religieux de laGrande Chartreuse l'appe-
lèrent à lui succéder, le 6 octobre 1758.
Le Père de Tracy, parlant de Dom Etienne Bi-
clet, nous apprend que « la modestie, le bon exem-
ple, la vigilance se manifestèrent dans sa conduite,
avec la soumission à la Providence dans les épreu-
ves. » En effet Dom Etienne eut cà déplorer la
suppression de trois Chartreuses importantes d'I-
talie : Païenne, en 1769 ; Padoue et Vedane, en
1770. Déjà l'Empereur Joseph II avait commencé
à mettre à exécution ces dangereuses innovations
en ce qui regarde les possessions ecclésiastiques
et les Maisons Religieuses qu'il voulait séculariser.
La mort devait cependant épargner au Vénérable
Général la douleur de voir la suppression des nom-
breuses Chartreuses, établies dans les États de cet
Empereur philosophe.
Les hommes les plus eminents de cette époque
— [ ? ? —
avaient Dom Etienne Biclet en grande estime. Dom
Dorothée, Abbé de la Trappe de Sept-Fonts, qui
était venu le visiter, conserva toujours une haute
idée de sa piété, de sa science et de sa modestie. Le
Père Mandar de l'Oratoire, qui le vit en 177?, nous
trace son portrait en quelques lignes : « J"ai vu
Dom Biclet, c'est un grand vieillard de soixante-
quinze ans, de la plus haute vertu, du meilleur ju-
gement et d'une gaieté douce dans la conversation ;
on le voit le premier à tous les exercices, autant
que ses affaires le lui permettent.
Dom Etienne Biclet venait de présider le Cha-
pitre Général de 1778. lorsque trois jours après, il
fut frappé d'une attaque d'apoplexie et rendit. .
même jour, son àme à Dieu, le 27 mai, a Page
soixante-quinze ans.
L'obituaire de la Grande Chartreuse nous a trans-
mis l'éloge de ce Général. « La nature et la grâce,
dit-il, s'étaient plues à le combler de leurs dons ;
pendant les vingt années qu'il marcha à n
tcte, sa sainte vie nous servit de modèle à tous ;
son commandement était si empreint de douceur
qu'il gagnait tous les cœurs. Homme au-dessu<
toute louange, le plus célèbre entre ceux qui ont
rempli la charge de Scribe, on disait de lui. quand
il y avait une affaire difficile a élucider : allons con-
sulter le Voyant, eamus ad Videntem ; sa mém
sera toujours en bénédiction parmi nous
1 Le Pcr.- de Tracv. op. cit. Remarques cil
391. — Archive — La Grande
Chartreuse parunCharti
— i .->4 —
LVII.
R. P. DOM HILARION ROBINET.
1778 — 1791.
ILARION Robinet était né à Paris, en 1 725.
Attiré par Dieu dans la solitude, il entra
dans le célèbre Monastère que les Chartreux possé-
daient dans cette ville et y fit Profession. Ses talents
et son entente des affaires engagèrent bientôt ses
Supérieurs à le nommer Procureur du Couvent.
Pendant qu'il remplissait cet emploi, il fut envoyé à
la Grande Chartreuse pour traiter, avec le Général,
des intérêts concernant la Chartreuse de Paris. Le
Révérend Père Dom Biclet put dans cette circons-
tance admirer la piété et le grand savoir du Véné-
rable Religieux ; il le prit dès lors en telle estime,
qu'en 1776, il le nomma Prieur de Paris. Dom
Robinet occupa ce poste très peu de temps ; il as-
sista seulement deux fois comme Prieur, au Cha-
pitre Général. A peine était-il de retour de la Gran-
de Chartreuse, après le Chapitre de 1778, qu'il
apprit la mort du Révérend Père Dom Etienne
Biclet et son élection à la première dignité de l'Or-
dre. C'était le cinquième Général sorti de la Char-
treuse de Paris. Élu le 2 juin, il partit le 19 du mê-
me mois pour se rendre au Désert de Chartreuse
Le Père de Tracy, qui avait connu Dom Robi-
net pendant son séjour à Paris, nous dit que
« ceux qui avoient avec lui des relations, l'ont re-
gretté dans cette grande ville. » Plus loin il ajoute :
— i55 —
« Il n'est pas oublié de ceux dont il s'estoit attiré
l'affection et l'estime dans la capitale de ce royau-
me, par son honnêteté, son affabilité et ses autres
vertus. » De son côté, le Père Mandar, de l'Ora-
toire, disait: « C'est un homme d'un vrai mérite,
qui joint au talent dans les affaires la plus aimable
affabilité et toutes les vertus du cloître. »
A la Grande Chartreuse, le cœur de Dom Hila-
rion fut abreuvé de vives douleurs. Dès la première
année de sa nomination, les Chartreuses de la Val-
Sainte, dans le diocèse de Lausanne, et d'Hildes-
heim, dans la Basse-Saxe, furent supprimées. Bien-
tôt il allait assister à la destruction d'une partie de
son Ordre. Joseph II qui, à la mort de Marie-
Thérèse d'Autriche, sa mère, avait pris le gouver-
nement de l'Autriche, de la Hongrie, de la Bohê-
me, de la Lombardie et des Flandres, s'était déclaré
ouvertement contre l'Eglise et continuait son œu-
vre de la sécularisation des Monastères. Plus de
trois cents Maisons religieuses furent supprimées.
Ce prince philosophe avait cru cependant néces-
saire de commencer par les Chartreux, persuadé
que le spectacle de leur vie austère contrasterait
d'une manière trop frappante avec le résultat obligé
de ses prétendues réformes. Vingt-neuf Chartreuses
furent supprimées malgré les vives réclamations
du Pape Pie VI. Tous les vénérables Religieux
de ces Maisons persévérèrent dans leur sainte vo-
cation et restèrent dans leur solitude, jusqu'au
moment où ils furent obligés, par la force, à s'éloi-
gner de leur retraite ' [782 et iy83).
— j 56 —
Vers la même époque, sous la pression du gou-
vernement, les Chartreux d'Espagne furent obligés
de se séparer de la Maison- Mère et cessèrent de
faire partie de la famille cartusienne qui reconnais-
sait l'autorité du Révérend Père Hilarion. Un Bref
arraché au Souverain Pontife les rendait indépen-
dants de la Grande Chartreuse et les autorisait à
avoir un Supérieur national ( 1784 ). En six années,
Do m Robinet avait eu à déplorer la perte de qua-
rante-quatre Chartreuses . Dieu voulait éprouver
ses serviteurs : dans quelques années, des cent
vingt-deux Monastères qui existaient encore dans les
différentes parties de l'Europe, à peine en restera-
t-il quelques-uns.
Lorsque la Révolution française commença son
œuvre de destruction et que l'Assemblée nationale,
par ses décrets de février 1790, eut aboli les vœux
monastiques et supprimé les Ordres religieux, Dom
Hilarion Robinet avait déjà pris les précautions
nécessaires en vue de la dispersion de son Ordre.
Dès le principe, il s'était fait autoriser par le Saint-
Siège à établir la Maison-Mère , en dehors de
France; de plus, le 14 mai 1700, il reçut un Bref
qui lui permettait de réunir le Chapitre Général
dans la Maison qu'il aurait choisie comme refuge.
En cette année [790, les autorités révolutionnaires
vinrent trois fois établir l'inventaire du mobilier
de la Grande Chartreuse et finirent par enlever
l'argenterie et les vases sacrés. Le 3i octobre, un
membre du district, accompagné de gendarmes,
força le Père Procureur à lui livrer la moitié de
— 157 —
l'argent qui restait dans la caisse du Couvent ; il
emporta la somme de 36, ooo livres.
Dom Hilarion était resté au milieu de ses Reli-
gieux, dans le Monastère de la Grande Chartreuse,
mais les terribles malheurs qui accablaient son
Ordre avaient brisé ses forces, et il mourait le 4
mai 1791, à l'âge de soixante-six ans.
« Le Révérend Père Dom Hilarion Robinet —
écrivait dernièrement un Chartreux — rendit son
âme à Dieu, après avoir vu tomber pierre par
pierre, cet édifice cartusien si grandiose encore peu
d'années auparavant; il contempla tant de désastres,
n'ayant pour toute consolation que la plus entière
soumission à la volonté de Dieu. Une joie, néan-
moins, l'attendait à son lit de mort : celle de pen-
ser qu'il reposerait dans le cimetière de la Grande
Chartreuse ; qu'il mêlerait ses cendres à celles
d'une longue génération de Saints et qu'il atten-
drait la venue du Souverain Juge dans cette terre
bénie '. »
LVIII.
R. P. DOM NICOLAS ALBERGATI.
1 79 1 — 1801 .
ICOLAS Albergati de Geoffroy quitta le
monde, jeune encore, pour se consacrer à
£tant entré dans la Chartreuse de Villeneuve-
Dieu.
1 Le Père de Tracy, op. cit. p. 306-391-392. — Souve-
nirs du Père Dom Ephrem Coutarel, ms. La Grande Char-
treuse par un Chartreux, p. 166 et sq.
— i58 —
les-Avignon, il y ht Profession et édifia ses frères
par sa piété et ses vertus. Ses Supérieurs, après
Tavoir désigné pour différents offices dont il s'ac-
quitta à la satisfaction de tous, le nommèrent
Prieur de la Chartreuse de Saint-Julien, près de
Rouen, et peu après convisiteur, puis Visiteur de
la Province de France-sur-Seine.
A la mort de Dom Hilarion Robinet, les élec-
teurs de Chartreuse, Currières et Chalais l'élurent
Général à l'unanimité, le 10 mai 1 79 1 . Dans la
crise terrible que traversait l'Ordre des Chartreux,
l'honneur qui était fait à Dom Nicolas était une
bien lourde charge ; mais le nouveau Général l'ac-
cepta cependant avec courage, et toujours il sut se
montrer à la hauteur des circonstances difficiles
au milieu desquelles il se trouva.
Le 12 août de la même année, Dom Nicolas Al-
bergati pria le Souverain Pontife, Pie VI, de lui re-
nouveler la faculté déjà donnée à son prédécesseur,
d'établir son séjour à l'étranger et d'y rassembler
le Chapitre Général, ce qui lui fut accordé.
Les domaines de la Chartreuse avaient été mis
en vente comme biens nationaux; l'obédience du
désert, où les Généraux se retiraient quelque-
fois pour se recueillir dans une solitude com-
plète, avait été vendue le jour même de la mort
du Révérend Père Dom Hilarion Robinet. Cette
même année 1791, en vertu du décret du 20 mars
1700 et de la loi du 14 octobre 1790, on vint à
deux reprises interroger les Religieux de Chartreuse
pour savoir s'ils étaient disposés à profiter de la li-
— i Sg —
berté qui leur était accordée par la nation. La ré-
ponse-1e tous les Religieux fut que leur désir
était de persévérer dans leur vocation etde rester
dans leur Monastère.
Au mois d'avril 1792, Dom Albergati de Geof-
froy et ses Moines furent accusés d'avoir des cor-
respondances avec les ennemis de la nation et de
faire des préparatifs pour recevoir les troupes Sar-
des qui, disait-on, méditaient une invasion par les
montagnes de Chartreuse. Sous prétexte de garder
cette frontière, on mit garnison dans le Couvent.
« Notre Maison — écrivait un témoin oculaire —
était devenue une véritable caserne et notre position
était si pénible qu'elle aurait été insupportable si
Dieu ne nous avait soutenus de sa grâce, pour per-
sévérer dans notre état'. »
Le 21 mai suivant, des commissaires se présentè-
rent à la Grande Chartreuse, et signifièrent au Ré-
vérend Père et aux Religieux Tordre d'évacuer le
Monastère dont ils avaient besoin, disaient-ils, pour
loger des troupes. Ils assignèrent comme nouvelle
résidence, à la Communauté, la Chartreuse de Syl-
ve-Bénite, près du lac Paladru, et celle de Durbon,
dans les environs de Gap. Dom Albergati consterné
à cette nouvelle, envoya aussitôt à Grenoble Dom
Burdet et Dom Palluis qui parvinrent à obtenir la
révocation de cet ordre.
La position des Religieux, au milieu des soldats
qui commandaient en maîtres, était devenue into-
lérable, lorsque l'Assemblée nationale décida, par
décret du [6 août 1792, que toutes les maisons
— iho
religieuses devaient être évacuées le premier octo-
bre. Le district fit signifier ce décret au Révérend
Père, le i3 septembre, mais l'exécution n'eut lieu
que le 14 octobre et les jours suivants; à cette épo-
que, la Communauté y compris Currières et Cha-
lais comprenait trente-huit Religieux de chœur, dix-
huit Convers et trente-six Donnés. On ne laissa
dans le Couvent que douze Frères et les Officiers
de la Maison : Dom Ambroise Burdet, Procureur ;
Dom Sébastien Palluis, Procureur de l'Obédience
de'Meylan; Dom Emmanuel Nivière, Coadjuteur;
et Dom Thaddée Forestier, Vicaire. Ces Religieux
devaient garder la Maison et prendre soin des
granges et des prairies qui, n'ayant pu être ven-
dues, leur avaient été affermées.
Le Révérend Père Dom Nicolas Albergati de
Geoffroy quitta le Monastère le 17 octobre 1792.
Ses Religieux pour la plupart passèrent la frontière
et demandèrent asile à leurs frères d'Allemagne et
de Suisse. D'autres se dirigèrent vers l'Italie, par-
mi eux se trouvait Dom Albergati qui, après bien
des périls, parvint à se réfugier à Bologne, où il ar-
riva le 7 décembre. En 170,0, le Chapitre Général
fut convoqué dans cette ville, à l'époque ordinaire;
quatorze Prieurs s'y présentèrent. Dans cette as-
semblée, on régla l'importante question de l'élection
du Général de l'Ordre. Le Chapitre ordonna que
« si le Révérend Père venait à mourir dans le cou-
rant de l'année, le Père Scribe serait chargé du
gouvernement de tout l'Ordre et jouirait de la mê-
me autorité que le Révérend Père, jusqu'au Cha-
— i6i —
pitre Général qu'il serait tenu de convoquer à l'é-
poque ordinaire. S'il venait à mourir lui-même avant
d'avoir pu assembler un Chapitre, le Religieux qu'il
aurait choisi pour Scribe aurait la même autorité et
les mêmes obligations. » Cette Ordonnance fut con-
firmée par le Chapitre de Tannée suivante et approu-
vée par un bref de Pie VI, en date du 14 juillet 1794.
Dom Nicolas Albergati put encore réunir le
Chapitre Général en 1793. Dans cette circonstance,
après avoir consulté les Pères Visiteurs et enten-
du le rapport du référendaire Dom Ignace Tricot,
Prieur de Valbonne, le Chapitre revint encore sur
l'élection du futur Général et déclara que, selon son
sentiment, l'élection du Révérend Père devait ap-
partenir aux Définiteurs du Chapitre, tant que la
Maison de Chartreuse resterait dispersée; de plus,
il détermina les formalités à remplir pour l'élection.
Cette Ordonnance ne fut jamais appliquée, le Cha-
pitre Général n'ayant pu se réunir pendant la Ré-
volution et l'Empire.
Au commencement de l'année 1797, le Général
des Chartreux fut obligé de s'enfuir de Bologne, à
l'arrivée des armées françaises dans la province. Il
se réfugia, avec la permission du Souverain Pon-
tife, dans la Chartreuse de Rome. Dom Nicolas
Albergati de Geoffroy passa quelques années dans
la ville éternelle, et se prépara à la mort au milieu
des exercices de la pénitence. Il s'endormit dans la
paix du Seigneur, le 22 décembre 18011.
' Notes manuscrites de la Grande Chartreuse. — Souvenirs
de Dom Ephrem Coutarel. Ms. — A. Pascal, Le Désert de
11
ïfi'2
LIX.
R. P. DOM ANTOINE VALLET.
Vicaire Général.
1801 - i8i3.
NTOINE Vallet était né en ij-5 ; Dieu
l'ayant appelé à la vie solitaire, il aban-
donna le monde et fit Profession à la Grande Char-
treuse, en 174'). Ses talents remarquables le firent
nommer Scribe ou secrétaire de l'Ordre. Il occupa
cette place sous trois Généraux, les Révérends
Pères Dom Etienne Biclet, Dom Hilarion Robinet
et Dom Nicolas Albcrgalï de Geoffroy. Dans toutes
les circonstances difficiles, au milieu desquelles il
se trouva, Dom Antoine sut déployer une grande
énergie et une habileté remarquable. Dans l'Ordre,
on le considérait comme le futur successeur de
Dom Albergati.
En vertu d'une Ordonnance du Chapitre Général
tenu à Bologne, en 1 7q3, il avait été réglé que, en
cas de décès du Révérend Père, son secrétaire hé-
riterait de son autorité et l'exercerait dans les mêmes
conditions, jusqu'au prochain Chapitre Général.
En conséquence, Dom Antoine Vallet. à la mort
de Dom Nicolas Albergati, prit en main l'admi-
nistration de l'Ordre, avec le titre de Vicaire Gé-
néral, et conserva le pouvoir avec ce simple titre, les
la Grande Chartreuse, p. ioq et sq. — La Grande Char-
treuse par un Chartreux, p. 169 et sq.
— [63 —
malheurs de cette époque néfaste ne lui ayant pas
permis de réunir le Chapitre.
Dom Antoine Vallet résida, comme son prédé-
cesseur, dans la Chartreuse de Rome, mais obi gé
de quitter cette ville, en 1810, il eut un instant la
pensée de se retirer à la Chartreuse de La Part-
Dieu, près de Fribourg, en Suisse. C'était à peu
près la seule Maison régulière qui restait aux Char-
treux. Les circonstances politiques ne lui ayant pas
permis de réaliser son projet, il se retira à Romans,
dans le département de la Drôme. Quelques Char-
treux du Val-Sainte-Marie de Bouvantes étaient
venus, pendant la Révolution, chercher un asile
dans cette petite ville. L'un d'eux s'était rendu ad-
judicataire de l'ancien Couvent des Récollets, le
3i mars 1791, et tous ensemble reprirent, dans cet
ancien Monastère, leur vie de Chartreux. Ils ne
furent pas inquiétés et purent passer, dans le si-
lence de la solitude, les plus mauvais jours de .la
Terreur. En 18 to, Dom Antoine Vallet vint s'éta-
blir dans cette Chartreuse fondée dans des circons-
tances si extraordinaires et y passa quelques années
dans le calme le plus profond.
Le 25 juin 181 3, il y rendit sa belle âme à Dieu,
à l'âge de quatre-vingt-huit ans, après avoir vécu
soixante-sept ans dans l'Ordre. L'obituaire de la
Grande Chartreuse fait son éloge en quelques
mots : « Obiit R. P. Domnus Antonius qui vixit
valdè laudabiliter in Ordine. »
« Ses obsèques — nous dit Y Ami de la Religion
— furent célébrées suivant le rite cartusien \ son
— 164 —
corps était revêtu de l'habit de l'Ordre et exposé
sur une simple planche au milieu de l'église. Tous
les Religieux portaient leur habit. Le respectable
curé de Romans, M. l'abbé Antelme, prononça
l'éloge du défunt, en présence des administrateurs
des hospices et de plusieurs familles de distinction
qui honoraient les Chartreux. Les restes de Dom
Vallet furent inhumés, près de ceux de ses con-
frères morts avant lui, dans l'enceinte de l'église,
près de la chapelle de la Mère des Douleurs '. »
LX.
R. P. DOM ROMUALD MOISSONNIER.
Vicaire Général.
i8i3 — 1816.
OMUALD Moissonnier, qui avait reçu au
baptême les noms de Jean-Louis, naquit à
Lyon, le 3i décembre 1742. Porté, jeune encore,
à la vocation de la vie religieuse, il se présenta au
Couvent de la Grande Chartreuse, y fit son novi-
ciat et prononça ses vœux, le i5 août 1762. Quel-
ques années plus tard, en 1775, il fut envoyé
comme Sacristain à la Chartreuse de Pomiers. Il
v resta peu de temps et fut nommé successivement
Vicaire au Reposoir, Coadjuteur à Chalais, Pro-
cureur à la Sylve-Bénite, et en 1789, Prieur de cette
1 Notes manuscrites de la Grande Chartreuse. — Ami de
la Religion, t. LXXXV p. 28g. ap. La Grande Chartreuse,
cit. p. iq3 et sq.
65
même Maison. Obligé de fuir en 1792, il quitta la
France, et, par une étrange coïncidence, arriva à
la Chartreuse de Bologne le même jour que le
Révérend Père Dom Nicolas Albergati de Geoffroy
et Dom Antoine Vallet, Scribe de l'Ordre. Ce fut
entre les mains de ces trois Religieux que reposa
la suprême autorité pendant la Révolution et l'Em-
pire.
Forcé de quitter Bologne pour échapper aux
Français victorieux qui menaçaient la ville, Dom
Romuald passa quelque temps à la Chartreuse de
Ferrare, puis se réfugia dans le Monastère de Tri-
este et dans celui de Florence. Il habita cette der-
nière Chartreuse jusqu'au moment où le Révérend
Père Vicaire Général le nomma Prieur de La Part-
Dieu, en Suisse.
En 18 10, le Vicaire Général, Dom Antoine Val-
let, qui, quelques années auparavant avait donné
la charge de Scribe à Dom Raphaël Paris, crut devoir
remplacer ce Religieux et nomma Dom Romuald
Moissonnier. A cet effet, il lui envoya l'obédience
de Scribe qui fut confirmée par le Nonce aposto-
lique à Lucerne, le 20 juillet i8i3. A la mort de
Dom Antoine Vallet, Dom Romuald Moissonnier,
en vertu de l'Ordonnance du Chapitre Général de
1793 , devint Vicaire Général. Son titre et ses
pouvoirs furent confirmes par le Saint-Siège.
Ce vénérable Religieux fit les plus honorables
efforts, en 1 8 1 4 et en i8i5, pour obtenir du gou-
vernement français le rétablissement de la Grande
Chartreuse. « Rien — dit un Chartreux contem-
— i66 —
porain — Rien ne lui tenait plus à cœur, et l'espé-
rance qu'il en avait toujours conservée, semblait être
chez ce bon Religieux comme une inspiration qui
lui servait d'encouragement pour arriver au terme
de ses désirs. » Dom Romuald se mit en rapport
avec quelques Chartreux résidant en France, parti-
culièrement avec Dom Emmanuel du Creux, chape-
lain de l'Hôtel-Dieu de Rouen, ancien Prieur de
la Chartreuse de Gaillon, et Dom Ephrem Coutarel,
curé de Vilette près de Saint-Laurent-du-Pont.
Dieu bénit les démarches de Dom Moissonnier,
et le 27 avril 1816, une ordonnance royale autori-
sait le retour des enfants de saint Bruno dans leur
Couvent du Désert de Chartreuse. Un instant, h
vénérable Vicaire Général crut qu'il ne lui serait
pas donné de revoir la Grande Chartreuse, il venait
de tomber dangereusement malade, mais Dieu
voulant donner cette consolation à son serviteur,
lui rendit la santé. Dès lors, au comble de ses vœux
Dom Moissonnier hâta le dipart. « Le 25 juin, n'é-
coutant ni son grand âge ni son état d'infirmité,
sans autre précaution que celle de voyager en litière
et à petites journées, bien qu'il fût encore convales-
cent, il quitta la Part-Dieu, au risque de mourir
en route, traversa le canton de Yaud, Genève, la
Savoie et arriva à Grenoble le jeudi 4 juillet. »
Dom Romuald prit possession de la Grande Char-
treuse, le 8 juillet 18 16, accueilli avec le plus vif
enthousiasme par toutes les populations voisines,
heureuses de revoir leurs anciens bienfaiteurs.
« Ainsi — dit un des historiens de la Grande
— i (->7 —
Chartreuse — le vénérable Vicaire General qui avait
été l'instrument de la Providence pour la restaura-
tion de son Ordre en France, dans le lieu même
où saint Bruno l'avait fonde, rentra au Couvent
où il avait été enfanté à la vie religieuse, comme
un 'exilé rentre dans la maison de ses Pères. »
Le lendemain, on chanta une messe d'actions de
grâces, dans la chapelle des morts, la seule où Ton
pût célébrer avec décence les saints mystères : huit
à dix Religieux y assistaient. Rien ne manquait plus
au bonheur de Dom Romuald Moissonnier; il se
retrouvait au berceau de son Ordre, sur cette terre
sanctifiée par son illustre fondateur. Onze jours
après son arrivée, le 19 juillet 18 16, le Révérend
Père s'éteignait sans souffrances, à l'âge de soixante-
quatorze ans, après avoir vécu dans l'Ordre cin-
quante-quatre ans '.
LXI.
R. P. DOM BONAVENTURE EYxMIN.
Vicaire Général.
1816.
ONAVENTURE Eymin avait fait Profes-
sion â la Chartreuse de Valbonne et était
Prieur de Durbon lorsqu'éclata la Révolution. S'é-
tant retiré au Monastère de la Part-Dieu, il entra
{ Notes mss. de la Grande Chartreuse. — Dom Bruno Ram-
beaud. Tableau historique de la Grande Chartreuse, p. 94
et sq. — Rentrée des Solitaires de la Grande Chartreuse.
— A. Pascal. Le Désert de la Grande Chartreuse- p. 84 et
— i(58 —
en rapport avec le Révérend Père Vicaire Général,
Dom Romuald Moissonnier, qui sut apprécier sa
science, sa vertu et sa prudence.
Au moment de partir pour la Grande Chartreuse,
en 1 8 1 6, Dom Romuald ayant comme un pressen-
timent de sa mort prochaine, voulut nommer celui
qui devait remplir, après lui, la charge de Vicaire
Général; il choisit Dom Bonaventure Eymin. Après
la mort de Dom Moissonnier, le nouveau Vicaire
Général se rendit à la Grande Chartreuse pour pré-
sider à l'élection d'un Général. Le iO septembre
1816, Dom Grégoire Sorel fut nommé Prieur de
Chartreuse et Général de l'Ordre. Les trois Vicai-
res Généraux, qui avaient été à la tète de l'Ordre
pendant la Révolution française, cessaient alors le
rôle qu'ils avaient si dignement rempli.
Dom Eymin fut, dans la suite, avec l'assentiment
du Saint-Siège, nommé Coadjuteur du Général. iô
septembre 1822 ; mais il ne put rendre aucun ser-
vice au Révérend Père Sorel. Le jour même où il
devait commencer à exercer sa nouvelle charge, il
tomba malade et mourut quelques mois après, le
18 décembre 1822, ayant édifié ses frères par son
humilité et sa piété. Dom Bonaventure Eymin
avait vécu cinquante-sept ans dans l'Ordre des
Chartreux '.
sq. — L'Ami de la Religion, t. LXXXV, p. 291. — Du Boys.
Grande Chartreuse, p. 76. — La Grande Chartreuse, cit.
p. 195. et sq.
< Notes mss. de la Grande Chartreuse. — Dom Bruno Ram-
baud, Tableau historique cit. p. 69. La Grande Chartreuse,
cit. p. 198 et 210.
— 169 --
LXII.
R. P. DOM GRÉGOIRE SOREL.
18 16 — 1824.
RÉGOIRE Sorel, après avoir fait Profession
à la Grande Chartreuse, fut successivement
Sacristain, Maître des Novices, Vicaire et Procu-
reur de ce Monastère. Plus tard, il fut envoyé com-
me Prieur à la Chartreuse de Seillon, et la Révo-
lution française le trouva à la tète du Couvent de
Vaucluse.
Lorsque les Religieux réunis à la Grande Char-
treuse durent nommer un successeur à Dom Ro-
muald Moissonnier, ils jetèrent les yeux sur Dom
Grégoire Sorel qui, après la réouverture des égli-
ses avait pris du ministère, et dirigeait la paroisse
de Saint-Jean de Bournay. Ses anciens confrères
lui écrivirent pour l'engager à se joindre à eux.
mais Dom Sorel, brisé par l'âge et les infirmités,
leur répondit que ses soixante-dix-sept ans' ne lui
permettaient pas, malgré son désir, de retourner
au Couvent de Chartreuse. Les Religieux le suppliè-
rent alors de venir au moins, au milieu d'eux, pour
les assister de ses conseils et prendre part à l'élec-
tion, comme Confirmateur. Dom Grégoire ne put
résister à leurs instances, il vint à la Grande Char-
treuse et fut nommé Général, le H> septembre 18 1 G.
Craignant de ne pas répondre à l'appel de Dieu
qui se manisfestait d'une façon si inattendue, il
accepta et reprit courageusement les Observances
— i-o —
et les Règles de la vie Cartusienne. Son élection fut
confirmée parle Pape Pie VII, le 17 décembre 1816.
Malgré son grand âge, Dom Grégoire Sorel tra-
vailla avec le plus grand zèle à réparer les ruines
accumulées par les Révolutionnaires, et après eux
par les Autrichiens qui, en 1814, avaient saccagé
le Monastère. Un témoin oculaire nous décrit en
ces termes l'état de délabrement de la Grande Char-
treuse autrefois si florissante : « Vitraux brisés,
portes enfoncées et sans serrures ; cloisons renver-
sées, cellules dévastées, toits dégradés, murs souil-
lés par des mains profanes ; l'église et les cha-
pelles, tout, à quelques exceptions près, offrait
l'image de la spoliation : autels, chandeliers, lam-
pes, tableaux, cloches, horloge, stalles, parquet,
boiserie des deux chœurs, tout avait disparu. »
On songea d'abord aux réparations les plus ur-
gentes ; elles furent faites avec les quinze mille
francs accordés par le gouvernement. Quelques
personnes généreuses vinrent aussi au secours des
Chartreux et donnèrent entre autres choses, deux
lampes pour l'église et un maître-autel pour rem-
placer celui de marbre blanc transporté, en 1807,
à la cathédrale de Grenoble. En 1820, Dom Sorel
bénit une cloche donnée par Mr François de Fer-
rus, de Lyon, et M.me Françoise de la Barmondière.
Les autres réparations eurent lieu peu à peu, à
mesure que la Providence procurait de nouveaux
secours au Monastère.
Les forces du Révérend Pèrj trahirent bientôt
son courage, et il lut obligé de demander un Coad-
— x-ji -
juteur ; ce fut Dom Bonaventure Eymin, dont nous
avons parle plus haut. Ce saint Religieux n'aida
que bien peu de temps le Père Général à supporter
le poids de sa charge ; nommé le 16 septembre
1822, il mourait le 18 décembre de la même année'.
Dès lors, Dom Sorel sentant les infirmités augmen-
ter de plus en plus, supplia le Saint-Siège d'accep-
ter sa démission et de permettre à la Communauté
de Chartreuse de lui choisir un successeur. Le
Souverain Pontife Léon XII y consentit enfin, et
l'élection, présidée par les Prieurs de Trisulti et
de Turin délégués spécialement à cet effet par le
Saint-Siège, eut lieu le 7 mai 1824.
Personne n'ayant obtenu, après quatre tours de
scrutin le nombre de suffrages exigé par les Sta-
tuts, le délégué du Pape donna aussitôt lecture
d'un décret apostolique qui nommait le Prieur de
Turin, Dom Benoit Nizzatti, Général de l'Ordre.
Le décret avait été préparé dans la prévision où
la Communauté ne pourrait réussir à faire l'élection.
Le Révérend Père Dom Grégoire Sorel vécut
encore environ une année, après l'élection dé son
successeur; il rendit sa belle âme au Seigneur, le
22 avril 1825, après avoir passé cinquante-sept
ans dans l'Ordre. L'obituaire de la Grande Char-
treuse fait ainsi son éloge : « Dom Sorel était un
vieillard vénérable , qui s'est rendu remarquable
par sa piété, sa science, sa douceur, sa patience et
la sainteté de sa vie 2. »
' Voir la Notice de Dom Bonaventure Eymin p. 1G7.
-' Notes mss. de la Grande Chartreuse. — Dom Bruno
— I72 —
LXIII.
R. P. DOM BENOIT NIZZATTI.
1824 — 1 83 1 .
ENOIT Nizzatti était profès de la Char-
treuse de Turin et dirigeait ce Monastère com-
me Prieur, lorsque, le 7 mai 1824.il fut nommé Gé-
néral de l'Ordre par décret apostolique. Le nouveau
Révérend Père continua l'œuvre de Dom Sorel et
donna tous ses soins au rétablissement de la Grande
Chartreuse. Huit années de travaux et de sévères
économies n'avaient pu suffire à rendre le Monas-
tère entièrement habitable.
Les infirmités de Dom Benoît Nizzatti ne lui
permirent pas de faire un long séjour au Désert de
Chartreuse; il était obligé de passer, chaque année,
quelques mois à la petite Chartreuse de Currières.
dont le climat était plus doux. De plus, il fut au-
torisé par le Souverain Pontife à faire lui-même
les visites des Chartreuses d'Italie. Pendant ces ab-
sences, il se reposait, pour ce qui concernait la di-
rection de sa principale Communauté, sur les soins,
l'intelligence et la sagesse d'un jeune Religieux .
Dom Jean-Baptiste Mortaize, qui remplissait l'Office
de Vicaire et qui, plus tard, devait lui succéder dans
le gouvernement de l'Ordre.
En faisant la visite de la Chartreuse de Turin, le
Rambaud, Tableau historique cit. p. 68. et sq. — L'Ami de
la Religion t. LXXXV. p. 201. — La Grande Chartreuse
cit. p. 209 et sq.
— i7'3 —
Révérend Père Dom Benoît Nizzatti tomba dange-
reusement malade, et mourut dans ce Monastère, le
jour de la fête du saint fondateur de l'Ordre, le 6
octobre 1 83 i '.
LXIV.
R. P. DOM JEAN-BAPTISTE MORTAIZE.
i83i — i863.
EAN-BAPTISTE Mortaize naquit , dans le
mois de mars 1798, au village de Rabat près
de Tarascon-sur-Ariège, de parents pieux et chré-
tiens. La divine Providence sembla, dès le princi-
pe, avoir voulu se réserver à elle seule de diriger
Féducation de cet enfant dont les heureuses dispo-
sitions n'échappaient à personne et qui dès l'âge de
huit ans était resté orphelin . Après de brillantes
études faites au collège de Pamiers, le jeune Mor-
taize suivit les cours de théologie au grand sémi-
naire de Toulouse, mais Dieu appelait dans la so-
litude cette âme d'élite. Après avoir reçu le diaco-
nat, il désira quitter le monde et vint, le 9 avril
1824, frapper à la porte de la Grande Chartreuse,
demandant d'être reçu au nombre des Religieux.
Bientôt ses supérieurs apprécièrent ses rares quali-
tés et pressentirent les services éminents qu'il pour-
rait rendre à l'Ordre. Au lendemain de sa Profes-
sion qui eut lieu le 24 juin [825, il fut appelé à
1 Notes Mss. de la Grande Chartreuse.
— '74 —
enseigner la théologie aux jeunes Religieux et à les
initier aux divers usages et cérémonies propres aux
enfants de saint Bruno.
Aux quatre-temps de Noël, 17 décembre 1825, il
reçut l'ordination sacerdotale, à Chambéry . Deux
ans plus tard, il fut chargé de la direction du No-
viciat de la Grande Chartreuse, et, en 1829, il était
nommé Vicaire du Monastère. A cause des circons-
tances exceptionnelles, dont nous avons déjà parlé,
le Vicaire était le véritable Prieur de la Maison. Le
Général Dom Benoît Nizzatti, ne résidant que rare-
ment à la Grande Chartreuse, la direction du Cou-
vent incombait au Père Vicaire.
Austère et dur pour lui-même, Dom Jean-Baptiste
était plein de tendresse et de condescendance envers
les Religieux. Tout en se montrant ferme, vigilant,
zélé pour le maintien des Observances de la Règle,
il sut gagner l'estime et l'affection de ses frères. A
la mort du Révérend Père Dom Benoît Nizzatti, les
Religieux appelés à élire un nouveau Supérieur
le choisirent, presque à l'unanimité, pour remplir
ce poste éminent. Le nouveau Général n'avait que
trente -trois ans. (i83i.)
Dom Jean- Baptiste Mortaize se dévoua entière-
ment à la réorganisation et à l'extension de l'Ordre.
« Lorsqu'il fut élu Général, dit l'auteur de la Gran-
de Chartreuse, le Monastère passait par un de ces
moments de transition dont l'issue est toujours dé-
cisive dans un sens ou dans un autre. La Commu-
nauté se composait de deux éléments divers :
l'ancienne et la nouvelle génération ; l'ancienne
— I7i) —
disparaissait rapidement, emportant ces souvenirs
et ces traditions du passé qui jouent un si grand
rôle dans la vie d'un Ordre religieux -, la nouvelle
génération arrivait, apportant, avec une bonne vo-
lonté très grande, une inévitable ignorance de la
vraie vie cartusienne. La tâche du supérieur était
de fondre tellement en une seule les deux généra-
tions, que l'œuvre de saint Bruno continuât sans
transition heurtée, sans décadence, sans exagéra-
tions et sans innovations. Il fallait, afin d'atteindre
ce but, un Supérieur assez éclairé pour toujours
bien dicerner 1j sens exact du Statut, et assez pru-
dent pour maintenir l'observance de la Règle ;
Dom Jean-Baptiste était tout cela, à cause de ses
grandes vertus. Son union avec Dieu lui donnant
des lumières pour faire un juste discernement de
toutes choses, il posa ce principe qui résolvait la
difficulté : suivre uniquement le Statut, à la lettre.
Dès lors, on ne pouvait craindre de voir se former
une nouvelle vie cartusienne différente de l'ancien-
ne : le présent continuait le passé; l'abîme creusé
parla Révolution était comblé; les vieillards retrou-
vaient à la fin de leur existence, ce qu'ils avaient
vu jadis dans les cloîtres cartusiens aux premiers
jours de leur vie religieuse. Pour obtenir la parfaite
observance de la Règle, Dom Jean-Baptiste eut re-
cours au moyen le plus efficace: il la pratiqua lui-
même et réalisa bientôt en sa personne le type du
vrai Chartreux . »
La mission de cet éminent Général ne devait
pas rester circonscrite dans l'enceinte de son Mo-
— 176 —
nastère, il travailla avec énergie au rétablissement
de son Ordre. Dès i835, les Chartreuses de Val-
bonne et de Bosserville avaient été rachetées; en
1843, il entreprit la restauration du Couvent de
Montrieux, et en 1844, celle du Reposoir. En Ita-
lie, la splendide et monumentale Chartreuse de
Pavie avait été rendue, par le gouvernement autri-
chien, à sa destination primitive. Une nouvelle
retraite fut fondée à Montauban, en i852, pour les
Moniales Chartreuses, et si, en 1854, la Maison de
Turin lui était enlevé par le Piémont, il faisait, en
f 855, entreprendre la restauration de l'antique Char-
treuse de Portes. Dans le courant de l'année i858,
il relevait le Monastère de Vauclair et enfin ouvrait
des négociations avec le conseil d'Etat de Fribourg
pour le rétablissement de la Val-Sainte.
Dom Jean-Baptiste Mortaize voulait la restaura-
tion de son Ordre, mais il ne pouvait la compren-
dre en dehors de l'observance de toutes les Règles ;
c'est pourquoi, dès le commencement de son Géné-
ralat, il sollicita de la Cour romaine les dispenses
nécessaires pour le rétablissement des Chapitres
Généraux. Le 2 juillet i83y, toutes les difficultés
étaient aplanies et ces grandes assises de l'Ordre,
interrompues depuis près d'un demi-siècle, repre-
naient définitivement leur cours.
Dom Jean-Baptiste ressentait un attrait tout par-
ticulier à soulager les malheureux, et il serait dif-
ficile de donner une appréciation exacte des prodi-
gieuses aumônes qu'il répandit partout. Soulager
la misère et l'infortune semblait être son unique
— i77 —
pensée. On vint un jour lui apprendre que le feu
venait de détruire une partie de la distillerie du
Couvent et avait causé des dommages considéra-
bles. « Hélas, dit-il, les pauvres devront recevoir un
peu moins. » Son inépuisable charité lui avait ac-
quis dans le monde une popularité aussi grande
que légitime. Aucune bonne œuvre ne lui était
étrangère. Partout il favorisait l'esprit religieux par
l'érection ou la réparation des églises, secondait les
vocations sacerdotales, soutenait les missions, pro-
tégeait les Communautés religieuses, créait des
hospices et des écoles.
Pour venir au secours des populations pauvres
de la Montagne, il fit ouvrir des routes et releva de
leurs ruines les villages de Saint-Pierre-de-Char-
treuse et de Saint-Laurent-du-Pont détruits entière-
ment par le feu. Jamais il ne se refusait à un acte
de charité, de quelque part qu'il fût demandé. Il
n'est donc pas étonnant que son nom devint l'objet
de l'admiration et de la vénération universelle. Pour
tout autre, cette immense popularité aurait pu de-
venir un écueil ; pour lui, elle ne changea rien à sa
vie simple et modeste. A l'intérieur du Couvent, il
resta ce qu'il avait toujours été, humble et morti-
fié ; d'un accès facile avec ses Religieux, il se
montrait doux et affable avec les étrangers qui se
pressaient autour de lui et réclamaient à l'envi
l'honneur de converser avec lui; en un mot, il
était bon envers tous, de cette bonté cordiale et
simple qui s'ignore complètement elle-même. Tou-
jours calme et tranquille au milieu de tant d'af-
12*
faires et de sollicitudes extérieures, on eût dit qu'il
n'avait à se préoccuper d'autre chose que de la di-
rection de sa Communauté.
Avec l'habitude de tout faire par lui-même, de ne
jamais compter avec ses forces, de se priver non
seulement de ce qui pouvait le soulager, mais mê-
me de ce qui lui était absolument nécessaire et que
la Règle accorde à tous les Religieux, Dom Jean-
Baptiste Mortaize vit sa santé s'altérer gravement.
Mais, dès le moment où il comprit que ses forces
ne répondaient plus à l'énergie de sa volonté, il ré-
solut d'abandonner le pouvoir. Ayant offert plu-
sieurs fois sa démission au Chapitre Général qui
n'avait jamais voulu se priver de sa sage direction,
et prévoyant qu'il ne pourrait pas vaincre cette-
résistance, il s'adressa à la Cour romaine et, à force
d'instances, il obtint du Pape la faveur de se retirer
et de passer le reste de ses jours dans le calme et la
paix de la cellule. Son abdication est datée du 16
février 1 863 ; le lendemain il quittait, pour ne plus
le revoir, le Monastère qu'il avait gouverné plus de
trente ans. Retiré à la Chartreuse de Pavie, il y
vécut, dans le cloître, pendant l'espace de sept
ans, oubliant le monde, ses amis et lui-même pour
ne penser qu'à Dieu et à ses lins dernières.
Le i5 janvier 1870. vers dix heures du soir,
Dom Jean-Baptiste Mortaize ressentit de violentes
douleurs au cœur ; peu après il rendait à Dieu sa
belle âme, à l'âge de soixante-douze ans et allait
recevoir, dans le ciel, la récompense méritée par ses
<euvres et ses vertus. Son corps fut ramené à la
— t79 —
Grande Chartreuse où il repose dans le cimetière
réservé aux Généraux1.
LXV.
R. P. DOM CHARLES-MARIE SAISSON.
i863 — 1877.
HARLES-Marie Saisson naquit, en 1806, à
Avignon, d'une famille vertueuse. Il était pro-
cesseur du petit séminaire de Sainte-Garde lorsqu'il
songea à quitter le monde ; cette àme d'élite sentait
le besoin de se trouver face à face avec Dieu dans
le calme et le silence du cloître. Lorsqu'il entra à la
Grande Chartreuse , Charles-Marie Saisson était
âgé de vingt-neuf ans; il commença son noviciat au
mois d'août 1 835 et prit l'habit le i3 septembre
suivant. Peu après sa Profession, qui eut lieu le 14
septembre 1 836, ses supérieurs qui avaient re-
marqué son mérite l'envoyèrent à la Chartreuse
de Rome, où il remplit successivement les charges
de Procureur, de Maître des Novices et de Vi-
caire. En [838, nous le trouvons Procureur de
la Chartreuse de Turin. De là, il se rendit à Gè-
nes, en 1841, pour répondre au désir du Roi Char-
les-Albert qui désirait fonder une seconde Maison
de Chartreux dans ses États. L'année suivante,
1 Carte du Chapitre Général de i8G3 —Note sur le Révé-
rend Père Dom Jean-Baptiste Mortaize, ap. Vie de la Mire
Elisabeth Giraud, fondatrice des Sœurs du Saint-Rosaire;
par A. M. de Franclieu, p. 3n» et 19. Note vu. — La Gran-
de Chartreuse par un Chartreux, p. 21 1 et seq.
— 180 —
Dom Charles-Marie fut chargé d'une mission plus
difficile encore : il s'agissait de recouvrer la ma-
gnifique Chartreuse de Pavie, sécularisée par l'Em-
pereur Joseph II.
Pendant Tannée qu'il passa dans la ville de Vienne,
Dom Charles-Marie déploya , comme diplomate,
« un talent qui ne fut surpassé que par sa patience à
supporter les lenteurs d'une bureaucratie méticu-
leuse et les sourdes menées de certains person-
nages hosnles à l'œuvre. Il eut recours aux grands
moyens employés par les saints : le jeûne et la
prière. Touché de tant de vertus, Dieu lui ménagea
de puissants protecteurs et lui rendit favorable la
famille impériale. » Lorsque ses patientes démar-
ches furent couronnées de succès, le Révérend Père
Dom Jean-Baptiste Mortaize le nomma Recteur de
cette Maison, puis Prieur, en 1844. L'observance
cartusienne étant alors entièrement rétablie dans
ce Monastère, le Général envoya Dom Charles-Ma-
rie diriger la Chartreuse de La Padule, tout en
lui conservant son titre de Visiteur ; c'était en
i852. Appelé, quatre ans après, à la Grande Char-
treuse, comme secrétaire du Révérend Père, il ne
quitta ce Monastère qu'en 1859, pour prendre la
direction de la Chartreuse de Bosserville et remplir
l'office de Visiteur de la Province de France. C'est
à Bosserville que les délégués de la Grande Char-
treuse vinrent annoncer à Dom Charles-Marie son
élévation au Généralat. L'élection avait eu lieu le
2 1 février, et l'installation se lit le 6 mars suivant.
On rapporte qu'un vieux Religieux, apprenant la
181
nomination de Dom Charles, lui envoj^a une petite
image où étaient représentés les instruments de la
Passion, avec ces mots qu'il écrivit au bas : et ibi
crucifixerunt eum. « Si ces paroles — disait naguè-
res Monseigneur Fava, Évêque de Grenoble, dans
une lettre adressée à son clergé — peuvent s'ap-
pliquer à tous les supérieurs qui entrent en charge,
elles se réalisèrent vraiment dans Dom Charles, que
la maladie enchaîna si souvent dans sa cellule quand
elle ne le clouait pas sur un lit de douleur. Il en
coûtait à cette nature active de se voir condamnée
au repos, à cet ami de la Règle de ne pouvoir mar-
cher à la tête de ses Religieux ; mais il se résignait,
en songeant que la douleur, supportée en union
avec Jésus-Christ crucifié, est féconde, et qu'il plaît
souvent à Dieu de choisir dans les Communautés
une victime, qu'il place sur l'autel du sacrifice, afin
que les autres âmes soient rendues participantes de
ses mérites. »
Dom Charles-Marie suivit les exemples de son
illustre prédécesseur ; il rétablit les Chartreuses
de Sélignat, de Neuville-sous-Montreuil, de Glan-
dier, et jeta les fondements des Chartreuses de
Haïn,en Allemagne, et de Parckminster, en Angle-
terre. Ce vénérable Général semblait avoir ap-
pris de Dom Jean-Baptiste Mortaize le secret de
multiplier les ressources ménagées à la Grande
Chartreuse par la divine Providence, et il s'en mon-
trait le généreux et fidèle dispensateur. L'Évêque
de Grenoble nous apprend que « jamais un mal-
heureux ne frappa vainement à la porte de son
— .82 —
Monastère -, toute misère qui alla se confier à son
cœur fut soulagée ; son âme s'ouvrait au récit de
l'infortune avec une ardeur et une tendresse que
trahissaient souvent sa voix et ses larmes. Lorsque
parfois il se trouvait obligé d'opposer un refus aux
demandes qu'une confiance excessive ou indiscrète
lui adressait, alors même son cœur souffrait. Son
regard affectueux, ainsi que ses paroles pleines de
tendresse exprimaient sa peine et ses regrets. »
Le Révérend Père Charles-Marie fut appelé
comme Général d'Ordre à assister au concile du
Vatican; son attitude y fut celle que Ton pouvait
attendre d'un pieux enfant de saint Bruno. Dans
l'importante question de l'infaillibilité du Pontife
romain, il se prononça pour l'affirmative et re-
mit une note fort remarquée par les Pères du
concile.
Monseigneur Fava, son admirateur et son ami,
nous a laissé un beau portrait de ce saint Religieux.
« Dom Charles était doué d'une finesse profonde
comme son regard ; mais c'était surtout un homme
de cœur. Avec la faculté d'aimer qu'il possédait à
un degré éminent, Dieu lui avait aussi prodigué
les vertus qui la dirigent, l'épurent et font qu'elle
s'épanouit en fleurs et en fruits célestes. Aussi
était-il un père pour ses Religieux, et ses Religieux,
étaient pour lui, des fils aimants et confiants; il
leur prodiguait ses conseils, ses encouragements,
ses soins et ses services. Par ses exemples, il leur
montrait comment, avec une simplicité vraie, on
peut s'élever aux plus mâles et aux plus héroïques
— i83 —
vertus. Appelé par son rang à recevoir la visite
d'une foule d'étrangers, il était pour tous d'un accès
facile : simple avec les petits, noble avec les grands.
On admirait en lui ce regard doux et vif, ce visage
toujours souriant où son âme si belle se montrait
à découvert; on se retirait enchanté. »
Au mois de mai 1876, Dom Charles-Marie se
rendit de nouveau à Rome ; il désirait, avant de
mourir, revoir encore une fois le vénérable Pontife,
Pie IX. Au sortir de l'audience, tout inondé de
bonheur et de joie, il s'écriait : « maintenant je
puis chanter mon niinc dimittis. » En effet, l'heure
du départ ne tarda pas à sonner, l'apoplexie qui le
frappa soudain le i5 décembre de la même année,
en fut pour lui le signal. Le 26 mars 1877, il se
rendit, avec la permission du Souverain Pontife, à
la Chartreuse de Valbonne. Sous ce climat plus tem-
péré, le Vénérable Général reprit un peu de force et
retrouva quelques jours de santé, mais ce ne fut
qu'un éclair de bonheur pour ses Religieux. Le
7 avril, Dom Charles-Marie retombait pour ne plus
se relever, et le 17 du même mois, il s'endormait
tranquillement dans le Seigneur. Peu de temps
avant sa mort, on lui demanda s'il désirait quelque
chose : oui, murmura-t-il, le ciel. Son corps fut
ramené à la Grande Chartreuse.
Le Révérend Père Dom Charles-Marie Saisson
était âgé de soixante et onze ans ; il avait gouverné
l'Ordre pendant quatorze années, et avait vécu
sous l'humble habit de Chartreux l'espace de qua-
rante-deux ans.
— [84 —
LXVI.
R. P. DOM ROCH-MARIE BOUSSINET.
1877 — 1879.
OCH-Marie Boussinet, né d'une famille ho-
norable et pieuse, à Poussan, département
de l'Hérault, le 11 mai 1810, montra, dès son en-
fance, les dispositions les plus remarquables. En
1824, il entra au petit séminaire de Montpellier et
s'y fit remarquer par son amour du travail et ses
nombreux succès. Sa vocation l'appelant à l'état
ecclésiastique, il fut ordonné prêtre le i5 mai 1834,
et nommé vicaire de la paroisse où il était né :
position délicate qu'il sut cependant, par sa vertu,
rendre fructueuse pour le salut des âmes. Quelques
années plus tard, ses supérieurs le nommèrent vi-
caire de la cathédrale de Montpellier. Dans ce
nouveau poste, les appréhensions et les inquiétudes
qui s'étaient emparées du jeune prêtre à Poussan,
s'accentuèrent et semblèrent devoir l'éloigner du
ministère paroissial ; déjà peut-être, avait-il tourné
ses regards vers la solitude. Toutefois s'étant trouvé,
à cette époque, en rapport avec Mgr de Forbin-
Janson, il s'attacha à ce prélat, devint son secrétaire
intime et le compagnon de ses nombreux voyages.
Sous les auspices de l'éminent Evèque de Nancy,
l'abbé Boussinet créa et dirigea, pendant plusieurs
années, les maisons de retraites ecclésiastiques de la
Seyne et de Mortagne : excellente institution, ap-
— iS5 —
prouvée par Grégoire XVI, mais qui ne put sur-
vivre à son protecteur; Mgr de Forbin-Janson, ren-
tré du Canada, en 1844, était mort, peu après, à
Marseille. L'abbé Boussinet, âgé alors de trente-
cinq ans, vint à Paris pour remplir les dernières
intentions de son protecteur, et remettre à l'Arche-
vêque de riches ornements que lui léguait Mgr de
Forbin. Dans cette circonstance, Mgr Affre reçut
avec bonté l'abbé Boussinet, et, juste appréciateur
du mérite, voulut attacher cet éminent ecclésias-
tique à son diocèse. Il lui confia, à titre provisoire,
d'abord l'aumônerie des Quinze-Vingts et ensuite
celle du collège Stanislas. Les grandes qualités et
les nobles vertus du nouvel aumônier attirèrent
bientôt sur lui l'attention du Gouvernement. On lui
fit offrir l'évêché de Pamiers; mais l'humble prêtre,
se considérant indigne d'une si haute dignité, re-
fusa, et peu après, vint, le 5 juillet 1846, frapper à
la porte de la Grande Chartreuse pour se donner
entièrement à Dieu dans la solitude du cloître.
Aussitôt après sa Profession solennelle, Dom
Roch-Marie fut envoyé en Italie ; il y remplit les
charges de Vicaire, de Maître des Novices et de
Procureur. De 1 85 1 à i8(53, les Monastères de
Pavie et de la Padule admirèrent non seulement
son aptitude comme organisateur, mais surtout sa
grande piété et son zèle pour l'observance régulière.
Ce saint Religieux montra aussi une sagesse et une
expérience consommées, dans la direction des Mo-
niales de Beauregard dont il fut Vicaire jusqu'en
1869. Après avoir été quelque temps Procureur
i86
à la Chartreuse de Vauclair, il fut nommé, en 1 87 1 ,
Prieur de Mougères, et peu après Visiteur de la
première Province de France. Il occupait encore
ces deux postes importants, lorsqu'à la mort de
Dom Charles-Marie, il fut élu Général de l'Ordre,
le 26 avril 1877.
La nouvelle de son élection lui étant parvenue,
au moment où il faisait la Visite de la Chartreuse
de Sélignat, il en fut attéré. Effrayé de la respon-
sabilité qui lui incombait, il se décida, après bien
des résistances, à accepter le pouvoir jusqu'à la
réunion du Chapitre Général. Celui-ci, par excep-
tion,fut convoqué, à cet effet, au mois de juin, mais
D. Roch n'ayant pu, par ses prières et ses ins-
tances, fléchir le Définitoire, se soumit humblement.
Un Chartreux écrivait à ce sujet : « La con-
fiance que ses confrères lui témoignèrent en le nom-
mant à la première place , le remplit d'effroi ; sa
dignité lui fit horreur ; il ne se consola jamais d'a-
voir été tiré de l'heureuse obscurité dans laquelle
il vivait, et si l'on nous disait qu'il en est mort de
chagrin, cela ne nous surprendrait point. » D'une
modestie profonde, d'une bonté douce et affec-
tueuse, il faisait l'admiration de tous ceux qui l'ap-
prochaient.Ses Religieux trouvaient en lui le modèle
parfait du Chartreux, et pour marcher sûrement
dans la voie de la perfection, ils n'avaient qu'à suivre
ses exemples. La mort devait enlever prématuré-
ment ce saint Gérerai à la respectueuse vénération
de ses frères. Moins de deux années après son élec-
tion, Dom Boussinet fut frappé d'une maladie qui
— 187 —
le conduisit, en quelques jours, au tombeau. Plein
cTespe'rance dans les promesses de son divin Maître,
il s'endormit du sommeil des justes, le samedi 22
février 1879, à Tàge de soixante-neuf ans, après
avoir passé trente-deux ans dans l'Ordre.
LXVII.
R. P. DOM ANSELME-MARIE BRUNIAUX.
1879.
NSELME-Marie Bruniaux, successeur de
Dom Roch, n'appartient pas encore à l'his-
toire ; contentons-nous de rappeler que, né le 7
juillet 1823, à Saint-Martin-sur-Écaillon, dans le
département du Nord, il fut ordonné prêtre à Cam-
brai et professa pendant quelques années au collège
ecclésiastique de Roubaix. Appelé par Dieu à la
vie monastique, il prit l'habit à la Grande-Char-
treuse, le 3f octobre i85g, fit Profession à la fête
de la Toussaint de Tannée suivante, et fut succes-
sivement Maître des novices à la Grande Char-
treuse et Vicaire de la Val-Sainte. Il était depuis
dix ans, Prieur de Valbonne et convisiteur de la
seconde Province de France, lorsqu'il fut élu Gé-
néral de l'Ordre, le ier mars 1879.
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SIXIÈME PARTIE
MONASTERES
DE
L'ORDRE DES CHARTREUX
OUR donner une idée exacte du grand
accroissement de l'Ordre des Chartreux et
comprendre le développement extraordi-
naire de cet illustre Institut, surtout dans le Moyen-
Age, il est nécessaire de présenter le tableau chro-
nologique des nombreuses Fondations faites dans
toutes les contrées de l'Europe, à la demande des
Rois, des princes, des Evêques et des seigneurs.
Ces sages politiques, ces fervents chrétiens vou-
laient, par leurs pieuses largesses envers les en-
fants de saint Bruno, attirer les bénédictions du ciel
sur leurs Etats, leurs diocèses ou leurs posses-
sions .
Ces Fondations furent nombreuses et pros-
pères, mais l'hérésie, les guerres, les révolutions
et surtout la haine des ennemis de l'Église vin-
1QO
rent, à diverses e'poques, arrêter cet essor et
ruiner ces saintes demeures. La plupart de ces
Monastères ont disparu du sol, il n'en reste plus
pierre sur pierre ; seul, le souvenir de ces pieux
et saints asiles est reste' vivace au milieu des
populations. Il appartient à l'histoire de recueil-
lir ces antiques et inte'ressants souvenirs qui, au
milieu des pre'occupations de l'heure présente,
pourraient s'effacer de la mémoire des hommes
de notre temps.
Avant de rappeler les noms des généreux bien-
faiteurs qui élevèrent, à la gloire de Dieu, ces
pieuses retraites, disons un mot sur leur type
architectural. Les Chartreux, au premier siècle de
leur existence, se préoccupèrent fort peu d'ar-
chitecture et d'art dans la construction de leurs
Monastères. Mais dès le XIIe siècle, alors que le
nouvel Institut prit une extension plus considérable,
ils donnèrent plus d'attention à l'ensemble architec-
tural de leurs constructions, et on trouve encore,
dans quelques-unes de leurs anciennes Maisons, des
restes remarquables de l'art roman. Toutefois, ce
fut seulement au XIIIe siècle, l'Ordre s'étant enri-
chi par les nombreuses et généreuses dotations
de puissants bienfaiteurs, que l'architecture prit
dans les Monastères Chartreux un caractère parti-
culier.
L'expérience était faite, et il n'avait pas été diffi-
cile aux disciples de saint Bruno de reconnaître
quelles dispositions devaient le mieux s'harmoniser
avec leur genre de vie. A peu de différences près,
— IQI —
ils copièrent le monastère tracé par leur fondateur,
dans les montagnes du Dauphiné ; et depuis lors,
ces données principales ont toujours été conservées
dans les constructions des Chartreuses.
L'église, placée au centre du Monastère, domine
les bâtiments qui l'entourent, et semble, en même
temps, faire la démarcation entre les parties réser-
vées aux Frères, aux étrangers, aux hôtes du Cou-
vent, et celles consacrées aux Religieux de chœur.
Le grand cloître , autour duquel s'élèvent les
demeures particulières des Solitaires, est ordinaire-
ment placé derrière le sanctuaire, tandis que le petit
cloître qui donne entrée à l'église, au Chapitre et
au réfectoire longe le côté sud de l'église. En avant,
et prenant accès dans la cour d'entrée se trouvent
le quartier des hôtes et des étrangers, ainsi que les
diverses obédiences du Monastère. En un mot, tous
les services matériels remplis par les Frères, ou
par les domestiques de la Maison, sont toujours
placés près de la porte d'entrée, et tout ce qui tient
à la vie monastique se rapproche du chœur de
l'église.
Les constructions des Chartreux, quoique sim-
ples et sévères, n'étaient pas dépourvues de grâ-
ce et d'élégance. Le voyageur, l'artiste et l'ar-
chéologue admirent encore, au milieu des ruines
accumulées par la haine ou la folie des hommes,
de précieux spécimens qui portent le cachet des
différentes périodes de l'art gothique et dénotent
une pureté de style des plus remarquables. Aussi
avons -nous lu avec étonnement cette assertion
I()2
d'un des plus savants architectes de notre épo-
que : « l'architecture des Chartreux se ressent de
l'excessive sévérité de la Règle ; elle est toujours
d'une simplicité qui exclut toute idée d'art1. » Cer-
tainement, les Monastères cartusiens, ne devant
renfermer, d'après les Statuts, que quatorze Moi-
nes et quelques Frères, ne pouvaient représenter les
grandioses et puissantes masses des Abbayes de
l'Ordre de Cluny et de Citeaux, mais dans leur
ensemble, ces Couvents avaient un caractère parti-
culier et original. On peut s'en convaincre en vi-
sitant les anciennes Chartreuses qui existent en-
core en France, en Italie, en Allemagne et en
Belgique.
M. Violet-Le-Duc est dans Terreur, lorsqu'il avan-
ce que vers le XVe siècle seulement « les arts pé-
nétrèrent dans ces établissements. » Alors, ajoute-
t-il, les cloîtres et les églises « devinrent moins nus,
moins dépouillés. » Il est vrai que l'auteur est obli-
gé, quelques lignes plus bas, d'avouer que « dès le
XIIIe siècle, les Chartreuses présentaient, com-
parativement à ce qu'elles étaient un siècle aupa-
ravant, des dispositions presque confortables'-'. »
Il semble oublier que les Chartreux ne prirent une
réelle extension qu'à cette époque. L'Ordre n'avait
guère, alors, plus d'un siècle d'existence, puis-
qu'il la mort de saint Bruno, dans le commence-
ment du XIIe siècle, il ne possédait que deux Mo-
1 Viollet-Le-Duc, Dictionnaire raisonné de l'architecture
française du XIe au XF/« siècle, tome I. p. 3o~.
- ïbid.
— io,3 —
nastères, le Désert de Chartreuse et celui de Cala-
bre.
A toutes les époques, les Chartreux furent les
protecteurs des artistes et se tinrent au courant de
tout ce qui touchait à l'art, comme ils Pavaient fait
pour l'agriculture et l'industrie. Nous en avons la
preuve dans les nombreux tableaux de maîtres, qui
enlevés de ces saintes Maisons, pendant la tour-
mente révolutionnaire, font actuellement l'ornement
de nos musées, de nos cathédrales et de nos églises.
Amis des arts, les Chartreux apportèrent tou-
jours les plus grands soins dans la construction de
leurs Monastères; quelques-uns sont des chefs-d'œu-
vre d'architecture très admirés par les artistes. Les
Chartreuses d'Espagne, avec leur originale et gra-
cieuse architecture gothico-mauresque, jouissent
d'une réputation bien méritée, et les voyageurs ne
peuvent quitter l'Italie sans admirer les Monastères
de Florence, de Naples, de Pise, de la Padule, de
Trisulti, si remarquables par la beauté des propor-
tions et la pureté de style de leurs constructions.
La Chartreuse de Rome est célèbre par son cloître,
œuvre de Michel-Ange, tandis que celle de Pavie,
à cause de la splendeur de ses marbres et la ri-
chesse de ses sculptures, est considérée comme une
des merveilles du monde.
Notre pensée n'est pas de décrire l'architecture
des diverses Chartreuses, nous avons un but plus
élevé. Toutefois nous avons cru nécessaire de com-
battre l'opinion émise par M. Viollet Le Duc, que
l'architecture des Chartreux « exclut toute idée
i3
— 194 —
d'art. » En énumérant les différentes fondations qui
eurent lieu dans toutes les contrées de l'Europe,
nous voulons surtout rappeler l'œuvre pieuse des
généreux bienfaiteurs des Chartreux, et sauver de
l'oubli les noms de ceux qui, par leurs saintes lar-
gesses envers les disciples de saint Bruno, ont tra-
vaillé au salut des âmes, au bien de la société, au
soulagement des pauvres et des malheureux.
Dans l'exécution de ce travail, nous avons com-
pulsé de nombreux documents : entre autres, quel-
ques manuscrits de la Grande Chartreuse ; la Carte
des fondations, imprimée à Paris, en 1772, et
celle éditée en 1 y85 ; le Chronicon sacri Ordinis
Cartusiensis, par Dom Dorland ; les Annotatio-
nes sur cet ouvrage, par Dom Théodore Petreius ;
le Theatrum chronologicum sacri Cartusiensis
Ordinis, par Charles-Joseph Morozzo ; la Sto-
ria critica chronologica diplomatica del Patriar-
ca S. Brunone e del suo Ordine Cartusiano, par
Dom Benoît Tromby ; les Origines Cartusiarum
Belgii, par Arnold de Raysse; la Storia di S. Bru-
none Patriarca del sacro Ordine Cartusiano, par
Marie Zanotti ; le Chronicon Belgicum, par Ferry
de Locres ; les Origines cœnobiorum Benedicti-
norum, Cartusianorum, etc. , par Aubert le Mire ;
le Monasticum Anglicanum sire pandectœ cœno-
biorum Benedictinorum, Cluniacensium, Cartusia-
norum, etc. a primordiis ad eorum usque dissolu-
tionem, par R. Dosworth et G. Dugdale.
Nous avons aussi compulsé un grand nombre
de monographies et autres ouvrages de moindre
— iq5 —
importance ; ils nous ont permis de recueillir quel-
ques dates et différents faits historiques '. Lorsque
les auteurs que nous venons de citer ne se trouvent
pas d'accord pour désigner la date d'une fondation,
ce qui se présente souvent, nous avons cru devoir
adopter les dates données par la carte de 1785. Ce
document nous paraît être le plus exact, puisque
cette carte a été exécutée à la Grande Chartreuse,
sous les auspices du Révérend Père Général, Dom
Hilarion Robinet.
Peu de Chartreuses ont été fondées dans les vil-
les ; ces Monastères étaient, le plus ordinairement,
établis, loin de tout bruit, dans des lieux arides,
sauvages, déserts, sur des montagnes ou au milieu
des bois; cependant, ces Chartreuses portaient
presque toujours le nom de la ville la plus proche.
C'est pourquoi tout en donnant le nom particulier
de la Chartreuse, c'est-à-dire le vocable sous lequel
elle était placée, nous avons dû, pour qu'il n'y ait
pas de confusion, nous conformer à l'usage reçu
dans l'Ordre et rappeler les noms des villes près
desquelles ces Monastères furent construits.
1 Le Dictionnaire des Abbayes et Monastères publié par
l'abbé Migne dans sa troisième Encyclopédie théologique,
et qui a pour auteur M. Maxime de Montrond, cite à peine
une vingtaine de Chartreuses. Cet auteur se contente de dire
dans son introduction : « On comprend, qu'à part quelques-
unes d'entre elles, leurs noms d'ailleurs inconnus n'ont pu
trouver place dans ce dictionnaire. » C'est un moyen simple
et facile de supprimer une difficulté.
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FONDATIONS
T>ir ONZIÈME SIECLE
1084.
GRANDE CHARTREUSE.
E premier Monastère fondé par saint
Bruno était établi au milieu d'un groupe
de montagnes abruptes et rocheuses si-
tuées à 1 une des extrémités de la chaîne des Alpes,
sur la rive droite de lTsère, au nord de Grenoble.
Les nouveaux Solitaires avaient choisi une clai-
rière déserte, entourée d'épaisses forêts de sapins,
au pied des rochers du Grand-Som. Cet endroit
portait le nom de Chartrouse et se trouvait à une
altitude de près de mille mètres au-dessus du ni-
veau de la mer.
Saint Hugues, Évêque de Grenoble, fit construire
le Couvent avec les matériaux fournis par la forêt
voisine ; seuls, l'oratoire de saint Bruno et l'église
— !97 —
furent bâtis en pierres. Nous avons fait connaître
les limites des possessions concédées aux nouveaux
Anachorètes et les premiers bienfaiteurs du Cou-
vent. Quelques années plus tard, les propriétés de
la Grande Chartreuse s'accrurent des libéralités du
Dauphin Guigues, en no3. Ce seigneur donna au
Monastère la vallée située sur la rive gauche du
Guiers-Mort, Vallombrée, Malamille, le Colet et
Charmant-Som.
Sous le gouvernement 'de Dom Guigues Ier, le
3o janvier 1 1 33, les neiges accumulées sur les
pentes abruptes de la montagne du Grand-Som,
s'en détachèrent tout à coup et se précipitèrent, en
une masse énorme, sur le cloître construit par saint
Hugues. Les cellules, à l'exception d'une seule,
furent ensevelies sous l'effroyable avalanche. Tout
fut détruit, le Prieur et quelques Religieux échap-
pèrent seuls miraculeusement au désastre1.
Pour prévenir le retour d'une aussi terrible ca-
tastrophe, Dom Guigues s'établit un peu plus bas,
dans un endroit moins exposé aux avalanches, et
bâtit le nouveau Couvent dans un vallon plus
vaste, sensiblement incliné vers le sud-ouest, au
pied d'une chaîne de montagnes qui, décrivant une
grande courbe, en forme d'amphithéâtre, devait
abriter la Maison contre les vents du nord. Le
Monastère actuel de la Grande Chartreuse occupe
encore l'emplacement choisi par Dom Guigues.
Cette deuxième construction fut aussi élevée en
1 Dom Le Coulteux, Annales Ord. Cartus. ms. — Tromby,
Storia del Patriarcha S. Brunone, t. III, p i53.
- i98 -
bois; les cellules étaient disposées sur un plan ré-
gulier et rattachées entre elles par des galeries aussi
en bois, qui formaient le cloître. L'église, dédiée
à saint Jean-Baptiste, fut construite en pierres de
taille tirées de la montagne; elle présentait la forme
d'un long parallélogramme terminé par une abside
en hémicycle et était voûtée en pierres avec ner-
vures à arrêtes1. La division du sanctuaire et de la
nef était accusée par de forts pilastres portant Tare
triomphal. Cette église fut consacrée le i3 octobre
ii32, par un ancien Chartreux, Hugues, neveu et
successeur de saint Hugues de Grenoble'-.
Saint Anthelme continua Tœuvre de Dom Gui-
gues ; il poursuivit les travaux de l'église, améliora
les dépendances du Monastère, en transforma une
partie et en construisit de nouvelles. On croit géné-
ralement qu'il jeta les fondations du grand cloître.
De plus, il fit terminer à grands frais un aqueduc,
commencé par Dom Guigues3, pour amener l'eau
de la fontaine de Saint-Bruno aux cellules et dans
les différentes obédiences du Monastère.
Sous les successeurs de saint Anthelme , la
Grande Chartreuse fut des plus florissantes. Par di-
verses transactions, dons et concessions, les Char-
treux devinrent propriétaires ou seigneurs des
montagnes environnantes. En 1228, sous Dom
Jancelin, le seigneur d'Entremont, Guillaume de
1 Dom Le Masson, Annales cit. p. 295.
2 Theatrum chronol. S. Ordinis Cartus. p. 3y.
:! Vita S. Anthelmi, ap. Bolland. — Dom Le Masson, ut
supra. — Marchai, Vie de S. Anthelme, p. 82. — Cf. Notice sur
S. Anthelme, Ve partie, Généraux, p. 14 et sq.
— i99 —
Montbel, leur abandonna tous les droits qu'il avait
sur le versant de Bovinant, du côté de Chartreu-
se et de la Ruchère. Le 28 mars 1258, le sieur
Pierre Vaché céda, à Dom Bernard de La Tour et
à ses Religieux, le pré de Cernay, placé au-dessus
du Monastère, et de plus les droits seigneuriaux et
le domaine direct qu'il possédait à la Ruchère. Quel-
ques années plus tard, en 1264, Dom Riffier acheta,
de Pierre de Borgia , la montagne du Col de la
Ruchère; et en 1267, reçut d'Aymon de Corbel,
la donation définitive du territoire de la Ruchère et
de Valbonne, plus la cession des droits féodaux que
ce seigneur possédait sur cette partie des monta-
gnes de Chartreuse1.
Dans leur humilité, les pieux disciples de saint
Bruno cherchaient à se faire oublier, mais le par-
fum de leurs vertus les trahissait au loin et attirait
les bienfaits et les largesses des seigneurs, des prin-
ces et des Rois. Parmi ces derniers, on cite les Rois
d'Angleterre, Henri II, en ii85 ; Richard Cœur-
de-Lion, en 1 190, et Henri III, en 1235. Les âmes
d'élite qui voulaient se dévouer au service de Dieu
accouraient en grand nombre, et des fondations
avaient été faites en Dauphiné, en Savoie, en
France. Rien ne laissait présager que cette pros-
périté et cette paix seraient bientôt troublées.
Au commencement de mai de l'année 020, la
Grande Chartreuse devint la proie des flammes,
' Archives de la grande Chartreuse. — Archives du marquis
Francisque de Corbeau de Vaulserre, ap. Pascal, Désert de
la Grande Chartreuse p. 71, irc édition.
200
par Timprudence des valets d'Othon de Granson,
venu au Monastère pour demander l'incorporation
du Couvent qu'il venait de faire bâtir sur les bords
du lac de Neufchâtel, dans le vallon de la Lancy;
il v eut des pertes considérables, le cloître fut en-
tièrement détruit, et les Religieux se trouvèrent
sans asile1.
Dom Aymon d'Aoste se hâta de travailler à
réparer le désastre. Il fut puissamment aidé dans
son œuvre par les Maisons de l'Ordre et par. quelques
princes, Évêques et seigneurs2. Le Pape Jean XXII
vint aussi au secours des Chartreux, en les dispensant,
par une Bulle datée du 3 des calendes de mai i32o,
de payer certaines décimes qu'ils devaient à la Cham-
bre apostolique. Une circonstance força dom Ay-
mon à modifier le plan primitif. Le comte de Savoie,
Edouard le Libéral, ayant voulu fonder une cellule
de plus que le nombre réglé par les Statuts, le
Chapitre Général « donna licence de recevoir jusqu'à
vingt Religieux, dans le but de subvenir aux néces-
sités de l'Ordre qui avait besoin de sujets pour les
nouvelles Maisons où l'on désirait surtout des pro-
fès de Chartreuse3. » Dom Aymon bâtit donc un
second cloître à la suite du premier. Le nombre
des cellules fut encore augmenté dans la suite.
On établit les nouvelles constructions dans de
meilleures conditions de solidité ; jusque-là, le
1 Cf. Notice sur Aymon d'Aost, Ve partie, Généraux,
p. 38.
2 Dorlandus, Chronicon cit. lib. IV. cap. xvm.
3 Dom Le Coulteux. Ms. cit.
201
Couvent de la Grande Chartreuse était resté tel que
l'avaient fait Guigues et Anthelme, mais ces bâti-
ments en bois offrant un aliment trop facile au
feu, on avait résolu de les reconstruire en pierre.
Les travaux traînèrent en longueur et Dom Aymon
ne put terminer l'œuvre qu'il avait entreprise. Il
est même douteux que le Monastère fût entièrement
terminé, lorsque le feu vint de nouveau le détruire
dans l'été de 1 37 r , sous le Généralat de Dom
Guillaume de Raynald.
Sans documents historiques, il est difficile de se
rendre compte des parties du Monastère construi-
tes après Tincendie de i32o et de celles qui furent
élevées après i3yi. Le seul fait qui soit certain
c'est qu'à cette dernière date, les ressources furent
plus abondantes, grâce aux largesses du Souverain
Pontife, Grégoire XL Les chroniques nous appren-
nent qu'à la première nouvelle de ce malheur, le
Pape envoya à Dom Guillaume des sommes con-
sidérables, et que Charles V, Roi de France ;
Edouard III, d'Angleterre ; Charles II, de Navarre;
Jeanne, Reine de Sicile, ainsi que plusieurs Car-
dinaux, Evêques et seigneurs, voulurent suivre
l'exemple donné par Grégoire XI, et participèrent
par leurs offrandes à l'œuvre de reconstruction du
Monastère. Les cellules ayant été brûlées, les Re-
ligieux furent obligés de se réfugier à la Cor-
rerie '.
Les offrandes envoyées à Dom de Raynald ne
1 Cf. Dorlandus cit. lib. IV, cap. xxv. — Sutor de Vita
Cartus. tract. III. cap. vu. — Brevis historia cit. ap. Martène.
— 202 —
suffirent pas pour terminer les travaux; c'est pour-
quoi, ce Général envoya quelques Religieux quêter
en France, en Italie, en Allemagne et jusqu'en An-
gleterre ;« chose qui ne s'était jamais vue,» dit l'his-
torien de la Grande Chartreuse. Un manuscrit con-
temporain rapporte que pour la première fois, on
construisit des voûtes en pierres et que Ton com-
mença à remplacer les bardeaux ou tuiles de bois
par des ardoises l.
De cette époque datent la tour de 1 norloge avec
sa base carrée et ses trois étages octogones, la salle
des archives qui, primitivement, dut servir de cha-
pelle au Révérend Père, et le réfectoire avec sa
belle voûte et ses magnifiques proportions. Le grand
cloître qui avait été construit en pierres de taille,
sous le Généralat de Dom Bernard de La Tour2,
fut aussi restauré par Dom Guillaume de Raynald.
Cette construction fut faite « solidement et magni-
fiquement, avec des voûtes en pierres, pour la pre-
mière fois » , nous dit une chronique du temps3. La
chapelle du cimetière, fortement endommagée par
Tincendie de 1071, fut réparée par le Cardinal de
Neufchâteau, restaurée de nouveau en 1474, et
complètement détruite en 16764. Ce fut encore, sous
le Généralat de Dom de Raynald, que François de
Conzié, Évèque de Grenoble, fit construire la cha-
1 Spéculum Ordinis Cartusiensis, ap. La Grande Char-
treuse par un Chartreux, p. 81. — Cf. Notice sur Dom Guil-
laume de Raynald, Ve partie, Généraux, p. 53.
2 Dom Le Coulteux, ms. cit. ad annum 12 5j.
3 Brev. Hist. cit. ap. Martène.
1 La Grande Chartreuse par un Chartreux, p. 260.
203 —
pelle des morts -, l'acte de fondation est daté du 12
décembre 1 38G '.
Les historiens de la Grande Chartreuse ne nous
disent pas si l'ancienne église, qui servait alors de
Chapitre, fut épargnée par le feu, mais plusieurs
pensent que la construction de l'église actuelle date
de cette époque. Dom Le Coulteux dans ses anna-
les manuscrites nous apprend, qu'après l'incendie
de i3yr, cette église fut seulement restaurée et
voûtée ; sa construction était donc antérieure, et
doit remonter au commencement du XIIIe siècle,
ou mieux à la fin du XIIe. En effet, lors de l'intel-
ligente restauration exécutée dans cette église en
1878, on put se convaincre que cet édifice avait été
construit dans le style roman2. L'Ordre ayant pris
un grand accroissement dans le Moyen-Age, l'an-
cienne église n'était plus assez vaste pour recevoir
les nombreux Prieurs qui assistaient au Chapitre
Général, et dut être agrandie.
Au XVe siècle, le 3o novembre 1444, le feu con-
suma presque tous les bâtiments de la Correrie;
ce furent encore de nouvelles dépenses imposées
aux Chartreux. Cette reconstruction fut terminée
en 1448, grâce aux largesses du Cardinal Henri de
Lancastre, fils du Roi d'Angleterre Henri VI, et
aux aumônes recueillies dans les différentes Mai-
sons de l'Ordre. Dom François Maresme, en re-
levant la Correrie avec les lieux claustraux, église,
Chapitre, cloître et sept cellules, avait la pensée
4 Le Coulteux. ms. cit.
2 Cf. La Grande Chartreuse par un Chartreux, p. 228.
— 204 —
d'y placer les Religieux qui ne pouvaient plus, à
cause de leur âge, ou de leur santé, pratiquer
toutes les austérités de la Règle'.
Dans le même siècle, vers la fin d'octobre 1473,
un nouvel incendie vint jeter la désolation dans le
Monastère. La salle du Chapitre Général, la cha-
pelle de Saint-Pierre, les chambres des provinces, les
toitures de l'église, du grand et du petit cloître,
ainsi que les cellules, à l'exception de cinq, devin-
rent la proie des flammes. Le réfectoire, la biblio-
thèque et la tour de l'horloge furent aussi fort en-
dommagés dans cet incendie. Pour relever ces
ruines, les Chartreux des diverses provinces en-
voyèrent encore de larges subsides qui permirent
à Dom Antoine Dellieux de réparer et même
d'augmenter les bâtiments du Monastère. Parmi
les personnages qui, dans cette circonstance, vin-
rent au secours de la Grande Chartreuse, on cite
Louis XI, Roi de France, et Marguerite d'York,
sœur d'Edouard IV, Roi d'Angleterre, et veuve de
Charles le Téméraire, duc de Bourgogne'2.
L'histoire de la Grande Chartreuse semble se
résumer dans une série d'incendies qui à chaque
siècle menacent de faire disparaître cet illustre
Monastère. Celui de i5io ne paraît pas avoir été
considérable, mais il n'en fut pas de même, en
i5Ô2, sous le gouvernement de Dom Pierre Sarde.
Les guerres de religion ensanglantaient alors la
France entière ; le Dauphiné qui était au pouvoir
1 Cf. Notice sur François Maresme, V partie. Généraux, p. 66.
- Dom Le Vasseur, Ephemerides ms. 14 februarii.
— 205 —
des Réformés fut le théâtre des dévastations les plus
lamentables . Le trop célèbre baron des Adrets ,
François de Beaumont, chef du parti dans la pro-
vince, envoya pendant son séjour à Grenoble une
expédition contre la Grande Chartreuse, qui renfer-
mait, prétendait-on, de grandes richesses et des
armes envoyées par le duc de Savoie.
« Ce quatriesme juin i562, estoit un jeudy au
« soir, à huit heures après midy, — dit un histo-
« rien contemporain — le capitaine Furmeyer, le
« capitaine Cot, le capitaine Brion, avec toutes leurs
« compagnies, départirent de cette ville pour aller
« à la Grande-Chartreuse et passèrent par Quaix,
« pour faire d'icelle comme ils avoient faict des
« aultres, et marchèrent toute la nuict. Le vendredi
« matin y étant arrivés, ne trouvèrent que deux
« Moines; alors ils commencèrent à piller, et, après
« avoir pillé ce qu'ils voulurent, ils mirent le feu
« dans ladicte religion, dont se brusla beaucoup de
« biens et n'y demeura que les murailles et puis
« s'en vinrent et furent icy le samedi au matin1.»
En se retirant, les Huguenots saccagèrent et brû-
lèrent aussi la Correrie. D'après un auteur manus-
crit, les soldats et quelques habitants des montagnes
vendirent une si grande quantité de plomb et d'é-
tain, enlevée à la Grande Chartreuse, que ces ma-
tériaux perdirent la moitié de leur valeur. Heureu-
sement, le Général Dom Pierre Sarde prévoyant
1 Cf. Pilot, Récit de ce qui s'est passé de plus remarquable
à Grenoble en i562, d'après des manuscrits inédits. — Bur-
nier, Hist. du Sénat de Savoie, t. I, p. 398.
20Ô
que son Monastère devait éprouver le sort des
autres Abbayes de la contrée, avait pris la fuite
avec ses Religieux et avait emporté tout ce que le
Couvent possédait de plus précieux.
Les Chartreux ne furent réinstallés dans leur
Monastère que vers la fin de Tannée 1 563, par let-
tres du gouverneur du Dauphiné . Aussitôt Dom
Sarde s'occupa de réparer le désastre et de rétablir
les constructions détruites par l'incendie-, mais il
ne put reconstituer les archives qui avaient été pil-
lées ou brûlées ; l'histoire fut ainsi privée d'une
foule de documents dont la perte est irréparable.
La destruction des titres de propriété fut bientôt
pour les Chartreux, la cause de nombreuses diffi-
cultés et, plus tard, ils durent obtenir, du Roi, des
lettres-patentes qui les dispensaient de fournir des
titres de possession au delà de cent ans. Ces lettres
leur furent accordées par Louis XïV , en )666,
« attendu que leurs anciens titres avoient été dé-
truits par les Protestants1. » Dom Pierre Sarde
ne put terminer les réparations du Monastère ; la
mort le surprit au milieu de ces travaux, mais son
oeuvre fut continuée par Dom Bernard Carasse, son
successeur.
Les incendies de 1592 et de 161 1 forcèrent de
nouveau les Chartreux à faire des dépenses consi-
dérables. Le premier eut lieu le 21 octobre, sous
le Généralat de Dom Jérôme Marchand, et à peine
le désastre était-il réparé qu'une partie du Monas-
1 Arch. de la Grande Chartreuse.
— 207 —
tère devint de nouveau la proie des flammes, sous
le gouvernement de Dom Bruno d'Affringues, en
1611. En se rappelant cette succession d'incendies,
il est facile de comprendre qu'il y avait impossibi-
lité, au milieu de cette masse de constructions, de
conserver l'unité de l'ensemble. Chaque siècle ap-
portait son style particulier et cependant l'archéo-
logue ne peut, qu'avec de grandes difficultés et des
tâtonnements inévitables, se rendre compte de l'état
du Monastère dans les différentes périodes que
nous venons de retracer.
Quelques années après l'incendie de 161 1, Louis
XIII fit élever, à l'extrémité inférieure de la se-
conde partie du grand cloître, une chapelle dé-
diée à saint Louis, Roi de France. Ce prince
consacra à cette fondation la somme de trente mille
livres prises sur ses épargnes royales.
Malgré les nombreux incendies que nous venons
de signaler, les Chartreux, grâce à la bonne admi-
nistration de, leurs propriétés, étaient parvenus à
être seuls maîtres des montagnes de Chartreuse.
En 1607, le Monastère, sous le gouvernement de
Dom Bruno d'Affringues, entra en possession de
la seigneurie de Miolan ; puis il acheta, en 1618,
des descendants du sieur de Saint-André, la mistra-
lie de Saint-Laurent. Quelques années plus tard,
en 1629, le sieur de Bazémont vendit aux Char-
treux, pour le prix de 70, 000 livres, la seigneurie
de Saint-Laurent-du-Pont. Deux siècles aupa-
ravant, en 1423, un arrêt du Parlement du Dau-
phiné, rendu contre le seigneur de ce village, avait
— 208 —
reconnu le droit de propriété des Chartreux sur le
lac qui se trouvait dans cette localité.
A la même époque, les Chartreux entraient en pos-
session de la seigneurie d'Entre-deux-Guiers, et
ensuite de Chartrouse, aujourd'hui paroisse de
Saint-Hugues de Chartreuse, en i638. L'année sui-
vante, sous le Généralat de Dom Juste Perrot, le
sieur du Bellier, seigneur de la Buisse, leur vendit
la seigneurie de Miribel, pour la somme de 55,ooo
livres, et en 1641, les Bénédictins cédèrent, à Dom
Jean Pégon, le prieuré qu'ils possédaient dans cet
endroit. Enfin, en 1694, Guillaume de l'Hospital
vendit à Dom Innocent Le Masson et au Cou-
vent de la Grande Chartreuse, la seigneurie et la
terre d'Entremont. Les archives du Monastère nous
font connaître les raisons de cet achat.
« La Chartreuse craignant avec raison que la
« terre d'Entremont ne tombât entre les mains de
« quelque possesseur quiluyfit de nouveau éprou-
« ver les violences qu'elle avoitcy devant souffertes,
« et confinant d'ailleurs, en partie, par ses dépen-
« dances, ladite terre dans laquelle elle a souvent
« des droits à exiger, a cru qu'elle ne devoit pas
« perdre l'occasion de se mettre à couvert de tout
« ce qui pourroit à l'avenir troubler son repos.
« C'est pourquoi, le 17 décembre 1694, elle en fit
« l'acquisition du seigneur de l'Hospital et de dame
« Charlotte de Rumilly, son épouse, lesquels lui
« remirent pour lors les terriers et les titres1.»
1 Inventaire. Arch. de la Grande Chartreuse.
— 2 OC) —
Les Chartreux possédaient encore de vastes prai-
ries, des vignobles et plusieurs fermes dans la vallée
de Graisivaudan et du côté de Chambéry, ainsi que
la prairie et le chalet de Malamille. Déplus, l'indus-
trie des Moines avait mis à contribution les eaux
du torrent du Guicrs-Mort ; ils s'en servaient
comme force motrice de leurs moulins , leurs scie-
ries et leurs forges, et ainsi augmentaient les riches-
ses du Monastère.
Au milieu de la prospérité matérielle acquise par
la Grande Chartreuse au XVrIIe siècle, nous avons
encore à enregistrer un nouveau désastre; un huitiè-
me incendie eut lieu le 10 avril [676 '. L'illustre
Dom Innocent Le Masson venait d'être nommé Gé
néral, lorsque ce terrible accident réduisit en cen-
dres presque tout le Couvent; il se mit aussitôt à
l'œuvre, et aidé d'un Frère Convers, qui avait cer-
taines notions d'architecture, il reconstruisit le Mo-
nastère dans de meilleures conditions de solidité ,
mais malheureusement dans le style lourd et froid
de cette époque . Hàtons-nous cependant de dire
que cette masse de bâtiments avec ses toits hauts
et à pentes rapides, — à cause de la grande quantité
de neige qui tombe pendant l'hiver— et ses sept clo-
chers de hauteurs différentes qui les surmontent ,
donnent un aspect grandiose et vraiment monacal
au Couvent . Une Ordonnance du Chapitre Géné-
ral de 1676 avait défendu « tout ce qui est curieux,
superflu et contraire à la simplicité cartusienne. »
1 Cf. Notice sur Dom Innocent Le Masson, Ve partie, Gé-
néraux, p. 124.
14
— 210 —
En visitant le Monastère actuel de la Grande
Chartreuse, il est facile de reconnaître les parties
construites par Dom Le Masson; elles sont consi-
dérables et furent cependant terminées rapidement.
« En douze ans, — dit l'historien de la Grande Char-
treuse—Dom Le Masson avait élevé ce vaste bâti-
ment de l'hôtellerie, qui repose en certains endroits
sur des fondations énormes, et en outre, le quartier
des Officiers, c'est-à-dire quatre corridors superpo-
sés et sept pavillons chacun de trois étages, le tout
en pierres de taille; ajoutez que, concurremment, i]
faisait rebâtir le petit cloître et deux tiers du grand
cloître, les cellules (dont il portait le nombre de
vingt-six à trente-six', la porte d'entrée principale
et les deux corps de bâtiments qui l'accompagnent,
et restaurait l'église, la chapelle des morts, une
partie des obédiences et le Chapitre des Moines1 . ■»
La Grande Chartreuse abandonnée à ses propres
ressources était incapable d'exécuter des travaux
aussi dispendieux; elle eut recours aux autres Mai-
sons de l'Ordre qui toutes rivalisèrent de zèle et de
générosité. Dom Innocent Le Masson rît aussi res-
taurer laCorrerie qui avait été détruite par un in-
cendie, le 22 juin 1674 -.
Le Monastère de la Grande Chartreuse resta dans
l'état où l'avait mis Dom Le Masson, jusqu'à la
Révolution française. Malgré les décrets de l'As-
semblée Constituante qui avaient aboli les Ordres
1 La Grande Chartreuse par un Chartreux, p. 144.
La Correrie fut brûlée quatre fois, en 1444. i562, i588,
et 1Û74.
2 11
monastiques, les Chartreux crurent un instant avoir
été oubliés dans leur solitude, mais au moisd'octo-
bre 171)2, des commissaires nationaux vinrent signi-
fier aux Religieux l'ordre formel de quitter le Cou-
vent. L'Etat s'empara des magnifiques forêts des
montagnes du Désert de Chartreuse et les fit ex-
ploiter à son compte. Les biens furent vendus au
profit de la nation, mais aucun acquéreur ne s'étant
présenté pour acheter le Couvent et quelques autres
propriétés qui se trouvaient dans la montagne, on
établit un régisseur chargé de veiller à la con-
servation des bâtiments et d'exploiter les prai-
ries '.
Le règne de Napoléon Ier n'apporta aucun chan-
gement à l'état du Monastère de la Grande Char-
treuse. Seulement, en 1804, on enleva les stalles
du chœur des Religieux et le maître-autel de mar-
bre blanc, don de la Chartreuse de Pavie, et on les
transporta à Grenoble. Depuis longtemps, tableaux,
objets d'art, archives, manuscrits, livres, tout avait
été emporté dans cette ville.
En 181 5, Dom Romuald Moissonnier, Vicaire
Général de l'Ordre et Prieur de la Part-Dieu, en
Suisse, fit auprès du gouvernement de Louis XVIII,
d'incessantes démarches pour obtenir l'autorisation
de rétablir le Monastère de la Grande Chartreuse.
Ce ne fut que l'année suivante, 7 juillet 181 (5, après
vingt-quatre ans d'exil, qu'il put, accompagné de
quelques anciens Religieux, rentrer enfin dans cette
1 Cf. Notice sur D. Nicolas Albergati de Geoffroy, Y" par-
tie, Généraux, p. 1 5y.
— 212 —
chère retraite sanctifiée par de si nombreuses gé-
nérations de Moines.
La restauration des bâtiments fut longue et dis-
pendieuse. Les Chartreux n'avaient aucune res-
source, leurs anciennes propriétés ayant été vendues
comme biens nationaux, ou données à l'hôpital de
Grenoble. Ils n'étaient même pas propriétaires de
leur Monastère, et ils devaient une redevance à
l'Etat qui ne leur laissait que la jouissance du Cou-
vent et des prairies avoisinantes ; les belles forêts
des montagnes de Chartreuse étant exploitées par
l'administration forestière . Cependant les besoins
étaient grands, les nécessités pressantes, les ruines
à réparer nombreuses; les Chartreux avaient trou-
vé partout les traces de la dévastation et de la
profanation. Les portes et les fenêtres avaient été
brisées ou enlevées, les cellules saccagées, les toits
délabrés tombaient presque en ruines, l'église et
les chapelles étaient entièrement dépouillées. Il ne
restait ni autels, ni vases sacrés, ni ornements pour
offrir le Saint Sacrifice. Le désastre était tel que
Dom Moissonnier ne put résister à la peine et à
l'émotion qui s'étaient emparées de lui, en voyant
tant de ruines. Il mourut onze jours après son
entrée à la Grande Chartreuse'.
Avec le temps, et grâce aux secours que la Pro-
vidence a su ménager aux pieux enfants de saint
Bruno, leur Couvent a été restauré et remis dans
son ancien état. En i8i6, les princes de la famille
1 Cf. Notice sur Dom Moissonnier, V° partie. Généraux,
p. 164.
— 2l3 —
royale voulurent rétablir à leurs frais la chapelle
de Notre-Dame-de-Casalibus et l'oratoire de Saint-
Bruno. Ces deux constructions qui étaient tom-
bées en ruines ne furent terminées qu'en 1820.
Actuellement, la Grande Chartreuse a retrouvé son
ancienne splendeur, elle contient environ quarante-
cinq Religieux et quarante Frères Convers ou
Donnés.
1090.
CALABRE.
La Chartreuse de La Tour ou Sancta Maria de
Eremo, dans la Calabre, au diocèse de Squillace
(Italie), fut fondée par saint Bruno, avec les
largesses du comte Roger de Calabre, en 1090.
L'acte de donation fut confirmé, en 1091 , par
Théodore, Évêque de Squillace, et Rangier, Ar-
chevêque de Reggio,puis en 1092,1a veille des Ides
d'octobre, parle Pape Urbain II. Archère, Arche-
vêque de Païenne, consacra l'église, le i5 août 1094.
La même année, Roger, duc d'Apulie, confirma la
donation faite à saint Bruno, du territoire qui se
trouve compris entre Arena et Stylum. Le comte
Roger augmenta encore, en cette même année 1094,
les biens de la Chartreuse de La Tour, en lui cé-
dant le Monastère de Sainte-Marie d'Arsafia et un
certain nombre d'hommes liges. De nouveaux pri-
vilèges furent encore concédés par le comte, en 1095
et en [096.
— 214 -
Le Couvent étant devenu trop étroit pour conte-
nir les nombreux Religieux qui étaient venus se
mettre sous la direction de Maître Bruno, le comte
Roger fit bâtir, en 1097, une seconde maison, peu
distante de la première, sous le vocable de Saint-
Etienne in bosco, ou de netnore. Il accorda de nou-
velles faveurs aux deux Monastères, après Tappari-
tion miraculeuse de saint Bruno, au siège de Ca-
poue. La charte est du 2 août ioqq. Le Pape Pas-
cal II, par une Bulle du 6 des calendes d'août
1101, prit la Chartreuse de La Tour sous sa
protection, et quelques années plus tard il menaça
d'excommunication ceux qui tenteraient de s'empa-
rer des biens de ce Monastère. La Bulle est datée
de Bénévent, le 10 des calendes de mars rii3.
Parmi les bienfaiteurs de la Chartreuse de La
Tour, on cite : le comte Geoffroy de Lorette et la
comtesse Berthe, sa mère (la charte de leur dona-
tion est du 14 janvier 1 1 14 ' : la fille du comte Ro-
ger, en 1 1 19 ; Wilhelme Carbonello et Emma, son
épouse, en 1120; la princesse Constance, épouse
du prince d'Antioche, en ii23 ; Robert de Tarona,
même année; Roger Culchebretde Arenis, en 1124;
Barthélémy, seigneur de Saint-Démétrius, en 1 12?;
Roger, duc d'Apulie, fils du comte Roger, en 1 [29;
Robert d'Argapie, en 1 1 3 o . Toutes ces donations
furent confirmées par le Pape Calixte II, dans une
Bulle datée de Capoue aux calendes de décembre
1121, puis par le fils du comte Roger, en [129, et
enfin par Donat, Évèque de Squillace, le 6 des ca-
lendes d'octobre ii33.
— 2 1 D
Les deux Maisons de Calabre quoique séparées
n'en faisaient qu'une, sous la direction de saint Bru-
no. Après la mort du vénérable fondateur, Lan vin
son disciple prit la direction des deux Monastères,
mais malgré son zèle et les règlements donnés aux
Solitaires par Lambert son successeur, les Religieux
ne tardèrent pas à laisser de côté les observances
de la vie érémitique. N'ayant aucune relation avec
la Maison-Mère ils se relâchèrent de leurs austérités
et ne pratiquèrent plus que la vie cénobitique.
Ce Monastère compte, jusqu'à cette époque, une
succession de treize Prieurs; le dernier, Dom Guil-
laume de Messine, grand amateur de nouveautés,
avait été déposé, mais il parvint à reprendre le
pouvoir, en u86, après la mort d'un parent du
comte Roger qui avait été élu à sa place. Il se ser-
vit de son influence pour faire passer le Monas-
tère de Saint-Etienne entre les mains des Cis-
terciens, en ikji, Le Pape Célestin III donna
son consentement à ce changement, et Guillaume
fut le premier Abbé du Monastère. Il suscita de si
nombreux embarras aux Solitaires de Sainte-Marie
qu'ils durent se retirer, et les deux Maisons furent
soumises à l'Ordre de Citeaux.
Au commencement du XVIe siècle, ce Monas-
tère était tenu en commende par le Cardinal d'Ara-
gon, petit-fils du Roi de Naples. Ce prélat, à la
sollicitation des Chartreux, leur remit les deux
Maisons. Les négociations furent commencées par
le Général Dom Pierre Roux. « Nous avons l'es-
poir, dit la carte du Chapitre Général de 1407, de
— 2 10 —
recouvrer bientôt L'ancienne Maison de Saint-
Etienne où repose le vénérable et saint corps du
bienheureux Bruno, notre Père. » Le Souverain
Pontife, Léon X, ratifia cette rétrocession, le i5
décembre 1 5 1 3 . La reprise de possession eut lieu,
le 27 février 1 5 14, sous le R. P. Dom François
Dupuy , avec le vocable des Saints-Etienne-et-
Bruno. Trois siècles plus tard, le Monastère de Ca-
labre fut supprimé par décret de Napoléon Ier, en
1806, et ne fut rétabli qu'en i85y. Cette Char-
treuse existe encore, mais, en 1866, sous le gou-
vernement de Victor-Emmanuel, Roi d'Italie, ses
biens furent mis sous séquestre, les Religieux furent
expulsés, et actuellement cet antique Monastère ne
possède plus qu'un petit nombre de Chartreux
laissés dans la Maison comme gardiens.
FONDATIONS
T>U DOUZIEME SIECLE
1115.
PORTES.
A Chartreuse de Portes, près de Bé-
nonces dans les montagnes du Bugev, au
diocèse de Belley, département de l'Ain,
fut fondée par Bernard de Varey, ou Varin, et Pon-
ce, Moines de l'Abbaye d'Ambronay, sur une pro-
priété appelée Portes, appartenant à cette Abbaye,
et cédée par l'Abbé Didier. Gauceran, Archevêque
de Lyon, renonça, en faveur des Chartreux, à tous
les droits que lui et ses prédécesseurs possédaient
dans ce désert. On cite aussi parmi les bienfaiteurs:
Richard de Bénonces, Guiscard de Beaujeu, Girald
de La Tour, Amblard de La Tour et Amblard de
Grandmont. En 1128, Bernard qui était devenu
Prieur de la Communauté, jugeant peu salubre l'en-
droit où il s'était fixé, bâtit le Couvent un peu plus
— 2l8 —
haut, vers Arandaz. En 1 1 35, Portes reçut la visite
de saint Bernard, Abbé de Clairvaux. L'église du
Monastère avait été consacrée par Humbald, Ar-
chevêque de Lyon et Légat du Saint-Siège, as-
sisté de saint Hugues, Evèque de Grenoble, et
de Ponce II, Évèque de Belley. Ce Couvent, qui
a donné un grand nombre de Religieux célèbres, a
été supprimé par un décret de l'Assemblée nationale
du i3-io,février 1790, et vendu comme bien d'Etat.
Le R. P. Dom Jean-Baptiste Ta rétabli, en i856:
1116.
DURBON.
La Chartreuse de Durbox, dans la commune de
Saint-Julien en Beauchène , dans les Alpes, au
diocèse de Gap , département des Hautes-Alpes,
doit sa fondation à la famille de Beldisnard. Quel-
ques auteurs désignent comme fondateurs Léger
II, Évèque de Gap, et Matthieu, seigneur de Beau-
diver. L'église fut consacrée, en 1121, par Léger
II, Évèque de Gap, et Etienne, Évèque de Die.
Cette même année, les seigneurs de Flotte tirent
aussi une donation au Monastère ; toutefois les
Solitaires vécurent dans une grande pénurie jus-
qu'en 1 [78, époque où le Couvent fut convenable-
ment doté par l'Empereur Frédéric Barberousse. En
[ cg3, Alphonse II, comte de Provence, prit la Char-
treuse de Durbon sous sa protection. Ce Couvent
axant été presque entièrement détruit par un in-
cendie , en 1405, les Chartreux , dans leur de-
tresse, invoquèrent le secours du Souverain Pon-
tife. Pierre de Lune, résidant à Avignon, donna
en leur faveur une Bulle datée de Marseille, 1405,
qui leur accordait une part dans les legs pieux des
diocèses de Gap, de Die, de Valence, d'Embrun
et de Sisteron. En 1440, ils donnèrent l'hospitalité
aux Moniales de Bertaux dont le Couvent avait été
pillé par des bandes armées. La Chartreuse de
Durbon fut saccagée, en 1044, par les Protestants,
qui massacrèrent le Prieur et les Religieux. Quel-
ques années plus tard, en 1592, les mêmes héréti-
ques pillèrent et incendièrent le Monastère. Réta-
blie au XVIIe siècle cette Chartreuse fut supprimée
par la Révolution française, en 1790.
1116.
SYLVE-BÉNITE.
La Chartreuse de Syeve- Bénite, dans les plai-
nes du Dauphiné , près du lac de Paladru , au
diocèse de Grenoble , département de l'Isère,
fut fondée par une colonie de Religieux du Dé-
sert de Chartreuse. Trop nombreux dans leur
Monastère, ils cherchaient dans les déserts du Dau-
phiné un endroit favorable pour s'y établir. L'Em-
pereur Frédéric Barberousse dota et rebâtit ce
Couvent, en [167. Thierry, fils naturel de cet
Empereur , fut un des grands bienfaiteurs de
cette Maison, ce qui lui a mérité le titre de fonda-
220 —
teur. Les autres bienfaiteurs furent Guillaume de
Poitiers et son fils AjTnar, en i j 83 ; Thomas de
Savoie; Guillaume de Châteauneuf, en 1286 ;
Edouard, comte de Savoie -, Guigues d'Albon, en
1240; Raymond, comte de Vienne, en 1240; le
Dauphin Humbert et Aymon, comte de Savoie, en
1 333 . Cette Chartreuse fut supprimée en 1790, par
décret de l'Assemblée nationale, et vendue comme
bien de l'État, en 1792.
1116.
MEYRIAT.
La Chartreuse de Meyriat, près de Nantua, au
diocèse de Belley , département de l'Ain , eut
pour fondateur Ponce II, de la Balme, ou de
Balmey, chanoine et pénitentier de l'archevêché
de Lyon. Après avoir fait Profession à la Grande
Chartreuse , Ponce de Balmey devint plus tard
Prieur de Meyriat, en 1 1 18, puis Evèque de Belley,
en 1121. Thomas Ier, comte de Savoie, fit aussi à
ce Monastère une donation importante, en 1204.
Cette Chartreuse a été supprimée par la Révolu-
tion française, en 1790.
1116.
SAINT-SULPICE.
La Chartreuse de Saint-Sulpice, dans le Bugey,
diocèse de Belley . département de l'Ain . fut fon-
dée par Humbert, Religieux de l'Ordre de saint
Benoît, qui s'y fit Chartreux. Le Vénérable Dom
Guigues lui adressa les Coutumes qu'il venait de
rédiger. Amédée, comte de Savoie, transforma cet-
te Chartreuse en une Abbaye de l'Ordre de Ci-
teaux, en i i 33.
1116.
ESCOUGES.
La Chartreuse des Escouges, près du village de
La-Rivière, au diocèse de Grenoble, département
de l'Isère, eut pour fondateurs saint Hugues, Evê-
que de Grenoble, Raymond et Guigues de Lemps.
Quelques auteurs citent aussi comme fondateurs
Reynald de Lanz et son épouse Amaldrada qui
donnèrent à l'Ordre de saint Bruno la vallée et la
montagne désignées sous le nom d'Exquogiorum,
entre Saint-Gervais et Autran. Dans les dépen-
dances de cette Chartreuse se trouvait Revesti qui
servit de refuge, en i3go, aux Moniales de Par-
ménie. Le Monastère des Escouges fut abandonné
par l'Ordre , dans le XVe siècle, vers 1422.
1117.
MONT-RIEUX.
La Chartreuse de Notre-Dame-de-Mont-Rifix,
est située sur le versant d'une montagne rocheuse
2 2 2 —
qui domine la vallée de Belgentier, près de Tou-
lon, au diocèse de Fréjus, département du Var.
Elle fut fondée par un gentilhomme italien qui s'y
fit Chartreux, et par trois frères, Geoffroy, Hugues
et Falco de Solliès. Un ancien Couvent de Béné-
dictins, qui se trouvait auprès, lui servit de Correrie;
elle fut mise sous les auspices des Evêques de
Marseille et de Toulon. La charte de fondation est
du mois de mai i i 2 3 . On compte parmi les bien-
faiteurs, Amédée, comte de Savoie, Humbert, sei-
gneur de Beaujeu, et Guichard, son fils ; Raymond
II, Éveque de Marseille, en 1 1 36 ; l'Abbé de Saint-
Victor, en 1141 ; le Pape Eugène III, en 1 149 ;
et les barons de Valbelle, en 1 147. Les Souverains
Pontifes Alexandre III, en ii63,et Innocent III,
en 1209, accordèrent chacun une Bulle, en faveur
de Mont-Rieux. L'église du Monastère qui avait
été construite aux frais d'Aymon et d'Hugues de
Varennes ne fut consacrée qu'en 1252, par l'Ar-
chevêque d'Aix, accompagné des Evêques de Mar-
seille, de Digne et de Riez. En i3o8, le comte de
Provence nomma Bertrand de Marseille, protec-
teur du Couvent, et en 1 3 19, le Pape Jean XXII
affranchit des dîmes pontificales toutes les terres
cultivées par les Religieux de cette Chartreuse.
Elle eut beaucoup à souffrir des pillages et des
dévastations des bandes armées qui ravagèrent cette
contrée pendant le XIVe siècle. En 1 3 7 4 , Raymond
de Mont-Alban enleva aux Chartreux le château
de Revest qui était leur propriété. Ce Monastère
fut saccagé par les Luthériens, en ID40 ; res-
— 220 —
taure avec peine, il fut de nouveau ruiné et pro-
fané en 078. On le rétablit en i635, mais les
constructions ne furent terminées qu'en 1740. La
nouvelle église fut consacrée, le icr mars 1741,
par Monseigneur de Belzunce, Evèque de Mar-
seille. Le Monastère de Mont-Rieux a été supprimé
par la Révolution française, en 1 790, et vendu comme
bien national le [6 fructidor, an IV 4792).
En 1843, sous le R. P. Général Dom Jean-Bap-
tiste Mortaize, les Chartreux rachetèrent cette Mai-
son et la reconstruisirent sous les auspices de Dom
Etienne Franchct. L'église fut consacrée le 19 juin
1 858, par Monseigneur Jordany, Evèque de Fréjus
et Toulon . On compte parmi les bienfaiteurs de
cette Maison le marquis d'Albertas et Mr Pas-
quier, de Lyon. En [868, elle servit de refuge aux
Chartreux expulsés d'Italie.
1132.
ARVIÈRES.
La Chartreuse de NoTRE-DAME-D"ARViÈRES,près
de Lochieu , dominant les gorges profondes du
Grand-Colombier, au diocèse de Belley, autrefois
de Genève, département de l'Ain, a été fondée
par Amédée III, comte de Savoie, et Humbert III
de Beaujeu.
On rapporte, dans la vie de saint Artauld, pre-
mier Prieur d'Arvieres , que vers 1142, Arducius
de Faucigny, Evèque de Genève, aida le saint
— 2 24 —
Prieur, de concert avec Amédée, comte de Savoie,
à rebâtir son Monastère dans un endroit peu éloi-
gné de la première fondation, mais moins exposé
aux avalanches. Quelques auteurs donnent aussi le
titre de fondateur à Humbert de Grandmont, Évê-
que du diocèse. Les principaux bienfaiteurs furent:
Guichard, fils d'Humbert III; Etienne, chanoine
de Lyon ; Artold , chanoine de Sasiriaco ; Pierre
Senescalle, de Lyon; Aymon et Hugues de Yaren-
nes; Aymon de Rivoire; Pierre de Chimelieu et
ses deux frères. Cette Maison eut beaucoup à souf-
frir des guerres du XIVe et du XVe siècle; elle fut
supprimée par le décret de 1" Assemblée nationale
du 1 3- 1 9 février 1790.
1136.
MONT-DIEU.
La Chartreuse de Notre-Dame-du-Moxt-Dieu,
sur la rivière de Bar, entre Mouzon et Sedan, au
diocèse de Reims, département des Ardennes, eut
pour fondateurs Odon, Abbé de Saint-Remy de
Reims, et les Religieux de son Abbaye. Quel-
ques auteurs font remonter la fondation à l'année
ii3o. Le Pape Innocent II confirma la dona-
tion d"Odon par une Bulle de 1 142, et Eugène III
par une autre Bulle de 1 145. L'église avait été
consacrée en 1144, par Samson, Archevêque de
Reims, en présence des Evèques Goslénus, de
Soissons et Milon, de Thérouanne. On cite corn-
— 223 —
me principaux bienfaiteurs de cette Chartreuse :
Alexandre de Juilliers , Évêque de Liège ; Wite-
rius ou Vulsius, comte de Réthcl ; Conrad III,
comte de Luxembourg; Guillaume, comte de Ne-
vers; Richard. Abbé de Mouzon ; Guy Séneschal
et Hélinde, son épouse, et plus tard Louis II, comte
de Flandre. L'église du Couvent fut reconstruite,
en 1 289, et consacrée par Pierre Barbes, Archevê-
que de Reims, le 5 février 1290.
Ce Monastère eut beaucoup à souffrir pendant
la guerre contre les Anglais, et plusieurs fois, dans
Tannée [362, les Chartreux durent se réfugier à
Mouzon. Deux siècles plus tard, le Couvent qui
s'était relevé difficilement de ses ruines fut de nou-
veau pillé et saccagé par les Protestants, en i502
et en i56y. Le Roi Henri IV, à la demande du
sieur de La Noue, gouverneur de Sedan, accorda à
ce seigneur, comme récompense des services qu'il
avait rendus à sa cause, toutes les propriétés de la
Chartreuse. Les Religieux donnèrent à La Noue 1200
écus, et celui-ci renonça à la cession que le Roi lui
avait faite. Le Monastère fut rebâti, après l'incendie
de i6o5,et supprimé par la Révolution française, en
1790. Il servit de prison, quelque temps, puis fut
entièrement détruit.
1138.
VALON.
La Chartreuse de Notre-Dame-de-Yai.o\, dans
une des gorges formées par les montagnes qui sépa-
1:.
— 2 26 —
rent le Chablais du Faucigny, sur le territoire de
Bellevaux, au diocèse de Genève, province de Fau-
cigny Savoie', fut fondée par les seigneurs de Lan-
gin, de Corvenc, de Ballaison et de Serneux. La
Maison de Faucigny en augmenta les domaines et
Aymonde Faucigny mérita le titre de principal fon-
dateur. Au XIIIe siècle, les comtes de Savoie enri-
chirent aussi ce Monastère, et au siècle suivant, le
Pape Jean XXII nomma gardiens des privilèges de
Valon, les Evêques de Genève et de Lausanne. Les
Bernois le détruisirent en partie et s'emparèrent
de ses biens, en 1 536 , malgré les réclamations
de la duchesse de Nemours qui les revendiquait
comme dépendance de sa souveraineté de Faucigny.
Les Religieux se réfugièrent à la Chartreuse de
Pommiers. Emmanuel-Philibert, duc de Savoie,
fit vendre, le 29 septembre i56cj, les biens de Valon
non aliénés par les Bernois. En i5yS, le Général
des Chartreux demanda à Charles-Emmanuel la ré-
intégration des Religieux dans leur Monastère. Ce-
lui-ci n'ayant pas accédé à ce désir, l'Ordre ne put
rentrer en possession de cette Chartreuse ; toute-
fois les biens de l'ancien Couvent rachetés à cette
époque furent, d'après les instances de saint Fran-
çois de Sales, donnés à la Chartreuse de Ripaille.
1139.
VAUCLUSE.
La Chartreuse de Vaucluse , près de Saint-
Claude, dans un des sites les plus austères du Jura,
au diocèse de Besançon, département du Jura,
fut fondée par Hugues de Cuiseau. Ce Monastère
subit toutes les vicissitudes de la contrée où il était
place, et plus d'une fois, il fut saccagé par les ar-
mées ennemies. Reconstruit en partie, dans le cou-
rant du XVIIe siècle, un décret de l'Assemblée na-
tionale le supprima en 1790.
1140.
VAL-SAINT-PIERRE.
La Chartreuse du Val-Saint-Pierre, près de Ver-
vins, dans un site sauvage de la forêt de Thiérache,
au village de Braye, diocèse de Soissons, départe-
ment de l'Aisne, eut pour fondateur Raynaud, ba-
ron de Rosoy-sur-Serre. Parmi les bienfaiteurs, on
cite Jehan, Walbert, Gobert et Roger, Évèque de
Laon, fils du fondateur ; Barthélémy, seigneur de
Burelles; Hugues, Abbé de Saint-Remy de Reims,
1140; Jean, Abbé de Saint-Michel, en Thiérache,
1 156 ; Richard, Abbé de Vauclair. Les Papes Anas-
tase IV, 11 54; Alexandre III, 1 164 , et i r 78 ;
Innocent III, 1216; Honorius III, 1 2 1 7 ; Grégoi-
re IX, 1227; Innocent IV, 1245 et Jean XXI,
127G, accordèrent de nombreux privilèges à ce Cou-
vent. Il en fut de même pour les Rois de France,
Louis VII, 1 173 ; Louis IX, 1255; Philippc-le-Bcl,
1292; Charles V, i36g; Louis XI, 1470; Louis
XIII, 161 1. Pierre, Archevêque de Reims, con-
sacra l'église du Monastère le 28 juin 1276. Le
Val-Saint-Pierre eut beaucoup à souffrit" dans les
228
guerres du XVe siècle. En 1450, Jeanne de Béthune,
comtesse de Guise, rebâtit une partie de la Maison,
à ses frais. Le Monastère fut de nouveau restaure
après les guerres de Religion, au XVIe siècle, mais
on dut, au siècle suivant, le reconstruire entièrement,
pour la quatrième fois, et le G mars 1690, Jean d"Es-
trées, Evêque de Laon,enfitla consécration. Suppri-
mée par la Révolution française, cette Chartreuse
a été vendue comme bien national, par décret du
20 juin 1 79 1 .
1142.
ANNONCIADE.
La Chartreuse de Notre-Dame de l'Annonciade,
au diocèse de Valence, Royaume de Valence Espa-
gne), doit sa fondation au sieur Jacques, gen-
tilhomme. On connaît peu de choses sur ce Monas-
tère ; saccagé dans les guerres du Moyen-Age, et
presque entièrement détruit, il fut abandonné par
l'Ordre , en 1445, faute de ressources suffisantes
pour réparer ses ruines.
1144.
BOUVANTES.
La Chartreuse du Val-Sainte-Marie, ou de Bou-
vantes, dans les gorges escarpées et boisées de La
Lionne, au diocèse de Valence, département de la
Drôme, eut pour fondateur le dauphin GuiguesIIL
— 229 —
Garnier, de la noble maison de Balmey, est con-
sidéré comme un de ses plus grands bienfaiteurs.
Humbcrt, dauphin de Viennois, a)rant perdu son
épouse, en 1297, s'y fit Religieux. Ce Couvent
longtemps prospère eut beaucoup à souffrir des dé-
prédations des Huguenots. La Révolution française
le supprima et ses propriétés furent vendues comme
biens nationaux, en 1791. Chassés de leur asile,
quelques Chartreux du Val-Sainte-Marie se réfugiè-
rent dans la ville de Romans, achetèrent, le 3i
mars 1791, une maison conventuelle de Récollets,
et y passèrent en pleine sécurité les plus mauvaises
années de la Révolution. Cette maison fut donnée,
par les Chartreux, à l'hospice de la Chanté, par
acte du 16 juin 181 3.
1145.
PRÉBAYON.
La Chartreuse de Saint- André de Prébayon,
près de la rivière du Trinion, dans L'ancien duché
d'Orange, au diocèse d'Avignon, département de
Vaucluse, avait été fondée par une compagne de
sainte Radegonde de Poitiers, pour des Religieuses
qui suivaient la Règle de saint Césaire. En 1145,
ou selon d'autres, en 1 147, ces Religieuses embras-
sèrent la Règle de saint Bruno. Ce Couvent ayant
subi une inondation du Trinion, les Moniales du-
rent se retirer momentanément à Vaison . Elles
espéraient pouvoir réparer les ruines de leur Mo-
nastère, mais, à cause du manque de ressources,
— 200 —
l'Ordre fut contraint de l'abandonner, en 1228, et
les Religieuses furent transférées à Saint-André de
Ra mires cédé aux Moniales par les Bénédictins de
Montmayeur, près d'Arles.
1146.
OUJON.
La Chartreuse d'Oujon, que l'on trouve encore
écrit Angion , située sur le versant du Jura, au
milieu d'une forêt épaisse, entre Saint-Cergues et
Arzier, au diocèse de Lausanne, canton de Vaud
(Suisse), eut pour fondateur Louis de Mont. On
compte parmi ses principaux bienfaiteurs, l'Em-
pereur Frédéric II ; Amédée, comte de Genevois,
et ses deux fils; Humbert de Prangins et son fils;
Conon, seigneur de Genollier ; Ebal, seigneur de
Mont ; Landri de Coinsins et sa famille. Ce Cou-
vent, qui était fort riche, fut saccagé par les Pro-
testants, et peu après, entièrement détruit par les
Bernois, en 1 536.
1151.
REPOSOIR.
La Chartreuse du Reposoir, dans la vallée de
l'Ane , près de Sallanches , au diocèse d'Anne-
cy, en "Faucigny Haute-Savoie), fut fondée le
22 janvier 1 1 5 1 , par le prince Aymond de Fau-
cigny. Au XVIe siècle, elle eut à souffrir des in-
cursions des Calvinistes de Genève. En i;o5, elle
- 23] —
devint la proie des flammes, et le R. P. Dom
Antoine de Mongeffond, Général de l'Ordre, la fit
reconstruire avec les aumônes envoyées à cet
effet, par toutes les Chartreuses. Ce Monastère
fut supprimé en 1793, mais l'Ordre l'a racheté
sous le Généralat du R. P. Dom Jean-Baptiste
Mortaize, en 1844.
1156.
BONNE-FOY.
La Chartreuse de Bonne-Foy, dans une vallée
profonde du Mezenc près de la ville du Puy,
au diocèse de Viviers , département de l'Ardè-
che , eut pour fondateurs Guillaume Jourdain,
arrière-petit-fils de Raymond de Saint-Gilles comte
de Toulouse, et les seigneurs d'Aubigny. Sup-
primée par décret de l'Assemblée nationale du
1.3-ig février 1790, ses propriétés ont été ven-
dues comme biens de l'État en 1791.
Les ruines des tours du Monastère, du cloître et
du clocher de l'église, qui existent encore, indi-
quent une construction très remarquable.
1160.
SEITZ.
La Chartreuse du Val-Saixt-Jeax-Baptisti . ou
de Seitz, au diocèse d'Aquilée , province de Car-
niole (Autriche), doit sa fondation à Ottokar,
marquis de Styrie. En i5ai, Dom André, Prieur
232
du Monastère, fut massacré en se'rendant au Cha-
pitre Ge'ne'ral. Un siècle plus tard, en i63o, les
Turcs envahirent cette Chartreuse, tuèrent les
Religieux dans re'glise et pendirent le Père Prieur
à la corde de la lampe du sanctuaire. Ce Mo-
nastère avait été restauré avec peine, lorsque
l'Empereur d'Autriche Joseph II le supprima en
1782.
1163.
SCALA DEL
La Chartreuse de Scaea Dei , au pied du
Mont-Saint , au diocèse de Tarragone , en Ca-
talogne (Espagne), eut pour fondateurs , Al-
phonse II, Roi d'Aragon, et son fils, ainsi que
l'Archevêque de Tolède. On pense que les tra-
vaux furent commencés en 11 53. L'église fut
construite en 1228, avec les largesses -de Guil-
laume de Sirca. En ijo3, Bérenger Gallart res-
taura le Monastère ruiné par les guerres et y fit
exécuter de nouvelles constructions. Cette Char-
treuse fut supprimée en i835, par un décret du
11 octobre, sous le ministère de Dom Alvaro
Gomez Becerra.
1168.
SEILLON.
La Chartreuse de Seieeox, près de Boug-en-
Bresse dans la foret de Seillon, au diocèse de
— 233 —
Belley, département de l'Ain, fut fondée par
Humbert de Bauge, Archevêque de Lyon, qui
s'y lit Chartreux, et. par Renaud de Bauge'. Elle
eut beaucoup à souffrir des de'pre'dations des
Huguenots, fut supprimée par la Re'volution et
vendue comme bien national, en 1791.
1169.
GYRIO.
La Chartreuse du Val-Saint-Maurice , ou de
Gjtio, au diocèse de Laubach, duché' de Car-
niole (Autriche), doit son origine à Henri,
Evêque de Gurck. Les Turcs, dans leurs nom-
breuses incursions, ruinèrent ce Monastère de
telle sorte que l'Ordre dut l'abandonner, en i5gi.
1170.
VAL-DIEU.
La Chartreuse du Val-Dieu, non loin de Mor-
tagne, au diocèse de Se'ez, département de l'Or-
ne, eut pour fondateurs Rotrou III, comte du
Perche, son épouse et son fils. L'église du
Couvent fut consacrée, en 1181, par Roger,
Évêque de Séez. Pendant plusieurs siècles, le nom-
bre des Religieux resta peu considérable, mais
Pierre de Valois, comte du Perche, grand bien-
faiteur du Couvent, ayant laissé par testament.
— 2^4 —
en 1404, cinquante e'cus d'or pour fonder quatre
nouvelles cellules, on dut agrandir le cloître. Jean
Ier, comte d'Alençon, confirma ces donations, et
Henri V, Roi d'Angleterre, en 141»), prit le Mo-
nastère sous sa protection. Parmi les bienfaiteurs,
on cite le comte Geoffroy et sa femme Mathilde;
Louis, comte de Blois, et Catherine, son e'pouse ;
Jourdain Duhommet , Evêque de Lisieux : Gil-
lain, Evêque de Coutances ; Roger de Rupierre :
Gervais de Neufchàtel ; Hugues de la Ferte'. Le
Couvent avant e'te' reconstruit au XVIIe siècle,
la dame de Bailleul y fonda encore deux nouvel-
les cellules. Lorsque l'Assemble'e nationale le sup-
prima par un de'cret de février 1700. il était en
pleine prospe'rité ; ses proprie'te's furent vendues
comme biens nationaux, et les bâtiments claus-
traux devinrent la proie des spéculateurs.
1170.
LA VERNE.
La Chartreuse DELAVER\E,prèsdeCollobrières.
dans un des vallons les plus déserts des Maures,
au diocèse de Fréjus, département du Var, fut éta-
blie dans un ancien Prieuré qui portait le nom
de Notre-Dame-de-la- Verne et que Pierre Aynard,
Evêque de Toulon, céda aux Chartreux. Ce Mo-
nastère ayant été brûlé en 1172. les Évèques de
Toulon et de Fréjus le rebâtirent à leurs frais.
Parmi les bienfaiteurs, on cite Raymond Béranger:
— 235 —
Alphonse Ier, son fils, comte de Provence, et Guil-
laume de Valbelle. La charte du comte Alphonse
est datée du 4 octobre 1 [74. Cette Chartreuse suc-
comba, sous les coups de la Révolution française,
en 1 790.
1170.
LUGNI.
La Chartreuse de Lugni, dans la foret du même
nom, au diocèse de Dijon, département de la
Côte-d'Or, est due à la pieuse libéralité de Gau-
thier de Bourgogne, Evêque de Langres, frère
d'Othon duc de Bourgogne. On rapporte que cet
Evêque abandonna son siège épiscopal pour pren-
dre Thabit de Chartreux dans la Maison qu'il avait
fondée . Après avoir beaucoup souffert dans les
guerres des Impériaux et des Protestants, cette
Chartreuse fut supprimée par décret de l'Assemblée
nationale du i3-iq février 1790. Les bâtiments
claustraux furent démolis et les biens du Monastère
mis aux enchères.
1171.
BON-LIEU.
La Chartrhisi: de Bon-Lieu, près de Saint-
Claude, sur les bords d'un lac entouré de montagnes
boisées, au diocèse de Saint-Claude, département du
— 236 —
Jura, eut pour fondateurs Thibaud de Montmort
et Gérard, comte de Masion. La Révolution la sup-
prima et vendit ses propriétés comme biens na-
tionaux, en 1791.
1171.
CASOTTES.
La Chartreuse de Notre-Dame-de-Casottes, au
diocèse d'Albe , dans le marquisat de Montfer-
rat (Piémont;, doit son existence au seigneur de
Garescio et au marquis de Céva . Les ducs de
Mantoue et de Savoie ont été ses principaux bien-
faiteurs ; elle fut emportée par la tourmente ré-
volutionnaire déchaînée sur une grande partie de
l'Europe. La République française décréta sa
suppression, le 16 août 1802.
1172.
VAL-SAINT-HUGON.
La Chartreuse du Val-Saint-Hugon, près d'Ar-
villars, dans une gorge profonde adossée aux Alpes
de Maurienne et qui portait ie nom de Vallée de
Beins, au diocèse de Chambéry (Savoie), eut pour
fondateurs Hugues d'Arvillars, sa femme Audisia
et son fils Hugues. Parmi les principaux bienfai-
teurs, on compte le Dauphin, comte d'Albon et
de Vienne, en 1129 ; Humbert II de Viennois,
— 207 —
en 1 338 ; Sofred Ainard et sa femme Vernenchie ;
Nantelme Ainard et ses fils; Be'atrix, comtesse de
Genevois ; Guy de Châteauneuf ; .Edeline de Bou-
villaret et Jordan d'Aiguebelle, son mari ; Villen-
chie de Morestel et ses fils; Hugues de laRochette
et sa famille ; Ysmidon d'Ais, maître du Temple
et les Templiers. Le Pape Alexandre III, qui af-
fectionnait d'une manière toute particulière les
Chartreux du Val-Saint-Hugon, leur accorda diffé-
rents privilèges. Ses successeurs Lucius III, Inno-
cent III et Jean XXII suivirent cet exemple et
comblèrent la Chartreuse de nombreuses immu-
nités. Il en fut de môme des souverains de la
contrée, Thomas Ier, comte de Maurienne, Amé-
dée IV, son fils, Philippe Ier et Amédée V, son
neveu et son successeur. Ce Monastère fut pillé,
en i5b2, par les Protestants, sous les ordres de
Charles Dupuy de Montbrun. Après l'incendie de
la Chartreuse de Prémol, en 1707, les Moniales
reçurent l'hospitalité à Saint-Hugon. La Révolu-
tion française supprima ce Couvent, mais les Re-
ligieux ne l'abandonnèrent qu'en 1790. La vente
eut lieu le 21 Thermidor, an IV.
1173.
VAL-DE-PEZ.
La Chartreuse de l'Assomption de la Bienheureu-
se Viergi: Marie, ou du Val-de-Pc^ au diocèse de
Mondovi Piémont), est une fondation des seigneurs
— 238 —
de Morozzo et de Jean, Prieur de Saint-Biaise,
autorisés par l'Abbé et le Chapitre de Saint-Fruc-
tuaire. La Charte est datée du mois d'octobre 1 1 73,
comme le prouve une pièce tirée des archives du
Couvent, àla date du 21 février i635. Cette Char-
treuse a été supprimée par la République fran-
çaise, en vertu d'un décret du 16 août 1802.
1176.
LUNDEN.
La Chartreuse de Notre-Dame-de-Luxdex, au
diocèse du même nom, duché de Holstein (Dane-
mark", doit sa fondation à Eskile, Archevêque de
Lunden; elle n'eut que quelques années d'existence;
pour des causes qui nous sont inconnues, l'Ordre
l'abandonna en 1181.
1178.
LE LIGET.
La Chartreuse du Liget ou de Saint-Jean,
près de Loches, au pied de deux collines, au milieu
des bois, diocèse de Tours, département d'Indre-
et-Loire, reconnaît pour fondateur, Henri, duc
de Normandie et comte d'Angers, plus tard Roi
d'Angleterre, sous le nom d'Henri II. D'après
quelques auteurs, ce Couvent aurait été commencé
en 1 j 53, et terminé en 1170. Saccagé et pillé par
les Huguenots commandés par Le Lignou, en 1 588,
— 2i9 —
et réparé au siècle suivant, il fut supprimé en
1790, par la Révolution française et vendu comme
bien national.
1178.
WITTHAM.
La Chartreuse de Tous-les - Saints , près de
Wittham au diocèse de Bath, comté de Sommer-
set Angleterre \ -fut fondée par Henri II, Roi
d'Angleterre et libéralement dotée par ce monar-
que, comme le prouve sa Charte de fondation; elle
fut terminée vers 1 189, et supprimée en 1 539, Pen_
dant la persécution soulevée par Henri VIII, contre
l'Eglise.
1179.
AILLON.
La Chartreuse de Notre-Dame-d'Aillon , au
diocèse de Chambéry Savoie , est une fondation
d'Humbert III, comte de Maurienne et marquis
d'Italie. En 1180, le même seigneur lui donna,
pour le salut de ses père et mère et de ses autres
parents, l'universalité de ce qu'il possédait sur le
territoire d'Aillon. Ce Monastère presque entière-
ment détruit dans un incendie, en octobre i582,
dut sa restauration au Prieur Fiacre Billard, pro-
fès de Paris, docteur de Sorbonne; la République
française le supprima en 1802.
— 240 —
1179.
POMMIERS.
La Chartreuse de Notre -Dame- de-Pommiers,
sur le penchant du Salève, au diocèse d'Annecy,
ancien diocèse de Genève, département de la Hau-
te-Savoie , eut pour fondateurs Amédée , com-
te de Genève, et Guillaume, son petit-fils. Les
chartes sont de 1 179 et de 1252. Quelques auteurs
pensent que la fondation eut lieu en 1170, avec le
secours des Évêques de Genève Ardutus et Artius.
Ce qu'il y a de certain, c'est que le Pape Alexandre
III confirma cette fondation en 1170. Ce Couvent
subsista jusqu'au XVIIIe siècle et disparut alors, au
passage des armées de la République française.
1185.
APPONAY.
La Chartreuse d'Apponay, située au milieu des
bois, dans les montagnes de Morvan, au diocèse
de Nevers , département de la Nièvre, doit sa
fondation à Thibaud, Évêque de Nevers, du
consentement du Chapitre de l'église cathédrale
de Saint-Cyr. Son église, tombant en ruines, fut
rebâtie au XIVe siècle . Le Monastère lui-même
ayant eu beaucoup à souffrir des ravages des Pro-
testants, dut être reconstruit vers la fin du XVIe
siècle. L'Assemblée nationale le supprima par dé-
cret du 1 3 - 19 février 1790.
— 24» —
1188.
BERTAUD.
L.\ Chartreuse de Bertaud de Rabou ou de
Notre-Dame-d Aurou\e , dans les montagnes des
Alpes, au diocèse de Gap, département des Hautes-
Alpes, fut fondée par les Chartreux de Durbon
qui avaient obtenu d'Adélaïde , veuve d'Arnaud
de Flotte et de ses quatre fils, seigneurs de Mont-
maur, la donation du territoire de Bertaud, pour
construire un Monastère de Moniales. En 1214,
Milo de la Roche ravagea cette Chartreuse, mais,
la même année , Raimbaud d'Orange , Guiraud
de Simiane , Rostan et Raimbaud d'Agout lui
donnèrent des biens considérables. Au commence-
ment du XIVe siècle, des bandes armées, dirigées
par les seigneurs du voisinage, les de Flottes et de
Moustiers, le pillèrent. Un incendie l'ayant détruit,
en 1448, l'Ordre l'abandonna ; les Religieuses se
retirèrent à Durbon, et plus tard, vers 1610, à la
Chartreuse de Prémol.
1191.
LOZE.
La Chartreuse de Loze , territoire sous la ju-
ridiction de l'Abbé de Saint-Juste de Suse, au
diocèse de Turin (Piémont), doit sa fondation à
Thomas, comte de Loze. Ce Monastère n'eut pas
10
— 242 —
une longue existence; ses ressources e'tant trop res-
treintes, l'Ordre dut l'abandonner en 1200, et
transférer les Religieux à la Chartreuse de Mont-
Benoît.
1200.
SÉLIGNAT.
La Chartreuse du Val-Saint-Martin, à Séli-
gnat, ou Sélignac, non loin de Bourg-en-Bresse,
au diocèse de Belley, département de l'Ain, eut
pour fondateurs Hugues de Coligny et Guillaume,
son frère. Etienne, comte de Bourgogne, prit aussi
part à cette fondation et fit de nombreuses lar-
gesses aux enfants de saint Bruno, en 12 10. Sup-
primé par la Révolution française, ce Couvent fit
retour à l'Ordre, en 1867. Par les soins du Révé-
rend Père Dom Charles-Marie Saisson , une par-
tie des propriétés de l'ancienne Chartreuse fut
rachetée , et le Monastère entièrement restauré ;
on y voit aujourd'hui une nombreuse Commu-
nauté.
1200.
MONT-BENOIT.
La Chartreuse deNotre-Da.me-de-Moxt-Bexoit,
sur un territoire placé sous la juridiction de l'Ab-
bé de Saint-Juste de Suse, au diocèse de Turin
- 243 -
(Piémont\ reconnaît pour fondateurs Henri, vi-
comte de Baraton, Palmier de Regiano et Bozon
Corbonello. Quoique les biens de la Chartreuse
de Loze lui eussent été incorporés, l'Ordre crut
devoir l'abandonner, en 1408, et transférer les Re-
ligieux à la Chartreuse de Baude.
FONDATIONS
T)U TREIZIÈME SIECLE
1203.
VALBONNE.
A Chartreuse de Valbonne, commune de
Saint- Paulet- de-Caisson , au diocèse de
Nîmes, département du Gard, fut fondée
par Guillaume de Vénéjan, Évêque d"Uzès, du con-
sentement du Chapitre de son église cathédrale.
Situé dans une belle forêt, non loin de Pont-Saint-
Esprit, ce Monastère avait été occupé par des Re-
ligieuses Bénédictines et portait le nom de Notre-
Dame-de-Bondilhonet. Les principaux bienfaiteurs
furent Géraud de Montaigu et Hélène, sa femme;
Raymond Rascas, seigneur d'Uzès, en i2o5; Decan,
son fils, en 1207 ; Bermon II, vicomte d'Uzès en
12 12 ; et plus tard Pierre de La Tour ; Guillau-
mette de Donzère ; Guillaume et Pons de Crozc ; et
la dame de Frudar.
— 245 —
Les bandits d'Arnaud Cervole et les grandes
compagnies de Duguesclin et de Boucicault, cau-
sèrent à la Chartreuse de Valbonne des dommages
si considérables que le Pape Clément VIII, pour
venir à son secours, lui abandonna les legs incer-
tains. Pillé et incendié par les Calvinistes, vers
1590, ce Monastère dut sa restauration aux Char-
treux de Villeneuve, en 1 602-1 633. L'église con-
ventuelle a été terminée, quelques années seule-
ment avant la Révolution, en 1780. La Chartreuse
de Valbonne fut supprimée par décret du i3-
19 février 1790, et ses propriétés passèrent, plus
tard, à l'hospice de Pont-Saint-Esprit, en vertu
d'un arrêté préfectoral du 27 pluviôse, an XII(i8o3).
Le 22 septembre 1822, le Révérend Père Nizzatti
entamait, pour le rachat de Valbonne, des négocia-
tions qui ne purent aboutir; l'Ordre ne rentra en
possession du Monastère que le 28 janvier i836.
Aujourd'hui, cette Chartreuse entièrement restau-
rée comprend vingt-quatre cellules pour les Re-
ligieux et les Novices, et plus de vingt Frères Con-
vers, ou Donnés.
1208.
TRISULTI.
La Chartreuse de Saint-Barthélémy, près Tri-
sulti, au mont Pério, dans la campagne romaine,
diocèse d'Alatri (États de l'Église), doit sa fonda-
tion à Innocent III. Ce Pape céda aux Chartreux,
le 7 des calendes d'octobre 1208, une ancienne
- 246 -
Abba}re de Bénédictines, dans laquelle on établit le
Monastère, et donna en sa faveur une Bulle datée
de la veille des calendes d'octobre 121 1 . Pendant les
guerres de la République française en Italie, les
Chartreux de Trisulti durent abandonner leur Mai-
son, et l'Empereur des Français, Napoléon Ier, la
supprima en 1804. Le Pape Pie VII la rétablit en
18 14. Cette Chartreuse existe encore, mais la plu-
part des Religieux ont été licenciés en 1868 par
le gouvernement de Victor-Emmanuel, Roi d'Italie,
et ses biens sont sous séquestre.
1209.
BELLARY.
La Chartreuse de l' Annonciation de la Sainte-
Vierge ou de Bellary , au milieu des bois, non
loin de Cosne-sur-Loire, au diocèse de Nevers, dé-
partement de la Nièvre, fut fondée par Henri III,
seigneur de Donzy, comte de Nivernais. Elle de-
vint la proie des flammes sous le pontificat d'Eu-
gène IV, qui accorda des indulgences à tous ceux
qui contribueraient à la rebâtir. Brûlée de nouveau
par les Calvinistes, en i56'2, elle sortit peu à peu
de ses ruines ; sa restauration complète ne fut ter-
minée qu'en 1602. Ce Monastère disparut de nou-
veau dans la tourmente révolutionnaire; il fut sup-
primé par décret de l'Assemblée nationale en
1790, et toutes ses propriétés furent vendues
comme biens de l'État.
— 247 —
1210.
MONT-MERLE.
La Chartreuse de Val-Saint-Etienne , ou de
Mont - Merle , près de Mâcon , au diocèse de
Bellev, département de l'Ain, était occupée par
des moines de l'Ordre de saint Benoît, qui de-
mandèrent au Pape de s'agréger à l'Ordre des
Chartreux. Innocent III accéda à leur désir et les
incorpora le 4 des calendes de mai 12 10. Elle eut
pour principaux bienfaiteurs Roland et Humbert
de Asneriis ; Renaud, seigneur de Baugé ; Ponce
de Villars; Jean, Archevêque de Vienne ; Bernard,
Prieur de Portes ; Thomas, comte de Flandre ; et
Jean, comte de Bourgogne. Après avoir eu beau-
coup à souffrir pendant les guerres de religion,
elle fut supprimée, en 1790, par décret de l'Assem-
blée nationale.
1219.
GLANDIER.
La Chartreuse de Notre-Dame-de-Glandier ,
près du Torrent de la Loyre, au diocèse de Tulle,
département de la Corrèze , doit sa fondation
à Archambaud VI , Vicomte de Comborn . La
charte est datée du 11 novembre 12 19, en la
fête de saint Martin. Parmi les bienfaiteurs se
trouvent : Guicharde de Beaujeu, femme du fon-
— 248 —
dateur ; Bernard et Marguerite, sa femme -, Gui-
chard ; Agnès du Bouchet, Religieuse de l'Ordre
de sainte Claire ; Marguerite Chauveronne, dame
de Pompadour ; Durand, Évèque de Limoges ;
le seigneur Dauphin , comte de Clermont ; Ber-
nard , Abbé de Tulle ; Hugues, comte de la
Marche ; Ebles de Ventadour ; Guy, vicomte
d'Aubusson ; Bernard de Savenne, Évêque de Li-
moges. Le 11 février 1547, le Monastère fut pillé
et saccagé par une troupe d'hommes d'armes. En
février •i56o/, les Calvinistes le ravagèrent à leur
tour, et, au mois de juin de la même année, le duc
d'Anjou, avec l'armée royale aggrava encore les
dévastations. Les bâtiments claustraux ne purent
être restaurés qu'en 1571 ; à cause du manque de
ressources, les travaux traînèrent en longueur et
ne furent terminés qu'en 1649. Les cellules et
les cloîtres durent être entièrement reconstruits.
Les noms des bienfaiteurs de cette réédification ont
été heureusement conservés : ce sont Jean Joubert
de Barrant, Archevêque d'Arles; Dieudonné Mellin,
Évêque de Toulon; Etienne Fabri, maître des re-
quêtes; Jean, Vicomte de Pompadour et Dom Louis
le Masuyer, profès de Glandier et Prieur, en 1691.
La Chartreuse de Glandier, supprimée par dé-
cret de l'Assemblée nationale du i3-iqfévrier 1790,
fut vendue avec ses propriétés le 4 août 1792. L'Or-
dre l'a rachetée en 1869, et les constructions com-
mencées à cette époque purent être terminées en
1878, sous le Prieur, Dom Adelphe Châtelain ; le
cloître contient vingt cellules.
— 249 —
1219.
PORT-SAINTE-MARIE.
La Chartreuse du Port-Sainte-Marie, près de
Riom, au diocèse de Clermont, département du
Puy-de-Dôme, eut pour fondateurs Guillaume et
Raoul de Belfort, ou Beaufort, seigneurs de Port-
Sainte-Marie. Cette Maison supprimée, en 1790,
par la Révolution française, a été vendue comme
bien national, en 1792.
1222.
VAL-D'ESPÉRANCE.
La Chartreuse de Notre-Dame-du-Val-d1 Es-
pérance , en Bourgogne, dont le fondateur est
inconnu, avait été construite pour des Moniales.
Elle paraît n'avoir existé que très peu de temps;
faute de revenus suffisants, l'Ordre se trouva
dans la nécessité de l'abandonner.
1227.
HENTON.
La Chartreuse de Locus-Dei, ou de Henton ,
dans le Wiltshire , au diocèse de Bath, comté
de Sommerset (Angleterre), eut pour fondatrice
Ela, comtesse de Salisburv, ou selon les auteurs
— 2 5o
du Monasticon Anglicanum . comtesse de Sarr .
Cette noble dame, en faisant cette fondation, vou-
lut remplir les dernières volonte's de son époux
William Longespe'e. Henri III, Roi d'Angle-
terre confirma la susdite fondation, prit la Mai-
son sous sa protection et accorda aux Chartreux
de nombreux privilèges -, la charte de confirma-
tion est date'e de Westminster, le 7 septembre
1236. Elle fut supprimée par l'hérétique Henri
VIII, Roi d'Angleterre, en i53g.
1228.
SAINT-ANDRÉ-DE-RAMIRES.
La Chartreuse de Saint- André- de - Ramires ,
sur la rive de l'Ouvèse , diocèse d'Avignon,
de'partement de Vaucluse , avait d'abord e'te' cé-
dée aux Moniales Chartreuses de Saint-André-
de-Prébayon, par les Moines Bénédictins de
Montmayeur, près d'Arles; mais les Religieuses
de cette Chartreuse avant voulu modifier et al-
térer quelques parties essentielles des règles 'des
Chartreux, ceux-ci renoncèrent à leur direction
et les retranchèrent de l'Ordre, en 1 336.
1229.
BONLIEU.
La Chartreuse de Bonlieu, en Savoie, fondée
pour des Moniales , eut une courte existence.
— 2 r> i —
On ne connaît pas ses fondateurs. L'Ordre, d'a-
près un manuscrit de la Grande Chartreuse, l'a-
bandonna en i3oi .
123 0.
DE ROMANIS.
La Chartreuse dite de Romanis, n'est connue
que par la carte du Chapitre Général de l'an
i25o, qui en fait mention en parlant d'un Re-
ligieux mort profès de cette Maison.
1230.
BELLE-VALLÉE.
La Chartreuse de Belle- Vaelée , que l'on
croit avoir été construite en Suisse, est presque
inconnue. Sa fondation est attribuée à un noble,
nommé Lutolde, qui se fît Chartreux. Il sortit de
cette Maison pour être Évêque de Bàle, et' mou-
rut en 1249. Le catalogue des Chartreuses,
dans les Statuts de l'édition de Bâle, en i5io,
ne fait pas mention du Couvent de Belle-Vallée,
ce qui laisserait pressentir qu'il ne subsistait
plus depuis longtemps.
1230.
POLETEINS.
La Chartreuse de La Celle-Notre-Damf. ou
de Poleteins, construite pour des Moniales, au
252
diocèse de Belley, de'partement de l'Ain, doit
sa fondation à Marguerite de Bâge' , e'pouse
d'Humbert Guichard de Beaujeu. Le Pape In-
nocent IV mit cette Communauté' sous la pro-
tection du Saint-Siège, en 1245. Des privilèges
nombreux lui furent donne's par Louis X, Phi-
lippe de Valois, Jean II, Charies V, Charles VI,
Charles MI, Louis XI, Charles VIII et Fran-
çois Ier. On compte parmi ses principaux bien-
faiteurs : Dalmace Morel ; Gaudemar de Jarez ;
Alix, veuve d'Albert IV, sire de la Tour-du-
Pin ; Éle'onore de Savoie ; Marie de Châtillon ;
Humbert V, sire de Thoire-Villars. Dès 1495,
le relâchement étant entre' dans le Monastère,
les Religieuses me'ritèrent les censures du Cha-
pitre Ge'ne'ral. En i6o5, la suppression du Cou-
vent fut décide'e ; le Pape la prononça, et on
transfe'ra les Religieuses à la Chartreuse de Sa-
lette. D'après une Bulle de Paul V et l'autori-
sation d'Henri IV et du duc de Savoie, les re-
venus de cette Maison servirent à doter la Char-
treuse de Notre-Dame-du-Lys, à Lyon, vers 1610.
1234.
VAL-SAINT-GEORGES.
La Chartreuse de Notre-Dame-dû- Val-Saint-
Georges, au diocèse de Nevers, département de
la Nièvre, fondée par Hugon, seigneur de Lormes
et Béatrix, tille de Pierre de Savoie, son épouse ,
— 2 53 —
fut longtemps prospère ; elle eut cependant beau-
coup à souffrir des guerres qui désolèrent la con-
trée. Restaurée au XVIIe siècle, elle succomba sous
le décret de l'Assemblée nationale du i3-iq fé-
vrier 1790.
1234.
PRÉMOL.
La Chartreuse de Prémol , près de Vaulna-
veys-le-Bas, dans la forêt d'Uriage, au diocèse
de Grenoble, département de l'Isère, fut fondée
pour des Moniales par Béatrix de Montferrat ,
épouse du Dauphin Guigues III. Après avoir été
brûlée en 1466, elle eut encore le malheur d'être
pillée par les Huguenots en i5b2. Vers 1610, le
Chapitre Général y transféra les Religieuses de
Bertaud, qui avaient dû se réfugier à Durbon. La
Chartreuse de Prémol ayant été saccagée de- nou-
veau en 1621, les Moniales émigrèrent à Melan.
Rentrées dans leur Couvent, quelques années plus
tard, elles le virent encore devenir la proie des
flammes, le 14 mai 1707. Elles se retirèrent d'a-
bord au château d'Herbeys, qui appartenait au
Cardinal Le Camus, Évèque de Grenoble, puis à la
Chartreuse de Saint-Hugon . Le Monastère put
être rebâti, en 1715, et les Religieuses y rentrè-
rent le 9 septembre de la même année. Cette Char-
treuse a été supprimée par la Révolution, en
1790.
— 254 —
1235.
PARC-SAINTE-MARIE.
La Chartreuse du Parc-Sainte-Marie, au dio-
cèse du Mans, département de la Sarthe,doit sa
fondation à Marguerite , comtesse de Fif , et à
Geoffroy de Loudun , Évèque du Mans, qui con-
sacra l'église, en 1244. La comtesse Marguerite
avait donné le terrain qu'elle avait obtenu de son
oncle Raoul, vicomte de Beaumont, et TÉvèque
du Mans avait fait construire les bâtiments. Ce
Couvent eut beaucoup à souffrir pendant les guer-
res de religion ; rebâti en entier dans la seconde
moitié du XVIIIe siècle, il était en pleine prospé-
rité, lorsque le décret de l'Assemblée nationale du
1 3- 1 9 février 1790, vint mettre fin à son existence.
1237.
THARNUT.
La Chartreuse de Tharxut, dont les manuscrits
de la Grande Chartreuse constatent seulement
l'existence, fut fondée en i23y, pour des Moniales,
et n'eut pas une longue durée.
1257.
PARIS.
La Chartreuse de Paris eut pour fondateur saint
Louis, Roi de France. Les Chartreux s'établirent
— 255 —
d'abord à Gentilly, mais bientôt Louis IX leur
ayant donné, dans la ville de Paris, le château de
Vauvert, situé près de l'endroit où se trouve actuel-
lement le palais du Luxembourg, ils y bâtirent leur
Couvent. La charte de fondation est de 1259. Le
Bref de Clément IV, au Roi de France, en faveur
des Chartreux de Paris, est daté de Viterbe le i5
des calendes d'août, deuxième année de son Ponti-
ficat . Les lettres-patentes de Philippe-le-Bel, qui
confirment la donation de saint Louis, sont de
juillet 1286 et d'avril 1287. La première pierre
de l'église du Couvent fut posée par le Roi de
France, en 1260, et Jean d'Aubigny, Évêque de
Troyes, consacra l'édifice le 26 juin i325. Jeanne
de Châtillon , comtesse d'Alençon et de Blois ,
femme de Pierre de France, comte d'Alençon, fon-
da dans ce Monastère quatorze cellules. La charte
a été donnée à Gentilly, le mardi de la fête de
Notre-Dame de mars, 1290. Parmi les principaux
bienfaiteurs, on compte Nicolas Gaudard ; Philippe
de Marigny, Evêque de Cambrai, puis Archevêque
de Sens ; Jean de Cérées, trésorier de l'église de
Lisieux et clerc du Roi Philippe V, au nom de son
oncle André Porcheron. Le Chapitre et la sacristie
de la Chartreuse de Paris sont dus à la magnifi-
cence de Pierre Loisel, bourgeois de Paris, et de
Marguerite sa femme. Guillaume de Flavecourt,
Archevêque d'Auch, consacra l'autel du Chapitre
en l'honneur de saint Pierre et de saint Paul, le i3
août t332. Cette Chartreuse était très célèbre,
et renfermait un grand nombre de Religieux ; elle
— 2 56 —
a donné plusieurs Généraux à l'Ordre. Supprimée
d'abord par décret de l'Assemblée nationale, en
1790, transformée ensuite en ateliers pour la fa-
brication du salpêtre, des piques et autres armes,
elle fut plus tard démolie par ordre de la Conven-
tion.
1257.
PARMÉNIE.
La Chartreuse du Mont-Sainte-Marie, ou du
Val-Croissant, au mont de Parménie, près de
Beaucroissant, diocèse de Grenoble, département
de l'Isère, doit sa fondation à Falcoz, Évéque de
Grenoble; elle fut construite, pour des Moniales,
en 125-, sur l'emplacement d'une collégiale de
chanoines réguliers. Le Pape Clément IV lui ac-
corda une Bulle de confirmation , datée de Vi-
terbe le 18 janvier 1267. Cette Chartreuse possé-
dait un hôpital, sur les limites de Voreppe, les
Plantées, près de Fontanil. En i3oo, le prieuré
bénédictin de Saint-Robert, donna aux Religieuses
de Parménie, en échange de cet hôpital, l'ancien
prieuré d'Eymen, au diocèse de Valence. Les Al-
bigeois, commandés par Raymond, prince d'Oran-
ge, incendièrent le Monastère en i3go. Les Monia-
les se retirèrent à Revesti, dépendance de la Char-
treuse des Escouges, et y restèrent, jusqu'en 1422.
La Chartreuse de Parménie, n'ayant pu être répa-
rée, l'Ordre l'abandonna, en i3q3, et elle rentra
— 2^7 —
en la possession de l'Évêque de Grenoble, selon les
conventions stipulées dans l'acte de fondation de
1257.
1260.
FREÙDNITZ.
La Chartreuse de Val-Joyeuse, située au milieu
des rochers et des montagnes qui avoisinent Freiïd-
nitz, au diocèse de Laubach, province de Carniole
(Autriche), fut fondée par Ulric III, duc de Ca-
rinthie et de Carniole, d'après les intentions de
Bernard, son père. Cette Maison jouissait d'une
grande renommée, en Autriche, mais elle ne put
échapper aux innovations religieuses de l'Empe-
reur Joseph II qui la supprima en 1783.
1260.
CELLE-ROBAUD.
La Chartreuse de Notre-Dame-de-Celle-Ro-
baud, au diocèse de Fréjus, département du Var,
était occupée par des Religieuses Bénédictines ;
elle passa, le 11 avril 1260, aux Moniales de
Bertaud, par la cession d'Indie, Abbesse du Monas-
tère des Bénédictines de Souribes, avec l'approba-
tion d'Othon, Évêque de Gap, à la condition d'y
mettre des Moniales Chartreuses. L'installation de
ces Religieuses eut lieu en 1260. Soixante ans plus
17
— 2D8 —
tard, en i32o, le Monastère dut sa restauration à
He'lion de Villeneuve, grand-maître des chevaliers
de Saint-Jean-de-Jérusalem, et frère de sainte Ro-
seline, alors Prieure de Celle-Robaud. En 1 323, le
Pape Jean XXII décréta l'adjonction, à cette Mai-
son, des revenus du prieuré de Saint-Martin. L'Or-
dre l'abandonna, en 1420, et ses biens furent don-
nés, en 1448, à la Maison de Durbon.
1269.
SAINT-PAUL-DE-LA-MER.
La Chartreuse de Saint-Paul-de-la-Mer, ou en-
core de Saint -Paul- de -Maresme, sur un rocher
non loin de Girone, au diocèse de ce nom, en Ca-
talogne ( Espagne) , a pour fondateur Guillaume
de Montegrin, chanoine-sacristain de la cathédrale
de Girone et plus tard Archevêque de Tarragone.
Ayant été abandonnée par l'Ordre en 1433, ses
biens passèrent à la Chartreuse de Montalègre.
1272.
PORTA-CŒLI.
La Chartreuse de Porta - Cœli , ou de Notre-
Dame-dc-la-Porte-du-Ciel , au diocèse de Valence
(Espagne), fut fondée par André d'Albalate, Reli-
gieux de Saint-Dominique, Archevêque de Valence,
de concert avec le Chapitre de son église cathédrale.
— 2i>g —
Ce prélat consacra l'église du Couvent. Quelques
auteurs font remonter la construction de cette Char-
treuse à la fin du XIIe siècle, mais la carte des fon-
dations donne la date de 1272; elle fut supprimée
en 1 835 , par décret daté du 11 octobre, sous le
ministère de Dom Alvaro Gomez Becerra.
1279.
IRLANDE.
La Chartreuse d'Irlande, dont le fondateur est
inconnu, ne dura guère que quarante ans. L'Ordre
l'abandonna au commencement du XIVe siècle.
L'existence de ce Monastère ne nous est révélée
que par un ordre donné aux Pères Visiteurs
d'Angleterre, par le Chapitre Général de i32i,
de vendre et d'aliéner le Couvent ainsi que les
biens, comme étant de peu d'utilité à l'Ordre, et
de disperser les Religieux dans d'autres Char-
treuses.
1280.
SAINTE-CROIX.
La Chartreuse de Sainte-Croix-en-Jarez, située
au fond d'une gorge solitaire du mont Pilât, près
de Rive-de-Gier, au diocèse de Lyon, départe-
ment du Rhône, eut pour fondatrice Béatrix de
la Tour-du-Pin, veuve de Guillaume de Rous-
2Ô0
sillon, seigneur d'Annonay. La charte de fondation
est datée du 24 février 1280. Ce Monastère compte
encore comme grande bienfaitrice Béatrix, épouse
d'Aymard de Roussillon, seigneur de Riverie. La
Chartreuse de Sainte-Croix eut beaucoup à souffrir
pendant les guerres de religion. Restaurée au XVIIe
siècle, elle disparut dans la tourmente révolu-
tionnaire, en 1790, avec toutes ses propriétés que
Ton vendit comme biens nationaux.
1285.
PARME.
La Chartreuse de Schola-Dei, près de la ville de
Parme, au diocèse du même nom (Italie, doit
sa fondation à Roland Taverna, Evêque de Spo-
lète. Pendant la guerre de i55i, les troupes la
pillèrent et la saccagèrent. Rétablie pendant la paix
qui suivit, elle ne put recouvrer son ancienne pros-
périté ; l'Ordre se trouva dans la nécessité de
l'abandonner en 1769.
1288.
VALENCIENNES.
La Chartreuse de Notre- Dame- de -Macourt,
ou de Valenciennes, au diocèse de Cambrai, dé-
partement du Nord , fut fondée primitivement
dans la ville de Cambrai, par Guillaume d'Aves-
nes, Evêque de cette ville; mais Jean d'Avesnes,
comte de Hainaut, installa bientôt les Chartreux
2ÔI
dans la terre de Marly, près de Valenciennes.
La charte est datée du 20 décembre 1298. Parmi
les bienfaiteurs, on cite Jean de Beaufort, trésorier
de Sainte-Croix ; Wulfort de Ghistelles ; Simon
de la Motte ; Gérard de Perfontaine et Antoine
Rolen, seigneur d'Aymeries. La consécration de
l'église primitive par Guido, Évêque de Cambrai,
eut lieu le 8 des calendes de mars i3o_}.. Jacques
de Maubeuge, chanoine de Cambrai, fit bâtir une
nouvelle église qui ne put être terminée qu'en 1 345.
Lorsque les Protestants saccagèrent et ruinèrent
ce Monastère au mois d'août i566, les Religieux
se réfugièrent dans la ville de Valenciennes et re-
çurent l'hospitalité dans l'Abbaye de Saint-Jean. Ne
pouvant réparer les ruines de leur Maison, ils s'é-
tablirent dans la ville et construisirent les bâtiments
claustraux, en 1574, sur l'emplacement de l'hôtel
de Renty qui leur avait été donné par Anne de
Renesse. L'Evêque de Chalcédoine bénit la nou-
velle église, le 22 juillet i582. Ce Monastère fut
supprimé par l'Assemblée nationale, en 1790,
et les bâtiments ayant été détruits en partie lors
du bombardement de la ville par les Autrichiens
en 1794, on vendit le reste comme bien national,
le 24 thermidor de l'an IV.
1292.
MÉLAN.
La Chartreuse de Mélan, au diocèse de Genève,
dans le Faucigny ( Savoie), fut fondée pour des
— 2Ô2 —
Moniales Chartreuses par Béatrix de Faucigny ,
fille de Pierre comte de Savoie, et épouse de Gui-
gues IV, Dauphin de Viennois. Les Calvinistes ra-
vagèrent plusieurs fois ce Monastère qui fut sup-
primé par la Révolution française, en 1791 ; ses
propriétés furent vendues en 1792.
1294.
VAL-SAINTE.
La Chartreuse de la- Val-Sainte, ou Val-de-tous-
les-Saints, au diocèse de Lausanne, canton de Fri-
bourg (Suisse), eut pour fondateur Girard de Char-
me}7, qui donna aux Chartreux la propriété de
Charmey; mais un fils lui étant né après cette
donation, les Religieux, avec l'autorisation de Guil-
laume, Évêque de Lausanne, abandonnèrent à Girard
de Charmey et à sa sœur Jeanne le tiers des biens
donnés à la Chartreuse par leur père. L'acte qui
relate et confirme cette donation est daté du 10
décembre 1296.
Le gouvernement de Fribourg obtint la séculari-
sation de cette Maison en 1778 ; les Religieux du-
rent se retirer à la Part-Dieu. En 1793, des Trap-
pistes, obligés par les proscriptions de quitter la
France, achetèrent ce Monastère et s'y établirent,
mais depuis, sous le Généralat de Dom Jean-Bap-
tiste Mortaize, les Chartreux en ont repris posses-
sion, et aujourd'hui on y compte une douzaine de
Religieux.
— 263 —
1297.
CURRIÈRE.
La Chartreuse de Currière , au milieu des
montagnes du Désert de Chartreuse , diocèse
de Grenoble , département de l'Isère, est men-
tionnée dans la charte de fondation de la Grande
Chartreuse (1084). En février 1 129, on y établit une
grange du Monastère. Au siècle suivant, en 1297,
Amblard d'Entremont, chanoine et préchantre de
l'église Sainte-Catherine, près d'Aiguebelle , puis
Évêque de Maurienne, obtint du R. P. Boson d'y
bâtir une Chartreuse. Ce prélat donna au nouveau
Monastère une partie des forêts environnantes. Les
comtes de Savoie et les seigneurs de Miribel lui
accordèrent aussi des concessions dans la plaine de
Saint-Laurent-du-Pont. Humbert de Paladru don-
na à cette Chartreuse la léproserie de Saint-Étien-
ne-de-Crossey , en i3i5. L'année suivante,' cette
cession fut approuvée par le Commandeur du Tem-
ple, de Crossey, et le 14 mars 1327, Edouard, fils
d'Ame V, comte de Savoie, confirma la donation
faite par son père de tous les droits qu'il avait sur
cette léproserie. En 1 388, le Chapitre Général réu-
nit Currière à la Grande-Chartreuse qui se chargea
d'acquitter les fondations et d'entretenir dans cette
Maison un certain nombre de Religieux; dès lors la
Chartreuse de Currière servit de Maison de retraite
pour les Chartreux âgés ou infirmes. Vers 1700, le
R. P. Dom Innocent Le Masson fit abattre le cloître
— 264 —
avec ses douze cellules et rebâtit la Maison sous une
autre forme. Currière fut supprimée par l'Assem-
blée nationale, en vertu du décret du 1 3-19 février
1790. Actuellement, les Chartreux y ont établi une
école de sourds et muets.
1297.
GÊNES.
La Chartreuse de Saint-Barthélemy-de-Ripario-
lo, au village de Ripariolo,près de Gènes, au diocèse
de ce nom (Italie), eut pour fondateur Bertolini de
Nigro, noble patricien de Gênes; elle fut supprimée,
à la fin du XVIIIe siècle, par les armées républi-
caines. Le Roi Charles-Albert ayant désiré le réta-
blissement de cette Maison, le Général de TOrdre
des Chartreux envoya à Gênes, pour établir cette
fondation, Dom Charles-Marie Saisson, en 1841. Le
Roi d'Italie Victor-Emmanuel supprima de nou-
veau cette Chartreuse en 1866, et mit ses biens
sous séquestre.
1298.
SAINT-OMER.
La Chartreuse du Val-Sainte- Aldegonde, à
Longuenesse, près de Saint-Omer, au diocèse
d'Arras, département du Pas-de-Calais, fut fon-
de'e par Jean de Sainte-Aldegonde, seigneur de
— 205 —
Nortkelmes, de concert avec son e'pouse et avec
l'autorisation de Gilles, Abbe' de Saint-Bertin .
Cette fondation fut approuve'e,en 1209, par Jacques
de Boulogne, Évêque de The'rouanne, et re'glise
reçut la consécration des mains d'Enguerrand de
Créquv, Évêque de The'rouanne. Charles V, Roi
de France, accorda aux Chartreux de Longuenesse
quelques exemptions, le 19 janvier 1369, ainsi que
Charles VI, le 7 février i38o. La Chartreuse du
Val-Sainte-Aldegonde fut exposée à des dépréda-
tions continuelles, pendant la guerre contre les An-
glais. Les troupes de Louis XI la dévastèrent en
1477, et celles d'Henri IV la pillèrent, le 8 jan-
vier i5q5. Deux ans après, le 12 septembre i5q7,
un parti de maraudeurs français saccagea de nou-
veau ce Couvent, et y mit le feu ; la belle bi-
bliothèque des Chartreux fut presque entièrement
détruite. Restauré au XVIIIe siècle, ce Monas-
tère eut encore à essuyer des pertes assez con-
sidérables, en 1767, par suite d'un incendie.
La Révolution française le supprima, et ses pro-
priétés furent vendues comme biens nationaux,
en 1792.
1299.
SALETTES.
La Chartreuse de Salettes, sous le titre de
Aida Beatœ Mariœ, bâtie pour des Moniales,
sur les bords du Rhône, dans l'ancienne baronie
— 266 —
de La Tour, au diocèse de Lyon, de'partement
du Rhône, eut pour fondateurs le comte d'Albon,
seigneur de La Tour, le Dauphin Humbert Ier,
Anne, son épouse et Jean, son fils. Humbert II
approuva la donation faite aux Moniales, par
une charte de 1 338. Ce Couvent exista jusqu'à
la Re'volution, et fut supprimé par le de'cret de
l'Assemblée nationale du i3-iq février 1790.
1300.
EYMEU.
La Chartreuse d'Eymeu, sur la rive gauche
de l'Isère, près de Romans, au diocèse de Va-
lence, département de la Drôme, fut établie dans
un Prieuré Bénédictin affilié à l'Abbaye de la
Chaise-Dieu, en Auvergne, et dépendant du prieu-
ré de Saint-Robert près de Grenoble. Elle fut
acquise par les Moniales de la Chartreuse de
Parménie, en échange de l'hôpital des Plantées,
près de Fontanil. Ces Religieuses y envoyèrent une
colonie, mais cet essai ne réussit pas. La position
de ce pauvre Monastère était devenue tellement
précaire que l'Ordre se décida à l'abandonner, en
i3o4, et les Moniales retournèrent à Parménie.
1300.
LÉTENKOW.
La Chartreuse de la Vallée-Joyeuse, ou de
Val-Joyeuse, à Létenkow, au diocèse de Strigo-
— 267 —
nie , province de Sile'sie (Prusse), eut pour fon-
dateur Dom Martin, profès du De'sert de Char-
treuse, mais appauvrie par les de'pre'dations, con-
séquences des guerres qui ravagèrent la contrée,
elle fut abandonnée par l'Ordre, en 1544.
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FONDATIONS
T>U QUATORZIÈME SIÈCLE
1301.
ABBEVILLE.
A Chartreuse de Saint-Honoré, à Thui-
son, faubourg et banlieue d'Abbeville,
au diocèse d'Amiens, de'partement de
la Somme, avait appartenu aux Templiers; Guil-
laume de Mâcon, Évêque d'Amiens, en fit l'ac-
quisition et la donna aux Chartreux. La ratifi-
cation du contrat par Ge'rard de Villars, grand-
maître des Templiers, eut lieu le jour de la
Sainte-Croix, en i'3o2. L'e'glise du Monastère fut
consacre'e par Guillaume de Mâcon, le 6 mai
1307. Parmi les bienfaiteurs, on compte Jean,
seigneur de Nouvion, i3o4 ; Simon de Mâcon,
chanoine de Noyelles, i3og; Willaume de Dou-
dainville, chevalier, seigneur de Nouvion, i3i6;
— 269 —
Jeanne de Mayenne, 1 3 1 9 ; Philippe de Valois,
1342 ; Druon de la Marche, archidiacre de Pon-
thieu, chanoine d'Amiens, 1 343 ; Philippe VI,
1 349 ; Hugues de Biencourt, conseiller du Roi
au baillage d'Abbeville, 1399 ; Matthieu de Li-
nières, seigneur de Nouvion, tre'sorier de France,
1403 ; Jean le Caucheteur, lieutenant de la Sé-
ne'chaussée du Ponthieu, 1403 ; Antoine de Har-
dentun, 1447; Marie du Bos, Dame de Villeroy,
1 35 1 ; Jeanne Marbrier, 1470 ; Jean de Blote-
fière, seigneur d'Yonval, i5oo.
Ce Monastère eut beaucoup à souffrir des
guerres qui ravagèrent la contrée pendant le
XVe et le XVIe siècle. Il fut reconstruit à la
fin du XVIIIe siècle. L'Evêque d'Amiens, de la
Motte d'Orléans, bénit la première pierre de la
chapelle extérieure, le 3 septembre 1767. Cette
Maison fut supprimée par décret de l'Assemblée
Constituante, et ses biens furent vendus, en 1791.
1301.
VAL- PROFONDE.
La Chartreuse de Val-Profonde, au diocèse
de Sens, département de l'Yonne, eut pour fon-
datrice Isabelle de Melote, comtesse de Joigny,
Dame de Saint-Maurice et de Montpensier ; elle
fut supprimée par la Révolution française, en
vertu du décret du 1 3-19 février 1790, et ses biens
furent livrés aux enchères.
— 270 —
1303.
CHALAIS.
La Chartreuse de Ghalais, près de Voreppe,
au diocèse de Grenoble, de'partement de l'Isère,
avait e'te' fonde'e, en 1108, pour des Moines Bé-
ne'dictins, par le comte Guigues-le-Gras et Ma-
thilde,son épouse. Au XIVe siècle elle fut achete'e
par l'Ordre, avec l'assentiment de Guillaume IV,
Évêque de Grenoble. Les Chartreux prirent pos-
session de Chalais, le g des calendes de janvier
i3o3. Le Pape Jean XXII donna une Bulle en
faveur de ce Monastère, en i33o. Vers la fin du
XVIe siècle, la Chartreuse de Chalais, qui avait
e'té entièrement ruine'e pendant les guerres de
religion, fut re'unie à la Grande Chartreuse, par
de'cision du Chapitre Ge'ne'ral de 1682, en vertu
des Bulles de Grégoire XIII, du 16 avril 157 5
et du 20 mai i58i. L'Évêque de Grenoble, Fran-
çois Fléard, donna son autorisation en ce qui
pouvait le concerner, le 29 fe'vrier 1584. Les let-
tres-patentes d'Henri III sont du mois d'avril de
la même année. Les Chartreux entretinrent tou-
jours quelques Religieux dans cette Maison. Cha-
lais fut supprime' par la Re'publique française ,
et ensuite vendu comme bien national, en 1793.
Le R. P. Lacordaire y établit, en 1844, le novi-
ciat de son Ordre, mais, en 1869, il céda ce Cou-
vent à une colonie du Tiers-Ordre qui l'aban-
donna à son tour, en 1866.
— 271 —
1304.
LA PADULE.
La Chartreuse de la Padule, ou de Saint-
Laurent, près de la ville de Marsico-Nuovo , au
diocèse de Capaccio-Nuovo, royaume de Naples
(Italie), fut fonde'e par Thomas de Saint-Severin,
comte de Marsico, et s'enrichit des biens de l'Ab-
baye du Mont-de-la-Vierge, par acte du 16 sep-
tembre i3o6, passe' entre l'Abbe' de ce Couvent
et Thomas de Saint-Severin. On compte aussi
parmi les bienfaiteurs de cette Maison les Papes
Jules II, en i5o5, et Paul III, en 1 538. Le Mo-
nastère de la Padule fut supprime' en 1806, par
Napole'on Ier, et re'tabli en 1820 . Cette Char-
treuse existe encore, mais elle a subi le sort
des Chartreuses d'Italie. Ses biens sont sous
se'questre et elle ne renferme plus que quelques
Religieux, depuis 1866.
1306.
LA PART-DIEU.
La Chartreuse de La Part-Dieu, près de Bulle,
au diocèse de Lausanne, canton de Fribourg
(Suisse ;, eut pour fondatrice Guillermette ou
Wilhelmette de Grandson, veuve de Pierre III,
comte de Gruyères. Les Moines de'frichèrent la
forêt et bientôt, de vastes e'tendues de terrain
— 272 —
leur furent concédées pour des redevances mi-
nimes. Ce Monastère eut le bonheur d'échapper
à presque tous les malheurs des guerres civiles
et étrangères. Il servit de refuge à de nombreux
Chartreux français, pendant la Révolution. En
1800, il devint la proie des flammes ; reconstruit
peu après, il fut supprimé, en 1847.
1308.
NOYON.
La Chartreuse de Notre-Dame-du-Mont-Renaud,
ou Mont-Saint-Louis, sur une petite colline près
de Noyon, au diocèse de Beauvais, département
de TOise, doit sa fondation à Renaud de Rouy,
ou selon certains auteurs Réginald de Roucy ,
chevalier, seigneur de Pont-1'Eveque. Ce seigneur,
de concert avec Agnès, son épouse, et d'après l'a
vis d'André, Évêque de Noyon, établit les enfants
de saint Bruno dans le domaine d'Hérimont, an-
cien Couvent de Templiers. Le Roi Philippe-le-
Bel fit achever le Monastère et accorda aux Char-
treux une charte datée du 10 avril 1 3 1 o ; Jean,
Roi de France , leur donna plusieurs privilèges en
i354. Parmi les bienfaiteurs, on cite les seigneurs
de Nesle ; Louis de Couttes, seigneur de Pimprez;
Charles de Bovelles, chanoine de Noyon ; Fran-
çoise d'Estournelet Isabelle de Boves. Ce Couvent
fut plusieurs fois pillé et incendié, pendant le XIVe
et le XVe siècle ; il fut rebâti, vers i65o, et sup-
primé par la Révolution française, en février 1790.
1313.
MAURBACH.
La Chartreuse du Val-de-Tous-les-Saixts, près
de Maurbach, au diocèse de Vienne (Autriche),
eut pour fondateur Frédéric III , d'abord duc
d'Autriche, puis Empereur. Elle fut ruinée par
les Turcs, lorsque Soliman vint mettre le siège
devant Vienne, en 1 5*2c) ; plusieurs Religieux fu-
rent massacrés par ces infidèles. Rétablie quel-
ques années plus tard, elle exista jusqu'au règne
de l'Empereur Joseph II, qui la supprima en 1782.
1314.
MAGGIANO.
La. Chartreuse de l'Assomption-de-la-Sainte-
Vierge, à Maggiano, au diocèse de Sienne, en Tos-
cane (Italie), fut fondée par le Cardinal Richard de
Pétronis, du titre de Saint- Eustache ; elle eut
beaucoup a souffrir pendant les nombreuses guer-
res qui désolèrent la péninsule. L'Empereur et
Roi Napoléon Ier la supprima, en 18 10.
1314.
ENGHIEN.
La Chartreuse de La Capelle ou, Chapelle-
Notre-Dame, près d'Enghien, au diocèse de Na-
is
— 274 —
mur (Belgique), eut pour fondateur Gauthier, sei-
gneur cTEnghien. Arnold de Raisse rapporte que
Walter, seigneur d'Enghien, se proposait de faire
cette fondation, mais la mort l'ayant empêché de
mettre son projet à exécution, ses parents bâtirent la
Chartreuse. La famille de Luxembourg estcomptée
parmi les bienfaiteurs de cette Maison. Les impé-
riauxTincendièrent, en 1480, et les Religieux durent
se réfugier à Bruxelles. Au siècle suivant, elle fut de
nouveau saccagée, vers 1 5(5(5, par les hérétiques;
enfin, restaurée quelques années plus tard, elle fut
supprimée, en 1783, par l'Empereur Joseph IL
1315.
ALBENGA.
La Chartreuse du Mont-Saint-Pierre, sur une
montagne près d'Albenga, au diocèse du même
nom, en Piémont, fut établie par Emmanuel, Evê-
que d'Albenga, dans un ancien Monastère de Bé-
nédictins. Au siècle suivant, cette Chartreuse qui
tombait en ruines fut reconstruite au pied de la *
montagne. A la fin du XVIIIe siècle, la République
française la supprima.
1318.
BRUGES.
La Chartreuse du VAL-DE-GRACES,près de Bruges,
hors la porte Sainte-Croix, au diocèse de Bruges,
270
dans la Flandre (Belgique), fut fondée par Jehan
Van-Cockléare, prêtre. Guido, Evêque de Tournai,
de concert avec le Chapitre de son église cathé-
drale, donna son assentiment à cette fondation, le
pénultième jour du mois de novembre 1 3 1 S . Par-
mi les bienfaiteurs, on cite Robert de Béthune,
comte de Flandre ; le comte Louis, son successeur;
Pierre Adournes ; Philippe, duc de Bourgogne,
comte de Flandre, et Marguerite, son épouse, en
1445. Ce Monastère ayant été saccagé par les hé-
rétiques, en i5y8, les Religieux durent se retirer
dans la ville de Bruges et y séjournèrent jusqu'en
1608. Albert, comte de Flandre, avait mis à leur
disposition le Monastère de Saint- Aubert. Les
Chartreux du Val-de-Grâces, avaient, en i55cj,
donné l'hospitalité à leurs confrères de la Char-
treuse de Schene, en Angleterre, lorsque le Roi
Henri VIII les força de s'expatrier. Le Couvent
du Yal-de-Gràces ayant été restauré au commen-
cement du XVIIe siècle, les Religieux rentrèrent
dans leur Monastère, en 1608. Cette Maison fut
supprimée, en 1783, par l'Empereur Joseph II.
1318.
CARCASSONNE.
La Chartretjse de Carcassoxxk, au diocèse de ce
nom, département de l'Aude, n'a pas de fonda-
teur certain. Elle est peu connue, toutefois il en
est parlé dans le Chapitre Général de e3 19. Le
- 276 -
manuscrit de la Grande Chartreuse dit que Geof-
froy , Évêque de Carcassonne , d'accord avec
l'Ordre, réunit, en 1423, les biens de ce Couvent
à la Chartreuse de Belle-Vue près de Castres.
1318.
BON-PAS.
La Chartreuse de Notre-Dame-de-Bon-Pas, sur
les bords de la Durance,près d'Avignon, au diocèse
de ce nom, département de Vaucluse , fut fon-
dée par le Pape Jean XXII, dans une ancienne
Maison de Templiers. Les chevaliers de Rhodes
qui en héritèrent, la donnèrent au Pape qui y mit
des Chartreux. La Bulle est datée d'Avignon le 14
des calendes de janvier 1 3 18. Quelques auteurs
pensent que cette Maison se trouve sur l'emplace-
ment des hospices du Bienheureux Sibert. Un des
grands bienfaiteurs de ce Couvent fut Hélion de
Villeneuve, grand-maître des chevaliers de Saint-
Jean-de-Jérusalem, frère de sainte Roseline. Cette
Chartreuse fut supprimée par la Révolution fran-
çaise, et ses biens vendus en 1792.
1320.
LOUVETIÈRE.
La Chartreuse de Beau-Lieu, ou de Louve-
tière au diocèse de Carcassonne, département
de l'Aude, a pour fondateur Pierre de Roche-
fort, Évoque de Carcassonne. Ce pre'lat voulut
dans la suite enlever ce Couvent aux Chartreux,
mais le Pape Jean XXII lui ordonna de les réin-
tégrer dans leur Monastère. Cette Chartreuse fut
abandonnée par l'Ordre, en 1423 ; elle subissait
le contre-coup des troubles religieux et politiques
de cette époque. Ses biens servirent à doter la
Chartreuse de Beauregard, près de Toulouse.
1320.
MAYENCE.
La Chartreuse de l'Archange-Michel, près de
Mayence au diocèse de ce nom , Électorat de
Mayence (Allemagne^ fut primitivement fondée
dans un ancien Monastère, par Pierre Achspalt,
Archevêque de Mayence, puis rebâtie sur une
montagne peu éloignée de la ville, en i325.Ellé eut
beaucoup à souffrir des ravages des Luthériens,
et enfin fut entièrement détruite par l'Électeur,
dans le courant du XVIIIe siècle.
1320.
GOSNAY.
La Chartreuse de Notre-Dame-du-Val-Sai\ i -
Esprit, à Gosnay, près Béthune, au diocèse d'Ar-
ras, département du Pas-de-Calais, doit sa fonda-
— 278 —
tion à Thierry d'Erichon, prévôt d'Aire, et plus
tard Evêque d'Arras; ce prélat fut puissamment
aide' dans son œuvre par la comtesse d'Artois,
Mahault, dont il avait été chancelier. Pierre, Evê-
que d'Arras, consacra l'église le ier octobre 1 3 -2 : .
Parmi les bienfaiteurs on cite la dame de Rosny,
comtesse de Dreux, i34g ; .Marguerite, femme de
Louis de Nevers, comte de Flandre; Pierre de
Bailleul, mare'chal de Flandre, et Jeanne de Cré-
quy, son épouse, 1 385 ; Isabelle, femme de Phi-
lippe le Bon, 1435 ; Jeanne de Béthune, veuve de
Jean de Luxembourg, 144? ; Jeanne de Preures,
veuve d'Archambaud de Croy 144g ; Catherine
de Boubers, veuve de Bon de Saveuse, 147a
Ce Monastère ayant eu beaucoup à souffrir des
guerres qui ravagèrent l'Artois pendant le XVIe siè-
cle, dut être reconstruit au commencement du
XVIIe siècle vers 1612. Parmi les bienfaiteurs
de cette époque, on remarque Philippe IV, Roi
d"Espagne, et son fils ; l'Archiduc Albert et son
épouse ; le comte de Zunica et son épouse.;
le prince de Ligne , gouverneur de l'Artois ;
Louis de Mérode, seigneur d'Oignies; Hermann
Ottemberg, Evêque d'Arras ; Philippe de Ca-
vrel , Abbé de Saint -Vaast ; et les Abbés de
Choque et de Cateau-Cambrésis. La nouvelle
église du Couvent ne fut bénite que le 3i dé-
cembre 1704, par Jacques Paillard, grand-vicaire
d'Arras, et consacrée quelques années plus tard.
par Monseigneur de la Motte, Evêque d'Amiens.
Cette Chartreuse fut supprimée en i7<>o, par la
— 279 —
Révolution française, et vendue comme bien na-
tional, l'année suivante.
1320.
LA LANCE.
La Chartreuse nu Saint-Lieu- de-la-Lance, dans
le vallon de la Lancy, sur les bords du lac de
Neufchàtcl, au diocèse de Lausanne, canton de
Ncufchatel ( Suisse ), fut fondée par Othon, baron
de Granson,et par plusieurs seigneurs du pays. Les
travaux commencèrent en i3 17, et l'incorporation
eut lieu en 1020. Les Ephémérides de l'Ordre,
à la date du 20 juillet, nous apprennent que la
Chartreuse de La Lance fut saccagée par les Lu-
thériens Bernois qui jetèrent en prison le Prieur
Dom Pierre et expulsèrent violemment tous les
Moines; elle fut entièrement détruite par les héré-
tiques, le 28 mai 1 538.
1321.
MONTBRAC.
La Chartreuse du Saixt-Sauveur-de-Montbrac,
dans les montagnes du Piémont, au diocèse de
Turin (Italie , reconnaît pour fondateur Georges
ou Grégoire, marquis de Saluces. Ruiné par les
guerres et sans ressources pour une nouvelle con-
struction, ce Monastère fut abandonné par l'Or-
— ts8o —
dre, en 1642, et ses biens furent réunis à la Char-
treuse de Turin.
1323.
KIELLE.
La Chartreuse de Kielle, au diocèse de Malines,
province du Brabant (Belgique), n'a pas de fonda-
teur connu. Elle eut beaucoup à souffrir pendant
les guerres de Charles-Quint, dans les Pays-Bas ;
saccagée par les Protestants, elle ne put relever ses
ruines et dut être abandonnée par l'Ordre, vers le
milieu du XVIe siècle. Les Religieux de ce Couvent
furent transférés à la Chartreuse de Liers, près
d'Anvers.
1323.
LIERS.
La Chartreuse de Sainte-Catherine, à Liers, près
d'Anvers, au diocèse de Malines, province du Bra-
bant (Belgique), fut fondée par plusieurs seigneurs
du pays. Dans le principe , cette Chartreuse
avait été bâtie près des remparts d'Anvers ; elle
compte parmi ses bienfaiteurs Gratien Dancard Mo-
lenerie, riche bourgeois d'Anvers; Henri Heltewa-
ghen, qu'on trouve encore écrit Holtengen; Aleyde
Pieckye et son époux Arnold de Herlair. Ce
Couvent fut entièrement détruit pendant les guer-
— 28 1 -
res de Charles-Quint. Les Chartreux se retirèrent
alors à Liers, mais cette nouvelle Maison fut dé-
vastée parles Protestants ; restaurée en 1 583, elle
fut supprimée, deux siècles plus tard, en iy83,
par r Empereur Joseph II.
1324.
MONTREUIL.
La Chartreuse de Notre-Dame-des-Prés, à Neu-
ville, près de Montreuil-sur-Mer, diocèse d'Arras,
département du Pas-de-Calais, eut pour fondateur
Robert VII, comte de Boulogne et d'Auvergne. La
charte de fondation est datée du château d'Hardelot,
1 5 juillet 1024. Les principaux bienfaiteurs furent
Guillaume XII, comte de Boulogne et d'Auvergne,
i325; Pierre du Temple, seigneur de La Mothe,
i32b; Jean Courteret, chanoine de Thérouanne ;
Guillaume des Prés, chambellan du comte de Boulo-
gne; Marguerite d'Évreux, épouse deGuillaumeXII,
et Jeanne sa fille ; Arnould de Cayeux, seigneur de
Longvillers, et son épouse ; Jean de Hodicq et
sa femme ; Guillaume de Mothier, clerc trésorier
du comte de Boulogne; Jean d'Acques, échcvin
de Montrcuil ; Enguerrand, sire d'Hesteux ; Jean
de Fosseux ; Marie Muguelle Boucqrode , de
Montreuil ; le Chevalier de Aleaume, seigneur
de Bournonville et de Courteville ; Nicolle de
Dampierre, Dame de Rolancourt ; Jean d'Auge,
seigneur de Neuville, et François de Framezelles,
— 282 —
seigneur cTHesmond. L'église du Couvent fut
consacrée le 2 janvier 1 338, par Jean de Vienne,
Évêque de Thérouanne. La Bulle du Pape Jean
XXII, en faveur de la Chartreuse, est date'e d'A-
vignon, 17 octobre 1 333. Dans le courant du
XIVe siècle, le Couvent de Notre-Dame-des-Pre's
fut saccage' plusieurs fois par les Anglais, et les
Religieux durent l'abandonner. Vers cette e'poque,
on trouve comme nouveaux bienfaiteurs Jean Hu-
lot et Gilette de la Rue, son e'pouse ; Jean de He-
rikofeth ; François de Cre'qui, seigneur de Dourier
et de Longvillers; Walleraud de Tilly, Abbé de
Notre-Dame-de-Boulogne, et quelques années plus
tard, Antoine de Monchy, seigneur de Montcavrel;
Philippe de Fosseux, seigneur d'Arly et Charles
d'Ailly, seigneur de Waben. En 1042, les Impé-
riaux et les Anglais ruinèrent de nouveau la
Chartreuse et profanèrent l'église. Il en fut de
même pendant les guerres de religion. Le Monas-
tère fut reconstruit au XVIIe siècle par Dom Ber-
nard Bruyant et supprimé par la Révolution fran-
çaise en 1790. La vente des propriétés commença
le 1 1 décembre de la même année pour se termi-
ner dans le courant de 1 79 1 .
Au XIXe siècle, l'Ordre des Chartreux ra-
cheta une partie des anciennes propriétés, et le
2 avril 1872, on posa la première pierre du
nouveau Monastère. Les travaux furent terminés
en 187D, sous le Prieur Dom Eusèbe Bergier.
L'église du Couvent fut consacrée par Monsei-
gneur Jean- Baptiste-Joseph Lequette, Évêque
— 283 —
d'Arras, le 19 octobre 1875. Le Monastère con-
tient vingt- quatre cellules dans le cloître.
La Chartreuse de Notre-Dame-des-Pre's a eu
la gloire de donner à l'Ordre un de ses plus il-
lustres Généraux, Dom Pierre 'de Marnef, i5j.o-
1546. (Voir la notice sur Dom Pierre V, page 81.)
C'est là aussi que saint- Benoît-Joseph Labre se
présenta deux fois comme Postulant, en 1767
et 1769; le souvenir en est conserve' par une
chapelle qui lui est dédiée. Quelques années plus
tard, à l'époque de la Révolution française, le
Prieur, Dom Eloi Marion, fut incarcéré dans les
prisons d'Arras et y mourut martyr de la foi.
1325.
BOURG-FONTAINE.
La Chartreuse de Fontaine- Notre- Dame, ou
de Bourg-Fontaine dans la forêt de Yillers-Cot-
terets, au diocèse de Soissons, département de
l'Aisne, eut pour fondateur Charles de France,
comte de Valois. Les principaux bienfaiteurs
furent Philippe VI, fils du fondateur, juin 028 ;
Philippe, duc d'Orléans, comte de Valois, no-
vembre 1 348 ; Jean, Roi de France, juillet 1 3(52 ;
Raoul, Abbé de Notre-Dame-de-Liesse, 4 février
i3<p; Louis XI, 6 février 1474; et François Ier,
2 mars [5i8. La Chartreuse de Bourg-Fontaine
fut supprimée par la Révolution française, en 1 790,
et ses biens furent vendus, à la même époque.
28-j. —
1326.
SNALS.
La Chartreuse du Moxt-des-Axges, ou deSnals,
au milieu des hautes montagnes et des rochers
inaccessibles du Tyrol méridional, près de Méran,
fut fonde'e par Henri, Roi de Pologne et duc
de Carenthie . et supprimée en 1782.
1326.
TROYES.
La Chartreuse de Notre-Dame-de-La-Prée, ou
de Troyes, au diocèse du même nom, dépar-
tement de l'Aube , primitivement fondée par
Pierre de Mussy dans une des îles formées
par la Seine, fut transférée, en i332, par Jean
de Surare, chanoine de Saint-Etienne de Troyes,
dans le château de La-Prée. Ayant eu beaucoup
à souffrir des guerres, elle fut transférée une
seconde fois, en 1620, sous les murs de la ville de
Troyes, dans un lieu appelé Les Cherelles que
Louis Largentier, chevalier du Roi, baron de
Chapellaines, seigneur de Fresne, et messire
Charles Largentier, son frère, donnèrent aux
Chartreux. Ils tirent bâtir le nouveau Monastère,
sous le vocable de Notre -Dame -de- Largentier.
Cette Chartreuse fut supprimée en 1700. par la Ré-
volution française et vendue comme bien national.
— 2X? —
1327.
NAPLES.
La Chartreuse de Saint-Martin, sur le mont
Saint-Elme, à Naples, au diocèse de ce nom,
dans la Terre-de-Labour (Italie), est située sur
une colline qui domine toute la ville et le port.
Elle fut fondée par Charles, duc de Calabre, et
son fils Robert, Roi de Sicile; puis enrichie par
les largesses de Jeanne, reine de Naples. Le
Monastère de Saint-Martin fut supprime, en 1806,
par décret de Napole'on Ier, et les Chartreux ne
purent en reprendre possession qu'en iS3(1,
sous le généralat de Dom Jean-Baptiste Mortaize.
Cette Chartreuse existe encore , mais les Reli-
gieux en ont e'té expulse's, par Victor-Emmanuel,
Roi d'Italie, en 1866, et ses biens sont arbitrai-
rement mis sous se'qucstre -, quelques Chartreux
y sont cependant tolérés comme gardiens de
l'immeuble.
1328.
DIEST.
La Chartreuse du Mont-Saint-Jean- Baptiste,
près de Diest, au diocèse de Malines, en Bra-
bant Belgique), eut pour fondateurs Gérard, sei-
gneur de Diest, châtelain d'Anvers, et Jeanne de
Flandre, son épouse. Cette Chartreuse eut beau-
— 286 —
coup à souffrir des déprédations des Calvinistes
et des Luthériens ; elle fut supprimée par les ar-
mées de la République française, vers la fin du
XVIIIe siècle.
1328.
BASSE-VILLE.
La Chartreuse de Basse-Ville, sous le vocable
de Sainte-Marie et Saint-Jean, non loin de Cla-
mecy, au diocèse de Nevers, département de la
Nièvre, fut fondée par Jean Grandis, chanoine
de l'église cathédrale de Clermont, et supprimée
par un décret de l'Assemblée nationale du iS-ig
février 1790.
1328.
BEAUNE.
La Chartreuse de Notre-Dame- de- Foxtexay.
près de Beaune, au diocèse d'Autun, départe-
ment de Saône-et-Loire, doit sa fondation à Eu-
des V, duc de Bourgogne; elle fut saccagée plu-
sieurs fois, surtout par les Calvinistes et les Li-
gueurs ; mais grâce à la générosité des habitants
de la contrée, on put la reconstruire. La Révo-
lution française la supprima en 1700, et ses
propriétés furent vendues comme biens natio-
naux.
— 287 —
1328.
MONT-SAINTE-GERTRUDE.
La Chartreuse du Mont-Sainte-Gertrude, sur
les contins de la Hollande et du Brabant, au
diocèse d'Utrecht (Hollande), est une fondation
de Guillaume Duvennard, ou d'Unervode, seigneur
d'Osterhoute et de Dongen , trésorier de Guil-
laume, comte de Hollande. D'après le manuscrit
de la Grande Chartreuse cette Maison n'aurait
été fonde'e qu'en r 3 5 3 . Cette Chartreuse eut
beaucoup à souffrir pendant les guerres qui dé-
solèrent la contrée, sous Charles-Quint. Elle fut
entièrement détruite par les Luthériens Hollan-
dais, en 1594. On rapporte que le prince d'O-
range fit bâtir son palais sur l'emplacement de
ce Monastère.
1328.
GAND.
La Chartreuse nu Val-Royal, près de Gand,
au diocèse du même nom, province de Flandre
(Belgique) , eut pour fondateur Simon Wille-
baerd, ou Wilbrod, chanoine de l'église Saint-
Donat à Bruges. On compte parmi les princi-
paux bienfaiteurs Louis, comte de Flandre, et
son fils ; Dom Michel Crelian, Guillaume de
Warnevyck et les magistrats de Gand. Ce Mo-
— 288 —
nastère fut bâti, en i'3-2o, dans un endroit ap-
pelé Royheyn, sur la paroisse de Saint-Martin,
près des murs de Gand, mais on ne l'incorpora
dans l'Ordre qu'en r328. Les Hérétiques l'ayant
réduit en cendres, pendant les guerres du XVIe
siècle, les Moines se réfugièrent à Gand, en
1 584. Les magistrats de la ville les autorisèrent.
quelques années plus tard, à bâtir un Couvent
qui prit le nom d'Ermitage-de-Saint- Bruno. Le
Chapitre Général donna son assentiment le 19
mai i585, mais le Général de l'Ordre, Dom
Bruno d'Affringues, lui fit reprendre son titre
de Val-Royal, en 1629. Cette nouvelle Char-
treuse fut supprimée par l'Empereur Joseph II,
en 1783.
1328.
CAHORS.
La Chartreuse de Notre- Dame-de-Cahors, au
diocèse de ce nom , département du Lot, fut
fondée par le Pape Jean XXII, dans un ancien
Couvent de Templiers, qui était passé ensuite
à l'Ordre de Malte. Le Souverain Pontife acheta
ce Couvent à Hélion de Villeneuve, grand-maître
des chevaliers , et y construisit la Chartreuse.
Plusieurs fois saccagée pendant les guerres de
religion, elle fut supprimée, en 1790, par la Ré-
volution française, et ses propriétés furent ven-
dues en 1 792.
— 28q —
1328.
BOIS-SAINT-MARTIN.
La Chartreuse du Bois-Saint-Martin, dans une
forêt près de Grandmont, au diocèse de Malines,
en Brabant (Belgique), eut pour fondateurs Jean
Gheylins, conseiller du comte de Flandre, et Isa-
belle de Goede, son e'pouse. Son église fut con-
sacrée, en i352, par l'Évêque de Liège. Les
souverains de la contrée, Louis, comte de Flan-
dre, en 1348 ; Jean, comte de Flandre, en 1408;
Philippe, duc de Bourgogne et comte de Flan-
dre, en 1436, lui accordèrent de nombreux privi-
lèges. Parmi les autres bienfaiteurs, on compte
le baron de Schoorisse ; le noble seigneur Mas-
tainge, et Robert, chevalier de la Toison-d'Or.
Cette Maison, dévastée et ruinée par les Luthé-
riens, au XVIe siècle, ne fut rétablie qu'en i632,
par Dom Liévin de Jaeghere, Prieur et convi-
siteur de la Province cartusienne de Flandre ;
l'Empereur Joseph II la supprima en 1783.
1328.
VAL-DE-PAIX.
La Chartreuse du Val-de-Paix, au diocèse de
Fribourg, dans le canton de Vaud (Suisse), doit
sa fondation à un écuyer du nom d'Hermann de
Tressia. On ignore à quelle époque cette Char-
19
— 2Q0
treuse fut supprimée. La carte des fondations,
e'dite'e par les Chartreux, tout en plaçant ce Mo-
nastère parmi ceux qui n'existaient plus au mo-
ment de la confection de la carte, ne donne pas
la date de sa suppression ou de son abandon.
1329.
GOSNAY.
La Chartreuse du Mont-Sainte-Marie, à Gos-
nay, près de Béthune, au diocèse d'Arras, dé-
partement du Pas-de-Calais, fut fonde'e par
Thierry d'Érichon, Evêque d'Arras et chance-
lier de la comtesse d'Artois. Ce pre'lat se pro-
posait de donner ce Couvent à des Moniales ;
la mort ne lui ayant pas permis de terminer son
œuvre, la comtesse Mahault, son exe'cutrice tes-
tamentaire, de'clara dans un acte de iSicj, que
les immeubles possédés par l'Evêque à Paris, et
à Arras, serviraient à la dotation du nouveau
Monastère. Cette Chartreuse fut construite à pro-
ximité de Gosnay, non loin du Val-Saint-Esprit
occupé par des Religieux de l'Ordre. Parmi ses
principaux bienfaiteurs, on trouve Marguerite,
comtesse de Flandre et d'Artois ; Jean-sans-
Peur ; Philippe-le-Bon et Isabelle de Portugal,
son épouse ; le duc de Calabre ; et les nobles
dames d'Houchin et de Longate d'Annezin. Les
Moniales du Mont-Sainte-Marie durent plusieurs
fois abandonner leur Monastère et se réfugier
— 291 —
dans la ville de Be'thune, au milieu des nom-
breuses guerres qui désolèrent l'Artois. On le
reconstruisit au XVIe siècle ; et pendant la guerre
de 1710, le prince Eugène de Savoie prit les
Moniales sous sa protection. Cette Maison fut
supprime'e par la Re'volution française, en 1790,
et ses propriétés vendues comme biens natio-
naux, en 1791.
1329.
LEIGNITZ.
La Chartreuse de La-Passion, à Leignitz, au
diocèse de Strigonie (Hongrie;, fut fondée par
le Chapitre de Saint-Martin de Seépuz, puis rui-
née par les guerres et abandonnée par l'Ordre,
en i5()3.
1330.
GEMNITZ.
La Chartreuse du Trône-de-Notre-Dame, à
Gemnitz, au diocèse de Passau (Autriche;, eut
pour fondateurs, en i33o, Albert et Othon, ar-
chiducs d'Autriche, mais elle ne fut incorporée
à l'Ordre qu'en 1 33y. Jeanne, sœur du Roi de
Bohême et épouse d'Albert d'Autriche, fit de
grands dons à ce magnifique Monastère ; l'Em-
pereur Joseph II le supprima en 1782.
— 292 —
1330.
GIRONDE.
La Chartreuse de Saint-Martin ou de Gironde,
dans les Alpes entre Saint-Maurice et Sion,
dans le Valais, au diocèse de Sion (Suisse), re-
connaît pour fondateur Aymon, Évêque de Sion,
fils de Pierre, baron de La Tour-Châtillon. Ce
pre'lat fut aide' dans son œuvre par son neveu
Pierre de La-Tour, seigneur de Châtillon et par
Jean de Auniviz. Cette Chartreuse eut une courte
existence, elle fut abandonnée par l'Ordre, en
i35o.
1330.
VAUCLAIR.
La Chartreuse de Vauclair, construite sur le
bord de l'Isle, dans une gorge qui se'pare les
villes de Coutras et de Saint-Astier, au dio-
cèse de Pe'rigueux, de'partement de la Dor-
dogne, fut fonde'e par Archambaud et Roger-Ber-
nard, comtes de Pe'rigord. Ce dernier confirma
la donation d'Archambaud IV ; la charte est
date'e du 23 juin 1 3 3 5 . Leur frère, le Cardi-
nal de Talleyrand-Pe'rigord, Évêque d'Auxerre,
termina la construction. Son testament, insère'
dans le Gallia Christiana , porte qu'il laisse
pour la Chartreuse de Vauclair dix mille écus
— 293 —
d'or . Cette Maison fut ravage'e et de'vaste'e
par les Anglais, au XIVe siècle ; les Moines se
retirèrent à Bordeaux et ils ne purent revenir à
Vauclair qu'en 1460. A peine ce Couvent était-il
restaure' que les Protestants le saccagèrent et
massacrèrent, en haine de la religion, plusieurs
Religieux. Cette Chartreuse, restaure'e de nou-
veau, fut supprime'e par la Re'volution française,
en 1790, et vendue comme propriété nationale,
en 1793.
En i858, sous le Généralat du R. P. Dom
Jean-Baptiste Mortaize, les Chartreux rachetè-
rent cet ancien Monastère, sur les instances de
Monseigneur Georges, Évêque de Pe'rigueux et
de Sarlat, et en reprirent possession après l'avoir
restaure'. Le cloître contient vingt - quatre cel-
lules.
1331.
COBLENTZ.
La Chartreuse de Saint-Béat, sur une mon-
tagne entre le Rhin et la Moselle, près de Co-
blentz, au diocèse de Trêves, électorat de Trêves
(Allemagne), fut fonde'e par Baudouin, comte de
Leutzbourg, Archevêque de Trêves et frère de
l'Empereur Henri ; ce prélat e'tablit les Char-
treux dans un ancien Monastère e'rige' en collé-
giale, et obtint le consentement des Moines sé-
cularise^. Cette Maison exista jusqu'au siècle
— 294 —
dernier ; elle fut supprime'e par les arme'es de
la Re'publique française, en 1794.
1332.
TARCKAN.
La Chartreuse du Val-de-Secours ou de Tarc-
kan, près de la ville d'Agria, au diocèse de ce
nom, comte' de Barca (Hongrie), n'a pas de fon-
dateur connu ; quelques auteurs font remonter
sa fondation, à l'anne'e i3oo. Ruine' par les
guerres, ce Monastère fut abandonne' par l'Ordre,
en i55'2.
1330.
GRUNAW.
La Chartreuse de La Celle-Notre-Dame, ou de
La Noavelle-Celle, à Grunaw, près de la ville de
Wertheim, au diocèse de Wurtzbourg, en Franco-
nie (Allemagne), eut pour fondateurs le comte
de Wertheim et Élizabeth,son e'pouse. Ce Couvent
ayant e'te' ruine' par les Luthe'riens,en i55o, les Reli-
gieux furent oblige's de prendre la fuite et de se re-
tirer à la Chartreuse du Jardin- Notre-Dame, à
Illmbach. Après la paix, le Monastère de La Cel-
le-Notre-Dame fut re'tabli dans son ancien e'tat
et exista jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, e'poque
de sa suppression par les arme'es françaises.
— 2gb —
1334.
COLOGNE.
La Chartreuse de Sainte- Barbe, à Cologne,
dans l'endroit qui porte encore le nom de Sent
Martens Wellt, ou champ de Saint-Martin, au
diocèse de Cologne (Allemagne), reconnaît pour
fondateur Waleran ou Wulfran, Archevêque de
Cologne, et pour grand bienfaiteur Erharde Win-
heimie . Après avoir subi bien des vicissitudes
pendant les troubles suscite's par les princes Lu-
the'riens, elle fut supprime'e par les arme'es fran-
çaises en 17^4.
1334.
BOLOGNE.
La Chartreuse de Saint-Jérôme, près de Bo-
logne, au diocèse du même nom, dans les Etats
du Pape Italie , fut fonde'e par François de Sero,
de Parme, chanoine de Bologne. Le docteur Jean
Andréa Caldèrin fit construire l'église et quelques
cellules. Dom Bonacursi, Abbe' de Saint-Procul,
au nom d'Albert Bertrand, Évêque de Bologne,
posa la première pierre de l'église qui fut consa-
crée par Jean Naso, Evêque de Bologne. Cette
Chartreuse , supprimée en 1804 par l'Empe-
reur Napoléon Ier, avait tellement eu à souffrir
des brigandages des armées françaises qu'il fut
— 296 —
impossible de la rétablir ; elle sert actuellement
de cimetière.
1335.
TRÊVES.
La Chartreuse de Saint-Alban, près de la ville
de Trêves, au diocèse du même nom, e'iectorat
de Trêves (Allemagne), fut fonde'e par Baudouin
de Leutzbourg, Archevêque de Trêves, archi-
chancelier de l'Empire. En 1794, les arme'es de la
Re'publique française la supprimèrent.
1335.
STRASBOURG.
La Chartreuse du Mont-Sainte-Marie, près de
Strasbourg, au diocèse du même nom (Alsace),
eut pour fondateurs Berthold, Evêque de Stras-
bourg, et trois riches bourgeois de cette ville,
Jean Minien, Ge'rard de Saxe, et Werner. Les
Calvinistes chassèrent les Chartreux de leur Cou-
vent, en i5gi, y mirent le feu et le re'duisirent
en cendres. Les Religieux se re'fugièrent d'abord
dans la ville de Strasbourg, où ils possédaient
un hospice, puis vinrent s'e'tablir à Molsheim,
en 1600, dans une nouvelle Maison que Charles
de Lorraine, Cardinal Evêque de Strasbourg,
leur fit construire en cet endroit.
— 297 —
1335.
MORTEMER.
La Chartreuse de Mortemer, au diocèse de
Limoges, département de la Haute-Vienne, fut
fonde'e par Pierre de Mortemer, Cardinal, Évê-
que d'Auxerre. Un manuscrit de la Grande Char-
treuse reporte cette fondation à l'année 1401. Ce
Monastère n'ayant pas reçu une dotation suffi-
sante, le Chapitre Gène'ral de 1412 ordonna de
l'abandonner.
1338.
LUCQUES.
La Chartreuse du Saint-Esprit, près de Luc-
ques, au diocèse du même nom (Italie), doit son
origine à Barthélémy d'Aldobrandi, patricien de
Lucques. L'église fut consacrée par Be'ranger,
Évêque de Lucques, en i363. L'Empereur Na-
poléon Ier supprima ce Couvent, en 1806.
1338.
GUILLONÈSE.
La Chartreuse de la Porte -du -Paradis, à
Guillonèse, au diocèse de Termoli, royaume de
Naples (Italie), fut fondée par Agnès, duchesse de
— 298 —
Duras et comtesse de Gravina, puis abandonnée
par l'Ordre, en 1420.
1340.
SIENNE.
La Chartreuse de Beauregard (Bel-Rignardo),
près de Sienne, au diocèse de ce nom, en Tos-
cane (Italie^, eut pour fondateur Nicolas Cincia-
gond de Cinighus, banquier de Sienne. L'Ordre
l'abandonna en i636.
1340.
ARNHEIM.
La Chartreuse de Notre-Dame-de-Monichusen,
ou àyÀrnheim, au diocèse d'Utrecht Hollande", fut
fonde'e par Reinald Ier, duc de Gueldres, et Ele'o-
nore, son e'pouse, fille d'Edouard, Roi d'Angle-
terre. Elle ne fut habite'e qu'en 1 345. Entière-
ment ruine'e par les Luthériens, en i585, elle fut
abandonnée par l'Ordre, au siècle suivant.
1340.
PRAGUE.
La Chartreuse du Jardi\-de-Notre-Dame, près
de Prague, au diocèse du même nom Bohême .
— 299 —
est due à la générosité de Jean, Roi de Bohême.
Cependant quelques auteurs lui donnent comme
fondateur l'Empereur Henri VI, et le manuscrit
de la Grande Chartreuse fait remonter cette fon-
dation à l'année 1200. Dévastée et brûlée par
les Hussites commandés par Ziska, en 1406, elle
fut plus tard abandonnée par l'Ordre, en i5i2
d'après la carte des fondations , et selon d'autres
auteurs, en 1420.
1342.
FLORENCE.
La Chartreuse de Saint-Laurent, près de Flo-
rence, au diocèse du même nom, en Toscane, eut
pour fondateur Nicolas Acciajuoli, citoyen de Flo-
rence, grand sénéchal du Roi de Sicile et de Jéru-
salem. Parmi les bienfaiteurs, on cite surtoutAngelo
Acciajuoli, Cardinal Archevêque de Florence,' mort
le 12 juin 1407, et Donat Acciajuoli, mort en août
1478. Vers i638, François Gallutius, noble floren-
tin, combla ce Monastère de grands biens et mérita
le titre d'insigne bienfaiteur. En [799, ce Couvent
donna asile pendant plusieurs mois au Pape Pie VI,
chassé de ses Etats par le gouvernement français.
Pie VII s'y arrêta un instant, en 1808, lorsqu'il
était conduit prisonnier, par les agents de Napo-
léon Ier. Cette Chartreuse fut supprimée en 1810
par ce monarque, et rétablie en 1818 ; elle existe
encore, mais les Religieux en ont été expulsés par
— 3oo —
Victor-Emmanuel, Roi d'Italie, en 1866 ; et les
Chartreux qui re'sident encore dans ce Monastère
n'y sont qu'à titre de gardiens.
1343.
PONTINIANI.
La Chartreuse de Saint-Pierre, à Pontiniani,
près de Sienne, au diocèse du même nom, en Tos-
cane (Italie), fut fondée par Binde de Petronis, pro-
tonotaire apostolique et prévôt de l'église cathédrale
de Sienne. En i636, le Chapitre Général avec l'as-
sentiment du Pape Urbain VIII, donna à cette
Chartreuse les propriétés du Couvent de Beaure-
gard (Bel Riguardo) qui venait d'être supprimé.
Quelques auteurs pensent que le Monastère de
Saint-Pierre fut abandonné par les Chartreux en
1784, mais sa suppression qui date de 18 10 est due
à Napoléon Ier.
1343.
NOTTINGHAM.
La Chartreuse de Belle- Vallée, près de Not-
tingham, au diocèse d'York, comté de Nottingham
(Angleterre , eut pour fondateurs Jean et Nicolas
de Chanteloup, seigneurs d'Ilkcston, Jeanne, épouse,
et William, fils de Nicolas de Chanteloup. Cette
fondation fut confirmée par Edouard III, Roi
— 3oi —
d'Angleterre, en i'34'3. On compte parmi les
bienfaiteurs William de Aldeburgh, William de
Ryther et Sibille, son épouse, Elisabeth Staple-
ton, et Edouard Baliol. Ce Couvent ayant été
détruit par les hérétiques, sous Henri VIII, les
Religieux persécutés durent se réfugier dans dif-
férentes Chartreuses de la Flandre et de la Hol-
lande, en 1539.
1345.
VAL-DU-PARADIS.
La Chartreuse de Saint-Jacques-du-Val-du-Pa-
radis, au diocèse de Barcelone, en Catalogne (Es-
pagne), eut pour fondatrice Blanche de Sentillis.
Ce Monastère n'eut pas un siècle d'existence ;
pour des raisons qui nous sont inconnues l'Ordre
l'abandonna en 141 5, et transmit ses propriétés à
la Chartreuse de Mont-Alègre.
1346.
FRIBOURG.
La Chartreuse du Moxt-Saixt-Jean-Baptiste,
près de Fribourg , au diocèse de Constance, en
Brisgau, fut fondée par Jean Schwelin, chevalier et
bourgmestre de Fribourg. Elle paraît avoir joui
d'une grande prospérité, jusqu'à l'époque de sa
suppression, en 1782.
— 302 -
1348.
BRUGES.
La Chartreuse de Sainte-Anne, près de Bruges,
au diocèse de ce nom (Belgique), destinée à des
Moniales, eut pour fondateurs Guillaume Scot,
chirurgien, et Marguerite, son épouse. Quelques au-
teurs attribuent cette fondation, à Baudouin Vosse,
riche marchand de Bruges, ou encore, à Bertrand de
Vos, gentilhomme flamand. On compte parmi les
bienfaiteurs du Couvent Jean Hertsberge, Cathe-
rine, son épouse, et Jean, son fils qui devint cha-
noine de l'église de Bruges. Cette Chartreuse ayant
été pillée et saccagée par les Gueux, en i 378, les
Religieuses durent se réfugier dans la ville. Ré-
parée quelques années plus tard, elle fut supprimée
par l'Empereur Joseph II, en iy83.
1348.
CADSAN.
La Chartreuse de Notre-Dame, dans l'île de
Cadsan, au nord de la ville de l'Ecluse, ancien
diocèse de Bruges (Belgique), fut fondée d'après
un article du traité de paix signé entre Louis
de Maie, comte de Flandre, et Edouard III, Roi
d'Angleterre. Détruite en partie par les Anglais ,en
1 385, et submergée par les inondations de l'Océan,
elle dut être abandonnée par l'Ordre, en 1404.
— 3o3 —
1348.
WURTZBOURG.
La Chartreuse du Jardin -des -Anges, ou de
Wurtqbourg, au diocèse du même nom, en Fran-
conie (Allemagne), doit sa fondation à Hébrard
de Hirchborn ou d'après quelques auteurs, de
Harscheim , Archevêque de Wurtzbourg. A cause
du malheur des temps, elle aurait été abandonnée
au XVIe siècle, sans l'énergie de Dom Dorland Agri-
cola et de Dom Jean Milner. Les armées fran-
çaises la supprimèrent, à la fin du XVIIIe' siècle.
1349.
xMILAN.
La Chartreuse de Saint-Ambroise,ou de YAgnus-
Dei, à Carignano, près de Milan, au diocèse du
même nom, dans le Milanais (Italie), fut fondée par
Jean Visconti, Archevêque de Milan, et supprimée
par l'Empereur Joseph II, en 1782.
1349.
MONTELLI.
La Chartreuse de Sainte-Marie et Saint-Jérôme,
dans une grande forêt près de Montelli, au dio-
cèse de Trévise, République de Venise (Italie),
— 304 —
eut pour fondateurs, Jeanneto de Bucca, citoyen de
Venise ; Lolbert et Schénella, comtes de Trévise.
Parmi les bienfaiteurs, on remarque Manfrède, de
Gollalto, comte de Trévise, qui augmenta la fon-
dation par ses libéralités. La Chartreuse de Mon-
telli fut supprimée et mise en vente, ainsi que ses
biens, par décret de la sérénissime République, en
date du 7 septembre 1768.
1351.
LA PIERRE-DE-REFUGE.
La Chartreuse de La Pierre-de-Refuge (Hon-
grie), n'a pas de fondateur connu. Le manuscrit de
la Grande Chartreuse pense qu'elle persista jus-
qu'au milieu du XVIe siècle et qu'elle fut détruite
par les Luthériens.
1351.
TUCKELHAUSEN.
La Chartreuse de La-Celle-du Salut, à Tûckel-
hausen, au diocèse de Wurtzbourg, en Franconie
(Allemagne), était primitivement occupée par des
Religieux Prémontrés ; elle fut cédée aux Char-
treux par Ebohard de Rider, doyen de l'église de
Wurtzbourg, avec le consentement de l'Ordre des
Prémontrés. Cette Chartreuse fut saccagée et brû-
lée en partie par les Luthériens, en i552, puis
abandonnée pendant quelques années, et rebâtie, en
1575, par Dom Nicolas Comitius, profès de la
Maison de Cologne. A la fin du XVIIIe siècle, les
armées françaises la supprimèrent.
1356.
VILLENEUVE.
La Chartreuse de La Vallée-de-Bénédiction,
à Villeneuve , près d'Avignon , au diocèse de
Nîmes, département du Gard, fut fondée par
Etienne Aubert, Pape sous le nom d'Innocent VI,
le 2 juin 1 3 56. Ce Souverain Pontife dota riche-
ment cette Chartreuse et la plaça sous la protec-
tion de saint Jean-Baptiste ; en i3b2, elle prit avec
son consentement, le nom de Vallée-de-Bénédiction.
Les grands bienfaiteurs de ce Monastère furent
Etienne Aubert, Évêque de Carcassonne, petit-
neveu d'Innocent VI ; Pierre Salva de Montirac,
Cardinal de Pampelune,du titre de Saint-Anastase,
autre neveu du même Pape ; Audoin Aubert, Évêque
de Paris, puis d'Ostie, Cardinal du titre de Saint-
Jean et Saint-Paul, aussi neveu d'Innocent VI ;
Guy de Bologne, Cardinal du titre de Sainte-Cé-
cile, qui consacra l'église du Monastère ; Jean de
Neufchâtel, Evêque de Tulle, Cardinal du titre
des Quatre-Saints-Couronnés ; Jean de la Grange,
Evêque d'Amiens, Cardinal du titre de Saint-Mar-
cel. Les Chartreux de la Vallée-de-Bénédiction eu-
rent beaucoup à souffrir pendant les guerres de
20
— 3o(5 —
Religion. En i633, ils fondèrent la Chartreuse de
Marseille. Supprimé par les décrets de l'Assem-
blée nationale, en 1790, le Couvent de Villeneuve
ne fut vendu qu'en 1792 et les Religieux ne l'a-
bandonnèrent qu'à cette époque.
1357. •
LIÈGE.
La Chartreuse des Saints - Apôtres , à Liège,
au diocèse du même nom (Belgique), eut pour fon-
dateurs Jean de Brabant, échevin de Liège et En-
gelbert de la Mark, Évèque de Liège. Cette Maison
avait été occupée primitivement par des Religieux
Prémontrés qui s'établirent dans l'intérieur de la
ville. Commencée en 1 35j, elle ne fut incorporée à
TOrdre des Chartreux qu'en i36i. Helmice de
Moylant, chanoine de Liège et Catherine de Flé-
mahl, épouse de Reward du Pont, en sont regar-
dés comme les principaux bienfaiteurs.
Les guerres du XVe siècle causèrent bien des per-
tes à ce Monastère; incendié en 1487, puis restauré,
il fut supprimé en 1794 par les armées françaises.
1359.
CASTRES.
La Chartreuse de Notre-Dame-de-Belle-Vue,
près de Castres, sur la rivière d'Agout, au dio-
— 3o/ —
cèse cTAlbi, département du Tarn , doit sa fon-
dation à Raymond Saisse, bourgeois de Castres,
et à son épouse. Les Calvinistes ayant détruit ce
Couvent, vers la fin de Tannée i56y, les Religieux
durent se retirer à Toulouse, et ne purent rebâtir
leur Monastère qu'en 1(574. Un décret de l'As-
semblée nationale du i3 février 1790 en ordonna
la suppression.
1360.
PODIEBRAD.
La Chartreuse de Podiebrad, au diocèse de Pra-
gue (Bohême), fut fondée par Botzko de Cunsdat.
Après quelques années d'existence, le manque de
ressources obligea l'Ordre à l'abandonner, en
i269.
1360.
STETTIN.
La Chartreuse de La Grace-de-Dieu, à Stettin,
sur la rive gauche de l'Oder, dans l'ancien diocèse
de Camin, en Poméranie (Prusse), eut pour fon-
dateur Bernin III, duc de Stettin. Les Protestants
l'ayant détruite en i55o, l'Ordre ne put, faute de
ressources , en relever les ruines, et peu de temps
après, le prince de Poméranie s'en empara pour en
faire une citadelle.
— 3o8 —
1362.
AMSTERDAM.
La Chartreuse du Port-du-Salut-dé-Saint- André,
près d'Amsterdam, au diocèse d'Utrecht (Hollande),
daterait de l'année 1 392, d'après le manuscrit de la
Grande Chartreuse ; mais la carte des fondations
donne la date de i3Ô2. Ses fondateurs furent Guil-
laume et Albert, comtes palatins de Hollande. Les
Protestants la détruisirent en i585.
1364.
LEWELD.
La Chartreuse du Val-Saint-Michel, à Le-
weld, près de la ville de Gran, au diocèse de Stri-
gonie (Hongrie), fut fondée par Louis d*Anjou,
Roi de Hongrie ; détruite par les Turcs, elle fut
abandonnée par l'Ordre en i56o.
1367.
PISE.
La Chartreuse du Val-de-Grace, près de Pise,
au diocèse du même nom, en Toscane (Italie),
située sur les bords de la rivière de l'Arno, dans
la vallée de Cala, fut fondée, sur l'invitation de
sainte Catherine de Sienne, par Pierre Mirantis,
— :>oq —
citoyen de Pise, et Loth François de Gamba-
curtis qui par testament avait laissé des sommes
considérables, à cette intention. Grégoire XI y réu-
nit le Monastère de Saint-Vitus de Pise ; cette Ab-
baye avait été retirée aux Bénédictins parce qu'ils
n'observaient plus la discipline régulière. En 1482,
le Chapitre Général augmenta encore les revenus
de cette Maison, en lui attribuant les biens de l'an-
cienne Chartreuse de Sainte-Marie-et-Saint-Gor-
gon, située dans l'île de Gorgone. La Chartreuse
du Val-de-Grâce éprouva beaucoup de pertes, pen-
dant les guerres qui désolèrent la péninsule. Sup-
primée en 1808 par Napoléon Ier, et rétablie en
18 16, elle existe encore, mais la plupart des Reli-
gieux ont été expulsés par le Roi d'Italie, Victor-
Emmanuel, en 1866, et ses biens sont sous séquestre.
1368.
CATANE.
La Chartreuse de Notre-Dame-de-Lumière, ou
de Nova-Luce, près de Catane, au diocèse de ce
nom (Sicile), doit sa fondation à Artaud d'Ala-
gon, comte de Mistrel et gouverneur de Sicile.
D'après quelques auteurs, la charte de fondation est
datée du mois de mars 1078. Cette Maison fut
ruinée par les guerres, vers i38o, et donnée aux
Bénédictins, en 1 385. Comme compensation, on
construisit la Chartreuse du Val-du-Christ, dans
le royaume de Valence.
— 3 1 o —
1370.
LONDRES.
La Chartreuse de La Salutation-de-la-Bien-
heureuse-Vierge-Marie ou Salutation-Mère-Dieu,
à Londres, au diocèse de ce nom, comté de Mid-
dlesex (Angleterre), eut pour fondateurs Walter
de Manny, Chevalier de la Jarretière, originaire
du diocèse de Cambrai, et Marguerite son épouse.
Edouard III, Roi d'Angleterre, confirma cette fon-
dation par une charte datée de Westminster le 6
février i3yi. Le Pape Urbain VI donna aussi, en
faveur de cette Maison, aux ides de décembre i3y8,
une Bulle datée de Rome, à Sainte-Marie au delà
du Tibre. L'Évêque Michel Northleroock est regar-
dé comme un grand bienfaiteur de ce Couvent qui
fat supprimé par Henri VIII, en 1539. Le Roi
donna cette Chartreuse à sire Thomas Audley \
elle passa ensuite entre les mains de Thomas Ho-
ward, duc de Nordfolk, qui en fit le lieu de sa rési-
dence. En 161 1, Thomas Howard, comte de Suf-
folk, la vendit à Thomas Sutton, écuyer, qui y
établit un hôpital.
1370.
ROME.
La Chartreuse de Sainte-Marie-des-Axges, à
Rome, dans les Etats de l'Eglise (Italie), portait
— 3
i i
primitivement, le titre de Sainte-Croix-de-Jérusa-
lem; elle se trouvait loin du centre de la ville et
avait été donnée aux Chartreux par le Pape Ur-
bain V. Les Souverains Pontifes comblèrent de
faveurs ce Couvent qui avait été d'abord occupé
par des Bénédictins. Nicolas des Ursins, comte
de Noie, est considéré comme un de ses principaux
bienfaiteurs. Cette Chartreuse fut transférée, en
i56i, par le Pape Pie IV, sur remplacement des
Thermes de Dioclétien et mise sous le vocable de
Sainte-Marie-des-Anges. Pie IV la fit construire, la
dota richement et la combla de nombreux privilèges.
Les armées républicaines commirent beaucoup de
brigandages dans ce Monastère qui fut supprimé,
en 1804, par Napoléon Ier et rétabli en 18 14, par
le Pape Pie VII. Aujourd'hui, la Chartreuse de
Sainte-Marie-des-Anges existe encore, mais elle ne
renferme plus qu'un petit nombre de Religieux ;
les autres ont été expulsés, en 1868, par Victor-
Emmanuel, Roi d'Italie, et ses biens sont sous
séquestre.
1371.
CAPRI.
La Chartreuse de SAiNT-JACQUES,dans la petite île
de Capri, dépendante du royaume de Naples, au
diocèse de Capri (Italie), fut fondée par Jacques
Arcucius de Capri, comte de Minerbini, chancelier
de la reine Jeanne de Sicile. Cette princesse dota
— 012 —
ce Monastère, lui fit de nombreuses largesses, et
lui accorda de grands privilèges. Cette Chartreuse,
supprimée, en 1806, par décret de Napoléon Ier,
n'a pu être rétablie.
1372.
ERFURTH.
La Chartreuse du Mont-St-Sauveur, au faubourg
d'Erfurth, que Ton trouve aussi écrit Erford, dio-
cèse de Mayence, doit sa fondation à Jean Orton de
Boymelberg, prévôt de Dorland, avec le consente-
ment de Jean, Archevêque de Mayence, qui consa-
cra Téglise du Couvent,en 1374. Cette Chartreuse fut
rançonnée et ravagée plusieurs fois par les armées
Luthériennes. Restaurée au commencement du
XVIIe siècle, elle fut supprimée, à la fin du siècle
suivant, par les armées de la République française.
1373.
BRUNN.
La Chartreuse de La Sainte-Trinité, près de
Brunn, au diocèse d'Olmutz, en Moravie (Bohême),
eut pour fondateurs Jean-Henri, marquis de Mora-
vie, Elisabeth, son épouse, et leurs trois fils. Elle
éprouva de grands malheurs sous la tyrannie des
Hussites qui la ruinèrent entièrement, mais Ale-
xis d'Olmutz, chanoine de l'église de Breslau, la fit
D I-*>
reconstruire, en 1490. L'Empereur d'Autriche, Jo-
seph II, la supprima en 1782.
1376.
RUREMONDE.
La Chartreuse de Notre-Dame-de-Bethléem, à
Ruremonde, dans la Flandre Autrichienne, doit
sa fondation à Werner Swelmen, écuyer, et à Ber-
the Geylenkerken, son épouse. Gérard III, comte
de Gueldres, fut un des grands bienfaiteurs du
Couvent. Quelques auteurs considèrent même ce
pieux seigneur, comme fondateur. La Chartreu-
se de Notre-Dame-de-Bethléem fut saccagée le 2 3
juillet i5y2, par les troupes de Guillaume de Nas-
sau, prince d'Orange, qui massacrèrent plusieurs
Religieux. Restaurée quelques années plus tard, elle
fut supprimée par l'Empereur Joseph II, en 1783.
1376.
LEUTMERITZ.
La Chartreuse de Leutmeritz, près de la ville
de ce nom, au diocèse de Leutmeritz ou Leutma-
ritz (Bohême), fut fondée par Albert de Stemberg,
Evèque de Leutmeritz. Pour des causes inconnues,
cette Chartreuse n'exista que peu d'années ; d'a-
près la carte des fondations, elle fut abandonnée
par l'Ordre, en 1 394.
— :> 1 4 —
1377.
TOURNAY.
La Chartreuse du Mont-Saint-André, au fau-
bourg de Tournay, au diocèse du même nom, dans
la Flandre (Belgique'1, eut pour fondateur Jean de
Werchin, sénéchal de Hainaut. Au XVe siècle,
les bandes armées qui ravagèrent la contrée, sac-
cagèrent plusieurs fois ce Couvent. Les hérétiques
le brûlèrent en 1 566, et les Moines durent se cacher
au château du Biez , où ils reçurent l'hospitalité
de la noble Dame de Vergny. En attendant la
reconstruction du Couvent , le R. P. Général
répartit ses Religieux dans les différentes Mai-
sons de la province. Rétabli, en i5o,i, par Hermès
Le Clerc, médecin et citoyen de Tournay, ce Mo-
nastère fut plusieurs fois rançonné par les armées
ennemies. A la bataille de Fontenoy, sous LouisXV,
il servit d'hôpital militaire pour les blessés des
deux partis. Cette Chartreuse a été supprimée, en
iy83, par l'Empereur Joseph IL
1378.
GORGONE.
La Chartreuse de Saint-Gorgon, dans l'île de
la Gorgone, près de l'île de Corse , occupée, au
XIe siècle par des Moines Bénédictins, fut donnée
aux Chartreux par le Pape Grégoire XL A cause
— 3 1 5 —
des fréquentes incursions des pirates algériens, cette
Maison fut abandonnée par l'Ordre en 1426, et les
biens servirent à doter la Chartreuse de Pise, en
1482. Lorsque le Pape Léon X donna l'île de la
Gorgone à la République de Florence, en 1 5 1 3,
il fut spécifié qu'une reconnaissance annuelle se-
rait payée aux Chartreux de Pise, pour leur do-
maine direct.
1378.
KINGSTON.
La Chartreuse de Saint-Michel, à Kingston-
sur-Hull, au diocèse d'York, comté d'York (An-
gleterre), eut pour fondateurs Guillaume de la
Pôle, comte de Suffolck, seigneur de Wingfield,
Catherine, son épouse, Edmond son frère et Michel
son fils. Le Monastère, élevé avec l'autorisation et
l'assentiment du Roi d'Angleterre, était placé sous
le patronage de la Sainte-Vierge, de saint Michel
Archange et de saint Thomas de Cantorbéry ; il
fut détruit pendant le schisme d'Angleterre, par
le Roi Henri VIII, en i53q.
1379.
EISENACH.
La Chartreuse de Sainte-Elisabeth, près d'Ei-
senach, au diocèse de Mayence, en Thuringe (Aile-
— dio —
magne\ fut fondée par les Chartreux cTErfurth, de
concert avec Mathias d'Erbestein, prévôt du Cha-
pitre d'Erfurth. Cette Maison éprouva la fureur des
Luthériens qui s'en emparèrent et la détruisirent,
ce qui obligea l'Ordre à l'abandonner en id2d.
1381.
COVENTRY.
La Chartreuse de Sainte-Anne, près de Co-
ventry, au diocèse de ce nom, comté de Warwick
(Angleterre', doit sa fondation à Guillaume de
Sowche . Quelques auteurs donnent aussi comme
fondateur Jean de Northergug, qui s'y fit Char-
treux, mais le principal bienfaiteur de ce Monas-
tère fut Richard II, Roi d'Angleterre, ainsi que
le prouve sa charte datée de Westminster, le 18 no-
vembre 1 38 1 . Le promoteur de cette fondation fut
Dom Robert Palmer, Procureur de la Chartreuse
de Londres. Le Monasticum Anglicanum rapporte
que le Roi Richard, en revenant d'Ecosse, vers la
fête de la Nativité de la Sainte- Vierge, en 1 385 ,
posa la première pierre de ce Monastère, le samedi
dans Toctave de ladite fête de la Nativité. Parmi
les bienfaiteurs, on compte Richard Luff; Jean Bo-
tener ; Jean Holmeton de Sleford; Guillaume Til-
ney; Marguerite Byri ; Marguerite Tylney; Jean
Bokyngton, Evèque de Lincoln; Thomas de Beau-
champ, comte de Warwick; Adam Botener; Ro-
bert Braybroke, Évêque de Londres; Guillaume
Tilney; Jean Morton, chanoine de Lichfeld. Cette
Maison fut supprimée pendant le schisme, par
Henri VIII, Roi d'Angleterre, en i53c).
1382.
NUREMBERG.
La Chartreuse de La Celle-Notre-Dame, près
de Nuremberg, au diocèse de Bamberg, en Fran-
conie (Allemagne), fut fondée par Marquard Men-
del, riche et puissant citoyen de Nuremberg. Le
manuscrit de la Grande Chartreuse reporte cette
fondation à Tannée 1428. Les Luthériens s'empa-
rèrent de ce Couvent, le pillèrent et chassèrent les
Moines, en 1026. L'Ordre fut obligé de l'aban-
donner, à cette époque.
1382.
DANTZICK.
La Chartreuse du Paradis-Notre-Dame, dans
la forêt de Culpin, près de la ville de Dantzick, au
diocèse de Vladislaw (Pologne;, eut pour fondateur
Jean Russentezin, qui donna, comme dotation, au
nouveau Monastère, le revenu des seigneuries de
Culpin, de Czapell et de Goigne. On ignore l'épo-
que de sa suppression, mais il y a lieu de croire
que son existence fut assez courte.
— 3i8 —
1383.
DIJON.
La Chartreuse de La Sainte-Trinité, près de
Dijon, au faubourg d'Ousche, diocèse de Dijon, dé-
partement de la Côte-d'Or, doit sa fondation à Phi-
lippe-le-Hardi, duc de Bourgogne et comte de
Flandre, et à Marguerite de Bavière, son épouse.
Parmi les principaux bienfaiteurs, on cite le duc
Jean-sans-Peur et Philippe-Le-Bon, duc de Bour-
gogne. Le Pape Clément VII accorda à ce Monas-
tère quelques privilèges, dans une Bulle datée d'Avi-
gnon le 19 avril i3gi. Cette Chartreuse eut à
souffrir des déprédations des Calvinistes ; elle fut
rebâtie au XVIIIe siècle, et supprimée par la Révo-
lution française qui vendit ses propriétés comme
biens nationaux, en 1792, et renversa les magni-
fiques tombeaux des derniers ducs de Bourgogne
que renfermait son église.
1383.
PIERRE-CHATEL.
La Chartreuse de Notre-Dame-de-Pierre-Chatel,
non loin de la ville de Belley, au diocèse du même
nom, département de l'Ain, fut fondée par Amé-
dée VI, comte de Savoie, qui établit les Chartreux
dans une forteresse bâtie sur la pointe d'un rocher
nommé Pierre-Châtel. Ce Couvent fut richement
— 3 1 9 —
dote avec les biens que l'épouse du comte Amé-
dée, Bonne de Bourbon, avait laissés, à cet effet,
par testament. C'était dans ce château que les ducs
de Savoie avaient fondé l'Ordre des chevaliers de
l'Annonciade, et l'on continua de recevoir dans la
Chartreuse les nouveaux chevaliers. Sous LouisXIII,
par provision du 22 décembre 1641, les Prieurs
et les Religieux Chartreux furent nommés capi-
taines gouverneurs du fort de Pierre-Châtel, qui
était la clef de la Savoie. Les Chartreux prenaient,
à leur choix, un capitaine pour remplir les fonc-
tions militaires. Ce Couvent fut supprimé par dé-
cret de l'Assemblée nationale du i3 février 1790.
1383.
TORNES.
La Chartreuse de Tornes, au diocèse d'Ex-
cester, dans le Devonshire (Angleterre), fondée par
Guillaume de la Souche, conseiller du Roi, eut une
courte existence, puisque la carte des fondations
relate son abandon, en l'année 1 386.
1384.
ROUEN.
La Chartreuse de Notre-Dame-de-La-Rose, à
Rouen, au diocèse de ce nom, département de la
Seine-Inférieure, fut fondée par Guillaume de
— 320
l'Estrange, Archevêque de Rouen. Les Calvinistes
la saccagèrent et la ruinèrent de telle façon que
l'Ordre se trouva dans la nécessité de l'abandonner,
en 1667. Les biens de ce Couvent furent donnés à
la Chartreuse de Saint-Julien, au faubourg de
Rouen.
1384.
NORDLINGEN.
La Chartreuse du Jardin-du-Christ, ou deNord-
Imgen, au diocèse d'Augsbourg, dans la Souabe
(Allemagne) , doit sa fondation à Louis, comte
d'Oettingen, de concert avec plusieurs membres de
sa famille. Dans le principe, ce n'était qu'un er-
mitage qui servait d'hospice aux pèlerins ; mais
par un décret impérial rendu en 1599, cette Maison
fut érigée en Chartreuse et incorporée à l'Ordre,
la même année. Ruinée par les hérétiques, en 1634,
elle fut abandonnée par l'Ordre, en i65o.
1384.
RATISBONNE.
La Chartreuse de Saint- Vitus, ou de Ratisbon-
ne, au diocèse du même nom (Bavière), ne daterait
que de l'année 1484, d'après le manuscrit de la
Grande Chartreuse. On pense qu'elle eut pour fon-
dateur, Albert le Sage , duc de Bavière et comte
— 32 I —
palatin. Ce prince, avec l'assentiment du Souve-
rain Pontife, aurait enlevé ce Couvent aux Béné-
dictins, pour y placer les enfants de saint Bruno.
La Bulle de Sixte III est datée de Rome le 1 1 des
calendes de novembre 1480. Le Pape Innocent a
aussi donné en faveur de ce Monastère une Bulle
datée du 17 des calendes de juin 1487. Cette Char-
treuse fut supprimée, à la fin du XVIIIe siècle par
les armées françaises.
1385.
VAL-CHRISTI.
La Chartreuse du Val -du -Christ ou Val-de-
Cristo, non loin de Ségorbe, au diocèse du même
nom, dans le royaume de Valence (Espagne), eut
pour fondateurs Martin Ier, Roi d'Aragon ; Pierre,
son fils; Jean, son frère, et Marie de Lune, sa belle-
sœur; elle fut construite en compensation de la Char-
treuse de La Porte-du-Paradis, en Sicile, qui avait
été enlevée à l'Ordre des Chartreux. Commencé en
1 385, ce Monastère fut incorporé à l'Ordre, l'année
suivante. La consécration de l'église se fit le i3 no-
vembre 1401, par Antoine, Archevêque d'Athènes,
assisté d'Hugues, Evêque de Valence, et de Fran-
çois, Evêque de Ségovie, en présence du Roi et
du Cardinal Pierre de Serra. Le Couvent du Val-
du-Christ fut supprimé en i835, par décret du
1 1 octobre, sous le ministère de Dom Alvaro Go-
mez Becerra.
21
— 322 —
1387.
HILDESHEIM.
La Chartreuse du Cloître-Notre-Dame, près
d'Hildesheim, au diocèse de ce nom, dans la Basse-
Saxe (Allemagne), fut fondée par l'Évêqué Gérard,
baron de Mont-sur-Minda. Quelques auteurs don-
nent aussi comme fondateur Thierry de Dasle,
chanoine de la cathédrale de Hildesheim, qui mou-
rut en 1420. Ce Monastère fut prospère jusqu'à
l'époque de la Réforme, mais saccagé par les Lu-
thériens, puis rançonné par les armées qui rava-
gèrent si longtemps cette contrée, il ne put relever
ses ruines et fut supprimé en 1778.
1387.
ASTI.
La Chartreuse Saint-Jacques et Saixt-Philippe,
près d'Asti, au diocèse du même nom, dans leMont-
ferrat (Italie), était occupée auparavant par des
Moines de Vallombreuse ; le Pape Clément VII la
céda aux Chartreux. On cite comme bienfaiteurs
de cette Chartreuse Jacques et Barthélémy de Sca-
rampis. Elle eut beaucoup à souffrir des nom-
breuses guerres qui désolèrent la contrée, mais elle
put relever ses ruines, grâce aux secours de la
Grande Chartreuse. Les révolutionnaires italiens
Font supprimée, au commencement du XIXe siècle.
— 320 —
1389.
SAINT-ESPRIT.
La Chartreuse du Saint-Esprit, au diocèse de
Valence, royaume de Valence (Espagne', est fort
peu connue; quelques auteurs ont même douté de
son existence. Elle fut construite pour des Moniales,
par Marie, épouse de Martin Ier, Roi d'Aragon. On
croit que cette Chartreuse n'a été abandonnée qu'au
XVe siècle ; les Franciscains de l'Observance l'ont
occupée plus tard.
1390.
PAULAR.
La Chartreuse de Notre-Dame-del-Paular, près
de Ségovie au diocèse de Ségovie, en Castille (Es-
pagne:, fut fondée par Jean Ier, Roi de Castille,
d'après la volonté dernière de Henri II, son père.
La mort ayant empêché ce prince de terminer son
œuvre, Henri III, son successeur, la continua. Il fit
bâtir l'église, en i3o,3,et dota la Chartreuse de grands
biens. Ce Couvent ne fut terminé que sous le règne
de Jean II, Roi de Castille, en 1440. Ce prince
donna aux Chartreux son château de Paular et
augmenta encore leurs revenus. Ce Monastère fut
supprimé en 1 835, par un décret daté du 11 oc-
tobre , sous le ministère de Dom Alvaro Gomez
Becerra.
— 324 —
1390.
FRANCFORT.
La Chartreuse de la Miséricorde de Dieu, près
de Francfort-sur-1'Oder , au diocèse de Brande-
bourg (Prusse), eut pour fondateurs Frizlen Be-
cow, Frier Belliko, consul de Francfort, et quelques
autres riches habitants de la ville. Cette Char-
treuse a été abandonnée par l'Ordre en i56o. par
suite des guerres. Elle est actuellement entre les
mains des Luthériens.
1392.
UTRECHT.
La Chartreuse du Saint-Sauveur , près d'U-
trecht, dans une vallée qui portait le nom de Vallée
des-Fleurs, au diocèse d'Utrecht (Hollande), doit
sa fondation à Sweder d'Apconde, baron de Gha-
esbeke et de Stryen, du consentement d'Albert,
comte de Flandre et de Zélande, et de Guillaume
son fils. Ce Couvent fut entièrement détruit par les
Luthériens, et l'Ordre ne pouvant en relever les
ruines dut l'abandonner en 1609.
1394.
RUGENWALD.
La Chartreuse de la Couroxne-Notre-Dame,
près de Rugenwald, au diocèse de Camin, en Po-
— 325 —
méranie (Prusse), fut fondée par Adélaïde, duchesse
de Poméranie, et détruite par les Luthériens, en
i55o; les pierres servirent à bâtir une citadelle.
1395.
CHIAROMONTE.
La Chartreuse du Val-Saint-Nicolas, ou de
Chiaromonte, au diocèse d'Anglona, dans la pro-
vince de la Basilicate, royaume de Naples (Italie),
doit sa fondation à Wenceslas de San-Severino, duc
d'Amalfi, qui la dota de grands biens. D'après le
manuscrit de la Grande Chartreuse, ce Couvent
avait été bâti primitivement en iSjo, sur le terri-
toire de Sévise, puis transféré, en 1394, sur le ter-
ritoire de Sainte-Hélène, près de la ville de Chia-
romonte, au delà de la rivière. Cette Chartreuse
saccagée par les révolutionnaires fut supprimée en
1806, par décret de l'Empereur Napoléon Ier. ■
1396.
PAVIE.
La Chartreuse de Notre-Dame-des-Graces, près
de Pavie, au diocèse de ce nom, dans le Milanais,
(Italie;, eut pour fondateurs Jean Visconti Galéas,
seigneur de Pavie, comte de Vertu, et Catherine
Barnabo, son épouse. La première pierre fut posée
le S septembre i3o,6, par Jean Galéas accompagné
— 326 —
des Évêques de Pavie, de Novare, de Fcltre et de
Vicence. On ne put achever l'église qu'en 1473,
mais la prise de possession date de 1 3g8. Le Roi
de France, François Ier, campa dans son enclos,
lorsqu'il vint mettre le siège devant la ville de Pavie,
en i525. Ce Monastère fut supprimé par un décret
de l'Empereur Joseph II, en 1782, et n'a été rendu
à l'Ordre que le 17 juin 1843, par l'Empereur
d'Autriche Ferdinand Ier. Le 2 1 décembre de la
même année, les Chartreux rentrèrent dans leur an-
cienne solitude, grâce surtout aux vives sollicita-
tions du comte Jacques Mellerio, qui laissa par
testament à ce Monastère, une rente annuelle. La
Chartreuse de Pavie existe encore, mais les Reli-
gieux en ont été expulsés parle Roi d'Italie, Victor-
Emmanuel, en 1868. Ses biens sont sous séquestre,
et seuls quelques Chartreux y habitent comme
gardiens de la propriété.
1396.
OYRON.
La Chartreuse d'Oyrox, qu'on trouve encore
écrit Ovron, au diocèse de Poitiers, département des
Deux-Sèvres, eut pour fondatrice Pétronille d'Am-
boise, vicomtesse de Thouars. Un demi-siècle plus
tard, cette Maison fut abandonnée par l'Ordre, en
1443. A cette époque, les Chartreux firent un arran-
gement avec le vicomte de Thouars qui consistait
à partager le revenu de ce Monastère, en cinq par-
ties, pour autant de Chartreuses déjà fondées : la
Grande Chartreuse, et les Chartreuses du Parc, du
Liget, de Paris et du Val-Dieu.
1397.
AXELHOLME.
La Chartreuse de la Visitation-de-Notre-Da-
me, ou d'Eppeworthe à Axelholme, au diocèse de
Lincoln, comté de ce nom (Angleterre' , fondée
par Thomas de Montbray, comte de Nottingham,
était placée sous le patronage de la Sainte-Vierge,
de saint Jean rÉvangéliste et du Roi saint Edouard.
Richard, Roi d'Angleterre, confirma la fondation
et la dotation de ce Monastère par une charte datée
de Westminster, le 26 juin, vingtième année de
son règne. Le Pape Boniface IX donna aussi, en
faveur de cette Chartreuse, une Bulle en date du
14 juillet 1 3 9 S . Ce Couvent fut supprimé par les
schismatiques, en i53q, sous le Roi Henri VIII.
1397.
BERNE.
La Chartreuse de Sainte-Paule-de-la-Porte-du-
Mont, près de Berne, au diocèse de Lausanne, can-
ton de Berne (Suisse), considère Pierre, baron de
Torbery, comme son fondateur; toutefois quelques
auteurs reportent sa fondation à Tannée 1400, et
— 328 —
l'attribuent à Pierre de la Porte, écuyer. En 1628,
les hérétiques Bernois supprimèrent ce Monas-
tère.
1398.
LUBECK.
La Chartreuse de La Maison-de-la- Vierge, à
Lubeck, au diocèse de ce nom, dans la Basse-Saxe
(Allemagne), fut fondée par Benoît Gérard, duc de
Sleswick, et détruite par les Luthériens, en i565.
1398.
ROSTOK.
La Chartreuse dite Legis-Marle, près de la ville
de Rostok, au diocèse de Schwerin, dans le duché
de Mecklembourg (Allemagne^, eut pour fondateurs
Mathias de Bosken et Rodolphe, Évêque de Schwe-
rin. Les hérétiques la supprimèrent, en 1 552 .
1398.
AGGSPACH.
La Chartreuse de Porte-Notre-Dame, sur le
Danube, près d'Aggspach, au diocèse de Vienne
(Autriche), fut fondée par Hayderic , baron de
Mayssaw, en 1 3q8 , et incorporée à l'Ordre, en
1400. Après avoir souffert des nombreuses guerres
— 329 —
qui désolèrent la contrée, elle fut supprimée par
l'Empereur Joseph II, en 1782.
1398.
«HEXAM.
La Chartreuse d'Hexam, au bourg de ce nom,
dans le Northumberland (Angleterre), eut pour fon-
dateur l'Archevêque d'York . Henri VIII , Roi
d'Angleterre, la supprima, en i53r).
1398.
INGELBY.
La Chartreuse de l'Assomption de la Bien-
heureuse-Vierge-Marie ou de Mountgrace, à In-
gelbj', au diocèse d'York, comté de ce nom (An-
gleterre), fut fondée par Thomas Holland, duc
de Surrey, comte de Kant et seigneur de Wake,
de concert avec Jeanne son épouse. On compte
parmi les bienfaiteurs Jean Holland, ainsi que
Jean d'Ingelby et Hélène, son épouse. Cette Char-
treuse fut supprimée pendant la guerre suscitée à
l'Église par le Roi Henri VIII, en i53g.
1399.
MAJORQUE.
La Chartreuse de Jésus-de-Nazaretii, près de
Majorque, dans l'île de ce nom. au diocèse de Ma-
— :oo —
jorque (Espagne'), eut pour fondateur Martin Ier,
Roi d'Aragon, qui établit les Chartreux dans un
de ses palais, sous les auspices de Dom Béringuier
Descamps et de Dom Nicolas Robert, tous deux
profès de la Chartreuse de Valbonne. On compte
parmi ses principaux bienfaiteurs : Palau, Arman-
dés, Paul Oleza et Mathias Borrasa. L'église fut
consacrée le 8 mai 1446, par Jean de Aranda ,
Évêque d'Albanie. Le Couvent fut supprimé en
i835, par décret du 11 octobre, sous le ministère
de Dom Alvaro Gomez Becerra.
1400.
SÉVILLE.
La Chartreuse de Notre-Dame-de-Las-Cuévas
dite de Covis, près de Séville, au diocèse de ce
nom, en Andalousie (Espagne), doit sa fondation
à Gonsalve de Menard, Archevêque de Séville.
Quelques auteurs disent que ce Monastère fut
commencé en i3g5 ; il fut incorporé à l'Ordre
en 141 1, et supprimé en i835, par un décret gou-
vernemental, en date du 1 1 octobre.
FONDATIONS
DU QUINZIÈME SIÈCLE
1401.
BÀLE.
A Chartreuse du Val-Sainte-Marguerite,
dans la ville de Baie, au diocèse de ce nom,
canton de Bàle (Suisse) eut pour principal
fondateur Jacques Zybel, tribun du magistrat de Bà-
le; toutefois Archibald, Evêque de Bàle, avait com-
mencé cette fondation en 1295, mais sa mort et les
guerres arrêtèrent les travaux qu'on ne reprit qu'en
1401. Cette Maison fut incorporée à l'Ordre, en
1406, puis supprimée par les Calvinistes en 1529.
1402.
BUXHEIM.
La Chartreuse de Celle-de-la- Vierge-Marie, à
Buxheim.près de la ville de Memmingen, au diocèse
— 332 —
d'Augsbourg, dans la Souabe (Allemagne), fondée
par Henri de Ellerbach, prévôt de l'église cathé-
drale d'Augsbourg, était auparavant occupée par
des chanoines réguliers ; elle fut incorporée à
l'Ordre en 1406, et supprimée à la fin du XVIIIe
siècle par les armées françaises.
1403.
PLÉTRIARH.
La Chartreuse du Trône-de-la-Sainte-Trinité, à
Plétriarh , au diocèse d'Aquiléja , en Esclavonie
(Autriche), eut pour fondateur Hermann, comte
de Cilley. Les guerres la ruinèrent, et l'Ordre se
trouvant dans la nécessité de l'abandonner, en
1595, Ferdinand, archiduc d'Autriche, donna
cette Maison aux Pères Jésuites.
1406.
OLMUTZ.
La Chartreuse de la-Vallée-de-Josaphat, près
d'Olmutz. au diocèse de ce nom, en Moravie
(Bohême), eut pour fondateurs Josse, marquis de
Moravie, et Albert de Stemberg, Évêque de Lutho-
mile. D'après Morozzo, cette fondation remonte-
rait à l'année 1070 et aurait été faite par Albert
de Stemberg; le marquis Josse aurait seulement
construit l'église et terminé le Monastère. Cette
— 333 —
Chartreuse fut ruine'e parles Hussites et plus tard
par les Luthériens, au XVIe siècle. Les Moines
durent se retirer dans la ville d'Olmutz, où ils se
fixèrent. L'Empereur Joseph II supprima le nou-
veau Monastère, en 1782.
1408.
MANTOUE.
La Chartreuse de la Sainte-Trinité, près de
Mantoue, sur le bord du lac Mincio, au diocèse
de Mantoue (Italie), fut fondée par Jean-François
de Gonzague , marquis de Mantoue. En 1427 ,
Jean de Gonzague établit pour les Chartreux un re-
fuge dans la ville de Mantoue, avec une église, sous
le titre de Sainte-Croix. Ce Couvent fut supprimé,
en 1782, par l'Empereur d'Autriche Joseph IL
1408.
ASTHEIM.
La Chartreuse de Pont-Sainte -Marie, à As-
theim, au diocèse de Wurtzbourg, en Franconie
(Allemagne), fondée par Erckenger de Sauns-
heim, baron de Schwartzenbourg, éprouva de
grandes pertes pendant les guerres du XIVe et
du XVe siècle, puis en i525, dans les guerres
de religion. Elle put cependant réparer ses ruines
grâce au zèle des deux Visiteurs de la Province,
— 334 —
Do m Haupt et Dom Louis Hager. A la fin du
XVIIIe siècle, les arme'es françaises la supprimè-
rent.
1412.
MONT-ALÈGRE.
La Chartreuse de Mont-Alègre, près de Barce-
lone, au diocèse de ce nom, en Catalogne ( Es-
pagne), eut pour fondateurs Bernard Nicolai, négo-
ciant ds Barcelone, et Jean de Neal. D'après cer-
tains documents, il semblerait que cette fondation
avait déjà été tentée en 1266. La carte des fonda-
tions, en donnant la date de 141 1, rappelle peut-
être une reconstruction totale du Monastère . Le
manuscrit de la Grande Chartreuse porte qu'il fut
construit par les soins de Dom Dominique, Prieur
de la Chartreuse de Saint-Jacques-du-Val-du-
Paradis qui, autorisé par le Chapitre Général,
réunit les Chartreuses de Saint-Paul-de-Maresme
et de Saint -Jacques -du -Val -du -Paradis à celle
de Mont-Alègre. Ce Couvent avait été primitive-
ment occupé par des Religieuses qui durent se
retirer dans la ville de Barcelone, puis par des
ermites, et enfin, avait été donné à l'hôpital de
Barcelone. Dom Dominique en fit l'acquisition
des administrateurs et y bâtit la Chartreuse. Ce
Monastère, supprimé par le gouvernement Espa-
gnol, en 1 835, a été racheté par les Chartreux,
il y a quelques années.
— 335 —
1414.
SCHÉNE.
La Chartreuse de Jésus-de-Bethléem à Schéne,
au diocèse de Winchester, dans le comte' de Sus-
sex (Angleterre), fut fondée par Henri V, Roi
d'Angleterre, avec une colonie de Chartreux Belges.
La charte de fondation et de dotation est datée
de Westminster, le ier avril 1414. Henri VIII
en chassa les Religieux, mais la Reine Marie étant
montée sur le trône, Dom Maurice Chauncey, qui
s'était retiré à Bruges avec quelques autres Char-
treux anglais, revint en Angleterre, en 1 555, et
obtint de rentrer en possession de la Chartreuse
de Schéne, le 29 novembre 1 556. Après la mort de
la Reine Marie, les Chartreux de nouveau obligés
de quitter leur Monastère, se retirèrent à la Char-
treuse de Bruges, en 1 5 5 9 . Quelques historiens
pensent qu'ils bâtirent une Maison à Nieuport^avec
le secours des catholiques anglais.
1416.
LIGNITZ.
La Chartreuse de la Passion-du-Christ, ou de
Lignitz, sur l'Oder, au diocèse de Breslau, duché
de Silésie (Prusse), fut fondée par le prince Louis,
duc de Lignitz, et supprimée en Ô48, par les
Luthériens.
— 336 —
1417.
WEZEL.
La Chartreuse de l'Ile-de-la-Reine-du-Ciel,
près de Wezel, dans une île du Rhin, au diocèse
de Cologne, dans le duché de Clèves (Allemagne),
reconnaît pour fondateur Adolphe, premier duc de
Clèves et comte de la Marche, et Marie, duchesse
de Bourgogne, de Flandre et de Clèves. En 1 588,
les hérétiques ruinèrent ce Monastère et les Reli-
gieux durent se retirer dans la ville de Wezel, où
ils occupèrent un ancien Couvent de Dominicains.
Quelques années plus tard, ils tentèrent de recons-
truire leur Maison non loin de la ville, au delà
du Rhin, mais cet essai ne paraît pas avoir réussi,
puisque TOrdre abandonna cette Chartreuse, en
1621.
1422.
VENISE.
La Chartreuse de Saint-André-Del-Lido, dans
une petite île, près de Venise, au diocèse de Venise
(Italie), fut fondée par Marc Justiniani et les pieuses
libéralités de riches citoyens de Venise, puis incor-
porée à l'Ordre en 1425. La République avait, en
1190, accordé cette île aux Pères Augustins qui y
séjournèrent jusqu'au moment où le duc de Venise
obtint du Pape de les transférer dans un autre en-
droit et donna cette propriété aux Chartreux. Ce
Monastère fut supprimé et mis en vente ainsi que
ses biens, par décret de la sérénissime République
en date du 7 septembre 1768.
1430.
PERTH.
La Chartreuse du:Val-des- Vertus, près de Perth,
au diocèse de Saint-André, comté de Perth (Écos-
se),doit sa fondation à Jacques Stuart, Roi d'Ecosse.
Les successeurs de Jacques Ier comblèrent ce Mo-
nastère de leurs largesses, lui accordèrent de nom-
breuses immunités et y choisirent leur sépulture,
jusqu'au moment où les hérétiques le dévastèrent
et l'incendièrent en i558, ou selon quelques au-
teurs, en 1 5Ô7.
1432.
ZIRICZÉE.
La Chartreuse du Mont-Sion, à Ziriczée, dans
l'île de Schowen (Zélande), rattachée au diocèse
d'Utrecht, fut fondée par Jean Livin et dame
Direw de Z y 1 , son épouse. Ce Couvent ne fut ja-
mais très prospère ; les hérétiques le détruisirent
entièrement en 1072, de telle sorte qu'à la fin du
XVIe siècle, on ne voyait déjà plus aucuns ves-
tiges des ruines.
— 338 —
1439.
GUITELSTEIN.
La Chartreuse de Notre-Dame-du-Bon-Cailloux,
près de Guitelstein, ancien diocèse de Constance,
dans la Souabe (Allemagne), eut pour fondateurs
Louis, comtede Wurtemberg, et Uldaric, son frère,
qui dotèrent ce Couvent de riches possessions.
Si on en croit certains auteurs, avant d'apparte-
nir aux Chartreux , ce Monastère avait été' oc-
cupe' par des Be'ne'dictins. Pendant les guerres
de religion, il fut de'truit par les Luthe'riens en
i536.
1440.
ANIAGO.
La Chartreuse de Notre-Dame-d'Antago , au
diocèse de Valladolid, dans la Castille (Espagne),
eut pour fondateur Jean Vasquez de Cépe'da, Evo-
que de Se'govie. Ce Couvent, commencé en 1440,
ne fut incorporé à l'Ordre que deux ans plus
tard, en 1442. Marie d'Aragon, fille de Ferdinand,
Roi d'Aragon et épouse de Jean , Roi de Castille,
fit de grandes largesses à cette Chartreuse et
mérita le titre de fondatrice. Quelques auteurs
font remonter l'origine de ce Monastère à la
première année du XVe siècle, mais la carte de
fondation donne la date de 1440; il fut supprimé
— 33q —
en 1 835, par décret gouvernemental du 11 octo-
bre , sous le ministère de Dom Alvaro Gomez
Becerra.
1441.
MIRAFLORÈS.
La Chartreuse de Notre-Dame-de-Miraflorès,
près de Burgos, au diocèse de ce nom, dans la
Castille (Espagne), commencée en 1401, ne fut
réellement fondée qu'en 1441, par Jean II, Roi de
Castille. On compte parmi ses bienfaiteurs Henri
III et plus tard la reine Isabelle, épouse de Fer-
dinand, Roi d'Espagne. Cette princesse fit rétablir
ce Couvent qui avait été détruit par un incendie.
Supprimé en i835, il a été racheté récemment,
et quelques Religieux l'habitent aujourd'hui.
1442.
VOGELSBERG.
La Chartreuse du Mont-Saint-Jean-Baptiste à
Vogelsberg, dans la Hesse (Allemagne ), avait été
occupée primitivement par des Religieuses. Elle fut
donnée, en 1442, par Louis-le-Pacifique, Land-
grave de Hesse, à Dom Jean Rotlas, Prieur de
la Chartreuse d'Erfurth, qui la fit incorporer à
l'Ordre en 1446. Les hérétiques la détruisirent en
i586.
— 340 —
1443.
SCHIFFELBEIM.
La Chartreuse de la Paix-de-Dieu, à Schiffel-
beim, ou Schivelbein dans l'ancien diocèse de Ga-
min, en Pome'ranie (Prusse), fut fondée par Con-
rad d'Erlinschusen, grand-maître de TOrdre Teuto-
nique, incorporée à TOrdre en 1445, et supprimée
par les hérétiques, en 1 545.
1446.
NANTES.
La Chartreuse des Saints-Donatien-et-Roga-
tien, au faubourg Saint-Clément à Nantes, au dio-
cèse de ce nom, département de la Loire-Inférieure,
eut pour fondateur François , duc de Bretagne ,
qui donna à cet effet aux Chartreux une ancienne
collégiale. Avec l'assentiment du Souverain Pontife
Eugène IV, les chanoines réguliers se transférèrent
dans un autre endroit, pour laisser place aux
enfants de saint Bruno. Arthur, duc de Bretagne,
comte de Richemont et connétable de France, oncle
et successeur du fondateur, combla ce Couvent de
nombreuses largesses. La Chartreuse des Saints-
Donatien-et-Rogatien, après avoir beaucoup souffert
pendant les guerres de religion, fut supprimée
par la Révolution française, en 1790, et ses biens
furent vendus.
— D41 —
1449.
PADOUE.
La Chartreuse de Saint -Jérome-et-Saint-Ber-
nard, près de Padoue, au diocèse de ce nom, dans
le Padouan (Italie", fut fondée par Pierre Donato,
Évêque de Padoue, d'après les clauses de son tes-
tament daté de 1447. Elle avait été établie dans
un Couvent de Religieuses de l'Ordre de Citeaux
transférées dans la ville de Padoue. Dans les guer-
res du commencement du XVIe siècle, elle fut en-
tièrement détruite, mais on la reconstruisit un peu
plus loin, vers 1 534. L'Ordre l'abandonna en 1770.
1450.
VILLEFRANCHE.
La Chartreuse du Saint-Sauveur, près de Ville-
franche-en-Rouergue, au diocèse de Rodez, dé-
partement de l'Aveyron,fut d'abord établie par Ve-
sian Valette, riche négociant, mais étant mort avant
la fin des travaux, il laissa par testament les som-
mes nécessaires pour terminer les constructions.
Son épouse, dame Catherine Garnier, dota la nou-
velle Chartreuse en 1452; toutefois l'incorporation
à l'Ordre ne date que de 1491. Ce Monastère souf-
frit beaucoup des déprédations des Calvinistes, et
fut supprimé par décret de l'Assemblée nationale
en 17110.
— 342 —
1454.
FERRARE.
La Chartreuse de Saint-Christophe, près de
Ferrare, au diocèse de ce nom, dans les États du
Pape (Italie), fut fondée par Borsius, duc de Man-
toue et de Ferrare, et dotée par un grand nombre
de bienfaiteurs. L'église du Couvent ayant été dé-
truite, dans les guerres du XVIe siècle, fut recons-
truite en i5yo. Cette Chartreuse, supprimée en
1804 par Napoléon Ier, n'a pu être rétablie et sert
actuellement de cimetière.
1454.
1LLEMBACH.
La Chartreuse du Jardin-Notre-Dame, ou Hor-
tus-Beatœ-Mariœ, à Illembach, que la carte écrit
Hulbach, au diocèse de Wurtzbourg, dans la Fran-
conie (Allemagne), eut pour fondateurs Baltazar
Faer de Berg et Madeleine de Westembourg, son
épouse ; elle fut supprimée à la fin du XVIIIe siècle
par les armées françaises.
1454.
BRUXELLES.
La Chartreuse de Notre-Dame-des-Graces, près
de Bruxelles, au diocèse de Malines. dans le Bra-
— . 343 —
bant (Belgique), fut fondée par Dom Henri de Léon,
Prieur de la Chartreuse deCapelle,et le Conseil de
Bruxelles, avec l'assentiment de Philippe-le-Bon,
duc de Bourgogne, regardé comme un des princi-
paux bienfaiteurs. La Bulle de Pie II, en faveur de
cette Chartreuse, est datée du 5 des ides de jan-
vier 1458. Son église fut termine'e, grâce aux li-
béralités de l'Empereur Charles-Quint, en 1524.
Ce Couvent bâti primitivement dans la campagne,
entre Lachen et Anderleck, fut ruiné pendant les
longues guerres qui désolèrent la contrée au XVIe
siècle et enfin brûlé par les hérétiques, en 1578.
Les Religieux réfugiés à Bruxelles reconstruisirent
leur Monastère dans l'enceinte de la ville, vers
1 5gi , sous les auspices de Dom Pierre de Léon et
de Dom Hercule Winckele. Les bienfaiteurs de
cette seconde fondation furent Gabriel Pagador de
Saint-Etienne, Biaise Ocone et Albert, archiduc
d'Autriche, duc de Brabant. L'Empereur Joseph II
ordonna sa suppression, en i"83.
1455.
VÉDANA.
La Chartreuse de Saint-Marc, près de Védana,
au diocèse de Bellune, dans le Bellunèze (Italie),
eut pour fondateurs le doyen et le Chapitre de l'é-
glise cathédrale de Bellune avec l'assentiment de
François Patavin, Évêque de Bellune; elle fut éta-
blie dans un Couvent gouverné par des séculiers
— 344 —
et ne put être incorporée à l'Ordre des Chartreux
qu'en 1466. Ruiné par les guerres du XVIe siècle
ce Monastère fut abandonné par l'Ordre en 1770.
Il a été racheté en 1882, et une nouvelle Commu-
nauté y a été établie Tannée suivante.
1458.
ITTENGEN.
La Chartreuse de Saint-Laurent, à Ittengen,
près du lac de Constance, dans le canton de Tur-
govie (Suisse), alors du diocèse de Constance, doit
son origine au Pape Pie II, qui l'établit dans un
ancien Couvent de chanoines réguliers de Saint-
Augustin. On compte parmi les bienfaiteurs de
cette Chartreuse Jean-Louis Pfeiffer, d'une noble
famille de Lucerne, sa mère, son frère et sa belle-
sœur. Ce Couvent fut pillé et brûlé par les hé-
rétiques au XVIe siècle et ne releva ses ruines
qu'avec peine; il fut supprimé au commencement
du XIXe siècle.
1466.
BOIS-LE-DUC.
La Chartreuse de Sainte-Sophie-de-Constanti-
nople, près de Bois-le-Duc, dans un lieu nommé
Vucht, au diocèse de Bois-le-Duc (Hollande^ eut
pour fondateurs Ludolphe Van-Waester, cha-
— 345 —
noine de Bois-lc-Duç, et plusieurs riches bour-
geois de cette ville. Son incorporation à l'Ordre
date de 1472. On cite parmi ses bienfaiteurs
Charles, duc de Bourgogne -, Arnould de Herlair
et sa femme Adélaïde Pieckia, que l'on trouve
encore écrit Pichs. Pendant les guerres de reli-
gion, dans le XVIe siècle, cette Chartreuse fut
pillée et saccagée, en i58o, et les Religieux du-
rent se retirer dans la ville de Bois-le-Duc. Ils
essayèrent de s'y établir, mais sans succès. En
1629, l'Ordre supprima ce Monastère et ses biens
servirent à doter la Chartreuse d'Anvers, où les
Religieux de Bois-le-Duc s'étaient retirés.
1470.
DELFT.
La Chartreuse de Saint-Barthélémy, près de
Delft, au diocèse d'Utrecht (Hollande), fut fondée
par Francon de Borsal, comte d'Ostrevent, et dé-
truite par les Luthériens, en i5(m).
1475.
CANTAVE.
La Chartreuse de La Compassion-de-la- Vierge-
Marie^ Cantave,près de la ville de Juliers, au dio-
cèse de Cologne, électorat de Cologne (Allemagne ,
reconnaît pour fondateurs Guillaume VI, duc de
— 346 —
Juliers ; Elisabeth, son épouse, et quelques mem-
bres de sa famille. Cette Chartreuse qui ne fut
incorporée qu'en 1480, compte parmi ses bien-
faiteurs Hermann de Barchiis, prévôt de l'église de
Clèves. En 1610, les troupes du prince de Nas-
sau la saccagèrent ; en 1794, les armées fran-
çaises en chassèrent les Religieux, et en 1802 eut
lieu la vente du Monastère et de ses propriétés.
1475.
XÉRÈS.
La Chartreuse de La Défense-de-la-Bienheu-
reuse- Vierge-Marie ou de Defensione-Beatœ-Ma-
riœ, à Xérès-de-la-Frontera, au diocèse de Sé-
ville, dans l'Andalousie (Espagne), fut fondée par
Alvarez Obertos de Valeto, consul à Xérès et
Génois d'origine. Les travaux ayant trainé en lon-
gueur, ce Monastère ne fut incorporé à l'Ordre
qu'en 1484, après avoir été richement doté. Selon
Morozzo, la première pierre fut posée seulement
le 17 décembre 1478. La suppression date du 11
octobre 1 835.
1476.
DULMANIE.
La Chartreuse du Chateau-Notre-Dame, près
de Dulmanie,au diocèse de Munster, en Westphalie
— 347 —
(Allemagne, fut établie par Gérard Keppel, Ma-
réchal du duché de Clèves, de concert avec sa
belle-fille, Hildegonde Avortz, veuve de son fils.
Elle subit beaucoup d'épreuves pendant les guerres
de religion et fut supprimée, en 1794, par les
armées françaises.
1476.
GONRADESBOURG.
La Chartreuse de l'Annonciade, sur le mont
Saint-Sixte, près de Conradesbourg, au diocèse de
Paderborn, en Westphalie (Allemagne), fondée
par Werner Baldwin, docteur en droit, n'eut pas
une longue existence ; pendant les guerres de re-
ligion, les Luthériens s'en emparèrent, chassèrent
violemment les Religieux, et vendirent toutes les
propriétés.
1477.
RÉTHEL.
La Chartreuse de Saint-Sixte, à Réthel, près
de Thionville, au diocèse de Metz, département
de la Moselle, avait été primitivement fondée pour
des Religieuses, par une sœur de Charlemagne ,
puis occupée par des Bénédictins. En 1 4*3 1 ,
Charles-le-Hardi , duc de Lorraine, et Margue-
rite de Bavière la cédèrent aux Chartreux. La
— 348 —
prise de possession n'eut lieu qu'en i 477. Dé-
vastée par les armées françaises, cette Maison fut
rétablie au XVIIe siècle par Dom Hugues Meer-
houran, Prieur, et Dom Hector Sanvitane, Visi-
teur de la province d'Allemagne. Elle était flo-
rissante lorsque la Révolution française décréta sa
suppression et la vendit comme bien national, en
1790.
1479.
GRAGOVIE.
La Chartreuse de Cracovie, au diocèse de ce
nom, dans la Galicie occidentale (Pologne', eut
pour fondateur Jean Dagloss, Archevêque de Lem-
berg ou Léopol, dans la Galicie orientale. Ruinée
par les guerres, elle fut abandonnée par l'Ordre,
en i53o.
1479.
REINSCHAW.
La Chartreuse de La Traxsfiguration-de-Notre-
Seigneur, à Reinschaw, au diocèse de Dresde,
dans la Misnie, Haute-Saxe (Allemagne), avait
appartenu à des chanoines réguliers et avait été
dotée par Jean Federangels, Anne, son épouse, et
les ducs de Saxe ; le Saint-Siège la donna aux
Chartreux en 1479. Les hérétiques s'en emparé-
— .149 ""
rent en 1 527 , la pillèrent, et après avoir maltraité
et chassé les Religieux, vendirent toutes les pro-
priétés.
1479.
GAZALLA.
La Chartreuse de La Conceptjon-de-la-Bien-
heureuse-Vierge-Marie, près de Cazalla, au dio-
cèse de Séville, en Andalousie (Espagne), fut fon-
dée par les Chartreux de Séville qui, en 1477,
achetèrent remplacement du château de Pierre-
le-Cruel, roi de Castille. Commencé en 1479, ce
Monastère ne fut incorporé à l'Ordre qu'en 1483,
et dut être abandonné en 1629.
1480.
SAVONE.
La Chartreuse de Notre -Dame- de- Lorette,
près de Savone, au diocèse de ce nom, dans la Ré-
publique de Gênes (Italie), reconnaît comme fon-
dateur Etienne Embroni, citoyen de Savone, qui
dans la suite se fit frère Chartreux. Dans le prin-
cipe, il avait fait bâtir une chapelle qu'il donna à
la Chartreuse de Gènes. Les aumônes des fidèles
servirent à bâtir, en ce lieu, une Chartreuse qui
fut supprimée au XIXe siècle par un décret de
Napoléon Ier.
— 35o —
1480.
AU RAY.
La Chartreuse du Camp- Saint-Michel, près
cTAuray, au diocèse de Vannes, département du
Morbihan, doit son origine à François II, duc de
Bretagne ; il avait fonde' en cet endroit un décanat,
avec huit chapelains -, plus tard, avec l'autorisa-
tion du Saint-Siège, il transféra ailleurs les cha-
pelains et donna cette Maison aux Chartreux, en
1480 ; toutefois elle ne fut incorporée à l'Ordre
qu'en 1492. Un décret de l'Assemblée nationale
la supprima, en février 1790, et Tannée suivante
ses propriétés furent vendues, comme biens na-
tionaux.
1484.
CAMPEN.
La Chartreuse de Saint-Martin, dite le Mont-
du-Soleil, près de Campen, au diocèse d'Utrecht
(Hollande), eut pour fondateurs Roderic Kanne-
tyem, Othon Van Heyden, Lambert Van Houe,
Evrard Van Arko et plusieurs autres particuliers.
Cette Maison ne fut incorporée à l'Ordre qu'en
1494 . Au siècle suivant, vers 1569, les Luthériens
la détruisirent. La carte des fondations relate sa
suppression, à Tannée i58o; TOrdre manquait de
ressources pour la rétablir.
— 35 1 —
1491.
GRYPSHOLM.
La Chartreuse de La Paix-de-la-Bienheureuse-
Vierge-Marie, à Grypsholm, au diocèse de Stran-
ges, dans la Sudermanie (Suède), fut fonde'e par
Sténon Sture , administrateur du royaume de
Suède, puis incorporée à l'Ordre, en 1499, et sup-
primée en i52Ô par les Luthériens qui s'en em-
parèrent.
1491.
LOUVAIN.
La Chartreuse de Sainte-Marie-Madeleine-sous-
i. a-Croix, à Louvain, au diocèse de Malines, dans
le Brabant (Belgique), attribue sa fondation à
Jean Van Overhove, d'Anvers, receveur de' la
maison de Nassau, et Walter Waterleet, prévôt
de l'église de Malbod. Les constructions ne com-
mencèrent qu'en 1496. Parmi les bienfaiteurs se
trouvent Marguerite, sœur d'Edouard, Roi d'An-
gleterre, veuve de Charles, duc de Bourgogne et
de Brabant ; la marquise d'Arscot, veuve de Guil-
laume de Crouy ; Gilles de Potere ; François de
Buslcyden ; Gaspard Turnout ; Jean de Berges ;
Adrien de Hilwyghem; de Meldert ; Catherine Op-
pendorpia ; Gobelin Steegman ; Thomas Zwanen-
burg et Conrad de Sarto, conseiller de l'archiduc
Philippe. L'église fut construite grâce aux libéra-
lités des deux frères Ghisbert et Walter de Potere,
et consacrée en i5oi. L'Empereur Joseph II
supprima ce Monastère en 1783.
1494.
WARASDIN.
La Chartreuse de Notre-Dame de Warasdin,
au diocèse de Zagrab, dans la Croatie (Hongrie),
eut pour fondateur Wladislas VI, Roi de Hongrie
et de Bohême, mais ses revenus étant trop peu
considérables, l'Ordre dut l'abandonner en 1498.
1498.
BANDE.
La Chartreuse de Bande, territoire sous la ju-
ridiction de l'Abbé de Saint- Juste de Suse, en
Piémont, fut construite pour recevoir les Moines
de la Chartreuse de Mont-Benoit ; un siècle plus
tard, en i?Ç)b, l'Ordre l'abandonna et transféra
les Religieux à la Chartreuse de Veillane, au dio-
cèse de Turin.
FONDATIONS
VU SEIZIEME SIECLE
1503.
MAILLARD.
53551
A Chartreuse de Maillard , au diocèse
de Meaux, département de Seine-et-Mar-
ne , eut pour promoteur Dom Ge'rard
Patin, Prieur de la Chartreuse de Paris. Le Cha-
pitre Général de l'Ordre avait approuvé ce projet
qui eut un commencement d'exécution, mais les
oppositions de l'Evêque de Meaux jointes à celles
des Chartreux de Paris obligèrent Dom Patin à
abandonner son dessein et à affermer les biens
de la nouvelle Chartreuse, en 1620.
1504.
BRESCIA.
La Chartreuse de Brescia, près de cette ville,
au diocèse de Brescia, dans le Bressan, appartenait
'23
— 5b4 —
à la république de Venise Italie . La carte des
fondations, tout en citant ce Monastère, ne nous
fait connaître ni son fondateur, ni l'époque où
l'Ordre crut devoir l'abandonner. Tout laisse ce-
pendant pressentir qu'elle n'eut qu'une très courte
existence.
1507.
DE FONTIBUS.
La Chartreuse de Notre-Dame-de-Foxtibls, au
diocèse de Huesca, dans le gouvernement d'Ara-
gon (Espagne), compte comme fondateurs Biaise,
comte d'Aragon et Béatrix de Lune, son épouse.
Son incorporation à l'Ordre date de i5i3. Pour
des raisons qu'on ignore, les Chartreux durent l'a-
bandonner en 1564 et se retirer dans un Couvent
de nouvelle fondation, ayant pour vocable La
Cour-Dieu, sur le bord de la rivière de Gallego.
Au siècle suivant, la Chartreuse de Notre-Dame-
de-Fontibus fut rétablie à l'endroit primitif, et
enfin supprimée en 1 835.
1511.
RODEZ.
La Chartreuse de Rodez, située près de cette
ville, au diocèse de Rodez, département de l'Avey-
ron. doit sa fondation à Hélion Geoffroy, prévôt
— roi) —
de L'église d'Albi et chanoine de Rodez ; elle
souffrit beaucoup des déprédations des Calvinis-
tes , et fut abandonnée par l'Ordre dans le cou-
rant du XVIIIe siècle.
1511.
GRENADE.
La Chartreuse de l'Assomption, au village de
Inadamar, près de la ville de Grenade, au diocèse
de ce nom, dans le royaume de Grenade (Espa-
gne), fut fondée par les Religieux de la Chartreuse
de Paular, en Castille. Dès 1458, ce projet avait
été formé et recevait l'approbation du Chapitre
Général de 1469, mais les travaux ne purent com-
mencer qu'en i5o6, sur un terrain donné par Fer-
dinand de Cordoue, et se terminèrent en i5ii.
Cette installation n'eut pas de résultats favorables,
et en i5i6,on fut obligé de transférer le Monastère
dans la ville de Cordoue. La nouvelle Chartreuse
ne fut incorporée à l'Ordre qu'en i55o.On compte
parmi les bienfaiteurs les Rois d'Espagne et Gon-
zague de Cordoue. La suppression date de 1 835.
1564.
AULA-DEI.
La Chartreuse de La Cour-de-Dieu, ou de Aula-
Dei, sur le bord de la rivière de Gallego, près de
— 356 —
Saragosse, au diocèse de ce nom. gouvernement
d'Aragon Espagne, fut fondée par le Cardinal
Ferdinand d'Aragon, Archevêque de Saragosse, et
incorporée à l'Ordre en 1676. Dès le commence-
ment de sa fondation, ce Couvent servit de refuge
aux Religieux de la Chartreuse de Notre-Dame-de-
Fontibus ; il fut supprimé en 1 835 .
1578.
GAILLON-BOURBON.
La Chartreuse de Notre-Dame-de-Bonne-Espé-
rance, près de l'ancien château de Gaillon-Bour-
bon, au diocèse d'Evreux, département de l'Eure,
eut pour fondateur le Cardinal Charles de Bour-
bon, Archevêque de Rouen, oncle de Henri IV.
Ce prélat n'ayant pu achever son œuvre avant
sa mort, on fut obligé pour donner au nouveau
Couvent les revenus suffisants, d'y unir deux an-
ciens prieurés; dans la suite on concéda aux Char-
treux les revenus de l'Abbaye du Mont-Sainte-Ca-
therine, de Rouen. Les lettres-patentes du Roi de
France, concernant le concordat passé entre les
Religieux de Sainte-Catherine et les Chartreux de
Gaillon, sont datées du 4 janvier [5g8 et du 14
octobre 1602. Ce Monastère, y compris l'église,
devint la proie des flammes, le 9 août 1764. Les
Chartreux le reconstruisirent avec peine, et les tra-
vaux ne furent terminés qu'en 1777 ; un décret de
l'Assemblée nationale le supprima en 170,0.
1585.
ARA-CHRISTI.
La Chartreuse de l'Autel-du-Christ, ou d'Ara-
Christi, près de Valence, au diocèse de ce nom,
province de Valence (Espagne), fut fondée par Hélè-
ne de Roig, d'après les intentions de son frère, le cé-
lèbre Christophe de Roig, chevalier, docteur en
droit de l'Université de Valence, chanoine de Va-
lence et inquisiteur d'Aragon. Sa suppression date
de 1 83 5.
1585.
LYON.
La Chartreuse du Lys-du-Saint-Esprit, dans la
Aille de Lyon, au diocèse de ce nom, département
du Rhône, fut construite par l'Ordre même des
Chartreux, avec des revenus accordés par le Cha-
pitre Général. Pierre de Villars, Archevêque de
Vienne, en posa la première pierre en 1587. Henri III,
Roi de France, fit quelque bien à cette Maison et
s'en déclara le fondateur. Parmi les principaux
bienfaiteurs, on cite un riche négociant nommé
Robivien qui s'y fit Chartreux et Henri IV, Roi de
France. La Chartreuse du Lys-du-Saint- Esprit
s'enrichit des biens du Couvent des Moniales dit
Poleteins qui avait été abandonné par l'Ordre.
Elle fut supprimée, en ijqo, par la Révolution
française et vendue comme bien national.
— 358 —
1587.
ÉBORA.
La Chartreuse de l'Echelle-du-Ciel, ou de
Scala-Cœli près d'Ebora, au diocèse de ce nom
(Portugal1, eut pour fondateurs Théotone de Bra-
gance, Archevêque d'Ebora, et la famille des
ducs de Bragance. On ignore l'époque de sa sup-
pression.
1590.
ARA-CŒLI.
La Chartreuse de l'Autel-du-Ciel, ou d'Ara-
Cœli, près de Lérida, au diocèse de ce nom, en
Catalogne (Espagne), se trouvait dans un ermitage
donné aux Chartreux, par un Induit apostolique,
du consentement des intéressés-, mais cette fonda-
tion n'ayant pas réussi, les Chartreux remirent,
quelques années plus tard, cette propriété à ses
premiers possesseurs.
1593.
LISBONNE.
La Chartreuse du Val-de-Miséricorde, près de
la ville de Lisbonne, au diocèse de ce nom, dans
l'Estramadure Portugaise, fut d'abord construite
— oog —
dans la ville même de Lisbonne ; mais les Char-
treux n'y trouvant pas la solitude désirable, le
Monastère fut transféré, dès i5()j, en dehors de
la ville, sur le bord de la mer, par les soins de
Georges d'Alayde, Evêque de Yiseu, dans la pro-
vince de Béira, et de noble dame Simoa Gudiana.
1595.
VEILLANE.
La Chartreuse de Veillane, au diocèse de Tu-
rin, en Piémont (Italie), fut établie sous le vocable
de la Sainte-Trinité, dans un Monastère de l'Or-
dre des Humiliés. On croit qu'elle fut donnée,
en r 5 9 1 , en compensation de la Chartreuse de
Bande. Le nouveau Monastère n'eut pas une lon-
gue existence; au commencement du siècle suivant,
il fut détruit de fond en comble, Dar suite des suer-
res, et les Religieux durent se réfugier d'abord à
Mont-Benoît, vers i(53o, puis à la Chartreuse de
Turin, en [640.
1600.
MOLSHEIM.
La Chartreuse du Mont-Sainte-Marie, de Mols-
heim, au diocèse de Strasbourg Alsace , fut fondée
par les Chartreux de Strasbourg, chassés de leur
Couvent par les Protestants. Après la destruction
— Mdo —
de leur Maison, en i5qi, ces Religieux s'étaient
réfugiés dans la ville où ils possédaient un hospice,
mais ne pouvant y suivre la vie régulière, ils se re-
tirèrent quelques années plus tard à Molsheim.
Charles de Lorraine, Cardinal et Evêque de Stras-
bourg, contribua largement à cette nouvelle fonda-
tion. La Chartreuse de Molsheim fut supprimée
par décret de l'Assemblée nationale, en 1790.
FONDATIONS
DU DIX-SEPTIÈME SIÈCLE
1602.
TOULOUSE.
ANS le département delà Haute-Garonne,
la Chartreuse de Toulouse, au diocèse de
|ce nom, doit sa fondation aux Chartreux
de Castres, chassés de leur Monastère par les Cal-
vinistes, en i 5 1 >— . D'après Morozzo, cette fonda-
tion remonterait à la seconde moitié duXIVTe siècle.
Ce Couvent étant tombé en ruines, aurait été
abandonné par l'Ordre, puis rétabli en [602. Sac-
cagé par les Calvinistes, en i(3o5, il fut de nou-
veau restauré, et enfin supprimé par la Révolu-
tion française, en 1790.
1605.
BORDEAUX.
La Chartreuse de Notre-Dame-de-Misi::rk:orde,
au faubourg de Bordeaux, au delà de la Garonne.
— 362 —
au diocèse de Bordeaux, département de la Giron-
de, eut pour fondateurs Ambroise de Gasq, seigneur
de Bleignac, baron de Saint-Sulpice, qui se fit
Chartreux au Monastère de La Tour, en Calabre.
et Ambroise d'Escoubleau, Cardinal de Sourdis.
Au XIVe siècle, quelques Chartreux de Vauclair,
chassés de leur Couvent par les Anglais, avaient
bâti un petit ermitage près de Bordeaux, sur une pro-
priété qui leur avait été donnée par Pierre Madc-
ran, notaire de la ville. L'acte est du 5 octobre 1 383 .
Arnaud Andra, chanoine et prévôt de l'église Saint-
Seurin,leur avait fait aussi une donation le 2(3 août
1425. Toutefois, ils quittèrent cet ermitage, en 1460,
pour retourner à Vauclair, et ce fut seulement au
XVIIe siècle que le Chapitre Général rétablit la
Chartreuse de Bordeaux. La Révolution française
la supprima en 1790 et la lit vendre comme bien
national.
1618.
LA BOUTILLERIK.
La Chartreuse de Notre-Dam!:-i>es-Si:pt-Doi-
leirs, ou de la Boutillerie, sur la Bèque. près de
Fleurbaix, au diocèse d'Arras, département du Pas-
de-Calais, fut fondée par Jean Le Vasseur, écuver,
licencié en l'un et Pautre droit, mayenr de la ville
de Lille, seigneur de la Boutillcrie et de Rabo-
danges. Parmi les bienfaiteurs de cette Maison, on
cite: l'Archiduc Albert et Isabelle d'Espagne, son
— 363 —
épouse; Girard de Mérodes, seigneur d'Oignies;
Hippolyte Petitpas, seigneur de Gamaus, Jean
Vanvicht, seigneur de Nieuvenhove; Jean de Bos-
quiel, seigneur de Cadmitz ; Dom Jean de Méers,
Abbé de Saint-Sauveur d'Anchin -, Charles de Lal-
laing, comte de Hooestrate ; Antoine d'Oignies,
seigneur de Pérenchies. La première pierre de l'é-
glise fut bénite le 25 septembre 1627, mais la
consécration, présidée par Christophe de France,
Évêque de Saint-Omer, n'eut lieu que le 16 sep-
tembre 1644. Dans le courant du XVIIe siècle, le
Monastère et ses propriétés furent pillés et ravagés
par les Allemands. A cette époque on cite parmi
les bienfaiteurs : en 1647, François Leclerc, sei-
gneur de Montisant, chanoine de Cambrai ; Phi-
lippe Lefebvre, curé de Fromelles et doyen du dis-
trict de La Bassée; en 1648, Jacques de Voogt,
seigneur de Sonnebeck; Antoine Blave ; chapelain
de Notre-Dame-de-Maisnil; en 1649, Thomas Bras-
me, pasteur du Maisnil; en i652, Philippe de'Hay-
nin, seigneur du Maisnil; en 1657, Albert-André de
Sainte-Aldcgonde, baron de Maingoval; en 1660,
Michel de Lannoy, seigneur de Carnoy ; en [669,
le Cardinal d'Esté, Abbé de Saint-Yaast, et les
Religieux de son Abbaye; et en 1043, Michel Le
Tel lier, plus tard chancelier de France.
La Chartreuse de la Boutillerie eut encore beau-
coup à souffrir, en 170(5 et en 1708, des dépréda-
tions des Allemands, des Anglais et des Hollandais.
A l'époque de la Révolution, elle devait servir de
lieu de réunion pour les Chartreux de la contrée,
— 3(54 —
mais, en 1791, les révolutionnaires tirent vendre le
Couvent et ses propriétés comme bien national.
1620.
WALDITZ.
La Chartreuse de l'Assomption-de-la-Bienheu-
reuse- Vierge-Marie, ou encore Camp-Notre-Dame,
au diocèse de Prague (Bohême), eut pour fondateur
Albert de Waldestein, prince du Saint-Empire,
conseiller de l'Empereur et capitaine général. Il do-
ta richement les Chartreux, mais étant mort et ses
biens ayant été réunis au fisc, l'Empereur Ferdi-
nand s'attribua le titre de fondateur, en concédant
aux enfants de saint Bruno les biens qui prove-
naient d'Albert de Waldestein. La première pierre
de l'église fut posée le 3o juillet i632, par le Car-
dinal Ernest de Harach, Archevêque de Prague;
et la consécration se fit par Matthieu Ferdinand,
Archevêque de Prague, le 9 octobre [668. Ce
magnifique sanctuaire fut détruit dans un incendie,
le jour de Saint-Marc de l'année 1676, et recons-
truit aussitôt avec plus de splendeur. L'Empereur
Joseph II supprima ce Monastère en 1782.
1621.
ORLÉANS.
La Chartreuse d'Orléans, près de la ville, au
faubourg Bannier, diocèse d'Orléans, département
— 365 —
du Loiret, fut construite sur remplacement d'une
ancienne léproserie. Le Roi de France, Louis XIII,
fondateur de cette Chartreuse, accorda aux enfants
de saint Bruno les revenus de cet hôpital et lit les
premiers frais d'installation. L'Ordre prit posses-
sion de ce Monastère, en 1624. Un décret de l'As-
semblée de 1790 le supprima, et ses propriétés
furent vendues comme bien national, à la même
époque.
1623.
RIPAILLE.
La Chartreuse de l'Annonciade, à Ripaille, près
de Thonon, sur les bords du lac Léman, au dio-
cèse de Genève, dans le Chablais (Savoie), rem-
plaça un prieuré de Chanoines Augustins doté, en
1410, par Amédée VIII, comte de Savoie. Le fon-
dateur de la Chartreuse fut Charles-Emmanuel Ier,
duc de Savoie, d'après le désir exprimé par saint
François de Sales. Les lettres-patentes sont datées
du 12 octobre 162 3 et du 24 avril 1624. Les biens
de la Chartreuse de Vallon furent donnés au nou-
veau Monastère par le Général de l'Ordre; la carte
du Chapitre Général de [628, en relatant cette
translation, rappelle que le duc de Savoie Charles-
Emmanuel enrichit ce Couvent. La Chartreuse de
l'Annonciade fut supprimée par la Révolution fran-
çaise, en [793, et ses biens furent vendus le 24
messidor an IV.
— 366 —
1623.
ANVERS.
La Chartreuse de La Lyre, près d'Anvers, au
diocèsede ce nom, en Brabant Belgique , eut pour
fondateurs quelques riches citoyens d'Anvers. Le
Chapitre Général y adjoignit les biens de la Char-
treuse de Bois-le-Duc abandonnée par l'Ordre.
Nous avons vu que le Monastère de Sainte-Cathe-
rine avait été démoli par suite des guerres, en
044 -, ses revenus furent plus tard cédés à la Char-
treuse de La Lyre. Le manuscrit de la Grande
Chartreuse pense que l'on commença les travaux
de ce Couvent, au milieu du XVIe siècle et cite
Dancart, citoyen d'Anvers, comme son insigne
bienfaiteur. L'Empereur d'Autriche, Joseph II le
supprima en 1783.
1625.
MOULINS.
La Chartreuse de Saixt-Josf.ph, de Moulins, au
diocèse de ce nom, département de l'Allier,- fut
fondée par Henri de Bourbon, prince de Condé.
et par les Chartreux de Bonnefoy, en Vivarais.
Dom François de Lingendas, ancien Prieur de
Bonnefoy et de Glandier, puis Prieur de Saint-
Joseph de Moulins, y éleva de belles constructions,
vers iG3o ; et Dom Jean Joyet, termina les travaux
- M)7 -
vers 1(548. Ce Monastère fut supprimé, en [790,
par décret de l'Assemblée nationale.
1626.
NIEUPORT.
La Chartreuse de Nieuport, au diocèse d'Ypres,
province de Flandre (Belgique, fut fondée par Phi-
lippe IV, Roi d'Espagne, pour les Chartreux An-
glais; la charte est du 20 juin [626. Ces Religieux
s'étaient d'abord réfugiés à Bruges, mais chassés de
cette ville par les Calvinistes, en 1 5y8, ils reçurent
l'hospitalité dans différentes Maisons de l'Ordre
et se retirèrent à Louvain, en 1090, puis à Mali-
nes, en i5c)r. Ils y restèrent jusqu'au moment où
Philippe IV leur donna Nieuport. L'Empereur
Joseph II supprima ce Monastère, en 17S0.
1628.
LE PUY.
La Chartreuse du Puy, dans le village de Brives-
Charensac, au confluent de la Borne, au diocèse
du Puy-en-Vélay, départementale la Haute-Loire,
doit sa fondation à Juste de Serres, Évèque du
Puy, de concert avec le Chapitre de son église ca-
thédrale. Cette Chartreuse supprimée, en 1790,
par l'Assemblée nationale, sert actuellement de
petit séminaire.
— 368 —
1621.
NANCY.
La Chartreuse de Sainte-Anne près de Nancy,
au diocèse de ce nom, en Lorraine, département
de la Meurthe, fut fondée par le duc Charles IV
de Lorraine sur le domaine confisqué à Melchior
de la Vallée, protonotaire Apostolique, chantre et
chanoine de la collégiale de Saint-Georges . Les
lettres-patentes sont datées du 19 juillet i632. Lors
de l'invasion des Français en Lorraine en 1634, la
Communauté fut obligée de se disperser, mais le
duc Charles, étant rentré dans ses États, dota la
Chartreuse par lettres-patentes du 20 octobre 1662.
Quelques années plus tard, en 1666, les Religieux
furent transférés à Bosserville, et Sainte-Anne ser-
vit d'annexé pour la résidence de quelques Moines.
La Chartreuse de Sainte-Anne fut supprimée, en
1790, par la Révolution française et vendue comme
propriété nationale, le 3 juin 1 79 r .
1633.
MARSEILLE.
La Chartreuse de Sainte-Marie-Madeleine, à
Marseille, près du jardin des plantes.au diocèse de
Marseille, département des Bouches-du- Rhône ,
doit sa fondation aux Chartreux de Villeneuve,
près d'Avignon, sous le priorat de Dom Pacifique
— 369 —
de Mont. Déjà en 12 14, les Chartreux possédaient,
dans la ville de Marseille, un hospice qui avait
été fondé par Pierre Brémont, prévôt du Chapitre
de Marseille, de concert avec Hugues, Raymond,
Itier et Aycart de Rochefort ; mais en 1249, le
bâtiment occupé par les Chartreux étant nécessaire
aux Religieuses de l'Abbaye de Notre-Dame-du-
Mont-de-Sion, ils le leur cédèrent, et Benoît d'Ali-
gnane, Evoque de Marseille, construisit en échange,
pour les Chartreux, une Maison près du Couvent
des Frères Mineurs.
L'acte ou contrat de la nouvelle fondation fut
passé le 23 janvier i633, et ratifié par le Révérend
Père, le 20 avril de la même année; l'acte d'achat
de la Bastide d'Anguilhenqui, où Ton éleva le Mo-
nastère, était daté du i5 mars 1 633. La première
pierre fut posée par le Maréchal de l'Hospital, mar-
quis de Vitry, gouverneur de Provence et- bénite
par François de Loménie, Évêque de Marseille, le 8
septembre 1 633 . On cite parmi les principaux bien-
faiteurs François de Foresta, seigneur de Caste-
lar; Jean-Augustin de Foresta, son frère; Antoine
et Léon de Valbelle ; Jean de Garnier; messire
Louis de Paulo, président au Parlement d'Aix;Léon
d'Albertas, seigneur de Jonques ; Jean-Antoine de
Glandèves, comte de Pourrières, et Antoine de
Riquetti. Au mois de mai i65G, Louis XIV prit
la Chartreuse de Marseille sous sa protection. L'é-
glise du Monastère, terminée en 1696, ne fut con-
sacrée que le 11 décembre 1702, par Charles-Gas-
pard-Guillaumc de Yintimillc du Luc, Evêque de
24
— ^7° —
Marseille; elle fut désignée comme église constitu-
tionnelle. Un décret de l'Assemblée nationale, en
1790, supprima le Couvent dont une partie servit
plus tard au Noviciat des Frères des Écoles chré-
tiennes.
1633.
AIX.
La Chartreuse de Sainte-Marthe, à Aix, au dio-
cèse de ce nom, département des Bouches-du-Rhô-
nc, aurait été, d'après le manuscrit de la Grande
Chartreuse, commencée, en 1623, et incorporée à
TOrdre en 1 6 3 3 . Elle eut pour fondateur Jean-An-
dré Aimar, cons2iller au Parlement d'Aix, d'après
les conseils de Louis-Alphonse-Duplessis de Riche-
lieu, Archevêque d'Aix. La Révolution française la
supprima en 1790, et la vendit comme bien na-
tional.
1633.
SARAGOSSE.
La Chartreuse de La Conception-de-la-Biexheu-
reuse-Vierge-Marie, près de la ville de Saragosse,
au diocèse de ce nom, dans la province d'Aragon
(Espagne), compte comme fondateur Alphonse de
Funes et de Villalpando; Gérômina Zaporta, son
épouse, et plusieurs autres gentilhommes de la con-
trée. Cette Chartreuse fut supprimée en 1 835.
1640.
VIA-CŒLI.
La Chartreuse de la Voie-du-Ciel ou de Via-
Cœli, non loin de Orihuella, sur la rivière de
Se'gura, au diocèse de Orihuella, province de
Valence (Espagne), avait ète' fondée par Thomas
Pe'dros, mais peu de temps après, les revenus
e'tant insuffisants, l'Ordre se trouva dans la né-
cessité de l'abandonner en 1681.
1641.
GELDA.
La Chartreuse de Gelda ou Gilda, au diocèse
de Gnesne, en Posnanie (Pologne), fut fondée
par l'illustre dame Suzanne de Przerembska,
veuve de Jean Obieski, sous-chambellan de Po-
logne. On ignore l'époque de la suppression.
1642.
TURIN.
La Chartreuse de Notre-Dame-de-l'Anxoncia-
tiox, au village de Collegno, près de Turin, au
diocèse du même nom, en Piémont (Italie), eut
pour fondatrice, Christine de Bourbon, fille de
Henri IV, Roi de France, et veuve de Victor-
3j2 —
Amédée, duc de Savoie. Ce Couvent avant e'te'
ravagé par les arme'es républicaines, les Religieux
furent obligés de se disperser. Après i83o, le Roi
Charles-Albert rappela les Chartreux à Collegno,
mais quelques années plus tard, ils en furent bru-
talement chassés le 10 août 1854, par le gouver-
nement constitutionnel du Piémont. Actuellement
ce Monastère est devenu un hôpital de fous.
1650.
BÉRÉZE.
La Chartreuse de Sainte-Croix, près de Béréze,
au diocèse de Lucko, en Polésie (Pologne, eut
pour fondateur Casimir-Léon Sapichavica , que
quelques auteurs nomment Sapieska , vice-chan-
celier de Lithuanie, et Christine-Théodora, com-
tesse de Parnon, son épouse. Les cartes des Cha-
pitres Généraux de 1654 et de 1 656 relatent les
bienfaits dont fut comblée cette Chartreuse par
les pieux fondateurs; la date de suppression est
inconnue.
1662.
DOUAI.
La Chartreuse de Saint-Joseph-et-Saint-Morand,
à Douai, au diocèse de Cambrai, département du
Nord, fut d'abord fondée vers la fin du XVIe siècle,
070
par les Chartreux de Notre- Dame-de-Macourt-lez-
Marly près de Valenciennes, qui chassés de leur
Couvent par les Protestants essayèrent, sans succès,
de s'établir à Douai. En i63o, le Prieur de Va-
lenciennes, Dom Anthelme de Prouville, reprit le
projet abandonné au siècle précédent. La demoi-
selle Marie Loys, d'après les conseils de Philippe
Caverel, Abbé de Saint- Vaast d'Arras, et les vo-
lontés dernières de son frère Nicolas Loys, docteur
en théologie, chanoine de Tournay, testa en faveur
des enfants de saint Bruno, le 10 janvier i65_l; et
le Roi Philippe IV, par lettres-patentes, en date
de Bruxelles i655, autorisa la nouvelle fondation.
Les Chartreux s'établirent en 1660, dans un en-
droit appelé Hiérusalem, puis, en 1662, dans un
ancien Couvent de Religieux Prémontrés, dits de
Saint-Nicolas de Fumes. Philippe IV, par lettres-
patentes d'avril i665, approuva l'établissement de
la nouvelle Chartreuse. Parmi les bienfaiteurs
on cite : les Chartreux du Mont-Dieu ; Dom An-
toine Crépieul de Douai, profès de la Grande
Chartreuse ; Michel Verdière, bourgeois de Lille;
Antoine Debus, sieur de TEstoile, échevin de
Douai-, Marie de Prouville, veuve de Louis de Hai-
nin, chevalier, seigneur du Cornet ; Le Carlier,
conseiller d'Artois, et Dubois, Abbé de Saint-
Aman d.
Les travaux commencés en 1 663, puis suspendus
à cause de la conquête de la ville par Louis XIV,
ne furent repris qu'en 1680. L'église, commencée
en 1700, fut terminée en 1722 et bénite le G oc-
— 3;4 —
tobre 1723 par Jean de Ransart, vicaire capitu-
laire d'Arras. En 1700, la Révolution française
fit vendre les propriétés comme biens nationaux,
et affecta les bâtiments au service des magasins
d'artillerie.
1666.
BOSSERVILLE.
La Chartreuse de La Coxception-Immaculée-de-
la-Bienheureuse- Vierge-Marie, à Bosserville, entre
Nancy et Saint-Nicolas, au diocèse de Nancy, en
Lorraine, département de la Meurthe, eut pour
fondateur Charles IV, duc de Lorraine, qui y
fit transférer les Religieux de la Chartreuse de
Sainte-Anne, près de Nancy. Les lettres-patentes
de cette fondation sont datées du 2 3 janvier 1666.
Camilly, Évêque de Toul, consacra l'église le 7
octobre 171 2. Cette Chartreuse ne fut terminée
qu'en ij3i, par Léopold, duc de Lorraine et de
Bar, petit-neveu du fondateur. La Révolution
française la supprima et convertit les bâtiments
en ambulance militaire ; la mise en vente, comme
propriété nationale n'eut lieu que le 27 ventôse,
an VI de la République.
Le 2(5 mars 1 835, le Révérend Père Général,
Dom Jean-Baptiste Mortaize , racheta cette ma-
gnifique Chartreuse et la fit restaurer. Parmi les
principaux bienfaiteurs qui vinrent au secours
des Chartreux, dans cette circonstance, on compte
— 3y5 —
Dom Bernard Abram -, Dom Joyeux, ancien Char-
treux, chanoine et secrétaire de l'évêché de Metz;
Louis-Philippe, Roi des Français; Mgr. deForbin-
Janson, Évcque de Nancy; Mgr. Donnet, son
coadjuteur ; Mgr. de Prilly, Evêque de Châlons-
sur-Marne ; M. de Dumast ; le baron de Hart ;
M. Seillière ; le comte de Saint-Mauris; le comte
d'Oursch; le marquis The'odore de Ludres; l'abbé
de Gournay ; l'abbé Berman ; l'abbé Gennat ;
l'abbé Ducherrai et M. Yagner. La Chartreuse
de Bosserville contient actuellement trente cel-
lules dans le cloître.
1667.
ROUEN.
La Chartreuse de Saint-Julien, près de Rouen,
non loin du faubourg Saint-Sévère, au diocèse
de Rouen, département de la Seine-Inférieure,
était occupée par des Bénédictins ; le Chapitre
Général y adjoignit les biens de la Chartreuse
de la Rose-Notre-Dame abandonnée par l'Ordre.
Ce Monastère fut supprimé par le décret de
l'Assemblée nationale du i3-ig février 1790.
FONDATIONS
"DU 'DIX-'hlEUVIEME SIECLE.
1822.
B E A U R E G A R D
A Chartreuse de Sainte-Croix-de-Beau-
regard, près de Voiron, au diocèse de
Grenoble, département de l'Isère, fut éta-
blie pour des Moniales; l'installation eut lieu le 6
juin 1822. Dès 1820, les anciennes Religieuses
Chartreuses s'étaient réunies à Lozier, paroisse de
Vinay, au diocèse de Grenoble, mais ce lieu n'étant
pas assez solitaire, elles achetèrent, avec le secours
du Révérend Père Général, le château de Beaure-
gard et s'y installèrent en 1S22. Les Statuts de ce
Couvent furent approuvés le 26 septembre 1825,
par l'Evêque de Grenoble et enregistrés au Conseil
d'Etat, en vertu d'une ordonnance royale du 3i
décembre 182G. La Communauté fut définitive-
ment autorisée par ordonnance royale du 17 jan-
vier 1827.
1825.
MOUGÈRES.
La Chartreuse de Notre-Dame-de-Pitié, à Mou-
gères, entre le bourg de Roujan et celui de Caux, sur
les bords de la rivière de Peyne, diocèse de Mont-
pellier, département de l1 Hérault, avait été occu-
pée depuis le XIIIe siècle par des Religieux Do-
minicains. La Révolution française les dispersa
et le Couvent fut vendu comme bien national le
18 janvier 1791. Sous la Restauration, en 1825,
la dame Maury, née Trinquet, donna aux Char-
treux l'ancien Monastère en ruines. Les enfants de
saint Bruno s'y établirent sous le Révérend Père
Dom Benoît Nizzatti, avec l'assentiment de Mgr.
Fournier, Evèque de Montpellier. Le nouveau
chœur de l'église fut béni le 8 décembre i865
par Mgr. Thibaut, Evèque de Montpellier. Le
cloître de ce Monastère contient douze cellules.
1854.
BASTIDE-SAINT-PIERRE.
La Chartreuse des Saixts-Cœurs-de-Jésus-et-de-
Marie, à la Bastide-Saint-Pierre, près de Mon-
tauban, au diocèse de Cahors, département du
— 378 —
Lot, a été fondée pour des Moniales, par la
Grande Chartreuse, avec une colonie de Sainte-
Croix-de-Beauregard. La prise de possession est
du 8 septembre i85-j., sous le Généralat de Dom
Jean-Baptiste Mortaize.
1869.
HAÏN.
La Chartreuse de Saixt-Bruxo, ou de Haïn, à
Kaïsserwerth, près de Cologne, au diocèse de ce
nom, Prusse Rhénane (Allemagne), a été fondée
par l'Ordre en 1869, sous le Révérend Père Dom
Charles -Marie Saisson. Le Chapitre Général
avait décidé la construction de ce Monastère près
de la ville de Cologne, pour rappeler le souvenir
du saint fondateur des Chartreux, dans la contrée
où il avait pris naissance. Cette Maison eut une
existence bien courte -, les Religieux en ont été
expulsés pendant la persécution du prince de Bis-
mark, chancelier de l'Empereur Guillaume de
Prusse. En attendant des jours meilleurs, ils y ont
établi un régisseur qui garde la propriété.
1870.
LE GARD.
La Chartreuse de Notre-Da.me-du-Gard, près de
Picquigny, au diocèse d'Amiens, département de
la Somme, fut établie pour des Moniales, sous le
— *79 —
Révérend Père Dom-Charles-Marie Saisson. Ce
Monastère avait e'té occupe par des Religieux de
TOrdre de Citeaux, depuis n38, jusqu'à la Révo-
lution française. En 1816, il fut acheté et recons-
truit par les Trappistes qui le cédèrent, en 1842,
au baron de Vert-Pré, en échange de l'Abbaye de
Sept-Fonts. Les Religieux du Saint-Cœur-de-Marie
qui en étaient devenus propriétaires le revendirent
à leur tour, à M. l'Abbé de Genlis pour y établir
un orphelinat. Le succès n'ayant pas répondu à
l'attente du fondateur, les Chartreux achetèrent
cette Maison et ses dépendances, pour des Moniales
de leur Ordre. La Communauté, constituée en
1870, comprend 25 Religieuses de chœur.
1873.
PARKMINSTER.
La Chartreuse de Saint-Hugues-de-Lincoen, à
Parkminster, non loin de Brigthon, au diocèse de
Southwark, comté de Sussex (Angleterre), a été
fondée par l'Ordre, sous le Révérend Père Dom
Charles-Marie Saisson, le 21 janvier 1873. Les tra-
vaux commencés le i3 septembre 1876 ne furent
terminés qu'en 1882, et Tannée suivante, le Cha-
pitre Général put constituer la nouvelle Commu-
nauté. Le cloître de cette magnifique Maison con-
tient 3(5 cellules. L'église a été consacrée le 10 mai
i883 par Mgr. Robert Coflin, Évêque de South-
wark.
38o
L'Ordre des Chartreux est actuellement divisé
en trois Provinces et compte, en dehors de la
Grande Chartreuse, vingt-six Maisons : treize, en
France; huit, en Italie ; deux, en Espagne -, une, en
Suisse; une, en Allemagne, et une, en Angleterre.
Première Province de France :
Beauregard , fonde' en 1822 (V. p. 376; ; Le
Reposoir , racheté en 1844 (V. p. 200) ; Portes,
racheté et restauré en i856 (V. p. 217) ; Val-
Sainte (V. p. 262) ; Sêlignat , rétabli en 1867
(V. p. 242) ; Le Gard, fondé en 1870 (V. p. 078) ;
Montreuil, reconstruit en 1872 (V. p. 281) ; Mi-
raflores, reconstitué par le Chapitre Général de
1881 (V. p. 33(3) \ Mont-AVegre, (V. p. 334).
Seconde Province de France :
Mougeres, fondé en 1826 (V. p. 377) \ Nancy,
racheté en i835, (V. p. 374) ; Valbonne, racheté
en i836 (V. p. 244) ; Mont-Rieux, racheté en
1843 (V. p. 221) ; Montauban , fondé en 1854
(V. p. 377) -, Vauclair, racheté et rétabli en i858
(V. p. 292) ; Glandier, reconstruit en 1869 V.
p. 247) ; Haïn, fondé en 1869 (V. p. 378) ; Park-
minster, en Angleterre, fondé en 1873 (V. p. 379).
Province d'Italie :
Rome, rétabli en 1814 V. p. 3 10) ; Trisulti,
rétabli en 18 14 (V. p. 245' -, Pise, reconstitué en
1816 (V. p. 3o8 ; Florence, rétabli en 1818 (V.
p. 299) ; Naples , rétabli en i836 (V. p. 285 ;
— 38i —
Pavie, rendu à l'Ordre en 1843 (V. p. 325) ;
Calabre, ou Saint-Étienne-et-Saint-Bruno, racheté
en 1854 (V. p. 216) ; Védana. racheté en 1882
(V. p. 343).
Nous avons cru utile, en terminant cet ouvrage,
de donner un résume des Chartreuses qui existent
actuellement en Europe; le lecteur a pu ainsi mieux
juger du mouvement de renaissance de l'Ordre des
Chartreux. Au déclin de la Révolution française,
il ne restait aux enfants de saint Bruno qu'un seul
Monastère, perdu dans les montagnes de la Suisse,
la Part-Dieu, et on ne pouvait humainement pré-
voir la résurrection de cet Ordre célèbre, frappé de
mort avec tant de retentissement et d'éclat.
D'après les dates de rachat et de rétablissement,
il est facile de constater que cette résurrection s'est
opérée lentement et par la force même des choses.
Les destinées des Ordres monastiques étant unies
par des liens presque indissolubles aux destinées
mêmes de l'Eglise, les Chartreux ont reparu aussi-
tôt que la religion a joui de la liberté ; ils ont relevé
les ruines accumulées par la Révolution ou le des-
potisme, et repris, avec bonheur, leur vie de sacri-
fice et d'abnégation.
L'apparition des disciples de saint Bruno, au
milieu des populations, a été exempte d'hostilité ;
le plus souvent, ils ont été acceptés avec une cer-
taine sympathie ou tout au moins avec une paci-
fique indifférence . Qu'importent, à la plupart des
— 382 —
hommes de notre temps, les desseins de la Provi-
dence en faisant reparaître ces saints Religieux ;
ils ne comprennent pas le rôle du Moine et par là
même ils le tolèrent, mais à la condition que celui-ci
restera dans la solitude de son cloître et ne fera pas
sentir extérieurement son influence sur la société
civile. «L'attention des contemporains, — écrivait-
on dernièrement en parlant des Moines en géné-
ral, — n'a pu voir en eux que des hommes de
prière et de pénitence. Etrangers aux affaires de
ce monde, ils n'ont pas inspiré la crainte, parce
qu'on croyait sérieusement n'en avoir rien à
craindre. Leurs armes, toutes spirituelles, ne sont
pas du nombre de celles qui sont redoutées par
une génération qui regarde le surnaturel comme
une illusion ou un rêve. Leurs larmes et leurs
gémissements ont paru inoffensifs. On y a même
pris un certain intérêt. On a trouvé piquant, en
plein dix-neuvième siècle, d'avoir à visiter, au bout
d'une excursion de touriste, une Chartreuse ou une
Trappe1. »
L'Église a une pensée plus élevée; elle veut, par
la prière de ces pieux Solitaires et des Religieux
leurs émules, désarmer la colère céleste, par leurs
saintes expiations acquitter la dette de la société
envers la justice divine, et par leurs mortifications
multipliées apporter le remède salutaire contre le
sensualisme contemporain. Les vrais catholiques
l'ont bien compris, c'est pourquoi eux du moins
1 L'abbé F. Martin, Les Moines, t. II.
— 383 —
ont reçu les Chartreux avec bonheur et avec vé-
nération.
Fait remarquable, la renaissance de cet Ordre
illustre s'est produite aussi bien dans les pays les
plus remués par l'esprit révolutionnaire que parmi
les nations Protestantes où le schisme règne en-
core en dominateur. Plus que jamais, on com-
prend la nécessité de ces pieux asiles où rame, fati-
guée des luttes de la vie, effrayée des progrès de
l'athéisme, vient, dans la pratique de la pénitence
et de la vertu, chercher un refuge et une consola-
tion. «Telle est maintenant la situation des esprits,
disait Balmès, tel est le développement simultané
de toutes les facultés de l'âme, tel le vide que sen-
tent les cœurs généreux, que si on apprend qu'une
maison de retraite s'est élevée dans quelque désert
et que cette maison est habitée par la mortification
et la prière, elle deviendra l'objet des visites em-
pressées de cette ardente jeunesse qui cherche un
aliment à ses passions de feu, et beaucoup laisse-
ront les bruyants plaisirs de Rome pour le silence
et les austérités de Bethléem1. »
Nous ne croyons pas nous bercer de douces illu-
sions et de vaines espérances, mais, tout en consta-
tant les obstaclesquis'élèvent contre le bien, tout en
faisant la part et des idées révolutionnaires répan-
dues au milieu des peuples et de leurs consé-
quences inévitables, nous sommes persuadés qu'un
jour viendra où l'œuvre d'iniquité sera battue en
1 Mélanges, t. II.
- 384 -
brèche et qu'une réaction religieuse rendra la paix
au monde. Alors les Monastères sortiront pleins de
vie du milieu des décombres amoncele's ; une sève
nouvelle remontera au vieil arbre, privé de ses
branches, mais encore plein de vigueur, et sous les
arceaux des cloîtres se presseront des âmes fortes
et généreuses, décidées à se consacrer à l'amour de
Dieu, à l'édification du prochain et au salut de la
société. « Quand la Religion aura remporté la vic-
toire, disait encore l'éminent écrivain que nous
venons de citer, quand la religion aura du moins
brisé les chaînes qui pèsent de toutes parts sur elle,
qui paralysent son action et brisent ses influences,
quand il sera permis à la foi et à la charité de re-
prendre le cours interrompu de leurs œuvres di-
vines, alors renaîtront d'une manière ou d'une
autre les Communautés religieuses. Les cités et les
déserts verront se rétablir leurs maisons de prière;
les hommes se réuniront encore pour réaliser dans
la vie commune les plus sublimes conseils de
l'Évangile : ils pourront, dans le concert de toutes
les vertus, élever au ciel un cœur ardent et pur;
ils pourront prier pour le bonheur et la conversion
de ceux qui se montrèrent leurs plus implacables
ennemis. »
PIÈCES
JUSTIFICATIVES
PIECES JUSTIFICATIVES
1.
TESTIMONIALES LITTER.E
SENATUS INCLYT.E URBIS COLONLE AGRIPPIN^
DE ANTIQUITATE AC NOBILITATE FAMILI/E S. BRUNONIS
PRIMI CARTUSIANORUM INSTITUTORIS, -
EX EADEM COLONIA ORIUNDI.
Omnibus has visuris, lecturis aut audituris, salutem
in Domino.
OS equestris ac patricii ordinis viri Am -
rnannus, Consules , Quœstores, Proconsules,
ceterique Imperialis Civitatis Colonise Agrip-
pince Senatores notum facimus, et in perpetuam rei
veritatem declaramus , ac attestamur, familiam cogno-
mento de Hardenuust, vel de Hardevust, van Har-
denuust, vel van Hardevust, von Hardenuust , vel
von Hardevust, Hardenuust, vel Hardevust, unam
esse ex illustrissimis et antiquissimis hujus Civita-
23
— 386 —
lis, fuisseque hic stabilitam a Brunone de Duro Pugno,
équité generosissimo, et Pâtre S. Brunonis, Carthu-
sianorum fundatoris circiter ann. MLXVIII. régnante
Henrico III. Romanorum imperatore, Sanctoque An-
none Coloniensium Archiepiscopo, ex quo omnes ex eo
stemmate descendentes e nobilissimis, ac florentissimis
tanto in inferiori quam in superiori Germania uxores
sibi copularunt familiis
Diversis porro muneribus curisque prœcipuis summa
cum laude perfuncti sunt, tum in Imperatorum tum
Regum, Principumque Electorum aula militari, seu
politica, immo non pauci hujus nobilissimce et maximis
magistratibus gestis clarissimœ familias non raro Con-
sules, et primi Senatores prudentissimce hujus Civitatis
fasces gubernarunt, ac militarium S. Jacobi Rhodiensis,
Teutonici, ac Melitensis ordinum equestri dignitate,
et Commendis fuerunt honorati; quin et plures ex ea
emerserunt Episcopi, et illustrium uniusque sexus per
utramque Germaniam Ccenobiorum Prrclati, nec non
Capitulorum Praepositi, ac Canonici, in quœ non alii
admittuntur ac cooptantur, quam qui Illustrissimo san-
guine orti vêtus équestre octo proavorum stemma de-
monstraverunt.
Insuper varias terras, et dominia possederunt, et
etiamnum possident, qualia imprimis respective sunt
ea de Texseldonck, de Grebenclau, de Brait, de Wi-
chem, de Blanckenborg, de Nerven, de Szecke, de Rin-
gelbergh, de Lustorp, de Assenborgh, de Langheraet,
de Ghemen, de Lavenbach, de Dutche, de Ghemenick,
de Bodeberg, de Humen, de Schagen, de Coninxsmar,
de Gasteren, de Bodekerke, de Bouckenem, etc. quo-
rum nomina, et insignia nonnulli gestare et veteris
familias eadem insignia variis ex causis, et ob stirpium
ex aucta sobole, numerum diffusionemque ex more pa-
— 387 —
triiie immutare prœsumpserunt, mutatis vel metallis vel
coloribus, quia et etiam aliquatenus figuris et symbo-
lis ; unde, quot olim fere stirpes in equestri hac gente
tôt fere armorum .... inter se diversitatibus discerne-
bantur, ita ut, quamvis ex eadem radice ceu stipite ori-
undœ communia habuerint exordia, in plures tamen
ramos, et propagines scissœ militaris virtutis tradita a
majoribus insignia, non promis eadem quidem, sed
tamen valde affinia, praeferre voluerint.
Cum enim Bruno de Hardevust eques auratus To-
parcha de Grebenclau, et Brait Sancti Brunonis Carthu-
sianorum Archimandritœ ex Fratre Balduino atnepos,
ac bujus Civitatis Consul, ab invita, et tumultuante
plèbe an. MCCLXXIII. interfectus, varios ex Maria
von Poppinghausen, et Ursula von Jabach dominii de
Wichem haerede uxoribus sustulisset filios, visum fuit
nonnullis, eorum familiam in varios jam dissectam ra-
mos stirpemque et posteritatem cuique suam cognato
quodam ac decerpto ex eodem majorum atro gentilio-
rum digmate discriminare, et ob id Arnoldo, prœfecto
de Keyserwerdt filiorum secundo ( de Vygs etiam co-
gnomine ob res natas assumpto ), duo miniata, ni.veis-
que limbis adornata ad manicas brachia, et quasi tu-
mescentem in gyrum ad armos argento intercisum cir-
cumducta aureo in clypeo decussatim disposita pro
signo exhibere, et sic plantare Vyghiorum originem,
Joanni autem Serenissimi Principis Henrici Virnenbur-
gici Electoris Coloniensis aulœ prafecto filiorum tertio
genito, armatum in atro scuto brachium, cui evaginatus
in pugno gladius manuario tegmine inaurato, mox
etiam Christiano, eorum ex Henrico toparcha de Gre-
benclau, et Brait, primœvo fratre nepoti , et Joannis
Toparchae de Grebenclau , et Brait , cui conjux fuit
Margarita van Ruynenborch fratri natu j union bina
388
miniata, et decussata in argentea parma brachia osten-
tare.
Aliis denique lunulam, aliis stellam, aliis avem, vel
lilium, aliasve notulas addere discrimenque illud in
filios, et nepotes (in quibus etiamnum hodie illustres
eorum florent prosapiœ cum sanguine transmittere, ex-
ceptis tamen duobus, qui pro insigniis duo armata, et
cancellata in miniato campo retinuerant brachia, pri-
mordialia nempe, et universae quondam ante hanc în-
choatam stirpium divisionem huic genti arma indistin-
cte communia, quae ad nostram usque astatem invaria-
ta, intégra et illibata apud eorum posteros permanse-
runt, quorum stirpis et nominis, et insignium caput
etiamnum exstat Illustrissimus ac nobilissimus Domi-
nus Ferdinandus Leopoldus de Hardevust , Baro de
Grebenclau, et sacri Romani Imperii , Toparcha de
Brait, Gasteren, Schagen ec. Cœsareaa Majestati e cubi-
culis, et a sanctioribus aulicisque consiliis in Silesia jam
residens, ducta in uxorem Comitissa de Falkenstain.
Qui nobis pluribus litteris patefecit, et manifestissi-
mis argumentis ac probationibus demonstravit. quod
omnes ejusdem cognominis de Hardevust, jam inde a
ducentis et amplius annis in Castellanis Handriae ditio-
nibus Civitatum Cassetanae, Burburgensis, ac Winoci-
berganœ gestent itidem pro gentiliciis in scuto nigro
armatum brachium, evaginato in pugno gladio , cui
manuarium tegmen inauratum, et quod hi directa, et
légitima série descendant ex familia praedicti Brunonis
An. MCCLXXIII . hujus Civitatis consulis populari
seditione interfecti, originemque suam ex eo tanquam
e communi secum stipite et cum Illustrissimis Domi-
nis Roberto von Hardevust, Toparcha de Bodekerche,
Bouckevem, ec. Ammanno Hildershemiensi, ac Theo-
doro Comité de Vygh, et sacri Romani Imperii To-
— 38g —
parcha de Dutche, Humen etc. Cœsarianorum Equitum
praefecto et moderno Vyghiorum prosapiœ capite, nec-
non cum Toparchis de Conincxmar, de Ghemenick,
et de Bodeberge ; Stirpem autem e prasfato Joanne Sere-
nissimi Principis Henrici Virneburgici Electoris Co-
loniensis ad annum usque MCCCXXXI. aulas pragfe-
cto, tanquam gentiliorum suorum autore jure répétant.
Et post multa.
Quem proinde (Willelmum scilicet Ignatium de Har-
devust Toparcham de Laghe etc. ) pro vero, et indubi-
tato agnato, et consanguineo, uno, eodemque ac com-
muni secum oriundo e stipite, illo scilicet ordine quem
prœmissum exhibet filiationis fragmentum, et hisce
junctum magis dilucidat genealogicum schéma, cum
nata jam proie, et légitime ex eo nascitura a se suisque
haberi, et merito ab omnibus habendum, praenomina-
tus Illustrissimus Dominus Baro ( videlicet de Greben-
clau Ferdinandus Leopoldus de Hardevust ) insuper
addidit, et declaravit, favorem illi omnem ut tali ope-
ramque suam, si quando forte prodesse posse contige-
rit, lubenter addicens.
E cujus domesticis familial suas documentis,tabulis-
que gentilitiis, et authenticis probatissimoe fidei pan-
chartis in concessu nostro exhibitis seriem hanc genea-
logicam adeo evidenter, efficaciter, ac irrefutabiliter
demonstratam, ac e publicis hujus patrias ac Civitatis
monumentis, et sanction bus archivis confirmatam judi-
cavimus, ut nec citra injuriam et non nisi incassum fi-
dem ejus argui posse recte concludamus ; et quia prœ-
dictus Toparcha de Laghe. eorum omnium nostras tes-
timoniales rogavit, hasce lubenter in earum, quas hac
super re IX. Julii hujus anni adhuc dedimus, confir-
mationem ampliorem subsigillo hujus Imperialis Civi-
tatis et unius Secretariorum nostrorum sitinatura conces-
— 390 —
simus, ut occurrentes qualibet occasione et necessitate
ei inservire valeant. Datas Colonial Agrippinse anno
MDLXXII. die tertio Novembris. Subsignatum. Franc.
Dabbendorp cum scuto Colonias Agrippinae.
2.
CHARTA HUMBERTI DE MIRIBEL CONCESSA MAGITRO BRUNONI
PRO FUNDATIONE M. CARTUSI.E.
RATIA Sanctas, et individus Trinitatis miseri-
^corditer nostrœ salutis admoniti, recordati sumus
humanae statum conditionis, et vitae fragilis lapsus inevi-
tabiles, quam sine termino ducimus in peccatis. Itaque
judicavimus nos peccati servos de manu mortis redimere,
temporalia pro Cœlestibus mutare, œternam hœreditatem
pretio periturae posessionis comparare, ne duplici contri-
tione conteramur, et proesentis vitas miserias laborum,
et dolorum initium sumamus. Itaque Magistro Bruno-
ni, et his qui cum eo venerunt fratribus, ut Deo vaca-
rent, ad inhabitandum solitudinem quaerentibus, ipsis,
eorumque successoribus in œternam possessionem spa-
tiosam Eremum concessimus, ego Humbertus de Miri-
bel, una cum Odone fratre meo, et caeteris, qui juris
aliquid habebant in prcedicto loco ; hi vero scilicet Hu-
go de Tolnone, Anselmus Garcinus ; deinde Lucia, et
filii ejus Rostanus, Guigo, Anselmus, Pontius, atque
Boso, precibus, et interventu prasdictœ Matris eorum ;
Bernardus quoque Longobardus cum filiis suis ; simi-
liter et Domnus Abbas Siguinus de Casa Dei, cum suo-
rum Fratrum conventu, quidquid ibi juris habere vide-
bantur, supradictis concesserunt Fratribus.
— ^Q1 —
Ipsa vero, quam eis dedimus, Eremus hos habet ter-
minos : scilicet infra locum, qui vocatur Clusa, et ru-
pem claudentem vallem, et pertingentem usque ad
molarem, claudentem et dividentem Combam caldam,
et pervenientem usque ad rupem mediam, quee est
super Borghesos ; deinde molarem alium, qui descen-
dendo perducitur per usque ad rupem a Bonviant .
Exinde molarem alium, qui descendendo perducitur
per crepidinem planeti a Bonviant, usque ad rupem,
quas est supra furnum de la Follia. Similiter ab illo
monte, qui de eadem rupe porrigitur, usque ad mon-
tem Aillinartem et a monte Aillinarte descendendo
extenditur juxta Mortam contra Occidentem, usque ad
rupem, quce est super Correriam, et ab hac rupe porri-
gitur usque ad rupem de Pertuso : Inde postremo pro-
tenditur descendendo usque ad flumen, quod vocatur
Guerus mortuus. Inde quoque ab eodem clauditur us-
que ad clausam. Si qua vero persona potens, aut impo-
tens, hanc donationem infregerit, tanquam sacrilegii rea
ab Omnipotentis Dei gratia, et fidelium consortio sepa-
rata, anathemate Maranatha feriatur aeterni ignis incen-
dio, nisi digne satisfecerit, cum Dathan, et Abiron, et
Juda proditore concremanda.
Prasfata quidem terra his terminationibus conclusa,a
Magistro Brunone, et ab his, qui cum eo erant fratri-
bus ccepit inhabitari, et construi anno ab Incarnatione
Domini 1084. Episcopatus vero Domini Hugonis Gra-
tianopolitani Episcopi quarto ; qui videlicet laudat, et
corroborât hoc donum , quod fecerunt suprascriptœ
personce , cum omni conventu Clericorum suorum ,
quantum ad se pertinet, quidquid suis juris esse vide-
tur, omnino concedit. Testes Hugo Decanus, Joannes
de Podio, et Rostagnus, Guigo de Lantz, et Galterus
Bueta, Peirus, et Gilbertus, Agelbertus, et Aldelemus,
— 392 —
Petrus et Ricardus. Lecta est autem hax Charta Gra
tianopoli in Ecclesia Beatas et Gloriosas semper Virgi-
nis Mariae, quarta feria secundo? hebdomadce Dominici
Adventus, in prœsentia prxdicti Domini Hugonis Gra-
tianopolis Episcopi, atque Canonicorum suoram, alio-
rumque multorum, tam Sacerdotum, quam caeterorum
ordinum Clericorum celebrantium sanctam Synodum
quinto Idus Decembris.
3.
CHARTA HUGONIS EPISCOPI GRATIANOPOLITANI,
VETANTIS NE MULIERES CARTUSIAM ACCEDANT.
UGO Gratianopolitanœ Ecclesiag vocatus Episco-
pus, Presbyteris etLaicisin Gratianopolitano epi-
scopatu commorantibus, aeternam in Domino Salutem.
Quomodo fratres nostri Cartusias Monachi Deo placere
desiderent, mundus, quem fugiunt, et loci in quo ha-
bitant asperitas , et solitudo satis probant : quorum
desiderio , quoniam pax et quies maxime necessaria?
sunt, supra pontem, qui terminus possessionis eorum
est, ad removenda ea, quas proposito eorum contraria
sunt, domum œdiricari consuluimus, et pra^cepimus .
Rogamus itaque dilectionem vestram, et auctoritate di-
vina injungimus, ut feminae per terram eorum nullate-
nus transeant, neque viri arma portantes. Prasterea infra
terminos ipsorum possessionis, piscationem et venatio-
nem, et avium captionem, ovium, vel caprarum, atque
omnium domesticorum animalium pascua et transitum
prohibemus. Obcdientes monitis nostris, divina clemen-
tia in gratia sua multiplicet, et in omnibus bonis, quaî
— zqi —
ibidem a servis Dei geruntur, vel usque in sœculi finem
gerenda surit, eamdem, quam habere ipsi cupiunt par-
tem, tribuat : Inobedientes vero divino judicio reos re-
linquimus, et a saeculari p^otestate puniri faciemus . Da-
tum mense Julii anno MLXXXIV.
4.
URBANI PAP,E II BREVE
AD SIGUINUM CASAE DEI ABBATEM ,
l'T DOMUM CARTUSLE SIBI A P. BRUNONE
IN KRATRL'M DILAPSIONE CHIROGRAPHO COMMENDATAM ,
IPSIS REDEUNTIBUS, UNA CUM CHIROGRAPHO
ILLICO RESTITUAT.
RBANUS Episcopus,servus servorum Dei, caris-
|simo filio Siguino Abbati Casas Dei, et omni Con-
gregationi salutem, et Apostolicam benedictionem.
Eos, qui ob Ecclesia? Romanœ obedientiam labori-
bus fatigantur, Romanx quoque Ecclesiœ ope dignum
est relevari : Quia ergo nos ad Sedis Apostolicœ serviti-
um Brunonem carissimum Filium, evocavimus, ipso ad
nos perveniente, ut ejus cella detrimenti aliquid patia-
tur, pati non possumus, quoniam nec debemus. Ve-
stram ergo dilectionem rogamus, et rogando prœcipi-
mus, ut eamdem cellam in libertate pristina remittatis,
Chirographum quoque, quod vobis de eadem cella prœ-
dictus Filius noster in Fratrum dilapsione fecerat, pro
nostra dilectione restituite, ut libertate pristina valeat
permanere. Nunc enim Fratres,qui dilapsi fuerant, Deo
inspirante, regressi sunt, nec aliter acquiescunt in eo-
dem loco persistere. Sane postquam ha? vobis perlatae
— 394 —
sunt litterœ , intra triginta dies prasfatum Chirogra-
phum pro nostrae jussionis reverentia, restituere ne mo-
remini.
5.
LITTER.E SIGUINI ABBATIS CAS^E DEI,
QUIBUS AD URBANI PAPjE, ET MAGISTRI BRUNONIS
ORDINIS CARTUSIENSIS FUNDATORIS PRECES,
LOCUM CARTUSLE SIBI CONCREDITUM,
BEATO LANDUINO EJUSDEM CARTUSI.E PRIORIS
ANNO IO9O RESTITUIT.
S"^^GO frater Siguinus Abbas Casae Dei. Notum fieri
tJllyvolo prœsentibus, et futuris, quod Frater Bruno a
Domino Papa Urbano Romam evocatus, videns loci des-
titutionem Fratribus recedentibus propter absentiam
ejus, dédit locum Cartusire nobis,et Congregationi nobis
commissas. Postmodum vero rogatu Patris nostri Papa?
Urbani, et precibus praememorati Fratris Brunonis, et
eisdem Fratribus, ut ibidem remanerenta Priore eorum
Brunone plurimum confctatis, Fratri Landuino, quem
Magister Bruno discedens caeteris Fratribus praeposuit;
ipsi, et cœteris Fratribus sub eo degentibus, et eorum
successoribus donum, quod nobis prasdictus Bruno fe-
cerat, coram Congregatione nobis commissa in Capitu-
lo nostro sub prassentia Gratianopolitani Episcopi Hu-
gonis, Ego ipse Frater Siguinus prasdictag Casae Dei
Abbas cum consensu Fratrum nostrorum reliqui; et eis
et successoribus eorum locum praedictae Cartusiae pro
voluntate eorum omnino liberum feci, et juri eorum
omnino tradidi. Sed Charta, quam prasdictus Bruno
- 395 -
nobis fecerat, ideo non est reddita, quoniam a Fratri-
bus nostris in Capitulo sub interdicto requisita non po-
tuit inveniri; et si unquam inventa fuerit, eorum ipsa
Charta sit juris. Factum est anno ab Incarnatione Do-
mini 1090. i5. Kalend. Octob. — Ego Siguinus Abbas
subscripsi, et in praesentia Archiepiscopi Hugonis hanc
Chartam ex inteçro confirma vi.
6.
BREVE QUO L'RBANUS II MAGISTRO BRUNONI
ECCLESIAM SANCTI CYRIACI MARTYRIS IN URBE
AD HABITANDUM CONCEDIT.
ERVUS Servorum Dei, Urbanus Episcopus Di-
jj||lecto Filio Brunoni Coloniensi, salutem, et Apo-
stolicam benedictionem.
His, qui reliais divitiis, et gloriam mundi hujus in
habitu, et spiritu paupertatis, se in sui Creatoris ob-
sequium converterunt, non convenit nos habere infes-
tos, sed potius favorabiles, ac benevolos . Dilecte Fili
Bruno , qui apud nos mânes laborando pro conciliis
proxime celebrandis, nobis signirieasti, quod pro reli-
gione, quam instituisti, debes dumtaxat in locis solita-
riis, et eremis habitare, et non in castris aut villis per-
mittitur morari. Volentes igitur voluntati tuœ paterna
solicitudine providere, ut solitarie in divinis colloquiis
persévères, auctoritate prassentium concedimus Paterni-
tati tuas Ecelesiam, et titulum S. Cyriaci Martyris in
Thermis Diocletiani, ut in eo loco, libère cum Gavino
socio tuo possis in divinis obsequiis vacare, ut cum ve-
- 396 -
nerit Dominus, confestim aperias ei. Datum Beneventi,
Pontirkatus nostri anno III.
7.
PRIVILEGIUM I. COMITIS ROGERII,
QUO S. P. BRUNONI, ET SUCCESSORIBL'S
TERRITORILM IN SPATIUM UNIUS LEUCjE,
IN LOCO TERRIS DICTO, CONCESSIT.
lOGERIUS Dei gratia Cornes Calabriœ, et Sicilia?,
omnibus fidelibus suis, et Ecclesiae Dei filiis
tam praesentibus, quam futuris in Domino salutem.
Notum esse volumus Fraternitati vestras per Dei mi-
sericordiam a Galliarum partibus ad regionem istam
Calabriae, sanctas Religionis viros Brunonem videlicet,
et Lanuinum, cumsociis eorumpervenisse : qui contem-
ptamundialisgloriœvanitate soli Deoelegerant militare.
Horum itaque desiderium ego cognoscens, et ipso-
rum meritis, et precibus apud Deum adjuvari deside-
rans ab eorum caritate precibus multis obtinui, ut in
Terra mea locum sibi habitabilem eligerent, in quo ad
serviendum Deo, qualia vellent habitacula prapararent.
Elegerunt siquidem in Terra mea quemdam solitudinis
locum, situm inter locum, qui dicitur Arena, et oppi-
dum, quod appellatur • Stylum. Hune ego locum ad
honorem Dei omnipotentis Patris, et Filii, et Spiritus
Sancti, ad honorem Beatissimœ semper Virginis Geni-
tricis Christi Dei, et Domini nostri omniumque San-
ctorum doaavi eis,, et successoribus eorum ibidem Deo
servi turis,cum tota Silva, et Terra, et aqua, et monte
in spatium uniusleucœ, in omni parte adjacenti. Con-
— JH)7 —
cedens, et constituens, quatenus locum istum libère, et
quiète cum hac adjacentia sua in perpetuum possideant;
nec ex hoc mihi, vel alicui personœ angariam, vel ser-
vitium faciant. Contestor autem, et coatradico ex parte
Dei Omnipotentis et Sanctœ Maria? perpétuas Virginis,
et omnium Sanctorum, et mea, ne sit aliquis meorum
aut extraneorum, Stratigotus videlicet, aut Vicecones,
rustieus, aut miles, servus, sive liber, qui in loco isto ,
pascuœ, vel agriculture, seu etiam piscationis, aut li-
gnorum occasione, aut ex quacumque causa Servis Dei
molestiam, aut injuriam faciat, sed in eorum potestate
sit praedictum locum cum tota adjacentia sua, secun-
dum voluntatem suam possidere, disponere,ordinare ,
et erogare. Quod si quis deinceps contra hujus paginas
Constitutionem venire praesumpserit, in primis nisi di-
gne satisfecerit, iram Dei, et maledictionem incurrat,
et conatu tali ad nihilum redacto, pro prassumptione
tanta centum librarum auri pcenam in Curia nostra
sustincat. Igitur, ut Constitutio nostra hase inviolabi-
liier, et omnino rirma permaneat, concedente uxore mea
Adelay Comitissa, et hiio meo Gaufrido, in praesentia
bonorum hominum donationem istam feci, et sîgillo
meo sigillari prascepi.... Ego Gofridus Militensis Eccle-
siae Episcopus licet indignus Chartam hanc manu pro-
pria scripsi ro.gatu Comitis Rogerii, laudans, et conrir-
mans Constitutionem hanc,anathemate vero, et excom-
municatione damnanseum, quicumque banc infringere
praesumpserit, nisi tamen digne resipiscens satisfecerit.
Facta sunt haec Anno ab Incarnatione Domini mille-
simo nonagesimo ' . Insuper donavi Mule cum filiis suis
ad custodiendam sylvam.... Testes autem adfuerunt hi :
Stephanus Presbyter, Giraldus Presbyter, Petrus de Mo-
1 Est hic annus vErae nostrae vulgaris 109 1.
— 398 —
ritonio, Richardus Maletus, Raynulphus Eleemosina-
rius, Nicolaus Notarius, et alii plures.
8.
COXFIRMATIO DONATIONIS
LOCI INTER ARENAM ET STYLUM,
PER ROGERIUM APULI.E DUCEM.
OGERIUS Apuliae, Calabriae, et Siciliae gratia Dei
Dux, omnibus fidelibus Christianis pra2sentibus,et
futuris in Domino salutem.
Notum esse volumus fraternitati vestra? de duobus
viris Brunone, scilicet et Lanuino, qui sanctœ religio-
nis studio accensi, cum sociis suis in terra Calabriae
a Galliarum partibus,disponente Deo,venerunt; et meo
ductu in Terra, quae praîdicta est, locum, qui eorum
proposito conveniret, quœsierunt ; qui cum sibi ido-
neum pênes me non invenissent, elegere manere inter
locum, qui dicitur Arena, et oppidum quod appella-
tur Stylum. Locum autem illum Rogerius cornes Si-
ciliœ patruus meus, et fidelis, ipsorum precibus apud
Deum desiderans adjuvari toto cordis affectu illis do-
navit, de Comitatuenim ipsius per meam concessionem
erat, et a totius servitutis debito, et ab omni Angaria
in perpetuum liberavit, ita siquidem, ut aliquis servo-
rum, vel extraneorum, Stratigotus, aut Vicecomes rusti-
cus, aut miles, servus, aut liber non sit, qui in eo loco
pascuœ, aut agriculture, sive piscationis, aut venatio-
nis, vel lignorum incisionis, aut ex quaque causa, ser-
vis Dei molestiam, seu injuriam faciat. Sed in eorum
potestate sit omnino locus prœdictus, ut secundum quod
— 399 —
voluerint possideant, ordinent et disponant. Talem cjus
loci donationem, et libertatis concessionem ego Roge-
rius Dux laudo, et corroboro : Et quoniam Terra illa
de meo Ducatu est, ut nullam in perpetuum patian-
tur calumniam, modis omnibus contradico. Quod si
quis contra sente ntiam, quœ data est, agere pra;sump-
serit, et nostrum violaverit prœceptum, certissimum
habeat, quia aut de cunctis finibus nostris in aeternum
exterminabitur, aut gladio meo, sive successorum meo-
rum ferietur. Ut omnia igitur superius concessa firma,
et illibata permaneant, hanc Chartulam cuidam nostro
Clerico Rodulpho ego Rogerius Dux, et uxor mea Ade-
la scribere prœcepimus, et sigillo nostro signavimus.
Anno Dominicœ Incarnationis millesimo nonagesimo
quarto, fndictione prima.
9
CHARTA CONFIRMATIONS PR.ECEDENTIUM CONCESSIONUM
AB DRBANO II. FACTA.
RBANUSEpiscopus,servusservorumDei: Dilectis
| in Christo Filiis Brunoni, et Lanuino salutem, et
Apostolicam benedictionem. Piœ voluntatis affectus stu-
dio débet prosequente compleri. Quia igitur nostri officii
interest servorum Dei quieti, prout Dominus posse de-
derit, providere, petitionibus vestris, filii in Christo
charissimi, ac Reverendissimi clementer annuimus. Per
hujus ergo Apostolici Privilegii paginam, Apostolica
auctoritate statuimus, ut locus ille, quem habitationi
vestrœ disponente Domino elegistis a jugo, potestate,
injuria, molcstia, omnium hominum liber cum tota
— 4°° — '
silva, et monte, terra, aqua in spatio unius leucœ in
omni parte adjacenti in vestra omnimoda, et successo-
rum vestrorum dispositione permaneat, sicut vobis a
dilecto nostro filio Rogerio Comité condonatus est, et
a confratre nostro Theodoro Squillacino Episcopo
confirmatus, nemini intra partium spatium liceat pas-
cuae, agriculturœ, seu piscationis, aut lignorum occa-
sione, aut quaque ex causa vobis, aut vestris succes-
soribus injuriam, aut molestiam irrogare, sed totum
secundum voluntatem vestram possideatis, disponatis,
ordinetis, et erogetis ; si quid prasterea Episcopalis
officii indigueritis , ad quem potissimum vicinorum
Antistitum volueritis, recurrendi, prœsenti decreto li-
beram licentiam indulgemus.
Decimarum quoque usum, ex vestris, vel puerorum
vestrorum laboribus vestri juris esse censemus ; quod
si qua puerorum vestrorum laboribus offensa contigerit,
in vestra tantum manu omnis eorum correctio maneat,
nec ullus se de his, quae ad vos pertinent sine vestra
voluntate occasione aliqua intromittat. Quatenus omni-
potentis Dei speculationi liberis mentibus insistatis, et
ad ejus faciei dulcedinem, ipso praestante pervenire va-
leatis. Sane, si quis in posterum Archiepiscopus, Epis-
copus, Imperator, aut Rex, Princeps, aut Dux, Cornes,
aut Vicecomes, Judex, aut persona quœlibet potens, aut
impotens hujus nostri Privilegii paginam sciens contra
eam temere venire tentaverit, secundo, tertiove commo-
nitus, si non satisfactione congrua se emendaverit, cum
honoris sui, et officii periculo subjacere decernimus, et
a Christi, atque Ecclesiœ corpore, auctoritate potestatis
Apostolicœ segregamus. Conservantibus autem, pax a
Deo, etmisericordia, prassentibus, ac futuris seculis con-
serventur. Amen, Amen. Datum per manum Joannis
S.R. Ecclesiœ Diaconi Cardinalis, pridie Idus Octobris
■ — 401 —
Indictione prima Anno Dominicae Incarnationis 1092.
Pontificatus autem D. Urbani Papae secundi, anno
quinto.
10.
PRIVILEGIUM II. COMITIS ROGERII,
QUO DISTINCTE DESIGNAT PER TERMINOS TERRITORIUM
QUOD PER PRIMUM PRIVILEGIUM CONCESSERAT.
OGERIUS divina favente Clementia Cornes Ca-
[labriae ac Siciliae. In nomine Dei, sanctœ, et indi-
viduae Trinitatis.
Notum sit omnibus Christi, nostrisque fidelibus, tam
futuris, quam praesentibus, quoniam miseratio divina
sanctœ Religionis viros, Brunonem videlicet, ac La-
nuinum, cum sociis suis ad nos usque transmisit, san-
cto suo proposito aptum solitudini locum quaerentes :
quorum nos desiderio congaudentes, meritisque talium,
ac precibus apud Dominum adjuvari confidentes, mul-
tis eos exhortati sumus precibus, ut in Terra nostra lo-
cum sibi habilem eligerent, in quo ad serviendum Deo,
qualia vellent habitacula prcepararent.
Elegerunt itaque quemdam solitudinis locum, situm
inter locum, qui dicitur Arena, et oppidum quod ap-
pellatur Stylum : Hune ergo locum, et omnia undique
in circuitu adjacentia, in spatium unius leuese, Deo, et
Beatoe Mariae, ac ipsis, eorumque successoribus in pro-
prietatem, sicut nostra fuerunt, sub omni immunitate,
atque libertate donavimus, cum omnibus rébus infra si-
tis, terris, sylvis, aquis, pascuis, ac cœtcris omnibus,
cultis, vel incultis, mobilibus, vel immobilibus : Ro-
26
— 4°2 —
gavimus insuper Venerabilem virum Militensem Epi-
scopum Gofridum, super hac donatione nostra confirma-
tionis chartàm eum scribere, quam etiam sigillavimus.
Sed cum postea gratia commendandi nos ipsorum ora-
tionibus supradictos visitassemus Fratres : eorumque
societatem, gratiasDeo,suscepissemus, praedictœ spatium
leucœ his in circuitu terminis distincte per nosmetipsos
designavimus : ac terminorum nomina in memoriam
futuris conscribere jussimus : De parte orientis Castel-
lum, qui locus est in cacumine montis de Stylo : inde
vadit per Serram ejusdem montis , usque ad Mala-
reposta, scilicet ad superiorem collem montis : et inde
per magnam Cavam, quœ versa est ad Occidentem, us-
que ad pedem montis descendit, qua aqua decurrit, et
inde transit duos ruseletos, ac Vallonem indirecto, us-
que ad jugum ejusdem montis usque Brondismenon :
inde transit Vallonem recte ad viam, qua? venit de
Arena, et vadit ad locum, qui vocatur Sancta Crux,
et inde indirecto usque super cacumen montis Em-
bachat : et inde descendit per Cavam, sicut aqua de-
currit per Spatulam usque ad flumen Enchinar ; et
inde ascendit illud flumen, usque ad aliud flumen,
quod vocatur Alba : et inde ascendit idem flumen,
usque ad magnam Cavam, quam Grasci vocant Bac-
chinache : et sic ascendit per eamdem Cavam, usque
ad Castellum unde inccepimus : Hanc autem donatio-
nem nostram, tam Dominus noster Apostolicus Urba-
nus, quam Squillacinus Episcopus Theodorus, in cujus
Episcopatu ipse locus situs est, laudavcrunt, privilegiis
contirmaverunt, atque terribili anathemate munierunt.
Quapropter prœcipiendo rogamus, rogandoque praxi-
pimus ex parte Dei Omnipotentis, et Beatas Maria?,
quibus ipsum concessimus locum, et nostra, ut nullus
aliquando cujuscumque dignitatis sit, vel potestatis, no-
— 40:> —
ster, aut extraneus in [toto prœdicto spatio quicquam
magnum, vel parvum sibi vindicet, nec nos ipsi.Nullus
aliqua unquam occasione, vel causa, fratribus ibidem
Deo servituris injuriam, aut molestiam irroget, vel ul-
lam inquietitudinem faciat ; et illi, neque homines eo-
rum aliquam angariam, aut servitium omnino faciant:
nulli, nec nobis ipsis, aliquam ibi culturam facere,
ullum animal pascere, ligna incidere, venari, vel pi-
scari, aut quicquam omnino, sine fratrum licentia li-
ceat : Sed in eorum potestate sit quascumque intra prae-
dictum continentur spatium, juxta voluntatem suam
possidere, disponere, ordinare, et erogare, tanquam Dei
possessionem, et suam immunem, atque liberam. Quod
si quis aliquando hanc nostram Constitutionem in ali-
quo violare prassumpserit, fratribus ibidem digne de-
gentibus satisfaciat : Quod si contempserit, Principi
Terrœ, qui fuerit, centum librasauri persolvat. Ut ergo
Constitutio hase inviolabiliter, et omnino firma perma-
neat, concedente uxore nostra Adelay Comitissa, et filio
nostro Goffredo in prœsentia bonorum hominum dona-
tionem istam fecimus, et sigillo proprio signavimus: in-
super donavi Mule cum filiis suis ad custodiendam
sylvam. Datum in Pratis Squillacii ubi tune collecto
morabamur exercitu, Anno ab Incarnatione Domini
millesimo nonagesimo tertio, Indictione I, Nonis Maii.
■J- Rogerius Cornes f Adelays Comitissa y Goffredus fi-
lius Comitis Rogerii 7 Rogerius Culchebret Bastardus
7 Guglielmusde Altavilla 7 Guglielmus Culchrebet 7
Josbertus de Luciaco 7 Rogerius Presbyter de Stylo.
Gratis scriptum.
— 404 —
11.
DIPLOMA DONATIONIS MONASTERII AC PR.EDIORUM
S. MARLE DEARSAFIA, PRO DOTATIOXE S. MARI/E DE TURRI
A COMITE ROGERIO FACTA,
TEMPORE DEDICATIONIS EJUSDEM ECCLESI.E
IN CALABRITANA EREMO S. BRUXOMS.
|HN nomine Dei iEterni, et Salvatoris nostri Jesu
jChristi.
Anno ab incarnatione Domini millésime- nonagesi-
mo quarto, Indictione secunda. Cum ego Rogerius Co-
rnes Calabriœ, et Sicilias pro Dei amore, et animas meae
remedio, et pro salute anima? Roberti Guiscardi fratris
mei gloriosissimi Ducis Apuliœ, et Calabriœ, et pro re-
medio animarum fratrum meorum, atque omnium pa-
rentum, et Uxorum mearum vellem dedicari lacère ad
honorem Dei, et B. Marias, et B. Joannis Baptistas Ec-
clesiam de Eremo, quas sita est inter Arenam, et oppi-
dum, quod dicitur Stylum super territorio dicti oppidi
Styli per Venerabiles, et sanctissimos Patres Panormita-
nensem Archiepiscopum, et Militensem, Tropiensem,
Nicotarensem, Catanensem, atque Squillacensem Epis-
copos ; collaudantibus eisdem sanctissimis Patribus, de-
di Beato Patri Brunoni Magistro ejusdem Eremitae, sibi,
et successoribus suis Monasterium Sanctas Marias de
Arsafia cum omnibus pertinentiis suis ubicumque sint,
eximendo eamdem Ecclesiam, seu Monasterium de Ar-
safia ab hodierno die in antea in perpetuum ab omni
temporali servitio, et Turri ad quas tenebatur oppido
meo de Stylo, ut Ecclesia de Eremo, et fratres in perpe-
tuum illam quiète habeant, sine omni calumnia, et sine
temporali servitio, omni remoto tremore, et placario, et
— 4co —
omnibus remotis infestationibus. Haec autem donaria
Ecclesiae praedictas de Bosco, et fratribus ibi Deo servi-
entibus dotem dedi, Adelayde conjuge mea consiliante,
et laudante, et concedente Goffiido filio meo, et Mal-
gerio filio meo. Quod monasterium Arsafias capella mea
erat exempta ab Episcopali jurisdictione per sacrosan-
ctam Romanam Ecelesiam, quod constare feci praedictis
Archiepiscopo, et Episcopis, qui testes sunt hujus dona-
tionis, et testes sunt Josbertus de Luciano, Paganus
de Gorgis, Rogerius Bonellus, Fulco Capellanus meus,
qui haec scripsit. Haec autem dedi testimonium infra-
scriptorum testium ; et hi termini, et limites sanctae Ma-
rias de Arsafia videlicet : ab arbore quercus ubi est la-
pis intrinsecus, quae est inter duo Casalia, quas dicuntur
de sancto Andréa, et Roseto, et per directum vadit ad
vallonem, et inde ascendit ad viam magnam usque ad
fluraen Assi, et descendit flumen usque ad locum, qui
dicitur Sylipa, et inde accipit vallonem, et senterium
grossum ad terram Cumerchi, ubi est lapis rotundus
cruciatus recte ad piastrum, et per eumdem senterium
ad caput vallonis Sylipae, et inde déclinât per vallonem
ad viam, quas descendit ad Ferullusam, et ad Monaste-
rium Arsafiœ, et inde per senterium ad Vivonem et
ferit ad Serram de Monosillu, et déclinât ad vallonem,
qui dicitur Monosillu, et descendit per eumdem val-
lonem per antiquum senterium usque ad vallonem
de Ferullusa, et inde per senterium ascendit ad Serram,
et inde descendit ad flumen Matrimone, et inde ascendit
flumen, et colligit per senterium grossum ad locum, qui
dicitur Fassi ad magnum vallonem, et inde circuit per
senterium per caput Cristas, et circuit, et descendit ad
viam publicam, et vallonem, qui descendit ad flumen
Matrimone, et inde ascendit per idem flumen, et Cristam
vadit ad terram S. Euphemiae, et inde per senterium,
— 4°6 —
et per magnam Cristam, et descendit per Ecclesiam,
quam fieri fecit Rogerius Bonellus, et vadit per sente-
rium ad Pluppa, et indeascendit per magnum vallonem,
et per pedem montis Muturaldii, et per caputcollis Ma-
roni descendit, et circuit flumen quod dicitur Stiliba-
nus, et inde per idem flumen ascendit per magnam
vallem, et descendit ad arborem unde incceptum est.
Cum duobus Casalibus interclusis scilicet de S. Andréa,
et Roseti, liberis, et exemptis ab omni communitate Ca-
salium meorum de dicto oppido Styli. Item locum, qui
dicitur Apostoli cum duobus Casalibus Vingi (al. Bingi
et Bvungi, et Bibungi) et hi termini eorum videlicet :
De monte, qui dicitur Punga ubi erat Guardia, et vadit
per médium duorum Farnorum, et descendit ad vallo-
nem Stravoracchinum, et inde descendit ad magnum
flumen, et per idem flumen ad pedem montis qui dici-
tur Molissara, et inde vadit per vallonem Bertinete, et
ferit Ecclesiam Episcopi, et inde dat per caput collis ad
Plaça, et inde circuit per pedem magna? Roccae, ubi si-
tum est oppidum ex superiori parte nemoris, et tendit
ad dictum vallonem, qui descendit de Tramontana, et
inde tendit ad sanctam Crucem, quae est in via publica,
et inde vadit ad Carchama, et inde per caput Merdate
ascendit ad et inde vadit ad finem, et inde per
Serram usque ad montem Sisach, et inde ascendit ad
montem Pungi, unde incceptum est.
Item Ecclesiam S. Fantini exempta ab Episcopali
jurisdictione Cyracii,qua3 ad eamdem Ecclesiam Arsa-
liae pertinet, et qiue posita est in pertinentiis Agrotteriœ
in tenimento Gyracii cum omnibus rationibus, et per-
tinentiis suis, quas sic dividitura Casali Marmorum per
viam publicam, quce descendit ad flumen, et vadit ad
aquam Sorelli, et inde transit per Sinorum, qui dicitur
Muy, et ascendit per Vallem, qua; dicitur Mugalipu, et
— 4°7 —
inde vadit usque ad Cristam Marmorum, et inde des-
cendit ad vallonem alium, qui dicitur Riusclona per di-
visas de Mandilona, usque ad magnum flumen Protho-
rati. Deinde per ipsum flumen ascendit, usque ad Ar-
vium album, et ascendit in montem, qui dicitur Silo-
vu m , de quo monte girat, et descendit per vallem de
Castanea, usque ad magnum lapidem vivum, et rotun-
dum,qui est in flumine Rubla, et inde per ipsum flumen
ad vallonem de Chirinu, et per ipsum vallonem ad ter-
rain rubram, et descendit vallem usque ad viam publi-
cam dicti Casalis Marmorum, unde incceptum est.
Item Casale Arunchi in pertinentiis Civitatis Squil-
lacii cum omnibus rationibus, et pertinentiis suis, sicût
tenere, et habere eadem Ecclesia Arsafias consuevit. Haec
omnia prœnominata loca dono, et concedo pro eadem
Ecclesia in dotem Domino Patri Brunoni, et successo-
ribus suis cum omnibus rationibus, aquarum decursi-
bus, molendinis, nemoribus, et arboribus, cultis, et
incultis, mineriis asris, et ferri, et omnium metallorum,
pascuis, et omnibus juribus, quae ego, et Curia mea
habere hactenus consuevit.
Ita ut nemo ibi aliquid, nisi dicta Ecclesia Eremi
habeat, sicut ex nunc, ibi nemo aliquid juris habuit,
nisi ego.
Item concedo eidem Ecclesias Eremi in reliqua terra
mea usum liberum mineriarum aeris, et ferri, et
pascua libéra in eadem terra mea pro animalibus ejus-
dem Ecclesia;, atque Custodum. Necnon in dictis Casa-
libus, et locis, quae eidem Ecclesiae dedi ; nemo in su-
pradictis locis suo, vel meo nomine, aut haeredum vel
successorum meorum prasumat jus aliquod prosequi,
vel habere, nec ego. Sed omnia conserventur eidem Ec-
clesiae solida et intacta ; quia parvum est pro Dei amore
suis tribuere famulis, qui mihi multa praestitit larga
— 408 —
manu. Si vero persona aliqua, filius meus, aut aliquis
hœres, seu successor hoc meum quassaverit donum, seu
privilegium, mihi, vel posteris meis, aut Ecclesiae Ro-
mance centum libras auri persolvat, nisi ad condignam
venerit satisfactionem fratrum ibi Deo servientium, et
perpétuas subjaceat damnationi. Hase autem acta sunt
mense Augusti, dum regressus essem de expeditione,
quam feceram super Guillielmum, et ab obsidione Ca-
strivillas. Et hoc meum privilegium ad perpetuam fir-
mitatem, jussi, et mandavi, ac feci mea pendenti bulla
plumbea communiri. f Rogerius Cornes, y Adelays
Comitissa. f Malgerius filius Comitis Rogerii. -f- Gof-
fredus filius Comitis Rogerii. f Josbertus de Luciano.
-j- Paganus de Gorgis. -j- Rogerius Bonellus. -{■ Ego
Fulco Domini Comitis Rogerii Cappellanus, de man-
dato ejus hoc privilegium scripsi, et me subscripsi.
12.
BULLA URBANI II.
QUA CONFIRMAT PRIVILEGIA ROGERII COMITIS,
AC JOANNIS SQUILLACENSIS EPISCOPI CONCESSIONEM.
RBANUS Episcopus Servus servorum Dei,Dilectis
Jfiliis Brunoni, et Lanuino salutem, et Apostolicam
benedictionem. Quia igitur nostri officii interest servo-
rum Dei quieti, et commodis, prout Dominus posse de-
derit providere, petitionibus vestris, Carissimi filii in
Christo,et reverendissimi, clementer annuimus. Per hu-
jus igitur Apostolici privilegii paginam Apostolicaaucto-
ritate confirmamus donationem terrarum,quas vobisdatas
sunt in Squillacensi Territorio, et conscriptas, et termi-
nât», et désignât» per terminos certos a Dilecto nostro
— 4oq —
Filio Rogerio Comité, et Joanne Confratre nostro
Squillacino Episcopo concedente, et confirmante; viva
prœterea auctoritate tibi praecipimus, statuimus, et ea,
quae nohis est a Deo concessa licentia interdicimus, ut
ab hac die in antea, neque Comiti ipsi, nec alicui haere-
dum suorum supradictam vestram donationem, et hanc
nostram confirmationem violare, vel decurtare in aliquo
liceat, neque de iis, quœ confirmamus aliqua se intro-
mittat persona sine vestra voluntate, quatenus Omnipo-
tentis Dei speculationi mentibus liberis insistatis, et ad
ejus faciei dulcedinem, ipso prasstante pervenire valea-
tis. Si qua vero persona, aut Hœres Comitis ipsam vio-
laverit, nisi ad condignam venerit satisfactionem, cum
honoris, et officii sui periculo subjacere decernimus, et
a Christi, et Ecclesias corpore segregamus, atque extre-
mo examine districts; subjaceat ultioni, sine intermis-
sione, et remedio : Conservantibus autem pax a Deo,
et misericordia praesentibus, ac futuris saeculis conser-
vetur. Amen. Si vero tam legaliter Cornes, aut alius
Hœres addere aliquid huic voluerit donationi sub hac
nostra confirmatione ratum esse statuimus. Datum Sa-
lerni mense Septembris. Indictione sexta. Anno ab In-
carnatione Domini 1098.
Ego Rinierius Cardinalis subscripsi. Ego Joannes
Cardinalis subscripsi. Ego.... Archiepiscopus, subscrip-
si. Ego Amatus Cappellanus et Sacerdos subscripsi.
Ego Dominicus Cappellanus subscripsi. Ego Constan-
tius Cajacensis Episcopus subscripsi.
— 4io —
13.
PRIVILEGIUM MAGNUM IN QUO COMES ROGERIUS
PER APPARITIONEM SIBI FACTAM
A S. BRUNONE IN OBSIDIONE CAPILE
TESTATUR SE LIBERATUM A PRODITIONE SERGII.
kjjN nomiae Dei vïterni, et Salvatoris nostri Jesu
jChristi.
Anno ab Incarnatione ejusden millesimo nonagesi-
mo octavo, Indictione septima. Gloriosus Rex David
Spiritu Sancto praeventus : Narrabo, inquit, omnia mi-
rabilis tua. Propter quod ego Rogerius, Divina miseri-
cordia Cornes Calabria:, et Siciliœ, notum esse volo
omnibus fidelibus Christianis bénéficia, quœ mihi pec-
catori concessit Deus orationibus Reverendi viri Fratris
Brunonis, piissimi Patris Fratrum qui habitant in Ec-
clesiis Sanctœ Mariae de Eremo, et Sancti Protomartyris
Stephani ; quas sitœ surit in terra mea inter Oppidum,
quod dicitur Stylum, et Arenam. Cum essem in obsidio-
ne Capuce Kalendis Martii, et praefecissem Sergium
natione Graecum Principem super ducentos armigeros
naiionis suas, et exercitus excubiarum Magistrum, qui
sathanica persuasione prasventus Principi Capuœ, pro-
mittenti auri non modicam quantitatem ad invadendum
me, meumque exercitum noctu aditum est pollicitus se
praebere. Nox proditionis advenit, et Princeps Capuae,
ejusque exercitus juxta promissum, est paratus ad arma ;
dumque me sopori dedissem interjecto aliquanto nobis
spatio astitit cubiculo meo quidam senex reverendi vul-
tus vestibus scissis non valens lacrymas continere ; cui
cum in visu dicerem, quae causa ploratus, et lacryma-
rum esset, visus est mihi durius lacrymari. Iterato quae-
— 4M —
renti mihi quis esset ploratus, sic ait : Fleo animas
Christianorum, teque cum illis, sed exurgens quanto-
cius, arma sume, si liberare te Deus permiserit, tuo-
rumque animas pugnatorum.
Hic per totum mihi videbatur velut si esset per omnia
Venerabilis pater Bruno. Expergefactus sum cum ter-
rore grandi pro visione pavescens. Illico sumpsi arma,
damans etmilitibus, ut armati equosascenderent, visio-
nem, si vera esset, satagens comprobare. Ad quem stre-
pitum, et clangorem fugientes impius Sergius, ejusque
sequaces, subsecuti sunt Principem Capuae, sperantes in
dictam Civitatem confugium habituros. Ceperunt au-
tem milites inter vulneratos, et sanos centum sexaginta
duos, a quibus et visionem fore veram probavimus, et
rei gestae scivimus veritatem. Reversus sum Deo volente
vigesimo nono Julii mensis Squillacium, post habitam
Capuae Civitatem ; ubi fui per quindenam continuam
infirmatus. Venit vero ad me jam dictus Venerabilis
Pater Bruno cum quatuor de Fratribus suis, qui me
sanctis devotisque colloquiis consolati sunt ; cui Reve-
rendo viro, et visionem retuli, et humiles egi gratias,
quod de me etiam absente curam in suis orationîbus
habuisset. Qui se humilians asseruit, non ipsum fore,
quem credidi ; sed Dei Angelum, qui stat pro Princi-
pibus tempore belli.
Rogavi quoque ipsum humiliter, ut propter Dei amo-
rem in terra mea Squillacii sumere dignaretur largos
redditus, quot donabam, renuens ipse recipere, dicebat,
quod ad hoc domum sui patris, meamque dimiserat, ut
a mundi rébus extraneus deserviret Deo suo. Hic fuerat
in tota domo mea quasi primus, et magnus. Tandem
vix cum eo impetrare potui, ut gratis acquiesceret su-
mere modicum munus meum. Donavi autem eidem
Patri Brunoni, ejusque successoribus ad habendum in
— 412 —
perpetuum absque temporali servitio Monasterium S.
Jacobi de Montauro cura Castro, quod est subtus di-
ctum Monasterium antiquitus constructum. Et castrum
ligneum, situm in cacumine montis versus mare, qui
mons per directum fabricati castri descendit, quod ca-
strum, Belvidere, a loci incolis nuncupatur. Et Casale
S. Mariœ, quod est ad ripam dicti montis inter orien-
tem, et meridiem. Domum etiam meam cum vinea,
quae Buttarium dicitur, cum Buttis, quae de eadem Do-
mo sunt, quae fuerunt Roberti Guiscardi fratris mei,
et dédit mihi Rogerius Dux carissimus Nepos meus. Ca-
salia Mentabri, et Oliviani, et Gasparinœ, ubi antiquitus
Casale fuerat cum omnibus pertinentiis eorum, sicuti
hic divisa apparebunt. Videlicet a terra Coxari, quae
est prope crucem Curiati, et descendit inde ad très fon-
tes, et sicut descendit Vallonus super Carchisa. Et in-
de ascendit ad magnum terminum, et descendit ad san-
ctum Nicolaum de Arpedoni , ubi est petra cruciata,
et vadit ad Aream Condo prope Marosazolim, et ferit
ad montem Gallonem, et descendit inde et vadit ad
Tribunam S. Gregorii, qui est supra Puzum, et inde
vadit ad divisam Pentedattuli, et vadit divisa eamdem
inculcando euhuram usque ad mare, et extenditur in
mare mille quingentis passibus.
Item sicut primum assumptum est ab eadem terra
Coxari, quœ est prope crucem Curiati, et venit via
usque ad Crucem, quae est subtus Sanctum Ilcliam,
descendit inde et ferit ad antiquum, et inde descendit,
et vadit ad divisam Grossam, usque ad Sanctum Juli-
anum, et inde ferit ad locum, ubi sunt duo mori prope
fontem,qui est supra SanctamMariam, et vadit via magna
usque subtus Casale Oliviani totum illud Casale clau-
dendo, et inde descendit vallatim per mediam vineam,
quae fuit Licasti , et inde ascendit ad magnum ter-
- 4X3 -
minum , et ferit ad Buchissa, ubi fuit quidam termi-
nus, et vadit ad fontem, qui est prope monticellum,
et inde ad domum Dochali, et vadit ad locum, ubi
fuit domus Chelesu subtus Sanctam Veneram, et vadit
per siccum vallonem usque ad mare , et intrat in
mare mille quingentis passibus. Omnia enim quae-
cumque infra hos terminos tam vaxallos, qui in dictis
Casalibus habitant nunc, quam qui habitaturi sunt,
praeter si personali servitio alicui Baronam meorum
aliquis teneatur , tui juris, tuorumque fratrum tibi
succedentium , Pater Bruno, esse concedo. Concedo
etiam ut recomendatos habeas tu, et successores tui
tam de Comitatu meo Calabrias , et Siciliœ , quam
extra undecumque sint, excepta causa superius no-
minata. Habitationes Casalium, tibi, successoribusque
tuis, quandocumque volueritis, commutare licebit, et
etiam ipsum Monasterium S. Jacobi, quod donavi, et
omnia in eadem, et de eadem terra facere, quas ego
facere potui cum licebat. Nemini infra has divisas
licebit aliquid suum proprium dicere, vel habere, cum
omnibus, qui inibi possessiones habebant , volunta-
rium excambium dederim satis gratum : cui terras, cui
denarios, quibusdam vero, quia villani erant, perpe-
tuam libertatem.
Praeter tenimentum tantum , quod est matris Ec-
clesice Militensium, et est juxta Gasparinam, multae
in has divisas terras sunt, quae ad te Pater Bruno spe-
ctant, et successores tuos, quos cum Arsafia dedi ma-
jori Ecclesiae vestrae tempore dedicationis ipsius. Nul-
lus infra has divisas aviare, venari, aut in mari piscari
audeat sine dictorum Fratrum consensu , et de his
omnibus dicti Fratres habeant jura sua, pascua sumere,
sive glandes, ligna incidere, aquas divertere, forestas
habere, vel prata, nec quicquam omnino in his terris
— 4'4 —
contrafacere, vel venire occasione alicujus consuetudi-
nis, praetextu Nobilis, vel Baronis, aut ab eis, sive va-
xallis, et villanis eorum, tam eorum, qui sunt, quam
quos habituri sunt, aut recomendatis aliquid exigere
servitii temporalis ; nec eosdem vaxallos, vel villanos
cogère, ut communitates habeant aliquas cum terra
Squillacii, aut Seberati, vel Casalium eorumdem ; sed
in solida libertate, et ipsorum fratrum usus, et domi-
nium perserventur ad perpetuos habituros, et in mari
juxta terminos, quos taxavi, jus omne habebunt, quod
ego habui temporibus retroactis. Ad petitionem fratris
Lanuini hic jussi apponi terminos Casalis Arunghi ,
et tenimenti sui, quod ab antiquo pertinet ad Arsafiam,
et hase divisa : A flumine Griteo ex superiori parte
Molendini Prionersi sicut ascendit Serra usque ad
locum, quaa dicitur Erica, ubi est vinea Spano, et
vadit ex transverso ad divisam Esditu, et descendit
ad flumen Arunghi , et sic ascendit illud flumen
Casalis, et ferit ad locum, qui dicitur Plaça supra
Plantanum Coxari, et transit ad Aquam frigidam, quae
est in divisis Selima, et ascendit ad divisam Grigia-
tuti, et ascendit ad locum, qui dicitur Conesmata, et
descendit ad fontem, qui dicitur Calcon, et vadit via
usque ad locum, qui dicitur Plam supra Plantanum
Coxari, et transit ad Aquam frigidam, quœ in divisis
Axoline, et Culturse Montauri, et transit ad locum,
qui dicitur Clima, et ferit ad locum, qui dicitur Oxisi,
et vadit ex transverso ad culturam, quœ dicitur Decaria,
quam claudit, et vadit, inde et ferit ad culturam quo-
que Locothetœ, et transit ad Castanetum, quod dicitur
Tamascho, et ferit sursum ad magnum terminum, qui
est super pétris, et descendit ad locum, qui dicitur
Caturati, et ad locum, qui dicitur Terrata, et des-
cendit vallonem, et ferit ad flumen Grisu, et descen-
— 4i5 —
dit flumen usque supra Molendinum Prionersi, unde
incœptum est.
Dcdi etiam eidem Patri Brunoni, et successoribussuis
Viridarium S. Nicolai, quod proprium tenebam in ma-
nu mea. Dedi etiam eidem hœreditatem Cologeri villa-
ni mei, qui mortuus fuerat sine linea et filiis. Et va-
xallos, et villanos in eodem Casali commorantes, et in
eadem libertate, et usu tranquillo quo sunt et alia loca
superius condonata et per meam voluntatem liberata ab
omni jugo servili tam ad dictos fratres, quam ad vaxal-
los, recomendatos, et villanos, omnique libertate gau-
debunt in isto loco, qui Arunghum dicitur, et omnibus
locis, qui conjungi valeant, his divisis, quas Deo vo-
lente habituri sunt, seu villanos, a Dominis, et fidelibus
Christianis, qua in locis scriptis superius gaudere ipsos
providi. Dono tibi quoque Patri Brunoni, et successo-
ribus tuis in perpetuum meura molendinum, et fullo-
nem, quœ sunt subtus Squillacium juxta fontem, qui
dicitur de Alexi, sub omni libertate, et immunitate, ut
nemini teneamini pro eodem ; nec mihi, aut successo-
ribus meis, ab ipsa mea fluminaria possint totam aquam
assumere, et positionem aquaeductus molendini, et
fullonis in ipsa terra mea si volueritis in melius com-
mutare absque contradictione aliqua hominis alicujus,
et mea vel successorum meorum, et de aquis, quas in
terra mea sunt, omne beneficium faeiatis ad vestrœ ar-
bitrium voluntatis.
Dono etiam tibi Patri Brunoni, et successoribus tuis
in servos perpetuos, et villanos centum duodecim lineas
servorum, et villanorum, eorumque filios in perpe-
tuum, ubicumque sint, et morentur cum omnibus bonis
eorum; quos ad tui, tuorumque successorum obsequia
reservavi ; qui inventi sunt apud obsidionem Capuae in
proditionis consortio Sergii pestilentis. Hos morti ob-
— 416 —
noxios in reversione Squillacium servaveram diversis
mortibus puniendos, sed tuis postulationibus liberatos,
filiosque eorum tibi, et successoribus tuis obligo, et fi-
lios eorum in œternum servos perpetuos, et villanos ad
B. Mariae, et Protomarlyris Stephani personalem, et
perpetuam servitutem insuper concedo ad petitionem
tuam frater Lanuine, quod animalia vestra, vestrorum-
que vaxallorum, recomandatorum, et villanorum per
tenimenta terrarum, et locorum circa stadia centum li-
bère pasci possunt, et per omnia mea nemora glandes
habere. Hoc privilegium scriptum est secundo Augusti,
anno ab Incarnatione Domini millesimo nonagesimo
nono, Indictione septima,per manus Fulconis Cappel-
lani mei apud Squillacium in Cappella S. Matthaei, prae-
sente, et confirmante Venerabili, et Sanctissimo Pâtre
Joanne Squillacensis Sedis Episcopo, résidente ibi juxia
fores Ecclesiae, et concedente Adelayde conjuge mea,
residentibus quoque mecum etiam testibus hujus dona-
tionis, Rodulpho Comité de Loretello nepote meo,
Guillelmo de Altavilla,Odone Bono Marchisio, Roberto
de Luciano, Bonello, Malgerio filio meo, Masduytho,
Berengerio, Niello de Ferlit, Ricardo de Treveris, Ro-
dulpho Painevin, Huberto de Selona, Raymundo de
Chincamp, Roberto de Cuculo, Ermenfredo Cappella-
no de S. Matthaeo, Roberto de Layna, Stratigoto villœ,
Basilio protospatario, Theodoro Manchino.
Nullus contra hanc voluntariam donationem meam,
et desideratam prœsumat in aliquo minimo, vel magno
aliquid facere, vel dicere. Siquidem si fuerit Rusticus,
vel Burgensis, Curia: mea?, si quid ipse habuerit, habi-
tura credat de rébus mobilibus,et nihilominus ipsis fra-
tribus decem auri libras persolvat, et eorum fratrum
damna si quas perpessi fuerint, et de illorum maleficum
bonis reficientur, si accusatus fuerit, et convictus. Quod
— 4i7 —
si miles, aut Baro ducentas auri libras persolvat succes-
sorum meorum Curiœ, sive meae. Quod si in tantum
non habuerit, ejus mobilia omnia mea erunt. Et eisdem
fratribus nisi satisfecerit condigne quinquaginta libras
auri persolvat. Nec mihi aut successoribus meis de om-
nibus, quae per me data sunt lieeat in antea aliquid in-
novare, facere, vel contradicere in aliquo parvo, vel
magno. Quod si ego (quod absit ) , vel successores mei
contrarium fecerimus in aliquo magno, vel parvo in
omnibus supra scriptis, iram sempiterni Dei, et Beatae
Marias, et Beati Protomartyris Stephani incurramus. Et
idem Pater Joannes Episcopus, ad petitionem meam
contra taies in majori ejus Ecclesia, omni présente po-
pulo, et ipsis, qui suprascripti sunt, testibus anathema
gravissimum promulgavit, conservantibus autem com-
munionem Sanctorum, meritum bonum a Deo Pâtre
nostro, et Domino Jesu Christo. Amen. Amen. Amen.
Rogerius Cornes Adelays Comitissa Guillelmus
de Altavilla Rodulphus Cornes de Lorotello
Odo Bonus Marchisius Josbertus de Luciaco
Rodulphus Painevin Niellus de Ferlit Malge-
rius filius Comitis Rogerii Ricardus de Treveris....
Ego Fulco Domini Comitis Rogerii Cappellanus de
mandato ejus scripsi, et me subscripsi.
27
— 4i.8 —
14.
COMES ROGERIUS
LIBERATOS PRODITORES BRUNONI AC SUCCESSORIBUS EJUS
SERVOS ET VILLANOS ASSIGNAT.
flJEC sunt nomina, et lineœ servorum centum duo-
|decim, qui inventi sunt cum Sergio Proditore in
obsidione Civitatis Capuae Kalendis Martii,Incarnationis
Domini anno millesimo nonagesimo octavo, Indictione
septima, quos ego Rogerius Calabria?, et Sicilice per
Dei voluntatem Cornes, pro miraculo quod Deus digna-
tus est visibiliter mihi ostendere orationibus Béati Bru-
noni ad salutem Fidelium Christianorum, qui mecum
erant, et me a m ; donavi eidem Patri Brunoni, ejusque
successoribus, non solum ipsos, sed etiam filios filio-
rum suorum usque in sempiternum, in servos perpe-
tuos, et villanos, quos Proditores ex sententia interfici
diversis generibus suppliciorum damnaveram. Sed ad
petitionem dicti Patris Brunonis, tune eis mortem per-
niciosam peperci, et ad Ecclesiarum Beatas Marias de
Nemore, et Beati Promartyris Stephani obligavi perpé-
tuas servitutes. Et inde fieri feci Chirographum apud
Squillacium cum donatione, quam feci de Monasterio
S. Jacobi de Montauro, et tenimenti sui, sed eorum
nomina et lineas non habentur in eodem Chirographo ;
ad petitionem autem fratris Lanuini Prioris Ecclesiae
S. Stephani, in illo privilegio jussi poni in memoriam
sempiternam, et hœc nomina dictorum servorum, et
lineœ (SequuntuT nomina.)
Has sunt centum duodecim lineœ servorum, et villa-
norum, quos dedi Patri Brunoni, et successoribus suis
cum omnibus bonis eorum ubicumquesint in perpetu-
— 4io —
um, et habitent ubicumque. Et hi fuerunt quasi omnes
de tenimentis Squillacii, et Suberati. Hoc privilegium
scriptum est quarto Junii mensis, in Cappella Sancti
Martini, quae sita est in medio Civitatis Mileti, infirmo
existente Domino meo Comité, per manus mei Ruberti
de Parisiis Scribœ, et recitatum in Caméra, ubi idem
Dominus meus Cornes infirmus jacebat. Prœsente Do-
mina nostra Adelayde Comitissa, et concedente Mal-
gerio Domini Comitis Filio. Prasentibus Petro de
Moritonio, Roberto de Layna, Toraldo Carbonello,
Raynaldo de Clympeam, Uberto de Solana, Incarna-
tionis Domini nostri Jesu Christi anno millesimo cen-
tesimo secundo. Indictione nona. Amen.
15.
EPISTOLA S. BRUNONIS, QUAM EX EREM0 CALABRI^E
AD FRATRES SUOS CARTUSIjE EREMUM INCOLENTES
MISIT VIII SEPTEMBRIS MXCIX.
RATRIBUSsuis unice dilectis in Christo Frater
| Bruno salutem in Domino. Cognito rationabilis, et
vere laudandce disciplinas vestrae inflexibili rigore ex cre-
bra, ac dulci relatione Beatissimi Fratris nostri Landui-
ni; necnon audito sancto amore vestro, et incessanti stu-
dio erga ea, qua_> integritatis, et honestatis sunt, exultât
spiritus meus in Domino. Recte exulto, et feror in lau-
dem, et gratiarum actiones Domino, et tamen amaresus-
piro. Exulto quidem, ut justum est pro incremento
frugum, virtutum vestrarum ; me autem doleo, et eru-
besco inertem, et socordem jacere in sorde peccatorum
meorum. Gaudete ergo, Fratres mei carissimi,pro sorte
— 420 —
beatitudinis vestrœ, et pro larga manu gratis Dei in
vos. Gaudete quia quietam et tutam stationem portus
sécrétions obtinuistis, ad quem cum muhi quoque
nonnullo conatu contendant, non perveniunt tamen,
muhi vero postquam potiti fuere, exclusi sunt, quo-
niam nulli eorum desuper concessum est. Ideo Fratres
mei certum, et probatum sit vobis, quod quicunque
hoc optabili usus est bono , si quocunque modo id
amiserit usque in finem dolebit, si quis respectus, vel
cura salutis animas sua; sibi fuerit. De vobis dilectissi-
mis Fratribus meis laicis dico. Magnificat anima mea
Dominum, quia magnificentiam misericordiœ suas su-
per vos intueor secundum imitationem Prioris vestri,
et patris amantissimi, qui multum gloriatur pro vobis,
et gaudet. Gaudeamus, et nos quoniam cum scientiœ
litterarum expertes sitis, potens Deus inscribit digito
suo in cordibus vestris non solum amorem, sed et no-
titiam sanctœ legis suas. Opère enim ostenditis quod
amatis, quodve nostis. Nam cum obedientiam vestram
cum omni cautela, et studio observatis, quœ est execu-
tio mandatorum Dei, et clavis, ac signaculum totius
spiritualis disciplinas, quœ nunquam est sine multa
humilitate, et egregia patientia, quam semper comita-
tur castus amor Domini, et vera caritas, manifestum
est vos sapienter légère ipsum fructum suavissimum et
utilem Scripturas divinae. Ergo Fratres mei permanete
in eo ad quod pervenistis, et morbidum gregem quo-
rumdam vanissimorum laicorum, ut pesiem, vitate,
qui chartulas suas circumferunt mussitantes, quœ non
intelligunt, nec amant ; quibus verbis, et factis contra-
dicunt, qui otiosi, et girovagi quotquot bonis, et re-
ligiosis detrahunt, et se in hoc laudabiles putant, si
laudandos infamaverint, quibus obedientia et omnis
disciplina odio est. Fratrem vero Landuinum nobis-
— 42i —
cum detinere volui propter graves et crebras inrirmita-
tes nostras, sed quia sibi nihil sanum, nihil jucundum,
nihil vitale et utile esse sine vobis reputat, non acquie-
vit, protestans mihi in lacrymarum fonte pro vobis
émanante, et suspiriis multis, quanti apud eum sitis,
et quam perfecta charitate vos diligat. Unde coactionem
nullam facere volui, ne laederem eum aut vos, quos
charissimos pro merito virtutum vestrarum habeo. Qua-
propter fraternitatem vestram sedulo moneo, et sub-
misse atque obnixe precor, ut charitatem quam corde
gestatis, executione operis in ipsum utpote in Priorem
et Patrem vestrum charissimum ostendatis, bénigne et
provide subministrando quce sibi pro multimoda vale-
tudine sua necessaria sunt. Quod si vobis in hoc hu-
manitatis officio non consenserit, malens periclitari
de salute et vita, quam aliquid de disciplinas corporalis
rigore omittere, quod prorsus improbandum est, forsi-
tan erubescens, ut qui primus in religione est, in hac
parte posterior inveniatur, metuens ne occasione sui,
aliquis ex vobis remissior vel tepidior fiât, quod nul-
latenus formidandum puto ; ne hujus gratioe expertes
sitis, nostram vicem in hoc tantum vestras charitati con-
cedimus, ut liceat vobis reverenter eum cogère ad ea
quas saluti sua; commodastis. De me, Fratres, scitote
quoniam mihi unicum post Deum est desiderium ve-
niendi ad vos et videndi vos ; et quando potero opère
adimplebo, Deo adjuvante. Valete.
— 422 —
16.
BULLA PASCHALIS II
QUA IN CLIENTELAM S. ROMANDE ECCLESI^ RECIPITUR
EREMUS SANCT.E MARI-iE DE BOSCO.
lASCHALIS Episcopus servus servorum Dei. Di-
jlectis in Christo Filiis, Brunoni,Lanuino,et eorum
fratribus praesentibus et futuris in perpetuum.Quia nostri
officii interest servorum Dei quieti, prout Dominus
posse dederit, providere, petitionibus vestris, Filii in
Christo charissimi,ac reverendissimi, clementer annui-
mus. Per hujus ergo Apostolici Privilegii paginam Apo-
stolica auctoritate statuimus, ut locus ille, quem habi-
tationi vestrae, disponente Domino, elegistis, a jugo,
potestate, injuria, molestia omnium hominum omnino
liber cum tota silva, et monte, terra, aqua in spatium
unius leucai in omni parte adjacenti in vestra omnimo-
da, et successorum vestrorum dispositione permanent,
sicut vobis a dilecto filio nostro egregia? memoriœ Ro-
gerio Comité condonatus , et a proedecessore nostro
sanctœ in Christo recordationis Urbano II. confirmants
est. Nemini intra proedictum spatium liceat pascere,
agriculture, seu piscationis, aut lignorum occasione,
aut quacumque ex causa, aut vestris successoribus inju-
riam aut molestiam irrogare, sed totum secundum vo-
luntatem vestram possideatis, disponatis, ordinetis, et
erogetis. Porro si quid Episcopalis officii indigueritis
ad quem potissimum vicinorum Antistitum volueritis,
recurrendi prœsenti decreto liberam licentiam indul-
gemus. Confirmamus prœterea vobis locum, qui dicitur
Arsafia, ubi antiquitus Monasterium fuerat cum omni-
— 420 —
bus praediis, et possessionibus ad illud pertinentibus,
ubicumque sint, sicut a supradicto egregice mémorise
Rogerio Comité in Ecclesias vestras dedicatione locus
idem oblatus est. Villanos quoque de Stylensi territorio,
qui super Arsafiac possessionibus commanent : porro in
territorio Squillacensi Casale Arunehum cum omnibus
suis pertinentiis, et villanos ejusdem Casalis. Similiter et
villanos pertinentes ad Montaurum et 01ivianum,cujus-
cumque sint artis vel negotii, vel marinarii, quos idem
Cornes paulo ante obitus sui diem loco vestro per Chi-
rographum obtulisse cognoscitur. Decimarum quoque
usum, ex vestris, vel puerorum vestrorum laboribus,
vestri juris esse censemus, et si qua puerorum vestrorum
offensa contigerit, in vestra tantum manu eorum omnis
correctio maneat. Nec ullus se de his, quas ad vos perti-
nent, sine vestra voluntate occasione aliqua intromittat.
Quatenus Omnipotentis Dei speculationi liberis menti-
bus insistatis, et ad ejus faciei dulcedinem ipso prœstan-
te pervenire valeatis. Si qua sane Ecclesiastica, sœcula-
risve persona hanc nostrce Constitutionispaginam sciens
contra eam temere venire tentaverit, secundo tertiove
commonita si non satisfactione congrua emendavérit,
potestatis honorisque sui dignitate careat, eamque se
divino judicio existera de perpetrata iniquitate cognos-
cat, et a sacratissimo corpore et sanguine Dei et Domi-
ni Redemptoris nostri Jesu Christi aliéna fiât, atque in
extremo examine districts ultioni subjaceat. Cunctis
autem eidem loco justa servantibus, sit pax Domini
nostri Jesu Christi, qiiatenus et hic fructum bonae actio-
nis percipiant, et apud districtum Judicem praemia aeter-
nae pacis inveniant : Amen. Amen. Ego Paschalis catho-
licoe Ecclesiac Episcop. Ss. Datum apud oppidum Mel-
liti per manum Joannis sanctas Romanae Ecclesias
Diaconum Cardinalem, VI. Kal. Augusti, Indiction. IX.
— 424 —
Incarnat. Dominicas ann. MCII. Pontif. autem Domini
Paschalis II. PP. anno II.
17.
FIDES DE SS. TRINITATE ATQUE DE SS. SACRAMENTO ALTARIS,
ANTE SUUM OBITUM A MAGISTRO BRUNONE EXPOSITA.
[REDO firmiter in Patrem, et Filium, et Spiritum
IJSanctum, Patrem ingenitum, Filium unigenitum,
Spiritum Sanctum ab utroque procedentem, et has très
personas unum Deum. Credo quod idem Dei Filius
conceptus sit de Spiritu Sancto, ex Maria Virgine. Credo
quod Virgo castissima fuerat ante partum, Virgo in
partu,et postpartum Virgo in œternum permansit. Credo
quod idem Dei Filius conceptus sit inter homines, ut
verus homo sine peccato. Credo quod idem Dei Filius
invidiose captus est a perfidis Judaeis, injuriose tracta-
tus, injuste ligatus, consputus, flagellatus, mortuus et
sepultus, descendit ad inferos, ut captivos suos inde li-
beraret : descendit propter redemptionem nostram, et
resurrexit, ascendit ad cœlos, inde venlurus est judi-
care vivos et mortuos. Credo Sacramenta, quoe Catho-
lica crédit et veneratur Ecclesia, et nominatim, quod
consecratur in Altari verum corpus esse, veram carnem,
et verum sanguinem Domini nostri Jesu Christi, quem
et nos accipimus in remissionem peccatorum, in spem
salutis alternas. Credo carnisresurrectionem, vitam aeter-
nam. Amen.
Confiteor atque credo sanctam atque ineffabilem Tri-
nitatem, Patrem, et Filium, et Spiritum Sanctum unum
Deum naturalem, unius substantif unius naturae, unius
— 4--"1 —
majestatis, atque virtutis. Et Patrem quidem non ge-
nitum, non créa tu m, sed ingenitum profitemur. Ipse
Pater a nullo originem ducit, ex quo et Filius nati-
vitatem, et Spiritus Sanctus processionem accepit. Fons
ipse igitur, et origo est totius Divinitatis, ipse quoque
Pater essentia quidem ineffabilis substantia sua Filium
genuit ineffabiliter, nec tamen aliud, quam quod ipse
est, genuit, Deus Deum, lux lucem ; ab ipso ergo est
omnis Paternitas in cœlo et in terra. Amen.
18.
EN'CYCLICA EPISTOLA CARTl'SI.E S. MARIEE DE EREMO,
DE OBITU S. BRUNONIS.
RIMO loco, quem Primatem, et caput in Ecclesia
jcredimus, et confitemur Apostolicae Sedis Prae-
sulem, totamque istam principalem Curiam, humiliter
EremitxCalabria,' Monasterii Sanctae Dei Genitricis Ma-
ria?, cujus fundator Pater Bruno fuit, et Prœlatus, dum
in carne viveret, débita subjectione veneramur, et salu-
tamus, sanctique Patris nostri Brunonis obitum pridie
nonas Octobris denuntiamus, ut meritis eorum, et pre-
cibus adjuvetur apud Deum. Salutamus etiam Univer-
salem Ecclesiam sanctam in Ordinibus et professioni-
bus suis, Canonicos, Monachos, Eremitas, Deo dicatas
sanctas Virgines, quibus et omnibus spirituali praesentia
prosternimur, ut defuncti Patris nostri memores esse
velint, ut dilecta; illi animae, si adest macula, (cum non
sit justus, qui non peccet) multiplicatis intercessoribus,
et precum instantia detergatur et transeat in requiem.
Precamur quoque, ut quorumcumque locorum Con-
— 426 —
gregationes, aut personae religiosae ejus agant memo-
riam, se nominatim non pigeât in hac Charta subs-
cribere. Separatim vero, si qui volunt ejus memoriam
scriptam, et anniversarium observare, scribantur, ut
congruam vicem singulis rependamus, prout pauci suffi-
cimus. Ut autem sciatis quanta fiducia , quam certa
spe liberationis ejus fundatis preces, transitus illius
utilitatem brevi titulo innotescimus, ut in sancti viri
consummatione veritatem, et perfectionem transactœ
vitas colligatis. Sciens quia venit hora ejus, ut trans-
eat ex hoc mundo ad Patrem , convocatis Fratribus
suis, ab ipsa infantia singulas aetates suas replicavit,
et totius temporis sui scientia etsententia dignum procla-
mavit. Postea fidem suam de Trinitate, protracto, et pro-
fundo sermone exposuit, et conclusit sic : Credo etiam
Sacramenta, quas sancta crédit et veneratur Ecclesia, et
nominatim panem, et vinum, quae consecrantur in al-
tari post Consecrationem, verum corpus esse Domini no-
stri Jesu Christi, veram carnem, et verum sanguinem,
quae et nos accipimus in remissionem peccatorum no-
strorum, et in spem salutis aeternae. Proxima die Domi-
nica, sancta illa anima carne soluta est, pridie nonas
Octobris , anno Domini millesimo centesimo primo.
Orate pro eo, et pro nobis peccatoribus. Fratrem no-
strum harum litterarum latorem obedientiœ gratia pere-
grinantem, vestrce charitati commendamus. Valete.
— 4*7 —
19.
TITULI FUNEBRES.
SERIES ELOGIORUM, QUIBUS VARI.E PER ITALIAM, GALLIAM ,
ANGLIAM, CONSTITUEE ECCLESI^, RELIGIOS.E FAMILLE
ET SINGULARES IN ECCLESIASTICA DIGNITATE PERSON.E
SANCTISSIMI PATRIARCH.E BRUNONIS FUNERI
PIE AC DEVOTE PARENTARUNT.
TITULUS MAJORIS CARTUSLE.
J^OS quoque Cartusiœ Fratres, piissimi Patris nostri
^^Brunonis, viri valde charissimi, solatio miserabili-
ter prœ omnibus destituti, quid pro ejus dilecta anima
et sancta faciemus, definire nequimus. Vincunt enim
mérita beneficiorum ejus erga nos, quidquid possumus,
et valemus. Itaque sicut pro unico Pâtre ac Domino
nostro nunc, et sine fine orabimus, et qualiscumque
missarum, easterique spiritalis exercitii consuetudo circa
defunctos apud nos tenetur, pro illius anima omni
tempore tanquam filii persolvemus.
TITULUS S. NICOLAI MELITENSIS ECCLESIjE.
Mors brève nomen habet, sed nomine dura sub ipso
Sors latet ; et sors, qux non brève jus habeat.
Calcat opes, et sceptra quatit, cathedrasque supinat,
Nemoque novit ubi, quando, vel unde venit.
Sensus, honor, meritum, species, vis, res, genus, aetas,
— 428 —
Omnia vanescunt mortis in articulo.
Haec cum cuncta forent tibi Bruno pridie nonas
Octobris ; tamen es mortuus ipse modo.
Magne Pater, qui cuncta potes, cui competit uni
Interiora viri cernere funditus, et
Parcere peccatis, dare post obitum medicinam :
Parce viro tanto, sisque medela sibi.
TITULUS S. MARLE TROPEIENSIS ECCLESIyE.
Unde Deo gratus fuit Bruno, inde beatus,
Quem si laudarem non hune pro laude bearem.
Reddo Deo grates, quod habebat tôt bonitates ;
Quot possunt dici lingua sapientis amici :
Inde cutis colli, teritur prae pondère rolli,
Rolligeri collum nequit ultra tollere rollum,
Quo tôt cum tantis scribuntur, et aula tonantis,
Et sol cum luna, stellarum cursus et una,
Lux, polus, aer, humus, mare, tartara sulphure, fumus,
Lividus, obscœnus, fœtensque, putredrine plenus :
Quae plaga Plutonis procul est a sorte Brunonis.
Ampla fuit Charta, nunc parva videtur, et arcta :
Qua sors, qua fa+um, qua scribitur orane creatum,
Atque Creatoris, sine tempore tempus honoris :
Cujus in hac vita vitae fuit hic eremita ;
Quam pius, et mitis, simplex, sine agmine litis
Dicere si nossem, non est quo scribere possem.
Intus, et a tergo jam pellis scribitur, ergo
Ultra quid dicam ? jam nescio dicere quicquam.
Sed tamen, ut crescat benedictio : dico, quiescat;
Paci, dico, datus, cum sit super astra locatus :
Si tamen in fossa fiât caro pulvis, et ossa.
— 429 —
Non obiit, vivit, patriam redeundo petivit.
Vivere quae Bruno vivit, possimus in uno.
TITULUS S. PETRI NEOCASTRENSIS.
Hac vixit vita dum felix hic Eremita
Dictus Bruno bonus, noster per cuncta patronus;
Quo vixit pago : vivens permansit imago
Verae justitiœ, doctrinœ, philosophiœ;
Exemplum cunctis qui dans ratione potitis,
Struxit structuram, quam novit non ruituram.
iEtheream sedem, per sascula cuncta manentem.
In summis ccelis, ubi gaudet Bruno fidelis.
Cujus mirantes vitam, mores imitantes:
Omnes oremus prece qualicumque valemus:
Hic, ut tam dignus, tam verax, tamque benignus,
Pro nobis toto fundens oracula voto,
Quo gaudet lcetus cœlesti culmine fretus,
Nos congaudere faciat, secumque manere.
5.
EX DtICATU HETRUREE, ARCHIEPISCOPATU FLORENTINO,
ET EPISCOPATU BURGENSI.
TITULUS MONASTERII SANCTI SEPULCHRI.
Monasterii Sancti Sepulchri Congregatio volontarie
adimplebit, quod petitis.
— 4-3o —
6.
EX ARCHIEPISCOPATU SENENSI ET EPISCOPATU CLUSINO.
TITULUS CLUSINI CŒNOBII.
Clusinum collegium satis humile et exiguum pro
Brunone relig'onis socio, insignisque fidei magistro exi-
mio, ac suis orationibus in vita sanctissimi viri patris
nostri Benedicti dedito, mœrens, se fore destitutum tanti
viri solatio, dietim exorabit Dominum : imponendo
Fratribus Missas, et Psalterium suum, complendo vide-
licet Tricenarium. Quem etiam inter nomina Fratrum
diligenter habebit impositum, ejusque festum dévote ce-
lebrabit annuum,ut sibidet requiem, Michaele precante,
perennem. Orationum vestrarum clypeo muniri opta-
mus, quibus adscisci inter Sanctorum consortia, nos,
et defunctos nostros minime dubitamus.
TITULUS FRATRUM MONTIS AMATI.
Notum autem facimus sanctitati vestras, nos Fratres
de Vivo humiles habitatores Montis Amati una cura Do-
mino nostro Priore Hieronymo in communi statuisse
pro Reverendissimo charissimoque Brunone, vestrae
Congregationis Pâtre, septem diebus pro ejus venera-
bili transitu vigilias, et Missas celebrare, in matricula
conscribere, anniversarium diem agere. Oramus, et ob-
nixe petimus ut nostri in omnibus bonis vestris me-
mores sitis. Valete.
— 43 1 —
EX STATU REIPUBLICE LUCENSIS, ARCHIEPISCOPATU PISANO,
ET EPISCOPATU LUCENSI.
TITULUS SANCTI MARTINI .
Ecclesiœ nos Canonici S. Martini, quœ dicitur Pe-
tra, gratanter hanc chartam accipientes, humilique men-
te recordationem in nostra matricula conscribentes, re-
ligiosi hujus viri, Brunonis seilicet, memoriam in die
ejus anniversaria faciemus.
TITULUS FRATRUM FICULENSIS SEU FICF.CLENSIS CŒNOBU.
Nos Fisciclenses Fratres pro reverendissimo, ae reli-
giosissimo Domino Brunone eminentissimo Eremita,
supplicationum preces intentissime, libenti valde ani-
mo, Creatori Deo oblationis vestras libamine persol-
vemus. Et ejus venerabile nomen inter amantissima
fratrum nostrorum nomina conscribemus, ejusque an-
niversarium diem, prout charitas vestra petit, devotius
celebrabimus.
10.
TITULUS S. FRIGDIANI EPISCOPI LUCENSIS.
Nos humiles Sancti Frigdiani Lucensis Ecclesiœ Fra-
tres pro tanto viro, et tam glorioso voluntarie officium
commemorationis inpendimus : credentes, nos apud
Deum ejus sanctis commendari meritis.
40 :
EX ARCHIEPISCOPATU BONOMENSI
IN PROVINCIA LONGOBARDLE ET EPISCOPATU PLACENTINO.
TITULUS ECCLESI/E PLACENTINO.
Nos sanctissimae Marias, sanctaeque Justinas Placenti-
nae Matricis Ecclesias parvi meriti Fratres, pro tam Ve-
nerabilis viri gloriosissima anima débitas ardenti animo
exequias agere voluntarie promittimus, ejusque san-
ciam memoriam in nostra matricula amantissime inse-
remus.
12.
EX ARCHIEPISCOPATU TACRINENSI, IN PEDEMONTIO.
TITULUS SEGUSIENSIS ECCLESLE.
Auctoritas sanxit divina, necnon Apostolica habet
sententia, invicem Fratres portare onera : hujus ergo
auctoritatis dogmate fulcita Segusiensis Ecclesiœ nostra
humilis, et exigua, fundendo preces Dei exorat clemen-
tiam, ut tanti religiosi viri anima, videlicet Brunonis
functi, delictorum veniam consequatur, perenni Dei
gratia.
i3.
TITULUS PROPOSITUR.E ULCIENSIS.
Nos humiles Fratres S. Laurentii Ulciensis Ecclesiae,
quae alio nomine plebs Martyrum vocatur, pro tanto
viro, tamque religioso, pro quo etiam totus orbis ter-
- 433 -
rarum preces incessanter fundere débet : officium cum
tricenario, et deinceps anniversarium ejus divina sub-
ministrante gratia persolvemus.
14-
EX ARCHIEPISCOPATU PARISIENSI.
TITULUS SANCT.E MARIjE PARISIORUM.
O vos mundani, qui re gaudetis iaani,
Spernite culturam carnis subito perituram :
Corpus enim vastum varia pinguedine pastum
Quo magis impletur, putidum magis efficietur.
Cur impinguatur caro, qua vermis satiatur?
Cur adeo cupimus bona, quœ retinere nequimus ?
Quos maie seducit mundus, per dévia ducit,
Et sectatores carnis fallit per honores,
Blandaque praetendit, dum nobis retia tendit.
Est et in hoc mundo mundanis sollicitudo,
Pœnaque lucratur pcenam, caro bis cruciatur.
Qui lucra sectantur subita nece praecipitantur.
Et subeunt antrum carnes, animaeque baratrum :
Hase satis attente pertractans Bruno repente
IUe magistrorum decus; informatio morum :
Remigium turbae Rhemensis, major in urbe,
Mundum despexit, iter ad cœlestia flexit :
Vilibus indutus pannis, te Christe secutus.
Huic igitur cceli pateant, populoque tideli,
Cum quo laetatur Bruno semper sociatur.
28
4M
ID.
TITULUS S. GERMANI EPISC0PI PARISIENSIS.
Mentibus in nostris deberet semper haberi
Lux, in qua reprobi mala tollent, seu bona justi.
Hanc timuit Bruno ; Sophiae qui verus amator
Exuit hic veterem mortali carne parentem
Ipsum de terra Christus devexit ad astra.
Serve Dei Bruno, te suscipiat tuus auctor,
Perpétua possis uti requie paradisi :
Hanc habeant omnes nostri, cunctique fidèles.
16.
TITULUS S. DIONYSII AREOPAG1T.E, PROPE PARISIUM.
Si prosa, vel versus possent conferre salutem,
Nec prosa, nec versus tollent tibi Bruno salutem.
Nam prosa, vel versus de te volât ore dicaci,
Quœ tibi sic prosunt serpentis ab ore minaci :
Si tormentari prohibèrent, atque vorari.
Sic prosa, vel versus possunt conferre salutem,
Cum strepitu vocis sonet ergo melodia cordis,
Ut prosa, vel versus quod continent, id meditemur.
Quodque sonat fieri, Dominum de corde precemur.
Bruno digne pater, ut eo salveris ab igné,
Qui non justorum, sed semper erit reproborum :
Et si quid minus est, quod non perfectio donet,
Id tibi donari defectibus, et superaddi,
Nostra tuis possit devotio, si Deus audit.
Sed Deus audiet, et faciet, quia justa rogamus,
Ut tibi fine carens cœlestis lux tribuatur,
Et tecum nostris, et cunctis hic titulatis.
— p
TITULUS S. MAGLORII PARISIENSIS.
Occiduis morbis resolutis, cur dolet orbis
Consumpta pœna, si pace fruuntur amœna?
Non opus est flendi, quia gaudent luce perenni.
Est homo laudandus : tamen est hac voce juvandus
Parce Redemptor ei, terrence materiei.
TITULUS S. PETRI FOSSATENSIS CŒNOBII.
Nil prosunt animae, versus si fecero mille :
Vos orate tamen, pace quiescat, amen.
19.
TITULUS S. PETRI LATUNACENSIS.
Arbore de quadam fructum gustaverat Adam.
Arbore post de qua, sors imminet omnibus aequa.
Si non peccasset, genus humanum recreasset :
Sed quia peccavit, morti mala cuncta paravit.
Ergo dolor, luctus, lacrymarum fundite fluctus :
Quod mors sic mordet, scevit, ruit, omnia sorbet :
Hac ruit omnis homo pro gustato maie porno.
Hic valet, et vixit, mox terra; membra reponit.
Sic caro flos fœni, fit fœnum gloria mundi,
Dum juvenum flores marcescunt atque décores:
Cum parvo magnus, cum justo transit iniquus.
Hoc probat omnis homo ; sed homo quod comprobat
[omnis],
— 436 —
Intulit ipse Pater; sed quod Pater întulit ipse,
Expulit ipse Deus; sed quod Deus expulit ipse,
Nobile fecit opus ; sed opus quod nobile fecit,
Sentit origo sequens ; sed et hoc quod sentit origo,
Sentit et hic Bruno, quoniam Bruno sentit, et iste
Vivit in aeternum ; non ergo fleamus ob ipsum.
Si qua tamen gessit, Domino quae non placuere ;
Os, mens, lingua, Deum non deneget ista rogare ;
O theos Alpha bone, da ccelica régna Brunoni.
20.
TITULUS S. MARLE CARNOTENSIS.
Ecclesiae munus Bruno fuit haud ruiturus,
Nam bonus, atque pins mentis fuit, atque Sophiïe.
Doctor erat verus : fieat ipsum plebs bona, Clerus.
Justus, sincerus, morum gravitate severus,
Mortuus est Bruno, pugnando rege sub uno ;
Qui sic pugnavit, Ducis hostes, qui superavit.
Cujus miles erat, quapropter prœmia quœrat,
A Duce Sanctorum lœtissima régna polorum ;
Et nos mille modis psalmis oremus, et odis,
Ut det Christus ei lucem summas requiei.
Nam si promeruit hanc mercedem quis habere,
Nullus Brunonem putet hac mercede carere.
21,
VERSUS SCHOLARES EJUSDEM CARNOTENSIS ECCLESI.E.
Quis fuerit Bruno momento temporis uno,
Nescius hue veniat, discere si cupiat.
Iste fuit justus, sapiens nimis, atque venustus ;
- 4*7 -
Sed nulli noouit, discere quod potuit.
Cui pia vota damus, nostrumque Patrem rogitamus,
Ut fugiens rabiem, possideat requiem.
Si Bruno vixit, sicut vixisse putatur,
Vivat in œternum, paradisi sede fruatur.
Flos erat hic Patrum, solamen, gloria fratrum ;
Veri sectator, divinœ legis amator,
Semita justitia?, fons hic, et origo sophias ;
Lux spéculum mundi ; rerum sublime cacumen ;
Labentum baculus ; miserorum dulce levamen ;
Nec mens fracta malis ; nec erat nimis alta secundis.
Hic sibi non vixit, sed mundo, quem bene rexit,
Non hic, sed vita spoliata, flet hoc Eremita.
Vita non eguit, qui mundo non sibi vixit.
Ut narrem breviter, quis narret sufficienter ?
Quam phœbe phœbo, quam cetera sidéra lunœ
.km totus mundus adsit tibi Gallice Bruno.
22.
TITULUS SANCTI PATERNI CARNOTIS.
Concio Silvestris, lachrymarum parce fluentis,
Pastoris vita fidei cultu redimita,
Votum lœtandi nobis dat, non lacrymandi,
Si mundo moritur, paradisi sede potitur,
Perdomuit carnem, dum cceli tendit ad arcem.
Se sociat Christo, mundo dum migrât ab isto
Si qua tamen carnis violavit viscera Patris,
Culpa licet parva; tergat miseratio larga,
Ejus quem toto properavit cernere voto.
O miles Christi, qui pugnrc victor abisti;
Quam bene certasti, quia certando superasti;
Spernens terrena, stipendia carpis amcena.
— _p8 —
Vivis, et exultas, et ad aulœ limina puisas,
Christe tuo fesso, quia te petit, obvius esto;
Dans illi requiem, dans sine fine diem.
23.
TITULUS SANCT.E CRUCIS
SANCTIQUE FARONIS MELDENSIS EPISCOPI.
Cognitus iste satis doctrina erat, atque beatis
Moribus, et vita Bruno sapiens Eremita.
Principiis primis, summis fulgebat, et imis.
Post monachus factus, jam cœlica gaudia nactus.
Ecce jacet Bruno tumulo conclusus in uno ;
Nam sic tolluntur sapientes dum moriuntur,
In Domini castra, pollentia desuper astra.
Nullus miretur, si Bruno sanctus habetur :
Hoc meruit vita, dici simplex Eremita :
At si peccavit, quod necdum forte piavit :
Hoc sibi condonet Dominus, cœloque coronet.
24.
TITL'LUS S. PETRI RESBACENSIS.
Temporibus nostris finis dum proximat orbis,
Extitit in mundo proximus iste Deo.
Nam dives fuerat ; mores sapienter agebat :
Contempsit cuncta ; post pauper et est Eremita,
Factus pro Domino, qui solus régnât in alto.
Iste viam carnis tenuit, per sa^cula felix
Sit pietate Dei, qui saecula morte redemit.
— -po —
2}.
EX EPISCOPATU AURELIANENSI.
TITULUS SANCT.E CRUCIS AURELIANENSIS.
Summum Bruno decus, et gloria temporis hujus,
Carne jaces, sed parte mânes meliore superstes;
Et justi recipis nunc praemia grata laboris :
Prreclaris merito Doctoribus associatus.
Vivens in Christo, nostri vir sancte mémento ;
Doctrinœque tuœ, quae toto fulget in orbe,
Christo funde preces, mereamur, ut esse sequaces,
Quique Deum pro et fraterno more rogamus
Brino tuis scmper precibus vir sancte juvemur.
Vos quoque Sanctissimi Fratres, qui tantum, ac ta-
lem patronum ad cœlos prœmisistis, omni humanae
compassionis dolore postposito, gaudete, et exultate in
Domino : dignosque tanto Pâtre vos fuisse moribus
ostendite, ut ipse pro vobis intercedente, dignetur vobis
Dominus, si non scientia parem, honesta saltem vita
consimilem Patrem providere. Valete.
26.
TITULUS S. MAXIMINI MICIANENSIS CŒNOBII.
Doctus Psalmista, clarissimus atque sophista,
Gallia quem mire sua deberet sepclire,
Ut fertur Calabris nunc Bruno scpultus in agris :
Hac f une tus vita sub temporibus stabilita,
Transeat ad vitam sine temporibus stabilitam.
— 440 —
ALIUS TITULUS EJUSDEM MICIANENSIS CŒNOBII.
Bruno consurgat régi, qui crimina purgat,
Sanctorum Christo : cui mundo vixit in isto :
Excessit vita Monachus sapiens Eremita
Hinc Clerus tristis moneatur versibus istis
Prœmia donantem Dominum rogitare tonantem.
Ut det ei requiem ; plebs pia dicat amen.
28.
EX EPISCOPATU ALESENSIS.
TITULUS S. MARLE BLECENSIS ECCLESLE.
Non est deflendum, nec Patris morte dolendum ;
Non obiit Bruno, qui partem fixit in uno ;
Hune Deus excepit, comitem pia turba recepit.
29.
ALIUS TITULUS EJUSDEM.
Bruno vir egregiae probitatis gemma sophiœ :
Tujus honestatis, sit prœsens Chartula testis :
Pacis habet ridem, Cœli translatus ad aedem,
Ergo laudemus Dominum. veneremur, amemus,
Per quem servorum decoratur vita suorum.
— 44i —
3o.
ALIUS TITULUS EJUSDEM.
Unus eras eremo, liquisti terrea Bruno,
Nec mors morte tua tonuit, penitus tua jura ;
Solvitur in cineres corpus, sis cœlicus hasres.
3i.
TITULUS S. MARIiE PONTILEVIENSIS CŒNOBII.
Exiit e mundo vir mundi spretor, ad illum
Qui mundum fecit, quem sine fine videt.
Et licet hic tanquam tenebrosus Bruno vocetur ;
E.>t tamen et fama lucidus, et meritis.
Luce Dei fruitur, quia lucem respuit istam,
Et pro deserto, cœlica régna colit.
Vos igitur Fratres pro letho ne doleatis,
Esse suos laetos, laetus et ipse cupit.
Si quid ei minus est, Deus illi compleat illud,
Et nostros vestris jungat ei precibus.
32.
EX ARCHIEPISCOPATU LUGDUNENSI.
TITULUS MAJORIS ECCLESIjE LUGDUNENSIS.
Sic mors prudenti parcit, velut insipietiti :
Prudens Bruno fuit, sed cito morte ruit.
Nempe jacet Bruno tumulo depressus in uno,
Qui quantum potuit justititc studuit.
Floruit et vita factus simples eremita ;
Si fuit iste reus, tu sibi parce Deus.
— 44'^ —
Cui dantur frustra pro psalmis carmina pulchra ,
Plus prodesset ei, ter miserere mei.
TITULUS ATHANACENSIS CŒNOEII LUGDUNI.
Athanaceusis vero cœtus divino oraculo prœmoni-
tus, pro anima Religiosi, Deoque dilecti Brunonis,
générale officium, simulque preces, et orationes per-
solvit, et conscriptis cum eo Fratribus, obsequia com-
mendationis exhibuit.
H-
TITULUS S. PETRI CASSELLEXSIS ECC-LESI^.
Brunonis vermes carnem pascuntur inermes.
Proh dolor immensi vas, sensus, et bonitatis.
Non tamen est inde quod defleo ; nam mihi constat,
Illum Sanctorum concivem, sed quia cœtus
Ipsius mceret privatus Pâtre benigno.
6b.
EX ARCHIEPISCOPATU AUGUSTODUNENSI.
TITULUS S. MARGARIT/E CŒNOBII.
Cum Pâtre sit Nato laus, et Cum Flamine sacro,
Mundum sustentât : ccelum ditione gubernat.
Angeli cum Seraphim, pariterque beata Cherubim
Cum cœteris sanctis, justis simul, atque beatis.
Occurrant illi simul exultantes, et lœti,
Et tamen cum ipsis astantibus undique turmis
— 4-P —
Virtutum Thronis, et Potestatibus justis
Vere beatificent Dominum, regem quoque laudent.
Inclyti Brunonis adsint animxque parati :
Abraham, mox Isaac , et Jacob, Job, et Helias,
Isaii, Daniel, David, Sanctissimus Johel,
Abacuch, Abdias, Sophonias, et Hieremias,
Cum vatum cœteris sistent obtutibus Christi,
Supplices, et lœti deposcant dono ditari.
Et nos cum ipsis demus pia cantica laudis.
Quamvis indigni mereamur luce beari,
Exultât ccelum, terra gémit nunc, et résultat.
36.
EX EPISCOPATU LINGONENSI.
TITULUS LINGONENSIS ECCLESL-E EPISCOPI.
Robertus Lingonensis EcclesiœServusrogabit ejusdem
Ecclesiae Canonicos, et Sacerdotes, Monachos, Eremi-
tas in Episcopatu Lingonensi Domino servientes,utorent
pro anima charissimi Magistri sui Brunonis, et Elee-
mosynas pauperibus largiantur , memoriamque obi-
tus sui, in quibus poterit Ecclesiis scriptam, observari
faciet.
TITULUS S. STEPHAM DIVIONENSIS.
Qui régit omne, quod est, hune noxa solvat ab omni,
Hune societ justis, qui régit omne quod est.
Quce petitis vestris, eadem persolvite nostris
Obsequia, psalmos, cantica, vota, preces.
Spiritus in cœlo Brunonis suscipiatur,
— 444 -
Et sit cum Christo, dum vixit, quem sequebatur,
Impetret et nobis, quod se possimus adiré,
Quos cupit hic mundus peccati facere perire.
38.
TITULUS S. BENIGNI DIVIONENSIS CŒNOBII.
Est quia surgendum, non est de morte dolendum,
Parcere mors nescit, justus bene morte quiescit ;
Mutua vota damus; nobis eademque rogamus.
39.
TITULUS S. PETRI BESVENSIS.
Transit ab hac vita Bruno summus Eremita.
Quem deflent cuncti, sapientes, atque periti,
Hic sapiens vixit, sapiens, et alta migravit,
Jam ccelum teneat, jam Christo sedulus astet
Pro sibi devotis securus fratribus orans.
40.
TITULUS SANCT.£ MARLE, SANCTIQUE JOANNIS ,
COXFRATRUM REOMENSIS CŒNOBII.
Dans bona Christe Poli famulo da régna Brunoni,
Mutanti florem mundi, cunctumque decorem,
Deserto vili, quod regno clarius illi.
Hac fuit in vita, jam cessant plurima scripta :
Débita doctori reddantur vota Brunoni,
Atque suis cunctis; nostris quoque reddite functis :
Christi veraces famuli, justique sequaces
— 4-P —
Qui charam fortis eremum colitis modo Turris,
Quœ vos, ut vestrum perducet ad astra magistrum.
Notum sit vobis Charissimi, nos Reomenses Fratres,
vestri memoriam Patroni in missis, et orationibus tri-
ginta egisse diebus, ipsiusque nomen, cum nostrorum
nominibus Fratrum, sicut decet, scripsisse.
41.
TITULlh-. s. michaelis archangeli tornodrensis coenobii.
Mors pia justorum fruitur quia régna polorum
Morte sua sacro sociatus in agmine Bruno
Vivat; et in requie potiatur dona sophiœ.
Gaudeat hic felix, videat faciem quoque Patris ;
Cernere quam Christus faciet sine fine beatos.
42.
TITULUS SANCT.E MAREE MOLISMENSIS ECCLESLE.
Tempore disposito migrât de corpore Bruno,
Cujus, dum vixit, vita Deo placuit :
Subveniant illi, quibus est permissa potestas,
Ut sit ei requies, et sine fine dies.
Nostris versiculis, qui habitamus Molesmium, adden-
tes vobis, qui estis Turri, innotescimus, quod pro Dom-
no Brunone Patrono vestro, nostro autem familiarissi-
mo, Missarum solemnia diebus triginta celebravimus,
ejus etiam obitus anniversarium diem in catalogo fra-
trum nostrorum eonscripsimus.
44< >
43-
TITULUS LAMBERTI ABBATIS PULTARIENSIS COENOBII.
Ego F rater Lambertus Pultariensis Monasterii ex ne-
cessitate Apostolicce obedientiœ servus, et procurator
exiguus hujus eximii Magistri Brunonis , in litteralis
doctrinae scientia a primordio meae conversationis de
sœculo, in eruditione Catholicas conversationis, et ve-
ras religionis discipulus, ejusdem piissimi Patris nostri,
et informatons memoriam in septenariis et tricenariis
officiis , et anniversaria die sui obitus, cura canticis
spiritualibus , et pauperum refocillatione quotannis
recolenda, cum commissis mibi filiis, et fratribus pro-
curare, et dévote prosequi non fatigabimur, et quos
poterimus ad orandum pro eo excitabimus.
44.
TITULUS SAXCT.E MARI.E CASTELLIONENSIS.
Bruno vir hic magnus fuit, ac simplex velut agnus,
Qui mundum cernens vilescere, cunctaque spernens ;
Vitam mutavit, corpusque famé maceravit.
Post Monachus factus : Eremi vastissima nactus,
Hanc linquens sedem Cœli conscendit in cedem
In qua detur ei locus optatus requiei.
Et si quem laesit ; vel si quod cri mini adhaesit
Hoc condonetur ei eratia masna Dei.
— 447 —
4-s-
EX EPISCOPATU MATISCONENSI.
TITULUS SANCTI PETRI CLUNIACENSIS CŒNOBII.
Jue dolor poni débet pro morte patroni :
Caudeat et Mater, gaudet ut ipse Pater.
Fecmius obsequium, quod Chartula jussit agendum,
Et nobis iidem, vos faciatis idem.
46.
EX EPISCOPATU CABILONENSI.
TITULUS S. VINCENTII CABILONENSIS ECCLESIjE.
Cum bene praeteritam testetur littera vitam,
Et cum posse mori nulli dematur honori ;
Fletus deponi debent pro morte patroni ;
Namque Deus sedem superam sibi tradidit aedem.
Nunc igitur fratres psalmos, missasque canentes,
Reddamus Christo laudes, et carmina nostro,
Ut prosit cunctis quod nos adolebimus isti.
47-
EX ARCHIEPISCOPATU SENONEXSI IN CAMPAMA,
ET TRECENSI EPISCOPATU.
TITULUS S. PETRI TRECORU.M.
Ut titulus dicit, mundi tentamina vicit,
Bruno vir sapiens, jussa Dei faciens ;
Sprevit opes multas, sibi nec fuit ulla facilitas,
Sed quicquid potuit fratribus exhibuit.
— 44'^ —
Fugit ab hac vita, Monachus fit, et hinc Eremita ;
Dum sic abstinuit, régna poli meruit.
Sed quia jure pari decet hoc pio fratre precari,
Poscimus, ut requies sit tibi quœque dies.
48.
TITULUS S. PETRI INSUL/E GERMANIC/E.
Mortua mors utinam, vel carcere clausa fuisses.
Ne tantum mundo Doctorem surripuisses,
Pro quo nos petimus Christum fontem bonitatis,
Ut det Brunoni munus solitœ pietatis.
Christe Patris Verbum regnum concède supernum
Brunoni famulo, qui se tibi pectore puro,
Vivens conjunxit, mundanaque gaudia sprevit.
Vos igitur Fratres eremitica claustra colentes,
Quod nos pro vestris facimus, nunc reddite nostris,
Subtracti laeto potiantur quo paradiso.
49.
TITULUS S. PETRI AREMARENSIS CŒNOBII.
Fons et origo boni, Jesu, pius esto Brunoni,
Ne leo tangat ovem, fer bone pastor opem.
Agnus Bruno tuus sit, sit non dœmonis hcedus ;
Si meruit pcenas, parce reo bonitas.
— 449 —
5o.
KX EPISCOPATU AUTISSIODORENSI.
TITULUS S. STEPHANI MARTYRIS AUTISSIODORENSIS ECCLESIjE.
Bruno pius pastor purae pietatis amator ;
Daemonis ignitas superavit ubique sagittas :
Subjectis largus fuit hic nimis, et sibi parcus.
Factis implebat, quicquid per verba docebat .
Non se prœlatum, sed se cupiebat amatum,
Gaudeat in cœlis, quia vixit corde fidelis.
5i.
TITULUS S. GERMANT AUTISSIODORENSIS.
Mansio Brunonis sit perpes cœlitus omnis,
Cumque Deo vita fiât ei socia,
Nobis vota dari, semper curate precari,
Illius meritis, sedibus aethereis.
52.
EX ARCHIEPISCOPATU RHEMENS1
IN PROVINCIA CAMPANLE GALLIC.E.
TITULUS SANCT^E MARI.E RHEMENSIS METROPOLIS.
Hic pater eximius fundator Religionis,
Exemplar sese Fratribus exhibuit .
Dans illis formam spernendi vilia mundi.
Cœlestis patriic prcemia dum sequitur ;
Pro cujus culpa non credimus esse gemendum,
Quem jam gaudentem credimus in requie.
29
4-DO —
Nam si cui sancto requiem bona vita meretur,
Huic quoque pro meritis summa datur requies.
Qui cum multimode nostra polleret in Urbe,
Solamenque suis, atque decus fieret :
Cumque faveret ei fortuna per omnia; jamque
Hune praeferremus omnibus, et merito :
Namque benignus erat, omnique peritus in arte,
Facumdusque satis, divitiisque potens.
Omnia postposuit Christo ; nudumque secutus
Christum, cum multis suscipit hune Eremus.
Propterea requiem sibi credimus esse paratam,
Si tamen ulla levis, hcesit ei macula :
(Nam patet in terris nullum sine labe morari)
Hanc Deus absterçat dando sibi veniam.
53.
ALIUS TITULUS EJUSDEM ECCLESLE RHEMENSIS.
Ut servire Joseph Dominas contempsit Amori,
Et fugit amplexos incestos mente virili :
Sic contempta jacet Bruno tibi gloria mundi
Amplecti dum te cuperet : tibi brachia tendens,
Multum mundus opus, multos ostendit amores
Tuque fuga lapsus, pompali veste rejecta,
Amplectens Eremum vestiris sorte beata.
Hune tantum talem cœlestibus esse sodalem
Credimus : hune rogitat Fratrum devotio tota,
Ut Domino pro se dignetur fundere vota.
Pars tamen interior, si traxerit ab exteriore
Quid sordis : Deus hoc pietatis dilue rore.
— 45 1 —
54.
TITULUS ALI US EJUSDEM.
Judicis examen venturi Bruno parvescens,
Mundanas contempsit opes, eremumque petivit ;
Atque suavis ibi fructus emisit odores,
Ad Christum revocans, quos gloria varia fefellit :
Nocte dieque Dei prasceptis invigilabat :
Omnibus exemplar eremi, quos vita décorât :
O quam felici meriti mercede fruuntur,
Qui socii turmis cœlestibus efficiuntur,
Lucis et inveniunt loca, quœ sunt nescia pestis :
In quibus aeternis celebrantur gaudia festis :
Ad quae suspirans, hic dissolvi cupiebat,
Posset ut in Christo sic conregnare beatis.
Denique tinito certamine carne solutus,
Optatisque fruens conseendit ad aethera liber.
Verum si quid ei terrenae sortis adhœsit,
Quatenus ad tumulum mercedis nil sibi desit,
Pulsemus Dominum precibus, quem cuncta veren-
[fur;]
Nulla quod Inferni tormenta sibi dominentur.
55.
ITEM ALIUS TITULUS EJUSDEM ECCLESLE.
Iste vir Elias par, Baptistœque Joanni ;
Hic eremi cultor fuit ; et bonitatis amator ;
Hic Abrabae similis, pius extitit, atque fidelis :
Iste velut Petrus, Domini mandata secutus ;
Omnia contempsit, et Christo pauper adhaesit.
Maluit hic Christo pauper, quam viverc mundo
— -P2 —
Dives, sicque Dei plene praecepta peregit,
Sed quia, quae mundi sunt mors rapit omnia secum,
Mundo sublatum junxit cœlestibus istum.
Nos vero Domini deposcamus pietatem,
Ut tanto Patri mundani si quid adhaesit
Pulveris : abstergat Deus illud fons pietatis.
56.
EJUSDEM ECCLESLE TITULUS ALIUS.
Quem tenerum docuit Mater Remensis alumnum,
Propositi tenuisse rïdem lcetata, Brunonem
Migrantem ad Dominum lachrymis, precibusque sa-
[lutat.]
57.
TITULUS S. REMIGII FRANCORUM APOSTOLI.
Ne doleatis oves, pastores funere flentes,
Nam non est flendus, fuerat qui vivere Christus,
Atque mori lucrum, superando dœmonis astum.
Hic Pater eximius nobis merito venerandus,
Nec solum nobis, sed quos sol flammeus urit :
Quem fovet ipse Deus, quem jam retinet paradisus
In requie pacis; cur talem quœso doletis ?
Raptus enim mundo, donatur vivere cœlo :
Et vivit vere, studuit quia vivere juste.
Conregnare tibi Deus annue quaesumus illi,
^Eterna requie dans tecum perpetuari.
— 4-D:> —
58.
TTTOLUS S. NICASII RHEMORl'M ARCHIEPISCOPI.
Deus fidelium lumen, et animarum, animam hujus
viri Catholici, ab omni solvat vinculo delictorum.
59.
TITULUS SANCTI BASOLI.
Bruno polum subeat, quem strenua vita venustat,
Quo merito ridei, gloria crescat ei.
60.
TITULUS SANCTI DIONYSII RHEMENSIS.
Cunctas liquit opes cunctos simul orbis honores :
Pro te Christe pater, pro cœli munere pauper.
Bruno factus iter, quorum fuit ante magister,
Quatuor ut fontes ex una parte meantes,
Quos paradisus habet, mundi per régna rluentes,
Exundant terras ; sic his quos imbuit, ornât,
Cudit, et illustrât, et adhuc régit, excolit, aptat.
Syderis instar erat cunctis, quos ipse docebat
Inter cœlicolas Christi requiescat in aula.
61.
TITULUS SANCTI SYMPHORIANI MARTYRIS, IN URBE RHEMENSI.
Si quid lugere de morte juvetque dolere.
Tune nos tristemur super hoc quoque Pâtre rleamus;
— 4^4 —
Sed quia nec luctus. nec clamor ad aethera ductus
Quemque de morte valet ad vitam revocare
Oremus Christum pro nobis in Cruce fixum,
Cœlesti vita potiatur ut hic Eremita.
Scribimus hase vobis, et idem petimus, date nobis.
62.
TITULUS S. PETRI CŒNOBII PUELLARUM.
Vitas forma piae, toties acerra sophias,
Bruno pater, vita si transmigravit ab ista,
Ad Domini nutum, liquet ille carne solutum,
Qui justum mérita voluit donare corona ;
Quem licet œthereis fidamus inesse choreis,
Haud tamen obsequii deerunt solatia nostri.
63.
TITULUS SANCTORUM MARTYRUM TIMOTHEI ET APOLLINARIS.
Hujus doctoris fuit hase vis cordis, et oris :
Ut toto cunctos superaret in orbe Magistros,
Sic meditando bonus fuit, atque loquendo disertus,
Huic se tota dédit sapientia, totaque sedit
Hujus in arcanis dives penetralibus hospes.
Quod dico, novi : mecum quoque Francia novit ;
Et totus novit per climata quatuor orbis.
Hase illum docuit res hujus spernere mundi,
Et solum fecit perquirere gaudia Cceli.
Huic si quid sordis de carnis lege cohœsit :
(Nam cuncti penitus carnali lege gravamur)
Omnipotens tollat, qui crimina nostra relaxât :
Impleat, atque sibi votum, quod semper amavit.
— 455 —
64.
P'.X EPISCOPATU SUESSIONENSI.
TITULUS ECCLESIyE SUESSIONENSIS.
Suessorum Mater Ecclesia Fratribus dilectissimis, et
Deo charis, consistentibus in Eremo, quœ dicitur Tur-
ris : conversationem supernam habere semper per Chri-
stum. Piissimi ac deo dilecti Patris, vere Venerabilis
Brunonis cognito sancto, ac glorioso decessu, dulciter
super tali, tantoque viro commoti fuimus. Officium au-
tem ejus felici animoe fidelium more impendimus. Et ad
ejus beatam memoriam anniversarie recolendam diem,
quo carnis carcere egressus est, quomodo a vobis de-
nunciatam accepimus : sanctam ejus resolutionem in
nostra matricula scripsimus. Orantes, et deprecantes. ut
ejus sanctissimis vestrisque precibus adjuvemur, tam
vivi quam defuncti. Amen.
65.
TITULUS SANCTORUM MEDARDI ET SEBASTIANI
SUESSIONENSIS CŒNOBII.
Plebs pia Medardi, regalis, et inclyta sancti,
Flentibus, et mœstis solamina grata salutis.
Qui gemitis functum, functi deponite luctum,
Nil juvat extinctum deflere, dolere sepultum ;
Sed potius vota prosint libamina sancta :
Haec tribuantur ei, quicumque pericula mortis
Pertimet, horrescit, pereuntibus omnibus orbis.
Continuis precibus succurrat, et auxilietur.
Dum petit, et rogitat ; pro se quoque quisque laborat,
— 4-56 —
Cum Moyses orat, superat plebs Israelita.
Dura cessât votis, cadit illico, vincit et hostis.
Nos simul oremus, nec cesset spiritus ullus.
Vota juvant hominem, dum vivit et exit ad horam
Quœ perimit vitam, tulit improba mors Eremitam,
Quœ nocet, et laedit justum, satis impia laedit.
Haec tam crudelis necat insatiata carybdis,
Quos fovet omnipotens, nullum miserata dolores.
Salvet ab hac hominem, qui pertulit in cruce mortem
Et vitam tribuat, quam non Proserpina rumpat.
66.
TITULUS S. PETRI CASIACENSIS CŒNOBII.
Qui pro salute hominum dignatus est fieri homo :
Dignetur concedere veniam vestro patrono.
67.
TITULUS ABBATIS S. JOANNIS SUESSIONENSIS CŒNOBII.
Dilectis in Christo, et Deo dignis Fratribus Calabrice
reverendis Eremitis in Monasterio Sanctae Dei Genitri-
cis semper Virginis Marias, Deo famulantibus, Petrus
S. Joannis Suessionensis Canonicorum Regularium hu-
milis Abbas, totaque Fratrum cum eo degens, et Deo
serviens Congregatio, bonum incepisse, melius perseve-
rare, féliciter consummare. Audito beato fine S. Patris
vestri, et Magistri mei Brunonis, a cujus ore sanœ doctri-
ne fluenta, plerumque haurire contigit : etsi opère non
complevi; absentia vehementer tristamur, carnales eva-
sisse angustias, et requiem adeptum esse, et cum Deo
vivere, prouu conjecturam de munditia, et perfectione
— -P7 —
transactae vitae nobis satis nota? facere possumus, vehe-
mentius congaudemus. Ejus ergo memoriam, tum quia
Magister noster fuit, tum quia precibus ejus, et vestris
confidimus, tanto apud Deum efficacioribus, quanto
sauctioribus, hoc modo habituros promittimus triginta
diebus Missas, et vigilias pro remedio ejus, vestrorum-
que Fratrum defunctorum célébrantes. In Libro autem
ubi nomina Fratrum nostrorum Defunctorum scripta
sunt, nomen ejus conscribemus. Anniversarium Depo-
sitionis ejus diem débita veneratione Deo volente cele-
brabimus. Et omnium Beneficiorum, quae apud nos
riunt, et in locis, quae ad nos pertinent, eum partici-
pera desideramus ; et vos participes suscipimus.
68.
TITULUS S. LEODEGARII.
Hic Leodegarii Titulus describitur almi.
A facie mortis nequit ullus sistere fortis ;
Sed fumo similis vita viri sterilis.
Labitur, ut ventus, pulcherrima nata juventus ; '
JEquQ tolluntur pessimus, atque bonus.
Omnes morte ruunt, terramque cadavera quœrunt
In nihilum veniunt, vermibus esca fluunt.
Corpora putrescunt, quœ viva superba fuerunt,
Horrida fit caro, mortua cuncta caro.
Mox homo, cum moritur, statim sua fossa paratur,
Charos post nullus curât habcre suos.
Sed sociat cineri jam fœtens corpus amici,
O quam vanus amor, cum cadit omnis honor !
Brunoni dedimus quod debitus exigit usus,
Vos et idem nostris persolvite subtitulatis.
— 458 —
6g.
EX EPISCOPATU LAUDUNENSI.
TITULUS SANCT/E MARLE LAUDUNENSIS ECCLËSIyE.
Bruno decus Cleri, decus, et prudentia mundi,
Dum fuit in terris, florebat acumine mentis ;
Dum fuit inter nos florebat, et in documentis.
Integritas morum cumulum supplevit honorum
Sed postquam nostra delegit cedere vita,
Vester eollega, vetrisque locis Eremita
Deposuit curam penitus totius honoris,
Amplectens curam Christi solius amoris.
Vos igitur Fratres Eremi déserta eolentes,
Fallacem mundum sic jam superasse videntes
Egregium Patrem, ne triste feratis, obiisse,
Quam nos régna poli divina putamus adiisse.
Cum sit Ccelicola potuit quid majus habere ?
Dum fuit in terris, hœc i 11 i vota fuere.
ALIUS TITULUS EJUSDEM.
Gaudens Doctorem, quem Francia Bruno recepit
Clauderis in terra Calabrinus nunc Eremita,
Quod clamant omnes, ut tibi sit requies.
TITULUS S. NICOLAI DE SALTU VEDOCII.
Haud doleat quisquam morti succumbere quem-
Cum vivat potius, qui corporis enecat aestus. [quam]
— 4^9 —
Hic in perpetuum jus mortis vitat acerbum,
Et tibi det jugemcum sanctis Bruno quietem.
ORDO MONIALIUM TITULI S. JOANNIS BAPTISTE.
Bruno laudaris : tua vita decens renovatur,
Versibus, etscriptis, nec quanta fuit, memoratur :
Ipse pius, simplex, plenus dietatis amore ;
Impiger, et mundus fuit omni dignus honore.
Vivit adhuc Bruno, sibi traditur a Pâtre vita,
Clericus ipse fuit, fit Monachus, hinc Eremita ;
Nunc jacet exangue corpus, tamen hoc veneratur.
Vivit adhuc Bruno, cujus fletus gratulatur.
Ipse fatigatus per tempora, neque reatus,
Nunc sibi concédât Deus, ut semper requiescat.
7*>
EX EPISCOPATU CATALAUNENSI.
TITULUS S. STEPHANI CATALAUNENSIS.
Commisit protoplastus Homo, cur postera proies,
Patris facta luens, tendat in interitum ?
Omnes intereunt, sed non omnes cruciantur,
Mors venit injustis, vita salusque bonis.
Hic igitur Bruno vir sanctœ religionis,
Mundum contemnens, cœlica promeruit.
Nos ergo Dominum devota mente precamur,
Ut qui justus erat, justiricetur adhuc.
460 —
TITULUS S. PETRI CŒNOBH DEMONTE.
Nos gessit moriens Christus de morte resurgens
Spes in morte Deus : gloria sola Deus.
Brunoni requiem tu confer Christe perennem :
Gaudia cutn sanctis sint sibi pro meritis.
EX EPISCOPATU NOVIOMENSI.
TITULUS S. BARTHOLOM.EI APOSTOLI IN MONTE.
Orbis amarescens claudeseit pondère mortis,
Et trahit ad speciem humanas per dévia sortis
Mergit, et exilio propriorum quoque tabescens.
Onde tumescis homo, miser hac œtate senescens?
Fonte Carybdineo mergeris ad ultima finis ;
Ac cinis in cineres solveris, ut umbra lucernis.
Est labor ejus amor, et inextricabilis error,
Defectu cujus animam complectitur horror.
Postquam nudata fuerit de carcere carnis,
Vel Satanae ducibus, heu circumsepta catervis.
Quod metuens animosus in hoc discrimine Bruno:
Servitio pénétrât eremum certaminis uno.
Linguit opes, mundique decus, ne gloria pœna
Fiat in interitum, sed currens nectare vena ;
Dulcescat fluctus animi, cordisque tenorem :
In se constringens, scelerum constringat amorem :
Per cursus varios, operum virtute bonorum,
Mortirlcando caput mortis cura jure malorum.
Quapropter meruit consortia Cœlicolarum.
Liber ab hoste Stygis, aut rerum tartarearum.
46i
Et sociatur ei, per quem reparabitur orbis.
Qui longus meta, tam purus denique morbis,
Quo requiescat amen, misera de morte resurgens,
Ne lœdat serpens fœda prurigine turgens.
76.
TITULUS MONTIS S. QUINTINI MARTYRIS VERMADENSIS PAGI.
Dum moritur Bruno, moritur quod traxit ab uno.
Stat meritum hujus, quia vivit spiritus ejus.
Vita beatorum, spes, atque corona piorum,
Ipsum sydereis societ super astra choraeis.
TITULUS S. FURSEI PERONN.E.
Hic vir virtutis virtutibus inde secutis
Per meriti florem capiat sine rine decorem.
Ipse Deus, quo qunsque reguntur, et omnia constant
Bruno tuo donec gaudia spiritui.
Terra licet tua membra tegat carnalia vilis
Spiritus in ccelis transeat alta tuus.
Bruno pius pastor, vitam ducens Eremito.'
Attribuente Deo mereatur gaudia vita?.
EX F.PISCOPATU BELLOVACENSt.
TITULUS S. LUCIÂN1 BELVAGORUM APOSTOLI ET MARTYRIS.
Dux Eremitarum, lux corruit Ecclesiarum.
Hune Eremus plorat, quem quisque ridelis honorât
4^2
Est enim dignus, quoniam fuit ipse benignus :
Nam mundum sprevit, mundanaque cuncta reliquit,
Exercens vitam de se faciens Eremitam,
Verus in aethereis fit ipse choraeis,
Vivens cura nostris hic fratribus attitulatis.
79-
TITULUS S. SYMPHORIANI MARTYRIS BELVACENSIS.
Abbatem Sanctum narrant hune scripta fuisse,
Commissumque gregem virtutis iter docuisse.
Ergo si vixit, rotulus testatur, ut iste,
Te sibi perpétuant requiem petimus dare, Christe.
80.
TITULUS S. QUINTINI BELVACENSIS.
Humilis Congregatio S. Quintini Belvacensis spe-
rans patrocinio Reverendi Patris sui Brunonis apud
Deum se adjuvari, obedienter ei tricesimum adscribit,
et cum Fratribus suis memoriam ipsius vestrumque
omnium amodo tenebit.
Raptus ab hac vita Christum sitiens Eremita,
Ne mala mutarent sanctam prassentia vitam :
Quicquid proposuit vivens moriendo probavit.
Proderit Ecclesias fidei vestigia nosse.
Quidam Frater de praefata Ecclesia Gauberius nomi-
ne sanctae recordationis viro, quem multum diligebat;
et solum nostris temporibus mundano renunciasse prae-
dicabat, tricesimum faciet, et quamdiu vixerit inter fa-
miliares suos in memoriam dilicenter habebit.
— 4C3 —
EX KPISCOPATU AMBIANENSI
TITULUS S. PETRI CORBEI.E.
Divhias Bruno mundanas postposuisti,
Exemploque tuo postponendas docuisti,
Et loca deserti pro Rege poli coluisti,
Dulcibus alloquiis multorum corda rigasti,
Talibus exemplo sanctis extas imitator
Sanctorumque Patrum, qui doctrinis viguerunt
Illic insidias hostis per tempora multa
Passus, mansisti cujus fraudes superasti.
Nunc tamen in Christo complesti fine beato
Mortalis vitaî cursus, et gaudia vitae
Perpétua; defunctus habes, hœc est tua merces.
82.
TITULUS S. FULCIANI DE SYLVA.
Bruno vir excellens, probus, et vitiosa repellens
Discipulus Christi vita testante fuisti ;
Vita quies, sine nocte dies, reparatio mira ;
Ipso dante tibi pateant ad gaudia vera.
83.
EX ARCHIEPISCOPATU ROTHOMAGENSI IN NORMANNIA.
TITULUS SANCT.E MARLE ROTHOMAGENSIS ECCLESI^E.
Ecclesiœ sanctae totius lugeat ordo :
Humani generis riens irreparabile damnum.
— 4^4 —
Mundo decessit mundani victor honoris,
Bruno Pater, sanctœ fundator Relligionis.
Cujus tanta piam vitam commandât honestas
Ut sit eum cuiquam non cequiparare potestas.
Ipse fuit sapiens, vir nobilis, indole fulgens,
Imbutus fonte totius philosophie.
In quo cum virtus probitatis viva niteret,
Glorificos fasces, qua promeruisse valeret,
Proculcator opum, cunctorum spretor honorum,
Et mundi stultam pede contudit ambitionem,
Et studio cunctam fundavit relligionem.
Mundum declinans, mundi sublimia vitans,
Elegit potius privata degere vita ;
Sed quamvis humilis, clarus meritis Eremita,
Cujus magnificœ quoniam seriem pietatis
Nemo referre valet : actusve piœ bonitatis.
His praetermissis preeibus nos invigilemus;
Atque Patrem summum devota mente rogemus;
Ut pater eximius vitali hue fruatur :
Justus et agminibus justorum consocietur.
Nos Rothomagenses Metropolis Ecclesirc Canonici
singulisannis venerabilis jviri Brunonis anniversarium
faciemus.
84.
TITILUS S. TRINITATIS MONTIS R^1,iOMAGI.
Quamvis mens hominis nescit discernere, finis
Quis sit cunctorum; sed fons et origo bonorum :
Cui patet occultum ; nec quid dimittit inultum :
Nos tamen ut mores désignant exteriores,
Dulcis, et emeritee pia consummatio vitoe ;
Credimus ad superos, quod vester transiit héros.
— 4-65 —
Quœ vos oratis de votis concelebratis,
Hase eadem nostris exposcimus, ut faciatis :
Ut vivant Christo, quos carcere solvit ad isto.
85.
EX EPISCOPATU BAIOCENSI.
TITULUS S. MAREE BAIOCENSIS ECCLESEE.
Strenuus, et fortis conservator Monachorum,
Providus et mortis, fundator Cœnobiorum,
Sanctorumque Patrum pius, et clemens imitator,
Solamen Fratrum, sanctae virtutis amator,
Morum corrector justus, pia spes miserorum,
Justitiœ rector, custos et ubique bonorum,
Moribus ornatus, vas et plénum pietatis :
Fortiter armatus clypeo verag probitatis :
Humanae Bruno subiit jus conditionis,
Cœtibus Angelicœ conjungendus legionis,
Non ibi raptores habitant, nec turba rebellis ;
Nec pravi mores ibi sunt, sed quisque fidelis.
Quo nobis aditum tribuat Rex perpetualis ;
Mortis post obitum protectio spiritualis :
Spiritus hic summa Brunonis pace fruatur ;
Luceque splendiflua pietate Dei potiatur.
86.
VERSUS SCHOLARES EJUSDEM URBIS.
Hic dolor o Bruno plus quam processit ab uno ;
Unde dolet, plangit, quam mors tua funditus angit
Non lacrymando parum communis turba scholarum;
30
— 466 —
Atque genu prono tali viduata patrono :
Pro merito dando diffundit vota precando ;
Et regem poscit, qui cuncta latentia noscit ,
Ut tibi det vitam, te suscipiens Eremitam.
87.
TITULUS S. GEORGII EJUSDEM URBIS.
FJos Eremitarum, lumen mirabile, clarum
Sydus Bruno Patrum, vigor, ordo, régula Fratrum,
Exemplarque viae cœlestis, fonsque sophiœ :
Has tetigit metas, quibus omnis clauditur œtas,
In numéro Fratrum te scripsimus optime Patrum.
Sedula dévote fundendo precamina pro te,
Ut pietate Dei, tibi detur pars requiei.
TITULUS S. STEPHANT CADOMENSIS.
Si vel per gemitum, vel per lachrymas dare vitam,
Hic mundus posset, mundus utrumque daret.
Ut sibi sublatum semel eliceret redivivum
Brunonem miseris, spem, decus, auxilium.
Qui sectans eremum,propriamque crucem bajulando,
Actu complevit, ore quod edocuit :
Remigiumque tenens fidei, spem rixit in astris,
Et rate felici jam mare transiliit.
Et quia non per se valet ullus posse beari,
Hune immensa Dei gratia justiricet.
— 407 —
8g.
TITULUS S. VIGORIS CERASIACI CŒNOBII.
Humilis grex Cœnobii Cerasiensis Beati Vigoris prœ-
monitus oraculo divino pro anima religiosi, ac Deo di-
lecti Brunonis générale officium persolvit : orans, ut
ei parcat su m ma Dei pietas.
90.
EX EPISCOPATU ABRINCENSI.
TITULUS S. MICHAELIS DE PERICULO MARIS.
Mira Dei virtus mirandos perficit actus,
Quosdam justificat, quosdam de morte repulsat.
Quos vult ignorât ; quos vult solide sibi firmat :
In quibus hic Bruno, vir relligionis amator,
Colligitur, capitur, féliciter annumeratur.
Hujus sicut opus rotuli contestificatur.
91.
EX EPISCOPATU SAGIENSI.
TITULUS S. GERVASII FALESI/E.
Gallia multorum mater, nutrixque virorum,
Isti quando pares est habitura mares?
Iste tuus quondam Doctrinœ prœbuit undam
Gentibus, et Cleris; heu! bona fama péris.
Francigenœ gentis nil confert littera sentis,
Hoc obeunte quidem ; nunc habes inde fidem.
— 468 —
Istius fossa Calaber tumultus tegit ossa.
Vivere praestet ei gratia magna Dei.
92.
TITULUS S. TRINTTATIS FALESIfi.
Tanti Doctoris fuerat de morte dolendum,
Omnibus, atque bonis noctesque, diesque gemendum.
Si possent luctus hominem revocare sepultum,
Et lacrymae fructus facerent, non plangere stultum.
Sed quia Missarum lacrymis suffragia praestant,
Atque preces hominem justee super asthera gestant :
Hymnis et psalmis, precibus grex ergo fidelis
Christi poscat opem, missis omnino querelis,
Ut faciat cœlis animam residere Brunonis :
Ne populetur ovem, conservet ab ore prœdonis.
9;.
EX EPISCOPATU LEXOVIEN'SI.
TITULUS SANCT.fi MARI.*: BERNACI.
Doctor Doctorum fuit, exemplarque bonorum,
Nostris temporibus Bruno vir eximius.
Esseque pœnalis culpœ nil credimus illi ;
Ipse Deum nobis conciliet meritis.
— 4^9 ~~
94-
EX EPISCOPATU CONSTANTIENSI.
TITULUS S. MARIEE CONSTANTIENSIS ECCLESI.E.
Christus Doctorum doctor, fons atque bonorum,
Donet Brunoni quod meruere boni.
Esse Deum verum, sequitur non esse severum,
Huic igitur placidus, sit sine fine Deus.
Nam genus humanum, confecium crimine vanum :
Iste pater docuit, quam melius potuit.
Christi mandatum pandens dare munus amatum
Servanti vitam, dat quia perpetuam.
Nec solum verbis, ut durus doctor, acerbis
Perdocet, at factis persequitur propriis.
Perpétua vita cur non caret hic Eremita ?
Est quoniam verus solus in orbe Deus.
Quod petitis vestris, hoc Christus det quoque nostris.
Insimul ut socii sint sine fine Dei.
95.
VERSUS SCHOLARES EJUSDEM URBIS.
Bruno multorum prœceptor grammaticorum
Cunctis corporeum nunciat interitum.
Grammaticus, Rhetor, Dialecticus, Astrologusque
Effugerent mortem, si fugienda foret,
Sed quia mors nulla nequit auferri medicina,
Semper quisque suum cogitet interitum.
47°
96.
EX TURONENSI ARCHIEPISCOPATU.
TITULUS S. PAULI APOSTOLI CORMARICENSIS.
Dominis, et Fratribus meis Deo omnipotenti in
Monasterio S. Marias de Eremo, quœ Turris dicitur,
servientibus, Mainardus, uti mundo, frui Deo. Anno
ab Incarnatione Domini nostri Jesu Christi millesi-
mo centesimo secundo, Calendis Novembris. Susce-
pi rotulum istum, legi in eo beatam, ut puto, ani-
mam suavissimi Magistri mei Brunonis saeculi hujus
vaporem transitorium perseverando in vera charitate
efflavisse, pennisque virtutum cœlestia régna subiisse.
Gavisus ulique super tanti Viri glorioso fine. Sed
quia intentio indefessa mihi inerat ad eum in brevi
pergere, eumque videre, et audire, omnesque animi
mei aestus in illum refundere, et vobiscum sub ejus
Ducatu sanctœ Trinitati obedire : ultra quam dicere
possim de inopinato transitu ejus conturbatus sum,
nec retinere potui habenas ultro profluentium lacry-
marum. Mainardus inquam ego in Cormaricensi Mo-
nasterio, Monachorum plurimorum nomine, non opè-
re Prior, Rhemorum civitatis oriundus fui. Domini
hujus Brunonis, aliquot annis doctrinam audivi, Deo-
que volente admodum profeci, profectusque mei gra-
tes Domino Brunoni , etsi in hac vita reddere non
potui, nunc saltem animas illius exhibere statui.
Habebo itaque illum, omnesque in Christo dilectores
ejus in memoriali meo, quamdiu spirare potero : uni-
versosque convictores meos filios, ac Fratres spiri-
tuales ad idem opus pro posse meo provocabo, preces,
oblationes, eleemosynas pro eo non aliter nec minus
— 47 ! —
quam pro meipso offeram Deo Trinitati. quamdiu fue-
rit spiritus in naribus meis.
97
ET EPISCOPATU CENOMANENSI.
TITULUS S. JULIANI CENOMANENSI.
Morte tua flendum non credimus, optime Bruno,
Qui fugiens vanos mundi pereuntis honores ;
Angelicam in terris vitam sapiens imitatus,
Corpore adhuc vivens, cœlestia mente petebas.
Corporis ergo malis Christo miserante solutus
Sedibus œthereis aeterna pace frueris.
O utinam tua sancta sequi vestigia possem !
Corporis istius quo lastus damna subirem.
98.
ALIUS TITULUS EJUSDEM.
Vixit in Ecclesia firmissima Bruno columna ;
Occidit, unde decus Ecclesiœ titubât.
Mundalis luget, cœlestis Curia gaudet :
Hœc perdidi, tantum suscipit i 1 la virum.
Débita naturae solvit meliora secutus,
Cui pro morte brevi vita perennis erit.
99.
ALIUS EJUDEM.
Ad Superos Superum cultor, sociusque recessit
Commendans terrae Bruno quod ejus erat.
— 472 -
Sarcinulasque levés, et agentem prothea mundum
Despicit ; alternas pauper adeplus opes.
Depositum interea cineri miscetur idemque
Sperat, et expectat prœmia sorte pari.
Suspicor Angelicas huic exultare cohortes,
Et cœli cives plaudere cive novo.
Sexta dies Octobris erat, cum Bruno secutus
Naturam, superos exoneratus adit.
ioo.
ALIUS EJUSDEM TITULUS.
Iste superna petens sincera relligione,
Régnât cum Sanctis in cœlesti regione,
Iste laboravit (felix labor) unde vocavit
Gloria Sanctorum merces miranda laborum
Te : Tibi se Bruno dans regnum rege sub uno,
Rege sub hoc dico : majestas eu jus Olympo
Fulget : et est Sanctis lux, gloria, vita perennis ;
Istius ergo decet nos commendare laborem ;
Muneris œterni decet, et laudare datorem :
Impetret, et nobis nostrae devotio laudis :
Munere divino reçnemus rese sub illo.
101
TITULUS S. VINCENTII CENOMANENSIS.
Si posset lacrymis, et planctu vita reduci :
Cum gemitu magno, et lacrymis planctuque protervo:
Totius florem mundi Clerique decorem :
Tristis Brunonem lacrymaret luce carentem.
- 473 -
102.
TITULUS S. MARI.E LONLEYI CŒNOBII.
Audito transitu Beatissimi Eremitœ Brunonis, Ce-
nomanensis mater Ecclesice trigenarium ei fecit, anni-
versarium depositionis diem celebratura.
IO.i,
TITULUS S. KRILEFFI CENOMANENSIS.
Contrahit omnis homo primi discrimina fati,
Et cunctas vitium nocet œvœ posteritati.
Exercens igitur studium mors impietatis :
Aggreditur, solvitque virum tantœ probitatis.
104.
TITULUS ECCLESI.E BEATI JULIANI DE PRATO.
Isti Brunoni tribuatur vita perennis,
Spiritus atque suus cœlesti sede receptus
Regnet cum Domino, felix sit nunc, et in œvo
Hic vir prœclarus vita, doctorque beatus,
Felix in Clero fulsit, per dogmata mundo.
Unde pio gemitu, profusis fletibus, et nos
Oremus Christum, quo det sibi nunc paradisum.
— 474 —
IOD.
EX EPISCOPATU ANDEGAVENSI.
TITULUS S. MAURITII SEDIS ANDEGAVENSIS.
Gallia tristatur, Calaber populus lacrymatur :
Doctorem bon uni gémit ista, flet illa patronum.
Vitœ praesentis, hœc laudat eum documentis;
Ejus et eximia celebratur ubique sophia.
Plusquam Maronis laudatur lingua Brunonis.
Gloria Platanis vilescit laude Brunonis.
Hic prœcellebat Doctoribus, hic faciebat
Summos Doctores non instituendo minores.
Doctor Doctorum fuit hic non clericoruih
Nam nec honestates verborum, nec gravitâtes
Sumpsit Brunonis, nisi vir magnas rationis.
Rectio prudentis superabat acumina mentis
Ut documentorum doctor satis extitit horum.
His plus perfectam voluit prœponere sectam :
Nunciat egregiam divina docendo sophiam.
Primaque destruxit; et tanquam frivola duxit.
Dux prius erroris monstravit iter melioris :
Postea doctrinoe, quoe gaudia dat sine fine.
Sed nihil mundana sapientia dat nisi vana :
Haec facit elatos pompa, facit illa beatos.
Factis complebat operando quod ore docebat,
Multos sermones faciebat per regiones :
Urbem transivit Romam, Calabrosque petivit,
Hic Abbas factus est, tandem cœlica nactus :
Hinc gens illa gémit, quia Patrem casus ademit,
Cumque virum talem plorat tam spiritualem :
Non mors pastoris, sed damnum causa doloris.
— 475 —
iob.
TITULUS SS. MARTYRUM SERGII ET BACCHI ANDEGAVENSIS.
Justi vel reprobi manet unica sors moriendi,
Et simul ad finem deducit transitus idem :
Sed judex operum sedes discernit eorum.
Vir bonus ad requiem transit, peccator ad ignem.
io:
TITULUS S. FLORENTII GLAMUENSIS CŒNOBII.
In variis membris corpus distinguitur illud,
Cui caput est Christus regnator catholicorum.
In quo nos Monachi mediocria membra locati,
Credimus excelsos in eo veros eremitas :
De quorum numéro Te, Bruno magne, fatentes
Spretus honor mundi quod nobis testiricatur,
Et sanctas vitae finis bonus adstipulatur.
Cum tibi descriptas laudes omnino probemus :
Nosque tuis meritis fulciri posse putemus.
Ut tamen ornatum Fratrum precibus faveamus :
Effu disse preces pro te nos notificamus.
Unde vicem nobis reddendam non dubitamus.
108.
TITULUS S. NICOLAI ANDEGAVENSIS.
Necdum vester nostros lares rolliger attigerat, cum
Lambertus Abbas noster jam eum susceperat, et de
tanto Pâtre dignos jam versus adscripserat; illud autem
quod prœmisit libenter concedimus , et augere jam
— 476 —
praemissis, iterum promittimus pro Brunone, quem jam
cum Deo regnare credimus.
Bruno fuit fons doctrinœ norma veri dogmatis ;
Aristotelis profunda superans, et Socratis :
Supergrediens Platonem, sacri dono Chrismatis.
Vixit homo plusquam homo pressus mole carnea :
Vivens tamen pressit carnem, tendens ad œtherea.
Spernens mundum moribundum ob régna cœlestia
Vivat Bruno felix cœlis cum supernis cœtibus.
Cernât regem cujus legem conservavit actibus.
Vosque Patres et Confratres orate pro Fratribus.
ioq.
TITULUS ECCLESIjE S. TRINITATIS.
Ut petitis fratres a nobis, sic faciemus.
Sed Bruno cum Christo régnât sicut reputamus.
Quem Cruce prœlata sectatus hic est Eremita :
Illecebris mundi constanti mente repulsis.
EX EPISCOPATU LEHUNENSI.
TITULUS S. PETRI LEHUNENSIS ECCLESUE.
Mortuus hic vivit, quia spretis omnibus ivit.
Cum cruce post Christum dum mundum linqueret
[istum.]
Hic nullum laesit, Domino quia semper adhaesit.
Hinc vitans pcenas sedes sortitur amcenas.
Ad quas altisonans justis pia prasmia donans,
Ad convivendum nobis donet veniendum.
477 —
EX ARCHIEPISCOPATU BITURICENSI IN AQUITANIA.
TITULUS S PETRI CASALIS.
Vita Brunonis, fides et opéra, si talis extitit, ut dicit
Non est lugendus cum sit superis sociatus. [littera :]
Sed si dum fragilis toleramus pondéra carnis,
Nullus compareat, qui sic sine crimine vivat,
Ut caveat factis, aut non delinquere verbis.
Idcirco Christum deprecamur,ut si in aliquo offendit
iste Pater dignetur indulgere.
1 12.
TITULUS S. PETRI VIRSIONENSIS CŒNOBII.
Turrinis Monachis sit pax per saecula cunctis,
Dum phœbus radios per cosmum tendere fulvos
Inciperet : Bajulus vester pro funere patris
Derlens hue venit, quem mors inimica peremit.
Cujus nos pro anima celebravimus ordine vota,
Ut mos Ecclesice sanctae cognoscitur esse.
Ipsiusque animam Christo commisimus almam :
Nam donec vixit, Domino servire cupivit
Moribus instructus : divino lumine fultus.
Fratribus atque Deo mansit dilectus in œvo.
— 478 —
n3.
TITULUS S. MARIEE DOLENSIS CŒNOBII.
Prout vestra dignatur expetere sanctitas : et nos Do-
lensis Cœnobii Fratres, Fraternitatis vestrœ desolationi
compassi, pro beati Patris nostri, ac Magistri Brunonis
anima, devotissimarum orationum suffragia, mox, ut
ejus audivimus obitum, Omnipotenti Domino persol-
vere curavimus. Ac praster castera, Missarum tricena-
rium , necnon eleemosynarum suffragia : animas sibi
missae beneficium, quod quotidie, et annuente Domino
persolvitur : paternse devovimus dilectionis affectu; in-
super, et ejus memoriam, nostras scripto matriculae
commendamus ; ut quotannis fraternae dovotionis af-
fectus ad commendandum eum omnipotenti Domino,
ejus lecto nomine excitetur.
114.
TITULUS S. SALVATORIS MUNDr, SANCTIQUE GILDARII
CONFESSORIS DOLENSIS.
Bruno cum Domino régnât per saecula ccelo. Quo-
niam pro omnibus hominibus, quos sancta Virgo mater
Ecclesia per aquam, et Spiritum Sanctum per universa
mundi climata ab omni errore, ac primo originali pec-
cato emundans per dies régénérât, débet rideliter ad Do-
minum oratio fundi, maxime pro illis, precum instantia
orationumque perpes memoria débet ab omni catholico
adhiberi, quorum adjutorio, et benefîcio credimus posse
adjuvari. Quocirca hujus excellentissimi Viri Brunonis
audita a Domino_vocatione : tria officia in Conventu ple-
niora statuimusperagere. Anima ejus requiescat in pace.
— 479 —
i 1.5:.
TITULUS S. ANTONINl CONDACENSIS.
Quidquid habet mundus, quidquid vocale vocatur:
Si bene discrevi : sub mobilltate moratur.
Unde sub incerta mutabilitate tenemur.
Res quoque non stabiles : et nos et nostra videmur.
Volvimur in fatis : volvuntur fata diurna,
Ipsa quidem titubant : quasi commoveantur in urna.
Dulcedo mundi res labilis, et metuenda.
Et sibi suppositi velut ignis flamma cavenda.
Accipiunt omnes tali dulcedine lœtum.
Dulcedo pereat, quae confert sel et acetum.
Decipit haec cunctos sibi grata compede junctos :
Deceptis tandem mercedem donat eamdem.
Merces illa quidem datur omnibus exitus idem.
O miser omnis homo, quamvis quod decipieris
Cernas : ipse tamen modicum curare videris.
Et probo deceptum te lumen cordis habere.
Obscuratur enim, possis ne damna videre.
Nec retinenda tenes : nec vis removenda movere.
Heu miseras mentes, metuenda parum metuentes :
Quoe breviter curant, quœ longo tempore durant.
His nimis intentce, quas sunt mutata repente.
Mors timidum nom en, miserabile praebuit omen,
Venturœ genti primo maie nota paienti.
Mors subit, et moritur vivens, nec finis habetur
Certus in hac vita, Bruno probat hoc Eremita.
Bruno ruit, cui Sylva Domus, cibus herba fuere.
Qui quia mundus erat : mundum contempsit habere.
Sancta parens Christi, quae sola Deo placuisti,
Concédas ut ci, data sit Sedes requiei.
480 —
116.
IDEM UT SUPRA.
Bruno Dei cultor, vitiorum nobilis ultor :
Ante Dei faciem possideas requiem.
Lector securus quia nunc sospes subiturus
Huic compléta tamen débita dicat amen.
i r
TITULUS S. MARTINI PLENIPEDIS.
Quoniam nullus suarum virtutum, precumve rémi-
ge, hujus exitialis vita, naufragium inevitabile quoquo
modo potest evadere ; cœlestisque immarcescibile pras-
mium obtinere , quod catholicam decet religionem,
Fratres exposcitis. Ut igitur ejus, vestrisque precibus
nostrorum rubigine criminum saluberrima decocta
purgemur ; vestri Patris diem recolemus anniversa-
riam.
118.
TITULUS FRATRUM CAS^E DEI, SUBTUS CURVILIONEM
PROPE GRATIANOPOLIM ET CARTUSIAM.
Nos Fratres, et Servi servorum Casas Dei habitantes
in Cella Beatœ Mariœ, quœ alio nomine dicitur Cor-
nelio, et est vicina Eremo Cartusiae, pro sanctitate
tanti viri, cujus doctrina, et exemplo stirps tanta in
Christo fructificavit, septem diebus celebrabimus of-
ficium, et missas, et dabimus panem et vinum cum
ceteris ferculis pauperibus , sicuti uni ex fratribus
-48. -
nostris. Et memoriam anniversariam ejus in catalogo
nostro scribemus.
I 10.
EX ARCHIEPISCOPATU ALBIENSI IN OCCITANIA,
SIVE A.QUITANIA PRIMA, ET EPISCOPATU CASTRENSI.
TITULUS S. PETRI CASTRENSIS ECCLESLE.
Gloria justorum solatia sola reorum,
Bruno fuit vivens, parque dolor moriens.
Totius Cleri decus, exemplar quoque veri.
Mors, dolor I eripuit, dum pater occubuit.
Effectus Monachus prius, hinc eremitaque rectus :
Gratia surama Dei propitietur ei.
Hue tendunt vota, quo propitiatio tota
Sit fragili vitae, sub brevitate sitœ,
Huic fuit Octobris immanibus édita probris,
Finis sexta dies, sit sibi jam requies.
i 20.
ITEM AI. US TITULUS EJUSDEM.
Personœ titulus sub nomme praetitulatus,
Virginis, et Matris, quam post Dominum colit orbis
Diversos luctus, mundus sonat undique totus :
Ad multas mortes secum ducendo cohortes.
Prosternit cunctos sacro baptismate lotos,
Sicut demonstrat Brunonis clara lucerna.
Is cum multorum laudetur voce virorum,
Sit meritis morum spectabilis eximiorum.
Lege tamen mortis sors hune tulit impia portis,
31
- 482 -
Flemus vobiscum : sed opus quid ad haec, nisi Chri-
[stum]
Poscere, quod requies sibi sit post funera perpes.
At vestris functis dedimus, sic vos date nostris.
121.
EX ARCHiEPISCOPATU BURDIGALENSI IN AQUITANIA SECUNDA,
ET EPISCOPATU PICTAVIENSI.
TITULUS SANCTI PETRI PICTAVIS.
Sunt duras sortis nigra spectacula moriis,
Ullius excors, et fortunae libéra mors est
Cunctorum cladem trutina, quae librat eadem,
Sicut privato, sic parcit nobilitato.
Augustosque lares vacuat sicut populares.
Nam juvenis flores, decus, et décor, res, et honores ;
Praeter divina sunt omnes sub libitina.
Hune obiisse virum, non ergo sit hoc tibi mirum !
Sed qualis fuerit, si forte rudis mihi quœrit :
Solvat, et exolvat Chartam, rursumque revolvat.
i 22.
TITULUS SANCT/E MARI.E SANCTIQUE CYPRÎANI MARTYRIS.
Omnis imago boni, sis clemens Christe Brunoni,
Hic Eremita fuit, unde tibi placuit ;
Quae post oblitus cupiens hoc visere littus,
Te non per speciem, sed videt ad faciem.
— 483 -
[23.
TITULUS S. JOANNIS EVANGFX1ST.-E PICTAV1S.
Gallia festivitas postponens carminis odas,
Nunc lugubres cantus, et mœstos excipe planctus.
Nanque tu us Doctor, quondam per cœlica ductor,
Bruno pius moritur, flos ferri subtumulalur.
Hinc est, quod doleas ; sed vivit, pone querelas.
Vere pro meritis justis sonatur in astris,
Cum quo sint nobis tibi necnon gaudia lucis.
124
TITULUS S. MARI.E PICTAVIS.
Vivis, et in Cœlis gaudes Eremita fidelis :
Quem felix esse sequitur, fugit omne necesse.
Patrem Sanctum, pro quo scelus est dare planctum
Cujus gaudere nequit ulla lues abolere,
Vivere cui Deus est : cui lux, cui vera salus est.
Euge Dei verrra frueris mercede superna.
Accipis inventum modico sudore talentum,
Quod prudens Domino solvisti fœnore bino.
Pro meritis tantis tibi clamant verba tonantis ;
Utere serve bone mecum summa re-none.
1 20.
TITULUS S. HILARII PICTAVIS.
Brunonis vitae seriem spectant Eremitae,
Mundum rlorentem mundanos decipientem,
Qui dum conspiceret, sed mundi labe careret
— 484 —
Dum sibi vilescit : dam fœtida gaudia nescit :
Inhaerens Christo, sitclo discessit ab isto.
Hac caruit vita Bruno felix Eremita,
Est Dominum nactus ; cum dictis consonet actus
Non igitur flemus, quem sic migrasse videmus.
[ 26 .
ALIUS TITOLUS EJUSDEM ECCLESIjE.
Hoc dum vixisti mundo vestigia Christi.
Pluribus exutus vitiis es Bruno secutus.
Ergo tibi Christus praestabat régna polorum,
In quibus exultât laetissima turb'a bonorum.
12
TITt'LUS S. RADEGUNDIS REGIN.-E PICTAVIS.
Rex immensa Deus, qui verbo cuncta creasti
Qui sanctis requiem cœlestia régna parasti :
Quique tuos ducis ad cœlica gaudia lucis ;
Fac hune gaudere cum Sanctis sede polorum
Qua gaudet vere certus sine fine bonorum.
I2Î
TITULL'S S. MARKE NOVI MONASTERII.
Nos Fratres Novi-Monasterii, sicut postulatis pro Pâ-
tre vestro sanctœ recordationis viro, Domino Brunone,
clementiam Domini prompto animo exhibebimus.
4SI
I 2Q.
ex episcopate santonensi.
titt les s. leodegari1 martyris.
Poscitis auxilium ; praebeat quod Christus in aevum,
Brunoni petimus, migrant! corpore summus :
Quatenus optati concédât munera regni.
i ;>o.
EX EPISCOPATU RL'PELLENSI.
TITULUS S. MAREE MORLIVENSïS ECCLESEE.
FJoruit in mundo vir prudens ore profundo,
l tilis est forma sors ejus, et ultima norma.
Scivit enim vere mundum non posse manere.
Calcavit flores, ejus contempsit honores.
Nunc requies sibi sit, quoniam sacra pagina dixit
Non est damnosa mors justi, sed speciosa.
Bruno Jérusalem conscendit spiritualem.
TITELES S. PETRI APOSTOLI MALE.VCENSE^.
Concedatur ei locus a Domino requiei :
Quem semper coluit vivere, dum potuit.
|Xn
152.
TITULUS ECCLESJ.E B. VINCENTII CONVENTt'S NOLIENSIfM.
Noliensium Conventum in Beati Vincentii Ecclesia
juxta summi Patris Augustini instituta horis regulari-
bus psallendo attentum , visa schedula, quae Brunonis
incomparabilis Philosophi obitum patefecit ; tantus
timor, tantusque horror occupavit, quod vix debitum
officium complere praevaluit. Quis enim non obstu-
pesceret, imo ab intimis cordis ingemisceret, cum tan-
tum Virum totius scientiae, et pêne omnium Clerico-
rum lumen, et fundamentum naturae concessisse audi-
ret? Sed quia inevitabile constat et Salvatorem no-
strum legem mortis ad horam subiisse credimus : quod
in aliis lugerimus, mœrorem in Brunone gaudio mu-
tamus : Bruno namque veram scientiam, et pruden-
tiam liberalium artium , necnon ceteras Cardinales
virtutes habuit , et servavit , quas in bono fine con-
summavit. Dudum siquidem Ecclesia? Sedis Rhemen-
sium summus Didascalus utpote in psalterio, et cete-
ris scientiis luculentissimus. et columna totius Metro-
polis diu extitit. Sed quia hoc totum vere transito-
rium perpendit post viiam eremiticam , arctiorem,
et inusitatissimam Eremum in transmarinis parlibus
expetiit, et inde Domino vocante ad summi Régis
convivia lcetus perrexit. Ubi licet Angelicum psalte-
rium credamus cum Christo decantare ; tamen si quid
maculœ quod viveret, ex originali parente, seu ex ac-
tuaii vita, oblivione, seu incuria contempsit abolere :
totius pietatis, necnon misericordiœ fontem, prece et
mente oremus assidue, quatenus ei velit indulgere.
Et ut pro co illud impetremus, continuis septem die-
bus, ofRcium mortuis debitum Christo persolvemus.
- 4*7 -
1 33.
SCHOLA EJUSDEM LOCI.
Lumen erat Bruno, dum vixit Francigenarum,
Lux Cleri fruitur nunc lumine Cœlicolarum :
Est etenim tali condignus honore potiri,
Qui vitam vita cœlestem duxit in ista.
Délirât plane, cor habet rationis inane,
Quisquis testatur secus, aut aliud meditatur ;
Ut narrât chartam nobis qui detulit istam.
Si de terrena sibi quicquam foece cohassit :
Illud ab hoc tergat, qui mundi crimina purgat.
ir>4.
ALIUS TITULUS EJUSDEM.
Lux fuerat mundo Bruno dum vixit in isto,
Sed modo relucet, quia cœli sede relucet.
Novit psalterium; sed nunc canit organa sursum.
Edocuit multos, nunc cernit in œthera sanctos.
Doctor Doctorum, nunc unus Cœlicolarum.
In terris doctor, nunc Christo plaudet in alto.
Funde preces ergo pro nobis inclyte Bruno,
Et nos e contra nitemur reddere vota.
Nam cupimus tecum cum Christo vivere sursum.
Et decimo cuncti flagitamus in ordine poni.
— 488 —
i35.
EX EPISCOPATU LUCIONENSI.
TITTLUS SANCT/E MARLE LUCIONENSIS.
Fratres, qui estis in Eremo, quce dicitur Turris, no-
tum sit omnibus vobis, quod pro Domino Brunone
agamus charitative septem vigilias, et septem missas ; et
panem et vinum Domino Reginaldo Abbate imperante.
[36.
TITULUS S. MICHAELIS EREMI.
Mors hominum saeva, quam nobilis attulit Eva,
Omnibus illa nocet, ut liber iste docet.
Omnes illa terit, regnum super omnia quœrit,
Justus Bruno fuit, ut liber hic docuit.
Bruno fuit justus, simples, humilisque venustus :
Mors tamen ut voluit, vivere non potuit.
Et quia membra jacent, gemitus pro funere cessent,
Pro gemitu quoniam nullus habet veniam.
Nos ergo instemus, Dominumque Deum rogitemus,
Ante suam faciem, quod sibi det requiem.
[37.
EX ARCHIEPISCOPATU Al'XIENSI, IN AQUITANIA 1 KRTIA,
SIVK NOVEMPOPULAN[A, ET EPISCOPATU ELORONENSI.
TITILt'S S. MARLU ELORONENSIS ECCLESI.E.
Sancte Bruno, venerande Pater, veneranda propagO
Cœlica jussa tenens, vivas cœlestis imago.
489
[-38.
EX ARCH1EPISC0PATU VIENNENS1 IN GALLIÂ NARBONENS1
ET EPISCOPATU GRATIANOPOLITANO.
TITULUS ECCLESLE GRATIANOPOLITAN.E.
Gratianopolitana Ecclesia , quam Dominus Bruno
Monachus, atque Eremita sibi Eremum facere, habita-
tionemque prius destinavit, quanto tune gavisa est in
ejus prœsentia : eam nimirum existimans perpetuam ha-
bere : tanto nunc magis dolet prae ceteris super tanti
tamque incomparabilis viri absentia. Quocirca officium
ejus commemorationis assiduum usque tricesimum li-
benter persolvit. Panem quoque, et vinum cum ceteris
ferculis, quee Fratres ejusdem Congregationis intérim
sumpsere, eadem pro ejusdem viri anima pauperibus
largita sunt. Diem vero migrationis suoe, quo animam
suam memoratu dignam Deo reddidit, in catalogo suo-
rum illustrium virorum ponens, anniversariam et ce-
lebrem se habere indesinenter repromisit. Nos itaque
humili prece vos precamur, ut nos tri sitis memores,
quatenus orationum , precumve vestrarum possimus
fieri participes.
i3o.
EX EPISCOPATU VALENTINENSE
TITULUS FRATRUM S. RUFF1 IN COSTA S. ANDRE.E.
Nos Fratres ex Canonicis S. Rufti commorantes in
quadam cellula S. Andréas, quae vulgo Costa vocatur,
pro piissimi anima Brunonis per septem dies continua-
— 49° —
tos, matutinas, et Missas celebrabimus. Et sicuti uni ex
Nohis pro ejus animas solatio, prasbendam dabimus; et
in catalogo Fratrum nostrorum nomen ejus scriptum
habebimus.
140.
EX ARCHIEPISCOPATU EBREDUNENSI, IN DELPHINATU,
ET EPISCOPATU GLANDATENSI.
TITULUS S. BARONIS IN GANDAVO.
In verbis quanquam nobis sit magna facultas,
Non pro posse tamen sit prodere verba voluntas,
Sed fientes breviter dicamus, summe Magister.
Brunoni charo tibi rex in carne fideli
Cui super omne bonum placuerunt gaudia cœli,
lllud des esse, quod nusquam novit abesse.
141.
TITULUS S. PETRI BLANDINENSIS CŒNOBII.
Est commune mori mors, nulli parcet honori,
Mors est vita piis, paena diurna malis.
Ibimus absquc mora, sed qua nescimus in hora
Est quia vita brevis, fluxa, caduca, levis.
Ecce satis scimus, quod non evadere quimus,
Et quid erit finis? vermis et inde cinis.
Dum vixit, vita nituit satis hic Eremita :
Mortuus ipse tamen pace quiescat, amen.
— 40' —
142.
EX ARCHIEPISCOPATE BISUNTINO IN BURGINDIA,
ET EPISCOPATU BELLICIENSI.
TITULUS S. MARI.E BELVENSIS ECCLESI.E.
I vit ab hac vita Bruno simplex eremita,
Tollitur arce poli terris super astra relictis ;
Et sic cum Christo mundo requiescit ab isto,
Orans pro cunctis vivent! bus, et modo functis.
'-P
EX EPISCOPATU LAUSANNENSI.
TITLLL'S S. ROMANI DE ECCLESIA LEGDUNENSI ARCHIDIACONI.
Domine tibi Bruno, qui semper rege sub uno,
Sacram servasti legem, nec eam violasti :
Finis adest vitœ, tristantur ab hoc Eremitœ.
Sunt tibi post fatum summcc data gaudia vitae.
Non ergo pro te gemitus edant Eremitee :
Nam mundo vivens, loca déserta subiisti,
Nunc cœlo nactus laetaris in agmine Christi.
144.
EX ARCHIEPISCOPATU CAMERACENSI IN BELGICO FRANCICO.
TITELUS S. PETRI HUCURTENSIS ECCLESIA.
De:linarc mori nescit sapientia mundi,
Nec rem cum voce déclinât sexus uterque ;
— 492 —
Asi ego, ni fallar, Bruno déclinât uirumquc
Sed mit in libra ; merito quia sors fuit œqua.
Pura fuit vita, sapiens fuit hic Eremita :
Appensus libra? discrimen nesciat iras.
Notificamus igitur vobis, Fratres charissimi, prout
flagitastis. Nos huic Catholicœ Ecclesice lilio, tricena-
rium, et anniversarium diem : et in Catalogo Fratrum
nostrorum inscriptione dévote conscripsisse.
i45.
EX EPISCOPATU ATREBATENSI.
ÏITILL'S S. MARLE ATREBATENSIS SEDIS.
Lux aeterna, Deus, praeter quam nihil valet esse,
Qui voluit nobis nasci de semine Jesse,
Participât faciat te, Bruno, suae bonitatis,
Qui fons mellifluus est mirificae pietatis.
146.
ALILS TITULUS EJL'SDEM.
Kectx, Bruno, viae dus et fons philosophia'.
Non aliter docuit vivere quam studuit.
Dum bene vivendo fecit quodcumque loquendo
Vir bonus ostendit, cœlitus emicuit.
Unde sibi merces donetur gloria perpes,
Ac diuturna quies, et sine nocte dies.
49-
<-+;
TITULUS PATRIS VEDASTI EJUSDEM CIVITATIS EPISCOPI
NOBILIACI CŒNOBII SCHOL.E.
Ploret vita brcvi séries quod transeat œvi ;
Transit enim quidquid jam praesens cernitur esse.
Sic decet : idque petit, quod habet natura necesse.
Gloria stat rerum, périt Ikcc in tempore finis.
Nihil habet aeternum, nisi sint imitamina veri.
Ergo quisquis homo vult prudens esse videri,
Diligat haec tantum, quae sunt sibi dona salutis.
Si bene stant cura: bona lucis amando futurs?,
Non procurât ea, qux1 sic fugiunt velut aura.
Quidquid habet mundus, est quaedam captio mentis,
Ut seducat eam semper vigil ars inimici.
Ille leo rugiens, quaerens quem devoret, hostis
Nunquam dormitat, nec praestat membra quieii.
Irrequieta manet omnis sua cura per horas,
Nec habet occasum furor hic nec sacra voluntas.
Unde rogo, caveas homo, ne tenearis ab illo.
Mente sed intentus superis et sensibus, omne
Impendas studium, vero quo functus honore,
Divino semper puroque fruaris amore.
Dépérit omne, quod est, sapiens, simul insipiensque,
Pauper, inops, dives, quos vilis contegit urna,
Lege necis sumpta, sic hunt pulvis et ossa.
Justus obit, moritur, aliquo ht crimine kesus,
Nec caret macula communi lege creatus.
Cedit enim sorti, nimirum quam pater Adam
Per matrem meruit, quam littera nominat Evam.
Mens mea dum queritur super his, per plura va-
[gatur, ]
Ampla nimis ratio per mentent multiplicatur,
— 494 —
Clare Pater Bruno, peto, sit tibi vita perennis,
Dicat amen quisquis mihi respondendo fidelis.
148.
ALIUS TITULUS EJUSDEM.
Lumen et ordo via? ducentis ad alta sophiae
Occidit, hinc cedens naturae Bruno recedens,
Par pecudis brutae, Tibi, Bruno, magister acute,
Viluit hic flore mundus, steriiique décore.
Flos fuit in fceno, viguit sub sole sereno :
Dum tua cantaret, studio dum musa vacaret,
Dum more lactaret Remos, modo pane cibaret.
Hinc tamen abjectis opibus, studiisque rejectis,
Clausus in obscuro frueris libamine duro.
Nihilque sequens Bruno varium fundatus in uno,
Sic Pater, o Bruno, capis unum captus ab uno.
149.
TITULUS S. SALVATORIS AQLTCIENSIS CŒNOBII.
Ego Aimericus hujus praetitulati Cœnobii Abbas ;
anima? inclyti, et famosi Magistri Brunonis precibus
licet exiguis, œternam ab ./Eterno , et pio Salvatore
requiem imploro ; et diem obitus ipsius Brunonis
in Calendario notavi.
i5o.
TITULUS CŒNOBII MARCEMENSIS.
Excessit tandem defuncto corpore pridem,
Excedens animo, famosus carminé Bruno,
— 4<p —
Qui tulit exilium vivens in corpore mundum
Hinc se submovit, Eremita bonus latitavit,
Sed beue sic latitat, operum dum luce coruscat.
Delectatur ibi cernendœ spe Deitatis ;
Qua aune perpetuo cœlis fruitur penetratis.
i 5 i.
EX EPISCOPATU AUDOMAROPOLITANO.
TITL'LUS S. AUDOMARI EPISCOPI.
Exemplum miseris mortalibus esse solebas,
Ut colerent Christum, quem semper Bruno colebas,
Pro quo divitias sprevisti totius orbis,
Ut tibi perpétuas daret x\uctor totius orbis.
Ergo vera rides, qua m tu semper coluisti.
Te trahat ad Chrisii requiem, quam Bruno petisti.
EX EPISCOPATU TORNACENSI .
TITULUS SANCT<« MARI.E TORNACENSIS.
Quem genuisse Colonia : Francia vult aluisse :
Gloria Bruno Pater genti communis utrique.
Assensu facili sociatur ad agmina cœli.
Quorum civis erat, etiam dum vita manebat.
Non tamen hinc frustra cornes est oratio justa ;
Conférât hoc Dominus, meritis quod defuit ejus.
— 49<J —
i53.
TITULUS S. AMANDI ELNOVENSIS ECCLESI^E.
Hic quia dum vixit mentis consedit in arce :
Huic quoque displicuit quicquid fit daemonis arte.
Post mortem carnis cœlesti conditur urbe ;
Sedes pro meritis datur huic, quœ digna sophia:.
Cui vivens studuit non ficto cordis amore.
Hinc pro morte Patris luctus omittat ovile ;
Orbatam quamvis sit multae lucis honore.
Gaudeat, at merito sicut gaudet Pater ipse,
Quod facimus vestris, eadem nostris facitote.
i 34.
EX EPISCOPATU BRUGENSI.
TITULUS SANCTI DON ATI AN I BRUGEN'SIS ECCLESIjE.
Hic cultor veri dum vixit gloria Cleri,
Carne resolutus habeat nunc gaudia tutus.
Quas petitis vestris fratres impendite nostris.
Et qui lector ades, die : Sit ei requies.
1 55.
EX ARCHIEPISCOPATU CANTUARIENSI, IN* ANGLIA.
TITULUS SANCTI PETRI, ET S. AUGUSTIN! ANGLORUM APOSTOLI.
Bruno pia vita Cœlo vivas Eremita.
Reddidimus vestris, reddantur débita nostris.
1-97 ~
[5b.
EX EPISCOPATU LONDONIENS!.
TITULUS S. PAULI LONDONIENSI5.
Tanti fama viri diffusa sub ultima mundi.
Excitât ardentes in digna peccamina mentes.
Et licet, ut quimus, complere petita velimus ;
Vota probatorum passim promissa virorum
Nos pro posse monent, Dominum memorare Bru-
[nonem,]
Decessumque sui missis celehrare quotannis.
Archidiaconi Rangerius, Walterius, Quintilianus,
Robertus Durandusque Scholasticus, Theobaldus, Ar-
turus, caeterique omnes Canonici Ecclesiae S. Pauli
Londoniensis, salutamus, fraternaque dilectione im-
pertimus Eremitas Ecclesiae Sanctae Dei Genitricis Ma-
ria? Turris Çalabriae : Concedimusque ut petiistis anni-
versarium fieri singulis annis, Reverendo Magistro
Domino Brunoni Servo Dei, cunctisque Fratribus Cœ-
nobii vestri : pridie nonas Octobris, id concessimus
publico consensu Fratrum nostrorum. Xomenque ejus
nominibus Fratrum nostrorum adscripsimus in mémo-
riam praedictae commemorationis.
TITULUS DISCIPULI EJUS RANGERII.
Ego Rangerius Viri Venerabilis Brunonis quondam
discipulus : precum supplicationes offerre desidero Deo
omnipotenti, ut qui illum tanta honestavit gratia, tanta
pietate decoravit, secundum suœ tidei meritum conférât
32
— 498 —
et coronam. Specialiter aulem, et pro debiio spécial!, et
amoris privilegio anniversariam ejus memoriam exhi-
bebo, pro opportunitate rerum, et temporis.
i58.
EX EPISCOPATU LINCOLNIENSI.
TITULUS SANCTvE MAREE ECCLESEE LINCOLNIENSIS.
Transisti mundo securus maxime Bruno ;
Quem quia sprevisti, nil nocuisse puto.
Te voluit rébus fallacibus illaqueare,
Sed tibi prospiciens, non cadis in laqueum.
Obtulit iste quidem, qmae pronus stultus adorât,
Hoc est, divitias, et bona quœ pereunt.
Et quia nemo potest horum splendore beari,
Quippe nihil prosunt, sed nimis officiunt
Omnibus abjectis, eremum lœtus petiisti :
Hoc solum cupiens, nempe placere Deo.
Nec bona fama viri latuit dispersa per orbem,
Sed vaga per multos commonuit populos.
Profuit et multis dans exemplum famulandi :
Ille qui bonus est : qui Dominus Deus est.
Hoc igitur melius quis homo posset meditari ?
Ista salus multis profuit, atque tibi.
Quis tam felicem novit atque sapientem?
Non novi talem, nec tibi consimilem.
In te rêvera patuit sapientia vera ;
Te pietas Domini, nutriit, et docuit.
Hune elegisti pra? cunctis, hune et amasti.
Quem quicumque colit, non coluisse pudet.
Sit tibi lux, patria, requies, et gloria parta,
Cui servire fuit idoria sola tibi.
— 499 —
i5q.
TITULUS SANCTjE mari.e spalding.e eccleske s. nicolai
ANDEGAVENSIS.
In mundo rutilât solis jubar, et rutilando
Transit, et excedit sidéra clara poli.
Sic et Brunonis sapientia tanta refulsit
Inter Francorum sydera : solus ut hic
Esset cunctorum flos, et fons Philosophorum.
Flos speciosus erat, fonsque profundus erat.
Ex hoc manavit sapientia tanta per orbem,
Ut quos imbueret philosophos faceret.
Splendor sermonis fuit, et lux Relligionis.
Ejus Relligio scitur ubique satis.
Ejus doctrina sunt facti tôt sapientes,
Quos mea mens nescit, et mea penna tacet.
Ejus in exemplo sunt multi Relligiosi,
Et sectatores, discipulique Crucis.
Ipse Crucem Christi tulit, et sua cuncta reliquit,
Seque negando sibi, profuit ipse sibi.
Dives, famosus, facundus, et generosus,
In mundo nituit, sed sibi displicuit.
Mundus, et ipsius res, et mundana potestas,
Non sibi cara fuit, omnibus abstinuit.
Nullus amor, vel honor nocuere Deum sitienti,
Sed quoerendo Deum, fugit in exilium.
Exul erat patriœ, loca prœsidiumque Marias
Obtinuit, cujus filius ipse fuit.
Félix exul erat, quem Virgo Maria recepit,
Ha?c sibi refugium praestat, et auxilium.
Fiat ei portus, cujus fuit integer ortus :
Filius asternus, sit tibi certa salus.
— 5oo —
Religiosis Fratribus, in loco (qui Turris appellatur )
Deo dévote famulantibus, Lambertus Abbas, et tota
Congregatio S. Nicolai salutem, et dilectionem. Dolori
vestro, et desolationi charitatis visceribus compatientes,
Dominoque Brunoni, ex hoc mundo ad Patrem, ut cre-
dimus transeuuti, congaudentes : et triumphalis funeris
debitum exolventes, justis petitionibus vestris, et deside-
riis satisfacimus, annuentes, ut illiusdepositio in Marty-
rologio, nominibus Fratrum nostrorum interscribatur,
et perpétua memoria recolatur.
160.
EX EPISCOPATU SA.RISBURIENSI.
TITULUS SANCTVE MARLE, SANCTIQUE ADELMI EPISCOPI
ET CONFESSORIS, MALMESBENENSIS ECCLESI.E.
Hic bonus athleta, cujus celeberrima vita
Istic narratur, laudabilis esse probatur.
Nam si sic vixit, praesens ut chartula dixit,
Et si munificus fuit, et pius atque pudicus,
Si sibipsimet parcus fuit, indiguis quoque largus,
Si calcator opum, si spretor deliciarum,
Si verbis cultus fuit, et bene morigeratus :
Est quid opus verbo, quid dicere plura laboro ?
Jam nunc tantorum, cœlum tenet arte bonorum ;
Nam sibi pro meritis est redditus astriger axis ;
Nunc igitur Bruno laetatur, et haeret in uno ;
Unum suscepit Bruno, qui multa reliquit.
Est tamen hoc solum cunctis praestantius unum,
Si quam sit magnum, juvat hic addiscere lucrum ;
Sat dicam breviter, paucisque docebo patenter.
Suscepit Christum solamen dulce laborum.
00 I
Quid prodest igitur, quod nos sibi verificamur?
Sed puto proficere, si dico Deus miserere :
Ast quoniam nemo peccaminis est sine nevo,
Si quod habet facinus, tu bone terge Deus.
roi.
EX EP1SCOPATU CONVENTRENSI.
TITULUS S. MAREE CONVENTRENSIS ECCLESEE IN ANGLIA.
Hune pietate sua rex Christus in arce polorum
Collocet, atque frui requie concédât eorum.
162.
EX EPISCOPATU HEREEORDIENSI.
TITULUS S. EDMUNDI REGIS ET MARTYRIS.
Transit ab hac vita Bruno Pater ac eremita.
Transeat in requiem, spiritus ejus : Amen.
i63.
ALIUS EJUSDEM TITULUS.
Animal huic Dominus Brunoni gaudia verus,
Agmina sanctorum, qui continet alta piorum.
D02 —
1 64.
EX ARCHIEPISCOPATU EBORACENSI.
TITULUS S. PETRI EBORACENSIS ECCLESLE,
QVJE EST AXGLI.E METROPOLIS.
Pro quo Bruno brevis reprobavit noxia vitae,
Ipse rependat ei munera perpetuo.
i65.
ALIUS TITULUS EJUSDEM.
Fama prius nobis retulit quam littera vestra
Non de morte quidem, sed bonitate viri.
Gemma domus Domini Bruno fuit atque columna,
Et fidei verus cultor Apostolicœ.
Vera rides ejus virtutibus aediticata,
vEthereas asdes asdificavit ei.
Gloria, divitiœ, persona, scientia rerum,
Illi clara satis; sed pede pressit ea.
Sunt quas dant homini post mortem vivere posse,
Nec tamen hœc possunt morte carere dare.
Mors premit omne caput, quœ si cui parcere posset,
Certe Brunoni parcere debuerat.
Mors bona, mors felix, si mors est illa vocanda
Quam sequitur requies, vitaque perpétua.
Si quid ei terrena dédit contagio sordis :
Nam sine peccato vivere nemo potest)
Abluat illa Deus, qui trinus, vivit et unus,
Et det ei requiem, dicat, et omnis Amen.
Quod petitis vestris jam fecimus, et faciemus,
Et petimus nostris, ut faciatis idem.
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i.66.
TITULUS BEATvE MARIEE EBORACENSIS.
Filius Ecclesiic moriali carne solutus,
Bruno vir sapiens; quod facta sua probant :
Non est plorandus, quia nunquam jam ruiturus,
Spes, amor, atque fides, quod meruere tenet.
167.
ALIUS TITULUS EJUSDEM.
O si voce rei divini pompa trophaei
Posset laudari, vel plene notificari :
Sed quia deficeret, nisi se mea vox cohiberet.
Quod mihi velle datur, perfecte posse negatur;
Sed tamen absque mora, surgat mea per mare prora.
Ut si fas detur Christum laudando precetur.
Laus tibi Summe Pater, cui subditur inferus ater.
Laus tibi, laus Christe, cui mundus subjacet iste :
Cœlestis doni da praemia quaeso Brunoni;
Ut tibi, qui vixit, qui mundo se crucifixit :
Vivat in aeternum, nec mortis tangat avernum ;
Quod petitis vobis impendite mutuo nobis.
168.
TITULUS SAHCT1 JOANNIS BEVERLACENSIS ECCLESLE.
Bruno quod sprevit vivens in morte reliquit ;
Nam mundum fugit, mundanaque vilia dixit.
Christo servivit, quare cœlum penetravit ;
Ipsius talcs transmittcre, sed quia fratres
— 304 —
Chartam fecerunt ; nostri Domini voluerunt.
Pro famulo taato postremo tempore functo ;
Officium servis gratum persolvere cunctis.
169.
TITULUS CVNONICORUM S. JOANNIS BEVERLACENSIS CŒNOBIl.
RICARDUS AD EUMDEM.
Qui casu mortis sublato Pâtre doletis :
Ponite tristitiam, manet omnis exitus idem.
Hinc est pensandum : quia mundi gloria fœnum,
Ad tempus floret, florens pertransit et aret ;
Et quia sic floret, florens sic transit et aret.
Declinemus eam magis inquirendo futuram.
Jam prœcessisti, jam régula Bruno fuisti :
Jam conclusisti, quod caute proposuisti.
Florebas mundo fragili sed flore caduco ;
Sprevisti mundum fragilem, floremque caducum.
Contemplative quœrens succedere vitœ,
Quam tibi concédât, qui sœcla per omnia régnât.
170.
ITEM, ALBERTUS AD EUMDEM.
Det pietas Christi tibi Bruno quod meruisti
Factus in hac vita Monachus prius, hinc Eremita.
17 r.
ITEM, TESTANTS AD EUMDEM.
Sit tibi Bruno quies, sit lux, sit gloria perpes,
Sit tibi vera salus, vera medela Deus.
non — ■
[TEM, RICHARDES AD EUMDEM.
^ternam sedem nobis invidit, et sedem,
iEternae sedis factus prius exul, et œdis,
Arboris illicitce dum gustum suggerit JEvx.
Gustat, fit gustans mortalibus addita fatis,
Porrexitque viro, casu simili ruituro.
Immortalis erat sicut Deitatis imago ;
Immortalis erat costis educta virago.
Sed mox post justum mortales efficiuntur.
Dejectuque gravi paradiso dejiciuntur.
Intravit mundum mors effera, subdidit illum
Legibus illa suis, moritur, qui nascitur omnis.
Parcere non novit, sed nec tibi Bruno pepercit
Apposuit patribus, jam sit tibi vivere Christus,
Et raptum mundo te restituât paradiso.
ITEM, WILLHELMUS AD EUMDEM.
Carmina si possent tanto prodesse patrono,
Jam prodesset ei musa canora m ci.
Carmina cantasset titulo fruitura perenni,
Mille modis tanto, psalleret illa viro.
Psalleret illa viro studiosa mente, manuque,
Linguaque nagnificum, magnificaret eum.
Sed quia defuncto nil prosunt carmina laudis
Virtus summa Dei propitietur ei.
Torruerat phaebus bis sex, octoque diebus
Libram, cum viia discessit hic Ercmita.
— DOO —
174.
EX EPISCOPATU YPRENSI.
TITULUS SANCT^E MARLE FARMOCELLENSIS ECCLESI.E.
Frustra conquerimur, justus si morte sopitur,
Omnibus una via proveniens varia.
Tristia damnatis, dat gaudia plena beatis,
Ergo beatus erit, qui bene transierit.
Félix hic Bruno, cui consonat ore sub uno
Laus modulata piis, eomptaque tôt studiis.
Nosque precamur ei lumen lucere diei.
Qui non temporibus concidit, aut vicibus.
Vos quoque pro nostris oretis commemoratis.
Sic sic concludo breviter celeberrime Bruno,
Cui famulabaris Christo, sine fine fruaris.
i75.
TITULUS SANCT.E MARLE MECINENSIS ECCLESI^E.
Commemorande Pater Bruno, Christi pia Mater
Dignetur natum, pro nobis in cruce passum
Poscere, ccelestis donet tibi prxmia regni,
Quo tecum Fratres nostri sint, atque sorores.
i-ô.
TITULUS S. PETRI ISLENSIS ECCLESI.E.
\'era rides Christi laxat peccamina mundi,
Cujus facta caro ligno crucis hostia Patri.
QuoJ, qui corde bono credens votis imitatur,
I psi us vitic consortia laeta meretur ;
Cujus Bruno Pater concivis, ut efficiatur,
Judicis ad thronum devbtio digna feratur.
Prosit defunctis oratio mutua nostris.
TITULUS S. MARI.E NONIANDI.
Egregius Bruno non est laudandus in uno,
Qui docuit Clerum, Pater extitit et Monachorum
Atque Deo charus per claros splenduit actus.
Omnibus hic nobis sit semper commemorandus ;
Ipsius ut flatum capiat Deus immaculatum.
Missis, et psalmis societur civibus almis.
19bis
INDULTUM CARTUSIENSIBUS DATUM
DE OFFICIO ET MISSA
S. BRUNONTS1.
IjNTONIUS miseratione Div.Tit. S. Praxedis Pres-
[byter Cardinalis Papiensis, necnon totius Ord.
Cartusiensis Protector. Universis, et singulis présentes
nostras inspecturis, et lecturis, salutem in Domino sem-
piternam.Cum ex nostro protectionis officio, benevolen-
tiaque, ac pietate, qua universo Cartusiensi Ordini prœ-
dicio ai]icimur,hodie ad pedcs Sanctissimi D. N. Leonis
divina providentia PP. X. praesentavimus Venerabiles
ReJigiosos viros DD. Matthceum Bononiœ, Ludovicum
1 \'oir la traduction de cetts pièce, t. I. p. i5<i ci ssq.
— 5o8 —
Mantuoe, Jacobum Neapolis, et Hugonem S. Crucis in
urbe ejusdem Cartusiensis Ordinis, Domorum Priores ;
et tam nos, quam Religiosi prœdicti plura de laudibus,
praeconiis, ac vitae sanctitate B. Brunonis Confessons
ejusdem Ordinis Cartusiensis primi fundatoris, ac In-
stituions Sanctitati suae retulissemus, et exposuissemus ;
qui vir beatus déclinante Christiana miliiia, et propter
iniquitatis abundantiam charitate plurimum frigescente,
tanquam dux strenuus ad resistendum hostibus novum
in Ecclesia instruxit, et instauravit exercitum,et in vine-
am, quod Dominus sua dextera plantaverat, jam vitio-
rum vepribus, et spinis obsitam, veluti solertissimus
Paterfamilias tôt fidèles conduxit operarios , ut ube-
riores ex ea fructus S. Ecclesiœ proveniant, et odorem
suavitatis proférant, et sanctitatis ; ipsius namque B.
Confessoris multiplex doctrinœ, vitae castigatissimae, in-
nocentia?, ac munditiae exemplum plurimos generans,
sanctas adoptionis filios générât, et nutrit incessanter ;
cujus meritis Ordo prœfatus exornatur, et comprobatur
miraculis, et assidue quasi de virtute in virtutem crescit
rigans montes de superioribus suis, et de fructu operum
suorum satiatur terra. Idcirco nos una cum prrcfatis
Prioribus ab eodem D. D. N. Venerabilium virorum
Francisa de Puteo moderni Generalis,aliorumque Pri-
orum, et universorum Monachorum, Monialium, Con-
versorum, et Personarum dicti Ordinis nomine humi-
liter supplicavimus, ut pro Omnipotentis Dei gloria,
qui in suorum exultât veneratione Sanctorum, ac Beati
prœdicti Confessons honore, illiusque evidentissimis san-
ctitatis operibus, signisque virtutum, quibus in carne
positus claruit, et ad ccelos evocatus perpetuo splendet,
proque tam praeclari Ordinis décore, de Apostolica mu-
nificentia, et benignitate, sub sexta Octobris die, qua
die posita carnis sarcina, idem B. Bruno Confessor ad
— r>oi) —
perpetuam evolavit gloriam, festum quotannis in ejus
memoriam, ac solemne officium dignis in Domino lau-
dibus, et honoribus celebrandi, et commemoratîone
ejusdem caeteris diebus fâciendi licentiam concedere di-
gnaretur ; quamvis idem Beatus Bruno Cofessor non
reperiatur aliter canonizatus per Summos Pontifices
Prasdecessores suos, ut moris est. Qui prœfatus Sanctis-
simus D.N. Papa asserens, se jamdudum de laudibus ac
sanctitate ejusdem Beati Confessons plurima intellexis-
se, arbitratus, dignum esse ac consonum rationi, ut quem
Deus in hoc saeculo tantis donis, et gratiis insignivit,
assumptum in cœlis, magis, ac magis venerandum ; et,
cui viventi dederat cor omnipotens ad praecepta, et le-
gem vitae, et disciplinée, eidem nunc apud thronum di-
vinae gloriae existenti impendatur in terris débita? devo-
tionis obsequium ; hujusmodi nostris, et prœfatorum
Priorum supplicationibus libenter annuens dictis D.
Francisco moderno, ac pro tempore Generali existenti,
et aliis Prioribus, Monachis, Monialibus, Conversis, ac
personis dicti Ordinis, in ipsius Ordinis dumtaxat Do-
mibus, et eorum Ecclesiis seu capellis festum pnedictum
solemniter colendi, etdevotione débita celebrandi ; pFâe-
fatique Brunonis corpus, et memoriam dignis in Do-
mino laudibus prosequendi, et venerandi ; officiumque
conveniens in honore ipsius B. Confessoris agendi, et
decantandi; necnon commcmorationem singulis diebus
fâciendi, ex tune, et de caetero in perpetuum cum Dei
benedictione licentiam vivae vocis oraculo nobis facto
bénigne, ac favorabiliter concessit pariter, ac induisit ;
non obstante, quod idem B. Bruno Confessor non in-
veniatur aliter canonizatus ut supra ; prassentibus quo-
que ibidem Revercndissimo in Cbristo Pâtre D. D.
Laurentio Putio Tituli Sanctorum IV. Coronatorum
S. R. E. Presbytero Cardinale, et Rev. S. D. Francisco
r> i o
Armellino Camerae Apostolicae Clerico. Quare ne apud
quemquam de hujusmodi concessione possit aliquod
dubium suboriri, prœsentes manu propria subscriptas,
et nostri soliti sigilli appensione munitas confici jussi-
mus, et per nostrum quoque Secretarium subscribi fe-
cimus in fidem, robur, ac testimonium proemissorum
et veritatis. Datum Romae in Apostolico palatio die 19.
Mensis Julii an. 1 5 14. Pontificatus vero D. N. an. II.
Antonius Cardinalis S. Praxedis, Protector, manu pro-
pria. Antonius Testa Verulanus.
20.
0RDINATI0 CAPITULI GENERALIS ANNI IDID
DE RITU SOLEMNI IN FESTO SANCTI BRUNONIS.
UM sanctissimusDominusnoster Dominus Léo di-
Hjvina providentia Papa decimus et modernus, nobis
etOrdini nostro sua gratia dederit et concesseritlicentiam
et auctoritatem, ut in singulis domibus dicti nostii Or-
dinis, et earum ecclesiis, seu capellis possimus festum
beati Brunonis patris nostri solemniter colère, et débita
devotione celebrare, ejusque corpus et memoriam di-
gnis in Domino laudibus prosequi, et venerari, et offi-
cium conveniens in honorem ipsius agere et decantare,
necnon commemorationem singulis diebus de eo facere,
et alias prout in desuper confectis litteris plenius conti-
netur.
Propterea ne tantam gratiam neglexisse videamur,
ad Dei et ejusdem patris nostri laudem et honorem,
Ordinisincrementum et nostramnostrorumque omnium
salutem, consolationem et pacem, dictarum litterarum
— ■ bu —
mentem et tenorem insequentes, volumus et ordinamus,
quod de caetero annis singulis, perpetuis futuris tem-
poribus, die sexta mensis octobris, qua die idem pater
noster, carne solutus, beata fuit immortalitate vestitus,
festum praedictum in omnibus et singulis domibus,
totius Ordinis nostri praedicti et earum ecclesiis seu ca-
pellis in honorem et sub nomine et vocabulo ejusdem
beati Brunonis confessoris, cum candelis et solemniter
celebretur, et ab omnibus et singulis prioribus, mo-
nachis, conversis et aliis personis dicti Ordinis nostri
débita devotione colatur, ejusque corpus et memoria
dignis in Domino laudibus veneretur, riatque et decan-
tctur de eo ipsa die sexta octobris solemne offieium
cum duodecim lectionibus, capitulo, refectorio, et cœ-
teris caeremoniis, qua? solemnibus festis , candelarum
soient observari in hune videlicet qui sequitur modum.
Ad primas vesperas antiphona super psalmos, « Sint
lumbi.» Responsorium, « Beatus servus. » Ad matutinas
octo primas lectiones, sermo beati Augustini episcopi,
qui incipit : « Dominus noster Jésus Christus, » sicut in
festo sancti Martini. Quatuor vero ultimae, homilia bea-
ti Gregorii papœ, quse incipit « Sancti evangelii : su-
per Evangelio secundum Lucam : Sint lumbi vestri, »
sicut in festo sancti Benedicti. Ad missam, dictum
evangelium : « Sint lumbi vestri. » Coetera omnia tam
in missa , utrisque vesperis , matulinis , qua m cœte-
ris horis riant sicut unius confessoris non episcopi ,
exceptis orationibus, qua: dicentur prout infra in ped^
praesentis ordinationis sunt notatœ. Volumus pariter et
Ordinamus quod in vigilia dicti festi fiât abstinentia et
in die fiât sermo in capitulo monachorum et converso-
rum, ad laudem ejusdem sancti, et ad reformationem
Ordinis, et cessetur ipsa die ab omnibus operibus, ut
divinis laudibus facilius et devotius intendere valeamus.
.-i I 2
Item ordinamus, quod dictum fcstum scribatur in
calendariis Ordinis sub dicta die octobris, et in litaniis
post sanctum Benedictum ponatur, scribatur, et ab inde
dicatur : « Sancte Bruno, ora pro nobis. » Item pariter
ordinamus, quod singulis diebus, quibus caetera dicun-
tur solita çuffragia in matutini's et vesperis, immédiate
post Commemorationem Sancti Joannis fiât de eo com-
memoratio in hune modum antiphona : « Similabo. »
Versus : « Justum deduxit. » Oratio : « Omnipotens
sempiterne Deus, etc. » Ut per ejus intercessionem et
mérita divinam in praesenti gratiam et aeternam in futu-
ro gloriam consequi mereamur. Sequuntur orationes
ad missas dicendae, quarum prima dicetur in die ad
utrasque vesperas, laudes et tertiam et quotidie ad com-
memorationem in matutinis et vesperis. » Oratio : « Om-
nipotens sempiterne Deus, qui renunciantibus saeculo
mansiones paras in ccelo, immensam clementiam tuam
humiliter imploramus, ut, intercedente beato Pâtre no-
stro Brunone Confessore tuo, vota quae profitendo feci-
mus fideliter implere, et ad ea quae perseverantibus in te
dignatus es promittere, valeamus salubriter pervenire. »
Sécréta « Sacrandum tibi Domine munus ofFerimus ,
majestatem tuam suppliciter exorantes , ut per inter-
cessionem et mérita beati Patris nostri Brunonis Confes-
sons tui a peccatis omnibus et peccatorum omnium
pœnis absoluti, acceptum tibi sacrificium in tuœ pas-
sionis et nostrae redemptionis memoriam ofFerre valea-
mus. Qui vivis. » Complenda. « Per hœc sancta qua?
sumpsimus, Domine Deus, pium in nobis accende
sanctae religionis affectum, ut ejus, quem ut Patrem
in terris colimus, vestigia insequentes , quod te do-
uante promisimus, te opérante implere, et cum vitae
finis advenerit, ad te, veritas, et vita es, pervenire me-
reamur qui vivis, etc. «
CONFIRMATIO EJUSDEM ORDINATIONIS,
A CAPITULO GENERÀLI ANN1 I 5 I 6 .
Ordinationem in praesenti capitulo factam circa cele-
brationem festi beatiBrunonis patris nostriconfirmamus,
et eam perpetuo in ordine noslro observari volumus et
mandamus, hoc addito, quod, sicut in litaniis privatis,
ita et in conventualibus ponatur et scribatur, et ab inde
dicatur : « Sancte Bruno, ora pro nobis. » Et in mar-
tyrologio sub die sexta octobris scribantur haec verba :
in Calabria depos-itio beati Brunonis confessons, primi
institutoris ordinis Carthusiensis. Et nihilominus or-
dinamus, quod de vita ejus noviter impressa legatur in
refectorio singulis annis in singulis domibus ordinis,
in dicto festo.
21.
BULLA GREGORII PAP.E XV
DE MISSA ET OFFICIO SANCTI BRUNONIS.
H^fl D pcrpetuam rei memoriam. Gregorius Papa XV.
gjggrgDomini nostri Jesu Christi, qui servos suos oeter-
nae gloriae praemio donat in cœlo, vices, quanquam
immeriti, gerentes in terris, ex adjuncto nobis pasto-
ralis officii debito procurare tenemur , ut corumdem
servorum Christi débita veneratio in dies magis promo-
veatur, et laudetur Dominus in sanctis suis. Quamo-
brem, fidelium quorucftlibet, praeseftim vero sub suavi
religionis jugo aliissimo famulantium, votis, quœ pecu-
liarern sanctorum hujusmodi cultum et venerationem
respiciunt, libenter annuimus, prout conspicimus in
Domino salubriter expedire.
— D ' 4
Supplicationibus itaque dilecti lilii D. Bernardi Ga-
zii, ordinis Carthusiensis procuratoris generalis, nobis
humiliter porrectis inclinati, de vencrabilium i'ratrum
nostrorum S. R. E. Cardinalium sacris rilibus prae-
positorum consilio, quod de ca.'tero perpetuis luturis
temporibus festum Sancti Brunonis, ejusdem ordinis
fundatoris, die vj octobris, qua in eœlnm evolavit, in
missali et breviaro romano reponi, officiumque de eo
semiduplex ab omnibus ubique iidelibus recitari libère
et licite possit, et valeat, apostolica auctoritate tenorum
praesentium concedimus et indulgemus. Quocirca vene-
rabilibus fratribus patriarchis, archiepiscopis, episcopis,
cœterisque ecclesiarum praelatis, in universo terrarum
orbe constitutis, praecipimus et mandamus, ut in suis
quibusque ecclesiis ,provinciis, et diœcesibus présentes
nostras litteras solemnhcr publicari, et ab omnibus ec-
clesiasticis personis scecularibus, et quorumvis ordinum
regularibus omnino observari faciant, non obstantibus
constitutionibus et ordinationibus apostolicis, caeteris-
que contrariis quibuscumque. Volumus autem ut prae-
sentium transumptis, etiam impressis, manu alicujus
notarii publici suscriptis, et sigillo alicujus personaj
in dignitate ecclesiastica constitutœ munitis eadem pror-
sus fides adhibeatur, quae praesentibus adhiberetur, si fo-
rent exhibitae vel ostensas. Datum Romae apud San-
ctum Petrum, sub annulo piscatoris, die xvij tebruarii
M. DC. XXIII. Pontiticatus nostri anno tertio. S. Cardi-
nalis Sanctic Susanna?. Ita est, Sylvester Spada illus-
trissimi et reverendissimi domini Cardinalis Vicarii
notarius. Locus -J- sigilli.
— J I J —
DECRETUH S. RITUUM CONGREGATIONIS
DE FESTO S. BRUNONIS SUB HITU SEMIDUPLICI
AD LIBITUM CELEBRANDO, IN ECCLESIA UNIVERSALI.
Die XIX novembris 1622. Indultum S. Brunonis.
Supplication! a D. Bernardo Gazio Ord. Cartusiensis
Procuratore Generali,S.Rituum Congregationi porrectae,
eadem Congregatio, Commuai Ulustrissimorum R. P.
assensu, inclinata, habita etiam SS. D. N. confirma-
tione, Festum S. Brunonis cjusdem Ordinis fundatoris
die 6 octobris, qua in cœlum evolavit, in Missali ac
Breviaro Romano reponi, et Officium de eo Semidu-
plex ab omnibus ubique fidelibus recitari concessit. Illi
enim inter Sanctos praecipue universalem Ecclesia; ve-
nerationem expostulare videntur, qui sacrarum famili-
arum Institutores militanti eidem Ecclesiae nunquam
interitura suffragia reliquerunt. Sign. Franeiscus Maria
Cardinalis a Monte. •)- Locus Sigilli - Joannes Baptista
Rinuncinus Secretarius.
22.
BREVE GREGORII PAIVE XV
DE INDULGE.NTIIS IN FESTO SANCTI BRUNONIS CONSEQUENDIS.
I^^JD perpetuam rei memoriam. Gregorius Papa XV.
g^J Splendor paternae gloriœ, qui sua mundum illu-
minât inetîabili charitate, pia vota ridelium, de clemen-
tissima ejus majestate sperantium, tune prœcipue beni-
gno favore prosequitur, cum devota ipsorum humilitas
sanctorum precibuset meritis adjuvatur. Volentes igitur,
omneset sinculas ecclesias monasteriorum monachorum
— 5 1 6 —
Carthusianorum ubicumque existentium aliquo spiri-
tuali munere illustrare, de omnipotentis Dei misericor-
dia ac beatorum Pétri et Pault apostolorum auctoritate
confisi, omnibus utriusque sexus Christi fidelibus, vere
pœnitentibus et confessis, ac sacra communione refectis,
qui aliquam ex dictis ecclesiis die festo Sancti Brunonis,
sexto mensis octobris celebrari solito, a primis Vesperis
usque ad occasum solis festi hujusmodi singulis annis
dévote visitaverint, et ibi pro christianorum principum
concordia, haeresum extirpatioue, ac sanctœ matris ec-
clesiae exaltatione pias ad Deum preces effuderint, ple-
nariam omnium suortim peccatorum indulgentiam et
remissionem misericorditer in Domino concedimus, prae-
sentibus perpetuis futuris temporibus valituris. Volu-
mus autem, quod praesentium transumptis etiam im-
pressis, manu alicujus notarii publici subscriptis, et
sigillo alicujus personae, in dignitate ecclesiastica con-
stitutce munitis, eadem prorsus fides adhibeatur, quœ
prœsentibus adhiberetur, si forent exhibitie vel ostensa?.
Datum Roma2 apud Sanctam Mariam majorem, sub an-
nulo piscatoris, die tertia julii, anno M. DC. XXIII,
pontiticatus nostri anno tertio.
23.
BULLA. LEONIS PAP.E X
QUA MONASTERIUM SANCTI STEPHANE DE NEMORE
AD CARTUSIENSES PRISTINOS POSSESSORES DEVOLUTLM ESSE
DECLARAT.
[EO episcopus, servus servorum Dei, ad perpetuam
reimemoriam. Procommisso nobis desuperaposto-
latus ofiicio, quo universalis ecclesiie Regimini praeside-
mus , de ecclesiarum et monasteriorum, aliorumque
D I
regularium locorum omnium statu prospère et saluhriter
dirigendo continua reddimur attentione solliciti : unde
aliqua ex eisdem monasteriis et locis, ut in eis gratior
Deo vigeat ohservantia, crescat divinus cultus, et fidelium
augeatur devotio, novis nonnunquam committimus gu-
bernanda rectoribus, per quorum solertiae studium et
providam diligentiam monasteria et loca ipsa, et jam
alias votivis in spiritualibus et temporalibus proficiaftt
incrementis.
Sane monasterio Sancti Stephani de Bosco Cister-
ciensis ordinis Squillacensis diaecesis, quod dilectus
filius noster Aloysius Sanctae Marias in Cosmedin dia-
eonus Cardinalis ex concessione et dispensatione apo-
stolica in commendam nuper obtinebat (commenda h'u-
jus modi ex eo quod idem Aloysius Cardinalis illi hodie
in manibus nostris sponte et libère cessit, nosque cessio-
nem ipsara duximus admittendam, cessante), adhuc
eo, quo, dum eidem Aloysio Cardinali commendatum
fuit, vacabat, modo vacante; nos vero, ultimum dicti
monasterii vacationis modum, etiam si ex illo quaevis
generalis reservatio et in corpore juris clausa resultet,
prœsentibus pro expressis habentes ad provisionem su-
per ipsius monasterii regimine celerem et felicem, ne
monasterium ipsum longas vacationis exponatur in-
commodis, paternis et sollicitis studiis intendentes ,
post deliberationem, quam dcsuper cum fratribus no-
stris habuimus diligentem, demum ad dilectos fîlios
fratres Carthusiensis ordinis, in quibus regularis dis-
ciplinas observantia , vitae sanctimonia, et exemplares
mores in dies tanquam novi palmites in agio Domini
pulhilare noscuntur, dereximus oculos mentis nostrae.
Sperantes, quod si in monasterio prsedicto, in eu jus ec-
clesia corpus Sancti Brunonis dicti Carthusiensis ordi-
nis institutoris dicitur esse reconditum, et quod, ut ab
— 5i8 —
aliquibus asseritur, olim ejusdem Carthusiensis ordinis
domus fuit, dignitas abbatialis et Cisterciensis ordo
perpetuo supprimerentur et extinguerentur , et ordo
Carthusiensis hujus modi institueretur et plantaretur :
et de caetero monasterium ipsum domus sub eadem
invocatione sanctî Stephani nuncuparetur, et dicti Car-
thusiensis ordinis fratribus, per eos juxta ipsorum ritus
et mores, ac regularia instituta, prout alias ejusdem
Carthusiensis ordinis domus reguntur et gubernantur,
regendum et gubernandum perpetuo concederetur, ex
hoc gratia Deo et accepta in dicto monasterio introdu-
ceretur bene beateque vivendi norma, augeretur divinus
cultus, aliasque ejusdem monasterii statui in spiritua-
libus et temporalibus cum circumvicinorum fidelium
spirituali consolatione féliciter consuleretur.
Quibus omnibus débita meditatione pensatis, de di-
lectorum fratrum consilio, auctoritate apostolica, tenore
praesentium in eodem monasterio quovis modo, et ex
cujuscumque persona vacet, eiiamsi ejus provisio ex
quavis causa ad sedem apostolicam specialiter vel gene-
raliter pertineat, dignitatem abbatialem et Cistereien-
sem ordinem, hujus modi perpetuo supprimimus et ex-
tinguimus, et dictum Carthusiensem ordinem ita quod
de caetero non monasterium, sed domus ejusdem San-
cti Stephani sit et denominetur, instituimus; illudque
cum omnibus et singulis ejus mobilibus, et immo-
bilibus bonis, juribus et pertinentiis suis, dictis fratri-
bus per unum priorem et fratres in decenti numéro
juxta eorum ritus et mores, ac instituta regularia prae-
dicta, et prout aliae dicti Carthusiensis ordinis do-
mus reguntur et gubernantur, regendum et gubernan-
dum perpetuo concedimus. Itaque liceat dilectis filiis
modernis dicti Carthusiensis ordinis visitatoribus in
provincia remotioris Lombardiae juxta morern ejus-
— 3 io —
dem Carthusicnsis ordinis, infra cujus provincial li-
mites dicta domus Sancti Stephani consistit , Carthu-
siensis ordinis et illius fratrum hujus modi nominc
corporalem domus Sancti Stephani bonorum ac jurium
et pertinentiarum praedictarum possessionem per se vel
per alium seu alios propria auctoritate libereapprehende-
re, et, sicut praemittitur, regendam et gubernandam per-
petuo retinere, illiusque fructus, redditus et provenais
in fratrum et domus eorum usus utiritatemque conver-
tere, diœcesani loci et cujusvis alterius licentia super
hoc minime requisita.
Ac priori et fratribus in ipsa domo Sancti Stephani
pro tempore degentibus, quod ipsi et dicta domus om-
nibus et singulis privilegiis, gratiis, immunitatibus, in-
dulgentiis, exemptionibus, praeeminentiis, favoribus, et
indultis spiritualibus et temporalibus, quibus aliœ dicii
Carthusicnsis ordinis domus, aut priores et fratres in
illis pro tempore degentes generaliter utuntur, potiun-
tur, et gaudent, ac uti, potiri et gaudere poterunt quo-
modo libet in futurum, uti, potiri, et gaudere libère et
licite possint , de simili consilio auctoritate praefata
indulgemus, non obstantibus constitutionibus et ordi-
nationibus apostolicis, ac dictorum ordinum juramento,
conhrmatione apostolica, vel quavis tirmitate alia ro-
boratis, statutis et consuetudinibus, cœterisquecontrariis
quibuscumque. Nos enim ex nunc irritum decerni-
mus, et inane, si secus super his a quoquam quavis
auctoritate scienter vel ignoranter contigerit attentari.
Nulli ergo omnimo hominum liceat hanc paginam
nostras suppressionis, extinctionis, concessionis et de-
creti infringere, vel ei ausu temerario contraire. Si quis
aulem hoc attentare prsesumpserit, indignationem Dei
omnipotentis et bcatorum Pétri et Pauli apostolorum
ejus, se noverit incursurum. Datum Romx- apud San-
D20
etum Petrum anno incarnationis Dominiez millesimo
quingentesimo tertio decimo, decimo septimo calendas
januarii, pontificatus nostri anno primo.
23
bis
ATTESTATIO RECOGNITIONIS SACRARUM RELIQL'IARt'M
S. BRUNONIS
A VICARIO GENERALI ECCLESI/E SQUILLACENSIS EXPEDITA1.
lUONlAM propter humani generis fragilitatem
|multa in hoesaeculo sub oblivionis involucro, tan-
quam sub densissimis tenebris inundant: memoria enim
hominum labilis est, et caduca ; et, ut ait Ecclesiastes :
Non est priorum memoria, et quas apud eum sequuntur.
Multa vero propter diversa hominum ingénia, et va-
riam référendum assertionem, res non de visu, sed de
aliorum relatione narrantium,plerumque diversimode,
tumultuarieque nunciatur. Plurima etiam ob invidorum
atque calumniantium malignitatem, et livorem mali-
gnitatis, semper veritati detrahentium, sub falsis ru-
moribus pertinaciter disseminantur in vulgo. Idcirco
nos Abbas Joannes Ruffus Cantor, et Generalis Vica-
rius in spiritualibus, et temporalibus Révère ndissi mi,
et Illustrissimi D. Vincentiî Galeotae de Neapoli Epis-
copi Squillacensis, et Caputaquensis, una cura RR.
PP. D. Matthaeo de Vigis de Asten, D. Jacobo Arago-
nensi, et D. Petro de Riccardis de Acerris Prioribus
Domorum Bononiœ Neapolis, et Clarimontis sacri Or-
dinis Cartusiensis , neenon et Visitatoribus , ac Com-
missariis pro hac re a CapituloGenerali praefati Ordinis
Cartusiensis in has partes missis, neenon et D. Constan-
1 Cf. t. 1. p. 166.
32 I
tio de Rigetis Bononiensi Rectore hujus Domus S. Ste-
phani de Bosco nullius Diœcesis Provincice Reginen :
ad tollendam omnem ambiguitatem, si qua forte hac-
tenus in mentibus nonnullorum Fidelium de sacro
corpore, et Sanctis Reliquiis B. P. Brunonis Colonien-
sis in Ecclesia dictae Domus S. Stephani tumulati falso
insederit : ad perpetuam rei memoriam, et prœsenti,
et futuro, in Deo optimo, maximo, Pâtre, Filio, et Spi-
ritu Sancto, Populo Christiano testatum reliquimus,
qualiter hodie, quœ fuit in celebritate omnium Sancto-
rum prima mensis Novembris III. Indictionis anno a
salutifera Christi Incarnatione i 5 1 4, in Ecclesia dictae
Domus S. Stephani de Bosco Ordinis Cartusiensis, no-
stris propriis manibus deposuimus sacras Reliquias
prœdicti S. Patris Brunonis ejusdem Ordinis Cartu-
siensis primi Institutoris, atque Domus praîdictœ S. Ste-
phani Fundatoris. Et ut veritas clarius elucescat per
prœsentes testamur, qualiter de prasdictis sacris Reli-
quiis ossa a nobis reposita fuerunt num. 52. in san-
cta Sanctorum in dextrum cornu ascendendo post Ai-
tare majus, sub Altari dedicato eidem S. P. Brunoni :
reposuimus autem illa in arca marmorea, circumsepta
quadam arca lignea, crata ferrea circumquaque ligata.
Caput vero prœdicti P. Brunonis inter praedictas Reli-
quias repertum ad majorem populorum devotionem
excitandam, et augendam, in eadem Ecclesia S. Ste-
phani decenti loco reservatum est, exornandum pro
more, et consuetudine, et honore totius Cartusiensis
Religionis. In qua quidem Sanctarum Reliquiarum
depositione ingens longinquorum attiguorumque po-
pulorum utriusque sexus multitudo devotissime in-
terfuit. De quibus praefatis sacris Reliquiis, cum pro-
pter multorum Praedecessorum Catholicorum ride di-
gnorum assertionem et propter ea quae de ipsis reliquiis
— ?2 2 —
antiquissime scripta reperiuntur, tum vero proptercon-
stantissimam omnium aetatum de ipsis Reliquiis for-
mam a migratione praedicti B. P. Brunonis, usque in
hodiernum diem per ora hominum, seriatim, sucessiw.-,
et gradatim inviolabiliter durantem, nemini dubium
esse débet, cura dicti B. P. Brunonis verum corpus,
verœque, et indubitatae ReliquicC sint, prout sunt, quas
nos pro talibus ullo dubio, veris, in pnedictis locis
reposuimus recondidimusque, obsecrantes Deum opti-
mum maximum, ut meritis, et intercessione B. Marias
semper Virginis, et dicti B. Patris Brunonis, omnium-
que Sanctorum , cuncto populo Christiano pacem,
et concordiam, nobis salutem, et gratiam, Defunctis
requiem aeternam donare dignetur. In quorum testi-
monium has présentes fieri fecimus manu Syri Anto-
nini Fasani publici Apostolica auctoritate Notarii, et
etiam Cathedralis Eccles. Squillacen. Canonici, et Pro-
tonotarii, subscriptione nostra, ac sigillorum nostrorum
impressione muniri. Eadem hora cum praefatis reliquiis
reperimus ossa B. Lanuini consocii B. P. Brunonis,
quag omnia simul reposuimus : partem vero capitis
dicti B. Lanuini reposuimus cum capite dicti B. P.
Brunonis, similiter exornandam, ut supra. Sub die
mense Indictione et anno quibus supra. Ego qui su-
pra Abbas Joannes Ruffus Cantor, et Vicarius omnia
supradicta contirmo, et fateor vera esse, propterea ad
ridem manu propria me subscripsi, ac meo solito si-
gillo roberavi. Ego Frater Matthœus Gartusiae Bono-
nias Prior, qui supra, affirmo omnia suprascripta vera
esse ; in quorum ridem hic me subscripsi manu pro-
pria, et sigillo munivi solito. Ego Frater Jacobus Car-
tusiœ Neapolis Prior, qui supra, contirmo omnia su-
prascripta esse vera, in quorum ridem hic me subscripsi
manu propria, et sigillum apposui. Ego Frater Petrus
— 523 —
de Acerris Prior Cartusias Clarimontis, qui supra, affir-
me» omnia suprascripta vera esse, in quorum fidem hic
me subscripsi manu propria, et sigillo solito munivi.
Ego qui supra, Frater Constantius Bononiensis Rector
Cartusiœ S. Stephani suprascripti, omnia suprascripta
confirmo esse vera, in quorum iidem hic me propria
manu subscripsi, ac sigillo nostro consueto roboravi
Jesu impresso. Ego Frater Vincentius de Senisio Sa-
crista, omnia suprascripta confirmo esse vera, et mea
propria manu subscripsi. Ego Frater Joannes de Stc-
phanis Valentianus, Monachus Cartusiae S. Jacobi de
Capreis professus, assero omnia suprascripta esse vera,
ideo manu propria me subscripsi. Ego Frater Philip-
pus Verulanus omnia suprascripta confirmo vera esse,
et mea propria manu subscripsi. Ego Frater Michael
Pratz alias Rovirola Barchinonensis Monachus Profes-
sus Cartusiae Neapolis affirmo, ut supra, omnia manu
propria. Ego Adamus Salerno de Terra S. Catharinae,
Regia auctoritate Notarius publicus per totum Regnum
Siciliae citra farum, fateor. pradicta supra contenta esse
vera,ac interfui praedictee numerationi, et omnibus pra>
dictis.Etad fidem et rectitudinem mea propria manu sub-
scripsi, meumque solitum signum consuetum apposui.
24.
LITTFR.K CAPITULI GENERALIS ANNI 12D4,
QUIBL'S ORDO CARTUSIENSIS
PERPETUÔ RENUNCIAVIT ESU1 CARNIUM.
jOVERINT universi praesentem paginam inspec-
■turi : quod Beatus tune temporis Prior Carthu-
siae, et caeteri Priores universi ejusdem Ordinis ad Gé-
nérale Capitulum in Carthusia simul congregati, et in
— D24 —
ipso Capitulo existentes , prrcsentibus Venerabilibus
prioribus Roderico Dei gratia Tarentasiensi Archiepi-
scopo,et Fulcone eadem gratia Episcopo Gratianopoli-
tano, spontanei et voluatarii , non coacti, tam pro
se quam pro suis Conventibus unanimiter et con-
corditer in pleno et Generali Capitulo esui carnium
perpetuo abrenunciaverunt : adjicientes quod si quis
illorum sive Prior, sive Monachus contra hujusmodi
Statutum prcesumptione temeraria, quod absit, venire
praesumpserit, a societate et communione totius Ordi-
nis, et ab ipso Ordine amotum se noverit penitus et
exclusum. Datum anno Domini millesimo ducentesimo
quadragesimo quarto, die lima? post festum Ascensio-
nis Domini. In cujus rei testimonium prasdieti Domi-
ni, Rodericus Tarentasiensis Archiepiscopus, et Domi-
nus S. Episcopus Gratianopolitanus, prœsentem pagi-
nam etinstantiam et petitionem dicti Prions et Capituli
Generalis sigillorum suorum munimine roboraverunt.
25.
CONFIRMATIO STATUTORUM ORDIMS CARTUS1ENSIS
AB INNOCENTIO PAPA XI.
JNNOCENTIUS Papa XI. Ad perpetuam rei me-
jmoriam.
Injunctum Nobis divinitus Apostolica? servitutis offi-
cium, meritis iicet et viribus longe impares, ad Eccle-
sias Catholicae per universum tcrrarum orbem diffu-
sœ, œdificationem, bonorumque, et piorum operum
incrementum , et animarum salutem lideliter exequi,
adjuvante Domino, satagentes, Regulares Ordines in
Ecclesia Dei pie, sancteque institutos, ac multiplici,
celeberrimaque virtutum laude fulgentes, in salutari
D 2 ?
eorum vivendi norma, veterisque disciplinée obser-
vantia confovere, atque conservare omni studio con-
nitimur ; Ac proinde ea, quae pro felici, prosperoque
Religiosorum virorum, corumque praesertim, quos
suave Christi jugum sub austerioris vitos régula am-
plexos, caeteris sanetitatis. et religiositatis exemple»
praelucere decet, regimine, et gubernio provide, pru-
denterque facta, atque ordinata esse uoscuntur, ut ser-
ventur exactius, et perenni stabilitate persistant, Apo-
stolici muniminis patrocinio, cum id a nobis petitur,
libenter corroboramus, sicut omnibus matura delibera-
tione perpensis, salubriter in Domino expedire con-
spicimus. Exponi siquidem Nobis nuper fecerunt di-
lecti Filii Innocentius Prior Cartusiae Majoris Gratia-
nopolit. Diœeesis, totius Ordinis Cartusiensis Minister
Generalis, ac Definitores Capituli Generalis ejusdem
Ordinis , quod ipsi alias animo revolventes ineffabi-
lem Divinae bonitatis altitudinem, qua factum est, ut
idem Ordo, quem Romani Pontitices Prœdecessores
nostri velut arborem bonam in agro militantis Eccle-
siie dextera Domini plantatam, ac fructus uberes jus-
titiae jugiter producentem merito appellarunt, sin-
gulari plane prœrogativa ad hoc usque septimum a fun-
datione sua sasculum in suo primaevo instituto absque
ulla reformationis necessitate perseveraverit, tam ingen-
tibus altissimi benericiis obstricti, aliquam Domino
pro omnibus, quee iis retribuit, retributionem reddi-
turi, quam exactissimam regularis disciplinas observan-
tiam sollicitis magis studiis custodire decreverunt,
adeoque juxta Ordinationem Anno M. DC. LXXIX.
a Capitulo Generali Ordinis praefati emanatam, nova m
Statutorum pro salubri ejusdem Ordinis Fratrum in
via mandatorum Domini directione editorum Collec-
lionem, longo labore, ac diligentia perfectam, Correrix'
— 5 26 —
apud dictam MajoremCartusiam AnnoM. DC. LXXXI.
typis evulgari curarunt, antiqua in ea operis hujus-
modi secunda editione majorum suorum vestigia per-
sequentes, qui primis Statuiis eas Ordinationes, et
interpretationes adjunxerunt, quae illis ad vcteris Ins-
îituti conservationem, et abusuum ex humana infirmi-
tate erumpentium extirpationem, necnon ad praecavendas
relaxationes conducere visa; fuerunt ; Et sane opus
istud ab omnibus fere universi Ordinis Provinciis, et
Domibus regularibus in spiritu humilitatis, et obe-
dientice pacitice, et reverenter (ut asseritur admissum,
paucorum solummodo querelis, qui praecipue ad versus
Ordinationes, et interpretationes praefatas reclamarunt,
exceptum fuit. Cum autem, sicut eadem expositio
subjungebat, praefata Statutorum Collectio, ut supra
édita, per Congregationem nonnullorum ex Venerabi-
libus Fratribus nostris S. R. E. Cardinalibus, quos
super hoc negotio, dicto Innocentio Priore, et Mini-
stro Generali, ac Definitoribus praefatis potissimum
instantibus, ad quascumque dissentiones dirimendas,
quœ inter viros solîtarias xhve professores fraternœ
charitatis serenitatem, religiosamque tranquillitatem
obnubilare potuissent, specialiter deputavimus, dili-
genter, ac sedulo revisa, imo et contradictoribus au-
ditis discussa, ac ubi opus esse visum est, opportune
etiam correcta, et emendata fuerit, in Volumine teno-
ris, qui sequitur, videlicet.
NOVA COLLECTIO
STATUTORUM
ORDINIS CARTUSIENSIS,
Ea quœ in antiquis, et novis Statutis,
ac Tertia compilatione dispersa et
confusa habebantur simul ordi-
nate disposita complectens.
KOITIO SECL'NDA.
Nobis propterea dîcti Exponentes humiliter suppli-
cari fecerunt, ut si bi in praemissis opportune provide-
re, et ut infra indulgere de benignitate Apostolica
dignaremur. Nos igitur, qui Ordinem proedictum, et
illius personas non cessantes in rerum Divinarura
contemplatione sublimium Domino famulari, in vi-
sceribus gerimus charitatis, Innocentii Prioris et Mi-
nistri Generalis prœdicti zelum in Domino plurimum
commendantes, ipsumque, et Definitores prasfatos spe-
cialibus favoribus, et gratiis prosequi volentes, et eo-
rum singulares personas a quibusvis excommunicatio-
nis, suspensionis, et interdicti, aliisque sententiis ,
censuris, et pœnis Ecclesiasticis a Jure, vel ab homi-
ne, quavis occasione, vel causa latis, si quibus quo-
modolibet innodatae existunt, ad effectum 'pramiissorum
dumtaxat consequendum, harum série absolventes, et
absolutas fore censentes, hujusmodi supplicacionibus
inclinati, de memoratorum Cardinalium, qui re ma-
ture discussa, omnes, et quascumque notas marginales
impressas ad supradicta Staluta nullam vim legis, aut
Statuti habere censuerunt, et declaraverunt, consilio,
praeinsertam novam Collectionem Statutorum Ordinis
Cartusiensis, ut supra correctam, et emendatam, auc-
toritate Apostolica tenore praesentium confirmamus
pariter, et approbamus, illique inviolabilis Apostolica:
firmitatis robur adjicimus, ac omnes, et singulos juris,
et facti defectus etiam substantiales, si qui in illis
quomodolibet intervenerint, seu intervenisse dici, cen-
seri, vel praetendi possent, supplemus, et sanamus.
Decernentes easdem présentes litteras, ac Statuta
prajinserta semper lirma, valida, et efficacia existere,
et fore, suosque plenarios, et integros effectus sortiri,
et obtinere, ac illis ad quos spectat, et pro tempore
spectabit in omnibiks, et per omnia plenissime suffra-
— 5-28 —
gari, et ab eis respective inviolabiliter observari. Sicque
in praemissis per quoscumque Judices Ordinarios, et
Delegatos, etiam Causarum Palatii Apostolici Audito-
res, ac S. R. E. Cardinales, sublata eis, et eorum
cuilibet quavis aliter judicandi, et interpretandi facul-
tate, et auctoritate, judicari, et definiri debere, ac ir-
ritum, et inane si secus super his a quoquam quavis
auctoritate scienter, vel ignoranter coutigerit, attentari.
Nonobstantibus praemissis, ac Constitutionibus, et Or-
dinationibus Apostolicis, necnon, quatenus opus sit,
dicti ordinis, ejusque Provinciarum, et Monasteriorum,
aliisque quibusvis etiam juramento , confirmatione
Apostolica, vel alia quavis firmitate roboratis Statutis,
usibus, et consuetudinibus, privilegiis quoque, indul-
tis, et litteris Apostolicis Ordini, Superioribus, et per-
sonis praefatis sub quibuscumque tenoribus, et formis,
ac cum quibusvis etiam derogatoriarum derogatoriis,
aliisque efficacioribus, efficacissimis, et insolitis clau-
sulis, irritantibusque, et aliis decretis in génère, vel in
specie, ac alias in contrarium quomodolibet concessis,
approbatis, et innovatis. Quibus omnibus, et singulis,
illorum tenores praesentibus pro plene, et sufficienter
expressis, et de verbo ad verbum insertis habentes,
illis alias in suo robore permansuris, ad prasmissorum
effectum hac vice dumtaxat specialiter, et expresse de-
rogamus, caeterisque contrariis quibuscumque. Volumus
autem, ut earumdem pra:sentium litterarum Transum-
ptis, seu exemplis etiam impressis, manu alicujus No-
tarii publici subscriptis, et sigillo personae in Eccle-
siastica Dignitate constitutœ munitis, eadem prorsus
rides tam in judicio, quam extra illud ubique locorum
habeatur, quae haberetur ipsis prœsentibus si forent
exbibitœ, vel ostensae.
Datum Roma? apud Sanctam Mariam Majorem sub
— D29 —
Annulo Piscatoris die 27. Martii 1688. Pontirkatus
Nostri Anno Duodccimo.
ORDINATIO CAPITL'LI GENERALIS ANNI 1 679,
IN MAJOR! CARTUSIA CELEBRAT!,
PRO SECONDA EDITIONE
SECUND.E ET TERTI.E PARTIS STATUTORUM FACIENDA.
Quia ubi'que majôrum Statutôrum penûria laborâ-
mus, ordinâmus, ut illôrum fiât secûnda et nova Edî-
tio, juxta exémplar a R. Pâtre corréctum, et a Capi-
tule» Generâli visum, examinâtum, et approbâtum. In
quo locis obscuriôribus notae appôsitae sunt et Capitu-
lôrum Generdlium Ordinationes ad totum Ordinem,
et matérias in his majôribus Statûtis contentas spec-
tdntes, a postréma Statutôrum collectiône éditas, suo
quaeque loco fine paginârum, aut capitulorum repo-
nûntur. Ex quibus Ordinatiônibus revisis, et exami-
nais, quœ m agi s utiles, aut necessâriae visœ fuérunt,
seléctas sunt, qusedam éliam ddditœ et simul ad for-
mam et nûmerum, quae in Aula prasséntis Capituli
publicabûntur, redâctae, in pôsterum vim Statûti ha-
bitûrœ, caeteris qua; ad Ordinem integrum et has Sta-
tutôrum partes spectant, in ista publicatiône non con-
téntis, resecâtis, dliis vero quae ad singuldres Provin-
cias et Domos pertinent in suo rôbore semper
remanéntibus.
ORDINATIO CAPITULI GENERALIS ANNI l68o.
Ordinatiônem praecedéntis Capituli, quœ încîpit :
Quia ubi'que majôrum Statutôrum, etc. confirmdmus.
34
— 53o —
Frater Innocéntius hûmilis Prior Cartûsias caeterique
Difhnitôres Capitulôrum Generâlium annis 1679. et
1680. in Majôri Cartûsia celebratorum univérsis Car-
tusiénsis Ordinis alûmnis, et proféssis salûtem, et
propôsiti certâminis felfcem cursum. Cum nihil nobis
post Sancta Christi Evangélia Sacrâmque Scriptûram
sit magis necessârium, quam Statûta Ordinis, ad quo-
rum normam Christo militâre proféssi sumus, et in
quibus média ad sermônes ejus servândos nobis pré-
fixa reperimus ; ideo omni qua potûimus diligén-
tia laborâvimus, ut in hac nova Editiôue nihil omit-
terétur, quod illôrum rectas intelligéntiae atque obser-
vântiae, habita ratiône multôrum quee seculôrum
experiéutia sensim edôcuit, posset desiderâri ; qua de
causa Ordinatiônes Capitulôrum Generâlium suis locis
attexûimus, nihil étiam relinquerétur inemendâtum ex
his quas témporum ratiône et fori Ecclesiâstici rao-
dérna praxi exigéntibus, Sancta Sedes Apostôlica, cui
omnimodam subjectiônem et obediéntiam devovémus,
commendâverat expriméndum. Hune ergo librum di-
ligéntius revôlvite, et véluti panem quotidiânum
masticâre satâgite. Ad hoc enim singulâri Ordina-
tiône preecépimus, ut singuli Mônachi illum pênes se
hâbeant ; nec étiam déerunt aliquândo Convérsis, et
Moniâlibus exemplâria Tertiœ partis in linguam ver-
nâculam conversa;. Quod autem verba exhortatiônis
de correctiône paulo dûrius prius expressa, verbis le-
niôribus, salva tamen rerum substântia, nunc profe-
rântur, id tum justitia, tum discretiône exigéntibus
factum est : Justitia, quia re vera ulcéribus de facto
non apparéntibus, aut rarissime in paucis existéntibus,
non débet pûblicum, aut commune omnibus remédium
nunc applicâri. Discretiône autem, quia juniôres au-
ditôres putântes exîstere, et verum esse ad litteram,
r n
— 33
3 I
quod ex succénso zclo procédit matres imitante, quse
ex pûeri casu statim filium suum clamant esse môr-
tuum, inde quandôque, ut experiéntia dôcuit, scanda-
lizântur. Porro de sola exhortatiône âgitur, et non de
observântia dliqua Regulâri. De quibus omnibus vos
étiam mônitos esse volûimus praesénti série, ut nul-
lfus ofFendîculi occasione relîcta, hoc opus libéntius
suscipiâtis, reveréntius observétis, et inde forma Car-
tusiâne vivéndi assûmpta religioséque servâta, ad bra-
vîum supérnae vocatiônis perveniâtis, in Christo Jesu
Domino nostro, cui est honor, et glôria in sécula se-
culôrum. Amen.
26.
LETTRES PATENTES DE LOUIS XIV
SUR LES PRIVILÈGES ACCORDÉS A L'ORDRE DES CHARTREUX.
JOUIS, par la grâce deDieu, roi de France et de Na-
varre, dauphin de Viennois, comte de Valentinois,
Diois, comte de Provence, Forcalquier et terres adja-
centes ; à tous présents et à venir, salut. Entre les privi-
lèges que nos saints pères les papes ont ci-devant accor-
dé à Tordre des Chartreux, celui de l'exemption des
dîmes pour les terres qu'ils cultivent par leurs mains,
ou qu'ils l'ont valoir à leurs dépens, même des bestiaux
qu'ils nourrissent à leurs frais, est un des plus considé-
rables et des mieux établis ; comme aussi de jouir des
novales dans tous les lieux, terres et domaines où ils
ont droit de prendre les grosses dîmes ; en sorte qu'ils y
ont été maintenus par divers arrêts de nos cours souve-
raines, conformes en cela aux bulles des papes Céles-
tin III, de Tannée 1192; d'Innocent III, de Tannée
D Ô 2
1202 ; Jean XXII, de Tannée i 3 1 8 ; d'Innocent VI,
1 362 ; Grégoire XI, 1 3 7 1 ; Clément VII, i3go ; Martin V,
1480; Pie II, 1466; Sixte IV, 1481 ; Pie V, 1 5 6 7 ;
Sixte V, 1 588 ; Grégoire XV, 1623 ; et Urbain VIII,
1644; et aux lettres-patentes des rois nos prédécesseurs
Louis XI, 1465 ; Louis XII, 1498; François I, i5i6
et 020; Henri II, 1547; Henri III, 1 5 7 5 ; Henri IV,
1596; Louis XIII notre très-honoré seigneur et père,
de Tannée 161 1, qui leur ont été accordées pour laisser
à la. postérité des marques certaines de Testime singu-
lière qu'ils ont toujours fait de leur piété : aussi est-il
bien juste que Taustérité de leur vie régulière et exem-
plaire soit du moins par nous récompensée de quelque
prérogative particulière, surtout dans notre royaume
où cet ordre a pris sa naissance depuis plusieurs siècles,
et où le chef y a établi sa résidence avec tant de fermeté,
que comme il ne s'en éloigne jamais, il y attire, par
ce moyen, de tous les autres royaumes étrangers, les
principaux officiers dudit ordre, lesquels, tous les ans,
y viennent prendre et recevoir, dans les chapitres géné-
raux qui y sont célébrés, les lumières nécessaires pour
s'entretenir et se conserver, comme ils ont fait jusqu'à
présent, sans aucune relâche ni diminution, dans la
vigueur et pureté de leur première institution ; ce qui
nous est si agréable, que nous ne pouvons assez leur
témoigner la satisfaction que nous en avons ; et en
attendant que nous leur en donnions des marques plus
particulières, nous sommes fortement sollicités par no-
tre propre mouvement de leur continuer et confirmer
les mêmes droits et privilèges qui leur ont été ci-de-
vant accordés, tant en général qu'en particulier, par
nos saints pères les papes et les rois nos prédécesseurs,
pour lever, autant qu'il nous est possible, tous les obs-
tacles qui pourroient leur être opposés à l'avenir dans
r> 3 S
les temps les plus difficiles et les moins favorables : A
ces causes, et pour obliger davantage lesdits religieux
à continuer leurs prières pour notre prospérité et bien
de notre état, de l'avis de notre conseil qui a vu les
bulles et lettres-patentes ci-dessus déclarées, et autres
attachées sous le contre-scel de notre chancellerie, avons,
de notre grâce spéciale, pleine puissance et autorité
royale, approuvé, loué, confirmé et ratifié, approuvons,
louons, confirmons et ratifions par ces présentes, signées
de notre main, toutes et chacunes desdites bulles, pri-
vilèges, lettres-patentes accordées audit ordre, tant en
général qu'en particulier, par nos saints pères les papes
et les rois nos prédécesseurs, voulons et nous plaît que
lesdits religieux en jouissent, et leurs successeurs, à
perpétuité, tout ainsi que si ils étoient ci-après plus
particulièrement expliqués et désignés, sans qu'ils puis-
sent être chargés, taxés et cotisés, à présent ou à l'ave-
nir, pour les impositions, tant anciennes que nouvelles,
de quelque nature qu'elles soient, sous prétexte de né-
cessité urgente de l'état ou autrement, dont nous les
avons d'abondant, ensemble leurs frères convers, don-
nés, gens familiers, serviteurs, domestiques, et chacun
d'eux, déclaré et déclarons à toujours francs, quittes et
exemps de tous droits de dîmes, quatrième, treizième et
impositions; tailles, emprunts, gabelles et autres aides ;
subsides, redevances et subventions octroyées et à oc-
troyer, tant par le saint-siége apostolique, par l'église
et le clergé de ce royaume et de notre état, que par
quelqu'autre de nos sujets ; ou autrement, pour le fait
de nos guerres, gens d'armes, fortifications, réparations,
corvées; sans aussi qu'ils soient tenus de nous payer
aucuns péages, acquits, travers, droits d'entrée, barrage,
issues, traites foraines, rouage, vinage et avalagc, en
quelques villes, cités, châteaux, forteresses, ponts, ports.
- 534 —
passages, chaussées, rivières de notre obéissance, et
autres choses quelconques, pour quelque cause et occa-
sion quelles puissent être mises pour le présent ou
pour l'avenir, à cause de la vente ou de l'achat qu'ils
l'ont ou pourroient faire de leurs vins, bleds, fruits, dé-
pouilles, nourriture, chevaux, bœufs, vaches, moutons,
brebis et autres bestiaux; poissons et autres quelcon-
ques biens échangés, vendus et achetés; notre intention
étant que lesdits religieux, ensemble et leurs succes-
seurs, leurs frères convers , donnés, gens familiers,
serviteurs, domestiques, demeurent francs, quittes et
exempts de toutes lesdites impositions, charges, taxes,
et généralement de celles qui se paient et se lèvent
en ce royaume, et se pourroient payer ci-après sur les
personnes, fonds, terres, domaines et denrées qui sont
dans le commerce, même des droits de francs-fiefs, nou-
veaux acquêts et amortissements ; sans préjudice néan-
moins des droits d'indemnité, si aucuns sont dûs aux
seigneurs féodaux et censiers. Voulons et nous plaît
qu'ils jouissent pareillement de leur chauffage, franc-
salé, droits de pêche et de toutes autres choses à
eux accordées, sans en rien excepter, tout ainsi qu'ils
en ont bien et dûment joui et usé, jouissent et usent
encore à présent, sans aucune modification ni restric-
tion ; mettant au surplus lesdits religieux, leurs servi-
teurs et domestiques, biens et domaines, sous notre
protection et sauvegarde ; et voulons qu'ils jouissent
des mêmes privilèges, 'droits et prérogatives que si ils
étoient tous de fondation royale, les déchargeant pour
ce, et en outre leurs successeurs, de donner aliments,
nourriture ou logements dedans ou dehors de leurs
maisons, argent ni chose quelconque, aux soldats estro-
piés ou autres gens, nonobstant toutes les adresses
de lettres-patentes que nous avons dès-à-présent révo-
— 535 —
quées. Si donnons en mandement à nos amés et féaux
conseillers les gens tenant nos cours de parlement,
chambre des comptes, cours des aides, et autres nos jus-
ticiers et officiers qu'il appartiendra, chacun en droit
soi, que les présentes ils aient à faire registrer, et du
contenu en icelles faire jouir et user lesdits religieux,
convers, donnés, gens familiers, serviteurs et domes-
tiques, et leurs successeurs, pleinement, paisiblement et
perpétuellement, cessant et faisant cesser tous troubles
et empêchements au contraire; et si, au préjudice des
présentes, ils étaient contraints de payer aucune chose,
nosdits officiers, chacun en droit soi, feront rendre et
restituer ce qui aura été payé, et tout remettre au pre-
mier état, nonobstant tous édits, ordonnances, arrêts et
règlements à ce contraires, auxquels pour ce regard, et
sans tirer à conséquence, nous avons dérogé et déro-
geons par ces présentes. Voulons qu'aux copies d'icelles,
dûment collationnées par un de nos amés et féaux con-
seillers-secrétaires, maison, couronne de France et de
nos finances, il soit ajouté foi tout ainsi qu'à l'original :
car tel est notre plaisir. Et afin que ce soit chose ferme
et stable à toujours, nous avons fait mettre notre scel
à cesdites présentes, sauf en autre chose notre droit et
l'autrui en tout. Donné à Paris au mois de janvier,
Tan de grâce 1 663 , et de notre règne le vingtième.
Signé Louis.... Et sur le repli, par le roi-dauphin, Le-
tellikr Et à côté visa, Seguier, pour servir aux
lettres de confirmation des privilèges de l'Ordre des
Chartreux. »
« Registrées au parlement de Paris, le 3 février 1 663.
Signé Dutillet En chambre des comptes de Paris,
le 7 mars 1 663. Signé Richier Au greffe de la
cour des aides de Paris, le 25 octobre 1 663. Signé
Dumoulin En la chambre du trésor de Paris, le 9
— 536 —
janvier 1670. Signé Héron Au greffe de la ville
de Paris, le 14 d'août i665. Signé Lemaire Au
parlement de Toulouse, le 12 janvier 1667. Signé
de Malenfant Au parlement de Bordeaux, le 23
novembre 16S8. Signé de Vuicueras Au parlement
de Dijon, le 26 février 1667. Signé Jolly Au par-
lement de Grenoble, le 18 décembre 1666. Signé Cu-
ghet Au parlement d'Aix, le 18 janvier 1667. Si-
gné Estienne Au parlement de Rennes, le 26 avril
1667. Signé Malescot En la chambre des comptes
de Dijon, au bureau des finances de Toulouse....
de Dauphiné,... de Provence, etc., etc. , etc. »
27.
ORDINATIO CAPITULI GENERALIS
ANNI I 542,
DE LECTURA LINGU.E GR.ECvE
A CARTUSIANIS NON FREQUENTANDA.
[NNIS prœteritis facta est ordinatio et prohibitio in
|Capitulo Generali super lectura librorum Erasmi,
tanquam Cartusianas Religioni contraria , et minus
necessaria, et ob id reprobata. Jam vero nonnulli
sunt, qui apud semetipsos non tantum scioli videri
volunt, verum etiam affirmant hi neminem ad veram
scientiam, et intellectum Scriptura posse pervenire,
nisi in lingua gra?ca sit eruditus. Igitur quidam obli-
ti sanctae rusticitatis nostri Propositi, ut apud vulgares
scioli videantur, tempus pro sacris lectionibus ipsis
concessum expendunt, quadam animi curiositate in
litteris graecis nonnullis simul, et hebraicis. Quaprop-
ter hortamur in Domino omnes nostros subditos. ut
— 53; —
sint memores arrepti Propositi, et Cartusianœ simplici-
tatis, ut désistant ab hujusmodi curiositate, tempusinfru-
ctuose expendendo inhisce litteris praescriptis. Sed potius
studeant semetipsos exercere in piis exercitiis vitae Jesu
Christi, qui nos docuit verbo, et exemplo mititatem ,
et humilitatem ; ut sic talibus exercitiis valeant perve-
nire ad secretoria interioris hominis, quod quidem
nostra vocatio requirit. Alioquin hujusmodi lecturam
grsecarum litterarura non omittentes per Visitatores
Provincial arceantur ab eisdem ; et si necesse fuerit,
non desistentes semel moniti ab eisdem Visitatoribus
corrigantur, ut arteri timorem habeant. Quod et ipsis
Visitatoribus injungimus.
28.
BULLA JLLII PAP.K II
QUA PROHIBKT MULIERIBUS
NE DOMOS CARTUSÏANORUM INGREDIANTUR.
ULIUSPapasecundus: dilectisFiliis, Priori Gene-
rali, Diffinitoribus, etCapitulo Ordinis Cartusien-
sis. Dilecti filii. salutem et Apostolicam benedietionem.
Pro parte vestra nobis expositum fuit : quod licet
felicis recordationis Eugenius Papa IV. et nonnulli
alii praedecessores nostri Romani Pontifices, per co-
rum litteras Apostolicas perpetuo specialiter concesse-
rint Priori et Fratribus Do m us Beatae Marias de Bel-
lilarico Antisiodorensis diœcesis, et nonnullis aliis
Domibus dicti Ordinis: ut univcrsi Christi fidèles in
certis festivitatibus Ecclesias Domorum earumdem vi-
sitantes, et pro illarum reparationc manus porrigentes
adjutrices, certas peccatorum remissiones et Indulgen-
? D fS
tins consequerentur, et specialiter, ut ad eumdem
effectum contra ipsius Ordinis Generalia Instituta,
mulierihus liceret easdem Ecclesias visitare et intrare.
Tamen quia tempore praecedente, id quod ,ad bonum
finem sexui fœmineo circa praemissa ex gratia per-
missum fuit, ad noxam et dissolutionem et persona-
rum inibi divino servitio mancipatarum, et totius Re-
ligionis vestrx- scandalum cedere posse dubitatis, et
attento quod per easdem litteras domibus eisdem
concessum extitit, ut personne illae quae légitime im-
peditee, Ecclesias ipsas personaliter visitare non pos-
sent, si eleemosynas eisdem Ecclesiis mittendo per
alios eas visitassent, easdem indulgentias conseque-
rentur : et proinde humiliter supplicatum fuit, ut hu-
jusmodi scandalo obviare paterna charitate vellemus.
Idcirco Nos vestris supplicationibus inclinati, licentiam
et permissionem mulieribus intrandi Ecclesias Domo-
rum praedictarum, sive ut eas Ecclesias hujusmodi in-
trare permittere possinr, Prioribus, Fratribus, et Do-
mibus prasdictis, ut praefertur, concessas, prœsentium
tenore, Apostolica auctoritate revocamus, et quoad hoc
viribus vacuamus, illis alias in suo robore perman-
suris : Vobisque praesentium tenore committimus, et
mandamus, ut statuta Ordinis vestri hujusmodi invio-
labiliter, etiam per Priores, Fratres, Conversos, et
personas Domorum earumdem observari mandetis et
faciatis, contradictoresque et rebelles per censuram
Ecclesiasticam, et alia Statutorum, et Consuetudinum
laudabilium Ordinis prsefati remédia compescatis ;
Non obstantibus etc. Datum Romœ apud S. Petrum
sub annulo Piscatoris, die VII. Januarii, millesimo
quingentesimo sexto. Pontif. nostri Anno III. Sigis-
mundus.
OÔQ —
29
BULLA JULII PAP.E II
QUA PROHIBET VIRIS ET MDLIERIBUS
NE INGREDIANTUR MONASTERIA MONIALIUM
ORDINIS CARTUSIENSIS.
ULIUS Papa secundus: dilectis riliis, Priori Ma-
Hjjoris Domus Cartusia?, et Diffinitoribus Capituli
Generalis Ordinis Cartusiensis. Dilecti tilii, salutem et
Apostolicam Benedictionem.
Exponi nobis fecistis, quod licet per regularia In-
stituta Ordinis Cartusiensis et Canonicas sanctiones
omnibus : praesertim viris, ta m srecularibus, quam re-
gularibus inhibeatur, ne Monasteria Monialium dicti
Ordinis ingrediantur : tamen nonnulli viri sub prae-
textu visitandi eorum consanguineos, et affines in Mo-
nasteriis ipsius Ordinis existentes, aut aliis exquisitis
viis, Monasteria Monialium praefati Ordinis absque
licentia vestra ingredi praesumant, ex quo non parva
scandala possent verisimiliter exoriri. Quare pro parte
vestra nobis fuit humiliter supplicatum, ut super his
opportune providere de Benignitate Apostolica digna-
remur. Hoc igitur cupientes, ut Moniales, et Deo di-
catae persona;, honestam, pudicam, et castam vitam
conservent, hujusmodi supplicationibus inclinati, qui-
buscumque tam viris, quam mulieribus cujuscumque
conditionis existentibus, ne Monasteria Monialium
dicti Ordinis : etiam praetextu quarumeumque licen-
tiarum eis desuper, etiam per Sedem Apostolicam
concessarum, absque Prioris Majoris Domus Cartusiae,
et Diffiniiorum Capituli Generalis dicti Ordinis pro
tempore existentium, aut eorum Commissariorum vel
— b4o —
locum tenentium, licentia speciali ingredi praesumant,
sub Excommunicationis lata? sententiae pœna harum
série districtius inhibemus. Non obstantibus etc. Da-
tum Romce apud Sanctum Petrum, sub annulo Pisca-
toris, die XV. Junii, millesimo quingentesimo octavo,
Ponlificatus nostri anno quinto. F. Ponzetus.
30.
BULLA LEONIS PAP.E X
PRO DOMO S. STEPHANI DE NEMORE
IN QUA SUPPRIMIT DIGNITATEM ABBATIALEM
ET CISTERSIENSEM ORDINEM, ET CONCEDIT UT IBI CARTUSIENSES,
SICUT ANTIQUITUS REGULARITER VIVEBANT, INTRODUCANTUR.
AD ANN. I 5 I 3 .
EO Episcopus Servus Servorum Dei, DilectisFiliis
|universis Fratribus Cartusiensis Ordinis, salutem
et Apostolicam benedictionem.
Apostolicas Sedis consueta benignitas, ne dispositio-
nes de Monasteriis et aliis regularibus locis per eam pro
tempore facta?, valeant quomodolibet impugnari, remé-
dia prout convenit, adhibet opportuna. Cum itaque
nos hodie ex certis causis in Monasterio S. Stephani
de Bosco Cisterciensis Ordinis Squillacen. Diaecesis,
certo modo , quem pro expresso habemus vacante de
Fratrum nostrorum consilio auctoritate Apostolica di-
gnitatem Abbatialem, et dictum Cistercien. Ordinem
perpetuo supprimere, ex extinguere, ac Cartusiensem
Ordinem, ita ut de cœtero Monasterium ipsum, non
Monasterium, sed Domus ejusdem S. Stephani nun-
cupetur, instituere, illamque cum omnibus, et singulis
ejus mobilibus, et immobilibus bonis, juribus. perti-
— 541 —
nentiis suis, vobis per nos juxta vestros ritus, et mores
et regularia ipsius Cartusiensis instituta, et prout aliae
dicti Cartusiensis Ordinis Domus reguntur, et guber-
nantur, regendam et gubernandam perpetuo concedere
intendimus : Nos ne si forte vos aliquibus sententiis,
censuris , et pœnis Ecclesiasticis ligati existitis, sup-
pressio, extinctio, institutio et concessio praedictcC pos-
sit.... quomodo libet impugnari providere volentes,
quemlibet vestrum a quibusvis excommunicationis ,
suspensionis, et interdicti, aliisque Ecclesiasticis sen-
tentiis, censuris, et pœnis, a jure, vel ab homine, qua-
vis occasione, vel causa latis, si quibus quomodolibet
innodati existitis, ad hoc duntaxat, ut suppressio, ex-
tinctio , institutio, et concessio praedictae, ac singulae
litterae Apostolica? desuper conriciendie suum sortiantur
effectum, auctoritate Apostolica tenore prœsentium ab-
solvimus, et absolutos fore et esse pronuntiamus. Non
obstantibus constitutionibus , et ordinationibus Apos-
tolicis ac Ordinum praedictorum , juramento, Conrir-
matione Apostolica, vel quavis firmitate alia roboratis,
statutis, et Consuetudinibus, cceterisque contrariis qui-
buscumque. Nulli ergo omnino hominum liceat hanc
paginam nostras absolutionis et enunciationis infrigere,
vel ei ausu temerario contraire ; Si quis autem hoc
attentare prœsumpserit , indignationem Omnipotentis
Dei , et Beatorum Pétri , et Pauli Apostolorum ejus
se noverit incursurum. Datum Romaj apud S. Petruni ;
Anno Incarnationis Dominiez millesimo quingente-
simo tertiodecimo ; decimo septimo Kalend. Januariî,
Pontihcatus nostri anno primo.
— 542 —
31.
ORDINATIO CAPITULI GENERALIS
ORDINIS CARTUSIENSIS, AN. I/23.
PRO SEPTEM PROVINCIIS FRANCLE.
L O zelo Capitulum générale semper sieterit ut in
jOrdine Cartusiensi nulke unquam admitterentur
novitates testantur ordinationesplerumque factae,et prae-
sertim ordinatio anni 1710 quam renovamus et Confir-
mamus: nam sicut omnes unam eamdemque vocatio-
nem amplexati sumus, prœstat ut solliciti simus servare
unitatem spiritus, praestat ut idipsum discamus omnes
unanimes, idipsum sentientes, donec occurramus in
unitatem fidei et agnitionem Fili Dei : huic testimonium
perhibuit Petrus qui de variis hominum de Christo
opinionibus interrogatus, respondit et dixit : « Tu es
Christus Filius Dei vivi : » hanc Pétri confessionem in-
declinabilem teneamus et tidei Pétri et successorum ejus
quœ nunquam deficiet firmiter adhaerentes non desis-
tamus nostram in una fide collectionem sub uno visibili
capite Romano Pontifice,Christi in terris vicariocoadu-
natam. Audiamus eum cujus est confirmare fratres
suos, cujus est et pascere oves et agnos Christi.
Stat totus orbis Catholicus pro constitutione Unige-
nitus ; stat pro ea totum istud Gallia? regnum ; hanc
acceptarunt episcopi pêne universi ; huic favent diplo-
mata regia et supremarum omnium curiarum sanctio-
nes : quocirca ut ecclesiastiae et regia? potestati praeste-
mus obsequium, ordinamus ut nullus in ordine nostro
recipiatur novitius, nullus ad ordines promoveatur, nul-
lus regimini animarum praeficiatur, nisi prius subscri-
pserint formulario Alexandri VII ; et nisi ore, quo con-
- 543 -
fessio rit ad salutem, se corde et animo subjeetos esse
declaraverint constitutionibus Summorum Pontificum
Innocentii X, Alexandri VII et bullae Clementis XI quœ
incipit : Vineam Domini Sabaoth contra Jansenianos
errores promulgatis et in regia declaratione mensis au-
gusti anni 1720, memoratis, atque servari firmiter prae-
scriptis ac nominatim îllae ejusdem Clementis XI quae
incipit Unigenitus. Quod si quis Prior aut oflficialis
aut alia quaevis perso na Ordinis praefatae constitutioni
rebelli sextiterit eam impugnando,aut ab ea appellando,
tanquam inobediens Sedi Apostolicie et regiis decla-
rationibus, ut perturbator ecclesiasticae unitatis et totius
Christianismi regni tranquillitatis puniatur.
Stricte igitur invigilent visitatores et Priores ut ser-
vetur prcesens ordinatio una cura ordinatione anni 1710
qua omnibus personis Ordinis interdicuntur novatorum
libri hœresim jansenianam redolentes, quos denuo in-
terdicimus universis; atque hos insuper libros praefatae
institutioni adversantes nulli nostrum liceat légère, sed,
ut a solitudinibus nostris omnes libri suspecti et personae
suspectas prorsus arceantur, districte praecipimus.
32.
LETTRE DU R. P. DE MONTGEFFOND
AUX RELIGIEUX CHARTREUX RETIRÉS EN HOLLANDE
A L'OCCASION DE LA CONSTITUTION UNIGENITUS.
IES Chers Enfans (car je vous reconnois encore
jsous cette qualité) sans attendre que vous reve-
niez de vous-mêmes au troupeau dont vous vous êtes
si malheureusement écartez, sans attendre que vous
disiez avec ce fils fugitif et dénaturé, Surgam et ibo ad
— 044 —
Patrem, je vay vous chercher dans vôtre égarement, et
vous presser avec toute la tendresse qu'un Père est ca-
pable de ressentir, de rentrer dans la bergerie, et dans
le sein paternel dont vous êtes sortis. C'est vôtre sort
infortuné, et le péril évident de vôtre salut qui me tou-
chent, et non les libelles que vous avez répandus dans
le public, pour l'indisposer contre la conduite de l'Ordre
et la mienne. De pareils écrits ne peuvent être regardez
que comme l'ouvrage de ceux qui vous ont séduits, et
ne peuvent être approuvez que de ceux qu'ils ont enga-
gés dans leurs erreurs. Malgré ces apologies, tout ce
qu'il y a au monde de bons Catholiques ne voit en vous
(je le dis avec la plus vive douleur) que des transfuges
de l'Eglise Romaine, et de la sainte Profession que vous
avez vouée à la face des Autels.
Le Souverain Pontife Clément XI, d'heureuse mé-
moire, condamne un Livre pernicieux par la Bulle Uni-
genitns? Cette Bulle est reçeùe par tous lesEvêques du
monde hors un très petit nombre de ceux du Rovaume.
Le Roy Louis XIV, de glorieuse mémoire, Pauthorise
par ses Lettres Patentes, et la reconnoit par ses Arrêts
pour loy de l'Eglise comme elle Test de l'Etat. Nôtre
Chapitre Général en conséquence ordonne par son Dé-
cret Quo \elo, que cette Constitution soit reçeue par
tous les membres de l'Ordre, et que tous déclarent de
vive voix qu'ils la reçoivent de cœur et d'esprit. Quoy
de plus régulier que cette conduite, et de plus digne
d'un Corps Religieux qui a toujours fait profession de
la soumission la plus entière aux loix de l'Eglise et à
celles du Prince? Le Décret est lu ensuite dans toutes
nos Maisons aux jours prescrits par nos Statuts, vous
en entendez la lecture, et c'est le moment fatal où vôtre
révolte a éclatée. Fiers des réponses que vous aviez faites
aux Supérieurs qui exigeoient de vous la plus juste et la
■ — :>_p — >
plus indispensable obéissance, vous les avez publiées
depuis vôtre retraite, dans le libelle intitulé [Témoi-
gnage des Chartreux contre la Constitution Unige-
nitus : ) comme si nôtre Ordre étoit réduit à 3o. ou 40.
Religieux rebelles à toutes les puissances; et que tous
les autres qui y sont soumis, se fussent par-là même
rendus indignes du nom de Chartreux.
Je reviens au Décret Quo \elo qui vous a servi de
Prétexte dans vôtre égarement. Vous en avez appelle
d'abord comme d'abus ; le Roy ayant évoqué à son Con-
seil le jugement de cet Appel a confirmé le Décret par
l'Arrêt de son Conseil du 14. Aoust 1723. Dans l'in-
tervalle de tems entre le Chapitre de 1723, où il a été
porté, et le Chapitre de 1724. où il devoit être confirmé;
vous avez présentés plusieurs Requêtes pour l'empê-
cher. Toutes vos Requêtes et mémoires ont été lus et
pesez dans ce dernier Chapitre, et le Décret y ayant été
confirmé, tous les Prieurs Pont souscrit, aussi bien que
tous les Officiers et Religieux de la grande Chartreuse.
Par l'acte de confirmation du Décret, il est ordonné
que tous les Sujets de l'Ordre qui à l'avenir refuseroient
de s'y soumettre, encourroient les peines canoniques
portées par nos Statuts n. 2. chap. 22. de la seconde
partie, contre ceux qui refusent d'obéir au Chapitre gé-
néral. Cet acte de confirmation lu et publié dans toutes
les Maisons de l'Ordre conformément aux Statuts et aux
jours y prescrits devant tenir lieu d'admonition cano-
nique, les Supérieurs de chaque Maison ont demande à
leurs Religieux s'ils acquiesçoient au Décret confirmé ;
mais bien loin, iMes chers Enfans', d'écouter icy la voix
du devoir et de l'obéissance, vous avez persisté dans le
refus de vous soumettre ; quelques uns de vous ont ap-
pelle au futur Concile, ou renouvelle leur appel au pré-
judice de la Déclaration du Roy du mois d'Août 1720,
35
— 5 4^ —
qui le défendoit ; d'autres en sont venus même jusques
à rétracter la signature pure et simple du Formulaire
auquel ils avoient souscrit depuis plusieurs années.
Le Chapitre général de Tannée 1725, voyant le schisme
et la division se glisser insensiblement, et que bien loin
de profiter de l'indulgence dont on avoit usé jusques-là
à vôtre égard, vous tachiez d'attirer de vos Confrères
dans vos sentimens, s'est fait représenter les procez ver-
baux des admonitions canoniques qui vous avoient été
faites, avec la Déclaration du feu Roy du mois de Fé-
vrier 1 665, et l'Arrêt du Conseil d'Etat du 20 Sep-
tembre 1724, et le tout meurement examiné, considérant
qu'il s'agissoit de maintenir l'uniformité de la foy et de
la discipline, et qu'une fatale liberté de conscience atti-
rèrent infailliblement, selon l'oracle de la Vérité même,
une funeste désolation dans V héritage de Jésus-Christ ;
il s'est enfin déterminé à décerner contre vous les peines
canoniques et médicinales qui ne tendoient qu'à humi-
lier l'esprit sans intéresser le corps ; vous n'avez pas
éprouvé les abstinences ni les prisons dont vous affectez
de faire une peinture si affreuse : on s'est borné à en in-
terdire quelques uns de vous des fonctions de leurs
Ordres, et à en excommunier d'autres. Le Chapitre gé-
néral pouvoit-il en user autrement à l'égard d'un nombre
de Religieux, auprès de qui on avoit tout employé pour
les engager à se soumettre, et qui persistoient néanmoins
dans la plus inflexible désobéissance ?
Nos Statuts portent formellement que les Réfractaires
aux Ordonnances des Chapitres généraux encourent la
peine d'excommunication lato? senlcntiœ ipso facto,
n. 2. chap. 22. de la seconde partie, et ils adjoutent que
la promulgation et publication de cette sentence est cen-
sée faite par lesdits Statuts. En vous voyant opiniâtre-
ment rebelles, et vôtre condamnation portée par la loy,
a-t-on pu se dispenser de s'y conformer en vous faisant
subir les peines portées par la loy ?
Voila, Mes chers Enfans, ce qui a forcé les Supérieurs
de vous exclurre de la participation des Sacremens.
Tandis que vous persistiez dans la désobéissance ils
vous trouvoicnt évidemment dans le cas de l'excommu-
nication portée par les Statuts ; et ne se seroient-ils pas
rendus coupables eux-mêmes de la profanation qu'ils
auroient soufferte, en vous laissant approcher des saints
Mystères? C'est donc à tort, Mes chers Enfans, que
vous vous plaignez de la conduite qu'on a tenue à vôtre
égard ; vous prétendez que la conscience ne vous per-
metioit pas d'obéir ; mais vos Supérieurs ont-ils pu
croire que la conscience leur permît de vous laisser
l'usage des Sacremens avant que vous fussies rentrez
dans la subordination ? Vôtre dernière démarche fait
bien voir jusques où alloit en vous l'esprit d'indépen-
dance, lorsque vous vous êtes déterminez à une fuite
scandaleuse au mépris de vos vœux de stabilité et d'obé-
issance ; ces liens sacrés auroient paru indissolubles à
tout autre : vous avez sçû vous rassurer contre l'indis-
pensable obligation qu'ils vous imposoient: et sur quoy
vous êtes-vous rassurez ?
On vouloit, dites-vous, vous obliger par les censures
d'abandonner la vérité. En ce cas-là même, il auroit
fallu souffrir humblement l'éloignement des saints Mys-
tères qui n'auroit pu vous être imputé, et qui auroit pu
même vous être méritoire par la cause pour laquelle
vous l'auriez souffert. Étants ficielles à la vérité, il auroit
fallu l'être aussi aux vœux que vous aviez prononcez à
la face du Ciel et de la terre ; ces deux devoirs n'au-
roient rien eu d'incompatible.
Vous avez beau exagérer vos craintes et les peines qui
vous menaçoient ; vous ne trouverez jamais en suivant
— 54S —
les principes de la religion, de quoi authoriser vôtre
fuite. Les premiers Chrétiens quittoient les Villes pour
fuir la persécution; mais ils iVa voient point fait vœu de
stabilité dans les Villes. 11 s'agissoit pour eux d'éviter
la mort et les plus cruels supplices. C'est la cellule plus
étroitement gardée, et l'abstinence un peu plus rigou-
reuse qui vous fait violer les engagements les plus so-
lemnels et les plus sacrez.
Les Jansénistes vous comparent aux premiers Chré-
tiens qui quittoient les Villes pour fuir la persécution;
et tous les Catholiques vous comparent à ces Religieux
apostats qui au tems de Luther quittèrent leur habit et
leur cloître pour se ranger sous ses étendarts et professer
en liberté l'hérésie ; et plût à Dieu, Mes chers Enfants,
que cette dernière comparaison fût moins juste ! Car
que dites-vous pour vôtre justification que ces apostats
ne pussent dire ? Luther avoit appelé au futur Concile
de la Bulle de Léon X. et ils adhéroient à son appel
comme vous adhérez à l'appel interjette de la Constitu-
tion Unigenitus. Ils ne désertoient, comme vous, de
leurs Monastères, que pour professer librement la doc-
trine condamnée par le Siège Apostolique, et pour
n'éprouver pas la rigueur des peines canoniques qu'ils
ne pouvoient éviter en demeurant sous la main de leurs
Supérieurs. Comme vous, ils prétendoient défendre la
vérité, et ne cherchoient qu'à mettre par la fuite leur
foy à couvert. Je suis persuadé, Mes chers Enfans, que
vous êtes bien éloignez de vouloir aller aussi loin
qu'eux; mais quand ils rirent le premier pas qui vous
est aujourd'hui commun avec eux, vouloient-ils aller
aussi loin qu'ils allèrent dans la suite? Dez cette pre-
mière démarche ne furent-ils pas justement regardez
comme doublement apostats? Ils n'en furent pas quittes
auprès des Catholiques, pour dire qu'ils n'ayoient son-
— D49 —
gez qu'à mettre leur foy en seureté, tandis qu'on les
voyoit révoltez contre une Bulle qui n'étoit pas même
à beaucoup prez si solemnellement reçeue, que celle
qui est aujourd'hui le sujet de vôtre désobéissance et de
vôtre désertion.
Pour la tolérer cette désobéissance, il falloit nous ré-
soudre à voir disparaître parmi nous l'uniformité de foy
et de discipline, et l'unité avec le saint Siège que nous
conservons depuis prez de sept siècles ; il nous falloit
oublier les maximes de S. Paul, Je vous conjure, Mes
Frères, par le nom de nôtre Seigneur Jesus-Christ, de
n'avoir tous qu'un même langage et de ne point souffrir
parmi vous des divisions ; mais d'être unis tous en-
semble dans un même esprit, et dans un même sentiment.
C'est ce que l'Apôtre disoit aux Corinthiens. Et il di-
soit aux Romains : Qu'il n'y ait parmi vous qu'un môme
sentiment ; n'aspire^ point à paroitre sages et doiie\ de
connoissances sublimes : accommodez-vous à la soumis-
sion quelque humble qu'elle vous paroisse, ne soj^e^ point
sages à vos propres yeux.
C'est à ces maximes de l'Apôtre, à ces régies néces-
saires au maintien de la foi et de la discipline, que s'est
conformé le Chapitre général, en ordonnant à tous les
Sujets de l'Ordre de s'y conformer avec luy ; il n'a pas
donné de décision en fait de doctrine, il a seulement reçu
celle qui êtoit émanée du S. Siège, et qui acceptée par
le Corps Episcopal, est devenue une loy invariable pour
tous les Fidèles. Il n'a pas jugé, il a seulement obéi au
jugement de l'Eglise ; tandis que vous, Mes chers En-
fans, vous vous êtes faits les juges de l'Eglise même, en
prononçant sans pudeur dans vos écrits que la Bulle
Unigenitus, qu'elle a reçeue, est pleine d'erreurs, qu'elle
est contraire à l'Ecriture, et à la Tradition, qu'elle com-
bat des vérités capitales de la Religion. Quoy donc !
— DDO —
Depuis la publication de cette Bulle, n'avons-nous pas
les mêmes Ecritures qu'auparavant, les mêmes Evan-
giles, les mêmes Ouvrages des saints Pères, le même
Catéchisme? Les Prédicateurs et les Docteurs catho-
liques n'enseignent -ils pas les mêmes véritez ? Ne
croyent-ils pas ce que croit l'Eglise Romaine de la toute
Puissance de Dieu, du besoin de la Grâce et de sa né-
cessité pour rendre nos œuvres méritoires de la vie éter-
nelle ? L'on observe les mêmes régies dans l'administra-
tion des Sacremens : l'Eglise de France jouit toujours
de ses Libertez, aussi bien que les Ecoles catholiques.
Si l'Episcopat souffre quelque atteinte à ses Droits, c'est
de la part des Opposants à la Bulle et non de la Bulle
même. Nous n'y appercevons pas ces monstres d'erreurs,
et ce renversement de discipline, qu'on luy impute: et
vous ne les y appercevriez pas non plus que nous, Mes
chers Enfans, si vous étiez demeurez dans la simplicité
de vôtre état, et que plus fidèles à l'esprit de recueille-
ment et de retraite, vous eussiez fermé vos cellules à ces
hommes séduisans, qui vous ont fasciné les yeux : ils
portent sur leurs lèvres le venin de l'aspic, et le répan-
dent dans les oreilles qui se prêtent pour les entendre.
Ils vous ont dit, par exemple, que la Bulle condamne
des expressions copiées mot à mot de l'Ecriture et des
Pères : rien n'est plus faux, ils sont encore à en trouver
une seule de cette espèce dans les Propositions condam-
nées. Ils citent à la vérité une foule de Passages de
l'Ecriture et des Pères pour authoriser leurs erreurs.
Tous les hérétiques en ont usé de même : cela n'a point
empêché l'Eglise de les condamner, ny les vrais enfans
de l'Eglise, de souscrire à leur condamnation. Les Ariens
choient ces paroles de J. C. mon Père est plus grand
que mojr, pour montrer qu'il n'étoit pas égal à son Père:
ils n'ont pas laissé d'être anathématisez par le S. Cou-
— ro i —
cile de Nicée : car, comme dit S. Augustin, quoique
tout ce qui est dans l'Ecriture soit vray et catholique, il
ne Test pas néanmoins dans la bouche ni dans les écrits
de ceux qui les détournent dans un sens qui n'est point
orthodoxe. C'est de l'Eglise que nous recevons les Écri-
tures : et c'est d'elle seule que nous en devons apprendre
le véritable sens.
Vous prétendez, il est vrai, que l'Eglise n'a point jus-
ques icy prononcé sur les cent une Propositions de
Quesnel, et que la Bulle qui les proscrit, n'est encore
qu'un jugement provisionel, en attendant celui d'un
Concile général qui décide en dernier ressort. Quand la
Bulle acceptée comme elle l'est, ne contiendroit qu'un
jugement provisionel, ce qui est absolument faux; seriez-
vous authorisez à quitter vôtre saint habit, et violer vos
vœux avec le plus scandaleux éclat, plutôt que d'y
acquiescer? Mais où avez-vous trouvé que l'Eglise ne
puisse décider en dernier ressort sur la doctrine, que
quand elle est assemblée en Concile ? Où avez-vous
trouvé que l'opposition de sept ou huit Evêques puisse
infirmer un jugement doctrinal du Siège Apostolique,
adopté par tout le reste de leurs Confrères? Si l'Eglise
dispersée n'avoit pas l'authorité suffisante pour fixer
la créance des Fidèles, l'erreur marcheroit tête levée
pendant des siècles entiers, et ravageroit impunément le
Troupeau de J.C. sans qu'il restât au Corps des Evêques
aucune voye légitime pour la réprimer et pour en arrêter
les progrez : ses Partisans en seroient quittes pour op-
poser un appel au Concile œcuménique, à tous les Dé-
crets et Mandements qu'on pourroit faire contre eux. En
vain J. C. a dit aux Apôtres et dans leurs Personnes aux
Evêques : Allc\, enseigne^ toutes les Nations ; voila que
je suis avec vous tous les jours jusques à la consomma-
tion des siècles, s'ils peuvent d'un commun accord en-
— 552 —
seigner Terreur pendant des siècles entiers, jusques à ce
que assemblez en Concile, ils reconnoissent leur éga-
rement. Dans cet affreux Système où vous jette vôtre
opposition à la Bulle Unigenitus, que devient l'infailli-
bilité de l'Eglise, que devient sa visibilité? Trois Papes
consécutifs et le Corps des Evêques toujours obstinez à
faire recevoir aux Fidèles une décision monstrueuse par
les véritez essentielles qu'elle combat et le renversement
de la Morale qu'elle introduit selon vous, peuvent-ils
encore nous représenter cette Epouse de J. C. sans tache
et incorruptible dans sa foy? Supposez tant qu'il vous
plaira, que quelques Papes comme particuliers sont
tombez dans Terreur ; vous ne montrerez jamais qu'au-
cun Pape Tait enseignée en instruisant toute l'Eglise :
bien moins, montrez vous, que le Corps Episcopal
puisse jamais adhérer à un Décret du saint Siège, qui
s'écarteroit de la foi. Il faudroit pour cela supposer, que
malgré les promesses que J. C. a faites à son Eglise, les
portes de l'Enfer peuvent prévaloir contre elle ; qu'elle
peut cesser d'être ce qu'elle est, la dépositaire de la vé-
rité, et qu'il peut venir un teins de luy en substituer un
autre. Les Hérétiques qui vous donnent aujourd'hui
retraite ont crû ce temps venu : les chefs du Parti que
vous suivez l'ont aussi paru croire, et par le spectacle
qu'il nous donne aujourd'huy à Utrecht, il ne met que
trop clairement la main à l'œuvre pour consommer ce
mystère d'iniquité.
Ouvrez les yeux, Mes chers Enfans, sur la profondeur
du précipice où Ton vous a conduit, et sur le foible ap-
pui d'un frivole appel au futur Concile, pour vous em-
pocher d'y tomber. Le futur Concile auquel Luther
avoit appelé ne se tint que plus de 3o ans après son ap-
pel ; et l'Hérésiarque mourut dans cet intervalle. Au
moyen de son appel luy fut-il libre de persister dans ses
— DD3 —
ssntimens erronez ? ei pourriez-vous penser qu'il soit
mort dans la communion de l'Eglise Romaine, et à cou-
vert des censures et de l'excommunication dont il avoit
été frappé par la Bulle de Léon X ? Il avoit pour luy
des Evêques, des Universitez, des peuples entiers plus
nombreux assurément que les Sectateurs du P. Quesnel;
qui ôseroit soutenir que parmi les Partysans de Luther,
ceux qui sont morts avant la tenue du Concile, sont
morts catholiques, parce qu'ils prétendoient l'Eglise
universelle saisie de l'appel auquel ils avoient adhéré ?
Vous rassureriez-vous sur cette proposition de Ques-
nel, qu'une excommunication injuste ne doit pas em-
pêcher de faire son devoir? Le troupeau, dit Saint Gré-
goire le Grand, doit craindre l excommunication de son
Pasteur, quand même elle seroit injuste. Mais à quel
Tribunal avez-vous porté l'excommunication lancée
contre vous pour la faire déclarer injuste?On nous excom-
munie, dites-vous, parce que nous défendons la vérité :
mais l'Eglise prétend que vous défendez le mensonge: et à
ce jugement de l'Eglise qtfopposez-vous? Celuy que tous
les Hérétiques y ont opposé, le jugement de l'esprit par-
ticulier. En faudroit-il d'avantage pour vous faire aper-
cevoir l'abîme où vous vous précipitez? Vos Supérieurs
ont fait tous leurs efforts pour vous en éloigner, et vous
qualifiez de persécution les voyes canoniques et régu-
lières qu'ils ont employées, pour seconder les vues cha-
ritables qu'ils avoient sur vous. Au lieu de vous plaindre
des menaces qu'ils vous ont faites de garder vôtre cellule
pour prison, et de pratiquer certaines abstinences que
nos premiers Pères ont observées, vous ne deviez au
contraire les regarder que comme des marques d'une
bonté paternelle, qui ne vous menaçoit que pour se dis-
penser de vous punir, et pour vous engager à prévenir
par vôtre soumission les peines que vôtre désobéissance
— n^4 — ■
nous forçoit de vous imposer. Un Père qui menace n'a
pas envie de frapper, il n'intimide ses enfans qu'afin
qu'ils veillent sur leur conduite. Quand Dieu menace,
dit saint J. Chrysostome, c'est pour lors qu'il fait le plus
paroitre son amour.
Dez le moment qu'un Chartreux embrasse le Régie,
il s'oblige à demeurer dans sa cellule sans en pouvoir
sortir que pour des raisons légitimes : et lors que les
menaces paternelles qu'on vous a faites de vous y rete-
nir, vous font violer la stabilité et l'obéissance que vous
aviez voiiée, ne donnez-vous pas lieu de penser que
vous êtes las de porter le joug du Seigneur, et que la
prétendue défense de la vérité, n'est qu'un prétexte pour
colorer vôtre inconstance?
Ce n'est pas pour vous confondre que je vous écris
cecy : mais je vous avertis comme mes enfans bien-aime\,
de rentrer en vous-mêmes et de sonder le fond de vôtre
cœur, afin de découvrir l'illusion où vous êtes; ne pou-
vant imiter le Pasteur charitable de l'Evangile, en lais-
sant dans le désert le troupeau confié à mes soins par
la Providence, je dois à ma bonté paternelle de faire
connoitre à la brebis égarée, celle que je ressens pour
elle, et le désir que j'ay de la voir rentrer dans la voye
dont elle s'est écartée. Je dois la rechercher par mes aver-
tissements, jusques à ce que je Paye retrouvée. Ecoutez,
Mes chers Enfans, la voix d'un Père qui vous presse de
venir essuyer les larmes que vôtre désobéissance luy
fait répandre. Que j'aye la consolation de pouvoir invi-
ter toutes les personnes bien intentionnées pour la sainte
doctrine, toutes les âmes justes qui s'interressent à vôtre
salut, à venir se réjouir avec moy du recouvrement de
la brebis que j'avois eu le malheur de perdre ; du retour
de cet Enfant qui êtoit mort à la vie de la Grâce, et qui
est ressuscité. Mon sein vous est ouvert comme le fut au
— 555 —
Prodigue celuy de son Père : vous éprouverez de ma
part les marques les plus sensibles de la plus vive ten-
dresse. Il n'est rien que je ne sois disposé de faire pour
vous adoucir vôtre retour; point d'indulgence, point de
bons traitements, ausquels vous ne deviez vous attendre.
La seule chose que je vous demande, c'est que vous
soyez avec nous d'un même sentiment ; c'est à dire que
vous pensiez avec nous ce que pensent le Pape, l'Eglise
de Rome, tous les Evêques étrangers, et la multitude
des Evêques de France.
Sans prendre aucun parti dans les différentes opinions
que les Ecoles catholiques ont la liberté d'enseigner,
nous ne nous attachons qu'à ce que l'Eglise a décidé, et
nous ne vous demandons rien de plus. Nous croyons la
Toute-puissance de Dieu ; mais nous croyons aussi que
sous cette Toute-puissance, l'homme conserve pour le
bien et pour le mal une liberté exempte non seulement
de contrainte, mais de nécessité. Nous croyons que sans
la grâce, nous ne pouvons faire aucune bonne action
surnaturelle ; mais nous ne croyons pas que cette grâce
quelque efficace qu'elle puisse être, soit invincible, en
telle sorte que la volonté humaine n'ait pas un pouvoir
complet d'y résister. Nous croyons qu'il y a des grâces
suffisantes, lesquelles donnent un vray et parfait pouvoir
de faire le bien à quoy elles portent, et avec lesquelles on
ne le fait pas. Nous croyons que sans avoir la charité
habituelle, on ne peut faire aucune bonne œuvre méri-
toire de la vie éternelle : mais nous ne croyons pas qu'il
n'y ait de bonnes oeuvres méritoires de la vie éternelle
que celles qui se font par le motif de la charité: nous
croyons qu'il y a une crainte des jugemens de Dieu sur-
naturelle que le Saint-Esprit inspire, et qui est dans le
pécheur une disposition à la Justification. Enfin nous
ne nous écartons en rien de tout ce que le saint Concile
— Sdd —
de Trente a décidé contre les hérétiques de son tems ; et
nous trouvons dans leur condamnation, celle du Système
de Jansénius et de Quesnel, ainsi que la justification de
la Bulle Unigenitus. En un mot nous condamnons de
cœur et d'esprit le Livre des réflexions morales, et les
101 Propositions qui en sont extraites, de la même ma-
nière que cette Constitution les condamne. Seroit-il
possible que vous vous obstinassiez à regarder comme
un second Evangile un Livre que l'Eglise proscrit ,
tandis que vous entendez St. Augustin dire expressé-
ment, qu'il ne croiroit pas à l'Evangile, si l'authorité
de TEglise ne l'y engageoit.
En vain vous éterniserez les disputes : nous avons
pour nous et contre vous la plus grande authorité vi-
sible, qui doit, et qui peut seule fixer la créance des Fi-
dèles. C'est dans la barque de Pierre que nous reposons
tranquillement, assurez qu'elle ne peut succomber aux
tempêtes. C'est dans le sein de l'Eglise que nous puisons
sûrement les eaux salutaires d'une doctrine pure : mais
vous, Mes chers Enfans, qû alle^-vous donc chercher
dans la voye de l'Egypte? Est-ce pour y boire Veau
bourbeuse? Où aboutirez-vous en suivant la voye fu-
neste dans laquelle vous vous êtes engagez ? Vous v
vivez séparez de l'Eglise Romaine et de vôtre Ordre,
dont vous devriez faire la joye et l'ornement par vos
vertus. Au lieu de ces sources d'eaux vives et claires
qui couloient dans vôtre ancienne solitude vous ne trou-
vez là que des citernes entrouvertes qui ne peuvent re-
tenir l'eau de la saine doctrine ; que des eaux sales et
infectées du limon qu'y répandent ceux qui affectant de
puiser dans l'Evangile, en corrompent le sens pour au-
thoriser leurs erreurs. Nous choisissez pour vôtre de-
meure une Egypte couverte des ténèbres épaisses de Vhé-
résie, tandis que vos Frères dans la terre de Gessen
- 557 -
jouissent de la véritable Lumière, et que Dieu seul est
leur guide ; parce qu'ils marchent sous les Loys de
l'obéissance qu'ils doivent à l'Eglise, et qu'ils ont vouée
à leurs Supérieurs. Venez, Mes chers Enfaris, venez au
plutôt vous rejoindre à eux, pour goûter avec eux les
douceurs dont vous vous êtes privez en les abandonnant.
Comprenez enfin quel mal c'est pour vous, et combien il
vous est amer d'avoir abandonné votre Dieu, de n'avoir
plus sa crainte devant les yeux, et d'être infidelles aux
vœux de vôtre profession.
Vous vous plaignez que le Chapitre général vous a
dispersés au préjudice de vôtre vœu de stabilité. Mais
quand ce vœu vous imposeroit l'obligation de ne jamais
sortir de vôtre maison de profession, cette obligation
pourroit-elle préjudicier au droit que le Chapitre géné-
ral, ou celuy qui est revêtu de son autorité, ont acquis
par vôtre vœu d'obéissance, de disposer de vous de la
manière qu'ils jugent la plus convenable à vôtre salut
et au bien commun? C'est ainsi qu'on a toujours inter-
prété le vœu de stabilité. Tel est l'usage pratiqué de
tout-tems dans l'Ordre, ainsi qu'il est justifié par les
cartes des Chapitres généraux depuis son établissement.
Auroit-on pu à l'occasion d'un incendie se dispenser
de vous transférer d'une maison à une autre? La néces-
sité de vous tirer de vos maisons n'étoit pas moins pres-
sante, puisqu'il s'agissoit d'arrêter le progrez des erreurs
dont vos cœurs se laissoient infecter, et de vous ôter les
moyens de vous y confirmer de plus en plus. N'est-il
pas bien singulier, qu'après avoir réclamé si hautement
vôtre vœu de stabilité pour ne sortir pas de vos maisons
de profession, vous ne vous soyez pas même fait un
scrupule de secouer le joug de l'obéissance vouée à
Dieu à la face des Autels, et de franchir, déguizez en
laïques, les murs de vos Couvents, pour aller vivre
— 558 —
sous les Loix et la protection d'une Puissance héré-
tique.
Vous vous flattez d'y vivre conformément aux pra-
tiques de l'Ordre, et d'y garder toutes les observances
de vôtre état. On comprend aisément qu'un homme du
monde qui est libre, peut en quelque sorte vivre en
Chartreux. Mais qu'un Chartreux qui malgré ses vœux
a quitté son habit et son cloître, et s'est soustrait à ses
Supérieurs, puisse encore en cet état vivre en Chartreux,
c'est ce qu'on ne peut penser sans le plus grossier aveu-
glement. Cette obéissance religieuse que vous avez
vouée, à qui la rendrez-vous ? Qui vous donnera des
Supérieurs légitimes? Pouvez-vous même vous les don-
ner canoniquement ? Les recevrez-vous d'un Evêque
notoirement intrus et excommunié ?
J'aurois bien lieu de me plaindre icy du peu de fidé-
lité avec laquelle on a rapporté certains faits dans vos
libelles. On y dit, par exemple, qu'un Prieur me devint
suspect en me marquant ses sentimens en faveur de la
grâce efficace, selon la doctrine de S. Thomas. On fait
entendre que c'est le Thomisme que je désapprouvay en
luy; ce qui est très faux. Ma réponse à sa Lettre fut,
qu'on peut être bon Thomiste et bon Augustinien, sans
cesser d'être bon Catholique ; mais qu'on ne peut être
bon Catholique sans cesser d'être Janséniste ou Ques-
nelliste. Tel est le sens de ma réponse : c'est ce que je
pense et ce que j'ay toujours pensé. Il m'est fort indiffé-
rent que vous soyez Thomistes ou Molinistes ; parceque
cela est fort indifférent à l'Église. Un Chartreux r même
comme Chartreux, peut très louablement ignorer la dif-
férence qu'il y a des uns aux autres. Nous ne sommes
pas établis pour enseigner les Fidèles, mais pour les
édifier. Une humble foy, le silence, la prière, la péni-
tence, voilà essentiellement nôtre partage. Ce partage
DDQ
n'est-il pas assez beau, assez glorieux pour nous? Que ne
vous v êtes vous tenus, Mes chers Enfans ; vous seriez
encore ce que vous étiez, et vous m'auriez épargné bien
des pleurs.
En vain on citera des exemples pour justifier vôtre
évasion. J'ay rougi pour vous, Mes chers Enfans, en
voyant pousser l'indécence, jusques à mettre vôtre fuite
en parallèle avec celle du Sauveur en Egypte. On n'en
peut trouver qu'une seule qui ressemble bien à la vôtre ;
c'est celle de tant de Religieux que les erreurs des der-
niers siècles sçurent malheureusement enlever de leurs
cloîtres au grand scandale de l'Eglise.
Il ne me reste plus, Mes chers Enfans, qu'à vous con-
jurer de rentrer dans le sein de l'Ordre, et de venir vous
ranger de nouveau sous le joug aimable de vos Régies
et de vos Statuts. C'est la seule voye de salut pour vous;
il faut ou la reprendre, ou périr éternellement. C'est un
Père qui vous parle ; ouvrez vos cœurs à ses avis, à ses
instances, au désir ardent qu'il a de vous donner le bai-
ser de paix. Avec quel transport de joye en vous voyant
reparoître, diray-je avec le Père de l'Enfant prodigue ;
Aportez leur, leur première robbe et les en revêtez?
Que si au lieu de vous rendre à ma voix, vous usez de
Répliques, je vous déclare que dez maintenant je me
condamne au silence, et que content d'avoir satisfait à
mon devoir de Père et de Pasteur, je me bornerav à gé-
mir dans le secret de mon cœur sur vôtre endurcis-
sement.
Cependant, Mes chers Enfans, j'ay cette confiance que
vous profiterez de mes avis paternels et de mes disposi-
tions à vôtre égard ; Confidimus enim de vobis, CJia-
rissimi, meliora et viciniora saluti ; tametsi ita loqui-
inur. J'espère qu'après avoir été des brebis errantes au
exé du vent de la fausse Doctrine, vous retournerez au
56o
Pasteur de vos âmes, à celuy qui tient envers vous la
place de Dieu; et dans cette espérance je ne cesseray
d'offrir pour vous mes vœux au Seigneur, et de luy
demander la consolation de vous revoir. C'est l'effet du
tendre attachement avec lequel je suis
Chartreuse
ce 20 avril 1726. Votre affectionné confrère
Fr. Antoine Prieur de Chartreuse
et Général de l'Ordre des Chartreux.
La lettre du R. P. de Montgeffond était accompagnée
de l'Ordonnance suivante, du Chapitre Général.
ExOrdinatione Capituli Generalis Ordinis Carthusiensis,
an. 1726.
Hortamur viros illos qui ab Ordine discesserunt, et
in Hollandiam evaserunt ut redeant ad ovile, eis dé-
clarantes Capitulum Générale, et Reverendum Patrem
paratos esse eos recipere, et eis restituere stolam pri-
ma m , nec de pcenis seu pœnitentiis contra taies per Sta-
tuta latis fiet mentio, modo veniant nobiscum unani-
mes, idem nobiscum sentientes, et gaudium erit nobis
super peccatoribus propriâ sponte pcenitentiam agenti-
bus, et ad sinum paternum revertentibus.
Satagant itaque ab oculis Patrum et Fratrum suorum
lacrymas indesinenter super eorum aberratione manan-
tes, per conversionem suam sinceram abstergere, nec
contemnant amplius benignitatem Dei et Ordinis qui
eos ad pcenitentiam adducunt ; habent enim in R.
Pâtre totius Ordinis generali Ministro indulgentissi-
mum Patrem qui in suo regimine semper tenuit man-
suetudinem, et qui nunquam à Religione officii sui
paterni discessit, nec à Statutis et ab his quae per Ma-
5l
>i
jores nostros factitata sunt, unquam declinâvit, quid-
quid in côntrarium praetenderint fugitivi nostri, suis
litteris ad nos directis, et difïamatoriis suis apologa-
tionibus qux per Decretum Senatus Parisiensis nuper
proscriptœ sunt tanquam ad versantes Declarationi Re-
giae mensis Augusti anni 1720.
Et ideo nullam fidem faciunt in praejudicium eo-
rum quae oculis nostris videmus, testamur. et appro-
bamus in regimine Ordinis, et in rectà, moderatà et
ordinatâ secundum Régulas regendi arte Reverendi
Patris.
Datum, actum , deliberatutn de unanimi consensu
omnium Diffinitorum in majori Cartusia, sedente Ca-
pitulo Generali; in quorum fidem nostris syngraphis
et sigillis consuetis rirmavimus hac die 22 Maii 1726.
EPISTOLA S. BRUNONIS EX EREMO CALABRI.E
AD RADULPHUM COGNOMENTO VIRIDEM
RHE.MENSIS ECCLESI.E PR.EPOSITUM DEINDE ARCHIEPISCOPUM
Domino suo venerando Radulpho, Rhemensi prae-
posito, sincerissimœ charitatis cultu observando, Bruno
salutem. Veteris approbatœ amicitiae fides eo praecla-
rior et laude ampliori dignior in te conspîcitur, quo
rarior apud homines reperitur. Quanquam enim longo
terrarum tractû, et prolixiore temporis spatio, corpora
ab invicem sejuncta sint , animus tamen benevolen-
tiae tuae ab amico avelli non potuit . Quod quidem
litteris tuis suavissimis, (in quibus mihi amice blan-
ditus es nec non beneficiis non solum mihi. verum
etiam fratri Bernardo, causa nostri, large impensis,
aliisque indiciis nonnullis satis ostensum est. Unde
1 Cf. la traduction Je cette pièce, t. 1. p. 128 et seq.
3G
5Ô2 —
grates non quidem meritis pares, sed tamen ex puro
fonte manantes, benignitati tuas rependimus. Peregri-
num quemdam in aliis legationibus satis fidelem cum
litteris ad te dudum direximus, sedhucusque non com-
parer Dignum judicavimus unum ex nostris charitati
tua; transmittere qui omnia quae circa nos sunt, (quia
minus ad hase calamo et atramento sufficimus) copio-
sius viva voce prosequatur. Notiticamus ergo dilectioni
tuae, dignationi tuœ, quoniam id tibi non ingratum pu-
tamus, non corpore, (utinam sic mente,) valere, et quas
ad exteriora pertinent, satis esse pro voto. Verum etiam
opperior supplicans divinas misericordias manum, quas
omnes inferiores sanet infirmitates meas et satiet in
bonis desiderium meum. In finibus autem Calabriœcum
fratribus religiosis, et aliquot bene eruditis (qui in
excubiis persistentes divinis expectant reditum Domini
sui, ut cum pulsaverit confestim aperiant ei) eremum
incolo, ab hominum habitatione satis undique remo-
tam. De cujus amœnitate aerisque temperie et sospi-
tate, vel planitie ampla et grata, inter montes in lon-
gum porrecta, ubi sunt virentia prata et florida pascua,
quid dignum dicam ? Aut collium undique se leniter
erigentium prospectum, opacarumque vallium reces-
sum, cum amabili fluminum,rivorum, fontiumque co-
pia, quis sufficienter explicet ? nec irrigui desunt horti.
diversarumque arborum fertilitas . Verum quid his
diutius immoror? Alia quippe sunt oblectamenta viri
prudentis, gratiora et utiliora valde, quia divina. Ve-
rumtamen arctiori disciplina, studiisque spiritualibus
animus infirmior fatigatus, scepius his relevatur ac
respirât. Arcus enim si assidue sit tentus, remissior
est, et minus ad officium aptus. Quid vero solitudo
eremique silentium amatoribus suis utilitatis jucun-
ditatisque conférât, norunt hi solum qui experti sunt.
— 563 —
Hic namque viris strenuis, tam redire in se licet
quam libet, et habitare secum, virtutumque germina
instanter excolere, atque de paradisi féliciter fructi-
bus uti. Hic oculus ille conquiritur, cujus sereno in-
tuitu vulneratur sponsus, a more quo mundo et puro
conspicitur Deus. Hic otium celebratur negotiosum,
et ia quieta pausatur actione. Hic pro certaminis la-
bore repensât Deus athletis suis mercedem optatam,
pacem videlicet, quam mundus ignorât, et gaudium
in Spiritu Sancto. Hase est illa Rachel formosa, pul-
chra aspectu, à Jacob plus dilecla, licet minus filio-
rum ferax, quam Lia fascundior, sed lippa. Pauciores
enim sunt contemplationis, quam actionis filii; verum-
tamen Joseph et Benjamin plus sunt casteris fratribus
à pâtre dilecti. Hase pars illa optima, quam Maria
elegit quœ non auferetur. Hase Sunamitis pulcherrima
sola in omnibus finibus Israël reperta, quas David fo-
veret senem et calefaceret. Quam tu, frater charissi-
me, utinam unice diligeres, ut ejus amplexibus fotus,
divino caleres amore. Cujus si charitas semel ani-
mo insederit, mox illecebrosa illa et blanda deceptrix
gloria mundi tibi sorderet, sollicitasque opes, (menti
sanae onerosasï leviter abjiceres ; nec non voluptates
fastidires prorsus œque animo corporique nocivas.
Novit namque prudentia tua quis dicat : Qui diligit
mundum , et ea quee sunt in mundo, (quœ sunt vo-
luptates carnis, concupiscentia oculorum atque am-
bitio seculi] non est charitas Patris in eo. Et item :
Qui est amicus hujus mundi, inimicus Dei constitui-
tur. Quid ergo tam iniquum, quid sic insanae et pre-
cipitata; mentis, quid tam est perniciosum, quidvein-
felicius, quam contra eum cujus potentia? resistere,
cujusvc ultionem justitiœ effugere non vales, inimi-
citias exercere te velle. Numquid fortiores illo sumus?
— 5(5 1. —
Numquid quia patientia pietatis suae nos modo ad pœ-
nitentiam provocat, injurias contemptus tandem non
ulciscetur? Quid enim est tam perversius, quid tam
rationem, justitiam, ipsamque naturam oppugnans,
quàm creaturam plus diligere quàm factorem ? Quid
ergo agendum censés charissime? Quid nisi divinis
cedere consiliis, cedere veritati, qune fallere non potest?
Consulit namque in commune, dicens : Venite ad me
omnes qui laboratis et onerati estis et ego reficiam
vos. Nonne pessimus et inutilis est labor concupiscen-
tia distendi, sollicitudinibus et anxietatibus, timoré et
dolore pro concupitis incessanter affligi ? Quod vero
onus est gravius, quam quod mentem a sublimi di-
gnitatis suœ arce in infima deprimit, quod est inju-
stitia omnis? Fuge, ergo, frater mi, fuge lias molestias
et miserias omnes, et transfer te a tempestate hujus
mundi in tutam et quietam portus stationem. Novit
etiam prudentia tua quid nobis Sapientia dicat: Nisi
quis renunciaverit omnibus quœ possidet, non potest
meus esse discipulus. Quod quam pulchrum, quam sit
utile, quamque jucundum in schola ejus sub disci-
plina Spiritus Sancti manere, divinam adipisci philo-
sophiam quœ sola dat beatitudinem veram, quis non
videat ? Qua propter opère pretium est, diligenti exa-
minatione prudentiam tuam ista perpendere ; quod si
amor Dei te non invitât, tantorum prœmiorum mi-
litas te non provocat, saltem nécessitas et timor pœ-
narum ad hoc compellere débet. Scis namque qua
sponsione obligatus es, et quàm omnipotens ac terri-
bilis sit cui temetipsum munus gratum et omnino
acceptabile devovisti, cui nec mentiri licet, nec expe-
dit. Nec enim patitur inulte se irrideri. Reminiscitur
quippe dilectio tua, quod cum ego et tu et Fulcius
Monoculus, quadam die simul fuissemus in hortulo
— 565 —
adjacenti domui Adae, ubi tune hospitabat, de falsis
oblectationibus et perituris mundi hujus divitiis, nec
non de perennis gloria? gaudiis aliquandiu, ut opinor,
tractaremus, unde divino amore ferventes, promisi-
mus ac vovimus Spiritui Sancto in proximo fugitiva
sasculi relinquere, et alterna captare, nec non mona-
chicum habitum recipere. Quod et in vicino peractum
esset, nisi tune Fuleius Romain abiisset, ad cujus re-
ditum peragenda distulimus. Quo moram faciente
aliisque intervenientibus causis, divinus amor elanguit,
refriguit animus, fervorque evanuit. Quid ergo super-
est, charissime, nisi a tanti debiti nexibus te eitius
expedire, ne pro tam grandi tamque diuturno men-
dacii crimine, iram incurras potentissimi, et propter
hoc cruciatus immanes. Quis namque inultum relin-
queret se a quolibet sibi subdito defraudari munere
promisso, maxime si id magni foret sibi œstimationis
et pretii ? Qua propter crede non mihi sed prophetae,
imo Spiritui Sancto dicenti : Vovete et reddite Do-
mino Deo vestro, omnes qui in circuitu ejus avertis
mimera, terribili et ei qui aufert spiritum principum,
terribili apud reges terrœ. Cur hase omnia inculcat
Spiritus Dei, nisi ut te voventem perurgeat reddere
quod vovisti ? Quid vero reddere gravaris, quod nul-
lam bonorum tuorum facit jacturam vel imminutio-
nem ? Quodque tua potius quam illius cui persolveris
accumulât lucra. Quocirca non te detineant divitiae
fallaces, quia inopiam expellere nequeunt ; nec digni-
tas praspositurœ, quœ non sine magno administrari
possunt periculo anima?. Aliéna namque quorum mi-
nister sis, et non possessor, in proprios usus conver-
tere (ut pace tua dicam) tam est odiosum quam ini-
quum. Quod si splendoris et gloriie appetens multam
volueris retinere familiam, nonne, cum tua quae ex
- 566 —
justo habes non suppetunt, necesse est ut quoquo
pacto eripias aliis quod aliis largiaris? Quod non est
esse benericum aut liberalem : nihil enim est libérale
quod non idem justum. Verum et hoc dilectioni tuœ
persuasum cupio, ne pro Domini Archiepiscopi neces-
situdine qui plurimum consiliis tuis crédit, et nititur,
quœ non omnia justa vel utilia facile dantur, a tam
sublimi décliner sponsione, et a divina revoceris chari-
tate, quas quanto est justior, tanto et utilior. Quid autem
tam justum tamque utile, quidve naturae humanoe sic
insitum et congruum quam diligere bonum ? Et quid
aliud tam bonum quam Deus ? Immo quid aliud bo-
num, nisi solus Deus ? Unde anima sancta hujus boni
incomparabilem decorem, splendorem, pulchritudinem,
ex parte sentiens amoris flamma succensa dicit : Siti-
vit anima mea ad Deum fortem vivnm, quand o ve-
niam et apparebo ante faciem Dei ? Utinam non asper-
neris amicum monentem, utinam non surda aure au-
dias verba Spiritus Dei ; utinam desiderio longœque
expectationi meae satisfacias dilectissime, ne diutius cru-
cietur pro te anima mea curis sollicitudinibusque at-
que timoré. Nam si venerit [quod Deus avertat) te
prius quam debiti votum solveris ab hac recedere
vita, me, continua tristitia, sine aliqua spei consola-
tione tabescentem, relinques. Qua propter et te exo-
ratum et imprecatum cupio, ut vel causa orationis ad
Sanctum Nicolaum, inde ad nos usque venire digne-
ris ; quatenus videas eum qui te unice diligit ; et sta-
tum rerum nostrarum ac religionis ordinem, nec non
quae ad communem utilitatem spectant, mutua viva
voce tractare possimus. Et confido in Domino quod
non pcenitebit te tanti itineris subiisse laborem. Epi-
stolaris brevitatis excessi modum, quia dum corpore
te habere non possum, saltem diutius sermocinando
— 5t>7 —
tecum morabor. Fraternitatem tuam diu incolumem,
memorem consilii nostri, nec voti immemorem, vi-
gere sedulus exopto. Vitam Sancti Remigii nobis trans-
mittas oro , quia nusquam in partibus nostris rcpe-
ritur. Valc.
Le magnifique hommage rendu au patriarche
des Chartreux, dans les réponses faites à la lettre
encyclique envoyée par les Religieux du Monas-
tère de Calabre pour faire connaître la mort de
leur saint Prieur, nous a paru devoir être com-
plète' par les éloges donnés aux Chartreux dans
les différents siècles . C'est pourquoi , espérant
être utile au lecteur, nous reproduisons ici, comme
supplément aux titres funèbres, les passages les
plus remarquables d'un certain nombre d'auteurs
anciens et modernes sur saint Bruno et sur TOrdre
célèbre dont il a été le fondateur.
ELOGIA
PR.-ESTANTISSIMORUM QUORUMDAM VIRORUM
QUI LITTERARUM SUARUM MONUMENTIS,
SIVE BRUNONEM FUNDATOREM,
SIVE ORDINEM SUUM CARTUSIENSEM COMMENDARUNT.
1 .
[X Epistola Hugonis Diensis Episcopi, Apostolici
in Gallia Legati , scripta ad Gregorium VII. post
Concilium Augustodunense anno 1077 celebralum.
Manassem amicum nostrum, qui in Concilio Claro-
montano Rhemensis Ecclesia; maie acquisitam Prae-
.68
posituram in manu nostra dimisit , commendamus
gratia Sanctitatis vestrae, sicut catholicae fidei sincerum
defensorem, ac Domnum Brunonem, Rhemensis Eccle-
sias in omni honestate Magistrum ; digni sunt ambo
a vobis, in bis quae Dei sunt vestra auctoritate con-
firmari, quoniam digni habiti sunt pro nomine Jesu
contumeliam pati. Et ideo consultores profuturos
causae Dei, et cooperatores in partibus Franciae vos
habeatis.
2.
Sigebertus monachus Benedictinus Abbas Gemblacensis
in suo chronico ad annum 1084.
Bruno natione Teutonicus, ex urbe Colonia, liiteris
apprime eruditus, Rhemensis Ecclesiae canonicus, et
scholarum Magister, relicto saeculo Eremum Cartusiae
fundat, propositumque monasticae conversationis satis
arduum instituit.
3.
Ex fragmento Guiberti Abbatis de Novigento, lib. I.
de vita sua, cap. xi. apud Andream Quercetanum :
Gesta dei per Francos.
At Bruno urbe déserta saeculo etiam abrenuneiare
proposuit, qui suorum notitias horrens ad Gratianopo-
litanum processit territorium, ubi in arduo , et ad-
modum terribili promontorio, ad quod difficillimum,
et valde insolens iter intenditur, sub eo enim prœruptis-
simae vallis vorago dehiscit, habitare deligens hujus-
modi mores instituit, et sequaces ejus hodie sic vi-
vu nt
Ibi igitur tanto cœptœ contemplationis fervore fe-
runtur, ut nulla temporis longitudine a sua institu-
tione désistant, ncc aliqua arduse illius conversationis
— 56g —
diuturnitate tepescant. Inde etiam qua, nescio, occa-
sione mirabilis iste Bruno recedens, postquam his,
quœ prœlibavimus rudimenta multa dictorum , et
factorum inculcatione prrcstiterat ad Apulos, nescio,
Calabrosne recessit, et ibidem huic quiddam simile
vivendi genus instituit. Ibi cum multa humilitate" se
ageret, et omnimoda piorum exemplorum prœbitione
circumquaque fulgeret, ad Episcopii dignitatem ab
Apostolica Sede qurcsitus, et tentus, fugit ; et soeculum
veritus, ne ea, quas de Deo gustaverat, amitteret, in
delatione tanti muneris non divina, sed saecularia re-
cusavit. Hœ inquam personœ conversionum tum tem-
poris extulere primordia, cui cohiesere continuo viro-
rum , feminarumque grèges, omnis protinus ordo
concurrit. Quid de œtatibus loquar, cum decennes, et
undendes infantuli senilia meditarentur, et multi cas-
tigatiora gérèrent, quam rctatula pateretur. — iHucus-
que codex Claudii Hemerei Doctoris Sorbonici in
libro cujus titulus Cartusianus, sive iter ad sapientiam ).
Fiebat in illis conversionibus, quod in antiquis fieri
solebat martyribus, ut major in imbecillibus, tene-
risque corporibus inveniretur fidei vivacitas, quam in
illis, in quibus œvitatis, et scientiae floreret auctoritas.
Cum ergo nusquam nisi in vetustissimis Monasteriis
Monachorum haberetur aliquorum sedes, cœperant ubi-
que loci nova construi, et undecumque confluentibus
magni alimentorum redditus adhiberi. Quibus facultas
non aderat ut grandiuscula fabricarent, alii binis, alii
quaternis, alii quot poterant alendis iratribus, domos,
ac victualia componcbant : unde factum est, ut in
villis, oppidis, urbibus, atque prœsidiis, imo etiam
ipsis saltibus, atque agris, Monachorum quaqua ver-
sum sese exercendo dilatatorum repente fervere vide-
rentur examina, caque loca divino nomine, et sancto-
— D70 —
rum cultibus emicarent, in quibus, et lustra ferarum,
et spelœa latronum extiterant. Affectabat itaque spon-
taneam subire pauperiem tôt exemplis circumcincta
nobilitas, et cœnobia, quœ subibat, rébus a se con-
temptis inferciens, aliis etiam ad haec ipsa trahendis
pia semper veneratione tendebat. At fœminœ itidem in-
signes maritorum celebrium jugalitate déserta, et a piis
cordibus liberorum caritudine abstenta, collatis inibi
opibus, Ecelesiasticis se stipendiis contradebant. Qui
vero, vel quae non poterant rébus ad integrum abre-
nunciare possessis, eos, qui abrenunciaverant, crebris
substantiarum suarum largitionibus sustentabant.
Ecclesias, et altaria multa jucundissimorum mune-
rum oblatione circumdabant, et orationes, ac pie Vi-
vendi modum, quem taies imitando exequi non po-
terant, talia facientes propriis ad id faciendum juvando
substantiis, in quantum licuerat exaequare studebant.
Unde contigit, ut his temporibus, et multitudine datio-
num, et dantium, imo magis solertia, ad hoc propo-
siti venientium, Ecclesiarum habitatores, multimoda
sua procuratione juvantium, in tantum promoveren-
tur cœnobia, ut quotidiana ab illis, qui tune flore-
bant statibus, per succrescentium modernorum nequi-
tiam videantur incidere detrimenta.
Jam nunc enim, proh dolor, quaD hujusmodi affe-
ctione permoti locis sacris contulere parentes, aut pe-
nitus subtrahunt, aut crebras redemptiones exigere non
desinunt filii a patrum voluntatibus usquequaque dé-
génères.
Hucusque fragmentum ex libro Ms. Guiberti Abba-
tis Novigenti de vita sua, qui Parisiis habetur pênes
C. V. Andream Quercetanum de re litteraria optime
meritum.
— 571 —
Guigo, V. Cartusia? Prior in Tractatu ad Fratres de Monte
Dei, lib. I, cap. 1.
Fratribus de Monte Dei. Orientale lumen, et anti-
quum illum in Religione ^Flgyptium fervorem, tenebris
occiduis, et Gallicanis frigoribus inferentibus, vitae
solitarice exemplar, et cœlestis formant conversationis
occurrere, et concurrere anima mea exsultat in gaudio
S. Spiritus, et risu cordis in fervore pietatis, et in omni
obsequio devota; voluntatis etc Yestra simplicitas
jam multos provocat ad œmulationem : vestra sufficien-
tia , et altissima paupertas jam multorum confundit
cupiditatem : vestrum secretum jam earum rerum,
quas tumultum facere videntur, pluribus incutit horro-
rem etc
Et cap. 11. ejusdem libri.
Nolite negligere, nolite lardare, grandis enim vobis
exstat via. Altissima est enim possessio vestra ; ccelos
transit, par Angelis est, Angelkce similis puritati. Non
enim solum vovistis omnem sanctitatem, sed omnis
sanctitatis perfectionem,et omnis consummationis finem.
Et cap. ni.
Salva enim per omnia Cartusia? sanctitatis débita, et
cum omni laude praxiicanda reverentia, multa in Alpi-
nis illis horridis et continuis frigoribus necessaria sunt,
quiu frugalem suffieientiam, et voluntariam pauperta-
tem sectantibus, in his duntaxat regionibus non adeo
necessaria videntur.
Et insuper in vita S. Hugonis Episcopi Gratianopo-
litani, cap. iv.
Magister Bruno , vir religione scientiaque famosus ,
honestatis,et gravitatis, ac totius maturitatis quasi quod-
dam simulacrum.
5.
Robertus S. Mariani monachus Antissiodorensis in chro-
nico ad an. 1084. — ii5o.
Circa id tempus S. Hugo, Gratianopolitanus Episco-
pus vidit per somnium in solitudine Cartusiae Deum
suas dignationi habitaculum construentem, stellas etiam
septem ducatum sibi praestantes itineris. Et ecce sanc-
titatis ejus odore tracti ad ipsum veniunt septem viri,
qui omnes uno desiderio succensi locum eremiticae
vitag congruum quaerebant, necdum repererant. Ho-
rum primus Magister Bruno vir religione, scientiaque
famosissimus, alii quatuor litterati, duo laici, quos
sanctus Hugo gratanter suscepit, et voti compotes fecit.
Ipso namque juvante, consulente, comitante, Cartusiae
solitudinem intraverunt, atque extruxerunt. Sic cœpit
Ordo Cartusiensis, inter caeteros Ordines puritate men-
tium, ac theoriae studio singularis.
6.
S. Bernardus Abbas Clara-Vallensis. — XI. Epistola ad
Guigonem Cartusiae Priorem et caeteros Fratres. 1 1 33.
Vestra illa succensa, et succendens salutatio, sic mihi,
ut verum fatear, accepta fuit, et est, quasi non ab ho-
mme, sed certissime ab illo, qui mandat salutes Jacob
descendere videretur Festivus erit enim mihi
dies i 1 le ducendus, et memoriale scmpiternum, in quo
virum illum videre, ac suscipere merui, per quem fac-
tum est, ut in cordibus vestris ego reciperer etc. Verebar
— 573 —
nimirum sa ne ta m quam in Domino habetis importunis
scriptitationibus infestare quietem : juge illud vestrum
sacrumque silentium a saeculo , susurrium cum Deo
vel ad modicum interrumpere, nostraque ingerere auri-
bus secretis, penitus occupatis supernis eloquiis. Time-
bam omnino molestus fieri etc. Miseremini mei, non
quia merui, sed quia egeo. Miseremini tanquam miseri-
cordiam consecuti a Domino, ut sine timoré a mundi
tumultibus liberati, serviamus ei. Felices, quos abscon-
dit in tabernaculo suo in die malorum, in umbra ala-
rum suarurn sperantes, donec transeat iniquitas.
Et Epistola cltv. ad D. Bernardum Priorem Domus
Portarum.
Memor antiquae meae promissionis, propositum ha-
bui, et desîderium magnum transire per vos, revisere
quos diligit anima mea, itineri meo solatium, laboribus
levamen, peecatis remedium postulare; et culpis meis
exigentibus factum est, non ut nollem, sed ut non pos-
sem. . . . Tuas, et per te Sanctorum cum quibus es, ora-
tiones supplex efflagito.
/•
Ex chronico Mauriniacensi lib. II.
Fuerunt et lcetitiœ, et admirationi, ad id negotium
pertinentes, excellentissimorum Eremitarum Cartusien-
sium littenc, quae per quemdam Venerabilem Abbatem
de Ordine Cisterciensi delatae, et in Concilio per Gau-
fridum Carnotensem Episcopum recitata; sunt. Erant
autem Cartusienses in jugis Alpium Angelicam vitam
ducentes, supereminentissimee religionis, et incompa-
ra bi lis auctoritatis.
574
Petrus Mauritius, cognomento venerabilis, IX. Clunia-
censium Abbas, lib. II miraculorum, cap. xxviii.
Servatur, inquit, in Burgundiae partibus inter omnes
Europas nostrae monastici Ordinis Professiones, Profes-
sio quaedam, multis aliis ejusdem monastici Propositi
sanctior, et cautior, instituta nostro tempore a quibus-
dam Patribus magnis, doctis et sanctis, Magistro Bru-
none Coloniensi, Magistro Landuino Italo ac quibus-
dam aliis vere magnis, ut dixi, et Deum timentibus viris.
Qui quorumdam antiquorum Monachorum tepeditate
negligentia ac desidia praedocti, saeculo abrenunciare
volentes, cautius sibi, suisque in via Dei sectatoribus
consuluerunt, et vigilanti oculo, Ordinem, contra om-
nes pêne Sathanae insidias circumspectum instituerunt.
Nam etc.
Et lib. I. Epist. xxiii. ad Guigonem Priorem, cœte-
rosque Cartusiae Fratres, qui eidem Venerabili Abbati
responsivam miserunt Epistolam, cujus initium est :
Crucirixum,crucifixus et ipse crucifigendis misisti etc.
sub num. xxv. ejusdem libri.
Cum exundantem erga vos, sincerum cordis mei affe-
ctum, verborum signis explicare pertento, fateor in ipso
conatu deficio. De aliis quibuslibet assidue tractanti,
verborum copia affluit ; cum vestri amore et memoria
tota repleta sit anima mea, seipsum quasrens explicare
animus succumbit. . . . Quando enim explicare potero
quomodo a vobis corpore sejunctus, tota vobis mente
conjungar ; quomodo alibi maliens vobiscum semper
maneam, quomodo cum aliis convèrsans, intra sacri
Collegii vestri numerum spirituali cohabitatione con-
verser? quando referre valebo quam gravis mihi sit, teste
— d-5 —
eo quem fallere non possum, ipsa vestra corporalis ab-
sentia : quasi carere possem, non solum miserum quan-
tum ad me nomen Abbatis, sed etiam totum cum suis
omnibus mundum exuere nullo modo dubitarem etc.
Et lib. IV. Epist. xxxviii. ad eosdem.
Agnosco quid vobis debeam, agnosco, quod pro cun-
ctis mortalibus religioni deditis, nec Ecclesice nostrœ
voto professionis adstrictis vos semper in Domino ea-
rius dilexi, volui. veneratus sum. Feci hucusque, facio
adhuc, faciam quando fuerit spiritus in manibus meis.
Causa hujus mei erga vos amoris, Christus est : quem
quia in ipso personaliter non possum, in vasis ejus,
hoc est in vobis, in quibus habitat, ipsum diligo, am-
plector, honoro.
Et lib. VI. Epist. xii. ad Eugenium Papam.
Cartusiensis Ordinis, et proposai instituta quantum
veneratus sim, quantum amplectar, noverunt multi, ego
vero magis, Deus autem maxime. Nam si mens mea
non me fallit, si conscientia mea mihi, quod verum est
attestatur, si tandem vera est sententia divina : nemo
novit, quae sunt hominis, n isi spiritus hominis, qui in
ipso est. I. ad Corin. 2. Agnosco me Cartusiensium a
triginta jam fere annis, hoc est etiam antequam prœesse
inciperem, prce cunctis pêne mortalibus amasse Reli-
gionem, coluisse sinceritatem, amplexum esse verîta-
tem. Intellexi, nec me falli putavi, cunctorum Latino-
rum institutis eorum propositum prceferendum ; nec
esse eos de illis, qui liqua nt culicem etc
Non enim praecipue in cibis, in potibus, in vestibus,
in laboribus, vel similibus regnum Dei consistere pu-
tant : licet hsec discretive facta, multum eidem regno
Dei militent, sed in pietate illa, de qua ait Apostolus,
- 576 -
I. Timot. 4. Corporalis exercitatio etc. Epulantur vere
sancti illi in mensa sapientne, deliciantur in ferculo
veri Salomonis, non in supsrstitionibus, non in hypo-
crisi, non in vanitatibus, non in fermento malitiae, et
nequitiae, sed in azymis sinceritatis et veritatis. Magni
ergo sunt, amandi sunt, amplectendi sunt etc.
Et Epist. xxiv. ejusdem lib. Cartusianis Majorevensibus
missa.
Cantat Deo Propheta in Psalmis : quam dulcia /au-
cibus vieis eloquia tua, super mel ori mco. Possum
et ego non mentiens scribere vobis, qnod longe dul-
ciora sunt melle, verba, vel litterœ vestraj mihi. Nam
semper supremam arcem pectoris mei, vestrique Or-
dinis viris servavi : Instituta Cartusiensia universa-
rum religionum institutionibus praetuli : a primis pêne
adolescentioL' annis sincero affectu sacrum Religionis
vestras propositum colui. Unde quando vacare potui,
quoedam antiquiora vestri Ordinis loca adiré fréquenter
non pigritavi, inaccessibiles pêne nivibus, et a glacie
altissimas rupes non abhorrui : Fratres inter illas mon-
tium, et rupium angustias omnipotenti Domino ser-
vientes, videre, visitare, atque cum eis in Domino ju-
cundari, dulce habui, etc.
Et Epist. xl. ejusdem libri ad Basilium I. Majoris Car-
tusias Priorem VIII. quas incipit : Nuper in procinctu
Romani ilineris, etc.
Volotamen te, charissime, scire affectum illum meum,
quo montana vestra adiré decreveram, magis causa te
visitandi quam locum licet sanctum vivendi fuisse.
Illum enim, ac Fratres alios, et a multis jam annis
saspe videram : te vero ex quo illud arduum, et C céle-
ste propositum assumpsisti, numquam visitaveram.
— ^77 —
.9-
Alexander Papa III. In suaConstitutione, édita Anagniie,
IV. nonas septembrisan. r 176, qiuc habeturin Bulla-
rio Tom. I.et est VII. inter Constitutiones ejusdem.
Cum vos per gratiam Dei multa praemineatis gloria
meritorum, et vitam solitariam eligentes, divinae con-
templationi arctius intendatis; bonus odor Religionis
vestra; ad id nos inducit, ut communi, et speciali de-
bito, quieti vestrae debeamus intendere, et jura vestra
summopere conservare.
Et Epistola ad Archiepiscopum Viennensem.
Non latet discretionis vestrœ prudentiam , quanto
desiderio, quantoque amore Cartusiani Fratres divinis
intendant obsequiis; et abnegantes carnalia desideria
rerum terrenarum delectationes spernentes,sobrie, juste,
ac pie in hoc sœculo vivere elegerint, et incessantes su-
pernœ meditationi proposuerint vacare. U nde dignum est,
et conveniens, ac consentaneum rationi, ut intamsan-
cto, et pio proposito, Pontificalibus adjuventur studiis.
10.
Joannes Sarisberiensis Episcopus Carnotensis. lib. VII.
Polycratici cap. xxin. sacrum Cartusiensium Ordinem
ita prosequitur.
Cartusienses cupiditati sua;, imo necessitati limites
prœfixerunt, et moderationis habenis omnem avaritiam
cohibent, et interdum ipsi necessitati aliquid subtra-
hunt, ne sub obtentu illius quippiam avaritiam molia-
tur. Magni procul dubio viri, et inter prœcipuos nume-
randi, cum non modo professiones, sed jam senescente
mundo intanta multitudine labentium sœculorum pauci
processerunt homines, qui satietatissibi aliquos praescri-
pserint terminos.
37
— 578 —
1 1.
Petrus Abbas Cellcnsis primum, Episcopus postmodum
Carnotensis successor Joannis supralaudati inEpisto-
laxxiu lib.I ad Eskilum LundensemArchiepiscopum.
De illo Ordine, qui quasi Cherubim, sive Seraphim
immédiate résident Agno, qui habet oculos septem, et
cornua septem, in trono gratiae accedunt, gazas vestras
exornare voluistis : Ecce factum est, ut imperastis. Ac-
quievit sanctus Cartusiensium Fratrum conventus justis
petitionibus vestris etc.
12.
Petrus Blesensis Archidiaconus Bathoniensis . lxxxvi,
Epist. ad M. Alexandrum Monachum Cartusiensem.
Cur, inquit, sanctum, et gloriosa; opinionis Ordinem
Cartusiensem prœvaricando dépravas? Numquid résina
non est in Galaad, aut medicus non est tibi ? Ibi sane
inveneras locum pœnitentiœ, secretum solitudinis, pa-
cem anima;, contemplationis arcanum, gaudium in Spi-
ritu Sancto, munus salutis, et efficax beneficium mé-
dicinal. Verum manna cœleste fastidiens, et suspirans
ad ollas carnium domum illam appetis, quae desiderio
tuo satisfaciet, quae tibi delicatius, et indulgentius mini-
strabit. Ideoque tumultum frequentiœpopularis, silcntio,
et solitudini anteponis solicitudinem ; licet noveris scri-
ptural esse, quia qui jugum Dei accepit, sedere débet
solitarius, et tacere. Hoc in Ordine Cartusiensi causaris
et arguis, quod singulis diebus missas non faciunt, at-
que hujus religionis, aut potius superstitionis obtentu,
tuum machinaris egressum. Tuœ littera faciunt te insa-
num etc.
Si attendas domum Cartusiensem, quam rclinquere
desideras, considéra unde venias, aut quo vadas. Jeru-
— 579 —
salem pro Babylone, Terram promissionis pro^gvpto,
pro exilio patriam, cœlum pro inferno, quietem ei pa-
cem pro labore, et miseria derelinquis. Domus siquidem
Cartusiensis et locus habitationis illius, silus est in mon-
tibus, et scopulis, et ia pétris, ut sit potius habitatio
Angelorum, quam hominum, ad dandam Altissimo vo-
cem confessionis,et laudis, sicut scriptum est: «Super ea
volucres cœli habitabunt, de medio petrarum dabunt
« voces.... Vere terribilis est locus iste, uec est hic aliud
« nisi Domus Dei, et porta cœli. » Et licet domus illa
sit in terra horroris, et vastœ solitudinis, nominatissima
tamen est in observatione religionis, et Ordinis. In om-
nem terram per gratiam Dei exivit fama ejus, et in fines
orbis terrœ suas odorem suavitatis effudit. Plantatio
enim Dei est, et vinea Domini Sabaoth : Ideoque jam
excrevit in immensum, et multiplices fructus fecit. Vide
si jam non operuit montes timbra ejus, si non extendit
palmites suos usque ad mare, et usque in Angliam pro-
pagines ejus etc. — 1190.
i3.
Gaufredus Vosiensis Prior, scriptor sœculi XII. teste
Mabillonio. In Chron. cap. iv.
Ordo Cartusiensium sanctissimus incœpit per Bru-
nonem virum sanctum, natione Alemannum, de Co-
lonia Agrippina, Magistrum in Theologia, cura sex
aliis venerabilibus viris in Diœcesi Gratianopolitana.
14.
Laurentius Leodiensis, in Hist. Episcoporum Virdu-
nensium.
Cartusiensis religio mundo hac tenus inaudîta de
sanctissima Reverendissimi Brunonis Scliola processit,
quœ in carne extra carnem insolito mortalibus more
— 58o —
vivendo, Angelos in terra, Joannem Bapiistam, et
Paulum Eremitam in deserto, nobis hodie représen-
tât, ut merito hanc religionem Florem mundi nomines,
ut hanc esse animal simile aquilae in cœlum volanti
jure pronunties.
i5.
Clemens III. qui anno Christi 1187 creatus est Pon-
tifex, ad Cartusianos.
Inter virtutum aromata, et Sanctorum fragrantiam
studiorum opinionis vestrae balsamus, suo nos odore
discernitur. Qui cum se asperioribus institutis a mun-
dana separet vanitate, et praeclara resplendeat gloria
meritorum, nobis est amplius honorandus. Providen-
dum quoque diligentius est, et cavendum, ne quietem
sanctam improbitas alicujus valeat conturbare.
16.
Cœlestinus III. ad eosdem Cartusianos. Hic laudato
Clementi III. sucessit in Pontiticatu, et anno 1 198
obiit.
Paci, et tranquillitati vestrœ tanto propensius provi-
dere volentes, quanto arctius divinis estis obsequiis
mancipati, in contemplationis arce procul a terreno-
rum tumultu semoti ; piœ postulationi vestrae facilius
annuimus, et favorem Apostolicum libentius imperti-
mur. Inde est, quod ut instituta vestri Ordinis per-
petuam habeant tirmitatem, prout approbata sunt, et a
bene utentibus observata, rata in posterum fore de-
cernimus, et auctoritate qua fungimur, observamus.
— 58i —
}7-
Petrus Cantor Parisiensis, Monachus Cisterciensis, qui
floruit anno 1200, in lih. de Verb. Abbreviat. cap.
xxvur.
Si sanctus Ordo Cartusiensium in holocaustum, hic
etiam oblatorum Dei, a labe mundi per abstinentiam,
et macerationem carnis purgatorum, et jam volan-
tium per pennas ventorum , non nisi in festis, et
profestis spirituali officio intitulatis audet conficere,
quomodo tu peccator Sacerdos intrepidus audes tam
sancta irreverenter tractare ?
18.
Joannes a Sancto Victore in Memoriali Ms. Historiar.
ad annum 1081.
Eodem anno (MLXXXI.) Ordo Cartusiensis cœpit
hoc modo. S. Hugo Gratianopolitanus Episcopus in
Galliis per annos LU. virtutum exemplis incompara-
bilibus floruit. Ipse semel vidit per somnium Dominum
in solitudine Cartusia? suae dignationi constituentem
habitaculum, stellas etiam septem sibi prasstantes iti-
neris ducatum. Et eccc viri septem venerunt ad
eum, qui omnes uno dcsiderio accensi locum ere-
miticœ vitœ congruum quaerebant, necdumque repe-
rerant. Horum Magister crat Bruno natione Teutoni-
cus ex urbe Colonia oriundus, Rhemensis Ecclesiae
Canonicus , et scholarum Magister, relicto soeculo,
Cartusiœ Monasterium fundavit, propositumque Mo-
nastieœ conversationis satis arduum instituit. Hujus
sancti propositi cooperator existens S. Hugo, ab eodem
Brunone habitum Monachicum sumpsit, cunctisque
ibi habitantibus insigne exemplum praebuit. Sicque Or-
do ille puritate mentium,et theoriœ studio ccepit augeri.
582
i9.
Joannes Bronto Jornacensis Abbas, Chron. Rer. An»
glic. ad annum 1077. n. 20.
Circa hase tempora, Ordo Cartusiensis incœpit sub
Brunone, qui Teutonicus, et urbe Colonia oriundus
Magister scholarum fuit... Hic relicto sœculo, eremum
Cartusite circa festum Beati Joannis primo fundavit,
et rexit septem annis.
20.
Honorius III. qui anno 1216 Pontifex est renuntiatus,
ad Cartusienses.
Cum dilecti Filii, Fratres Cartusiensis Ordinis,accep-
tis permis columbae in ara cordis mactatis carnalibus
desideriis, in mentis fortitudinem evolaverint, illicque
pro suis gemant, et aliorum peccatis, holocaustum offe-
rentes Domino semetipsos, ne pedes, quos laverant,
cogantur iterum inquinare etc.
Et insuper.
Obsecramus vos per Dominum Jesum Christum, et
per charitatem Spiritus Sancti, quatenus immolantes
Domino pro nobis vestrorum vitulos labiorum pias
manus elevetis ad Deum ; ut de sua abundantia pietatis
custodiat Ecclesiam suam propitiatione perpétua. Nos
enim asmulantes Dei œmulatione vestri Ordinis hone-
statem, et novissima nostra vestrorum similia tieri cu-
pientes, vos, et universum Ordinem vestrum tueri prae-
sidiis , favoribus attollere, et benetkiis intendimus
confovere.
— 583 —
2 I.
Jacobus de Vitriaco Sanctae Romance Ecclesice Cardi-
nalis, in Histor. Occidentali, cap. xviii.
Si quis aliquid eis (scilicet Cartusianis) abstulerit, vel
alio modo injuriatus fuerit, nullam contra ipsum in ju-
dicio causam movent. Unde nec proximos sibi licet
inimicantes scandalizant, nec advocatis ad lites et jur-
gia indigent, nec curias sasculares in detrimentum ani-
mas suœ eos oportet adiré.
Et insuper.
Cartusianas Religionis rigor districtionis, et districtio
rigoris tamquam fornax Spiritus Sancti aurum purgans,
et scoriam ex argento separans, falsos fratres diu reti-
nere non potest. Unde Cella comparatur mari, quod
morticinum quantocius poterit projicit.
Et demum.
Cella enim (ut Dionysius ait de Vit. inclusar.) et soli-
taria habitatio ad hoc ordinata est, ut in ea agat solum
homo, quce Dei sunt. Hvec autem sunt, contemplari,
diligere, misereri, justitiam exercere, bonitatem suam
aliis communicare.
Vincentius Episcopus Bellovacensis. In specui. Histor.
Lib. XXVI . cap. xxvni.
Anno Domini MLXXXIV. Anno Imperii Henrici
hujus nominis quarti XXVIII. Pontificatus vero Gre-
gorii VII. Anno XI. Bruno nationc Teutonicus ex
urbe Colonia litteris ad modum eruditus, Rhemensis
Ecclesice Canonicus et seholarum Magister, relicto sce-
culo Eremum Cartusice fundat, propositumque Mo-
— 384 —
nasticae conversationis satis arduum instituit. Cujus
sancti propositi cooperator beatœ memoriae Hugo Gra-
tianopolitanus Episcopus ab eodem Brunone sumpsit
habitum Monasticum, cunctisque permundum habitan-
tibus insigne exemplum praebuit.
Et Lib. XXVII. cap. vu.
Monachi Cartusienses paulatim pullulant, qui pras
caeteris continentes, peste avaritise quam plurimos sub
religionis habitu laborare, etlaborare videntes, terminos
posuerunt, dum certum numerum hominum, anima-
liumque, et possessionum, quem eis prœtergredi nullo
modo liceat, statuerunt ; et ipsi singulas singuli cel-
lulas habentes, ac raro, vel ob Dei cultum, vel etiam
ob mutuum in charitate solatium convenientes, perfe-
ctius mori mundo, et caeteris, tanto diligentius, quanto
secretius Deo vivere eleserunt.
Chronologus S. Martini Turonensis.
Anno millesimo octogesimo sexto, incipit Ordo Car-
tusias tali modo : S. Hugo Gratianopolitanus vidit per
somnium in solitudine Cartusiae Dominum Jesum
quoddam confirmantem ; septem etiam stellas ducatum
itineris sibi praestantes. Nec mora ad ipsum Episcopum
veniunt septem viri, qui uno desiderio locum eremi-
ticae vitae quaerebant, nec adhuc repererant, quorum pri-
mus fuit Magister Bruno etc.
24.
Alexander Papa IV. in sua Bulla emanata circa an-
num 1255.
Cœlestis amor patriae mentes vestras sic allexisse
perspicitur, ut quasi hoc sol uni delectationem vobis
— 585 —
tribuat, quod divinae voluntati sit placitum, et salutem
proférât animarum.
Et alias, ad eosdem Cartusianos.
Amictus lumine sicut vestimcnto Dei Filius Dominus
Jésus Christus, suam sacrosanctam Ecclesiam, quasi tôt
videtur illustrasse hominibus, quot in ea constituit
gradus, et Ordines, virtutum insigniis, et cultus divini
studio refulgentcs. Inter personas siquidem alias, quas
in laudemsui nominis virtus Altissitni ab antiquis tem-
poribus usque nunc assumpsisse diguoscitur, illi quasi
videntur fuisse praecipui, qui vestri Ordinis sanctitatem
surit professi. Vigiles etenim, et solliciti ad hoc ipsi
studuerunt assidue inveniri, quod ut sponsus cœlestis
in eorum conscientiis haberet lectum floridum, etChri-
stiana Religio de ipsorum conversatione Angelica su-
meret sarfctitatis exemplum, Sede Apostolica multitu-
dine spiritualis laetitiag saepe sœpius congaudente : ita
quodseipsam ineis tamouam in odoreagri pleni,cuibe-
nedixerit Deus, sine intermissione delectans, eos inter
alios Ecclesice filios, perpétuai dilectionis amplexibus,
et gratiosi favoris affluent] confovebat. Multis nihilo-
minus de diversitate fidelium vacantibus ad hoc, quod
circa religionem tam famosam et celebrem sincerissimœ
dilectionis effunderet largitatem. Ecce charissimi no-
bis in Domino manifeste per ista constitit, quod Ordo
vester Deo et hominibus olim carissimus habeatur.
Et insuper.
Thesauro virtutum, sic pracclara vestra Religio, siuim
semper astrinxit afifectum, quod habetur, et in con-
spectu œterni Régis placita, et in oculis hominum
gratiosa. Ipsa quidem Religio vestra, ut columba mi-
tis, et humilis, et electa Domini, et specialis, pulchra
— 586 —
per totum aspicitur, omnem a se rugam enormitatis
abjiciens, et maculam difformitatis excludens, vigi-
lant i b u s illis, qui paternœ sollicitudinis in ea gerunt
officium, quod ibidem, nullae possint virorum spinae
succrescere ; ipsa florum honoris, et fructuum honestatis
immarcessibili polleat honestate. Propter hune etenim
sanctae operationis effectum nunquam Ordo vester
officio alienœ visitationis, vel correctionis indiguit....
Cum itaque nos, qui ex hujusmodi virtuosis actibus
spiritu in Domino exultamus claris agnoscamus in-
diciis dictum Ordinem esse aliis rectae vitœ spéculum,
et salutiferœ conversationis exemplum...
25.
Clemens IV qui ab anno 1 265 usque ad annum 1268
Pontificatum gessit. Epistola 281, ad S. Ludovicum
Francorum regem.
Cartusiensis Ordinis, cujus sinceritas in sui simpli-
citate non déficit, sed quasi lux splendens usque ad
diem perfectum crescit, (Proverb. 4. 19) Domino pro-
movente oblivisci non possumus, et de nostro affectu
alios sestimantes, quod amamus tenerrime, specialius
amicis commendamus.
Item alibi.
Religionis vestrœ meretur honestas, ut vos speciali
diligentes in Domino charitate, prosequamur gratia
Sedis Apostolicas, et favore. Pi a m affectionem vestram,
qua Régi cœlesti super omnia placere, ac in since-
ritate cordium deservire quaeritis, charitativa dilectione
complectimur.
Speciali gratia, et favore vos illa de causa dignos
potissime reputamus, quia toto cordis affectu ad hoc
semper intenditis, ut per sanctae conversationis et vitae
studium in conspectu Dei, et hominum placeatis.
— 587 —
Ad hanc sanc pulchritudinem mirabilem, qua splen-
det, et splenduit, quasi quadam varietate circumdata
pia Mater, retroactis temporibus, adjecit plurimum
Ordo vester a suis fundatoribus viris spiritualibus, et
tanquam adeps a carne penitus separatus, magno pa-
riter, et exacte consilio circumeisus : qui ab homi-
num separati consortiis, et ad vitae subsidia necessaria
satis paucis contenti, aquilarum more nidum suum,
in arduis posuerunt in pramiptis silicibus, et inaccessis
rupibus habitantes, deliciarum hortum squallentis ere-
mi solitudinem arbitrati : ubi lectionibus, orationibus,
et contemplationi vacantes, solitudine Marthx sepo-
sita, subsederunt ad pedes Domini cum Maria.
26.
Guillelmus de Braio Gallus, Cardinalis Tit. S. Marci,
anno 1263 ab Urbano IV. renuntiatus commissa-
rius Apostolicus, in rescripto pro Cartusia Angionis,
ita de Ordine Cartusiense.
Immaculata Ordinis vestri Religio, quœ velut lucerna,
non accensa sub modio, sed in vertice montium tan-
quam super candelabrum posita perlucide radios cla-
ritatis ostendit etc.
27.
Philippus Bergomas, in supplemento Chronicar. ad
annum 1084.
Bruno vir sanctus, et clarissimus Philosophus, at-
que Theologus, natione Teutonicus ex urbe Colonia
Rhemensis Ecclesias Canonicus, scholarumque apud
Parisium magister, iisdem temporibus cum in Galliis
legendo, scribendo et disputando clarissimus habere-
tur, relicto sœculo, et pompis ejus, cum septem viris
doctissimis in eremum Cartusias secessit, ibique Mo-
— 588 —
nasterio structo, propositum Monasticae conversationis
satis arduum, teste Vincentio Gallo Lib. 26. ibidem
instituit. Cujus sancti propositi Hugo Gratianopoli-
tanus Episcopus, qui ab eodem Brunone habitum
Monasticum accepit, auctor fuit.
Et paulo post.
Anno MLXXXIV. Ordo Cartusiensis in Galliis hoc
anno in Diœcesi Gratianopolitana a Brunone Theo-
logo viro sanctissimo initium sumpsit, qui Bernardo
teste inter omnes Ecclesiasticos Ordines primatum tenet,
non ratione temporis, sed rigorositatis et propterea
eum speciosissimam Ecclesiœ columnam appellat.
28.
Guillelmus de Elbura, alias de Yporegia, cognomento
Crassus, Cartusiœ Coloniensis Professus, in Tractatu
de Veritate perfectœ religionis — i3i3.
IdcircO Ordinem sanctum Cartusiag divina Miseri-
cordia adinvenit, in quo, et per quem, et sub quo
utraque vita, tam cœnobitica quam eremitica reducta
est ad suœ primariae originis puritatem, et ad anti-
quam institutionis Monasticae sanctitatem. In Ordine
enim Cartusiensi est communis, et cœnobiticœ vita? or-
dinata societas, quia omnia Monasteria totius Ordinis
dicti simul connexa sunt, et unita sub uno Priore
Cartusiœ, et sub uno Capitulo Generali, quod inde-
sinenter annis singulis in principali Domo Cartusias
celebratur, quorum providentia, et sanctis consiliis,
monitionibus, ordinationibus, visitationibus, et salu-
taribus institutis, totus Ordo, totiusque ordinis domus
reguntur, corriguntur, et diriguntur, et in sanctae re-
ligionis observantia conservantur. Ab eisdem Priore
Cartusiœ, et Capitulo Generali ad omnes et singulas
— 58g —
Provincias, in quibus sunt Monasteria Ordinis supru-
dicti, mittuntur Visitatores.
29.
Joannes XXII, ita Cartusianosalloquens scripsit. r33-|..
Actus vestros in Régis reterni beneplacito dirigentes,
exercitio virtutum cultui religionis intenditis, et per
devotarum orationum instantiam , salutem quaeritis
animarum, sicque propitiationera eœlestis gratiœ pro-
merentes ad aeternas beatitudinis bravium tenditis ,
tanquam benedictionis filiis repromissum.
Idem, in diplomate pro erectione Cartusiœ Boni-
Passus, cal. decembris i3i8.
Exultât in vobis Mater Ecclesia, quod vos spiritu
beatas considerationis inducti, supra fundamentum il-
lud, quod positum est, quod est Christus Jésus, ut
vobis non manu facta domus, sed œterna prœparetur
in cœlis, superaedirkabimini tanquam lapides vivi spi-
rituales Domos per lucra sanetorum operum, alta et
solida fabrica stabilitas, ei cui nunquam sine remu-
neratione servitur, phialas odoramentorum plenas, ut
^Christi bonus odor sitis, Deo per sedulam devotarum
orationum instantiam offerendo. Sicque desiderii pas-
siones, fulti divina? protectionis auxilio per observan-
tiam districtionis arctas reprimitis, quod virtuose de
saeculi fatigationibus triumphatis ; illius prœmii re-
cepturi mercedem, quod operariis in Evangelio Do-
minus pollicetur etc.
3o.
Clemens IV, qui anno r342 inauguratus est Pontifex,
et obiit anno i352.
Ad fructus uberes, quos Cartusiensis Ordo in agro
militantis Ecclesiae plantatus dextera Domini , velut
— ?oo — ■
arbor bona, produxit hactenus, et producit, conside-
rationis nostras oculos extendentes , et attendentes ,
quod dicti Ordinis professores mundo mortui soli
Christo, qui est vita, viventes, pro universali fide-
lium salute , incessanter ad Dominum preces fun-
dunt etc.
Prœinsignis Ordinis vestri sacra religio in agro Do-
minico divina dispensatione planta ta, ex sua? institu-
tionis exordio, per insignium meritorum gratiam, et
exemplaris vitœ doctrinam, uberes hactenus in uni-
versa Ecclesia honestatis, et salutis fructus protulit et
producit.
Innocentius Papa VI. creatus anno 1 3 52, qui Ave-
nionensem Cartusiam fundavit.
Inter cunctos Religionis Monasticœ professores, qui-
bus veluti rutilantibus margaritis militans coruscat
Ecclesia, vestri Cartusiensis Ordinis candidi Nazaraei
splendore illustrant eximio Ecclesiam memoratam. \ itae
siquidem munditiae nitidi, fervore charitatis igniti, ri-
gore abstinentiœ pallidi, et austeritate pœnitentiœ ma-
scerati, mundo mortui, Christo vivunt. Hi Marthae
circa frequens ministerium satagentis, quo turbabatur
erga plurima, sollicitudinem fugientes, per contempla-
tionis altitudinem sedent ad pedes Domini cum Maria.
Hi amicam mœroribus solitudinem eligentes per com-
punctionis lacrvmas, et pro suorum, aliorumque fide-
lium remissione peccaminum , incessabiles fundunt
preces.
— ^Qï —
32.
Franciscus Petrarcha. Epist. ad Sodalitatem Magnas
Cartusiœ, Libris de Otio Religiosorum apposita,
Tom. I.Oper. Basilece editor. per Sebastianum En-
riopetri, fol. 2q3. Obiit anno i3j4.
Veni ergo in Paradisum, vidi Angelos Dei in terra,
et in terrenis corporibus habitantes, suo tempore ha-
bitaturos in cœlis, et ad Christum, cui militant, ex-
acto praesentis exilii labore venturos. Qui priusquarà
vos formaret in utero, novisset, et sanctificasset, et
prœdestinasset in numerum electorum, nequaquam
hoc vobis rectum, et compendiosum iter, et a mundi
devio semotissimum ostendisset. Sed ne quid hic
plénum sperem sancto illi gaudio, quod ex vestra
conversatione percepi, sola brevitas adversata est, vix
verendos vultus aspicere contigit. Nunquam mihi
brevior lux, nunquam velocior nox fuit. Dum reli-
giosissimam illam Eremum, templumque contemplor,
dum devotum silentium, et Angelicam psalmodiam
stupeo, dum vos hinc omnes, hinc singulos mire, et
humani more animi, depositum opus, vos perdulce
meum pignus amplector, inque multum ex optatis
germani optimi, atque vinci colloquiis acquiesco, non
sentienti mihi totum illud exiguum témpus effluxit,
verba nectendi , collegandique animum facultas dé-
fait. Unum quoque continuum obsequium, et charitas,
non illa communis, quam in Christo cunctis hospi-
tibus exhibetis, sed singularis quidem, atque praefer-
vida me sollicitum habebat, nec mea longior mora
divinis laudibus, vestroque proposito forsan ofïïceret,
et festinare abitum monebat. Insuper et confabulatio-
nes cum singulis jucundas et brèves, quibus hue illuc,
sed sempèr in idipsum, sacra et sobria voluptate ra-
— DÇ)2 —
piebar, cursum continuée orationis arcebant, oblivio-
ne omnium injecta, nisi eorum, quae vicissim ex ore
nunc hujus, nunc illius, veluti totidem ccelestibus
oraculis erumpebant etc.
Et alibi.
Ordo Cartusiensis est, quem nemo deceptus, nemo
invitus intrat, in quo nullus perseverare fictus potest.
33.
Bonifacius IX. qui creatus fuit Pontifex Romanus
anno 1389. Ad Cartusianos.
Sacrosancta Romana Ecclesia , Mater cunctorur.i
fidelium, et Magistra in agro virtutum vestri Ordinis,
cui Altissimus benedixit, et in décore Sancta? Religio-
nis, sub qua mundanis abjectis illecebris devotum, ac
sedulum exhibetis in Domino famulatum, exultât, et
jubilât, praesertim dum prospicit ad alta virtutum,
gradibus per exercitationem bonorum operum, et prae-
clara sanctitatis mérita procedentes, trahitis ad divi-
num obsequium alios per exempla, vitam ducendo
piissimam, ac fréquenter divinis laudibus, ex quibus
divinœ gloria Majestatis extollitur, devotissime insis-
tendo, et huic mundo mortui, ac Domino nostro Jesu
Christo, qui est Vita, viventes, pro universali salute
fidelium ad Dominum preces funditis incessanter. Pro-
pter quod vestrum eumdem Ordinem, quem erga nos,
et praedictam Ecclesiam devotionis charitate perlucere
conspicimus, intra claustra nostri pectoris paternis
affectibus contemplantes etc.
— r>cp —
34.
Henricus do Kalkar cognomento iEger. In libell. de
ortu et progressu Ord. Cartusiens. pag. 8. — 1408.
Bruno data sibi benedictione per Papam Urbanum,
adiit Calabriam, ubi, et evangelizans illis partibus sen-
tentiam damnationis, quam audivit Parisiis, Dei dono
multos convertit, ex quibus tandem Congregationem
sanctam, sicut in Cartusia, in Eremo, cui nomen
Turris, instituit : fecit et advertantibus verbis et factis
saepe monita salubria, et signa solatiosa satis.
Et alibi.
Acceperant autem Fratres ipsi pro exercitio regulari
vitam de Actibus Apostolorum post Ascensionem Do-
mini, viventes scilicet in communi, vacantes etiam
vigiliis sacris, jejuniis, et orationibus, expectantes et
ipsi, sicut et adhuc posteri eorum quilibet, vitae suae
terminum, prout Apostoli Sancti Spiritus adventum.
35.
Anonymus in Historia Ordinis Cartusiensis, ex Co-
dice Ms. S. Laurentii Leodiensis ab Edmundo Mar-
tene Monacho Benedictino e Congregatione S. Mauri
edit. Tom. VI. Veter. scriptor. pag. i53. — 1420.
Bruno Doctor famosus , magister, et Doctor sacras
Theologia?, vir magna- sanctitatis et profundi sensus,
natione Teutonicus, de Civitate Colonia, non obscuris
parentibus natus, Rhemensis Ecclesiœ Canonicus, et
ibidem scholarum magister et rector etc.
Et post nonnulla.
Magister igitur Bruno, vir sanctissimus, et gemina
scientia prai-ditus, tam divina scilicet quam humana clo-
us
— 594 —
quentia Tulliana prœclarus, discretione ac devotione
morumque excellenti honestate prœfulgens, cœlesti uni-
que virtutum copioso thesauro ditatus, atque dotatus,
Deo , et hominibus dilectus , atque gratus, Eremum
Cartusias sex annis rexit.
36.
Martinus V. Pontifex, in Bulla qua exemit Cartusianos
a solutione decimarum et primitiarum. — 143 1.
Fons parvulus, qui crevit in fluvium, et in lucem,
solemque conversus, in aquas plurimas redundavit,
Cartusiensium est Ordo perlucidus, quia in sui ortus ex-
ordio, parvus et humilis, abjectione habitus, tenuitatis
substantia, humilitatis professione, ac numéro professo-
rum, sub fontis similitudine non indigne describitur,
cui diversarum ille proprietatum conformitate respon-
dens, non immerito comparatur. Hic enini fons est
hortorum irriguus, cœteras irrigans Religiones, et Or-
dines, ac exemplis salubribus scaturitans. Hic est fons
amcenus varietate virtutum, prœclarus munditiœ puri-
tate, pietate patens, indeficiens sanctitate. Horum copia
meritorum illustratus, ita nomen fontis ampliavit, ut
fluvius esse censeatur : Cujus professio laudabilis, de
virtute in virtutem progrediens, ut Deum Deorum in
Sion videat, universalis Ecclesice laetificat Civitatem, in
qua per meritorum evidentiam, claras lucis splendorem
adeptus, quasi Stella matutina refulget in medio nebulœ.
Hujus siquidem Ordinis sacra Religio, a suae institu-
tionis auspiciis, quasi déserta et invia, paucis adhuc
initiata cultoribus, tandem honoris, et honestatis fructus
parturiens, ramos suos, ramos quidem honoris, et gra-
tiae generationes germinans, religionis sinceritatem, et
austeram vitae continentiam ampliavit etc.
— 5()5 —
3t.
Joannes Gerson Cancellarius Parisiensis. Lib. de absti-
nentia a carnibus. — 1429.
Apud Venerabiles Cartusienses reperitur, sicubi in
Ecclesia quicquam vestigii reliquerit, praedicanda illa
pristinorum Patrum devotio, admira bilisfervor, et con-
tinentia incredibilis pêne.
38.
Anonymus Cartusiensis Vallis Dei, Diœc. Sagiensis. Lib.
de Religionum Origine, edit. ab Edmundo Martene
Tom. VI. Veter. scriptor. ubi de origine Ordinis Car-
tusiensis. cap. xv. — 1455.
Cartusiensium Ordo sanctissimusab eotempore sum-
psit exordium, quo ab Incarnatione Christi Filii Dei
benedictiannusmillesimusoctogesimusquartus volveba-
tur, per Brunonem virum sanctum, ac scientia theorica,
cunctorumque liberalium artium proepollentem dis-
ciplina, natione Alemannum , de Colonia Agrippina
oriendum, et sex alios venerabiles viros ac reverendis-
simos in theorica facuitate magistros, et in aima Uni-
versitate Parisiens! degentes, qui divino Pneumate
inspirati , sœculum fugi entes déserta loca petierunt,
Christo deinceps militaturi.
Ordo iste B. Bernardo teste, inter omnes ecclesiasticos
Ordines primatum tenet , non ratione temporis, sed
rigorositatis. Unde ipse eum vocat speciosissimam nostri
aediricii , structurœque spiritualis columnam. Verum
quia propter nimiam austeritatem etc.
In hoc Ordine floruerunt et adhuc florent, imo ma-
gis fructificant, non dubito, multi, quorum plurimi soli
Deo cogniti, in cellulis corpore voiuntate inclusi, quo-
tidie cœli sécréta in sancta contemplatione suspensi
— 5()0 —
rimantur, saepiusque, ni fallor, non solum cum cœli
civibus, sed et cum ipso Rege glorire familiariter lo-
quuntur. Quantos autem viros illustres, probos, et san-
ctos, ac titulo dignos haec nobis genuerit Religio, quis
enumeret ?
Et cap. xvi.
Sed et legisse me memini quindecim sanctos esse,
vel fuisse in Ordine; quatuor videlicet Episcopi, novem
Monachi et duae Moniales extiterunt, quorum nomina
et gesta habentur et miracula declarantur.
Quis novit quanti sint in Ordine isto sancto? Puto
Deus solus, qui novit omnia ; et quamvis eorum san-
ctitas per miracula minime declaretur, non minus tamen
sancti sunt, qui ipsius Ordinis sacras traditiones ser-
vantes in Dei amore, et proximi persévérant; quoniam,
ut ait quidam, miracula non faciunt hominem sanctum,
sed ostendunt.
39.
S. Antoninus Archiepiscopus Florentinus. II Part. Hi-
storiar. Tit. XV. cap. xxn. § 11. — 1459.
Certe valde venerabilis est ista Religio Cartusiana,
quas usque in prœsentem diem servat rigorem suarum
observantiarum per annos circiter 400. Austera siqui-
dem est in multis : in abstinentia quidem, quia prolixa
jejunia, sextis omnibus feriis in pane, et aqua : ab esu
carnium semper abstinent, etiam in gravissima infir-
mitate : ita ut, qui eis vesci voluerit, amplius in clau-
sura cum reliquis non valeat permanere. Quoad vesti-
tum, quia semper cilicio induuntur ad carnem. Quoad
solitudinemquianunquam exeunt,exceptisPrioreet Pro-
curatore, et in cellis suis soli manentcum arcto silentio.
Yigilias magnas habent, propter prolixitatem ofHcii etc.
5Q7
Et cap. xxiit. 5- item n.
Omnes autem praefatne Religiones Monachales, et
Regulares, quce cum magno fervore, et vitae sanctimo-
nia initium habuerunt, minima négligentes traditionum
paternarum, in processu temporis paulatim defluxerunt,
et exinanitae sunt usque ad fundamenta in eis, vota sci-
licet substantîalia : Excepto Ordine Cartusiense, qui
adhuc in suo vigore persévérât.
40.
Thomas a Kempis Canonicus Regularis Ordinis S.
Augustini in diœcesi Coloniensi. De vita Gerardi
Magni. — 1 47 1 .
Eo tempore mundi status in maligno videbatur un-
dique positus, ita ut pauci essent, qui verbum vitas, mo-
ribus, ac vocibus prcedicarent, pauciores vero, qui con-
tinentiam sectarentur, et quod dolendum erat, nomen
sanctas Religionis , et status devotionis , pras inopia
spiritus a Patrum praecedentium vestigiis nimium clau-
dicabat. Apud Cartusienses vero lux vitae cœlestis, re-
mansit occulto, et carnalibus videbatur satis austera, erat
tamen Deo gratissima, et spiritu ferventibus optabilis,
atque jucunda.
4..
Dionysius Rikelius Lib. de Praecon. Ord. Cartusiens.
Art. 11. — 147 1.
Agnitum plane, atque ïamosum est miraculum illud
resuscitati Parisiis mortui, in Theologia Magistri facie
tenus virtuosi : grandique morum venustate forinsecus
decorati etc.
- 598 -
42.
Alanus De Rupe, Dominicanus. Multas insignes prœ-
rogativas Ordinis Cartusiensis, sic prosequitur in
Lib. de Utilitate Psalterii B. Virginis. — 1464.
Gaude, et lœtare o Religio Cartusiana.
1. Tu enim sacrosanctae Romanae Ecclesias filia es
prœdilecta.
2. Tu pietosissimis privilegiorum monilibus per eam-
dem matrem prœfulges exornata.
3. Tu a tempore primœ nativitatis tuœ , nunquam
maculam in gloriam tuam per deformitatem nosceris
dédisse.
4. Tu de fonte purissimas veiïtatis divinarum laudum
carmina immédiate, et immutabiliter semper et potasti,
et conservasti.
5. Tu animabus dei'unctorum largissimas tuas elee- '
mosynas singulis horis in orationibus tuis non desinis
impartiri.
6. Tu integrum, vêtus et novum Testamentum sin-
gulis annis per Ordinem auribus filiorum tuorum
inculcare dulciter non cessas.
7. Tu in semitis naturae, quœ non déficit in neces-
sariis, nec abundat in superfluis, indefesse incedis.
8. Tu ostiolum tuum, ne pedes mulierum illud te-
rant, caute proeservas.
9. Tu fidem pudicitiie per jugem inclusionem imma-
culatam gaudes conservare.
10. Tu thesaurum pretiosum paupertatis cum casteris
essentialibus Religionum inviolabiliter observare com-
probaris.
1 1. Tu tam in capite, quarn in membris aequaliter, et
rationabiliter omnia necessaria distribuere non cessas,
sine personarum acceptione.
— 599 —
12. Tu propter altissimi Creatoris tui amorem, esui
carnium perpetuo abrenunciasti.
i3. Tu asperrime vestium, ciliciorum, ob amorem
passionis Christi, incessanter affiigi non récusas.
14. Tu vigiliis, jejuniis, orationibus carnem tuam
mortificare suis cum concupiscentiis non rel'ugis.
i5. Tu in silentio, quiète, et solitudine cellae, Crea-
tori, cubiculum cordis tui per dulces meditationes prae-
parare delectaris.
16. Tu evagandi materiam per saeculum,ob arctiorem
tui eustodiam, stabilitatis voto,strictius tuis interdixisti.
17. Tibi e cella in ccelum facilis patebit ingressus,
dummodo jurium cellae diligens fueris observatrix.
43.
Arnoldus Bostius Gandavensis in Flandria , Carmeli-
tanus, in Lib. de Viris Illustribus Ordinis Cartu-
siensis, ubi de Hugone de Vecordis Cartusiae Vallis-
gratiae Professo. — H99-
Sane desinet ex nunc Ordinem tuum Cartusianum,
Paradisi vestibulum, Cœli lumen, Deo Opt. Maximo, sed
et bonis omnibus gratissimum rusticae tantum simplici-
tatis arguere, cui videlicet superficie tenus praesens vi-
dere licebit opusculum. Plantatio enim Dei est, quae ut
vinea Domini Sabaoth jam excrevit in immensum; et
tam multipliées fructus l'ecit, ut jam nemo possit, qui
non proiicit, nisi negligentiam suam accusare. Nec mi-
rum, cum probitas omnigena radicibus ejus tam incocta
sit, ut per tam longa temporum 400 et amplius anno-
rum spatia nec per mala hujusce vitae contagia enervari
potuerit. Hinc solus prae caeteris Flos Monastici germi-
nis, decus atque ornamentum vitae spiritualis, et Ordo
non lapsus peculiari quodam jure, ac plane optimo
compellatur.
(-)OO —
44-
Polydorus Virgilius. In libris De Rerum Inventorib.
Lib. VII Cap. in pag. 421. — J499-
Et adCartusianos veniamus, quorum exordium inci-
dit in anno salutis 1080. Quidam enim singulari do-
ctrina nomine Bruno homo Coioniensis cum Lutetias
Parisiorum Philosophiam profiteretur, contigit, ut ami-
cum quemdam bonis moribus prœditum, et vita jam
privatum, priusquam ad sepulturam daretur, audire vi-
sus sit clamantem : Justo Dei judicio damnatus surn,
et ea re motus e vestigio cum sex aliis pari miraculi
eventu territis, Eremi déserta quaeritans pervenerit in
Diœcesim Gratianopolitanam (est Celtica Civitas) ibi-
que locum optaverit, cui hodie Cartusia nomen est,
quem ei assignandum curavit Hugo Gratianopolitanus
Episcopus.
45.
Joannes Mauburnus Livriacensis Monasterii Abbas in
Speculo Exercitiorum spiritualium, Roseto nuncu-
pato Tit. 2. Alpha 8. § ni. in fine. — i5oo.
Si in singulis Domibus per singulos annos in Visita-
tione, excessus tam in capitibus, quam in membris
rite corrigerentur , non tanti defectus, et scandala,
aut dissolutiones suborirentur. Impunitas namque ex-
cessum incentivum praestat, et ausum vitiorum. Patet
istud in Sacra Cartusiensium Religione, quœ maxime
stetisse invenitur praster caeteras Religiones, ob stre-
nuam, ut fertur, Visitationum observantiam juxta il-
lud :
•■ Per tria Sil, Sol. Vi, Cartusia permanet in vi. »
— t)Ol
Et §. vi.
Ideo nonnulli Religiosorum Ordines prce casteris
deformius ruerunt, quod non satis se inter limites
continentue, et abstinentiic continuerunt. A qua eva-
gationequia celebratissimus ille se Ordo Cartusiensis,
et reliquis occasionibus sibi prœcavit, idirco adhuc in
primitivo suo flore quotidie efflorescit.
46.
Joannes Nauclerus T. II. Chron. Gen. xxxvn. — i5oi.
Fuit Bruno Teutonicus, ex Colonia natus, Philo-
sophice atque sacree pagina? Doctor clarissimus, Rhe-
mensis Ecclesia; Canonicus, et Scholasticorum Pari-
siis Doctor dissertissimus etc.
47-
Wernerus Laerius Cognomento Rolewinck. In fasci-
culo Temporum sexta aetate mundi, ad annum Chri-
sti 1084. — 002.
Ordo Cartusiensium chirissimus inecepit hoc tem-
pore per Brunonem, virum sanctum, natione Alema-
num de Colonia Agrippina, Magistrum in Theologia,
cum sex aliis venerabilibus viris in Diœcesi Gratia-
nopolitanensi. Hic Ordo (teste B. Bernardo) inter
omnes Ecclesiasticos Ordines primatum tenet, non
ratione temporis, sed rigorositatis. Unde ipse vocat
eum speciosissimam columnam Ecclesia?. Verum quia
propter nimiam abstinentiam paucis portabilis erat,
et ne diu parvus maneret, postea ab Ecclesia mo-
deratus fuit ; nec unquam a sancto proposito cecidit,
singulariter a Spiritu Sancto prœservatus usque hodie.
Ô02
48.
Petrus Dorlandus in Iib. I Chron. Cartus.'cap. 1. — 1 507.
Hic Bruno Coloniœ Agrippinae generosus Municeps
nobilitatis lampade clarus, et pectoris gloria longe
clarissimus, quasi refulgens Lucifer inter instra pro-
micabat. Hujus a cunabulis Mater Sapientia lactaverat
infantiam, et semper edocuit ad meliora proficere.
Hic etiam, dum puer esset, nihil puérile gerebat in
opère, sed quasi futurae Religionis spécimen ostentans,
plurium Monachorum Institutor a Domino parabatur.
O vere perfectissimum saecularem, cujus imitatorem
fieri cupiebant viri etiam spirituales! Huic nihil aliud
fuit vivere, quam Christum cum dilectione timere, et
cum timoré diligere. Cujus qui vestigia sequebatur,
tendebat ad gloriam ; divertens autem, mergebatur ad
flammam. Accrevit huic viro egregio tantum in gym-
nasiis Parisiensibus lumen, ut inter primos Philoso-
phos prœcipuus haberetur, et inter Theologos ac Ca-
nonistas 'opinatissimus.
49-
Albertus Grantzius Hamburgensis Decanus. In Metro-
pol. Saxon. Lib. 5. cap. 19. — 1517.
Circa hujus quoque Pontificis S. Gregorii VII tem-
pora initium fuit Cartusiensium in Burgundia Diœcesi
Gratianopolitana, sub Brunone Coloniensi inchoatore
viro sacris litteris doctissimo, qui ipse septimus ac-
cessit ad Hugonem loci Episcopum, exponens sancti
propositi devotionem, ut i 1 le opem ferre, et locum
permittere, ci auctoritatem dignaretur interponere, at-
que impetravit amplius quam postulavit, non solum
enim quod petivit, obtinuit, sed illum ipsum Ponti-
ricem meruit sacri Ordinis habere consortem. Incre-
— Oo;> —
di bile dictu, quam brevi res nova coaluit, quam
viriliter inchoata duravit, nul la per annos 400 indi-
gens reformatione, ut caeteri omnes collapsi paula-
tim ; sed severa Patrum industria, et crebra visitatio,
et silentium cum solitudine, hoc illi miserante Deo
praestitit, ut concepium fervorem non intermittat in
universum. Possunt membra diffluere pro humana
fragilitate, sed Ordo perstat immotus. Hoc ergo, quod
Ecclesia persentit in cœteris detrimentum, redditum
est illi ad incrementum devotionis in Ordine novo
cui similis alius in Ecclesia non extat per rigorem,
per austeritatem, per observantiam sedulam.
5o.
Joannes Tritemius Abbas ex Ordine S. Benedicti. In
Chron. Monast. Hirsaugien. pag. 108. ad annum
Christi 1086. — 1 5 j 9 .
Hoc ipso anno, Ordo Cartusiensis in Diœcesi Gra-
tianopolitana fundari cœpit, quod sic accidit. S. Hugo
Episcopus tune Gratianopolitanus vidit per somnium
in solitudine Cartusia? Deum suas dignationi habitacu-
lum construentem, stellas etiam septem ducatum sibi
praestantes itineris. Et ecce sanctitatis ejus odore attra-
cti ad ipsum veniunt septem viri, qui omnes uno
desiderio succensi, locum vitae eremiticae congruum
quœrebant, nec dum repererant. Horum primus fuit
Bruno ex Colonia Agrippina oriundus, Magister, in
Theologia, Parisiensis, vir autem religione scientiaque
litterarum famosissimus ; alii quatuor litterati, et duo
laici, quos S. Hugo gratanter suscepit, et voti com-
potes fecit. Ipso namque consulante, adjuvante et co-
mitante Cartusiae solitudincm intrantes, mansiones suo
proposito necessarias construxerunt.
b04
5i.
Paulus iEmilius Veronensis, lib. V. de Reb.Gest. Fran-
corum. — 1 52q.
Orti sunt Cartusienses anno salutis 1084. Conditor
eorum extitit Bruno Civis Agrippinensis, Rhemorum
Canonicus, idem et scholarum Rector. In finibus Gra-
tianopolitanorum Eremo ad incolendum délecta, Hu-
gone ejus Civitatis Pontifice viro sancto.
52.
Joannes Tillius in Chron. De Rébus Francorum ad an-
num Christi 1084. — i5jo.
Initîum Ordinis Cartusiensium, auctoribus Brunone
Agrippinensi Cive, scholarum Magistro, Rhemorumque
Canonico, et Hugone Gratianopolitanorum Episcopo.
53.
Surius. Vita Sanctorum. VI Octobris. Canonizatio, ut
vocant, S. Brunonis carminé conscripta. — 1578.
Papa Léo, gestis et majestate verendus,
Cardineis patribus celebri circumdatus actu,
Certior est factus, quam sancte vixerit olim
Bruno, quod obsequium, dum vixit, praestitit Urbi :
Quodque per hune cultu divino Ecclesia crevit:
Hujus et audierat certo miracula quœdam.
Propterea votis Patrum concordibus illum
Retulit in divos : festum concessit eidem
Octobris sexta celebrari luce quotannis :
[Illo nempe die moriens ascendit olympum]
Erigere huic statuas, ac œdincare sacella
Permittens : super his confecta Diplomata confert.
Ordinis hase nostri mater Cartusia servat,
Inter Romani multa instrumenta senatus.
— 6o5 —
54.
Papirius Masson. In Annalibus secundo Lutetiae editis
anno 1 578.
Anno 1086, Ordo Cartusiensium in Gallia ortus est.
Cartusiani appellantur a Cartusia Monte juxta Gratia-
nopolim Allobrogum, ubi Bruno tranquillam sedem
sibi delegit, Bruno, inquam, non ignobilis Theologus,
ut monumenta ostendunt. Ex Chronico Sigeberti, patria
Coloniensem illum fuisse scimus ; ex Canonico Rhemen-
si,ac scholarum Magistro^Princeps Monachorum factus
est, Landuino Italo, et aliquot praeterea sociis.
55.
Stephanus Salazarius Xeresanœ in Hispania Cartusia;
Prior integerrimus, lib. de Christi Salvatoris Genea-
logia in Epistola praeliminari, edit. anno 1584.
Adeo Religio, pietas, rerum visibilium et tempora-
lium neglectus, propria? voluntatis abnegatio, et resi-
gnatio animi a rerum omnium transeuntium, et interi-
turarum umbris abdicatio, et reliquœ virtutes in majori
Cartusia efflorescunt, ut quicumque eam viderint, jure
testentur, nullum esse in Ecclesia Catholica Monaste-
rium, in quo hac œtate magis vigeat disciplina, et ob-
servantia regularis. Quo fit, ut cum ex lapsu, et ruina
Monasteriorum, qux- suis Ordinibus erant capita Ordi-
nis Monastici, labefacti sint, atque corrupti, sola Car-
tusia steterit, primis Patrum suorum institutis et passi-
bus insistens.
Et insuper.
Habitant penitissimam Alpium Sabaudicarum soli-
tudinem usque adeo rigentem et perpetuis nivibus ob-
ductam ut decantata il la nivium,et antiqua sanctarum
— 6o6 —
Ascetarum Scythiœ, pro hac Eremo pro temperatissi-
ma, et amœna regione haberi possit. Vestis etiam inti-
ma illis ex sacco, dira subtus ad carnem cilicia, victus te-
nuis panis cibarius ex siligine, somnus modicus, vigiliae
immensae, et quœ solemnioribus diebus ad horas qua-
tuor cantando protrahantur etc.
56.
Eminentissimus Cœsar Baronius. Annal. Ecclesiast.Tom.
XI, ad annum 1086, n. xvi — 1606.
Hoc itidem anno, Cartusiaî solitudo cœpta est habi-
tari a S. Hugone Episcopo Gratianopolitano, sanctoque
Brunone auctore sancti Instituti, ejusque sociis, ex quo
loco, et nomen accepere, ut Cartusiani monachi dice-
rentur etc.
Et ad annum 1092, num. xrr.
Hoc eodem anno, qui sextus, ut vidimus superius,
numeratur incolatus sanctorum monachorum in Car-
tusia : Urbanus Papa accersivit ad se ex eadem Cartu-
siana solitudine S. Brunonem ejus Instituti auctorem,
quem jamdiu antea coluisset , invitumque licet diu
apud se retinuit, ejus opéra usus in Conciliis celebrandis,
usque ad Placentinum Concilium quo celebrato vix
missionem obtinuit ab eo in Gallias profecturo, cum
jam usque ad triennium apud eumdem Pontificem per-
mansisset. Nonagesimo autem quinto post millesimum
ab eo recedendi obtinuisse licentiam. ejusdem Brunonis
vitse acta testantur; sicque ad optatam eremum rediisse,
non tamen in Cartusiam, ne ita Pontificem proficis-
centem in Gallias sequeretur, sed in Calabriam, ubi
Cartusianum propagavit Institutum.
— boy —
Et ad annum ioq5, n. lu.
Ipse auiem S. Bruno aliquandiu retentus ab eodem
Urbano Pontifice, celebrato hoc anno Concilio Placen-
tino, ab eodem dimissus, et in eremum abire permissus
abiit (utdictum est) in Calabriam, ubi liberalitate Rogerii
Ducis, nobile erexit in Squillacensi Regione monas-
terium.
Et ad annum 1 101 , n. xiv.
Ad extremum autem illustratur prassens annus obitu
S. Brunonis Cartasientium patriarchae, qui optimo fine
bene institutam vitam felicissime consignavit
quem ipsum plurimis illustratum miraculis, venerandum
suscepit Ecclesia.
Thomas Bozius Congregationis Oratorii presbyter. Lib.
XXII. de signis Ecclesiae, cap. ni. signo xxxv. pag.
io3/, edit. Colon. — 1607.
Solitariî quidam cœlus auctore B. Brunone excitati
sunt sub anno 1084. Quanta vero sit illorum laus e
quinque perspici potest etc. Bruno itaque Coloniensis,
vircœlo delapsus, cœtus talium hominum solitariorum
primus ab orbe condito ausus est instituere, maxima
Germanicae nobilitatis laude; ut essent scilicet, qui ab
omnibus rébus terrenis abstracti, toti in rerum divi-
narum contemplationc, et obtutu defigerentur. Quam-
vis Romualdus etiam hoc sit aggressus, sed non tanto
ut apparet, vel exitu, vel conatu. Hoc autem Bruno
féliciter est aggressus, ut non in Cartusia sola (agri Gra-
tianopolitani loco) hoc perfecerit, verum etiam in An-
glia, reliqua Gallia, Germania, Italia, Hispania, aut si
quas sunt alias regiones, quœ conventus babeant hu-
jusmodi virorum celeberrimos. Neque vero una astate,
— ho S —
aut saeculo id i lie divino est minière assecutus, ut insti-
tuai sui pluriir.os diversis in locis imitatores habuerit :
Sed quinque jam sascula exacta numeramus, quo tem-
pore innumeri prodierunt tantae laudis viri ex Ordine
ipsius. Hinc factum est, ut pauci Ordines religiosorum
sint, qui tôt e suis ciere possint, a quibus adeo cœle-
stium contemplandorum ratio sit illustrata, ut a scrip-
toribiis Cartusianis.
Et paulo post.
Juri attribui posse videtur Cartusianorum familiis,
quod nunquam siceorum mores a primaeva institutione
sunt collapsi, ut eorum leges in deteriorem faciem,
ne dum vivendi normam, sint immutatae. Quod multis
Ordinibus non ita contigit, qui longe ab antiqua pu-
ritate, vel saltem vitag austeritate visi sint deflexisse.
58.
Antonius Possevinus Theologus. In apparatu sacro,
lib. V. cap. Lin, pag. 23o, edit. Colonien. apudGym-
nicum. — 1 6 1 1 .
Cartusiani velut novae cohortes prodierunt in cam-
puni , et animas plurimorum e laqueis diaboli in
sanctam Domini libertatem, vel vita, vel voce, vel as-
sidua ad Deum oratione adservarunt.
59.
Ex tom. X Histor. Conciliorum Parisiis editorum ann.
1 67 1 . Opéra RR. PP. e Societate Jesu nempe Phi-
lippi Labbaei, et Gabrielis Cossartii, ad ann. 1088.
pag. 421. in Vit. Urbani II.
Brunonem Cartusiani Instituti auctorem, sexto anno,
quam illesolitudinemCartusianam incoluisset,(Urbanus
II) ad se arcessivit, biennio apud se retentum dimisit
— ()()() —
anno Domini ioq5, quando ab eodem Urbano disce-
dens in Calabriam profectus, Institutum suum pro-
pagavit.
60.
Carolus Joseph Morotius ex S. Bernardi Familia. In
Theatro Chronologico sacri Cartus. Ordinis, ann.
1681. publicato, pag. 1.
Primordia Cartusiensis Institutionis ab ipsis rétro
incunabulis deducturo, opéra? pretium est conversionem
S. Brunonis ejusdem auctoris pramiittere, qui Colo-
nise Ubiorum natus, Theologus consummatissimus, et
vir sanctissimus, e Canonico ad sanctum Cunibertum
ad Theologiam Rhemis profitendam evocatus, cum le-
gendo, scribendo, ac disputando clarissimus haberetur,
aurœ secularis declinandœ ergo, Gratianopolim secessit,
et latebras expetiit asperrimos intra montes ( Cartusiam
indigenae vocant) , a quibus novercali naturœ illiberali-
tate cuncta humanae vitce solatia exulant, juga nivium
hyemem nunquam exuunt, ac feris inaccessa , invia
quoque hominibus censebantur.
61.
Natalis Alexander ex Ordine Prœdicatorum. In Histor.
Eccles. Edit. Parisiis 1699. Tom. VI. Saecul. XI et
XII. cap. v. art. 8. p. 509. — 1682.
S. Bruno, Colonia? Agrippinœ natus, Rhemensi Ec-
clesiae Canonicus, et Scholarum Magister, Ordinis Car-
tusianorum institutor, cum sex annis Cartusiam rexis-
set, vocante Urbano II. Pontifice maximo, cujus olim
proeceptor fuerat, Romam perrexit, et eumdem Ponti-
ticem solatio, consilioque suo in Ecclesiasticis negotiis
juvaret. Sed cum tumultus, et mores Curiœ ferre non
posset, cara? solitudinis et quietis amore flagrans, re-
39
(JIO —
licta Curia, Regiensi etiam Episcopatu recusato, in Ca-
labriœ eremum, qui Turris nomen est, secessit, ibique
sociis plurimis postmodum congregatis solitariae vitas
propositum quamdiu vixit, exercuit.
Et ib. cap. vu. artic. 8. pag. 586.
Angelicus Cartusiensium Ordo , a sancto Brunone
Rhemensis Ecclesias Magistro, et Cancellario, in rupe
altissima et asperrima Gratianopolitano Diœceseos, cui
Cartusiœ nomen, coadjuvante S. Hugone Gratianopo-
litano, institutus est ann. 1084. ut colligitur ex Gui-
gone Priore Cartusiensi etc.
62.
Joannes Mabilkmius Ordinis S. Benedicti Congrega-
tionis S. Mauri Tom. V. Annal. Bened. edit. Lucen.
Lib. lxvi. n. 63 et sq. — 1 685.
Bruno ex urbe Colonia haud obscuris ortus pa-
rentibus, ibidemque factus Clericus, in civitatem Rhe-
morum accessit adolescens, ibidemque consedit
Dein Pontificatu Gervasii Canonicus , et Scholarum
Magister , seu magnorum studiorum Rector, moxque
Cancellarius factus est Rhemis egressus cum sociis,
consultis inter eundum spiritualibus viris, Hugonem
eximiœ sanctitatis Gratianopolitanum adiit : qui sep-
tem stellarum visu, et indicio cœlitus de eorum ad-
ventu praemonitus, accedentes paterno complexus amo-
re, asperrimos Cartusias Montes eis ad habitandum
concessit. Mox eo se contulere generosi Christi Milites
paulo ante festum S. Joannis Baptistx, ubi extructo
in honorem Deiparœ Virginis Oratorio , in separatis
cellis, totidem cavernis, et speluncis habitare, et celes-
tem vitam agere cxperunt, Brunone Magistro, ac Duce,
qui identidem in alium locum maxime horridum sece-
— 6 1 1 —
dere consueverat. Hœc initia, et cunabula fuere sacrae
illius Domus, quœ a situ Cartusia dicta est, cœterisque
ejusdem familiae locis nomen dédit, major ad discri-
men aliorum appellata. Hœc, inquam, origo sacri illius
Cartusiensium Ordinis , qui veterum Anachoretarum
fervorem in Occidente excitarunt.
63.
Et n. LXV. mores eorum describens.
Ad Ecclesiam non horis solitis, uti apud claustrales,
sed certis conveniebant. Ciliciis induti erant ad cutem,
casterarum vestium multa apud eos tenuitas... Domi-
nica die ab œconomo panem accipiebant, et legumina,
quod unicum pulmenti genus in cellis suis singuli co-
quere poterant : aquam autem ad potum, caeterosque
usus ex ductu fontis, qui singulorum cellis per occul-
tos meatus influebat. Pisce et caseo, Dominicâ et solem-
nioribus festis. in communi refectorio utebantur... Vi-
num si quando bibebant ita dilutum erat, ut vini
saporem fere omnino amisisset. Paupertatis quam ma-
xime amantes etc. Tanta porro piorum illorum homi-
num religio omnes in eorum admirationem ita çom-
movit, ut ad eorum imitationem certatim concurrerent
virorum, fceminarumque grèges, immo decennes, et
undecennes infantuli, qui longe supra vires ardua quœ-
que subire contendebant.
Et alibi passim LXVII. num. xcn. ad ann. 1090.
Eodem tempore quo natus est Bernardus, Bruno Car-
tusiœ Majoris primus Institutor ab Urbano II. qui
ipsius apud Rhemos discipulus fuerat Romam evocatur,
ut ejus consiliis in Ecclesiœ moderamine uteretur. JEgvG
hanc dicessionem tulit novellus grex tanti pastoris so-
latio destitutus ; cunctisque, eo absente, intolerabilis
visa est Cartusiœ habitatio, et vitœ asperitas. Sed tan-
t)I2
dern parendum fuit Summi Pontificis auctoritati, qui
locum Siguino Abbati Casas Dei commendavit. Reces-
sit itaque Bruno e Cartusia post annos sex, quam eam
incolere cœperat; ejus discessu conturbati Fratres, quae
humana tentatio est in rébus arduis, déficiente magni
meriti Duce locum deserunt ; quod ubi Bruno rescivis-
set, litteris ad Siguinum Casœ Dei Abbatem scriptis,
Cartusiam ei ejusque Monasterio concessit. Postmo-
dum vero Pontificis hortatu, ac Brunonis monitis fratri-
bus revocatis, et a Landuino, quem Bruno discessurus
Priorem eis proposuerat in proposito confirmatis, idem
Siguinus, locum sibi datum restituit.
Et lib. LXX. n. xxix, ad ann. noi.
In Calabriae Cartusia, quœ Turris vocabatur, hoc
anno pridie nonas octobris, Dominica die, ad immor-
talem vitam transiit eximiusCartusiani Ordinis institutor
Bruno, anno circiter undecimo ab ipsius egressu e Ma-
jori Cartusia, quam sex annis rexerat. Instante obitu con-
vocatis Fratribus totius vitae suae ab infantia cursum ex-
posuit, seque divina animadversione dignum proclama-
vit. Tum suam de Sanctissima Trinitate fidem exposuit,
et de Sacramentis quas credit,ac veneratur Ecclesia etc.
64.
Antonius Pagius Doctor Theologus S. Francisci Minor.
Conventual. Ord. in Critice Baronii ad ann. 1080.
n. xiii. — 1699.
Et ad ann. 1086. n. v.
Sanctus Bruno Ordinis Cartusiensium Institutor, Ma-
nassis Archiepiscopi Rhemensis postea dignitate moti
mores corruptos perosus, ex urbe Rhemensi discessit, et
deinde saeculo renunciavit.
— 6i3 —
Et ad ann. ioq5. n. xvi.
Divus Bruno Ordinis Cartusiensium Institutor ann.
MXC Romain ab Urbano II. vocatus fuit. etc.
Et denique ad ann. iioi. n. vin.
In opusculo de Institutione Ord. Cartusiens. apud
Labbcxum, tom. I Biblioth. pag. 638, dicitur sanctum
Brunonem illius fundatorem in Calabria mortuum esse
post egressum Cartusiœ undecimo plus minus anno.
65.
Franciscus Pagius Ordinis Minor. Convent. S. Fran-
cisci S. T. D. tom. I. Breviar. Pontif. Romanor.
edit Lucas ann. MDCCXXIX sœcul. xi Vit. Urbani
Papas II. num. xv. pag. 597.
Sanctus Bruno Coloniensis ac dein Rhemensis Cano-
nicus, mores corruptos sœculi perosus, vitas solitariae
Eremum petiit, et Cartusiam in Episcopatu Gratiano-
politano fundavit anno millesimo octogesimo quarto,
ut pluribus probat Annotator Baronii ad ann. 1086.
Sed cum non totos sex annos, inquit ejus vitœ auctor
cap. xvi et seq. apud Surium ad diem vi mensis Octo-
bris, in exigua sua et sancta sodalitate exegisset, post
Ordinis Cartusiensis fundationem , Urbanus II. qui
olim sancti viri discipulus fuerat, accivit eum per lit—
teras ad Sanctoe Ecclesias prasstanda officia, graviter pra>
cipiens, ne venire ad Urbem cunctaretur. Verum cum
eo recedente ejus socii nullam consolationem admitte-
rent, nec in Cartusia mancre vellent, Bruno Iocum dédit
Venerabili viro Siguino Abbati Casœ Dei, qui fuit unus
ex primis donatoribus, sed tamen id fecit, ut omnino
constitueret reverti cum suis ad Cartusiam.
— 6i4 —
66.
Ignatius Hiacynthus Amat de Graveson, Doctor Pari-
siensis ac collegii Casanatensis Theologus, Ordinis
Prasdicatorum. Hist. Ecclesiastica tom. IV. secul. x.
xi et xn. Colloq. 6. pag. 129. — iy3o.
Cartusiensium Ordinem fundavit S. Bruno non ann.
MLXXXVI, ut putavit Baronius, sed ann. MLXXXIV.
sicut doctissimus Pagius (in Crit. Baronii ad ann. 1086.)
ostendit tum ex testimonio Sigeberti hujus temporis
scriptoris in Chronico, tum ex Charta, qua S. Brunoni,
ejusque sociis Cartusiœ solitudo concessa est, in qua
conceptis verbis legitur, hanc Cartusiae solitudinem a
Magistro Brunone, et ab his qui cum eo erant, fratribus,
cœpisse inhabitari et construi anno ab Incarnatione
Domini MLXXXIV. Episcopatus vero Domini Hugonis
Gratianopolitani Episcopi IV. Obiit S. Bruno in Ca-
labria anno millesimo centesimo primo multis virtuti-
bus clarus, ac plura reliquit ingenii sui monumenta
prœsertim expositionem in Psalmos et Commentarium
in omnes Divi Pauli Epistolas, aliaque opuscula, quoe
tribus voluminibus comprehensa R. P. Theodorus Pe-
treius Cartusianus in lucem edidit Colonise an.MDCXI..
Infinitus profecto essem, si omnia elogia, quibus viri
pietate et doctrina illustres Cartusiensium Ordinem
maxime commendarunt, hic inserere vellem. Breviter
dicam, Cartusienses vitam angelicam in terris degentes,
vel angelos esse in carne hospitalités, vel homines An-
gelicum spiritum habentes, et suavissimum omnium
virtutum odorem, quo inculta horridaque Eremus per-
funditur longe , lateque spirantes . Vigent etiamnum
apud Cartusienses abstinentia a carnibus perpétua, jeju-
nia nullis molliculorum artiriciis violata,juge,altumque
silentium, solitudo continua, modestia humana major,
— 6i5 —
charitas ferventissima crga Deum , cui diu noctuque
persolvunt laudes ; dilectio erga proximum effusissima,
admirabilis hospitalitas, qua omnes adventantes, absque
personarum acceptione , tecto mensaque amantissime
excipiunt. Omitto eorum lecti duritiem, palearum stra-
men, asperum cilicii indusium, aliasque id genus cor-
poris macerationes,per quas arctissimos sanctitatiscalles
incedentes pii 1 11 i Monachi a primœva Instituti sui san-
ctissimi disciplina nunquam hactenus degenerarunt.
67.
Bergier. Dictionnaire de Théologie, T. Ier p. 407, ar-
ticle Chartreux. — 1718.
Voilà donc un Ordre religieux qui depuis sept cents
ans persévère dans la ferveur de sa première institu-
tion, preuve assez convaincante de la sagesse et de la
sainteté de la Règle qu'il observe. C'est donc à tort
que les censeurs de la vie monastique ont répété cent
fois que la prétendue perfection à laquelle aspirent les
Religieux est incompatible avec la faiblesse humaine,
que leurs fondateurs ont été des enthousiastes impru-
dents, que la vie du cloître est un suicide lent et vo-
lontaire, etc
Les Chartreux ont donné à l'Eglise plusieurs saints
prélats et un grand nombre de sujets illustres par leur
doctrine et par leur piété.
68.
Rohrb.vcher. Histoire Universelle de l'Eglise Catho-
lique. Tome VIII. page 576 et sq.
Tandis que le grand et saint Pape Grégoire VII, à l'ex-
emple et à la suite de Saint Léon IX, travaillait avec une
foi et un courage invincibles, à la réformation du cler-
gé, à l'extirpation de la simonie et de l'incontinence
— 616 —
qui le déshonoraient, Dieu suscita un nouveau Patri-
arche de la vie solitaire, un homme pareil aux An-
toine de la Thébaïde, aux Hilarion de la Palestine ;
un homme et un Ordre qui, par leur vie pénitente,
devaient servir de leçon et de modèle au clergé et au
peuple chrétien et attirer à jamais les bénédictions
du Ciel sur toute l'Eglise ; un Ordre qui, après huit
siècles, est encore le même, sans avoir jamais eu be-
soin de réforme, ni pour la pureté de la foi, ni pour
l'austérité de la discipline. Cet homme est saint Bru-
no, cet Ordre ce sont les Chartreux....
TABLE DES NOMS PROPRES
COZLTE'ISLUS ViAKS CE VOLUME
Achery (d1). 58.
Adam Botener. 3i6.
Adélaïde (Duchesse de Po-
méranie). 325.
Adélaïde Pieckia. 345.
Adelphe Châtelain (Dom),
248.
Adolphe (Duc de Clèves),
336.
Adrets (Baron des). 85. 2o5.
Adrien de Hilwyghem
35 1 .
^deline de Bouvillaret.
237.
Affre (Archevêque de Pa-
ris). i85.
Agnès (DuchessedeDuras).
297.
Agnès du Bouchet. 248.
Albert (Archiduc). 291.
Albert (Archiduc d'Autri-
che). 343. 362.
Albert (Comte de Flandre).
275.
Albert (Comte de Flandre
et de Zélande). 324.
Albert (Comte palatin de
Hollande). 3o8.
Albert-Bertrand ( Évêque
de Boulogne). 292.
Albert IV de la Tour-du-
Pin. 252.
Albert de Sainte-Aldegon-
de. 363.
Albert de Stemberg (Ev.
de Luthomile). 332.
Albert de Stemberg. (Evê-
que de Leutmeritz). 3 1 3 .
Albert de Waldestein. 364.
Albert le Sage (Duc de Ba-
vière». 320.
Albertas (Marquis d1). 223.
(5i8
Albon (Comte d1). 236. 266.
Aleaume (Chevalier de).
281.
Met (Jésuite). 83.
Alexandre III. 18. 19.23.
25. 222. 227. 237. 240.
Alexandre IV. 3o. 3r.
Alexandre V. 60.
Alexandre VII. 141. 142.
Alexis d'Olmutz. 3 12.
Aleyde Piekye. 280.
Allobroges. 48.
Alphonse II (Comte de Pro-
vence). 218.
Alphonse II (Roi d'Ara-
gon). 232.
Alphonse de Fîmes. 370.
Alphonse Ier de Provence.
235.
Alvarez Obertos de Valeto.
346.
Alvaro Gomez Becerra .
232. 259. 32i. 323. 33o.
339.
Amalec. 83.
Amblard d'Entremont .
263.
Amblard de Grandmont.
217.
Amblard de la Tour. 217.
Ambroise Burdet (Dom).
09. 160.
Ambroise Crollet (R. P.).
146. 147.
Ambroise d'Escoubleau
(Cardinal). 362.
Ambroise de Gasq (Dom).
362.
Amé (Comte de Savoie).
263.
Amédée Comte de Genève).
240.
Amédée (Comte du Gene-
vois). 23o.
Amédée III de Savoie. 223.
Amédée VI (Comte de Sa-
voie). 47. 3 1 S.
Amédée VIII (Comte de
Savoie). 365.
Amédée IV de Maurienne.
237.
Amédée V de Maurienne.
237.
Amédée de Savoie. 221.
222.
Amorbach ( Imprim.) 77.
Anastase IV. 227.
André (Dom). 23 1 .
André d'Albalate. 258.
André Porcheron. 255.
Angelo Acciajuoli (Cardi-
nal). 299.
Anne de Renesse. 261.
Anselme-Marie Bruniaux
(R. P.). 187.
Antelme d'abbé) . 164.
Anthelme (Saint). 14. 19.
29. 198.
— 6jq
Anthelmcde Prouville (D .).
373.
Antoine (Archevêque d'A-
thènes). 321.
Antoine Blave(Chapelain).
363.
Antoine Rolen d1Aymeries.
261.
Antoine Crépieul (Dom).
$73.
Antoine Debus. 3/3.
Antoine de Hardentun. 269.
Antoine de Monchy. 282.
Antoine de Mongeffond.
(R. P.). i39 à 146. 23i.
Antoine d1Oignies. 363.
Antoine de Pavie (Cardi-
nal). 77.
Antoine de Riquetti. 36g.
Antoine de Valbelle. 36g.
Antoine du Charne (R. P.)
72. 73.
Antoine Dellieux (R. P.).
69 à 72. 204.
Antoine Vallet (R. P.). 162
à 164.
Aragon (Cardinal d'). 21 5.
Archambaud VI de Com-
born. 247.
Archambaud de Croy. 278.
Archambaud IV de Péri-
gord. 292.
Archère ( Archevêque de
Palerme). 21 3.
Archibald (Évêque de Ba-
ie). 33 1.
Arduciusde Faucigny.223.
Ardutus (Evêque de Ge-
nève). 240.
Aristote. 1 1 1.
Armand-Jean de Rangé.
i35. i36.
Armandès. 33o.
Arnaud Andra (Chanoine).
362.
Arnaud Cervole. 245.
Arnaud de Flotte. 241.
Arnold deHerlair. 280.345.
Arnould de Cayeux. 281.
A.rnould de Raisse. 80. 83.
Arscot (Marquise d1). 35 1.
Artaud d'Alagon. 309.
Artauld (Saint). 223.
Arthur (Duc de Bretagne).
340.
Atius. (Evêquede Genève).
240.
Artold (Chanoine de Sasi-
riaco). 224.
Audisia d'Arvillars. 236.
Audoin Aubert (Évêque
de Paris). 3o5.
Augustin (Saint). 23.
Aycart de Rochefort. 36g.
Aymar de Bellevue.' 37.
Aymar de Poitiers. 220.
Aymard de Roussillon.
260.
6ao —
Aymon (C. de Savoie). 220.
Aymon (Ev.deSion). 292.
Aymon dAost (R. P.). 38.
41. 200.
Aymon de Corhel. 199.
Aymon de Rivoire. 224.
Aymon de Varennes. 222.
224.
Aymond de Faucigny. 226.
23o.
Bailleul (Dame de). 234.
Ballaison (sieur de). 226.
Baltazar Faer de Berg.342.
Baluze. 5o.
Barmondière (Françoise de
la). 170.
Baronius (Cardinal). 19.
Barthélémy d'Aldobrandi.
292.
Barthélémy de Burelles.
227.
Barthélémy de S.-Démé-
trius. 2 14.
Barthélémy de Scarampis.
322.
Barthélémy Scalensis (D.)
63.
Basile (R. P.). 19 a 21 .
Basile le Grand (Saint).2i.
Baudouin de Leutzbourg.
293.
Baudoin Vosse. 3o2.
Bavon (Dom). 22.
Bazémont (sieur de). 207.
Béatrix de Faucigny. 262.
Béatrix de Genevois. 237.
Béatrix de la Tour du Pin.
259.
Béatrix de Lune. 354.
Béatrix de Montferrat. 253.
Béatrix de Savoie. 3 1 . 252.
Beldinard (de). 218.
Bellarmin (Cardinal). 1 1 3.
Bellier (sieur du). 208.
Belzunce (Év. de Marseil-
le!. 223.
Benoit XIII. 60. 61.
Benoît d'Alignane ( Év.
de Marseille). 369.
Benoît Gérard (Duc de Sle-
swickï. 328.
Benoît-Joseph Labre (S.).
282.
Benoît Nizzatti(R. P.). 172.
Bénonces (Richard de) 2 17.
Béranger (Evêque de Luc-
ques). 297.
Bérenger Gallard. 232.
Bergier. 21.
Béringuier Descamps (D.)
33o.
Berman (l'abbé) 375.
Bermon II d'Uzès. 244.
Bernard (Abbé de Tulle).
248.
— 021
Bernard (Saint). 7. 10. 17.
18. 23. 218.
Bernard Abram (D). 375.
Bernard Bruyant (Dom).
282.
Bernard Carasse(R. P.).
86. 87 à 91. i3o. 206.
Bernard de la Tour [R. P.).
28. 29. 3o. 199. 202.
Bernard de Portes (D.). 18.
Bernard de Savenne. 248.
Bernard de Varin (Dom).
14. 18. 217.
Bernard Nicolai. 334.
Bernin III (duc deStettin).
307.
Berthe Geylenkerken 3 1 3.
Berthold(Evêque de Stras-
bourg). 296.
Bertolini de Nigro. 264.
Bertrand de Marseille. 222.
Bertrand de Vos. 3o2.
Binde de Petronis. 3oo.
Bismark (Prince de). 378.
Biaise (Comte d'Aragon).
354.
Biaise Ocone. 343.
Blanche de Sentillis. 3oi.
Bollandistes. 19.
Bonde Saveuse. 278.
Bonacursi ( Abbé de S1 .
Procul). 295.
BonaventureEymin(R.P.).
167. 168.
Boniface IX. 56. 60. 3ij.
Boniface Ferrier (R. P.).
58 à 63.
Bonne de Bourbon. 319.
Borgia (Pierre de). 199.
Borsius (Duc deMantoue).
342.
Boson [R. P.). 35 à 38.
Botzko de Cunsdat. 307.
Boucicault. 245.
Boudet. 1 38.
Bozon Corbonello. 243.
Brion (Capitaine). 2o5.
Brissac (Maréchal de) 87.
Brunet (Joseph). 35. 87.
Bruno (Saint). 3.
Bruno d'ArTringues(R. P.).
108 à 1 17. 207. 288.
Bruno Loër (Dom). 86.
Bruno Rambeaud (Dom).
167. 168.
Burnier Eug. 39. 93. 117.
139. i'5i. 2o5.
C
Calixte II. 214.
Camilly (Evêque de Toul)
374.
Camus (Jean-Pierre). 119.
Canisius. 26. 38.
Casimir-Léon Sapichavica
372.
Catherine Barnabo. 325.
— 02'.
Catherine de Boubers.
278.
Catherine de Flémahl. 3o6.
Catherine de Sienne (Sainte)
58. 3o8.
Catherine Garnier. 841.
Catherine Oppendorpia.
35i.
Célestin III. 21 5.
Cellier (Dom). i3. 22. 23.
Césaire (Saint). 229.
Chaise (Père de la). 1 36.
Charles (Duc de Bourgo-
gne). 345.
Charles (Duc de Calabre).
285.
Charles IV (Duc de Lor-
raine). 374.
Charles V (Roi de France).
I 19. 20L 252. 2Ô5.
Charles-Quint. 280. 281.
287. 343.
Charles VI (Roi de France)
252. 2Ô5.
Charles VII (Roi de Fran-
ce). 252.
Charles VIII (Roi de Fran-
ce). 252.
Charles-Albert (R. du Pié-
mont!. 179. 372.
Charles d'Ailly. 282.
Charles de Bourbon (Car-
dinal). 356.
Charles de Bovelles. 272.
Charles de France. 283.
Charles de Lallaing. 363.
Charles de Lorraine (Car-
dinal). 296. 36o.
Charles IV de Lorraine.
368.
Charles 1 1 de Navarre. 20 1 .
Charles de Valois. 48.
Charles de Vintimille (Ev.
de Marseille). 369.
Charles-Emmanuel. 226.
Charles- Emmanuel Ier
(Duc de Savoie). 365.
Charles Largentier. 284.
Charles le Hardi (Duc de
Lorraine.) 347.
Charles le Téméraire. 70.
204.
Charles-Marie Saisson (R.
P.). 179 à 184. 242. 264.
Charles Maurin (D.). i3i.
Charlotte de Rumilly. 208.
Chifflet (Père). 22.
Chorier. 71. 78. 87. 95.
104. 117.
Christine deBourbon.371.
Christine Théodora de
Parnon. 372.
Chrystophede France (Ev.
deSt Orner). 363.
Chrystophe de Roig (Cha-
noine). 357.
Chrystophe de Maggiani.
jDom). 56.
— t>2û
Clair de Fontenay (R. P.).
42.
Clément III. 25.
Clément IV. 25. 3i. 255.
256.
Clément V. 3y. 38.
Clément VI. 47.
Clément VII. 55. 57. 60.
3i8. 322.
Clément VIII. 245.
Clément XI. 142.
Coffin (Ev. de Southwark).
379.
Conon de Genollier. 23o.
Conrad III (Comte de Lu-
xembourg.) 225.
Conrad d'Erlinschusen.
340.
Conrad de Sarto. 3 5 r .
Constance d'Antioche.214.
Corbeau de Vaulserre. 199.
Cornélius Jansénius. 1 36.
Corvenc (seigneur de) 226.
Cot (Capitaine). 2o5.
Culchebret de Arenis. 214.
D.
Dalmace Morel. 252.
Damien Longuano [R. P.).
84.
Danès de Marly (Evêque).
119.
Decan Rascas. 244.
Délie (Père). 28. 46. 65
92. 95. io3.
Didier (Abbé). 217.
Dieudonné Mellin. 248.
Direw de Zyl. 3 3 7.
Dominique (Dom). 334.
Dominique Blasel (Frère).
i45.
Donat ( Evêque de Squil-
lace). 214.
Dorland (Dom). 4. 7. i3.
14. 19. 21. 24. 27. 34.
38. 43. 44. 48. 5o. 58.
194.
Dorland Agricola (Dom).
3o3.
Dorothée (Abbé de laTrap-
pe). 1 53.
Dosworth, R. 194.
Driscart (Adrian). 41. 46.
5o. 91.
Druon de la Marche.
269.
Du Boys. 168.
Dubois (Abbé de Saint-
Amand). 373.
Ducherrai (l'abbé). 37?.
Dugdale G. 194.
Duguesclin. 245.
Dumast (del. 375.
Dupuy de Montbrun.
237.
Durand ( F^vcquc de Li-
moges). 24X.
624 —
E
Erckenger de Saunsheim,
Ébal de Mont. 23o.
Ebles de Ventadour. 248.
Ébohard de Rider. 304.
Edouard Baliol. 3oi.
Edouard de Savoie. 220.
Edouard le Libéral. 220.
Edouard III (Roi d'An-
gleterre). 201. 3oo. 3o2.
3 10.
Edouard IV (Roi d'Angle-
terre). 204.
Ela de Salisbury. 249.
Eléonore de Savoie. 252.
Elizabeth Giraud. 179.
Elizabeth Stapleton. 3oi.
Eloi Marion (Dom). 282.
Elzéar (Saint). 5 1 .
Emmanuel Ier de Savoie.
n3.
Emmanuel Du Creux (D.).
166.
Emmanuel (Evêque dAl-
benga). 274.
Emmanuel Nivière (Dom).
160.
Emmanuel-Philibert. 226.
Engelbert de la Mark.
3o6.
Enguerrand d'Hesteux.
281.
Ephrem Coutarel (Dom).
1 57. 161. 166.
Erharde Winheimie. 295.
Ernest de Harach ( Cardi-
nal). 364.
Eskile ( Archevêque de
Lunden). 2 38.
Este (Cardinal d1). 363.
Etienne Biclet (R. P.).i52.
i53.
Etienne (Chan. de Lyon).
224.
Etienne (comte de Bour-
gogne). 242.
Etienne d'Obazine. 9.
Etienne de Salazar. 89.
Etienne (Ev.de Die). 218.
Etienne Aubert. 3o5.
Etienne Embroni. 349.
Etienne Fabri. 248.
Etienne Franchet (Dom).
223.
Etienne Maconi (Dom).
57. 60. 61.
Etienne Richard (R. P.).
147. 148.
Eudes V (Duc de Bourgo-
gne). 286.
Eugène III. 17. 222. 224.
Eugène IV. 246. 340.
Eugène de Savoie. 291.
Eusèbe Bergier (Dom).
282.
Evrard Van Arko. 35o.
— 025 —
F
Fabricius. 23.
Falco de Solliès. 222.
Falcoz (Evêque de Gre-
noble). 256.
Fava (Evêquede Grenoble)
181.
Favre (le Président). 11 3.
Félix V. 66.
Feller. 80. 137.
Ferdinand (Archiduc d'Au-
triche). 332.
Ferdinand (Roi d'Aragon).
338.
Ferdinand ( Roi d'Espa-
gne). 339.
Ferdinand Ier (Empereur
d'Autriche). 326.
Ferdinand d'Aragon (Car-
dinal). 356.
Ferdinand de Cordoue.
355.
Ferrus (François de). 170.
Fiacre Billard (Dom). 92.
96. 237.
Flotte (de). 218. 241.
Forbin-Janson (Evêque de
Nancy). 184, i85. 375.
Franclieu (A. de). 179.
François ( Duc de Breta-
gne). 340.
François (Evêque de Sé-
govie). 32i.
François Ier (Roi de Fran-
ce). 252. 283. 326.
François II (Duc de Bre-
tagne). 35o.
François de Busleyden.
36i.
François de Conzié. 202.
François de Foresta. 369.
François de Créqui. 281.
François de Framezelles.
281.
François de Lingendas(D).
366.
François de Loménie (Ev.
de Marseille) 369.
François de Sales (Saint).
1 13. 1 1 5. 116. 128. 226.
365.
François de Sero. 295.
François du Puy (R. P.).
75 à 78. 216.
François Fléard (Evêque).
270.
François Gallutius .299.
François Leclerc de Mon-
tisant. 363.
François Maresme (R. P.).
66 à 68. 2o3.
François Patavin (Evêque
de Bellune). 343.
Françoise d'Estournel. 27 2.
Francon de Borsal. 345.
Frecoldy (Frère Convers).
25.
4<)
(52(5 —
Frédéric Barberousse. 18.
218. 219.
Frédéric II (Empereur).
23o.
Frédéric III (Empereur
d'Autriche). 273.
Frier Belliko. 324.
Frizlen Becow. 324.
Frudar (Dame de). 244.
Furmeyer (Capitaine).
205.
G
Gabriel Pagador. 343.
Galéas Sforce ( Duc de
Milan). 71.
Garnier de Balmey. 229.
Gaspard Turnout. 35 1.
Gauceran (Archevêque de
Lyon). 217.
Gaudemar de Jarez. 252.
Gauthier de Bourgogne.
235.
Gauthier d'Enghien. 274.
Genlis (l'abbé de). 379.
Gennat (l'abbé). 375.
Geoffroy (Comte). 234.
Geoffroy (Dom). 18.
Geoffroy (Evêque de Car-
cassonne). 276.
Geoffroy de Lorette. 214.
Geoffroy de Loudun. 254.
Geoffroy de Solliès. 222.
Georges (Évêque de Péri-
gueux). 293.
Georges d'Alay (Évêque
de Viseu). 35g.
Georges (Marquis de Sa-
luées). 279.
Gérard III(Comte de Guel-
dres). 3i3.
Gérard (Év. de Hildes-
heim). 322.
Gérard (R.P.). 32.
Gérard (Dom). 73.
Gérard de Diest. 285.
Gérard de Nevers. 21.
Gérard de Perfontaine.
261.
Gérard de Saxe. 296.
Gérard de Villars. 268.
Gérard Kalkbrenner (D.).
82.
Gérard Keppel. 347.
Gérard Patin (Dom). 353.
Gérard Pétrarque (D.). 49.
Géraud de Montaigu. 244.
Géromina Zaporta. 370.
Gervais de Neufchâtel 234.
Ghisbert de Potere. 352.
Gilette de la Rue. 282.
Gilles (Abbé de Saint-
Bertin). 2b5.
Gilles de Potere. 35 1.
Girald de La Tour. 217.
Girard de Charmey. 262.
Girard de Mérodes. 363.
627
Giraud (Dom). 27. 34.
Gobelin Sleegman. 35 1.
Godefroy (Evêque). 8.
Gonzague de Cordoue.
355.
Gonsalve de Menard (Ar-
chev. de Séville). 33o.
GoslénusjEv. de Soissons .
224.
Gournay (de). 3j5.
Gratien Dancard. 280.
Grégoire IX. 227.
Grégoire XI. 54. 55. 201.
309. 314.
Grégoire XII. 60.
Grégoire XIII. 89. 108.
270.
Grégoire XV. 1 12.
Grégoire XVI. i85.
Grégoire Reisch (D.). ~j".
Grégoire Sorel (R. P.).
119 à 171.
Grissac (Baron de). 5i.
Guibert (Antipape). 4.
Guichard de Beaujeu. 222.
224.
Guicharde de Beaujeu. 247.
Guido (Evêque de Cam-
brai). 261.
Guido (Evêque de Tour-
nay). 275.
Guigues (Dauphin). 197.
Guigues II [R. P.). 22. 23.
24.
Guigues III (Dauphin).
228. 253.
Guigues IV (Dauphin).
262.
Guigues d'Albon. 220.
Guigues de Castro (Dom).
6 à 12. 16. 36. jj.
Guigues de Lemps. 221.
Guigues le Gras. 270.
Guillain (Evêque de Cou-
tances). 234.
Guillaume (Comte de Hol-
lande). 287. 3o8.
Guillaume Ier (Empereur
d'Allemagne. 378.
Guillaume IV (Evêque de
Grenoble'. 270.
Guillaume VI (Duc de Ju-
liers). 345.
Guillaume XII (Comte de
Boulogne). 281.
Guillaume (Comte de -Ne-
vers). 22 5.
Guillaume (Evêque de
Lausanne). 262.
Guillaume d'Avesnes. 260.
Guillaume Bibauce (R. P.).
78.
Guillaume de Belfort.
249.
Guillaume de ■ Château -
neuf. 220.
Guillaume de Coligny.
242.
— 62* —
Guillaume de Crouy. 35 1.
Guillaume de Croze. 244.
Guillaume de Donzère.
244.
Guillaume de Flavecourt.
255.
Guillaume de la Motte
(R. P.). 64. 65.
Guillaume delà Pôle. 3 1 5 .
Guillaume de la Souche.
319.
Guillaume de l'Estrange
(Arch. de Rouen). 320.
Guillaume de PHospital.
208.
Guillaume de Mâcon(Evê-
que). 268.
Guillaume de Messine.
(Doml. 2i5.
Guillaume deMontbel. 40.
199.
Guillaume de Montegrin.
258.
Guillaume de Mothier.
281.
Guillaume de Nassau. 3 1 3.
Guillaumede Poitiers. 220.
Guillaume de Raynald
(R. P.). 53 à 58. jj.
201 . 202.
Guillaume de Roussillon.
259.
Guillaume de Sirca. 232.
Guillaumede So\vche.3i6.
Guillaume de Valbelle.
235.
Guillaume, de Vénéjan.
244.
Guillaume de Warnevyck.
287.
Guillaume des Prés. 281.
Guillaume Duvennard.
287.
Guillaume Fabri (R. P.)
33. 34. 35.
Guillaume Jourdain. 23 1.
Guillaume Scot. 3o2.
Guillaume Tilney. 3 16.
317.
Guiraud de Simiane. 241 .
Guiscard de Beaujeu. 217.
Guy (Abbé). 25.
Guy d'Aubusson. 248.
Guy de Bologne. 3o5.
Guy de Châteauneuf. 2^7.
Guy Séneschal. 225.
H
Haimeric (Card.). 10. 11.
Hammontanus (Doml. 82.
Hardouin de Chignin. 14.
Hart (Baron de). 375.
Haupt (Dom). 334.
Hayderic (Baron de Mays-
saw). 328.
Hébrard de Hirchborn
Archevêque). 3o3.
— 629 —
Hector Sanvitane (Dom).
348.
Hélène de Roig. 35/.
Hélion de Villeneuve. 258.
276. 288.
Hélion Geoffroy (Chanoi-
ne!. 354.
Hélisaire de Grimoard (R.
P.). 5i à 53.
Helmice de Moylant. 3o6.
Hélyot (Père). 3i. 58. 78.
91. 139.
Henri (Dom). 73.
Henri (Duc de Norman-
die). 238.
Henri (Evêque de Gurck).
233.
Henri (Roi de Pologne).
284.
Henri II (Roi de France).
87.
Henri II (d'Angleterre).
199. 239.
Henri II (Roi deCastillei.
323.
Henri III (Comte de Ni-
vernais). 246.
Henri III (Roi de Castille,.
323. 339.
Henri III (Roi de France).
270. 357.
Henri III (d'Angleterre 1.
199. 2 5o.
Henri IV (Roi de France .
1 12. 225. 252. 265.357.
37i.
Henri V (Roi d'Angleterre).
234.
Henri VI (Empereur). 299.
Henri VI (Roi d'Angle-
terre). 2û3.
Henri VIII (Roi d'Angle-
terre). 80. 239. 25o. 275.
3oi . 3 10. 3 1 5 . 317. 327.
329. 335.
Henri de Baraton. 243.
Henri de Bourbon (Prince
de Condé). 366.
Henri de Lancastre (Car-
dinal). 203.
Henri de Léon (Dom). 343 .
Henri Holtengen. 280.
Henri Kalkar (Dom). 5.
Henri Pollet (R. P.). 45.
46.
Henry de Ellerbach. 332.
Hercule Winckele (Dom).
343.
Hermann (Comte deCilley .
332.
Hermann de Barehiis.346.
Hermann de Tressia. 289.
Hermann Ottemberg (Evê-
que d'Arras). 278.
Hermès Le Clerc. 314.
Hilarion Robinet (R. P.).
1 54 a 1 57. 195.
Hildegonde Avoriz. 347.
Hippolyte Petitpas. 363.
Honorius III. 5. 2227.
Hospital (Maréchal de Y).
36g.
Houchin (Dame d1). 290.
Hugon de Lormes. 252.
Hugues (Abbé de Saint-
Remy). 227.
Hugues (Chevalier du Tem-
ple). 10.
Hugues (Comte de la Mar-
che). 248.
Hugues Ier (D.). 12 à 14.
Hugues (Evêque de Va-
lence). 32 1.
Hugues Ier (Saint). 10. 11.
26. 196.
Hugues II (Evêque). 10.
198. 218.
Hugues II (R. P.). 27.
Hugues d'Arvillars. 236.
Hugues de Biencourt. 269.
Hugues de Coligny. 242.
Hugues de Cuiseau. 227.
Hugues de la Ferté. 234.
Hugues de la Rochette.
237.
Hugues de Lincoln (Saint).
21. 22. 81 .
Hugues de Solliès. 222.
Hugues de Varennes. 222.
224.
Hugues Meerhouran (D.).
348.
Humbald (Archevêque de
Lyon). 218.
Humbert (Dauphin). 220.
Humbert (Dom). 221.
Humbert de Asneriis. 247.
Humbert de Beaugé (D.).
233.
Humbert de Beaujeu. 222.
Humbert de Grand mont.
224.
Humbert de Paladru. 263.
Humbert de Prangins.23o.
Humbert de Savoie. 20.
28.
Humbert II de Viennois.
44. 47. 229. 236.
Humbert III de Beaujeu.
223 .
Humbert III de Maurien-
ne. 239.
Humbert V de Thoire-
Villars. 252.
Humbert Guichard. 252.
Ignace (Saint). 82.
Ignace Tricot (Dom). 161.
Indie (Abbesse de Souri-
bes). 257.
Innocent II. 10. 1 r. 224.
Innocent III. 20. 25. 222.
227. 237. 245. 247.
Innocent IV. 227. 25 5.
— 63 1
Innocent VI. 47. 5o. 3o5.
Innocent VII. 60.
Innocent XI. i3o.
Innocent Le Masson (R.
P.). 12. 63. 75. 81. 82.
91. 112. 124 à i3g. 198.
209. 263.
Isabelle de Boves. 272.
Isabelle d'Espagne. 362.
Isabelle de Gcede. 289.
Isabelle de Mclote. 269.
Isabelle de Portugal. 290.
hier. 369.
Jacques Arcucius (Comte
de Minerbini). 3 1 1.
Jacques Bernard. 139.
Jacques de Boulogne. 265.
Jacques de Maubeuge
(Chanoine). 261.
Jacques de Scarampis. 322.
Jacques de Vevey. (R.P.).
41. 43 à 45.
Jacques de Voogt. 363.
Jacques Mellerio (Comte).
326.
Jacques Meuri. 80.
Jacques Morice (D.). 107.
Jacques Paillard. 277.
Jacques Sacrati (Ev.). 108.
Jacques Stuart (R. d'Ecos-
se). 337.
Jacques Zybel. 33 1.
Jancelin (R. P.). 24. 198.
Jansénius. 145.
Jean Ier. 6.
Jean XXI. 227.
Jean XXII. 200. 226. 237.
258. 270 . 276 . 282 .
288.
Jean (Abbé de Saint-Mi-
chel). 227.
Jean (Archev. de Mayen-
ce). 3 12.
Jean (Archevêque de Vien-
ne). 247.
Jean Ier (Comted\Alençon).
Jean (Comte de Bourgo-
gne). 247.
Jean (Comte de Flandre).
289.
Jean (Prieur de Saint-
Biaise). 238.
Jean (Roi de Bohême). 299.
Jean (Roi de France). 272.
283.
Jean Ier (Roi de Castille).
323.
Jean II (Roi de Castille).
323. 339.
Jean-André Aimar. 370.
Jean -Andréa - Caldérin .
295.
Jean-Antoine de Glandè-
ves. 369.
Jean d'Acques. 281 .
632
Jean-Augustin de Foresta.
369.
Jean Bailly (Dom). iii.
Jean-Baptiste Cadri)Dom)
145.
J.-B. Lequette (Evêque).
282.
Jean-Baptiste Mortaize (R.
P.). 173. 2l8. 223. 23l.
262. 293.
Jean Birel (R. P.). 46 a 5o.
Jean Boette (Dom). 92. 96.
Jean Bokyngton (Evêque
de Lincoln). 3 16.
Jean Botener. 3 16.
Jean Courteret (Chanoine)
281.
Jean Dagloss (Arch. de
Lemberg). 348.
Jean de Aranda (Év. d'Al-
banie. 33o.
Jean d\Arenthon d'Alex.
129. 134.
Jean d1Auge. 281.
Jean d'Aubigny. 25 5.
Jean de Auniviz. 292.
Jean d'Avesnes (Comte de
Hainaut). 260.
Jean de Bari (Dom). 56.
Jean de Beaufort. 261.
Jean de Berges. 35 1.
Jean de Blotefière. 269.
Jean de Bosquiel. 363.
Jean de Brabant. 3o6.
Jean de Cérées. 255.
Jean de Chanteloup. 3oo.
Jean d'Estrées. 228.
Jean de Fosseux. 281.
Jean de Garnier. 369.
Jean de Griffemont (Voir
Griffenberg).
Jean de Griffenberg ( R.
P.). 60. 61. 63.
Jean de Hericofeth. 282.
Jean de Hodicq. 281.
Jean d'Ingelby. 329.
Jean de la Grange ( Ev.
d'Amiens). 3o5.
Jean de TEscluse. (Dom .
92.
Jean de la Neuville (D.).
54-
Jean de Luxembourg. 278.
Jean de Meers (Abbé). 363.
Jean de Neal. 334.
Jean de Neufchatel (Év.
de Tulle). 3o5.
Jean de Northergug. 3 16.
Jean de Nouvion. 268.
Jean de Pompadour. 248.
Jean de Ransart. 374.
Jean de Roesendael (R.P.Ï.
68. 69.
Jean de Sainte-Aldegonde.
264.
Jean de Surare. 284.
Jean de Vesly (R.P.). io5
à 108.
633 —
Jean de Vienne. 282.
Jean de Werchin. 314.
Jean Federangels. 348.
Jean-François de Gonza-
gue. 333.
Jean Gailhard (R.P.). 80.
81.
Jean Geylins. 289.
Jean Grandis(Chan.). 286.
Jean-Henri (Marquis de
Moravie). 3 12.
Jean Hertsberge. 3o2.
Jean Holland. 32g.
Jea nHolmeton de Sleford.
3i6.
Jean Hulot. 282.
Jean Joyet (Dom). 366.
Jean Le Caucheteur. 269.
Jean Le Vasseur. 362.
Jean Livin. 33j.
Jean-Louis Griffer. 344.
Jean Milner (Dom). 3o3.
Jean Minien. 296.
Jean Morton (Chanoine
de Lichfeld). 317.
Jean Naso (Evêque de Bo-
logne). 29D.
Jean Obieski. 371.
Jean Ode (Frère Convers).
74-
Jean Orton de Boymel-
berg. 3 12.
Jean Pégon (R. P.). 7. 28.
I 20 à 1 24. 208.
Jean Rotlas (Dom). 339.
Jean Russentezin. 317
Jean-sans-Peur. 290. 3 18.
Jean Schwelin. 3oi.
Jean Tirelle (Dom). 60.
Jean Van-Cockléare. 275.
Jean Van Overhove. 35 1.
Jean Vanvicht. 363.
Jean Vasquez de Cépéda.
338.
Jean Visconti (Archevê-
que). 3o3.
Jean Visconti Galéas. 325.
Jean Volon (R.P.). 83. 84.
Jeanne (Reine de Naples).
285.
Jeanne (Reine de Sicile).
2or.
Jeanne de Béthune. 228*
278.
Jeanne de Boulogne. 281.
Jeanne de Chàtillon. 255.
Jeanne de Créquy. 278.
Jeanne de Flandre. 285.
Jeanne de Mayenne. 269.
Jeanne de Preures. 278.
Jeanne de Sicile. 211.
Jeanne Marbrier. 269.
Jeanneto de Bucca. 3oq.
Jérôme (Saint). 10. ni.
Jérôme Lignano (R. P.).
90 à 93.
Jérôme Marchand (R.P.)
94 à io5. 206.
634
Joachim (Saint). 80.
Joachim de la Croix (Dom).
iii.
Jodoc Herz (Dom). 79.
Jordan d'Aiguebelle. 237.
Jordany (Evêque de Fré-
jus). 223.
Joseph II. 1 52. 1 5 5 . 232.
2D7.273. 274.281. 288.
289. 291 . 3o2. 3o3.
Joseph II (Empereur d'Au-
triche). 180. 3 1 3. 314.
326. 329. 333. 334. 343.
352. 364. 366. 367.
Josse (Marquis de Mora-
vie). 332.
Joubert de Barrant. 248.
Jourdain Duhommet. 234.
Joyeux (Dom). 375.
Juilliers(Év.deLiège).22 5.
Jules II. j6. 271.
Juste de Serres (Evêque du
Puy). 367.
Juste Perrot (R. P.). 118.
1 19. 208
Labbé (le Père). 6. 12.
Lacordaire (R. P.). 270.
Lambert (Dom). 2(5.
Lambert Van Houé. 35o.
La Motte d'Orléans (de).
269. 278.
Lampignano (Dom). 71.
Landri de Coinsins. 23o.
Landuin (Dom). 3. 4.
Langin (S. de). 226.
La Noue (de). 225.
Lansperge (Dom). 87.
Laurent Allemand. 75.
Laurent de Ripalta (D.).
71-
Le Camus (Cardinal). 139.
253.
Le Carlier. 373.
Le Cauchoirs(Dom). i3o.
Le Coulteux (Dom). i3.
28. 3i. 41. 1 3 1 . [97.
203.
Le Lignou (Capitaine).
238.
Le Vasseur (Dom). 3i. 58.
72. 93. 98. 100. 117.
1 3 1 . 204.
Léger II (Evêque de Gap).
218.
Léon X. j6. jj. 216.
3i5.
Léon XII. 171.
Léon d'Albertas. 369.
Léon de Valbelle. 369.
Léon Tixier (R. P.). 1 19.
120.
Léopold (Duc de Lorraine).
374;
Liévin Ammon ( Dom).
80.
635
Liévin de Jaeghere. 289.
Locres (Ferry de). 194.
Lolbert (ComtedeTrévise).
304.
Longate d'Annezin (Dame
de). 290.
Loth François de Gamba-
curtis. 309.
Louis (C. de Blois). 234.
Louis (Comte de Oettin-
gen). 320.
Louis (Comte de Flan-
dre). 2j5. 287. 289.
Louis (Duc de Lignitz).
335.
Louis II (Comte de Flan-
dre). 22 5.
Louis VII (Roi de France).
18. 227.
Louis IX (Roi de France).
3o. 207. 227. 255.
Louis X (Roi de France).
2 52.
Louis XI (Roi de France).
70. 204. 227. 252. 2Ô5.
283.
Louis XI I I^Roi de France).
1 18. 207. 227. 319. 365.
Louis XIV (Roi de France).
206. 373.
Louis XV (Roi de France).
314.
Louis XVI iRoide France .
369.
Louis XVIII (Roi de Fran-
ce). 211.
Louis Alphonse de Riche-
lieu. 370.
Louis d'Anjou (Roi de
Hongrie). 3o8.
Louis de Couttes. 272.
Louis de Hainain. 373.
Louis de Maie (Comte de
Flandre). 3o2.
Louis de Mérode. 278.
Louis de Mont. 23o.
Louis de Nevers. 278.
Louis de Paulo. 369.
Louis de Wurtemberg. 3 38.
Louis Hager (Dom). 334.
Louis Largentier. 284.
Louis-le- Pacifique (Land-
grave de Hesse). 33g.
Louis Le Masuyer (Dom).
248.
Louis-Philippe (Roi des
Français). 375.
Lucius III. 25. 237.
Ludolphe (Dom). 80.
Ludolphe Van-Waester.
344.
Lutolde (Dom). 25 1.
M
Mabillon. 4. 5. 12.
Madeleine de Western -
bourg. 342.
— 636 —
Mahault (Comtesse d'Ar-
tois). 278. 290.
Mandar (Père). 1 53. 1 55.
Marc Justiniani. 336.
Marchai (l'abbé). 19. 198.
Marguerite (Comtesse de
Flandre). 290.
Marguerite Chauveronne.
248.
Marguerite d'Angleterre.
35 1.
Marguerite de Bâgé. 252.
Marguerite de Bavière.
3 18. 347.
Marguerite d'Evreux. 281.
Marguerite d'York. 70. 204.
Marguerite (Comtesse de
Fif). 254.
Marie (Duchesse de Bour-
gogne). 336.
Marie (Reine d'Angleter-
re). 335.
Marie (Reine d'Aragon).
323.
Marie d'Aragon. 338.
Marie de Chàtillon. 252.
Marie de Lune. 32 1.
Marie de Prouville. 373.
Marie du Bos. 269.
Marie Loys. 373.
Marie Muguelle Boucq-
rode). 281.
Marie-Thérèse d'Autriche.
■ 55.
Marquard Mendel. 317.
Martène. 4. 5. 12. 14. 19.
21. 23. 27. 36. 39. 43.
45. 5o. 58. 63. 1 3 1 .
Martin (DomL 267.
Martin (R. P.). 25. 26.
Martin Ier (Roi d'Aragon).
32i. 323. 33o.
Mastainge (Seigneur de).
289.
Matthias Borrasa. 33o.
Matthias de Bosken. 328.
Matthias d'Erbestein. 3 16.
Matthias Cortin (Dom).
92. 93. 96.
Matthieu de Linières. 269.
Matthieu Ferdinand (Ar-
chevêque de Prague).
364.
Maurice Chauncey (D.).
335.
Maury (Dame). 377.
Melchior de la Vallée. 368.
Meldert (de). 35 1.
Michel-Ange. 193.
Michel Brunier (R. P.).
1 48 à 1 5 1 .
Michel Crelian (Dom). 287.
Michel de Lannoy. 363.
Michel Le Tellier. 363.
Michel Northleroock. 3 10.
Michel Verdière. 373.
Aligne (l'abbé). 195.
Milo de la Roche. 241.
637 -
Milon (Evêque de Thé-
rouanne). 224.
Montgeffond (R. P.)- 1 3g
à 146.
Mire (Aubert le). 194.
Montrond [(Maxime de).
i95.
Moreri. 58. 63.78.80. io5.
1 1 7. 1 36. iSg.
Morozzo. 4. 5. i3. 14. 19.
23. 24. 27. 39. 43. 58.
63. 65. 66. 72. 75. 78.
79. 84. 93. i32. 194.
332. 346. 36i.
Morozzo (Seig. de). 238.
Moustier (de). 241.
M
Nantelme Aimard. 237.
Napoléon Ier. 211. 216.
246. 271. 273. 285. 295.
297. 299. 3oo. 309. 3i 1.
3i2. 325. 342. 349.
Nassau (Prince de) 346.
Nesle (de). 272.
Neufchàteau (Cardinal de).
202.
Nicolas V. 66.
Nicolas Acciajuoli. 299.
Nicolas Albergati (R. P.).
1 57 à 161.
Nicolas Cinciagond. 298.
Nicolas ComitiusiD.).3o5.
Nicolas de Chanteloup.
3oo.
Nicolas des Ursins 3ii.
Nicolas Godard. 255.
Nicolas Loys (Chanoine).
373.
Nicolas Molin (Dom). 90.
99.
Nicolas Robert (Dom) 33o.
Nicole. 134.
Nicolle de Dampierre. 28 1 .
O
Odon (Abbé). 224.
Orlandino 82.
Othon (Archiduc). 291.
Othon (Evêque de Gap).
2 57.
Othon de Grandson. 39.
199. 279.
Othon (Duc de Bourgo-
gne). 235.
Othon Van Heyden. 35o.
Ottokar (Marquis de Sty-
rie). 23 1.
Oursch (Comte d1). 375.
Pacifique de Mont (Dom).
369.
Palau. 33o.
Palmier de Regiano. 243
638 —
Pascal II. 214.
Pascal, A. 161. 167. 199.
Pasquier, de Lyon. 223.
Passelaige (Evêque). 19
Paul III. 81. 271.
Paul V. 237.
Paul Oleza. 33o.
Pétrarque. 48. 5o.
Petreius (Dom). 4. 5. i3.
14. 21. 38. 41. 63. 65.
66. 72. 77. 84. 89. 194.
PétronillecTAmboise. 326.
Philippe (Duc de Bourgo-
gne). 275. 289.
Philippe (Duc d'Orléans).
283.
Philippe IV (Roi d'Espa-
gne). 278.
Philippe V. 255.
Philippe VI, (Comte de
Valois). 283.
Philippe de Cavrel (Abbé)
278.
Philippe de Fosseux. 282.
Philippe de Marigny. 255.
Philippe Ier de Maurienne.
237.
Philippe IV, Roi d'Espa-
gne. 373.
Philippe Caverel (Abbé de
St-Vaast). 3 73.
Philippe de Haynin. 363.
Philippe de Valois 48.
252. 2bq.
Philippe-le-Bel. 255. 272.
Philippe-le-Bon. 290.
Philippe-le-Bon (Duc de
Bourgogne:. 3 18. 343.
Philippe-le-Hardi. 3 18
Philippe Lefebvre'Dovem.
363.
Pie II. 343. 344.
Pie IV. 3 1 1.
Pie VI. i55. 1 58. 161.
499.
Pie VII, 170. 246. 299.
3 1 1 .
Pie IX. i83.
Pierre (Archevêque de
Reims). 227.
Pierre ) Baron de Torbery).
327.
Pierre (Comte de Savoie!.
262.
Pierre (Evêque d'Arras .
278.
Pierre II i.R. P.i. 27.
Pierre Achspalt (Archevê-
que). 277.
Pierre Adournes. 275.
Pierre Aynard. 234.
Pierre Barbes. (Archevê-
que). 225.
Pierre Brémont. 369.
Pierre Canisius .Bienheu-
reux'. 82
Pierre Daens Dom . ni.
Pierre de Celle [Abbé).2i.
— 63o —
Pierre de Chimelieu. 224.
Pierre IX de Cluny. 20.
Pierre de la Porte. 327.
Pierre de Léon (D..) 343.
Pierre de Leyde (Dom).8i.
Pierre de Bailleul. 278.
Pierre de France. 255.
Pierre III de Gruyères.
271.
Pierre de La Tour. 244.
Pierre de La Tour Cha-
tillon. 292.
Pierre de Lune. 57. 62.
219.
Pierre III de Montignac
tR.P.). 34. 35.
Pierre de Mortemer. 297.
Pierre de Mussy. 284.
Pierre de Rochefort (Evê-
que). 277.
Pierre de Serra (Car.). 32 1.
Pierre de Valois. 233.
Pierre de Villars (Arch. de
Vienne). 357.
Pierre Donato (Ev. de Pa-
doue(. 341 .
Pierre du Temple. 281.
Pierre le Cruel ( Roi de
Castille). 349.
Pierre Le Fèvre (Bienheu-
reux). 83.
Pierre Le Franc (Dom). 5.
Pierre le Vénérable (Abbé).
7. 10. i3.
Pierre Loisel. 255.
Pierre Maderan. 362.
Pierre Maurice (Saint) 21.
Pierre Mirantis. 3o8.
Pierre Roux. (R. P.). 73
à 75. 2i5.
Pierre Salva de Montirac.
3o5.
Pierre Sarde (R. P.). 85 à
87. 204. 206.
Pierre Senescalle. 224.
Pilot (écrivain). 2o5.
Ponce II (Evéque de Bel-
ley). 218.
Ponce II de Balmey. 220.
Ponce de Villars. 247.
Pons de Croze. 244.
Pons de Lazare. 9.
Prilly [de] (Év. de Châ-
lons). 375.
Q
Quesnel (Père). 141 .
R
Radegonde ^Sainte). 229.
Raimbaud d'Agout. 241.
Raimbaud d'Orange. 241.
Rangier, de Reggio. 21 3.
Raoul (Abbé de Notre-Da-
me de Liesse). 283.
Raoul de Beaumont. 254.
C>4o —
Raoul de Belfort. 249.
Raphaël Paris (Dom). 1 65.
Raymond (Comte de Vien-
ne). 220.
Raymond II (Evêque de
Marseille). 222.
Raymond (Prince d'Oran-
ge). 256.
Raymond Béranger. 234.
Raymond de Lemps. 221.
Raymond de Mont-Alban.
222.
Raymondde Provence. 3 1 .
Raymond de St- Gilles.
23r.
Raymond Rascas. 244.
Raymond Saisse. 3oj.
Raynald de Lanz. 221.
Raynaldi. 5o.
Raynaud de Rosoy. 227.
Raysse (Arnold de) . 1 94.
274.
Reinald Ier (Duc de Guel-
dre). 298.
Renaud de Baugé. 233.
247.
René de la Valbonne. 1 1 3.
Reward du Pont. 3o6.
Rhodes 'Chevaliers de).
276.
Richard (Abbé de Mouzon) .
225.
Richard (Abbé de Vau-
clair). 227.
Richard ( R. d'Angleterre).
3i6. 327.
Richard Cœur-de-Lion.
199.
Richard de Bénonces. 217.
Richard de Petronis. 273.
Richard Luff. 3 16.
Richard Simon. 1 36.
Riffier (R. P.). 3i. 32. 77.
Robert ( Roi de Sicile) .
285.
Robert VII (Comte de
Boulogne). 281.
Robert Braybroke (Ev. de
Londres). 3 16.
Robert d'Argapie. 214.
Robert de Béthune. 275.
Robertde Tarona. 214.
Robert Palmer (Dom). 3 16.
Robivien (Dom). 357.
Roch-Marie Boussinet (R.
P.). 184CI 187.
Roderic Kannetyem. 35o.
Rodolphe (Ev. de Schwe-
rin). 328.
Roger (Comte). 214.
Roger (Duc d'Apulie^iS.
214.
Roger (Evêque de Laon).
227.
Roger (Evêque de Séez.
233.
Roger -Bernard de Péri-
gord. 292.
b4i —
Roger de Rupierre. 234.
Roland de Asneriis. 247.
Roland Taverna (Evêque
de Spolète). 260.
Romuald Moissonnier. (R.
P ). 164 à 167. 211.
Roseline (Sainte). 258.
Rosny (Dame de). 278.
Rossilion de Bernex (Ev.)
i37.
Rostan d'Agout. 241.
Rotrou III. (Comte de
Perche). 233.
Roux de Bettons. 73.
Sabran (Dame de). 5i.
Saint-André (Sieur de).
207.
Saint-Dominique ( Ordre
de). 48. 5g.
Saint- Jean -de- Jérusalem
(Chevaliers). 276.
Saint-Mauris (Comte de).
375.
Samson ( Archevêque de
Reims). 224.
Saussey (du). 38. 53. 68.
Schénella ( Comte de Tré-
vise) . 304.
Schoorisse 1 Baron de). 28g.
Sébastien Palluis (Dom).
i5ç). 160.
Seillière. 375.
Serneux (Seigneur de).
226.
Sibert (Bienheureux). 276.
Simoa Gudiana. 359.
Simon de la Motte. 261.
Simon de Màcon. 268.
Simon Wilbrod (Chanoi-
ne). 287.
Sixte III. 32i.
Sixte IV. 72.
Sofred Ainard. 237.
Soliman. 273.
Sténon Sture. 35 1.
Surius (Dom). 4. 19.
Sutor (Dom). i3. 14. 19.
21. 26. 3i. 39. 43. 5o.
58. 63. 75. 201.
Suzanne de Przerembska.
37i.
Sweder d'Apconde. 324.
Syboud Allemand de Si-
chilianne. 68.
Talleyrand-Périgord (Car-
dinal). 47. 5o. 292.
Thaddée Forestier (Dom).
160.
Théobaldus Ancélinus.89.
Théodore de Ludres. 375.
Théodore, de Squillace.
2l3.
41
— 642 —
Théotonede Bragance (Ar-
chevêque cTEbora). 358.
Thibaud (Evêque de Ne-
vers1. 240.
Thibaut (Év. de Mont-
pellier). 377.
Thierry de Dasle. 322.
Thierry d'Erichon. 278.
290.
Thomas (Comte de Flan-
dre!. 247.
Thomas (Saint). 78.
Thomas Audley. 3 10.
Thomas Brasme. 363.
Thomas de Beauchamp
(Comte de Warwick).
3i6.
Thomas de Cantorbéry
(Saint). 3 1 5 .
Thomas de Loze. 241.
Thomas Ier de Maurienne.
237.
Thomas de Montbray. 327.
Thomas de Saint-Severin.
271.
Thomas deSavoie. 3 [.220.
Thomas Holland (Duc de
Surrey). 329.
Thomas Howard. (Comte
de Suffolk). 3 10.
Thomas Howard (Duc de
Nordfolk). 3 10.
Thomas Pédros. 37 c
Thomas Sutton. 3 10.
Thomas Zwanenburg.35 1
Tracy (Père de). 5. 13.19
23. 27. 3i. 34. 42. 45
58. 63. 65. 73. 75. 84
93. 117. 119. i32. 139
i52. 154.
Tromby (Dom). 23. 58.
194. 197.
U
Uldaric de Wurtemberg.
338.
Ulric III (Duc de Carin-
thie). 257.
Urbain II. 3. 2 1 3.
Urbain III. 25.
Urbain V. 5r. 53. 55. 3 11.
Urbain VI. 55. 56. 3io.
Urbain VIII. 112. 3oo.
V
Vaché (Pierre). 199.
Vagner. 375.
Vaucorbeil (de) (Dom).
i3o.
Vergny (Dame de). 314.
Vert-Pré (Baron de). 379.
Vesian Valette. 341 .
Victor IV (Antipape) . 18.
Victor-Amédée (Duc de Sa-
voie] . 372.
Victor- Emmanuel (Roi
— (343 —
d'Italie). 216. 246. 264.
285. 309. 3i r. 326.
Villenchie de Morestel.
237.
Vernenchie Ainard. 237.
Vincent Ferrier (Saint). 59.
Viollet-le-Duc. 192. 193.
W
Walaran (Archevêque de
Cologne). 295.
WalleranddeTilly(Abbé).
282.
Walter d'Enghien. 274.
Walter de Manny. 3 10.
Walter de Potere 352.
Walter Waterleet. 35 1.
Wenceslas de San-Severi-
no (Duc d'Amalfi). 325.
Werner. 296.
Werner Baldwin. 347.
Werner Swelmen. 3i3.
Wilhelme Carbonello 2 1 4.
Wilhelmette de Granson.
271.
William Chelsom [Ev.).9i.
William de Aldeburgh.
3oi.
William de Ryther. 3oi.
William Longespée. 25o.
Witerius (Comte de Ré-
thel). 225.
Wladislas VI (Roi de Hon-
grie). 3 52.
Wuillaume de Doudain-
ville. 268.
Wulfort de Ghistelle. 261.
Ysmidon d'Aïs. 237.
Z
Zanotti (Marie). 194.
Ziska. 299.
Zunica 1 Comte de) 278.
TABLE DES NOMS DE LIEUX
COTLTENUS ViATïLS CE VOLUME.
Abbeville. 94. 268.
Agout, rivière. 3o6.
Agria, ville. 294.
Aiguebelle. 2Ô3.
Aillon (Chartreuse cT). 92.
160.
Ain (départ, de lvl. 233.
242. 247. 252. 3 1 8.
Aire. 278.
Aisne (département de l1).
227. 283.
Alatri (diocèse d1). 245.
Albenga. 274.
Allemagne. 18. 55. 106.
127. 160. 202. 277. 294.
295. 3o3. 317. 32o. 322.
328.332. 338. 342. 345.
347. 348.
Allier (départ, de 1'). 366.
Alpes (les). 196.
Alsace. 296. 359.
Ambronay, Abbaye. 217.
Amiens. 8. 268.
Amiens (diocèse d1]. 378.
Anagni. 23. 3o.
Andalousie. 33o. 349.
Angion (Chartreuse d1) 33.
Angleterre. 22. 54. 55. 202.
239. 3io. 3 1 5 . 3 16. 327.
329. 379.
Anglona (diocèse de). 325.
Annecy. 23o. 240.
Annecy, Evêché. 137.
Anvers. 10. 280.
Anvers (Chartreuse d'). 73.
Apponay (Chartreuse d1).
72.73.
Aquiléja. 56.
Aquiléja (diocèse d1). 23i.
332.
Aquitaine (province d').
148.
645 —
Arandez. 218.
Ardèche (départ, de l').23ï.
Arena (ville). 21 3.
Arles. 23o. 25o.
Arno (rivière de Y). 3o8.
Arras. (diocèse d1). 28. 94.
264. 277. 281. 290.
362.
Artois. 278. 291.
Artois (province d1) 82.
Arve (vallée de Y). 23o.
Arvillars (village). 236.
Arzier (ville). 23o.
Asti (Chartreuse d'). 84.
Aube (départ, de l1). 284.
Aude (départ, de Y). 275.
277.
Augsbourg (diocèse d1).
320. 332.
Autran (ville). 221 .
Autriche. 56. 1 5 5 . 257.
273. 291. 328. 332.
Auvergne. 53. 120. 266.
Auxi-le-Chàteau. 94.
Aveyron (départ, de l1).
341. 354.
Avignon. 38. 5o. 5r. 54.
60. 69. 109. 1 19. 229.
276. 3o5.
Bâle. 66. 77. 25 1.
Bâle (canton de) 33 r
Bamberg (diocèse). 317.
Bar (rivière). 224.
Barca (comté de). 294.
Barcelone. 66. 3oi.
Barcelone (diocèse de). 3 34.
Bard (chapelle du). 149.
Basilicate. 325.
Basse-Saxe. 322. 328.
Bastide dAnguilhenqui .
369.
Bath (diocèse de). 239.
249.
Bavière. 320.
Beaucroissant ( village ) .
256.
Beaune. 286.
Beaune (Chartreuse de).
121.
Beauregard ( Chartreuse
de). i85.
Beauvais (diocèse de). 272.
Beins (vallée de). 236.
Belgentier (vallée de). 222.
Belgique. 80. 106. 274.
280. 285. 289.302. 314.
343. 366. 367.
Bellevaux (territoire de).
226.
Belley. 14. 18. 19. 114.
220. 233. 242. 3i8.
Belley (diocèse de). 217.
220. 223. 252.
Bellune (diocèse de). 343.
Bèque (la), rivière. 362.
646 —
Berne (canton de). 327.
Besançon. 29. 227.
Béthune. 277. 290.
Biez (château du). 214.
Bohême. 1 55. 307. 3 12.
3i3. 332. 364.
Bologne (Chartreuse de).
56. 84. 91. 93. 160. 1 65 .
Bondilhonet (Notre-Dame
du). 244.
Bon-Pas (Chartreuse de).
5i.
Bonne- Foi (Chartreuse
de). 46.
Bordeaux. 293.
Bosserville (Chartreuse de).
176. 180.
Bouches-du-Rhône (départ.
des). 368. 37o.
Boulonnais. 82.
Bourg en Bresse. 146. 232.
242.
Bourg-Fontaine ( Char-
treuse de). 60. 92.
Bouvantes (Chartreuse de).
i63.
Bovinant (montagne de).
37. 199.
Brabant (province deï.280.
285. 289. 366.
Bray, village. 227.
Brandebourg (diocèse de).
324.
Breslau (diocèse de). 335.
Breslan (église de). 223.
Brighton (ville de). 379.
Brives-Charensac (village
de). 3 67.
Bruges. 274. 287. 3o2.
Bruxelles. 274.
Bugey. 217. 220.
Bulle (ville). 271.
Burgos (diocèse de). 339.
C
Cadsan (île de). 3o3.
Cahors (diocèse de). 377.
Cala (vallée de). 3o8.
Calabre. 4. 75. 76.
Cambrai. 187. 260. 261
372.
Camin [diocèse de). 307.
324. 340.
Capaccio-Nuovo (diocèse
de). 271.
Capoue. 214.
Capri (île de). 3 1 1 .
Carcassonne. 276.
Carignano. 2o3.
Carniole (province de). 23 1.
233. 257.
Carpentras. 108.
Castille. 323. 338.
Catalogne. 232. 258. 3oi.
334. 358.
Cateau-Cambrésis. 278.
Caux, bourg. 377.
647
Cernay (pré de). 199.
Chablais. 226.
Chaise-Dieu, Abbaye .
266.
Chalais (Chartreuse de).
35. 106. 1 58. 164.
Chambéry 86. 174. 209.
236. 239.
Champagne. 69.
Charmant-Som. 197.
Chartrouse. 196.
Choque, Abbaye. 278.
Cilly (province de). 56
Citeaux, Abbaye. 9. 25.
Clairvaux, Abbaye. 7. 218.
Clamecy. 286.
Clermont (diocèse de).
249.
Clèves (duché de). 336.
Cluny, Abbaye. i3. 19.
Coblentz. 293 .
Colet, propriété. 197.
Collegno, village. 371.
Collobrières, village. 234.
Cologne. 82. 86.
Cologne (diocèse de). 336.
345. 378.
Comtat-Venaissin. 91.
Constance (diocèse de).
3oi. 338.
Constance (lac de). 344.
Correrie. 101. 2o3. 209.
Corrèze. (dép. de la). 247.
Corse (île de). 314.
Cosne-sur-Loire. 246.
Côte-d1Or (dép. de la)-
235. 3i8.
Coutras, ville. 292.
Croatie. 352.
Culpin (forêts de). 317.
Currière (Chartreuse de).
90. 101. 1 58. .172.
Czapell. (seigneurie de)
317.
Danemark. 238.
Danube (fleuve). 328.
Dauphiné. 3. 36. 41. 75.
148. 149. 199.
Deux-Sèvres, (dép. des).
326.
Devonshire 319.
Die. 38.
Die (diocèse de). 219.
Dijon 3 18.
Dijon (Chartreuse de). 122.
Dijon (diocèse de). 235.
Dordogne (dép. delà). 292
Dresde (diocèse de). 348.
Drôme. i63. 266.
Drôme (département de la).
228.
Dunblane (Évèché). 91.
Durance, rivière. 276.
Durbon ^Chartreuse de).
09. 167.
— 648
E
Echelles (Château des) .
3i. 100.
Ecluse (ville). 3o2.
Ecosse. 91. 337.
Embrun (Diocèse d1). 219.
Enghien. 2-3.
Entre-deux-Guiers (Sei-
gneurie). 208.
Entremont-le-Vieux. 93.
198.
Epernay (village). 93.
Erfurth (Chart. de). 79.
Esclavonie. 332.
Espagne. 58. 159. ig3.
32i. 323. 33o. 334.
338. 339. 346. 349. 354.
355. 357. 358.
Estramadure 358.
Eure (dép. de V) 356.
Evreux (diocèse d1). 356.
Excester (diocèse de). 319.
Eymen (Prieuré). 256.
F
Faucigny. 226. 23o. 261'.
Favraz. 86.
Felletin (ville de). 119.
Feltre. 326.
Flandre. 78. 79. i55. 275.
3oi.
Fleurbaix. (villagede).362.
Florence. 299.
Florence (Chartreuse de).
56. i65. i93.
Fontanil (village). 256.
266.
Fontenoy. 314.
Fourvoirie. 74.
France. 42. 48. 54. 5 5.
106. 199. 202.
Franche-Comté. 29.
Franconie. 294. 3o3. 304.
3i7. 333.
Fréjus (diocèse de). 234.
257.
Fribourg. ijô. 262. 271.
289. 3oi.
G .
Gaillon (Chartreuse de).
166.
Galicie. 348.
Gallego (rivière). 354.
Gand. 79. 287.
Gap. 159.
Gap (diocèse). 218. 219.
241.
Gard (département du).
244.
Garonne (rivière). 36 1.
Gênes. 179. 264.
Genève. 14. 29. 11 3. 166.
226. 240. 261.
Genève (diocèse de). 365.
649 —
Gentilly. 255.
Gcntilly (Chartreuse de).
3o.
Gironde (département de
la). 362.
Girone (diocèse de). 258.
Glandier (Chartreuse de).
34. 46. 85.
Gnesne (diocèse de). 371.
Goigne -seigneurie de). 3 17.
Gorgone (île de). 309.
Gosnay (village de). 82.
277. 290.
Graisivaudan, vallée. 209.
Grand -Colombier, mon-
tagne. 223.
Grandmont. 289.
Grand-Som, montag. 196.
Grenoble. 7. 68. 75. 112.
1 3 3 . 211. 263.
Gueldre. 78.
Guiers-Mort, torrent, 74.
197. 209.
Haïn (Chart.de). 181. 378.
Hardelot (Château d1). 28 1 .
Haute -Garonne (départ.
dela).36i.
Haute-Loire (dép. de la).
367.
Haute -Savoie (départe-
ment de la). 23o. 240.
Haute-Vienne (dép.). 297.
Hautes-Alpes (départe-
ment des). 241.
Hérault (dép. de l1). 184.
377-
Herbey (Château d1). 253.
Hérimont (Domaine d1).
272.
Hesse (la). 339.
Hildesheim (Chartreuse de)
1 55.
Hollande. 68. 79. 81 106.
144. 145. 287.298.301.
324. 345. 35o.
Holstein (Duché de). 238.
Hongrie. i55. 291. 294.
304. 3o8. 352.
Huesca (diocèse de). 354.
Ilkeston (Seigneurie de).
3oo.
Illembach. 294.
Inadamar. village. 355.
Indre-et-Loire (dép. d').
238.
Isère (département de 1').
253. 256. 263. 270. 376.
Isère, rivière. 196. 266.
Isle, rivière. 292.
Italie. 4. 84. 127. 160.
202. 279. 297. 322. 325.
343. '
65o —
Juliers. 345.
Jura. 33. i3g. 148. 226.
236.
K
Kaiserwerth. 378.
La Lance (Chartreuse de)
La Lionne. 228.
La Padule (Chartreuse de)
180. i85.
La Prée (château de). 284
La Rivière, village. 221
La Tour ibaron nie de). 2 66
La Tour 1 Chartreuse de). 4
Lancy (vallon de la). 200
279.
Langeac, village. 120.
Laubach (dioc.de). 233.257
Lausanne, (diocèse de) 33
1 5 5. 2 3o. 262. 271. 279
327
Léman, lac. 365.
Le Puy, ville. 23 1.
Le Puy, diocèse. 367.
Lérida (diocèse de). 358.
Lérida [Université de). 59
Liget (Chartreuse du). 96
Limoges. 46. 297.
Lincoln (diocèse de). 327.
Lisieux. 255.
Loches. 238.
Lochien, ville. 223.
Loire-Inférieure (dép. de
la). 340.
Loiret (dép. du). 365.
Lombardie. i55.
Lorraine. 368. 374.
Lot (dép. du). 288. 378.
Louvain. 78.
Loyre (torrent de la). 247.
Lucerne. i65.
Lucko diocèse de). 372.
Lucques. 297.
Lyon. 95. 107. 147. 1 52.
266.
M
Mâcon. 247.
Maggiano. 273.
Malamille. 197. 209.
Malines (diocèse de). 280.
285. 289. 342.
Mantoue. 71.
Marly (seign. de). 261.
Marche (la). 1 19.
Marseille (Chartreuse de).
219. 368.
Marsico-Nuovo. 271.
Martinique. 148.
Maurbach. 273.
65 1
Maurbach (Chart. de). 56.
Maurienne. 236. 375.
Mayence. 277. 3 1 5 .
Meaux (diocèse de). 353.
Mecklembourg (duché de)
328.
Memmingen. 33 1.
Méran, ville. 284.
Metz (diocèse de). 347.
Meurthe (départ, de la).
368. 374.
Meylan (obédience de).
160.
Mezenc (vallée du). 23 1 .
Middlesex (comté de). 3 10.
Milan. 71. 91. 3o3.
Milanais. 325.
Mincio, lac. 333.
Miolan (seigneurie de) 207.
Mirebel (château de). 100.
208.
Molesme (Abbaye). 5.
Mondovie. 237.
Mont-Alègre. (Chartreuse
de). 66.
Mont -Dieu (Chartreuse
de). 12. 74. 88.
Mont-Renaud (Chartreuse
de). 124. 125. 128.
Mont-Saint. 232.
Mont-Saint-Esprit (Char-
treuse de). 82.
Mont - Sainte - Catherine,
Abbaye. 356.
Mont— Sainte — Gertrude
(Chartreuse de). 79.
Mont-sur-Minda (baronnie
de). 322.
Montauban. 377.
Mon tauban (Chartreuse de).
176.
Montelli, ville. 3o3.
Montferrat. 84. 11 3. 322.
Montgeffond (château de).
139.
Montmayeur, Abbaye. 23o.
25o.
Montpellier. 184. 377.
Montreuil-sur-Mer. 281.
Montrieux (Chartreuse de).
176.
Moravie. 3i2. 332.
Morbihan (départ, du). 35o.
Mortagne. 184. 233.
Morvan. 240.
Moselle (dép. de la). 347.
Mouzon. 224.
Munster (diocèse de). 346.
Murviedro. 66.
N
Nantua, ville. 220.
Naples (Chartreuse de).
193. 285.
Navarre. 54.
Neufchâtel (lac de). 200.
279.
— 653
Picardie (province de). 88.
122. 125.
Picquigny, village. 3j8.
Piémont. 87. 176. 237.
241 . 274 . 279 . 352.
359.
Pilât, mont. 259.
Pise. 1 1. 60. 193.
Plantées (les). 256. 266.
Poitiers. 326.
Polésie. 372.
Pologne. 348. 371.
Poméranie . 307 . 325 .
340.
Pomiers (Chartreuse de).
164.
Pont-Saint-Esprit. 244.
Port-Sainte-Marie. (Char-
treuse de). 85.
Porta Cœli (Chartreuse de).
59. 62. 63. 66.
Portes ;Chartreuse de). 14.
29. 1 3 1 . 176.
Portugal. 358.
Posnanie. 371.
Poussan, village. 184.
Prague. 307.
Prague (diocèse de). 364.
Prémol (Chartreuse de ).
149.
Provence. 369.
Prusse. 324. 325. 335.
340.
Puv-de-Dôme. 2
49.
Q
Quaix, village. 2o5.
R
Rabat, village. 173.
Reposoir (Chartreuse du).
29. 164. 176.
Revesti (Château). 221.
256.
Rhin, fleuve. 293,
Rhône (département du) .
259. 357.
Riom. 85. 249.
Rive-de-Giers. 25g.
Rodez (diocèse de). 341.
Romans (Chart. de) i63.
Romans, ville. 229.
Rome. 4. 56. 1 3 5 . 161.
i63. 193. 3io. 32i.
Roubaix. 187.
Rouen. 1 58.
Roujan, bourg. 377.
Ruchère (la). 199.
Saint-André (diocèse de1.
337.
Saint-André, Monastère. 4.
Saint-Astier, ville. 292.
Saint-Aubert (Monastère
de). 275.
652
Neuville (village de). 82.
181. 281.
Nevers. 72. 240. 246. 252.
Nevers (diocèse de). 286.
Nieuport. 335.
Nièvre (dép. de la). 240.
246. 252. 286.
Nimègue. 68.
Nîmes. 244. 3o5.
Nord (dép. du). 187. 260.
372.
Northumberland. 329.
Notre-Dame de Boulogne,
Abbaye. 282.
N.-D. de Cahors (Char-
treuse de). 85.
N.-D. deCasalibus. 68.81.
89. 91. 97. IOI. 2l3.
N.-D.- de -la -Consolation,
Couvent. i32.
N.-D.-des-Prés (Chartreuse
de). 82.
N.-D.-du-Mont- de-Sion.
Abbaye. 369.
Nottingham. 3oo.
Novare. 326.
Noyon. 124. 272.
O
Oder, rivière. 307. 33 5.
Olmutz. 3 12.
Orange (duché d1). 229.
Orihuella. 371.
Orne (dép. de 1'). 233,
Ouvèse, rivière. 25o.
Paderborn. (diocèse de).
347.
Padoue (Chartreuse de).
152.
Padule (Chartreuse de la).
193.
Paladru, lac. i5g. 219.
Palerme (Chartreuse de).
02.
Pamiers. 173.
Parckminster ( Chartreuse
de). 181. 379.
Paris. 10. 3o. 45. 62. 73.
80. io5. 118. 149. i5 1 .
154. 194. 239.
Parme. 260.
Parménie (mont de). 256.
Part-Dieu (Chartreuse de
la). 1 63. 1 65 . 167. 211.
Pas-de-Calais (dép. du).
264. 277. 281. 290. 362.
Passau (diocèse de). 291.
Pavie (Chartreuse de). 71.
84. 92. 176. 178. 180.
1 85 . 193. 211.
Périgueux. 292.
Pério, mont. 245.
Perth (comté de). 337.
Peyne (rivière de). 377.
654 —
Saint - Benoît ( Collégiale
de). 88.
Saint-Bonnet en Forez. j5.
Saint-Cergues, ville. 23o.
Saint-Claude. 226. 235.
Saint-Cyr (église de). 240.
Saint Donat église. 287.
Saint-Elme, mont. 285.
Saint-Etienne de Crossey.
95. 2Ô3.
Saint-Etienne de Troyes,
Collégiale. 284.
Saint-Fructuaire (Abbaye
de'. 238.
Saint -Georges (Collégiale
de). 368.
Saint-Gervais, village. 221.
Saint-Honoré (Chartreuse
de). 94. io3.
Saint-Hugon (Chartreuse
de). 35. 39. 92. ni. 149.
i5r.
Saint-Hugues de Char-
treuse. 208.
Saint-Jean (Abbaye de 1.
261.
Saint-Jean de Bournay.
village. 169.
Saint-Julien ( Chartreuse
de). i58.
Saint-Julien en Beauchêne.
218.
Saint-Juste de Suse (Ab-
baye de). 241. 242. 352.
Saint-Laurent-du-Pont.74.
166. 177. 207. 2Ô3.
Saint-Martin (Prieuré de).
258.
Saint-Martin de Seépuz.
291.
Saint-Martin-sur-Ecaillon
, !8/"-
Saint-Maurice. 292.
Saint- Nicolas- de- Furnes,
(Abbaye de). 373.
Saint-Omer. 108. 264.
Saint-Paulet de Caisson.
244.
Saint-Pierre-d'Entremont.
l77-
Saint-Remy (Abbaye de .4.
Saint-Robert (Prieuré de).
256. 266.
Saint - Romain ( Château
de). 6.
Saint- Vaast (Abbaye de).
28. 278. 363.
Saint- Vitus (Abbaye de).
309.
Sainte-Garde. 179.
Sainte-Marie d'Arsaphia.
2 1 3 .
Saisse-Fontaine (Monastè-
re de). 3. 5.
Salève, montagne. 240.
Sallanches, ville. 280.
Saône- et - Loire (départe-
ment de . 286.
655
Saragosse. 356.
Sarthe (département de la) .
254.
Savoie. 35. 93. 100. 149.
166. 199.239.250.261.
365.
Saxe (Basse). 1 5 5 .
Schene (Chartreusedel275.
Schowen (île de). 33j.
Schwerin (diocèse de). 328.
Sedan. 224. 225.
Séez (diocèse de). 233.
Ségorbe (diocèse de). 32 1.
Ségura, rivière. 371.
Seillon (Chart.de). 169.
Seine-et-Marne (dép. de).
353.
Seine-Inférieure (dép. de).
319.
Seitz. 56.
Sélignat (Chart. de). 181.
Sens (diocèse de). 269.
Sérapin, montagne. 4.
Séville (diocèse de). 346.
349.
Seyne (la). 184.
Sienne (diocèse de). 2j3.
298. 3oo.
Silésie (duché de). 335.
Silésie (province de). 267.
Sion. 292.
Sisteron (diocèse de). 219.
Soissons. 8. 283.
Soissons idiocèse de). 227.
Somme (dép. de la). 378.
Sommerset (comté de). 239.
249.
Souabe. 320. 332. 338.
Souribes (Abbaye de). 257.
Southwark (diocèse de).
379.
Squillace (diocèse de).2i3.
Stranges (diocèse de). 35 1.
Strasbourg. 296.
Strasbourg (diocèse de).
359.
Strigonie (diocèse de). 266.
291. 3o8.
Stylum, ville. 21 3.
Sudermanie. 35 1.
Suède. 35 1.
Suisse. 160. 1 63 . 1 65. 271.
292. 327. 33 1 . 344.
Sussex (comté de). 335.
379.
Sylve-Bénite ( Chartreuse
de). i5o. 159. 164.
Tarascon-sur-Ariège. 173.
Tarbes. 87.
Tarragone ( diocèse de ).
232. 258.
Tenaison (vallée de). 123.
Termoli (diocèse de). 297.
Terre-de-Labour. 285.
Thérouanne. 265.
— 656 —
Thielt. 78.
Thiérache (forêt de). 227.
Thionville. 847.
Thonon. 365.
Thuison, (faubourg d'Ab-
beville). 94. 268.
Thuringe. 3 1 5.
Tolède. 232.
Toscane. 6. 298. 299. 3oo.
Toulon. 119. 222. 234.
Toulouse. 173.
Tours. 238.
Trappe (la). 1 3 5. 1 36.
Trêves. 293. 296.
Trévise. 3o3.
Trévoux (journal de). 137.
Trieste ( Chart. de). 1 65.
Trinion (rivière du). 229.
Trisulti (Chartreuse de).
56. 171. 193.
Troyes. 69. 122. 284.
Tulle (diocèse de). 247.
Turin. i32. 171. 172. 176.
179. 241. 279. 359.
Turgovie (canton de). 344.
Tyrol. 284.
U
Uriage (forêt d1). 253.
Utrecht. 144. 145. 287.
298.
Utrecht (diocèse d1). 3o8.
324. 345. 35o.
Vaison, Évêché. 91. 229.
Val-de-Bénédiction (Char-
treuse du). 69. 70.
Val-Royal (Chart. du). 79.
Val - Saint - Jean - Baptiste
(Chartreuse du). 56.
Val -Saint- Pierre (Char-
treuse du). 122.
Val-Sainte (Chart. du). 187.
Val-Sainte-Marie (Char-
treuse du). 42. i55.
Valbonne (Chartreuse de).
53. 69. 161. 167. 176.
i83. 187.
Valence. 6. 58. 59. 75.
219. 256. 258.
Valenciennes. 261.
Valladolid (dioc. de). 338.
Vallombrée. 197.
Vallombreuse ^Abbayede).
322 .
Vannes (diocèse de). 35o.
Var (départ, du). 234. 257.
Vauclair (Chartreuse de).
176. 186.
Vaucluse. 48. 147. 169.
229. 25o.
Vaud (cant. de). 166. 23o.
289.
Vaulnaveys-le-Bas. 253.
Vauvert (Château de). 255.
Védana (Chart. de). 02.
G57 —
Veillane (Chartreuse de),
352.
Venise. 3o3. 336.
Verdun. 145.
Vicence. 326.
Vienne. 38. 148. 180. 2;3.
Yilette (Obédience de). 95.
Yileite, village. 166.
Villeneuve (Chartreuse de).
i38. i57.
Villers-Cotterets. 283.
Vinay, village. 3j6.
Viterbe. 255. 256.
Viviers (diocèse de). 23 1.
Vladislaw (diocèse de). 317.
Voiron. 3j6.
Voreppe. 256. 270.
Westminster,Abbaye.2 5o.
3 10. 3 16. 327. 335.
Westphalie. 346. 347.
Wiltshire (le). 249.
Winchester (diocèse de).
335.
Wingfield (seigneurie de).
3 1 5.
Witham (Chart. del. 22.
Wurtzbourg (diocèse de].
294. 3o5. 333. 342.
Yonne, département. 269.
Ypres (diocèse d1). 367.
York (comté d1). 3i5.
W
Warwick (Comté de). 3 16. Zagrab (diocèse de)
Wertheim, ville. 294. Zélande. 337.
352.
M
TABLE DES MATIERES
CONTENUES DANS LE SECOND VOLUME
TABLE CHRONOLOGIQUE
DES GÉNÉRAUX
DE L'0%D%E DES CHJicKT%EUX
I. Saint Bruno, 1084-1080 . .
II. Dom Landuin, 1090-1 100 . .
III. Dom Pierre Le Franc, iioi-iio
IV. Dom Jean I", 1 102- 1 1 10 . . .
V. Dom Guigues de Castro, 1 1 10-11 3y
VI. Dom Hugues Ier, 1 1 3 7 - 1 1 3 < > . .
VII. Saint Anthelme, 1 i3g-i 1 5 1 . .
VIII. R. P. Dom Basile, ii5i-i 173 .
IX. R. P. Dom Guigues II, 1 ijj-i 1 76
X. R. P. Dom Jancelin , 1 1 76- 1 233
XI. R. P. Dom Martin, 1233-1236 .
XII. R. P. Dom Pierre II, 1236-1242
XIII. R. P. Dom Guigues II, 1242-1253
XIV. R. P. Dom Bernard de La Tour, 1 2 5 3 - 1 2 5 8
XV. R. P. Dom Rimer, 1258-126S .
XVI. R. P. Dom Gérard, 1268-1273 . . .
XVII. R. P. Dom Guillaume Fabri, 1273-1276
XVIII. R. P. Dom Pierre de Montignac, 1276
XIX. R. P. Dom Boson, 127S-1 3 13 . . .
XX. R. P. Dom Aymon d'Aost, [3i3-i32g
XXI. R. P. Dom Jacques de Vevey, i32Q-i33o
Pages.
3.
3.
5.
6.
6.
12.
14.
19.
22.
24.
29.
3i -
32.
33.
54-
35.
3S.
41.
— 66o
XXII.
XXIII.
XXIV.
XXV.
XXVI.
XXVII.
XXVIII.
XXIX.
XXX.
XXXI.
XXXII.
XXXIII.
XXXIV.
XXXV.
XXXVI.
XXXVII.
XXXVIII
XXXIX.
XL.
XLI.
XLII.
XLIII.
XLIV.
XLV.
XLVI.
XLVII.
XLVIII.
XLIX.
L.
LI.
lu.
lui.
LIV-
LV.
R. P. Dom Clair de Fontenay, 1 33o-i 336
R. P. Dom Jacques de Vevey, 1 336-1 341
R. P. Dom Henri Pollet, 1 341-1346 . .
R. P. Dom Jean Birel, 1 346-1360 . . .
R. P. Dom HélisairedeGrimoard,i36o-i367
R. P. Dom Guillaume de Raynald,i 367-1402
R. P. Dom Boniface Ferrier, 1 402-1 410.
R. P. Dom Jean de Griffenberg, 1410-1420
R. P. Dom Guillaume delà Motte, 1420-143;
R. P. Dom François Maresme, 1437- 1463
R. P. Dom Jean Zeevven Van Roesendael
1463-1472 ■ . .
R. P. Dom Antoine Dellieux, 1472-1481.
R. P. Dom Antoine du Charne, 14S1-1494
R. P. Dom Pierre Roux, 1494- i5o3 .
R. P. Dom François du Puy, 1 5 o 3 - 1 5 -2 1
R. P. Dom Guillaume Bibauce, 1 52 1-1 535
. R. P. Dom Dom Jean Gailhard, 1 535-1 540
R. P. Dom Pierre de Marnef, 1540- 1546
R. P. Dom Jean Volon, 1546-1 553 . .
R. P. Dom Damien Longuano, 1 5 53- 1 5 54
R. P. Dom Pierre Sarde, îbS^-ibGG . .
R. P. Dom Bernard Carasse, 1 566- 1 586.
R. P. Dom Jérôme Lignano, 1 586- 1 588.
R. P. Dom Jérôme Marchand, 088-1594
R. P. Dom Jean de Vesly, 1594- 1600. .
R. P. Dom Bruno d'Affringues, 1 600-1 63 1
R. P. Dom Juste Perrot, i63 1-1 643 . .
R. P. Dom Léon Tixier, 1643- 1649 . .
R. P. Dom Jean Pégon, 1 G49-1 Gy5 . .
R. P. Dom Innocent Le Masson, 1675- 170J
R. P. Dom Antoine de Montgeffond, 1 jo3
1 y3 1
R. P. Dom Ambroise Crollet, 1 7 3 1 - 1 7 3 2
R. P. Dom Etienne Richard, 17J2-1737.
R. P. Dom Michel Brunierde Larnage, 1737
i758
42.
43.
45.
46.
5i .
53.
58.
63.
64.
66.
68.
69.
T--
73.
75.
78.
80.
81.
83.
84.
85.
87.
91.
94.
io5.
108.
118.
119.
120.
12^.
139.
146.
147.
148.
661 —
LVI.
R.
P.
LVII.
R.
P.
LVIII.
R.
P
LIX.
R.
P.
LX.
R.
P.
I.XI.
R.
P.
LXII.
R.
P.
LXIII.
R.
P.
LXIV
R.
P.
LXV.
R.
P.
LXVI.
R.
P.
LXVII
R.
P.
Dom Etienne Biclet, 1 758-1778 . .
Dom Hilarion Robinet, 1778-1791
. Dom Nicolas Albergati de Geoffroy,
1 79 1 - 1 80 1
Dom Antoine Vallet, 1801-1 8i3 - . .
Dom Romuald Moissonnier, 1 8 1 3- 1 8 1 6
Dom Bonaventure Eymin, 1816 . .
Dom Grégoire Sorel, 1816-1824 . .
Dom Benoît Nizzatti, 1824-1831 . .
Dom Jean- Baptiste Mortaize , 1 83 1 —
i863
Dom Charles-Mari^ Saisson,! 863-1877
Dom Roeh-Marie Boussinet, 1877-1 879
Dom Anselme-Marie Bruniaux, 1879.
I 3 2.
1 5 4.
'57-
162.
164-
167.
169.
172.
i73.
179.
184.
187.
TABLE ALPHABÉTIQUE
DES GÉNÉRAUX
T)E L'OXT>XE T>ES CH^l%T%EUX.
!;.
P
R.
P
R.
P
R.
P
R.
P
R.
P
R.
P.
R.
P,
R.
P.
R.
P,
R.
P
Pages.
Dom Ambroise Crollet ^6.
Dom Anselme Bruniaux i8-\
Saint Anthelme [4.
Dom Antoine Dellieux 6q.
Dom Antoine de Montgeffond 139.
Dom Antoine du Charne 72.
Dom Antoine Vallet 142.
Dom Aymon d'Aoste 38.
Dom Basile {g,
Dom Benoît Nizzatti 172.
Dom Bernard Garasse 87.
Dom Bernard de la Tour 29.
0Q2
R.
p.
Dom
R.
p.
Do m
R.
p.
Dom
R.
p.
Dom
R.
p.
Dom
R.
P.
Dom
R.
p.
Dom
R.
p.
Dom
R.
p.
Dom
R.
p.
Dom
R.
p.
Dom
R.
p.
Dom
R.
p.
Dom
Vénérable
R.
p.
Dom
R.
p.
Dom
R.
p.
Dom
R.
p.
Dom
R.
p.
Dom
R.
p.
Dom
R.
p.
Dom
R.
p.
Dom
Dom
R.
p.
Dom
R.
p.
Dom
R.
p.
Dom
R.
p.
Dom
Dom
R.
p.
Dom
R.
p.
Dom
R.
p.
Dom
R.
p.
Dom
R.
p.
Dom
R.
p.
Dom
k.
p.
Dom
k.
p.
Dom
k.
P.
Dom
Bonaventure Eymin 167.
Boniface Ferrier 58.
Boson 35.
Bruno d'Affringues 108.
Charles-Marie Saisson 170.
Clair de Fontenay 42.
Damien Longuano 84.
Etienne Biclet i52.
Etienne kichard 147.
François Maresme G6.
François du Puy y5.
Gérard 02.
Grégoire Sorel 169.
Guigues de Castro 6.
Guigues II 22.
Guillaume Bibauce 78.
Guillaume Fabri 33.
Guillaume de la Motte 64.
Guillaume de kaynald 53.
Hélisaire de Grimoard 5i.
Henri Polet 45.
Hilarion kobinet 154.
Hugues Ier 12.
Hugues II 27.
Innocent Le Masson 124.
Jacques de Vevey 41 et 43.
Jancelin 24.
Jean Ier G.
Jean Birel 46.
Jean Gailhard 80.
Jean de GrifTenberg G'5.
Jean Pégon • . . 120.
Jean de Vesly io5.
Jean Volon N3.
Jean Zeewen Van koesendael .... 68.
Jean-Baptiste Mortaize 173.
Jérôme Lignano àï.
— 663 —
R. P. Dom Jérôme Marchand 94.
R. P. Dom Juste Perrot 118.
Dom Landuin 3.
R. P. Dom Léon Tixier ng.
R. P. Dom Martin 25.
R. P. Dom Michel Brunier de Larnage 148.
R. P. Dom Nicolas Albergati de Geoffroy .... ib-j.
R. P. Dom Pierre II 27.
Dom Pierre Le Franc 5.
R. P. Dom Pierre de Marnef 81.
R. P. Dom Pierre de Montignac 34.
R. P. Dom Pierre Roux 73.
R. P: Dom Pierre Sarde 85.
R. P. Dom Riffier 3i.
R. P. Dom Roch-Marie Boussinet 184.
R. P. Dom Romuald Moissonnier 164.
MONASTERES
T>E L'OTt^DXE T>ES CHJi%T%EUX.
Pour faciliter les recherches, nous donnons une dou-
ble table des Monastères. La première, dans Tordre
chronologique, et la seconde, dans Tordre alphabétique.
Toutefois, au lieu de citer le vocable sous lequel cha-
cune des Chartreuses était placée, nous prenons le nom
connu et reçu dans TOrdre, c'est-à-dire, comme nous
Tavons déjà fait remarquer, le nom de la ville près de
laquelle chacun de ces Monastères était bâti.
TABLE CHRONOLOGIQUE.
Pages.
1084 — Grande Chartreuse 196.
1090 — Calabre 21 3.
1 1 1 5 — Portes 217.
11 16 — Durbon 218.
— 664 —
i6 — Sylve-Bénite . 211).
16 — Meyriat 220.
16 — Saint-Sulpice 220.
iG — Escouges 221.
17 — Mont-Rieux 221.
32 — Arvières 223.
36 — Mont-Dieu 224.
38 — Valon 225.
39 — Vaucluse 226.
140 — Val-Saint-Pierre 227.
142 — Annonciade 228.
[44 — Bouvantes 228.
145 — Prébayon ....... 229.
[46 — Oujon 23o.
5i — Reposoir 23o.
56 — Bonne-Foy 23 1.
[60 — Seitz 23 1.
[63 — Scala-Dei 232.
[68 — Seillon 232.
[69 — Gyrio 233.
70 — Val-Dieu 233.
[70 — La Verne 2^4.
70 — Lugni 235.
71 — Bon-Lieu 235.
71 — Casottes 236.
[72 — Val-Saint-Hugon 236.
173 — Val-de-Pez 237.
176 — Lunden 238.
178 — Le Liget 238.
78 — Wittham 239.
78 — Aillon 2 3o.
[79 — Pommiers 240.
[85 — Apponay 240.
[88 — Bertaud 241.
191 — Loze 241.
>oo — Se'lignat .... .... 242.
ioo — Mont-Benoit 242.
— 665 —
•
!2o3 — Valbonne . . : 244.
[208 — Trisulti 245.
1209 — Bellary 241"..
.210 — Mont-Merle 247.
2\q — Glandier 247.
[21g — Port-Sainte-Marie 24(1.
[222 — Val-d' Espérance 24g.
[227 — Henton 249.
228 — Saint-André de Ramires . . . 25o.
22g — Bonlieu 25o.
2jo — De Romanis s5 1 .
:3o — Belle-Vallée 23 1.
:2 3o — Poleteins 25 1.
:34 — Val-Saint-Georges 2 52.
[2J4 — Prémol 253.
[235 — Parc-Sainte-Marie 254.
:37 — Tharnut 254.
.07 — Paris 254.
•237 — Parménie 2 56.
260 — Freiidnitz 257.
260 — Celle-Robaud 257.
1269 — Saint-Paul-de-la-Mer .... 258.
272 — Porta Cœli 258.
[27g — Irlande 25g.
1280 — Sainte-Croix 25g.
[285 — Parme 260.
8 — Valenciennes 260.
1292 — Mélan 261.
294 — Val-Sainte 262.
297 — Currière 263.
[297 — Gènes 264.
298 — Saint-Omer 264.
29g — Salettes 265.
3oo — Eymeu 266.
3oo — Létenkow 266.
3oi — Abbeville 268.
3oi — Val-Profonde 269.
666
303 — Chalais 270.
304 — La Padule 271.
3o6 — La Part-Dieu 271.
:3o8 — Noyon 272.
3 1 3 — Maurbach 273.
3 14 — Maggiano 273.
; 3 14 — Enghien 273.
3 1 5 — Albenga 274.
3 18 — Bruges 274.
3 18 — Carcassonne 275.
3 18 — Bon-Pas 276.
320 — Louvetière 27G.
320 — Mayence 277.
:3iO — Gosnay 277.
320 — La Lance . 279.
J2i ■ — Montbrac 279.
323 — Kielle 280.
J23 — Liers 280.
324 — Montreuil 281.
325 — Bourg-Fontaine 283.
326 — Snals 284.
326 — Troyes 284.
327 — Naples 285.
328 — Diest 285.
328 — Basse-Ville 286.
328 — Beaune 286.
328 — Mont-Sainte-Gertrude .... 287.
J28 — Gand 287.
S28 — Cahors 288.
328 — Bois-Saint-Martin 289.
328 — Val-de-Paix 289.
329 — Gosnay 290.
329 — Leignitz 291.
330 — Gemnitz 291.
!3o — Gironde 292.
33o — Vauclair 292.
3J1 — Coblentz 293.
— 667 —
132 — Tarkan 294.
333 — Grunaw. 294.
334 — Cologne 295.
334 — Bologne 295.
335 — Trêves 296.
335 — Strasbourg 296.
335 — Mortemer 297.
338 — Lucques 297.
338 — Guillonèse 297.
340 — Sienne 298.
340 — Arnheim 298.
340 — Prague 298.
342 — Florence 299.
343 — Pontiniani 3oo.
343 — Nottingham 3oo.
345 — Val-du-Paradis 3oi.
346 — ■ Fribourg 3oi.
1348 — Bruges 3o2.
348 — Cadsan 3o2.
348 — Wurtzbourg 3o3.
34g — Milan 3o3.
349 — Montelli 3o3.
35 1 — La Pierre-de-Refuge J04.
35 1 — Tuekelhausen 304.
356 — Villeneuve 3o5.
357 — Liège 3ob.
359 — Castres 3ot3.
i36o — Podiebrad 307.
360 — Stettin 307.
362 — Amsterdam 3o8.
364 — Lcweld 3o8.
[367 — pise 3o8-
368 — Catane 309.
370 — Londres 3 10.
370 — Rome 3io.
3yi — Capri 3n.
372 — Erfurth 3 12.
— 668 —
:3y3 — Briinn 3 12.
[376 — Ruremonde 3i3.
376 — Leutmeritz 3i3.
377 — Tournay 314.
378 — Gorgone 314.
378 — Kingston 3i5.
379 — Eisenach 3i5.
: 38 1 — Coventry 3 16.
382 — Nuremberg 317.
382 — Dantzick 317.
383 — Dijon 3 18.
383 — Pierre-Châtel 3 18.
383 — Tornes 3iq.
384 — Rouen 3 iq.
384 — Nordlingen 320.
384 — Ratisbonne 320.
385 — Val-Christi 32 1.
387 — Hildesheim 322.
[387 — Asti 322-
389 ■ — Saint-Esprit 323.
390 — Paular 323.
3qo — Francfort 324.
392 — Utrecht 324.
394 — Rugenwald 324.
;3i)5 — Chiaromonte 325.
396 — Pavie 32 5.
396 — Oyron 326.
397 — Axelholme 327.
397 — Berne 327.
398 — Lubeck 328.
398 — Rostok 328.
398 — Aggspach 328.
398 — Hexam 329.
398 — Ingelby 329.
399 — Majorque 32g.
1400 — Scville 33o.
[401 — Bàle 33 1.
— 66cj —
1402 — Buxheim 33 1.
1403 — Plétriarh 332.
140G — ■ Olmutz 332.
1408 — Mantoue 333.
1408 — Astheim 333.
141 2 — Mont-Alègre 334.
14 1 5 — Schéne 335.
1416 — Lignitz 335.
1417 — Wesel 336.
1422 — Venise 336.
14'io — Perth . . . . • 337.
14J2 — Ziriczée 337.
1439 — Guitelstein 338.
1440 — Aniago 338.
1441 — Miraflorès 33<j.
1442 — Vogelsberg 339.
1443 — Schiff'elbeim 340.
144G — Nantes 340.
1449 — Padoue 341.
1450 — Villefranche 341.
1454 — Ferrare 342.
1454 — Illembach 342.
1454 — Bruxelles 342.
1455 — Vedana 343-.
1458 — Ittengen 344.
1466 — Bois-le-Duc 344.
1470 — Delft 345.
1475 — Cantave 345.
1475 — Xérès 346.
1476 — Dulmanie 346.
1471» — Conradesbourg 347.
1477 — Réthel 347.
1479 — Cracovie 348.
1479 — Reinschaw , 348.
1 47*_) — Cazalla 340.
1480 — Savone 349.
1480 — Auray 35o.
1484 —
1491 -
1491 —
1494 —
I498 —
i5o3 —
1504 —
1507 —
î 5 1 1 —
i5i 1 —
1 564 —
i578 —
1 585 —
1 585 —
i587 —
i5go —
i5q3 —
i595 —
1600 —
1602 —
i6o5 —
1618 —
1620 —
1621 —
1623 —
1623 —
JÔ25 —
1626 —
1628 —
iG32 —
i633 —
i633 —
i633 —
1G40 —
1 64 1 — ■
1G42 —
i65o —
■ — O70 —
Campen 35o.
Grypsholm 35 1.
Louvain 35 1 .
Warasdin 352.
Bande 352
Maillard 353.
Brescia 353.
De Fontibus 354.
Rodez 354.
Grenade 355.
Aula-Dei 355.
Gaillon-Bourbon 356.
Ara-Christi 35y.
Lyon 35y.
Ébora 358.
Ara-Cœli 358.
Lisbonne 358.
Veillane 359.
Molsheim 35q.
Toulouse 30 1.
Bordeaux 36 1.
La Boutillerie . . . ... 3Ô2.
Walditz 364.
Orléans 364.
Ripaille 365.
Anvers 366.
Moulins 366.
Nieuport • . 367.
Le Puy 367.
Nancy 368.
Marseille 368.
Aix 370.
Saragosse 370.
Via Cœli 371 .
Gelda .... 371 .
Turin ... ... . . 371 .
Béreze 372.
()7I -
16G2 — Douai
1666 — Bosserville . . . .
1667 — Rouen
1822 — Beauregard
1825 — Mougères
1854 — La Bastide-Saint- Pierre
1869 — Haïn
1870 — Gard
1873 — Parkminster . . . .
372,
374.
375.
376.
377.
377.
378.
3 7 8 .
-;7<>-
TABLE ALPHABÉTIQUE.
Abbeville i3oi
Aggspach 1398
Aillon 1 178
Aix iG33
Albenga i3i5
Amsterdam .... 1 362
Aniago 1440
Annonciade 1 142
Anvers 1623
Apponay 1 1 8 5
Ara-Cœli 090
Ara-Christi .... 1 585
Arnheim 1340
Arvières 1 132
Astheim 1408
Asti i387
Aula-Dei 1 564
Auray 1480
Axilholme 1397
Bâle 1401
Bande 1498 . . . .
Basseville i328
Bastide-St- Pierre (La) . 1864
Beaune i3a8
Paire
268.
328.
239.
J70.
274.
3o8.
338.
228.
366.
240.
358.
357.
298.
223.
333.
322.
355.
35o.
-;-7-
33..
352.
286.
377.
286.
— G-J2 —
Beauregard . . .
1822
Bellary
Belle-Vallée . . .
I23o
Béréze
i65o
• l397
. 1188
Bois-le-Duc . . .
1461')
Bois-Saint-Martin .
i 328
i334
• "71
1220
11 56
. 1 3 1 S
i6o5
1666
Bourg-Fontaine. .
1 325
Boutillerie (la) . .
. 1618
Bouvantes. . . .
1144
Brescia ...
1 504
i3/3
i348
i3 18
Bruxelles ....
1454
Buxheim ....
1402
Cadsan
1348
Cahors
i328
Calabre
IOQO
1484
Cantave ....
1475
37G.
246.
25l.
372.
327.
241.
344.
289.
295.
2 3 5 .
2 5o.
23l.
276.
36 1 .
374-
283.
362.
228.
353.
3l2.
3o2.
274.
342.
33i.
302.
288.
2 l3.
35o.
345.
3 1 1 .
Capri 1 37 1
Carcassonne .... i3iS 275.
Casottes 1171 236.
Castres 1 3 5q 3o6.
Catane 1 368 3oq.
Cazalla ]479 ^49.
Gelle-Robaud. . . . 1260 257.
Chalais i3o3 270.
— 673 —
Chartreuse (Grande! . 1084 196.
Chiaromonte . . . . 1 3g5 325.
Coblentz 1 33 1 293.
Cologne 1 334 295.
Conradesbourg . . . 1476 347.
Coventry 1 38 1 3i6.
Cracovie !479 348.
Currière I297 263.
Dantzich i382 3 17.
Delft 1470 345.
Diest i328 . . . . ■ 285.
Dijon 1 383 3 1 8.
Douai 1662 372.
Dulmanie 1476 346.
Durbon 11 16 218.
Ébora 1587 358.
Enghien 1 3 1 4 273.
Erfurth i3j2 3 12.
Escouges (Les) . . . 1116 221.
Eymeu i3oo 266.
Eisenach ^79 3i5.
Ferrare '454 342.
Florence 042 299.
Fontibus (De) . . . 007 ... . 354.
Francfort iSgo 324.
Frelidnitz 1260 ib-j.
Fribourg 1346 3oi.
Gaillon-Bourbon . . 1578 356.
Gand i328 287.
Gard (Le) 1870 378.
Gènes 1297 264.
Gemnitz i33o 291.
Gelda 164] 371.
Gironde i33o 292.
Glandier 12 19 247.
Gorgone 1 3 7 <S 314.
Gosnay i320 277.
13
674
Gosnay.
Grenade
Grunaw.
Grypsholm.
Guillonèse.
Guitelstein.
Gyrio .
Haïn. .
Henton.
Hexam .
Hildesheim
Illembach .
Ingelby.
Irlande .
Ittengen
Kielle .
Kingston
Lance (La)
Leignitz
Létenkow
Leutmeritz
Leweld .
Liège .
Liers
Liget (Le)
Lignitz.
Lisbonne
Londres
Louvain
Louvetière
Loze .
Lubeck.
Lucques
Lugni .
Lunden.
Lyon .
Maggiano
32g . ... 290.
5n 355
333 294.
491 35 1.
338 297.
43g 338.
169 233.
869 378.
227 249.
398 329.
387 322.
4^4 342.
398 329.
279 259.
458 J44.
323 280.
378 3i5.
320 279
329 291.
3oo 266.
376 3 1 3.
364 3o8.
357 3o6.
323 280.
178 238.
416 335.
593 338.
370 3io.
49 1 3 5 i .
320 276.
191 241.
398 328.
338 297.
170 235.
176 238.
585 357.
314 273.
— 675
Maillard
Majorque
Mantoue
Marseille
Maurbach
Mayeuce
Mélan
Meyriat
Milan
Mirarlorès . . . .
Molsheim
Mont-Alègre . . . .
Mont- Benoit ....
Montbrac
Montelli
Mont-Dieu ....
Mont-Merle . . . .
Montreuil
Mont-Rieux . . . .
Mont-Sainte-Gertrude.
Mortemer
Mougères
Moulins
Nancy
Nantes
Naples
Nieuport
Nordlingen . . . .
Nottingham . . . .
Noyon
Nuremberg . . .
Olmutz
Orléans
Oujon
Oyron
Padoue
Padule (La)
5o3
399
408
633
3 i3
320
•292
1 16
349
44'
660
412
200
32 1
349
[36
210
324
117
328
335
825
625
632
446
32"7
626
384
343
3 08
382
406
621
146
396
449
3 04
3:>:>.
329.
333.
368.
273.
277.
261.
220.
3o3.
339.
359.
334.
242.
279.
3o3.
224.
247.
281.
22 1 .
287.
297.
377.
366.
368.
340.
285.
367.
320.
3oo.
272.
3i7.
332.
364.
230.
326.
34..
27 I.
(576
Parc-Sainte Marie (Le).
Paris
Parkminster ....
Parme
Parménie
Part-Dieu (La) . . .
Paular
Pavie
Perth
Pierre-Châtel ....
Pierre-de-Refuge (La).
Pise
Plétriarh
Podiebrad
Poleteins
Pommiers
Pontiniani
Porta-Cœli . . . .
Portes
Port-Sainte-Marie . .
Prague
Prébayon
Prémol
Puy (Le)
Ratisbonne . . . .
Reinschaw
Reposoir (Le). . . .
Réthel
Ripaille
Rodez
Romanis (De). . . .
Rome
Rostok
Rouen
Rouen
Rugenwald . . . .
Ruremonde . . . .
235
234.
257 254.
873 379.
285 260.
257 256.
3ob 271.
390 323.
396 32 5.
43o 337.
383 3i8.
36 1 304.
367 3o8.
4o3 332.
36o 307.
23o 25 1.
179 240.
343 3oo.
272 258.
1 15 217.
219 249.
340 29S.
145 229.
234 2 53.
628 367.
384 320.
479 348.
i5i 23o.
477 -H7-
623 365.
5 1 1 354.
2 30 25 1.
370 3io.
398 328.
384 3 19.
667 375.
394 324.
376 3 1 3 .
677
St-André-de-Ramires . 122S
Sainte-Croix. ... 1280
Saint-Esprit .... 1 389
Saint-Omer . . . . 1298
Saint-Paul-de-la-Mer . 1261)
Saint-Sulpice . . . . 1 1 16
Salettes 1299
Saragosse 1 633
Savone 14S0
Scala-Dei i i63
Schiffelbeim .... 144'j
Seillon 1 1 ô8
Seitz 11 60
Sélignat 1200
Séville 1400
Schéne 141 5
Sienne 1340
Sylve-Bénite . . . . 1 1 1 G
Snals i32()
Stettin i36o
Strasbourg . . . . 1 3 3 5
Tarkan 1 332
Tharnut 12 3 7
Tornes 1 383
Toulouse 1602
Tournay 1377
Trêves 1 335
Trisulti 120S
Troyes i32(>
Tttckelhausen. . . . 1 35 1
Turin 1642
Utrecht i3g2
Valbonne i2o3
Val-Christi .... [385
Val-d' Espérance . . . 1222
Val-de-Paix . . . [328
Val-de-Pez . . • 1 1 7 J
250.
259.
323.
264.
258.
220.
2Ô5.
370.
349.
2 32.
340.
2 3 2 .
23l.
2 4 2 .
33o.
335.
298.
219.
284.
307.
296.
294.
254.
3 1 9.
36 1.
3 14.
296.
245.
284.
304.
371.
324.
244-
3 2 1 .
249.
289.
237.
— 678
Val-du-Parad
s . . . 1845 ... :
3oi.
Val-Dieu .
. . . 1170 ....
233.
Valenciennes
... 1288
260.
Val-Sainte'.
... 1294 ....
262.
Valon . .
. . . n38 ....
225.
Val-Profonde
. . . 1 3o 1 ....
269
Val-Saint-Gec
)rges . . 1234 ....
2 52
Val-Saint-Hu
gon . . î 172 ....
236
Val-Saint-Pie
rre . . 1 140 ....
227
Vauclair .
. . . . i33o ....
292
Vaucluse .
1 r 39 ....
226
Védana. .
. . . . 1455 ....
343
Veillane .
. . . 1595 ....
359
Venise . .
. . . 1422 ....
336
Verne (La).
... 1170 ....
2 34
Via-Cœli .
. . . 1640 ....
37 1
Villefranche .
. . . 1450 ....
34i
Villeneuve
... i356
3o5.
Vogelsberg
. . . 1442 ....
339
Walditz .
. . . 1620 ....
364
Warasdin .
. . . 1494 ....
352
Wesel . .
. . . 1417 ....
336
Vittham .
... 1178 ....
239
Wurtzbourg
... i348 ....
3o3
Xérès . .
. . . . 1475 ....
346
Ziriczée .
. . . 1432 . .
337
TABLE
DES
PIÈCES JUSTIFICATIVES.
Pages.
i. Testimoniales litterae senatus inclyta; urbis Colo-
nial Agrippina; de antiquitate ac nobilitate fami-
liae S. Brunonis primi Cartusianorum institu-
toris, ex eadem Colonia oriundi 385.
2. Charta Humberti de Miribel concessa magistro
Brunoni pro fundatione M. Cartusia;. . . . 390.
3. Charta Hugonis Episcopi Gratianopolitani ve-
tantis ne mulieres Cartusiam accédant . . . . 3o2.
4. Urbani Papa; II. Brève ad Siguinum Casae Dei
Abbatem, ut domum Cartusia; sibi a P. Brunone
in fratrum dilapsione chirographo commenda-
tam, ipsis redeuntibus, unâ cum chirographo
illico restituât 3o3.
5. Littera? Siguini Abbatis Casa; Dei, quibus ad Ur-
bani Papa;, et magistri Brunonis Ordinis Cartu-
siensis fundatoris preces, locum Cartusia; sibi
concreditum, beato Landuino ejusdem Cartusia;
Prions anno ioqo restituit 394.
6. Brève quo Urbanus II. magistro Brunoni eccle-
siam sancti Cyriaci martyris in Urbe ad habitan-
dum concedit 3g5.
7. Privilegium I. Comitis Rogerii, quo S. P. Bru-
noni, et successoribus territorium in spatium
unius leuca;, in loco Turris dicto, concessit . . 3ob.
8. Confirmatio donationis loci inter Arenam et Sty-
lum, per Rogerium Apuliiv ducem 3y8 .
68o —
9. Charta confirmationis praecedentium concessio-
nura ab Urbano Iï. facta
10. Privilegium II. Comitis Rogerii, quo distincte
désignât per terminos territorium quod per pri-
mum privilegium concesserat
iï. Diploma donationis Monasterii ac praediorum.
S. Mariœ de Arsafia pro dotatione S. Marias
de Turri a Comité Rogèrio facta, tempore dedi-
cationis ejusdem ecclesiae in Calabritana eremo
S. Brunonis
12. Bulla Urbani II. qua confirmât privilégia Roge-
rii Comitis, ac Joannis squillacensis Episcopi
conccisionem
1 3. Privilegium magnum in quo Cornes Rogerius per
apparitionem sibi factam a S. Brunone in obsi-
dione Capuae testatur se liberatum a proditione
Sergii
14. Cornes Rogerius liberatos proditores Brunoni ac
successoribus ejus servos et villanos assignat.
i5. Epistola S. Brunonis, quam ex eremo Calabriœ
ad fratres suos Cartusireeremum incolentes misit
vin septembris MXCIX
16. Bulla Paschalis II. qua in clientelam S. Romanai
Ecclesiœ recipitur eremus Sanctas Maria; de Bo-
sco
17. Fides de SS. Trinitate atque de SS. Sacramento
altaris, ante suum obitum a magistro Brunone
exposita
18. Encyclica epistola Cartusia: S. Maria; de Eremo,
de obitu S. Brunonis
19. Tituli Funèbres. — Séries Elogiorum, quibus
varias per Italiam, Galliam, Angliam, constituta."
Ecclesiae, Religiosœ Familia; et singulares in
ecc'esiastica dignitate persona: sanctissimi Patri-
599.
401.
404.
4< ) 3 .
410.
4>!
410.
422.
424-
425.
— 68i —
archce Brunonis funeri piè ac devotè parenta-
runt 427-
19 bis. Indultum Cartusiensibus datum de Officio et
Missa S. Brunonis 5oy.
20. Ordinatio Capituli Generalis anni 1 5 1 5 de ritu
solemni in festo Sancti Brunonis 5 10.
Confîrmatio ejusdem ordinationis, a Capitulo Ge-
nerali anni 1 5 1 6 5 1 3 .
21. Bulla Gregorii Papas XV. de Missa et Officio
Sancti Brunonis 5 1 3 .
' Decretum S. Rituum Congregationis de festo S.
Brunonis sub ritu semiduplici ad libitum cele-
brando, in Ecclesia universali 5i5.
22. Brève Gregorii Papas XV. de Indulgentiis in festo
Sancti Brunonis consequendis 5i5.
23. Bulla Leonis Papœ X. qua Monasterium Sancti
Stephani de Nemore ad Gartusienses pristinos
possessores devolutum esse déclarât 5 16.
2 3 £/s.Attestatio récognitions sacrarumReliquiarum
S. Brunonis a vicario gencrali ecclesiœ Squilla-
censis expedita 5io.
24. Litterae Capituli Generalis anni 1254, quibus.
Ordo Cartusiensis perpetuo renunciavit esui
carnium 523.
2 5. Confîrmatio Statutorum Ordinis Cartusiensis ab
Innocentio Papa XI 524.
Ordinatio Capituli Generalis anni 1 679, in Majori
Cartusia celebrati, pro secunda editione sccundiv
et tertiœ Partis Statutorum facienda 529.
Ordinatio Capituli Generalis anni 1G80 . . . . 529.
26. Lettres-patentes de Louis XIV, sur les Privilè-
ges accordés à l'Ordre des Chartreux .... 53 1.
27. Ordinatio Capituli Generalis anni 1 542, de lectu-
ra lingua; grœcaî aCartusianis non frequentanda. 536.
— (582 —
28. Bulla Julii Papa; II,qua prohibet mulieribus ne
Domos Cartusianorum ingrediantur .... 53y.
29. Bulla Julii PapœII,qua prohibet viris et mulie-
ribus ne ingrediantur Monasteria Monialium
Ordinis Cartusiensis 53<j.
30. Bulla Leonis Papœ X. pro Domo S. Stephani de
Nemore,in qua supprimitdignitatemAbbatialem
et Cistersiensem Ordinem, et concedit ut ibi
Cartusienses, sicut antiquitùs regulariter vire-
bant, introducantur. Ann. 1 5 1 3 540.
3i. Ordinatio Capituli Generalis Ordinis Cartusien-
sis, an. 1723, pro septem Provinciis Franciae. 542.
32. Lettre du R. P. de Montgeffond aux Religieux
Chartreux retirés en Hollande à l'occasion de la
Constitution Unigenitus 543.
Epistola S. Brunonis ex Eremo Calabriœ ad Ra-
dulphum cognomento Viridem Rhemensis Ec-
clesiœ Praepositum deinde Archiepiscopum . . 56i.
Elogia praestantissimorum quorumdam virorum
qui litterarum suarum monumentis, sive Bru-
nonem fundatorem, sive Ordinem suum Cartu-
siensem commendarunt 56y.
Table des noms propres 617.
Table des noms de lieux 644.
PARIS.
IMPRIMERIE DE I.'œuVRE DE SAINT-PAUL.
bi} rue de Lille, 5i.
l- CHILIPOXA. GERANT.
AQ,
BX 4700 .B78 L43 1883
v,2 SMC
Lefebvre, François A.,
abb ï .
Saint Bruno et l'ordre
des Chartreux /
AZM-0056 (mcih)
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